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Dette et déficits: Perspectives gouvernementales irréalistes pour Fitch

Dette et déficits: Perspectives gouvernementales irréalistes pour Fitch

 

Pour les agences de notation, il semble bien qu’on considère les prévisions gouvernementales de rétablissement des comptes comme assez improbables. C’est notamment l’avis de Moody’s et de Fitch.

Fitch estime qu’outre les 10 milliards d’euros « d’économies d’urgence » annoncées en février pour 2024, « des mesures budgétaires supplémentaires seraient probablement nécessaires pour respecter les objectifs du gouvernement de 4,4% en 2024 et de ramener le déficit à 2,7% d’ici 2027 ».

Des arguments qui rejoignent ceux de l’agence de notation Moody’s quelques jours plus tôt. Aux yeux de l’agence, une telle dégradation du déficit public « rend improbable » la tenue, par le gouvernement, de son objectif de réduction du déficit, « tel qu’il le prévoit dans son plan budgétaire à moyen terme présenté en septembre ». Elle estime également insuffisantes les 10 milliards d’économies supplémentaires en 2024.
De son côté, la Cour des comptes évoque 50 milliards d’économie d’ici la fin du quinquennat pour parvenir à ces 3% de déficit public d’ici 2027. L’OFCE évoque, de son côté, un effort de 70 à 80 milliards d’euros.

 

Selon Fitch, lle niveau d’endettement, « le deuxième plus élevé des Etats souverains de la catégorie AA », devrait encore « augmenter progressivement pour atteindre près de 113% du PIB d’ici à la fin de 2025 ».

 Selon le gouvernement, la France devrait dépenser plus de 74 milliards d’euros en 2027 pour rembourser les intérêts de sa dette, contre 38,6 milliards en 2023.

 

Inflation : politiques gouvernementales insignifiantes

Inflation : l’insignifiance des politiques gouvernementales

 

 Contrairement à ce qu’avait affirmé par exemple le ministre français des finances, on est loin encore du pic d’inflation. Une inflation qu’on croyait passagère mais qui va s’installer notamment en raison de la crise énergétique ( les prix de l’électricité par exemple pourraient doubler). Sur le front de la lutte pour juguler la hausse généralisée des prix aux Etats-Unis et en Europe, les gouvernements se déchargent de leurs responsabilités sur les banques centrales. Mais c’est oublier que cette lutte contre l’inflation a également une composante budgétaire. Par Marc Guyot et Radu Vranceanu, Professeurs à l’ESSEC. (la Tribune)

 

L’inflation continue de déferler sur l’ensemble de la planète et l’Europe n’y échappe pas. L’inflation dans la zone euro se situe à 8,9% en juillet 2022 contre 2,2% en juillet 2021. La Belgique, l’Espagne, la Grèce et les Pays-Bas ont dépassé les 10% tout comme le Royaume-Unis et l’OCDE dans son ensemble (10,3%), la France faisant figure d’exception avec ses 6,8%. Seul le Japon (2,2%) et dans une moindre mesure la Suisse (3,4%) semblent y échapper pour l’instant.

Le choc sur le pouvoir d’achat des ménages génère une forte pression populaire sur les dirigeants politiques qui, sans surprise, se défaussent en cherchant des boucs émissaires et des justifications tout en dénonçant le nouveau fléau. Toute honte bue, le président des États-Unis Joe Biden explique que l’inflation est le prix à payer pour le retour rapide au plein-emploi alors que les dirigeants européens affirment que c’est le prix à payer pour le combat contre l’invasion russe. Il n’y a plus de place dans la nouvelle vulgate pour le « quoi qu’il en coûte » contre le fléau du Covid.

Peu désireux d’assumer ni leur part de responsabilité, ni le coût politique d’une politique anti-inflationniste sérieuse, les dirigeants politiques laissent la responsabilité de la politique anti-inflationniste aux banques centrales arguant que la stabilité des prix est de leur ressort, ce qui n’est que partiellement vrai. La lutte contre l’inflation a une composante budgétaire relevant du gouvernement et une composante monétaire relevant de la banque centrale, les deux étant censées se compléter.

