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Laurent Berger, CFDT: le gouvernement commet toujours les mêmes erreurs de ne pas faire confiance aux acteurs économiques

Laurent Berger, CFDT: le gouvernement commet toujours les mêmes erreurs de ne pas faire confiance aux acteurs économiques

 

A l’unisson du président du Medef, le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, en appelle à « un esprit de concorde » pour limiter l’impact économique de l’épidémie et protéger la santé des salariés exposés à un risque de contamination sur leur lieu de travail. « On rentre dans une période où l’on ne sait pas de quoi demain sera fait, confie Laurent Berger ( une interview au JDD.)

 

Dans une déclaration commune au JDD samedi, Geoffroy Roux de Bézieux, qui préside l’organisation patronale, et Laurent Berger scellent un peu plus leur union de circonstance. « Dans la période cruciale que le pays traverse, nous pensons que l’activité économique doit se poursuivre dans le respect absolu de la sécurité des collaborateurs », estiment-ils ensemble.

 

Peut-on imaginer une sorte d’union sacrée entre patronat et syndicat au nom de la sauvegarde de l’emploi?
Dès le départ, j’avais dit que traverser cette crise nécessiterait responsabilité et solidarité. Ne cherchons pas des coupables, mais faisons face, ensemble, à différents enjeux. D’abord, sanitaires pour que la transmission du virus soit limitée en respectant les mesures barrières. Ensuite, sociaux en mettant en place des dispositifs de soutien à l’emploi afin d’éviter des suppressions de postes massives. Et en protégeant ceux qui sont obligés de travailler car c’est essentiel pour la population. Oui, nous pouvons entre organisations syndicales et patronales avoir un discours qui converge, et c’est tant mieux. Nous sommes tous des citoyens, soucieux que l’économie ne se casse pas la figure et préoccupés par la situation sanitaire de tous les travailleurs.

Nous nous sommes parlé jeudi, nous avons envoyé un message unitaire : il faut préserver la santé et la sécurité des salariés, dans le dialogue social. Les huit organisations sont dans un esprit extrêmement constructif car nous savons tous que la survie de l’emploi est importante. Bien sûr, il y a des points de divergences. Mais le combat sanitaire, social, économique à mener impose qu’on se parle, qu’on réunisse les comités sociaux et économiques, qu’on regarde les conditions d’exercice des métiers. Ne pas se déchirer n’enlève pas l’exigence mutuelle.

Les ordonnances qui assouplissent le code du travail ne risquent-elle pas de casser cette unité?
On rentre dans une période où l’on ne sait pas de quoi demain sera fait. Les inquiétudes sont fortes et il faut se laisser un maximum de latitude pour sauvegarder l’emploi. Et cela passe par le dialogue social. Je comprends que c’est aussi ce que pense le Medef. Et là, le gouvernement dit que par décision unilatérale, l’employeur pourra revoir les horaires de travail, l’attribution des congés payés, de jours de repos… Si on voulait être contre-productif face à cet esprit de concorde, c’est exactement ce qu’il fallait faire! Le gouvernement ne nous fait pas confiance. Je ne comprends pas cette obstination à décider à la place des acteurs. C’est une profonde erreur. Nous avons déposé des propositions d’aménagements en conditionnant ces assouplissements à la signature d’un accord d’entreprise. Faisons confiance à l’intelligence collective!

 
Nous redoutons bien sur que cette crise sanitaire entraîne une crise économique profonde et longue. A terme, il faudra redéfinir nos priorités, les moyens à attribuer au service public, mieux reconnaître des métiers qui apparaissent aujourd’hui essentiels. La vie d’une caissière ou d’une personne qui traite les déchets n’est pas moins importante que celle d’un ingénieur qui fait du télétravail.

J’entends ces tensions qui montent entre les télétravailleurs et les autres. Mais c’est le travail de tous ceux qui assurent la continuité de services primordiaux qui doit être mieux considéré. Demain, j’espère que plus personne n’oubliera de dire « bonjour, merci » à celle qui sera restée en poste au supermarché. Cette crise remettra peut-être au goût du jour la solidarité et le dialogue social à tous les étages. En attendant, il faut serrer les rangs en ayant une discipline individuelle sur le confinement.

Les mesures prises par le gouvernement vous paraissent-elles adaptées à cette crise inédite?
L’Etat a pris en compte les salariés des particuliers employeurs en leur donnant accès au chômage partiel, il a repoussé les expulsions locatives, maintenu les allocations des chômeurs en fin de droit, activé les actions de formation… Il ne serait pas de bon ton de dire qu’ils n’ont rien fait. Mais la vraie préoccupation, c’est l’acheminement des matériels de protection auprès des soignants et de tous ceux qui travaillent tant dans l’alimentation, les transports que pour les travailleurs sociaux qui interviennent dans les centres d’hébergement, auprès des enfants en difficultés… Moi aussi, je me mets à la fenêtre tous les soirs pour applaudir les personnels médicaux et tous les autres. Les appels à la solidarité sont essentiels et les actions doivent suivre.




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