Croissance Etats-Unis : forte hausse grâce à la consommation intérieure
Une croissance sur un rythme annuel de 3,7 % aux États-Unis, croissance essentiellement soutenue par une forte demande intérieure qui représente les deux tiers du PIB. De quoi rendre jalouse une Europe qui hésite toujours entre une politique de relance et la contrainte budgétaire. La croissance de l’économie américaine au deuxième trimestre a été revue à la hausse en raison d’une reprise des dépenses de consommation reflétant une dynamique qui pourrait inciter la Réserve fédérale américaine à relever ses taux cette année. Le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis a progressé de 3,7% en rythme annualisé, selon la deuxième estimation publiée jeudi par le département du Commerce. Une première estimation, publiée le mois dernier, faisait état d’une croissance de 2,3%. Les économistes interrogés par Reuters prévoyaient pour la deuxième estimation une croissance de 3,2%. Wall Street a ouvert en nette hausse après la publication de cet indicateur, dans le sillage duquel le dollar a progressé face à un panier de devises de référence et le rendement des Treasuries s’est tendu. Les chiffres du PIB devraient rassurer les investisseurs et les représentants de la Fed sur la capacité de résistance de l’économie américaine. L’économie américaine a enregistré une croissance de 0,6% au premier trimestre et la hausse du PIB ressort à 2,2% sur le premier semestre contre 1,9% pour la période correspondante de 2014. Les dépenses de consommation, qui représentent plus des deux tiers de l’activité économique américaine, ont augmenté de 3,1% contre une hausse de 2,9% précédemment. Elles restent soutenues en début de troisième trimestre comme l’a montré la forte hausse des ventes de détail au mois de juillet. L’amélioration du marché du travail, la baisse des prix de l’essence et la hausse des prix de l’immobilier soutiennent la richesse et le pouvoir d’achat des ménages, alimentant la bonne tenue de la consommation. Les inscriptions hebdomadaires au chômage ont baissé plus que prévu la semaine dernière, confirmant le raffermissement du marché du travail. Les inscriptions au chômage ont baissé à 271.000 lors de la semaine au 22 août contre 277.000 (inchangé) la semaine précédente, a annoncé jeudi le département du Travail.
Comment les multinationales échappent à l’impôt grâce au Luxembourg
Comment les multinationales échappent à l’impôt grâce au Luxembourg
Une fraude monumentale grâce au Luxembourg de la part des multinationales. De quoi s’interroger sur le choix du luxembourgeois Juncker pour diriger la commission européenne. Ou plutôt ce qui permet de mieux comprendre les affinités entre la finance, les multinationales et les politiques. Des accords fiscaux secrets entre le Luxembourg et 340 multinationales afin de minimiser leurs impôts, sont révélés jeudi 6 novembre par 40 médias internationaux s’appuyant sur des documents obtenus par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ). Ces accords, passés entre 2002 et 2010, représentent des milliards d’euros de recettes fiscales perdues pour les Etats où ces entreprises réalisent des bénéfices, selon l’ICIJ et ses médias partenaires, dont Le Monde en France, The Guardian au Royaume-Uni, ou encore le Süddeutsche Zeitung en Allemagne. L’ICIJ avait dévoilé en janvier les placements de dignitaires chinois dans les paradis fiscaux. Dans son enquête de six mois baptisée « Luxembourg Leaks » ou « LuxLeaks », l’ICIJ a eu accès à 28.000 pages de documents de « tax ruling » montrant comment de grandes entreprises « s’appuient sur le Luxembourg et ses règles fiscales souples, mais aussi sur les déficiences de la réglementation internationale, pour y transférer des profits afin qu’ils n’y soient pas taxés, ou très faiblement », écrit Le Monde. La pratique du « tax ruling », qui est légale, permet à une entreprise de demander à l’avance comment sa situation sera traitée par l’administration fiscale d’un pays, et d’obtenir certaines garanties juridiques. Les groupes concernés – sont cités notamment Apple, Amazon, Verizon, AIG, Heinz, Pepsi, Ikea ou les Français Axa et Crédit agricole – réalisent ainsi des milliards d’euros d’économies chaque année grâce à la création d’une filiale, d’une holding ou au déplacement d’un siège social sur le territoire du Grand-Duché. Avec pour but de payer le moins d’impôt possible. »Le Luxembourg garde ces accords fiscaux secrets » et « ne le notifie pas à ses partenaires européens » bien qu’il soit « mis au courant, de fait, par ces multinationales, de leur stratégie d’évitement de l’impôt », poursuit Le Monde. Les documents obtenus par l’ICIJ ont été établis par le cabinet d’audit et de conseil PricewaterhouseCoopers (PwC), « qui les a rédigés et en a négocié les termes avec l’administration luxembourgeoise », ajoute le quotidien français. En Australie, l’analyse détaillée des documents de l’ICIJ a d’ores et déjà commencé, a fait savoir jeudi Chris Jordan, haut-responsable de l’administration fiscale. Il s’agit de « vérifier que les entreprises paient le juste montant d’impôt » que leur activité justifie. Le Guardian estime que « ces révélations seront embarrassantes pour le nouveau président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, qui a été Premier ministre du Luxembourg entre 1995 et 2013″, soit pendant la période où les accords mentionnés par l’ICIJ ont été signés. La Commission européenne a ouvert en juin quatre enquêtes sur la pratique fiscale de « tax ruling » visant des Etats membres. L’une vise l’Irlande et concerne des accords passés entre l’administration fiscale et le géant américain Apple, soupçonné d’avoir bénéficié d’un traitement de faveur contraire aux règles européennes de la concurrence. Une deuxième concerne des soupçons d’avantages fiscaux accordés par les Pays-Bas à la chaîne de cafés Starbucks. La troisième porte sur des accords passés par le Luxembourg avec Fiat Finance and Trade, qui fournit des services de gestion de trésorerie au groupe automobile Fiat. La dernière, ouverte en octobre, vise Gibraltar. Dans Le Monde du 29 octobre, le ministre des Finances luxembourgeois, Pierre Gramegna, a défendu la pratique de « tax ruling ». Elle « fait partie de notre patrimoine et nous voulons la perpétuer dans le respect des règles ». « Le maintien d’une certaine compétitivité, loyale, entre les Etats dans le domaine fiscal est indispensable », ajoutait le ministre du Grand-Duché. De son côté, l’OCDE a publié en septembre à destination du G20 des recommandations contre l’optimisation fiscale, ces stratégies sophistiquées et le plus souvent légales permettant aux multinationales de payer le moins d’impôts possible. L’OCDE milite pour rétablir « la souveraineté fiscale » à savoir que les bénéfices doivent être taxés là où ils sont réalisés.