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La sobriété salariale aussi pour les grands patrons

La sobriété salariale aussi pour les grands patrons

 

Les deux responsables patronaux Jean Moreau et Eva Sadoun, Coprésidents du Mouvement Impact France,  veulent promouvoir, dans une tribune au « Monde », une vision sociale et écologique de la vie des entreprises. Ce qui passe, selon eux, par l’acception d’un salaire maximal de décence, au moment où le gouvernement entend déplafonner le salaire du futur président d’EDF.

 

l’heure où les Français sont appelés à la sobriété, le gouvernement envisagerait de modifier la réglementation en vigueur sur les salaires des patrons des entreprises publiques, pour trouver un remplaçant ou une remplaçante au patron d’EDF, Jean-Bernard Lévy. L’Etat manquerait de candidats pour piloter ce chantier exceptionnel que sont la transition énergétique de notre pays et sa capacité à s’adapter à un monde aux ressources finies, si la rémunération de ce poste majeur ne pouvait pas dépasser vingt-cinq fois le smic par mois.

Mais où sont donc passés tous ces talents de nos grandes écoles parmi les meilleurs du monde, notamment les X-Mines, qui ont, par ailleurs, été rémunérés par la nation pendant des années, y compris pendant leurs études, et qui maintenant refuseraient d’occuper ce poste « au service de la nation » pour 450 000 euros par an ?

A l’heure où une nouvelle génération se dit prête à baisser ses exigences salariales en fonction de l’engagement des entreprises, voire à quitter les grandes entreprises pour se concentrer sur des organisations et des emplois ayant un impact positif sur les enjeux écologiques et sociaux, un tel retournement interroge. Il nous paraîtrait incompréhensible qu’une telle décision soit prise si rapidement, sans réflexion sur une nouvelle méthodologie de recrutement, plus ouverte, plus rigoureuse, plus transparente pour trouver des candidats compétents, industriels exceptionnels, mettant l’intérêt général plus haut que leur intérêt particulier.

Par ailleurs, la période inflationniste et de sobriété forcée – particulièrement aiguë pour les énergéticiens – nécessite aussi de partager les efforts et de freiner la hausse des prix en partageant mieux la richesse pour que cela ne se répercute pas sur les salariés et les consommateurs les plus précaires.

C’est le cas des profits exceptionnels de Total, qui pourraient amener à une taxation exceptionnelle pour accélérer la transition écologique, comme cela a été le cas pour les mutuelles avec la « taxe Covid ». C’est le cas avec la nécessaire sobriété salariale, surtout dans les entreprises publiques, mais aussi dans toutes celles qui s’engagent dans une dynamique de sobriété.

Le plafonnement du salaire des dirigeants d’entreprises publiques nous paraît donc un acquis essentiel, une boussole salutaire en temps de crise, qu’il serait incompréhensible de remettre en question aujourd’hui.

Au-delà du cas d’EDF, nous proposons que cette question de la sobriété salariale et de la juste répartition de la valeur soit même étendue à l’ensemble des entreprises, en mettant en place des mesures-clés comme l’obligation de transparence des écarts de rémunérations entre le plus bas et le plus haut salaire, une incitation fiscale claire à baisser les écarts de rémunérations qui ont explosé depuis 2008, un conditionnement de 50 % de la part variable de rémunération des dirigeants à leur performance écologique et sociale validée par un Impact Score, et une extension du plafonnement des rémunérations des dirigeants appliqué aux entreprises publiques pour l’ensemble des entreprises de l’économie sociale et solidaire, alors qu’une partie d’entre elles respectent déjà un plafonnement plus strict (1 à 10).

Rémunération des grands patrons : comment expliquer l’explosion ?

Rémunération des grands patrons : comment expliquer l’explosion ?

 

La réglementation imposant la publication des rémunérations des dirigeants a notamment entraîné leur inflation car ces chiffres sont devenus une mesure de leur valeur. Par Frédéric Fréry, CentraleSupélec – Université Paris-Saclay

 

Comme chaque printemps, avec la publication des documents de référence des entreprises cotées, la rémunération des grands patrons suscite des réactions indignées. Cette année, une étude de Fintech Scalens, une plate-forme spécialisée dans les services aux sociétés cotées, a notamment montré que les dirigeants du CAC 40, les quarante entreprises les mieux valorisées à la bourse de Paris, ont vu leur rémunération doubler en un an, atteignant une moyenne de 8,7 millions d’euros. Même tendance haussière aux États-Unis : les 100 principaux dirigeants américains ont vu leur rémunération progresser de 31 % en 2021 pour s’établir à environ 20 millions d’euros par personne en moyenne (dont +569 % pour le patron d’Apple, Tim Cook, ou encore +65 % pour celui de Goldman Sachs).

Un nom a retenu en particulier l’attention de la presse française : celui de Carlos Tavares, le directeur général du groupe automobile Stellantis (né de la fusion entre Fiat Chrystler et PSA Peugeot Citroën), censé toucher 66 millions d’euros de rémunération totale en 2021, dont une part fixe de 19 millions d’euros. Ce chiffre, rendu public pendant l’entre-deux-tours de la campagne présidentielle, a été jugé « choquant » aussi bien par la candidate du Rassemblement national, Marine Le Pen, que par le président candidat Emmanuel Macron qui a en outre appelé à un plafonnement des rémunérations des dirigeants à l’échelle européenne.

Le cas de Carlos Tavares apparaît en effet d’autant plus polémique que, sous le mandat de François Hollande, une loi a été adoptée pour que la rémunération patronale soit soumise à l’approbation des actionnaires. Le 13 avril dernier, ces derniers se sont d’ailleurs opposés au versement des 66 millions d’euros lors de l’assemblée générale du groupe. Mais le vote a eu lieu au nouveau siège situé aux Pays-Bas, où ce vote n’a qu’une fonction consultative… La déléguée syndicale centrale CFDT, a ainsi amèrement regretté au sujet du déménagement : « on nous assurait pourtant que c’était par neutralité géographique, pas pour des avantages financiers… »

Lors de l’assemblée générale du groupe Stellantis, le président John Elkann avait justifié ce niveau de rémunération en expliquant vouloir « récompenser les performances » du dirigeant qui a mené à bien la fusion entre Fiat Chrystler et PSA Peugeot Citroën.

Pourtant, la question de savoir s’il faut récompenser financièrement la réussite, même si elle est largement débattue en psychologie depuis les travaux fondateurs d’Edward Deci, n’est pas ce qui est principalement en jeu ici. Ce qui choque, c’est le niveau de cette récompense. Comment peut-on l’expliquer ? Est-ce une pratique pertinente en termes de management ?

Aux États-Unis, les dirigeants ont en moyenne gagné 254 fois plus que leurs salariés en 2021, contre 238 fois en 2020. Un niveau proche de celui observé en France. Or, si le niveau absolu de cet écart peut légitimement choquer, c’est surtout son évolution au cours des dernières décennies qui constitue le phénomène le plus surprenant.

En effet, cet écart n’était que de 1 à 20 aux États-Unis en 1965. C’était d’ailleurs l’écart maximal de rémunération que recommandait au début du XXe siècle le célèbre banquier J.P. Morgan, peu réputé pour son militantisme égalitaire. Qu’est-ce qui peut expliquer une telle inflation ? Ce n’est certainement pas un accroissement proportionnel du talent et des responsabilités des grands patrons : quel que soit l’indicateur choisi, rien n’indique que la performance des dirigeants (et des entreprises qu’ils dirigent) a été multipliée par 20 depuis les années 1960.

 

En fait, l’explosion de la rémunération des dirigeants des sociétés cotées s’explique par la conjonction de deux effets pervers. Le premier de ces effets est la consanguinité des conseils d’administration et des conseils de surveillance, connue en France sous le doux nom de « barbichette », en référence à la comptine « je te tiens, tu me tiens par la barbichette », qui devient : « tu es membre de mon conseil, tu votes ma rémunération, je suis membre de ton conseil, je vote ta rémunération ».

Pour légitimer la rémunération des dirigeants, certains affirment qu’il existerait un « marché » des talents, et que les rémunérations, quelque exubérantes qu’elles soient, correspondraient au « prix de marché » des compétences. Or, si un tel marché existe pour les dirigeants des grands groupes, ce n’est certainement pas un marché libre et le prix n’y est certainement pas une mesure objective de la valeur. En effet, les conseils d’administration des groupes cotés sont souvent composés d’individus qui sont eux-mêmes dirigeants, et qui siègent souvent dans plusieurs autres conseils.

