Archive pour le Tag 'Gouvernement'

Patrimoine du gouvernement : une moyenne de 2 620 000 €

Patrimoine du gouvernement : une moyenne de 2 620 000 €

Éric Lombard figure en tête les plus gros patrimoines du gouvernement avec près de 21.000.000 d’euros nets. La moyenne du patrimoine net de l’ensemble des membres du gouvernement s’élève à environ 2.620.000 euros. Manuel Valls, ministre d’État des Outre-mer, a déclaré l’actif le plus faible : environ 130.000 euros. Mais, après déduction du passif, c’est le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, qui présente le plus petit patrimoine net (77.821 euros), derrière Charlotte Parmentier-Lecoq, ministre déléguée chargée des Personnes handicapées (113.477 euros).

Politique énergétique : un débat au Parlement mais après la décision du gouvernement

Politique énergétique : un débat au Parlement mais après la décision du gouvernement


Le premier ministre pratique une curieuse conception de la démocratie en particulier à propos de la politique énergétique. Ainsi le gouvernement vient-il de rendre public par décret la planification de l’énergie dans les PPE. Toutefois devant les réactions hostiles de parlementaires et notamment de ceux du rassemblement national, le premier ministre se résout à prévoir un débat au Parlement.

«Il est normal que le Parlement s’exprime sur un sujet aussi important», considère le premier ministre, qui souhaite également que l’Assemblée nationale examine une proposition de loi du Sénat sur le sujet.Tout cela alors que la programmation a été décidée et publiée dans les PPE !

Ce mercredi, François Bayrou annonce au Figaro que le gouvernement va inscrire à l’ordre du jour des assemblées un débat sur le sujet, une possibilité prévue par l’article 50-1 de la Constitution.

«Je considère qu’il est normal que le Parlement s’exprime sur un sujet aussi important», explique le chef du gouvernement. Il n’y aura en revanche pas de vote à l’issue du débat, dont la date n’est pas encore fixée.

Ce qui est en cause dans la critique, c’est la place exorbitante et surtout le coût des énergies dites alternatives alors que les moyens financiers manquent cruellement pour développer l’énergie nucléaire principal atout de l’économie française.

Musk va quitter ses fonctions au gouvernement US

Musk va quitter ses fonctions au gouvernement

Deux raisons pour le départ probable de Musk du gouvernement. D’abord des oppositions avec le président notamment sur la question des taxes douanières. Ensuite les oppositions de plus en plus vives de l’administration elle-même. Enfin la dégringolade des résultats de l’empire de Musk notamment concernant les automobiles Tesla.

Donald Trump a déclaré à son proche entourage qu’Elon Musk quitterait dans les prochaines semaines ses fonctions au sein de son administration, rapporte mercredi le site d’informations Politico, citant trois sources proches du président américain.

Le milliardaire, nommé à la tête d’un département de l’efficacité gouvernementale (DOGE), a été chargé par Donald Trump de couper drastiquement dans les dépenses publiques et de démanteler un certain nombre d’agences fédérales.

Selon les sources de Politico, les deux hommes ont décidé ces derniers jours qu’il serait bientôt temps pour Elon Musk, patron de Tesla et SpaceX, de se consacrer à ses propres activités et de se mettre en retrait.

Politique énergétique : un débat au Parlement mais après la décision du gouvernement

Politique énergétique : un débat au Parlement mais après la décision du gouvernement


Le premier ministre pratique une curieuse conception de la démocratie en particulier à propos de la politique énergétique. Ainsi le gouvernement vient-il de rendre public par décret la planification de l’énergie dans les PPE. Toutefois devant les réactions hostiles de parlementaires et notamment de ceux du rassemblement national, le premier ministre se résout à prévoir un débat au Parlement.

«Il est normal que le Parlement s’exprime sur un sujet aussi important», considère le premier ministre, qui souhaite également que l’Assemblée nationale examine une proposition de loi du Sénat sur le sujet.Tout cela alors que la programmation a été décidée et publiée dans les PPE !

Ce mercredi, François Bayrou annonce au Figaro que le gouvernement va inscrire à l’ordre du jour des assemblées un débat sur le sujet, une possibilité prévue par l’article 50-1 de la Constitution.

«Je considère qu’il est normal que le Parlement s’exprime sur un sujet aussi important», explique le chef du gouvernement. Il n’y aura en revanche pas de vote à l’issue du débat, dont la date n’est pas encore fixée.