Les gouvernements étant aux abonnés absents, la lutte contre l’inflation repose actuellement entièrement sur la composante monétaire. Celle-ci passe essentiellement par la hausse des taux d’intérêt directeurs, chaque banque centrale ayant son taux d’intervention spécifique. Aux États-Unis, il s’agit essentiellement du taux de rémunération des réserves bancaires (depuis 2008). Il y a trois taux d’intervention dans la zone euro le plus important étant le taux auquel la BCE prête des liquidités aux banques commerciales pour une très courte durée. Pour longtemps à zéro, il vient d’être augmenté à 0.50% en juillet. Le taux de rémunération des réserves, négatif depuis 2014, a été enfin remis à zéro par la même décision. Partout dans le monde, les taux devraient passer de zéro en décembre 2021 à plus de 2% en décembre 2022, par des hausses successives et par paliers. La vitesse élevée d’augmentation des taux révèle le retard pris par les Banques centrales dans la prise en compte du danger inflationniste.

L’inflation actuelle s’explique essentiellement par l’écart entre la production potentielle – ce que le secteur productif peut réaliser en utilisant au mieux les ressources disponibles – et la demande globale. Pour lutter contre l’inflation actuelle, il faut que la demande globale soit inférieure à la production potentielle pour un certain temps. L’une des deux faces du problème, outre la demande gonflée artificiellement par les politiques de relance Covid, est que la production potentielle demeure affectée par le dysfonctionnement de l’économie chinoise, les tensions géopolitiques, la guerre en Ukraine et les conséquences à long terme de la crise sanitaire. La hausse des taux d’intérêt devrait réduire toutes les dépenses financées par emprunt, essentiellement l’investissement. Si sur le papier, le ralentissement de l’investissement va bien ralentir la demande globale et donc réduire l’inflation, il nous semble néanmoins absurde de freiner l’investissement productif dans la période actuelle. Il serait plus approprié de s’attaquer aux autres composantes de la demande globale en modérant directement les dépenses publiques et en ralentissant la consommation des ménages via une augmentation des impôts ou une augmentation de la TVA. Sans surprise, les gouvernements n’ont aucune intention de risquer leur capital électoral avec des mesures nécessaires mais impopulaires.

L’absence de mesure anti-inflationniste de la part des gouvernements provient également d’un calcul cynique des bienfaits d’une inflation de court terme qui reviendrait en quelques années à son niveau initial par la seule action des banques centrales. Le premier est la baisse automatique du poids de la dette du fait de l’augmentation du revenu national due à l’inflation. Toutefois cette diminution ne va pas être spectaculaire car une partie de la dette a ses taux d’intérêts indexés sur l’inflation (12% en France), et les dettes nouvelles seront émises à des taux plus importants. Pour que cette petite entourloupe fonctionne, il faut que les taux de long terme n’augmentent pas trop vite. Pour cela il faut faire croire aux investisseurs que l’inflation redescendra très vite vers les 2%. Ce message est martelé par les officiels de la BCE et de la Fed, sans grande base empirique à notre avis.

Baisse des salaires réels dans le sud de l’Europe

Enfin, pour les pays du sud de l’Europe (France incluse), cette augmentation rapide et non anticipée de l’inflation a l’immense et cynique avantage de faire (enfin) baisser les salaires réels. Pendant des années, les pays du sud de la zone euro fonctionnaient avec des taux de chômage structurels très élevés et une compétitivité à l’export dégradée, causés par un coût du travail – salaires et taxes sur le travail – extrêmement élevé, comparé à la productivité, notamment pour les travailleurs faiblement qualifiés. Quand elles ne sortaient pas du marché tout simplement, les entreprises préféraient délocaliser ou investir en technologie pour remplacer le travail. L’inflation actuelle devient l’outil magique pour éroder les salaires et repousser la réforme du marché du travail aux calendes grecques. Au premier trimestre 2022 les salaires et traitements n’ont augmenté que de 3,3% dans la zone euro comparé au premier trimestre 2021 alors que l’inflation était déjà à 7,4% en mars 2022. Si aux États-Unis ou au Royaume-Uni, ce mécanisme est facteur d’inquiétude, car le marché du travail est déjà très tendu (taux de chômage respectivement à 3,5% et 3,8% en juillet), en France et autres pays du Sud la diminution du chômage est une bonne nouvelle. En juin 2022, le taux de chômage de la zone euro était de 6,6%, comparée à 7,9% en juin 2021 (Données Eurostat). En France, il est tombé de 8,1% à 7,2% sur la même période. Ces taux de chômage ne dépassent plus les 8% qu’en Italie, Grèce et Espagne, mais sont en baisse aussi dans ces pays.