Il existe donc une forme de connivence plus ou moins affichée entre les dirigeants et ceux qui évaluent leur action et décident de leur rémunération. Cette situation n’est d’ailleurs pas spécifique au capitalisme français (même si les collusions entre anciens des mêmes grandes écoles et des mêmes grands corps ont tendance à la renforcer), puisqu’on la retrouve par exemple aux États-Unis.

On peut ainsi expliquer le niveau de rémunération des grands patrons par le fait qu’ils se l’attribuent eux-mêmes, au travers de leurs administrateurs, avec lesquels ils partagent les mêmes intérêts et les mêmes réseaux. Cependant, si ce phénomène peut permettre de comprendre le montant des rémunérations, il n’explique pas leur multiplication depuis les années 1960. En effet, l’endogamie des instances de pouvoir est vieille comme le monde, et rien n’indique qu’elle soit pire aujourd’hui qu’elle ne l’était hier.

 

Pour expliquer l’explosion de la rémunération des dirigeants, il faut donc invoquer un deuxième effet pervers, bien plus redoutable car largement contre-intuitif. C’est à partir des années 1990 que la réglementation a peu à peu imposé une révélation des niveaux de rémunération des dirigeants des entreprises cotées. Aux États-Unis, cela a pris la forme d’une nouvelle règle édictée par la Securities and Exchange Commission (SEC) en 1992. En France, c’est la loi NRE du 15 mai 2001, revue par la loi de Sécurité financière du 1er août 2003 qui a fixé ce cadre.

Dans les deux cas, l’objectif était le même : mieux informer les actionnaires sur les rémunérations des dirigeants, avec l’hypothèse sous-jacente que si ces rémunérations devenaient publiques, elles resteraient contenues. Or, paradoxalement, c’est exactement l’inverse qui s’est produit : c’est la publication des rémunérations qui a provoqué leur inflation.

En effet, dès lors que la rémunération est publique, elle devient une mesure de la valeur des dirigeants et donc un enjeu. Tant qu’elle était secrète, elle ne permettait pas de comparer les individus et restait donc une question purement privée. Devenue publique, elle s’impose comme l’étalon de leur talent. Lorsqu’une société cotée nomme un nouveau dirigeant et qu’elle décide de le payer moins que son prédécesseur, tout le monde le sait, et on va en déduire qu’il n’est pas aussi capable que celui qu’il remplace. De même, si le dirigeant d’une entreprise est moins payé que la moyenne de son industrie, tout le monde le sait, et on va en déduire qu’il n’est pas parmi les plus talentueux.

C’est parce que les rémunérations sont publiques que tous les dirigeants cherchent à gagner plus que la moyenne et que tous les conseils d’administration ne cessent de mieux les payer. En effet, un administrateur qui douterait publiquement de la compétence du dirigeant provoquerait un effondrement du prix de l’action. Réciproquement, pour influencer positivement la valeur actionnariale, un conseil d’administration a intérêt à donner tous les signes les plus patents, les plus mesurables et les plus visibles de l’extrême confiance qu’il a dans le talent exceptionnel du dirigeant : c’est ce qu’il fait en décidant de l’augmenter. Par conséquent, une fois publique, la rémunération des dirigeants devient instrumentalisée comme à la fois un outil de mesure et un mécanisme d’influence.

Le phénomène d’instrumentalisation de la moyenne est connu aux États-Unis sous le nom de « Lake Wobegon effect », du nom de la ville fictive de Lake Wobegon, où comme le veut la légende « toutes les femmes sont fortes, tous les hommes sont beaux et tous les enfants sont au-dessus de la moyenne ». S’il est impossible que tout le monde soit meilleur que la moyenne, le fait que chacun cherche à l’être provoque son inflation.

 

Que retenir de tout cela ? Au regard de l’histoire, l’explosion des rémunérations des patrons des grandes entreprises reste une anomalie, et c’est une anomalie récente (l’économiste français Thomas Piketty condamne à ce propos un « extrémisme méritocratique »). D’un point de vue managérial, les niveaux actuels de rémunération ne se justifient pas, car pendant longtemps les entreprises ont été très bien dirigées sans que leurs patrons ne soient aussi grassement payés.

De plus, de tels écarts de rémunération provoquent un profond sentiment d’iniquité, au risque d’une démotivation générale, bien plus préjudiciable à la performance des entreprises qu’une très hypothétique érosion du talent des dirigeants. Comme le dit avec malice le milliardaire américain Warren Buffett :

> « Quand un dirigeant avec une réputation d’excellence rencontre une industrie avec une réputation de difficulté, c’est généralement l’industrie qui conserve sa réputation ».

Par conséquent, si nous voulons mettre fin à cette anomalie historique qu’est l’explosion des rémunérations des grands patrons (ou celle des stars de cinéma et des champions sportifs), la conclusion qui s’impose est limpide : il faut rendre ces rémunérations secrètes. Dès lors qu’elles seront secrètes, les rémunérations cesseront d’être une mesure de la valeur des individus, et donc d’être un enjeu. Bien entendu, rien ne dit qu’en devenant confidentielles, les rémunérations redescendront à des niveaux plus raisonnables (pour cela, il faudrait que la loi l’impose ou que les actionnaires l’exigent), mais a minima elles auront moins de raisons d’augmenter.

Reste un obstacle de taille : on voit mal comment l’opinion, scandalisée par les niveaux actuels de ces rémunérations, pourrait accepter qu’on décide de les cacher. J’invite nos lecteurs les plus pédagogues à résoudre cet épineux problème.

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Par Frédéric Fréry, Professeur de stratégie, CentraleSupélec – Université Paris-Saclay

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Grands projets : respecter la démocratie ou les activistes

Grands projets : respecter la démocratie ou les activistes

 

L’opposition au projet de liaison ferroviaire Lyon-Turin témoigne de cette tendance française à sacrifier des grands projets stratégiques et d’intérêt général sous la pression de quelques activistes. Dans le pays, plusieurs de ces projets paient les frais de militants minoritaires dans l’opinion et déconnectés des besoins locaux et des enjeux globaux, qu’ils soient économiques ou environnementaux. Par Hervé Guyader, avocat au barreau de Paris, docteur en Droit, président du Comité français pour le droit du commerce international (CFDCI).

Il faut reconnaître que la France s’est faite spécialiste de ces activistes forcenés adeptes d’une décroissance totale, dont l’opposition systématique à des projets locaux a des conséquences délétères au niveau global.

Il est donc peu surprenant de voir la mairie de Paris décider, sous la pression d’une minorité d’écologistes étrangère au quartier de la gare du Nord, d’une volte-face au regard du projet StatioNord de refonte de la gare du Nord en septembre dernier, porté par la foncière Ceetrus, qu’elle avait auparavant soutenu. L’idée était pourtant ambitieuse et promesse d’une belle amélioration pour les voyageurs autant que pour les riverains. Paris va en effet accueillir deux évènements considérables dans les années à venir : la Coupe du monde de Rugby en 2023 et les Jeux Olympiques en 2024, qui devraient drainer des dizaines, voire des milliers de personnes. Quand l’on sait que la Gare du nord est la plus fréquentée d’Europe et que l’on constate le niveau de délinquance qui l’entoure, déploré par les Franciliens eux-mêmes dans les différentes études d’opinion, personne n’oserait contester qu’il est urgent de débuter des travaux de modernisation afin de l’aligner sur les meilleurs standards internationaux. En premier lieu, ceux de la gare de Saint Pancras, à Londres. Le statut de Paris exige d’en faire un phare attractif, éblouissant et non une balise signalant le danger, ce qu’elle est devenue. Nul doute que le remplacement du projet initial par un plan a minima limité à quelques ajustements cosmétiques ne devrait pas régler les problèmes endémiques de la gare et du quartier.