Ce qui est en cause dans la critique, c’est la place exorbitante et surtout le coût des énergies dites alternatives alors que les moyens financiers manquent cruellement pour développer l’énergie nucléaire principal atout de l’économie française.

À qui profite la rhétorique du gouvernement des juges ?

À qui profite la rhétorique du gouvernement des juges ?


Depuis l’abolition des privilèges en 1789, nul ne peut prétendre, en France, bénéficier d’un régime d’exception, les élus moins encore que les autres citoyens, rappelle le magistrat Vincent Sizaire dans une tribune au « Monde ».

Prolongeant l’émoi suscité par les réquisitions du ministère public en novembre 2024, la condamnation de plusieurs cadres du Front national, devenu Rassemblement national (RN), dont Marine Le Pen, à des peines d’inéligibilité par le tribunal correctionnel de Paris pour des faits de détournement de fonds publics, a relancé le procès contre le « gouvernement des juges » que révélerait une telle décision. Reprise en chœur par une large partie de la classe politicienne et médiatique, l’accusation ne résiste pourtant guère à l’analyse.

Popularisée en 1921 par le grand juriste Edouard Lambert [1866-1947], l’expression renvoie à l’intervention du pouvoir judiciaire dans la conduite des politiques publiques et, en particulier, dans le processus d’adoption des lois et règlements. Une intervention qui n’est pas illégitime en soi, mais qui peut le devenir si les attributions du juge sont insuffisamment encadrées, le conduisant à censurer l’action des gouvernants au-delà de ce qui est nécessaire à la garantie des droits fondamentaux des citoyens.

Une dérive que l’on observe régulièrement dans la jurisprudence de la Cour suprême des Etats-Unis, à l’époque de Lambert – où celle-ci combattait activement la timide consécration d’une législation protectrice des travailleurs – comme de nos jours, quand la majorité de ses membres affiche sans complexe sa volonté d’en finir avec les acquis du mouvement des droits civiques.

Or rien de tout cela n’est mis en avant par celles et ceux qui crient aujourd’hui au coup d’Etat judiciaire. Loin de constituer des actes accomplis dans l’exercice officiel et normal de leurs fonctions, les faits pour lesquels les responsables politiques en question ont été condamnés sont des infractions pénales qui, à les supposer avérées, ne sauraient évidemment être considérées comme participant du mandat qui leur a été confié par le peuple.

Ce n’est pas davantage l’existence d’un procès inéquitable ou truqué frappant des opposants politiques qui est dénoncée. Ce qui suscite l’indignation, c’est le simple fait que des élus puissent voir leur responsabilité pénale engagée devant des juridictions de droit commun et, ainsi, se voir infliger les peines expressément prévues par la loi. En d’autres termes, la question que soulève le tollé suscité par la condamnation des dirigeants du FN n’est pas celle du gouvernement des juges mais bien celle de l’abolition des privilèges.

Belgique: un gouvernement enfin après sept mois et demi

Belgique: un  gouvernement enfin après sept mois et demi

Il aura fallu sept mois et demi pour que la Belgique trouve un accord avec les principaux partis afin de former enfin un gouvernement.

Un accord autour des conservateurs flamands et de leur leader Bart De Wever, à qui devrait devenir le poste de premier ministre. Bart De Wever, pilote de cette négociation ardue depuis l’été dernier, avait lui-même fixé l’échéance du 31 janvier pour aboutir à un accord, prévenant qu’il risquait de renoncer définitivement à sa mission en cas d’échec. In extremis, il a été reçu peu après 22h00 (21h00 GMT) par le roi Philippe, à qui il a fait part de l’accord intervenu entre les cinq partenaires, selon le Palais royal.

 

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Gouvernement : un budget bidon ?

Gouvernement : un budget bidon ?

Il se pourrait bien que le budget prévu par le gouvernement ne tienne pas ses promesses surtout en matière de déficit, de rentrées fiscales et de croissance. Ce pourrait être donc un budget bidon avec un déficit beaucoup plus important que prévu et à l’inverse  avec une croissance proche de la stagnation. Mieux vaut sans doute ce budget bidon que pas de budget du tout car la situation actuelle paralyse totalement l’activité de l’État et d’une partie de l’économie. C’est sans doute ce qu’a retenu aussi l’union européenne qui s’est montrée une fois encore bienveillante vis-à-vis de la France en tenant compte des risques économiques pour la France mais aussi pour l’Europe.