Emmanuel Macron a promis un retour au plein emploi en France pour la fin du quinquennat. Cela reste possible puisque, pour l’instant, les salaires augmentent moins vite que les prix ce qui fait diminuer le salaire réel et soutient la demande de travail. Cette dynamique est toutefois fragile. Le SMIC est déjà indexé sur un taux d’inflation (subie par les ménages les plus modestes). Si lors des prochaines négociations salariales, les syndicats obtiennent une compensation de l’inflation, ce sera la fin de ce mécanisme anti-chômage. Le gouvernement devra alors faire face au carré maléfique inflation-chômage-récession-déséquilibre extérieur et ne pourra plus esquiver un tour de vis budgétaire. Pour la réforme du marché du travail, il faudra vraisemblablement attendre la prochaine reprise mondiale.

Inflation : l’insignifiance des politiques gouvernementales

Inflation : l’insignifiance des politiques gouvernementales

 

 Sur le front de la lutte pour juguler la hausse généralisée des prix aux Etats-Unis et en Europe, les gouvernements se déchargent de leurs responsabilités sur les banques centrales. Mais c’est oublier que cette lutte contre l’inflation a également une composante budgétaire. Par Marc Guyot et Radu Vranceanu, Professeurs à l’ESSEC. (la Tribune)

 

L’inflation continue de déferler sur l’ensemble de la planète et l’Europe n’y échappe pas. L’inflation dans la zone euro se situe à 8,9% en juillet 2022 contre 2,2% en juillet 2021. La Belgique, l’Espagne, la Grèce et les Pays-Bas ont dépassé les 10% tout comme le Royaume-Unis et l’OCDE dans son ensemble (10,3%), la France faisant figure d’exception avec ses 6,8%. Seul le Japon (2,2%) et dans une moindre mesure la Suisse (3,4%) semblent y échapper pour l’instant.

Le choc sur le pouvoir d’achat des ménages génère une forte pression populaire sur les dirigeants politiques qui, sans surprise, se défaussent en cherchant des boucs émissaires et des justifications tout en dénonçant le nouveau fléau. Toute honte bue, le président des États-Unis Joe Biden explique que l’inflation est le prix à payer pour le retour rapide au plein-emploi alors que les dirigeants européens affirment que c’est le prix à payer pour le combat contre l’invasion russe. Il n’y a plus de place dans la nouvelle vulgate pour le « quoi qu’il en coûte » contre le fléau du Covid.

Peu désireux d’assumer ni leur part de responsabilité, ni le coût politique d’une politique anti-inflationniste sérieuse, les dirigeants politiques laissent la responsabilité de la politique anti-inflationniste aux banques centrales arguant que la stabilité des prix est de leur ressort, ce qui n’est que partiellement vrai. La lutte contre l’inflation a une composante budgétaire relevant du gouvernement et une composante monétaire relevant de la banque centrale, les deux étant censées se compléter.

Les gouvernements étant aux abonnés absents, la lutte contre l’inflation repose actuellement entièrement sur la composante monétaire. Celle-ci passe essentiellement par la hausse des taux d’intérêt directeurs, chaque banque centrale ayant son taux d’intervention spécifique. Aux États-Unis, il s’agit essentiellement du taux de rémunération des réserves bancaires (depuis 2008). Il y a trois taux d’intervention dans la zone euro le plus important étant le taux auquel la BCE prête des liquidités aux banques commerciales pour une très courte durée. Pour longtemps à zéro, il vient d’être augmenté à 0.50% en juillet. Le taux de rémunération des réserves, négatif depuis 2014, a été enfin remis à zéro par la même décision. Partout dans le monde, les taux devraient passer de zéro en décembre 2021 à plus de 2% en décembre 2022, par des hausses successives et par paliers. La vitesse élevée d’augmentation des taux révèle le retard pris par les Banques centrales dans la prise en compte du danger inflationniste.