La mairie de Paris se veut le Savonarole de l’écologie et refuse pourtant ce projet d’amélioration de sa plus grande gare. Dans le même temps, la Mairie de Pairs a longtemps soutenu, avant d’y renoncer, l’abattage de plusieurs dizaines d’arbres sur le Champs de Mars pour dégager de l’espace destiné à des commerces. C’est un paradoxe à avoir mené des politiques coercitives contre les automobilistes, tout en sanctionnant le train, censé être son alternative écologiquement la plus viable. Un même destin pourrait toucher le projet de liaison ferroviaire transalpine Lyon-Turin, entre la France et l’Italie, dont la vocation originelle est et demeure le report modal de l’avion, de la voiture et des camions vers le fret maritime et ferroviaire. Sa mise en œuvre prévisionnelle n’est, au mieux, que pour 2030, alors même que le projet a été déclaré d’utilité publique par décret du 23 août 2013 et décidé en 1994. De mêmes types d’oppositions touchent aussi, de manière plus marginale, les projets LGV Bordeaux-Dax et LGV Bordeaux-Toulouse.

Retrouver le sens de la concertation apaisée

La France a pourtant connu des heures de gloire où ses infrastructures la plaçaient au sommet de la modernité. Qu’auraient été le Pont de Normandie et le Pont de Millau s’ils avaient eu à subir le courroux que subissent des projets actuels ? Ils ont pourtant réussi à désenclaver des territoires entiers et favorisé des économies de carburant considérables -et limité des émissions de gaz à effet de serre- au vu des kilomètres de contournement épargnés. Et que dire du Zoo de Beauval et du Parc Disneyland Paris, deux réussites magnifiques, qui n’auraient pas été possibles si un activiste avait pu déceler la présence d’une mouche à défendre. Rappelez-vous qu’à Strasbourg, une élue écologiste avait défrayé la chronique en déclarant vouloir sauvegarder les rats et autres punaises de lit. Personne n’a jamais compris les fondements de cette idée étrange.

Les méthodes de ces minorités activistes sont bien connues. La première est de multiplier les procédures judiciaires destinées à contester les autorisations administratives d’une part pour faire traîner en longueur le projet, dont l’avancement est suspendu à chaque étape. Si le droit au recours est une caractéristique essentielle de l’État de droit, l’on peut déplorer que ceux qui s’en servent le font de manière parasitaire et visent uniquement l’effet suspensif qui lui est lié. Le Projet de Center Parcs dans la forêt de Roybon (Isère) en a ainsi fait les frais en 2020, alors même qu’il promettait la création de 700 emplois et des retombées financières pour la commune. L’autre méthode est l’occupation du terrain par l’implantation d’une « Zone à défendre » (ZAD), dont l’expulsion, qui doit être décidée par la justice, est systématiquement vectrice de violences. En fin de compte, les premières victimes de ces activistes sont les territoires, privés de projets économique ou de mobilité, mais aussi le pays tout entier, qui perd en attractivité dans ce domaine.

L’on devrait pourtant se réjouir que, dans le domaine des projets à impact, la France dispose d’un processus transparent.  La participation du public est ainsi garantie à travers la concertation née du débat public et la mesure des conséquences possibles du projet l’est à travers les études d’impact, destinées à saisir les éventuelles conséquences environnementales d’un projet et définir les mesures conservatoires, compensatoires et restauratoires éventuellement nécessaires.

Quelques activistes écologistes ultra minoritaires ne doivent pas pouvoir mettre en péril des projets aussi indispensables que le centre d’enfouissement pour les déchets nucléaires CIGEO de Bure, la rénovation de la Gare du nord ou encore la liaison ferroviaire Lyon-Turin qui a franchi avec succès les innombrables étapes juridiques. Enquêtes publiques comme recours contentieux ont été purgés au bénéfice d’un accueil enthousiaste du projet. Les écolos n’en désarment pourtant pas. Face à ces minorités activistes minoritaires, il est temps que la démocratie retrouve sa fonction et que la majorité qui s’exprime l’emporte. L’écologie ne doit pas tuer l’homme, elle doit le protéger.

 

Hausse de 31% des salaires des grands patrons américains, 4 % pour les salariés

Hausse de 31% des salaires des grands patrons américains, 4 % pour les salariés

 

4 % d’augmentation des salaires dans les grandes entreprises américaines mais 31 % pour les patrons.Alors que le salaire horaire moyen a augmenté de 5,7% sur un an début 2022 , contre 4,7% en décembre et 5,2% estimé, les patrons des 100 plus grosses entreprises américaines ont vu leur rémunération augmenter de 31 %.

À noter que parallèlement  l’inflation  marque une accélération à 7,5% sur un an après 7% en décembre.2021.

Les grands patrons Ont donc réévaluer très largement leur rémunération par rapport à l’inflation ; ils ont gagné 20 millions de dollars en moyenne, selon une étude diffusée lundi.( (Par parenthèse ce que réclame le patron Stellandis en France-( ex Peugeot). 

+569% pour le patron d’Apple, +65% pour celui de Goldman Sachs, -8% pour celui de Bank of America : le revenu médian des directeurs généraux des 100 plus grosses entreprises américaines a augmenté de 31% en 2021, selon une étude du cabinet Equilar diffusée lundi.

Entre les salaires, les primes et les stock-options, leurs revenus médians avaient reculé de 2% en 2020, année où avait éclaté la pandémie, rappelle le cabinet. En 2021, ces 100 patrons ont gagné 20 millions de dollars en moyenne, le plus cher payé étant le directeur général d’Intel Patrick Gelsinger (178 millions de dollars), détaille Equilar. Il est suivi de Tim Cook d’Apple (99 millions), de Hock Tan de Broadcom (61 millions) et de Satya Nadella de Microsoft (50 millions).

 «La forte augmentation des salaires est probablement due au fait que de nombreuses entreprises ont choisi de récompenser leurs PDG par le biais de primes et d’attributions d’actions pour avoir guidé leurs organisations à travers des périodes turbulentes et avoir stimulé la croissance des revenus», avance le cabinet.

Conséquence de ces fortes augmentations : le rapport entre la paye des patrons et celle de leurs employés a aussi grimpé. Les patrons ont en moyenne gagné 254 fois plus que leurs salariés en 2021, contre 238 fois l’année auparavant. La paye médiane des salariés de ces 100 grandes entreprises a de son côté augmenté de 4%, à 71.869 dollars.

 

 

Macron déjà élu par les grands médias !

Macron déjà élu par les grands médias !

Si l’on en croit les grands médias et en particulier le très militant JDD Macron est déjà élu avec au moins 55 % des voix. Ce serait le résultat du baromètre IFOP très proche du patronat.!

Il se pourrait bien toutefois que le score soit plus serré si l’on s’en tient à la sous-estimation de certains candidats au premier tour notamment concernant Mélenchon mais aussi Le Pen; Inversement la surestimation des républicains et des écolos

La dernière vague du baromètre Ifop-JDD du quinquennat souligne une étonnante constance, depuis deux ans, du taux de satisfaction à l’égard d’Emmanuel Macron.

Le papier du JDD

 

Cette livraison du baromètre mensuel Ifop, le dernier du quinquennat, est inédite : c’est la première fois que l’on teste un président candidat entre les deux tours. S’il ne s’agit en aucun cas d’intentions de vote, cet indice de satisfaction donne néanmoins la température, à une semaine du second tour. La stabilité : ce pourrait être le maître mot à propos de sa courbe de popularité. Emmanuel Macron se situe à 41 % de satisfaits (- 1 point). En mars 2020, il était mesuré à 43 %, ce qui démontre une singulière constance pendant les deux dernières années. Auparavant, il avait connu trois importantes chutes (après les ordonnances travail, les Gilets jaunes et l’irruption du Covid ), mais était toujours parvenu à rattraper une partie des points perdus.

Le premier tour n’y a rien changé : entre la première vague de questions, réalisée avant le scrutin, et la seconde, faite après, aucun mouvement. Comparé à ses prédécesseurs, il se situe très au-dessus de François Hollande (22 %), et à quelques encablures devant Nicolas Sarkozy (36 %). Mais en dessous du niveau des deux présidents en fin de cohabitation, François Mitterrand (54 %) et Jacques Chirac (47 %).

Il s’effondre chez les jeunes

Sans surprise, la France qui a voté pour lui est satisfaite de son action. À commencer par les plus de 65 ans (49 %), les retraités (50 %), les cadres supérieurs (48 %). En revanche, il s’effondre chez les jeunes de 18 à 24 ans, perdant 17 points (34 %), chez les chômeurs (25 %, - 10 points) et chez les ouvriers (28 %, - 7 points). Et il est évidemment très faible chez ceux ayant voté pour Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen au premier tour, avec respectivement 15 % et 17 % de satisfaits.