. La nouvelle trajectoire pluriannuelle des finances publiques de la France a donc été validée par la Commission et les ministres européens. Malgré une prévision de déficit en 2025 désormais à 5,4 % du PIB, contre 5 % auparavant, et une croissance plus faible, les partenaires européens ont maintenu leur confiance dans la capacité de la France à redresser progressivement la barre.

Comme dans les précédentes trajectoires émises par le gouvernement, l’objectif est d’atteindre 3 %, voire 2,9 %, de déficit en 2029. « L’effort est exigeant mais nécessaire », affirme Éric Lombard, permettant d’espérer une sortie prochaine de la procédure de déficit excessif. Conformément à ce qu’avait annoncé François Bayrou, la prévision de croissance pour 2025 est maintenue à 0,9 %, un niveau assez irréaliste d’après nombre d’experts. De la même manière la dérive du budget pourrait encore atteindre de l’ordre de 6 % en 2025.

 

Un non-indépendantiste Alcide Ponga élu président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie.

Un non-indépendantiste Alcide Ponga  élu président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie.

Alcide Ponga est issu d’une famille kanak non-indépendantiste. Maire depuis 2014 de la petite commune minière de Kouaoua, sur la côte est de l’île principale, il est aussi président du Rassemblement – Les Républicains depuis le 21 avril dernier. Il est le premier Kanak à occuper cette fonction. Diplômé de sciences politiques, Alcide Ponga, 49 ans, a effectué sa carrière dans la mine, un secteur aujourd’hui en grande difficulté mais qui reste le premier pourvoyeur d’emploi privé dans l’archipel. Il succède à l’indépendantiste Louis Mapou, dont le gouvernement a été renversé le 24 décembre avec le départ du parti de centre droit «Calédonie ensemble».

Sondage : 86 % prévoient un nouveau gouvernement en 2025

Sondage : 86 % prévoient un nouveau gouvernement en 2025

 

 

Dans l’esprit des Français le gouvernement Bayrou est déjà condamné, en effet 86 % à penser que le président de la République devra nommer un nouveau premier ministre en 2025, selon un sondage Odoxa-Backbone pour Le Figaro. Une prévision qui transcende les clivages politiques, une majorité des sympathisants de Renaissance (72 %) étant également de cet avis.

Il est clair pour la plupart des Français très informés de la situation politique qui occupe chaque jour les médias que le nouveau gouvernement de Bayrou ne tiendra pas longtemps en raison tout simplement de l’absence de soutien de la moindre majorité même très relative à l’Assemblée nationale. Ce qui reste de la majorité est par ailleurs très divisé entre les partisans data le, ceux d’Édouard Philippe, ce de Darmanin, voire de Retailleau et d’autres.

Sur le budget par exemple l’Assemblée nationale ne pourra pas trouver la synthèse nécessaire et Bayrou sera condamné à utiliser le passage en force avec application de l’article 49–3. Et on voit mal sur quels sujets l’assemblée nationale pourrait dégager une majorité. Il y a sans doute la loi concernant Mayotte mais une loi tellement théorique qu’elle n’engagera pas grand monde.

 

 

Politique-Un gouvernement Bayrou très provisoire ?

Politique-Un gouvernement Bayrou très provisoire ? 

François Bayrou a finalement dévoilé son gouvernement. Sur le fond, pas de grandes différences avec la ligne de son prédécesseur. Sur la forme, en revanche, des distinctions se dessinent, avec une volonté de se détacher de l’Élysée et de mettre l’accent sur l’autorité, au détriment des volets sociaux et économiques.

Décryptage avec Mathias Bernard, historien de la politique. Interview dans The Conversation 


Quelles sont les principales différences entre le gouvernement Bayrou et le gouvernement Barnier ?

Les différences ne sont pas évidentes. Il y a une continuité dans la sensibilité politique globale et dans la composition : sur quatorze ministres de plein exercice, sept faisaient déjà partie du gouvernement Barnier. La principale originalité est la primauté donnée au régalien. Dans l’ordre protocolaire, parmi les quatre ministres d’État qui arrivent en premier, trois sont relatifs aux fonctions régaliennes (Intérieur, Justice, Outre-mer). Cela traduit une volonté d’affirmer une forme d’autorité. C’est la marque de Bayrou, déjà imprimée dans la manière dont il s’est imposé comme premier ministre.