L’inflation actuelle s’explique essentiellement par l’écart entre la production potentielle – ce que le secteur productif peut réaliser en utilisant au mieux les ressources disponibles – et la demande globale. Pour lutter contre l’inflation actuelle, il faut que la demande globale soit inférieure à la production potentielle pour un certain temps. L’une des deux faces du problème, outre la demande gonflée artificiellement par les politiques de relance Covid, est que la production potentielle demeure affectée par le dysfonctionnement de l’économie chinoise, les tensions géopolitiques, la guerre en Ukraine et les conséquences à long terme de la crise sanitaire. La hausse des taux d’intérêt devrait réduire toutes les dépenses financées par emprunt, essentiellement l’investissement. Si sur le papier, le ralentissement de l’investissement va bien ralentir la demande globale et donc réduire l’inflation, il nous semble néanmoins absurde de freiner l’investissement productif dans la période actuelle. Il serait plus approprié de s’attaquer aux autres composantes de la demande globale en modérant directement les dépenses publiques et en ralentissant la consommation des ménages via une augmentation des impôts ou une augmentation de la TVA. Sans surprise, les gouvernements n’ont aucune intention de risquer leur capital électoral avec des mesures nécessaires mais impopulaires.

L’absence de mesure anti-inflationniste de la part des gouvernements provient également d’un calcul cynique des bienfaits d’une inflation de court terme qui reviendrait en quelques années à son niveau initial par la seule action des banques centrales. Le premier est la baisse automatique du poids de la dette du fait de l’augmentation du revenu national due à l’inflation. Toutefois cette diminution ne va pas être spectaculaire car une partie de la dette a ses taux d’intérêts indexés sur l’inflation (12% en France), et les dettes nouvelles seront émises à des taux plus importants. Pour que cette petite entourloupe fonctionne, il faut que les taux de long terme n’augmentent pas trop vite. Pour cela il faut faire croire aux investisseurs que l’inflation redescendra très vite vers les 2%. Ce message est martelé par les officiels de la BCE et de la Fed, sans grande base empirique à notre avis.

Baisse des salaires réels dans le sud de l’Europe

Enfin, pour les pays du sud de l’Europe (France incluse), cette augmentation rapide et non anticipée de l’inflation a l’immense et cynique avantage de faire (enfin) baisser les salaires réels. Pendant des années, les pays du sud de la zone euro fonctionnaient avec des taux de chômage structurels très élevés et une compétitivité à l’export dégradée, causés par un coût du travail – salaires et taxes sur le travail – extrêmement élevé, comparé à la productivité, notamment pour les travailleurs faiblement qualifiés. Quand elles ne sortaient pas du marché tout simplement, les entreprises préféraient délocaliser ou investir en technologie pour remplacer le travail. L’inflation actuelle devient l’outil magique pour éroder les salaires et repousser la réforme du marché du travail aux calendes grecques. Au premier trimestre 2022 les salaires et traitements n’ont augmenté que de 3,3% dans la zone euro comparé au premier trimestre 2021 alors que l’inflation était déjà à 7,4% en mars 2022. Si aux États-Unis ou au Royaume-Uni, ce mécanisme est facteur d’inquiétude, car le marché du travail est déjà très tendu (taux de chômage respectivement à 3,5% et 3,8% en juillet), en France et autres pays du Sud la diminution du chômage est une bonne nouvelle. En juin 2022, le taux de chômage de la zone euro était de 6,6%, comparée à 7,9% en juin 2021 (Données Eurostat). En France, il est tombé de 8,1% à 7,2% sur la même période. Ces taux de chômage ne dépassent plus les 8% qu’en Italie, Grèce et Espagne, mais sont en baisse aussi dans ces pays.

Emmanuel Macron a promis un retour au plein emploi en France pour la fin du quinquennat. Cela reste possible puisque, pour l’instant, les salaires augmentent moins vite que les prix ce qui fait diminuer le salaire réel et soutient la demande de travail. Cette dynamique est toutefois fragile. Le SMIC est déjà indexé sur un taux d’inflation (subie par les ménages les plus modestes). Si lors des prochaines négociations salariales, les syndicats obtiennent une compensation de l’inflation, ce sera la fin de ce mécanisme anti-chômage. Le gouvernement devra alors faire face au carré maléfique inflation-chômage-récession-déséquilibre extérieur et ne pourra plus esquiver un tour de vis budgétaire. Pour la réforme du marché du travail, il faudra vraisemblablement attendre la prochaine reprise mondiale.