Dans leurs mots, les Français interrogés se montrent partagés. « Il s’en sort mieux que les autres »,« les candidats en face ne font pas rêver », expliquent-ils. Alors que la guerre en Ukraine domine les préoccupations, il bénéficie, aux yeux des sondés, d’un avantage concurrentiel : « il a le courage d’affronter Poutine », ou encore « personne ne pourrait faire mieux que lui », estiment-ils.

Dans la colonne passif de son bilan, en revanche, nombre de critiques acerbes contre son entrée en campagne : « Il s’est désintéressé de la campagne présidentielle » ou « il a esquivé ». Et contre sa politique, à la fois sur le pouvoir d’achat, sur lequel « il n’a rien fait », ou le report de l’âge de la retraite à 65 ans. Le recours par l’État au consultant américain McKinsey a aussi irrité : « il a gaspillé de l’argent public », estime un sondé. Enfin, c’est le style présidentiel qui agace : « il est arrogant » ou « se moque des Français », certains le qualifiant même de « petit coq qui ne pense qu’à se faire voir », ou regrettant ses récentes photographies « en sweat et non rasé ».

Les grands médias soutiennent Macron

Les grands médias soutiennent Macron

 

La plupart des grands médias directement ou indirectement ont choisi de soutenir Macron. Il n’y a guère que les médias de Bolloré pour soutenir Zemmour. Ainsi depuis des semaines et des semaines, on ne cesse d’affirmer que Macron va vaincre Le Pen avec des résultats certains. Témoin la moyenne des sondages( méthodologiquement très critiquable) qui risque cependant d’être contredite le jour de l’élection mais les grands médias seront retombés sur leurs pattes d’équilibriste

La moyenne des sondages

 
Emmanuel Macron
28.1%28.1%
Marine Le Pen
19.6%19.6%
Jean-Luc Mélenchon
14.3%14.3%
Eric Zemmour
10.5%10.5%
Valérie Pécresse
10.4%10.4%
Yannick Jadot
5.5%5.5%
Fabien Roussel
3.4%3.4%
Jean Lassalle
2.4%2.4%
Anne Hidalgo
2.1%2.1%
Nicolas Dupont-Aignan
1.8%1.8%
Philippe Poutou
1.1%1.1%
Nathalie Arthaud
0.7%0.7%

La pandémie remet en perspective la dimension mondiale des grands enjeux

La pandémie remet en perspective la dimension mondiale des grands enjeux

La spécialiste du droit international, Samantha Besson, constate, dans un entretien au « Monde », que la pandémie de Covid-19 et les rivalités entre la Chine et les Etats-Unis ont précipité la crise de l’ordre mondial où le droit est devenu un lieu de confrontation alors qu’il doit être un lieu de concertation.

Titulaire de la chaire Droit international des institutions au Collège de France, Samantha Besson travaille notamment sur les procédures contemporaines d’adoption de ce droit et les manières d’assurer leur légitimité. Ses recherches portent aussi sur les droits de l’homme et leur théorie.

Cet article est tiré du « Bilan du Monde » 2022. La nouvelle édition est en vente dans les kiosques à partir du lundi 24 janvier ou par Internet en se rendant sur le site Boutique.lemonde.fr

Dans quel état se trouve le système international à l’heure où les Etats pratiquent une politique de vaccination pour enrayer la pandémie de Covid-19 ?

La pandémie aura permis de précipiter une crise institutionnelle internationale qui couvait depuis longtemps. Nous y avons gagné une vision plus claire des forces – il suffit de penser à ce que l’Union européenne (UE) a pu organiser sur le plan de la vaccination dans tous ses Etats membres – et surtout des faiblesses de l’ordre institutionnel international.

Il était bien entendu assez naïf d’imaginer que des brèches si bien installées, voire entretenues, telles que l’état de sous-financement public chronique de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et sa dépendance de partenariats public-privé, le manque de mécanismes de mise en œuvre du règlement sanitaire international et l’absence de représentativité démocratique de la politique sanitaire de l’OMS, puissent être colmatées à si brève échéance. Leur mise à nu aura néanmoins eu le mérite de pointer ce sur quoi devrait porter le travail de reconstruction des juristes internationalistes.

Cette pandémie n’a-t-elle pas démontré que la sécurité humaine et la sécurité globale sont plus importantes que la sécurité nationale ?

Après les dérives instrumentalistes auxquelles son invocation a donné lieu depuis septembre 2001, mieux vaut se méfier du terme « sécurité » dans ce contexte. Il est en effet habituellement question ensuite de comparer, puis de « mettre en balance » la sécurité du plus grand nombre avec celle du plus petit.

« La question pour le droit international est de savoir comment éviter l’opposition entre un universalisme uniformisant et impérialiste d’une part, et un relativisme culturel d’autre part »

On a d’ailleurs à nouveau pu mesurer les perspectives effrayantes qu’ouvre la banalisation de ce type de calcul sécuritaire durant la pandémie – en Asie, mais en Europe aussi.

Cela dit, durant une (trop) brève période, la pandémie aura effectivement permis à chacune et à chacun de comprendre, physiquement, notre vulnérabilité commune à l’échelle régionale d’abord, puis mondiale. Mais aussi, espérons-le, l’importance d’un ordre institutionnel et juridique international à même de protéger ces intérêts communs, notamment environnementaux, lorsque les menaces qui pèsent sur eux dépassent les capacités des ordres juridiques nationaux.

Le Figaro et France info en tête des grands sites

Le Figaro et France info en tête des grands sites

 

Le Figaro, avec plus de 25,5 millions de visiteurs uniques par mois, d’après Médiamétrie précède le site France info qui obtient 21,4 millions de visiteurs.

Deux sites qui effectivement renouvellent régulièrement leurs informations sur Internet quand d’autres se contentent d’une réactualisation très partielle voire prsque nulle notamment les week-ends.

L’appréciation doit évidemment être quantitative mais aussi qualitative car nombre de sites mêmes les plus grands se contentent un peu trop de reprendre sans analyse les informations diffusées par les gouvernements, par les grandes institutions et par les entreprises. Quantitativement,il est certain que la formation est notoirement plus accessible sur les sites Internet mais qualitativement il y a évidemment beaucoup de progrès à faire en particulier en matière d’analyse et d’enquête.Notons aussi la fâcheuse tendance à remplacer L’information écrite par des images notamment des photos qui prennent de plus en plus de place dans la mise en page.

.Dans l’Hexagone, douze sites d’actualités sont consultés par plus de 15 millions de personnes. Parmi eux, on retrouve le quotidien régional OuestFrance (19,8 millions), BFMTV (19,1 millions) ou Le Parisien (17,4 millions). Ils se placent devant Le Monde, qui réunit 15 millions d’internautes.

En novembre dans l’Hexagone, plus de 53,5 millions de personnes se sont connectées à Internet, soit 85% de la population. Avec 51,6 millions de visiteurs uniques, Google reste le site le plus consulté, devant la plateforme de vidéos du géant américain Youtube (47,1 millions) et le réseau social Facebook (46,9 millions), selon l’étude. TousAntiCovid était le 7ème site le plus visité (32,2 millions), juste derrière Instagram (32,7 millions).

La privatisation progressive des grands événements sportifs

La privatisation progressive des grands événements sportifs

 

Régis Juanico, député (Génération.s) de la Loire, vice-président de la commission des affaires culturelles et de l’éducation à l’Assemblée nationale, s’inquiète, dans une tribune au « Monde », de la privatisation des grandes compétitions sportives par des intérêts privés qui, selon lui, captent le « bien commun », et propose un nouveau modèle.

 

Tribune

.Le modèle sportif européen est aujourd’hui percuté par deux grandes menaces. La première est celle d’une privatisation progressive des grandes compétitions sportives continentales par des intérêts privés à l’œuvre dans de nombreuses disciplines individuelles ou collectives, à l’instar de la récente tentative de créer une « Super Ligue » en Europe, à l’initiative de quelques clubs de football parmi les plus riches.

La seconde menace est celle de l’accaparement des grandes compétitions ou événements sportifs internationaux par les grandes multinationales (Warner, Discovery, MGM, Amazon, Google) à la force de frappe financière considérable, ou des fonds d’investissement souverains à la main d’Etats aux moyens illimités qui n’hésitent pas à instrumentaliser le sport pour en faire une vitrine politique ou une « arme diplomatique ».

