Croissance économique : prévision gouvernementale encore excessive
Bercy table désormais sur une progression du PIB de 1% cette année, contre 1,4% anticipé jusqu’alors. La prévision de 1,4% était un peu optimiste mais la nouvelle perceptive l’ est encore !
Bien Sur il faut faire abstraction de l’environnement géopolitique qui pourrait affecter la conjoncture. À contraintes constantes, il est probable que l’objectif de 1 % nouvellement retenu par les pouvoirs publics sera difficile à atteindre. En effet même si l’inflation se tasse, les prix continuent d’augmenter et affectent le pouvoir d’achat des ménages. Par ailleurs les taux d’intérêt plombent les investissements. Conséquence consommation, investissement et exportation sont plutôt à la baisse. On attend avec impatience une baisse des taux d’intérêt de la part de la banque centrale européenne pour relancer la machine économique. Mais cette politique moins restrictive sera très progressive : le taux de l’argent sera toujours cher et les prix trop élevés, en particulier dans l’immobilier mais pas seulement.
L’objectif de 1,4% désormais abandonné, la prévision à 1%, bien que plus raisonnable, est-elle pour autant « crédible », comme l’assure Bruno Le Maire? Du côté des organismes de prévisions, les avis divergent quelque peu. Seul le FMI croit à ce stade au scénario d’une croissance tricolore de 1% en 2024. Les autres sont un peu plus pessimistes: 0,8% pour l’OFCE, 0,6% pour la Commission européenne et 0,6% également pour l’OCDE.
Si l’activité économique a ralenti ces derniers mois, c’est principalement à cause « de la hausse des taux d’intérêt », observe sur BFM Business Céline Antonin, économiste à l’OFCE. D’après elle, l’impact du resserrement monétaire sur la croissance du PIB serait de l’ordre de « 0,8 point en 2024″.
Le redressement de l’économie française dépendra donc en partie de l’action de la BCE qui hésite encore à baisser ses taux en 2024. Si l’institution de Francfort franchissait le pas, l’investissement des entreprises pourrait se reprendre après s’être effondré. Et plus tôt cela arrivera, plus la perspective d’une croissance de 1% gagnera en crédibilité. Mais pour l’heure, les économistes misent davantage sur un rebond de la consommation des ménages sur fond de ralentissement de l’inflation pour maintenir la croissance tricolore en territoire positif.
Le gouvernement qui avait construit un budget sur la base d’une croissance à 1,4% a dû revoir ses plans. Car moins de croissance, c’est aussi moins de recettes fiscales et potentiellement plus dépenses, par exemple si le chômage augmente. D’où un plan d’économies à 10 milliards d’euros annoncé par Bruno Le Maire pour tenir l’objectif de déficit public qui doit redescendre sous les 3% à horizon 2027.
« Par définition, comme on a beaucoup moins de croissance que prévu, il y a ce corollaire sur les dépenses publiques », note Anne-Sophie Alsif. Il y avait bien sûr l’option de la hausse d’impôts mais le gouvernement s’y est toujours refusé: « Si vous ne voulez pas revenir sur votre promesse de ne pas augmenter les impôts et que la croissance diminue, il n’y a pas 50.000 solutions: il faut baisser les dépenses publiques ».