Diversité : des mesures gouvernementales trop anecdotiques

Diversité : des mesures gouvernementales trop anecdotiques

. Emmanuel Macron doit annoncer, jeudi 11 février, que des places seront réservées aux candidats issus de milieux modestes dans les concours de la haute fonction publique. L’intention est louable, mais il faudra faire beaucoup plus pour s’attaquer, dans tous les domaines, à l’entre-soi estime le monde dans un éditorial.

Editorial du « Monde ». En 2001, Sciences Po Paris avait bousculé le petit monde clos des grandes écoles à la française en créant un concours spécifique réservé aux lycéens des zones d’éducation prioritaires. Vingt ans après, Emmanuel Macron devait annoncer, jeudi 11 février, que des places seront réservées aux candidats issus de milieux modestes dans les concours de la haute fonction publique.

Il aura fallu deux décennies pour accomplir ce pas de fourmi, alors même que les fractures sociales, scolaires, territoriales n’ont cessé de se creuser en France. Le constat est malheureusement limpide : en matière de diversité sociale dans les formations menant aux postes de responsabilité, le pays fait du surplace.

Entre 2006 et 2016, les établissements qui forment les futures élites administratives, scientifiques et entrepreneuriales n’ont pas élargi leur vivier de recrutement, indique une étude révélée par Le Monde. Les enfants d’ouvriers et de chômeurs, qui représentent 36 % d’une classe d’âge, plafonnent à 10 % dans les grandes écoles, une proportion stagnante. L’Etat, qui finance nombre d’entre elles, a sa part de responsabilité. A l’Ecole nationale d’administration (ENA), qui a admis 1 % d’enfants d’ouvriers en 2019 (contre 4 % en 2006), il dispose même de tous les leviers.

Avancée est lilliputienne

Le dispositif annoncé jeudi par le président de la République consiste à créer des concours « talents » spécifiquement réservés à des étudiants choisis sur critères non seulement académiques mais sociaux et territoriaux. Ils seront dotés au maximum de 15 % des places ouvertes aux concours externes de cinq écoles de la haute fonction publique. Des classes préparatoires et des aides consacrées à ce public seront multipliées. A l’ENA, six places seront ainsi « fléchées » en 2021 au bénéfice de jeunes de milieu populaire.

Soucieux de ne pas être accusé d’introduire une « discrimination positive » et une rupture d’égalité, l’Elysée précise que les épreuves seront les mêmes que celles passées par les autres étudiants et que les places « talents » viennent en supplément. La voie choisie, entre égalité formelle et coup de pouce ciblé, est symbolique d’un astucieux « en même temps ». L’Etat, enfin, donne l’exemple, et ce n’est pas rien. Mais l’avancée est lilliputienne.

Il faut dénoncer l’hypocrisie qui présente les concours, accessibles en réalité à des publics triés sur le volet possédant les clés d’entrée pour les meilleurs lycées et classes préparatoires, comme un modèle suprême d’égalité. Certaines écoles, dont Sciences Po Paris, ont d’ailleurs récemment franchi un pas supplémentaire vers la diversité, instaurant des concours basés non pas sur des dissertations mais sur un dossier permettant de valoriser tous les types de parcours, complété par un oral.

 « Nous avons construit notre propre ­séparatisme », déplorait à juste titre Emmanuel Macron dans son discours des Mureaux (Yvelines) du 2 octobre 2020, appelant à « réveiller » une République capable de tenir « ses promesses d’émancipation ». Le diagnostic est juste. Mais le pays ne peut plus se contenter de beaux discours et de mesures symboliques. Le président, s’il veut réellement équilibrer les mesures répressives contenues dans le projet de loi « confortant le respect des principes de la République » par des mesures de justice sociale, doit s’attaquer dans tous les domaines – logement, école, emploi – aux différentes formes, structurelles ou inconscientes, de l’entre-soi. Aggravées par l’enfermement que génèrent les réseaux sociaux, elles minent la République et la menace.




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