Ces tentatives de captation du « bien commun » de l’organisation des grandes compétitions sportives et, plus largement, de prédation financière du sport sont très préoccupantes car avec elles font peser, par leur tendance inflationniste, un risque de disparition des valeurs universelles liées au modèle sportif européen fondé sur la solidarité, la durabilité, l’inclusion et qui repose sur une compétition ouverte et équitable.

Cette offensive mortifère doit absolument être stoppée sur un plan politique par les Etats de l’Union européenne et par les instances du mouvement sportif international, en particulier pour protéger la spécificité de notre modèle européen : système pyramidal de montées et descentes des clubs dans les ligues, accueil, détection, formation et protection des jeunes joueurs – formés localement, à l’opposé du modèle des ligues fermées.

La crise sanitaire en cours a montré à quel point le sport est un « bien essentiel » pour nos sociétés. Ses conséquences économiques, financières et sociétales dramatiques que nous n’avons pas fini de mesurer auraient dû faire l’effet d’un électrochoc pour les acteurs concernés : où sont passées aujourd’hui les promesses d’un « sport plus sobre, plus tempérant » ?

A défaut, la crise sanitaire a été un accélérateur et un révélateur d’une tendance préexistante pour le football professionnel français. La pérennité de son modèle économique n’est pas assurée, du fait du déséquilibre structurel d’exploitation des comptes, de l’inflation de la masse salariale, des effectifs professionnels pléthoriques, du manque d’attractivité des matchs de la Ligue 1, de la complexité de l’offre d’abonnement, de son prix élevé et de la difficulté d’accès qui pousse les consommateurs au piratage audiovisuel.

 

COVID-19: LE TAUX D’INCIDENCE EXPLOSE DANS LES GRANDS LIEUX DE VACANCES

COVID-19: LE TAUX D’INCIDENCE EXPLOSE DANS LES GRANDS LIEUX  DE VACANCES

Le taux moyen d’incidence (taux de contamination par rapport à la population) était récemment de  85 pour l’ensemble de la population. Mais il pouvait exploser par exemple à la Martinique 574 cas pour 100.000 habitants. À La Réunion, la situation épidémiologique est également préoccupante, avec une incidence à 177. Les Pyrénées-Orientales affichent ainsi un taux d’incidence de 345 (5,1% taux de positivité), avec 205 cas positifs quotidiens entre le 9 et 15 juillet.

Dans le sud, sur la Côte d’Azur et le pays basque, lieux hautement prisés des touristes pendant les congés estivaux, le nombre de nouveaux cas de Covid-19 explose également.

Dans l’Hérault, l’incidence a dépassé ce lundi la barre des 200, et se situe désormais à 201,4, Même chose en Haute-Corse, qui n’est pas épargnée par cette flambée avec désormais 266 cas pour 100.000 habitants.

De nombreux autres départements ont dépassé la barre des 100, comme les Alpes-Maritimes (163), la Haute-Garonne (144), les Bouches-du-Rhône (135), l’Aude (131), l’Ariège (129), la Gironde (112), les Pyrénées-Atlantique (101).

En Île-de-France, l’une des régions les plus touristiques du pays, tous les départements dépassent largement le seuil d’alerte, Paris étant en tête avec 127 cas pour 100.000 habitants.

Corporatisme étatique: Contre la suppression des grands corps !

Corporatisme étatique: Contre la suppression des grands corps ! 

 

 

Une défense très corporatiste d’un collectifs d’étudiants préparant le concours d’entrée à l’ENA et  des grands corps de la haute fonction publique.Surtout au motif que la France a besoin d’une  » vision stratégique à long terme ». Justement ce  qui milite en faveur de la suppression de corps obsolètes et paramétrés sur un modèle d’immobilisme.

  • Tribune dans les Échos

En nous soumettant aux concours de la fonction publique au terme d’une préparation exigeante, nous faisons le choix de nous mettre résolument au service de l’Etat et de sa réforme. Nous nous accordons tous sur la nécessité de transformer l’action publique et refusons tout statu quo. Néanmoins, nous souhaitons faire part de nos inquiétudes face au projet actuel de « fonctionnalisation » de la haute fonction publique , qui consiste à supprimer de nombreux corps essentiels de la haute fonction publique. Cette mesure risque de nous concerner en premier lieu si nous réussissons les épreuves d’entrée.

Le 8 avril 2021 a été confirmée la suppression de l’Ecole nationale d’administration (ENA) et annoncée une réforme d’ampleur de l’encadrement supérieur de l’Etat. Nous acceptons avec loyauté de nous adapter aux changements qui pourraient concerner notre formation, mais, en tant qu’étudiants et citoyens, nous souhaitons exprimer nos préoccupations quant au projet de suppression des corps de la haute fonction publique et de transformation de l’administration.

Une très grande diversité

Loin du portrait parfois stéréotypé qui est dressé des préparationnaires, nous provenons de formations, de milieux, de territoires d’une très grande diversité. Certains sont passés par l’université, d’autres par les écoles d’ingénieurs, de commerce, de sciences sociales ou politiques. Rien n’est plus faux que d’affirmer que les préparationnaires de l’ENA proviennent tous de milieux très privilégiés. Nombre d’entre nous sont boursiers. Notre dénominateur commun est la volonté de servir.

Tout d’abord, nous constatons que l’une des justifications de la réforme serait de mieux « construire [les] parcours de carrière » des hauts fonctionnaires . Or, notre objectif premier n’est pas de « faire carrière ». Nous appartenons à une génération qui a grandi dans l’urgence climatique et qui a commencé ses études supérieures à la fin de la crise financière. Nous finissons nos études alors même que la crise épidémique remet en cause de profondes certitudes. Nous préparons ces concours parce que nous souhaitons, dans ce contexte, nous mettre au service de l’Etat.

 

La présence de l’Etat est nécessaire dans de nombreux domaines. La transition écologique a besoin d’un Etat qui pousse les entreprises à se dépasser. L’innovation technologique et la croissance ont besoin d’être stimulées par l’Etat. La redéfinition de notre politique industrielle et énergétique ne peut se faire que sous l’égide d’un Etat disposant d’une vision stratégique de long terme. Nous ne sortirons des crises sociale et économique actuelles que grâce à un Etat à l’écoute des citoyens et capable de répondre à leurs attentes.

De lourdes conséquences

Aussi, nous apprenons que la réforme actuelle prévoit la suppression de nombreux corps essentiels de la haute fonction publique : l’Inspection générale de l’administration (IGA), l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), l’Inspection générale des finances (IGF), ainsi que le corps des préfets et sous-préfets et le corps diplomatique. Ces corps ont vocation à ne devenir plus que des « fonctions », sans statut particulier.

La rémunération perçue par la plupart des hauts cadres de l’Etat peut être jusqu’à cinq fois plus faible que celle d’un grand manager du privé.

Cette réforme pourrait avoir de lourdes conséquences sur l’efficacité de l’action de l’Etat. Un corps n’est pas un « privilège », ni une « caste ». La rémunération perçue par la plupart des hauts cadres de l’Etat peut être jusqu’à cinq fois plus faible que celle dont bénéficierait un grand manager ou dirigeant dans une entreprise de grande taille. Le corps est précisément la protection, la garantie dont dispose un préfet pour affirmer la présence de l’Etat et faire valoir son expérience du terrain. De son côté, un inspecteur de l’Igas, de l’IGA ou de l’IGF doit pouvoir interagir avec les représentants de la sphère économique, sociale ou politique, dans une position d’égal à égal, sans avoir à s’inquiéter du fait que ses recommandations ou ses analyses puissent avoir des conséquences sur son avenir professionnel.

Il serait contre-productif et destructeur que cette réforme finisse par dissuader ceux qui le souhaitent le plus de s’engager au service de l’Etat. C’est sur ce point particulier que nous souhaitons alerter, en tant que préparationnaires.

Le collectif Servir (composé d’étudiants de tous les horizons préparant le concours de l’ENA, futur Institut national du service public).

Le pass sanitaire obligatoire pour les « grands rassemblements » mais pas pour les activités politiques, syndicales ou cultuelles !

Le pass sanitaire obligatoire pour les « grands rassemblements » mais pas pour les activités politiques, syndicales ou cultuelles !

