Mory Ducros: en grand danger
Mory évite la liquidation et l’actionnaire améliore une peu son offre de reprise. Pour autant Mory demeure en grand danger du fait des mouvements sociaux qui se développent spontanément sans le contrôle des syndicats. Les salariés ont sans doute raison de réagir car l’avenir de l’entreprise n’est pas nécessairement assuré en l’état actuel de la conjoncture dans la messagerie. Mais Mory Ducros risque de perdre encore des parts de marchés ; 2000 emploi sauvés sur 7000 (dont 20000 sous-traitants souvent oubliés), c’est mieux que rien évidemment pas assez pour gérer ce drame social national. Pas sûr ensuite que cet actionnaire soit vraiment capable de gérer de meilleure façon une entreprise prise dans le tourmente globale des mutations de l’activité routière (qui pour la première fois en 2013 perd des emplois) avec notamment la concurrence des entreprises et chauffeurs étrangers, donc le dumping et la concurrence déloyale. Mory Ducros échappe donc à la liquidation judiciaire. Le principal actionnaire du transporteur, Arcole Industries, qui menaçait de renoncer à reprendre le transporteur de colis en raison de grèves sur certains sites, a finalement amélioré légèrement son offre mardi 29 janvier tard dans la soirée. Sous l’égide du ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, des discussions avec les syndicats dans la soirée de mardi à mercredi à Bercy, ont abouti au dépôt effectif d’une offre de reprise par Arcole Industries. « Ce dépôt à 23H58 est le gros acquis de la soirée », a souligné le ministère. L’offre a initiale été légèrement améliorée puisqu’elle prévoit le maintien de 2 agences et 60 emplois supplémentaires, soit une total de 50 agences sur près de 85, et 2.210 salariés au lieu de 2.150 sur plus de 5.000. Le 28 janvier, Arcole Industries, avait menacé de retirer son offre de reprise sur l’entreprise, placée en redressement judiciaire en novembre dernier, si les grèves persistaient. « La situation sociale au sein de Mory Ducros s’est très sérieusement dégradée dans la journée sur quelques sites essentiels au bon déroulement de l’entreprise », indique Arcole Industries dans ce courrier adressé au ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg. « Si la situation doit rester en l’état, et notamment si la direction de l’entreprise reste paralysée, Arcole Industries sera dans l’incapacité de réitérer son offre », avertit le président du directoire d’Arcole, André Lebrun. Lundi 27 janvier, les syndicats avaient déjà rapporté qu’Arcole menaçait de retirer son offre. La direction qualifiait alors cette information de « fausse rumeur ». Le tribunal de commerce de Cergy-Pontoise doit se prononcer le 31 janvier sur l’offre d’Arcole. Elle prévoit de reprendre 48 agences sur 85, soit 2.150 emplois sur plus de 5.000. Mais Arcole avait également demandé à ce que les employés s’engagent à ne pas entamer de nouvelles actions avant cette date.