Le positionnement des ministères sociaux et économiques montre qu’ils sont au deuxième plan. Le ministre de l’Économie, Éric Lombard, est le sixième dans l’ordre protocolaire. Dans les gouvernements de la présidence Macron, l’économie était habituellement numéro deux. L’économie positionnée au sixième rang, confiée à un technicien, a fortiori dans le contexte budgétaire actuel, c’est un choix politique. Cela montre que ce n’est pas là-dessus que François Bayrou veut adresser des signaux à l’opinion. Par contre, l’éducation est le portefeuille numéro deux du gouvernement, c’est rare et c’est un choix personnel assumé par le premier ministre.

Il y a une autre nuance par rapport au précédent gouvernement : la recherche de cohérence. Le gouvernement Barnier a été marqué par une forme de conflit entre Didier Migaud à la Justice et Bruno Retailleau à l’Intérieur. Il y aura beaucoup plus de cohérence dans la politique conduite entre Gérald Darmanin et Bruno Retailleau.

Bruno Retailleau est le seul ministre dont le nom a été connu bien avant la composition de l’ensemble du gouvernement. C’était l’homme le plus à droite du gouvernement Barnier. Comment interpréter cet empressement à le reconduire dans ses fonctions ?

C’est une manière de donner des gages à l’électorat du Rassemblement national, un calcul politique pour obtenir une abstention la plus longue possible de la part du RN. Bayrou compte sur le fait que le RN n’osera pas recensurer rapidement un gouvernement, surtout avec la présence de Darmanin et de Retailleau. Cela peut fonctionner quelques mois.

En revanche, c’est un vrai problème de fonctionnement démocratique. Il s’agit d’un calcul politicien qui ne prend pas en compte la réalité politique du pays. Ce qui s’est exprimé au mois de juillet, c’est la victoire d’un front républicain. Logiquement, il aurait fallu avoir un gouvernement de front républicain. C’est ce qui a permis l’élection d’un certain nombre de députés. Un certain nombre de concessions ou de signaux sont adressés au Rassemblement national alors que ces forces avaient prétendu le combattre lors des élections législatives. Les leçons du scrutin de juillet n’ont jamais été tirées. On est sur une forme de déni de l’expression politique du pays.

Que penser du choix de Gérald Darmanin à la Justice  et d’Élisabeth Borne à l’Éducation ?

Ce sont des éléments de fragilité. Mais dans l’exercice de la composition d’un gouvernement, beaucoup de nominations ouvrent des brèches pour la critique. François Bayrou montre que ça ne l’arrête pas. C’est une manifestation d’autorité de sa part.

Concernant Élisabeth Borne, je pense que ce qui l’a intéressé, c’est d’abord d’avoir une femme. Quand on regarde le casting des quatre ministres d’État, on constate que cette partie du gouvernement s’est masculinisée (même si la suite du gouvernement est plus paritaire). Ensuite, il y avait ce souci d’avoir le maximum de poids lourds, une volonté de donner à ce gouvernement une image d’union nationale ou de défense républicaine : il s’agit de montrer que, dans la crise profonde que traverse notre pays, mais surtout notre système politique, le gouvernement rassemble des personnalités fortes, venues d’horizons politiques différents, mais unies par la volonté d’affirmer l’autorité de l’État républicain. Le fait qu’elle soit une ancienne première ministre a beaucoup compté. Enfin, il faut y voir une volonté d’affirmer l’autorité de l’État : c’est quelque chose qui est reconnu à Élisabeth Borne. Cette nomination va dans le sens de cette cohérence recherchée, en prenant le risque de l’impopularité.

 

Le gouvernement penche clairement à droite…

Il ne s’agit pas du tout d’un gouvernement équilibré, contrairement aux engagements initiaux du premier ministre. Ce n’est pas une surprise : cette dérive vers la droite est une évolution du macronisme depuis 2019-2020. Ce qui est appelé le bloc central s’identifie plutôt à une union allant du centre droit à une droite traditionnelle, conservatrice. Les « prises de guerre » affichées comme venant de la gauche n’en sont pas vraiment puisque que François Rebsamen ou Manuel Valls ont rompu avec le PS et ont appelé à voter Macron dès 2017. C’est l’aile gauche du macronisme, mais pas du tout un élargissement vers la gauche. C’est un gouvernement qui rassemble les différentes sensibilités du centre droit et de la droite, dans la continuité de ce qu’on voit depuis la réélection de Macron en 2022.

Le rapport de pouvoir entre le président et le gouvernement évolue-t-il avec cette nouvelle équipe ?