 

Encore une curieuse décision de ce conseil constitutionnel pour déterminer là ou le pass sanitaire sera obligatoire. Une décision dite des sages qui en faites sont surtout des politiques d’où l’ambiguïté de nombre de ses décisions. Le Conseil constitutionnel a donné son feu vert : à partir du mois de juin, il faudra bien présenter un pass sanitaire démontrant que l’on n’est pas infecté par le virus du Covid-19 pour accéder à certains grands événements. Ce projet controversé du gouvernement est prévu par la loi encadrant la sortie progressive de l’état d’urgence sanitaire.

Ce pass sera demandé pour accéder aux grands rassemblements de plus de 1.000 personnes, comme des festivals, des foires ou des salons professionnels. Cela ne concerne donc pas les activités politiques, syndicales ou cultuelles, note le Conseil constitutionnel dans son avis rendu ce lundi.

Il prendra la forme « d’un résultat d’un examen de dépistage virologique ne concluant pas à une contamination par le Covid-19, d’un justificatif de statut vaccinal ou d’un certificat de rétablissement à la suite d’une contamination », précise le Conseil.

Les grands corps malades de l’Etat ou l’État malade des grands corps?

Les grands corps malades de l’Etat ou l’État malade des grands corps?

Qui de la poule ou de l’oeuf  est responsable de la crise de gestion de l’administration ?

Évidemment, on fait porter le chapeau à l’élite sortie des grands corps. Des grandes écoles qui formatent dans le même moule ou à peu près les futurs dirigeants qui  gèrent les grandes directions administratives étatiques.

 

S’attaquer au seul problème des grands corps, c’est-à-dire à la formation des élèves appelés à devenir dirigeants de l’État ne suffit pas pour expliquer la maladie la maladie spécifique de l’État français.

 

Certes ces les élèves, intoxiqués par l’idéologie du moment ,colorent forcément la nature de la gestion de l’État ( exemple le tout routier pour le ministère de l’équipement et maintenant le tout écolo anti-routier !). Mais la vraie question qui se pose est de savoir au préalable qu’elle est la nature de l’État, quel doit être son champ d’action et ses modalités d’intervention.

 

En clair il faut repenser la mission de l’État avant même de réformer la formation des élites.

Le problème en France c’est qu’on entretient une grande confusion entre le champ administratif et le champ de l’intérêt général. Une confusion alimentée bien sûr par le corporatisme administratif mais aussi par des politiques qui nourrissent la machine à coups de lois et de décrets sans cesse plus complexes et plus nombreux et qui nécessitent des armées de fonctionnaires.

 

Il convient évidemment de revenir à la définition du champ réellement régalien qui nécessite une administration. Et de ce point de vue nombre de champs d’activité doive être abandonnés par l’État qui en France veut tout contrôler dans le domaine social, économique, sanitaires, technologiques et environnementales.

 

Certes des normes doivent être définies mais elles sont sans doute 10 fois trop nombreuses, 10 fois trop complexes et donnent ainsi une légitimité à ces hordes  de fonctionnaires et à leurs chefs qui forment  l’élite.

 

En outre même avec un champ d’activité plus réduit, plus ciblé,  rien n’impose l’intervention directe de l’État. Gérer l’intérêt général n’implique pas automatiquement d’intervenir directement dans les modalités d’application. Ses modalités d’application peuvent être déléguées dans le cas de contrat de service public.

 

Même pour l’évaluation des politiques publiques, le recours à des organismes indépendants est sans doute plus souhaitable dans la mesure où ces organismes disposent de davantage de liberté pour  éviter la langue de bois et la collusion avec la pensée du moment du pouvoir..

 

La vraie et première réforme est donc celle de la nature et les conditions d’intervention de l’État pour sortir de cette confusion entre l’intérêt général, le service public, l’administration et le statut des fonctionnaires.

 

 

Société- L’élitisme des Grands corps de l’État

Société- L’élitisme des Grands corps de l’État

Comment faire évoluer le processus de sélection de ce système « élitiste » qui par construction tend à reproduire, stabiliser et entretenir un certain mode de pensée et d’action ? N’est-il pas temps de reconcevoir les voies de constitution d’une « élite » dans et pour le monde actuel ? Interroge Michel Paillet, docteur en sciences économiques, co-fondateur du cabinet Cognitive Companions.( l’Opinion)

 

L’État est servi au quotidien par des femmes et des hommes qui composent ses « corps ». Au plus « haut » niveau de notre appareil étatique se situent les « grands » corps, accessibles par un concours de catégorie A de la fonction publique. Comme l’indique le choix des mots qu’elle emploie elle-même, cette « élite » a été sélectionnée et hiérarchisée de façon militaire par « grade » à l’issue d’un apprentissage exigeant souvent mené dans les établissements les plus prestigieux. Ces corps regroupent les fonctionnaires par catégorie d’activités jugées utiles pour l’intérêt collectif au cours du temps : polytechniciens (à l’origine ingénieurs pour l’artillerie, la marine, les mines ou la construction des ponts et des chaussés), énarques administrateurs pour gérer les finances, le budget et le droit administratif, enseignants, experts des impôts…

Pour ceux qui n’en font pas partie, cette « élite » fait l’objet de nombreux phantasmes de richesse, d’opulence et de passe-droits. Vus de l’extérieur, ce sont des gilets d’or. Pourtant et par construction, il s’agit avant tout d’hommes et de femmes qui ont fait le choix de servir l’intérêt collectif plutôt que de suivre les sirènes internationales du privé, prêt à payer ces talents rares beaucoup plus que ne pourra jamais le faire l’État français.

Pour ceux qui font partie de ces « corps », l’épreuve des fonctions successives menées au service de « l’intérêt collectif » peut engendrer des souffrances personnelles. Nombre d’entre eux sont victimes d’une certaine forme de désynchronisation entre un temps politique court (et toujours plus réduit par les périodes de passivité liées aux campagnes) et un temps administratif beaucoup plus long. Conduire des réformes à horizon long fait sens pour le pays, mais cela ne peut aboutir si la condition de la réussite dépend d’une réélection.

 

La plupart des porteurs de projets voient donc régulièrement leur travail réduit à néant non pour une raison collective, mais bien pour satisfaire des intérêts politiques de court terme. Devant l’énergie personnelle investie et le sentiment du peu de résultats obtenus, l’engagement peut s’essouffler et laisser progressivement place à un sentiment d’impuissance, de frustration et d’abandon. Lorsque le sens investi dans l’intérêt collectif s’effrite, lorsqu’il n’est plus soutenu par le regard des autres citoyens, la personne au plus haut potentiel peut éprouver un malaise voire un sentiment d’absurde. Alors l’énergie enthousiaste au service de l’autre cède la place à la roue libre, à l’inertie et au découragement. De tels sentiments sont ressentis à tous les niveaux de l’administration française. Ils se chuchotent et se murmurent. Ils ne se disent pas. En résulte un constat général de gâchis de toutes ces intelligences.

Emmanuel Macron, François Hollande, Jacques Chirac, Valéry Giscard d’Estaing, mais aussi Édouard Philippe, Dominique de Villepin, Lionel Jospin, Alain Juppé et tant d’autres… nombreux sont les présidents et les chefs du gouvernement qui sortent de l’ENA (École Nationale de l’Administration). La plupart des hauts fonctionnaires sont également passés par les classes préparatoires parisiennes les plus prestigieuses et les mêmes grands corps de l’État. Une récente étude de l’Institut des Politiques publiques sur la démocratisation des grandes écoles en France souligne d’ailleurs l’étroitesse de la base de recrutement de ces établissements. Malgré les efforts fournis depuis plusieurs années, restent largement favorisés les étudiants masculins, issus de milieux privilégiés et originaires de Paris et de la région parisienne.

L’intelligence et les compétences des hauts fonctionnaires ne font pas de doute, mais la diversité de leur expérience pose question. Si tous les profils se ressemblent, un angle de vue monolithique tend à s’installer là où l’incertitude requiert précisément un échange dynamique entre des points de vue distincts. Deux raisons à cela : un cruel manque de porosité entre les secteurs public et privé, et un défaut d’interaction avec le terrain.