Le pouvoir n’est plus du tout à l’Élysée. Il est à Matignon, il est au gouvernement. Même si Macron s’était plaint de la volonté d’indépendance de Barnier, le gouvernement précédent ménageait les susceptibilités de l’Élysée. Les concessions faites à Emmanuel Macron sont beaucoup plus réduites dans ce gouvernement. Il n’y a pas une différence fondamentale de positionnement politique entre les deux.

En revanche, en termes de forme, on observe le retour de l’ancien monde. Une bonne partie des ministres qui composent ce gouvernement sont des personnalités connues : Borne, Valls, Darmanin, Retailleau, Catherine Vautrin, Rachida Dati, Rebsamen. Sur ces 4 ministres d’État, deux ont déjà exercé la fonction de premier ministre. S’il est parfois arrivé qu’un ancien premier ministre exerce des fonctions ministérielles (on peut penser à Michel Debré, Laurent Fabius, Alain Juppé ou Jean-Marc Ayrault), c’est la première fois depuis le gouvernement de Gaulle de 1958 qu’il y en a plusieurs : cela souligne à la fois le contexte de crise actuel et la volonté de rassembler au gouvernement des personnalités de premier plan. Il s’agit là d’un retour de l’incarnation politique en dehors du président de la République. Cette séquence politique traduit l’affaiblissement du rôle personnel du président de la République au profit du premier ministre et de son équipe.

En nommant un gouvernement avec des personnalités reconnues, François Bayrou essaie de faire peser la balance du côté du gouvernement par rapport au président de la République. C’est aussi une manière de rompre avec cette tendance du macronisme d’avoir plutôt des ministres technos assez peu connus, assez peu médiatisés, etc.

Ce gouvernement peut-il durer plus que celui de Barnier ?

A priori, on voit mal une gauche qui a censuré le gouvernement Barnier ne pas censurer le gouvernement Bayrou qui confirme, voire accentue, cet ancrage à droite. Aucun signal n’a été adressé à la gauche, alors même qu’une partie du PS et des écologistes s’étaient dits prêts à discuter d’accords de non-censure. C’était un choix dès le départ, y compris en annonçant, avant même que le gouvernement soit composé, la présence de Bruno Retailleau. C’était aussi une manière de fermer la porte à la gauche.

C’est malheureux à dire, mais la clé de la stabilité ou non de ce gouvernement est entre les mains du Rassemblement national. La question est de savoir si Marine Le Pen et Jordan Bardella ont intérêt à faire tomber ce gouvernement. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas, le RN ne va pas courir le risque d’être accusé d’alimenter l’instabilité. Ce gouvernement peut tenir deux, trois ou quatre mois. Au-delà, ça me semble difficile.

Quelles sont les sorties de crise possibles pour éviter d’avoir des gouvernements qui durent trois mois, à répétition ?

Il y en a deux. La première supposerait une volonté de l’ensemble des acteurs de tirer les leçons de l’élection de juillet 2024, c’est-à-dire de constituer un gouvernement qui soit à l’image, non pas du premier tour des législatives ou de ce qu’aurait souhaité Emmanuel Macron, mais à l’image du second tour : un gouvernement de front républicain allant de LFI jusqu’au bloc central, puisqu’au niveau de l’électorat, c’est ce rassemblement d’électeurs qui a permis l’élection des deux tiers des députés.

Pour l’instant, cette traduction en majorité gouvernementale de ce qui a été une majorité électorale n’est pas possible pour des raisons qui tiennent aux choix du président – qui refuse de composer avec une partie de la gauche, mais également pour des raisons qui tiennent au positionnement de la France insoumise, laquelle estime que c’est le nouveau Front populaire qui a gagné l’élection, ce qui n’est pas non plus vrai.

La seconde solution de sortie de crise est une nouvelle dissolution de l’assemblée. Ce n’est pas possible avant le mois de juillet prochain.

Un gouvernement Bayrou provisoire ?

Un gouvernement Bayrou provisoire ? 

François Bayrou a finalement dévoilé son gouvernement. Sur le fond, pas de grandes différences avec la ligne de son prédécesseur. Sur la forme, en revanche, des distinctions se dessinent, avec une volonté de se détacher de l’Élysée et de mettre l’accent sur l’autorité, au détriment des volets sociaux et économiques.

Décryptage avec Mathias Bernard, historien de la politique. Interview dans The Conversation 


Quelles sont les principales différences entre le gouvernement Bayrou et le gouvernement Barnier ?

Les différences ne sont pas évidentes. Il y a une continuité dans la sensibilité politique globale et dans la composition : sur quatorze ministres de plein exercice, sept faisaient déjà partie du gouvernement Barnier. La principale originalité est la primauté donnée au régalien. Dans l’ordre protocolaire, parmi les quatre ministres d’État qui arrivent en premier, trois sont relatifs aux fonctions régaliennes (Intérieur, Justice, Outre-mer). Cela traduit une volonté d’affirmer une forme d’autorité. C’est la marque de Bayrou, déjà imprimée dans la manière dont il s’est imposé comme premier ministre.

Le positionnement des ministères sociaux et économiques montre qu’ils sont au deuxième plan. Le ministre de l’Économie, Éric Lombard, est le sixième dans l’ordre protocolaire. Dans les gouvernements de la présidence Macron, l’économie était habituellement numéro deux. L’économie positionnée au sixième rang, confiée à un technicien, a fortiori dans le contexte budgétaire actuel, c’est un choix politique. Cela montre que ce n’est pas là-dessus que François Bayrou veut adresser des signaux à l’opinion. Par contre, l’éducation est le portefeuille numéro deux du gouvernement, c’est rare et c’est un choix personnel assumé par le premier ministre.

Il y a une autre nuance par rapport au précédent gouvernement : la recherche de cohérence. Le gouvernement Barnier a été marqué par une forme de conflit entre Didier Migaud à la Justice et Bruno Retailleau à l’Intérieur. Il y aura beaucoup plus de cohérence dans la politique conduite entre Gérald Darmanin et Bruno Retailleau.

Bruno Retailleau est le seul ministre dont le nom a été connu bien avant la composition de l’ensemble du gouvernement. C’était l’homme le plus à droite du gouvernement Barnier. Comment interpréter cet empressement à le reconduire dans ses fonctions ?

C’est une manière de donner des gages à l’électorat du Rassemblement national, un calcul politique pour obtenir une abstention la plus longue possible de la part du RN. Bayrou compte sur le fait que le RN n’osera pas recensurer rapidement un gouvernement, surtout avec la présence de Darmanin et de Retailleau. Cela peut fonctionner quelques mois.

En revanche, c’est un vrai problème de fonctionnement démocratique. Il s’agit d’un calcul politicien qui ne prend pas en compte la réalité politique du pays. Ce qui s’est exprimé au mois de juillet, c’est la victoire d’un front républicain. Logiquement, il aurait fallu avoir un gouvernement de front républicain. C’est ce qui a permis l’élection d’un certain nombre de députés. Un certain nombre de concessions ou de signaux sont adressés au Rassemblement national alors que ces forces avaient prétendu le combattre lors des élections législatives. Les leçons du scrutin de juillet n’ont jamais été tirées. On est sur une forme de déni de l’expression politique du pays.

Que penser du choix de Gérald Darmanin à la Justice  et d’Élisabeth Borne à l’Éducation ?

Ce sont des éléments de fragilité. Mais dans l’exercice de la composition d’un gouvernement, beaucoup de nominations ouvrent des brèches pour la critique. François Bayrou montre que ça ne l’arrête pas. C’est une manifestation d’autorité de sa part.

Concernant Élisabeth Borne, je pense que ce qui l’a intéressé, c’est d’abord d’avoir une femme. Quand on regarde le casting des quatre ministres d’État, on constate que cette partie du gouvernement s’est masculinisée (même si la suite du gouvernement est plus paritaire). Ensuite, il y avait ce souci d’avoir le maximum de poids lourds, une volonté de donner à ce gouvernement une image d’union nationale ou de défense républicaine : il s’agit de montrer que, dans la crise profonde que traverse notre pays, mais surtout notre système politique, le gouvernement rassemble des personnalités fortes, venues d’horizons politiques différents, mais unies par la volonté d’affirmer l’autorité de l’État républicain. Le fait qu’elle soit une ancienne première ministre a beaucoup compté. Enfin, il faut y voir une volonté d’affirmer l’autorité de l’État : c’est quelque chose qui est reconnu à Élisabeth Borne. Cette nomination va dans le sens de cette cohérence recherchée, en prenant le risque de l’impopularité.