Le premier point est intrinsèquement lié au statut de fonctionnaire. La sécurité d’emploi à vie qu’offre la fonction a le désavantage de décourager toute prise de risque et volonté de mobilité vers des entreprises privées. Or, cela ne semble plus compatible avec le monde mouvant dans lequel nous vivons. Il apparaît nécessaire d’instaurer des mouvements de convection forte entre service public et entreprises privées, voire de les rendre obligatoires.

 

La deuxième difficulté réside dans une certaine forme de déconnexion entre les (hauts) fonctionnaires et ceux qu’ils sont censés servir : les citoyens. Cela peut créer une perte de la notion de réalité, qu’il convient de contrecarrer en créant plus de brassage, pour reconnecter les fonctionnaires à la réalité de terrain.

De ces échanges avec l’Autre, qu’il soit citoyen, acteur du secteur privé, fonctionnaire dans un autre domaine, etc., naîtront des modes de pensées pluriels et générateurs d’idées nouvelles.

Au sein des grandes écoles françaises, la pure connaissance cognitive – et plus particulièrement les mathématiques – est largement valorisée, au détriment d’autres sciences comme celles de la communication, de l’information ou de la gestion. A l’ENA elle-même, l’économie est parée d’une aura scientifique dont ne bénéficie pas le droit.

D’où nous vient cette croyance monodimensionnelle ?

Sans doute directement d’Auguste Comte et du courant de pensée qu’il a formalisé au XIXème siècle, connu sous le nom de « positivisme ». Cela consiste à considérer que tous les faits sont explicables par la science, sous forme d’observation ou d’expérience. Les mathématiques sont donc un langage qui permet d’expliciter une connaissance. Auguste Comte soutient ainsi que ce sont l’épistémologie et les sciences qui permettent l’émergence des technologies modernes. Dans une logique positiviste, la prise de décision revient aux scientifiques, qui sont les sachants, et est séparée de l’opération. Dit autrement, l’ingénieur pense le chantier quand les ouvriers exécutent les travaux. Cette culture est profondément ancrée en France, et notamment au plus haut niveau. Loin de nous l’idée de délégitimer les profils scientifiques au parcours dits d’excellence, car ils portent une expérience essentielle. Mais il faut reconnaître que les autres profils sont encore trop peu valorisés au sein des « élites ».

Dans le courant des années 70, l’émergence progressive d’une épistémologie nouvelle a permis l’avènement d’une autre façon de concevoir la connaissance. C’est le moment où certains phénomènes remettent en cause le système linéaire du positivisme. Le monde est toujours plus complexe et il n’est plus possible de dissocier décision et opération : c’est ce que les approches constructivistes mettent en évidence. Nous sommes désormais dans une logique d’adaptation permanente : celui qui met en exergue le processus cognitif est celui qui va prendre la décision, suivre la réalisation, analyser les résultats qui l’amèneront à prendre une nouvelle décision, et ainsi de suite. Cette dynamique en spirale est la réalité de notre quotidien.

Les modes de sélection, de formation et de progression des élites au sein des administrations publiques sont devenus obsolètes. Au regard des enjeux auxquels nous faisons face, ils sont même devenus contre-productifs. Ils tendent à mésuser de très forts potentiels dont l’investissement et l’engagement se gâchent, sans bénéficier opérationnellement aux citoyens. L’organisation de l’appareil est comme hors sol, déconnecté, se nourrissant d’elle-même et générant ses propres finalités.

Dans le contexte actuel, cette situation génère souffrance humaine et inefficience de l’action étatique. Les voies de réponse existent. Elles nécessitent une régénération en profondeur de la façon même dont s’organise l’interaction entre la gouvernance censée arbitrer et l’appareil d’État censé décliner et transmettre les orientations. Cette organisation ne peut plus être fondée sur une conception mécaniste « top-down » : les vitesses d’évolution de l’environnement imposent de resynchroniser à un rythme beaucoup plus élevé les décisions et les opérations. Comme un « corps », elles supposent une superposition de systèmes capable de répondre avec la réactivité adéquate. Comme un « corps », elles supposent une décentralisation de la responsabilité décisionnelle au niveau adéquat.

Le glissement de paradigmes semble déjà engagé, la régénération serait-elle en cours ? Auquel cas, il ne s’agirait plus que d’une question de temps, de volonté et d’énergie !

Les grands défis technologiques en 2021

Les grands défis technologiques en 2021

 

 

Après une année de croissance prodigieuse, 2021 pourrait s’annoncer plus délicate pour le secteur technologique d’après un article du Wall Street Journal

En 2020, la pandémie a permis aux géants de la tech comme Amazon et Microsoft d’atteindre de nouveaux sommets. Le recours au shopping en ligne et au travail à distance a accéléré à une vitesse qui aurait été inconcevable en l’absence du coronavirus.

Mais les Big Tech pourraient à présent connaître des temps plus difficiles. Fin 2020, les autorités américaines, chinoises et européennes ont lancé séparément des enquêtes pour déterminer si la taille de ces géants n’était pas devenue problématique. Aux Etats-Unis, ces investigations devraient continuer sous la présidence de Joe Biden, laquelle semble également encline à maintenir les restrictions aux exportations chinoises qui modifient le profil des chaînes d’approvisionnement mondiales.

Si les Big Tech risquent ainsi d’être confrontées à des difficultés inédites depuis des années, 2021 pourrait également apporter son lot d’opportunités. Le monde pourrait enfin entrer dans l’ère de la voiture électrique. Le président élu Joe Biden s’est engagé à faire de la cybersécurité une priorité. Et Washington instaurera des incitations financières en vue d’aider les entreprises américaines à garder une longueur d’avance sur leurs concurrentes chinoises.

Voici les principaux enjeux de 2021 pour le secteur technologique.

La réglementation

La plus grande source d’inquiétude en la matière pour les Big Tech reste la menace de poursuites pour pratiques anticoncurrentielles. Mais les démocrates, forts de leur pouvoir nouvellement acquis sur le Congrès, souhaiteront sans doute aussi un durcissement législatif.

Pour Google et Facebook, la menace est déjà bien réelle. Le département de la Justice, la Commission fédérale du commerce (FTC) ainsi que les procureurs généraux de certains Etats ont lancé coup sur coup à leur encontre cinq actions en justice en fin d’année dernière.

Pour ces entreprises, toute la question sera de savoir si l’administration Biden décidera d’élargir les procédures fédérales, de simplement les poursuivre, ou de chercher un accord. Google comme Facebook semblent désireuses d’en finir avec ces affaires. Chacune des deux entreprises nie toute mauvaise conduite.

Mais l’accumulation de poursuites du même ordre entamées par des plaignants privés complique encore la situation.

Pour Amazon et Apple, le risque est de voir des enquêtes préliminaires ouvertes par les autorités réglementaires fédérales conduire à de nouvelles poursuites.

Au-delà des actions d’ordre judiciaire, les entreprises technologiques peuvent craindre une offensive du Congrès en faveur d’un durcissement des lois antitrust existantes. Dans l’interprétation qu’en donne la jurisprudence, les règles actuelles ciblent avant tout l’impact des pratiques des entreprises sur les prix à la consommation. Leur mise en œuvre peut être épineuse dans le cas de moteurs de recherche ou réseaux sociaux essentiellement gratuits.

Après la fin tumultueuse de la présidence Trump, les démocrates pourraient vouloir faire usage de leur nouveau pouvoir au Congrès pour pousser des entreprises comme Facebook ou Twitter à réprimer davantage la désinformation et les discours haineux. Certains d’entre eux se sont exprimés en ce sens après l’attaque du Capitole, même si aucun n’a pour l’instant avancé de proposition claire.

De nouvelles règles en termes de confidentialité des données et un renforcement des normes en matière de responsabilité pourraient aussi être envisagées.

— par John D. McKinnon

Les Big Tech poursuivront-elles leur croissance ?

La dépendance vis-à-vis des géants de la tech a fortement augmenté en 2020, ménages et entreprises privilégiant les achats en ligne, et recourant en masse aux services informatiques et de cloud, ainsi qu’aux appareils mobiles et aux services de diffusion de vidéos en ligne. De plus petites entreprises, particulièrement bien placées pour tirer parti de la pandémie, ont également connu une croissance fulgurante, la palme revenant au spécialiste des services de vidéoconférence Zoom Video Communications.