 

Le gouvernement penche clairement à droite…

Il ne s’agit pas du tout d’un gouvernement équilibré, contrairement aux engagements initiaux du premier ministre. Ce n’est pas une surprise : cette dérive vers la droite est une évolution du macronisme depuis 2019-2020. Ce qui est appelé le bloc central s’identifie plutôt à une union allant du centre droit à une droite traditionnelle, conservatrice. Les « prises de guerre » affichées comme venant de la gauche n’en sont pas vraiment puisque que François Rebsamen ou Manuel Valls ont rompu avec le PS et ont appelé à voter Macron dès 2017. C’est l’aile gauche du macronisme, mais pas du tout un élargissement vers la gauche. C’est un gouvernement qui rassemble les différentes sensibilités du centre droit et de la droite, dans la continuité de ce qu’on voit depuis la réélection de Macron en 2022.

Le rapport de pouvoir entre le président et le gouvernement évolue-t-il avec cette nouvelle équipe ?

Le pouvoir n’est plus du tout à l’Élysée. Il est à Matignon, il est au gouvernement. Même si Macron s’était plaint de la volonté d’indépendance de Barnier, le gouvernement précédent ménageait les susceptibilités de l’Élysée. Les concessions faites à Emmanuel Macron sont beaucoup plus réduites dans ce gouvernement. Il n’y a pas une différence fondamentale de positionnement politique entre les deux.

En revanche, en termes de forme, on observe le retour de l’ancien monde. Une bonne partie des ministres qui composent ce gouvernement sont des personnalités connues : Borne, Valls, Darmanin, Retailleau, Catherine Vautrin, Rachida Dati, Rebsamen. Sur ces 4 ministres d’État, deux ont déjà exercé la fonction de premier ministre. S’il est parfois arrivé qu’un ancien premier ministre exerce des fonctions ministérielles (on peut penser à Michel Debré, Laurent Fabius, Alain Juppé ou Jean-Marc Ayrault), c’est la première fois depuis le gouvernement de Gaulle de 1958 qu’il y en a plusieurs : cela souligne à la fois le contexte de crise actuel et la volonté de rassembler au gouvernement des personnalités de premier plan. Il s’agit là d’un retour de l’incarnation politique en dehors du président de la République. Cette séquence politique traduit l’affaiblissement du rôle personnel du président de la République au profit du premier ministre et de son équipe.

En nommant un gouvernement avec des personnalités reconnues, François Bayrou essaie de faire peser la balance du côté du gouvernement par rapport au président de la République. C’est aussi une manière de rompre avec cette tendance du macronisme d’avoir plutôt des ministres technos assez peu connus, assez peu médiatisés, etc.

Ce gouvernement peut-il durer plus que celui de Barnier ?

A priori, on voit mal une gauche qui a censuré le gouvernement Barnier ne pas censurer le gouvernement Bayrou qui confirme, voire accentue, cet ancrage à droite. Aucun signal n’a été adressé à la gauche, alors même qu’une partie du PS et des écologistes s’étaient dits prêts à discuter d’accords de non-censure. C’était un choix dès le départ, y compris en annonçant, avant même que le gouvernement soit composé, la présence de Bruno Retailleau. C’était aussi une manière de fermer la porte à la gauche.

C’est malheureux à dire, mais la clé de la stabilité ou non de ce gouvernement est entre les mains du Rassemblement national. La question est de savoir si Marine Le Pen et Jordan Bardella ont intérêt à faire tomber ce gouvernement. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas, le RN ne va pas courir le risque d’être accusé d’alimenter l’instabilité. Ce gouvernement peut tenir deux, trois ou quatre mois. Au-delà, ça me semble difficile.

Quelles sont les sorties de crise possibles pour éviter d’avoir des gouvernements qui durent trois mois, à répétition ?

Il y en a deux. La première supposerait une volonté de l’ensemble des acteurs de tirer les leçons de l’élection de juillet 2024, c’est-à-dire de constituer un gouvernement qui soit à l’image, non pas du premier tour des législatives ou de ce qu’aurait souhaité Emmanuel Macron, mais à l’image du second tour : un gouvernement de front républicain allant de LFI jusqu’au bloc central, puisqu’au niveau de l’électorat, c’est ce rassemblement d’électeurs qui a permis l’élection des deux tiers des députés.

Pour l’instant, cette traduction en majorité gouvernementale de ce qui a été une majorité électorale n’est pas possible pour des raisons qui tiennent aux choix du président – qui refuse de composer avec une partie de la gauche, mais également pour des raisons qui tiennent au positionnement de la France insoumise, laquelle estime que c’est le nouveau Front populaire qui a gagné l’élection, ce qui n’est pas non plus vrai.