Ces différents services faisant désormais partie du quotidien des consommateurs, le secteur devrait continuer d’avoir le vent en poupe cette année, selon les analystes. Des segments comme le commerce électronique, qui, selon certaines estimations, ont enregistré une croissance de près de 50 % en 2020, continueront de profiter de l’évolution des modes de consommation entraînée par la pandémie. Et même lorsque la vaccination permettra de nouveau l’accès aux bureaux et aux espaces publics, l’adoption du télétravail par le monde de l’entreprise devrait entretenir la demande pour les plateformes qui ont permis aux travailleurs et usagers de rester connectés.

« Nous savions déjà que les technologies jouaient un rôle important dans nos vies, mais nous ne voulions pas en prendre réellement la mesure, observe Gene Munster, directeur associé de la société de recherche et d’investissement Loup Ventures. Avec la pandémie, nous les avons totalement adoptées. »

Les Big Tech n’en seront pas moins confrontées à la loi des grands nombres en 2021. Les bénéfices records qu’elles ont enregistrés l’an dernier font planner la menace d’un ralentissement, en particulier pour les entreprises qui, sous l’effet de la pandémie, ont réalisé en quelques mois une croissance de plusieurs années. Cette décélération attendue de certains segments conduit les analystes à penser que les grands noms de la tech miseront davantage encore sur la diffusion de vidéos en ligne, et d’autres services appelés à connaître un bel avenir.

« Il faudra alimenter le moteur de la croissance », souligne M. Munster en référence à Amazon, Apple et d’autres groupes qui sont entrés ces dernières années sur de nouveaux marchés comme celui du streaming.

— par Sebastian Herrera

Les véhicules électriques

2021 sera une année charnière sur le marché des voitures électriques.

Tesla, dont la valeur en Bourse est aujourd’hui la plus élevée de tous les constructeurs automobiles, entend ouvrir deux nouvelles usines d’assemblage, l’une aux Etats-Unis et l’autre en Allemagne, et entrer sur le marché juteux des pick-up avec son Cybertruck entièrement électrique fin 2021 ou début 2022. Des constructeurs classiques comme Volkswagen, General Motors et Hyundai Motor comptent eux aussi lancer de nouveaux modèles électriques destinés au grand public.

« L’offensive est lancée », note Scott Keogh, le patron de Volkswagen aux Etats-Unis, où l’entreprise doit lancer en mars son crossover électrique ID.4.

D’autres lancements très attendus, de la part de start-up comme Rivian Automotive ou Lucid Motors, viendront étoffer encore l’offre de voitures électriques cette année.

Selon les patrons de l’automobile, cette diversité accrue et l’arrivée de nouveaux concurrents contribueront à doper les ventes de ces véhicules aux Etats-Unis, comme elles l’ont fait en Chine et en Europe. Les ventes de voitures électriques ont augmenté de 9,8 % en Chine l’an dernier, et ont bondi de 89 % en Europe entre janvier et novembre 2020, selon des statistiques de l’industrie automobile.

Aux Etats-Unis en revanche, où les analystes estiment que les quatre cinquièmes des véhicules électriques vendus en 2020 étaient de marque Tesla, les ventes de voitures électriques ont chuté d’environ 11 % l’an dernier, selon les données de LMC Automotive.

Le manque de stations de recharge constitue un obstacle important. Selon les données du gouvernement, les États-Unis comptent actuellement 96 000 stations publiques de recharge, une fraction du nombre nécessaire pour soutenir une forte croissance du marché, indiquent les analystes.

2021 pourrait cependant voir un progrès sur ce front. Durant sa campagne, Joe Biden s’était engagé à mettre en place 500 000 nouvelles stations publiques de recharge d’ici à 2030.

— par Ben Foldy

La cybersécurité

Le piratage massif d’agences fédérales mis au jour le mois dernier a révélé les lacunes des systèmes de défense américains dans le domaine de la cybersécurité. Après cette intrusion, que des responsables ont accusé la Russie d’avoir organisé, Joe Biden a affirmé que la cybersécurité serait une priorité à chaque échelon gouvernemental.

Pour Diane Rinaldo, qui a été administratrice entre 2018 et 2019 de la National Telecommunications and Information Administration, l’une des agences piratées, le Congrès pourrait commencer par prendre une mesure simple : allouer des fonds. Si, de par son nom, l’agence qu’elle administrait semblait devoir être à la pointe des technologies, ses employés devaient composer avec une infrastructure informatique hors d’âge, baptisée « Sneakernet », qui les obligeait par exemple à procéder à des interventions manuelles sur chaque ordinateur pour assurer la sauvegarde des e-mails, raconte Mme Rinaldo.

Selon elle, Sneakernet résume à lui seul le degré d’obsolescence des infrastructures informatiques de Washington. « C’est pourtant simple : il faut investir de l’argent. Les systèmes doivent être mis à niveau », souligne Mme Rinaldo, une républicaine.

Au-delà des services gouvernementaux, le principal enjeu de cybersécurité en 2021 est le même qu’en 2020, à savoir les confiscations de données personnelles par des logiciels malveillants (« ransomware »), indique Eric Chien, directeur technique de Symantec, la division de cybersécurité de Broadcom. La situation n’a pas changé dans ce domaine et les organisations doivent continuer de mettre en pratique les règles de base de cybersécurité pour empêcher ce type d’attaques.

La singularité de 2021 tient à la manière dont les organisations s’adapteront à la généralisation du télétravail. Avant la pandémie, il était faisable pour une entreprise de demander à quelques employés de se connecter à distance à ses systèmes au moyen de réseaux privés virtuels. Il est moins facile de procéder de la sorte avec l’ensemble du personnel.

« Que se passe-t-il si quelqu’un oublie qu’il est sur le réseau de son entreprise et se met à regarder Netflix, s’interroge M. Chien. Cela représente énormément de données. » Selon lui, les organisations peuvent mettre en place des systèmes de sécurité plus simples, laissant par exemple les employés se connecter s’ils sont sur le bon fuseau horaire et ne déclenchent pas d’avertissement de sécurité ou de logiciel malveillant.

— par Stu Woo

Le nationalisme technologique

En 2020, le gouvernement américain a pris des mesures pour empêcher d’agir certains grands noms chinois des technologies, en particulier le géant des télécoms Huawei et des fabricants de microprocesseurs. Cette année, il tentera de faire en sorte que les entreprises américaines et de pays alliés qui ont bénéficié de cette initiative ne gaspillent pas leur avance.

Selon des conseillers démocrates et des analystes de la Chine, il ne faut pas s’attendre à ce que l’administration Biden revienne sur les mesures qui ont été prises contre les entreprises technologiques chinoises.

« Il n’est pas question de faire machine arrière, affirme James Mulvenon, qui dirige une équipe d’analystes de la Chine au sein du groupe de défense SOS International. L’administration Biden entend maintenir certaines mesures utiles des politiques de Trump, et atténuer celles qui semblent avoir été prises à chaud dans un but punitif. »

Le nouveau gouvernement pourrait ainsi maintenir les restrictions aux exportations des géants chinois des télécoms et des microprocesseurs, tout en laissant aux tribunaux le soin de déterminer la légalité de l’interdiction de TikTok et WeChat décidée par l’administration Trump.

Le maintien du statu quo permettrait de laisser le temps aux responsables compétents de décider comment stimuler le secteur technologique américain. Le Congrès a récemment adopté une loi de sécurité nationale prévoyant l’octroi de subventions et d’incitations financières aux fabricants de microprocesseurs, des aides qui, selon les parlementaires, pourraient atteindre jusqu’à 3 milliards de dollars par projet. Les conseillers de Joe Biden ont indiqué qu’ils comptaient poursuivre les efforts de l’administration Trump pour inciter les entreprises américaines à développer des technologies d’équipement 5G à source ouverte susceptibles de concurrencer Huawei. Le président élu lui-même a fait des mesures d’encouragement à la fabrication de véhicules électriques américains (secteur dont la chaîne logistique est aujourd’hui dominée par la Chine) un pilier de son programme.

« La priorité des Etats-Unis est d’augmenter leur propre production de microprocesseurs afin d’être moins dépendants d’usines potentiellement instables en Asie, observe Dan Wang, analyste en technologies de Gavekal Dragonomics basé à Pékin. De son côté, la Chine doit rebâtir d’importants segments de la chaîne logistique des équipements et logiciels pour semiconducteurs. »

Traduit à partir de la version originale en anglais

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