La seconde solution de sortie de crise est une nouvelle dissolution de l’assemblée. Ce n’est pas possible avant le mois de juillet prochain.

 

Bayrou : un gouvernement encore pléthorique !

Bayrou : un gouvernement encore pléthorique condamné à réussir rapidement ou à disparaître !

 

 

 

Composition du gouvernement :

Ministres de plein exercice
Élisabeth Borne, ministre d’État, ministre de l’Éducation nationale, de la Recherche et de l’Enseignement supérieur
Manuel Valls, ministre d’État, ministre des Outre-mer
Gérald Darmanin, ministre d’État, ministre de la Justice, garde des Sceaux
Bruno Retailleau, ministre d’État, ministre de l’Intérieur
Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles
Éric Lombard, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique
Sébastien Lecornu, ministre des Armées
Rachida Dati, ministre de la Culture
François Rebsamen, ministre de l’Aménagement du territoire de la Décentralisation
Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères
Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche
Annie Genevard, ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire
Laurent Marcangeli, ministre de l’Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification
Marie Barsacq, ministre des Sports, de la jeunesse et de la vie associative

Ministres auprès des ministres de plein exercice
Auprès du premier ministre

Patrick Mignola, ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement
Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations
Sophie Primas, ministre déléguée, porte-parole du gouvernement ;
Auprès de la ministre d’État, ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche

Philippe Baptiste, ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la recherche
Auprès du ministre d’État, ministre de l’intérieur

François-Noël Buffet
Auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles

Astrid Panosyan-Bouvet, ministre chargée du Travail et de l’Emploi
Yannick Neuder, ministre chargé de la Santé et de l’accès aux soins
Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée chargée de l’Autonomie et du Handicap
Auprès du ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique

Amélie de Montchalin, ministre chargée des Comptes publics
Marc Ferracci, ministre chargé de l’Industrie et de l’Energie
Véronique Louwagie, ministre déléguée chargée du Commerce, de l’Artisanat, des Petites et moyennes entreprises et de l’Economie sociale et solidaire
Clara Chappaz, ministre déléguée chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique
Nathalie Delattre, ministre déléguée chargée du tourisme

Auprès du ministre des armées

Patricia Mirallès, ministre déléguée chargée de la Mémoire et des anciens combattants
Auprès du ministre de l’aménagement du territoire et de la décentralisation

Valérie Létard, ministre chargée du Logement
Philippe Tabarot, ministre chargé des Transports
Françoise Gatel, ministre déléguée chargée de la Ruralité
Juliette Méadel, ministre déléguée chargée de la Ville
Auprès du ministre de l’Europe et des affaires étrangères

Benjamin Haddad, ministre délégué chargé de l’Europe
Laurent Saint-Martin, ministre délégué chargé du Commerce extérieur et des Français de l’étranger
Thani Mohamed Soilihi, ministre délégué chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux

Bayrou : un gouvernement Barnier en pire

Bayrou : un gouvernement Barnier en pire

Plus le temps passe et plus les marges de manœuvre de Bayrou semble étroites. Barnier ne disposait pas déjà d’espaces considérables coincés entre les oppositions d’une part et les réticences mêmes de sa pseudo majorité. Cette fois il faut ajouter aux difficultés de Bayrou les exigences des « républicains » où apparaît désormais nettement une opposition entre Retailleau et Vauquier avec l’enjeu évidemment d’être la personnalité en vue pour d’éventuelles élections présidentielles !

Bref Bayrou se bat un peu tout le monde est il va sans doute présenter davantage un gouvernement de personnalités plus ou moins dépendantes que de responsables parlementaires permettant de lui donner un minimum d’assises notamment à l’Assemblée nationale. Bref un gouvernement Bayrou qui sera un gouvernement Barnier en piret sans doute condamné à ne vivre que quelques semaines voire quelques mois. Ajoutons aussi la difficulté avec l’Élysée qui veut également imposer ses lignes rouges alors  que Macron ne représente plus rien en termes politiques mais dispose d’un pouvoir de nuisance.

Bref toute la classe politique fait preuve d’une immense irresponsabilité et conduit le pays vers le chaos sans doute financier d’abord, économique ensuite puis social voire sociétal. On gagnerait sans doute du temps à mettre tout de suite en place un gouvernement de techniciens et à mettre toutes les institutions et les apparatchiks en vacances de longue durée. On objectera sans doute qu’il il y a des mesures  à prendre parfois structurelles. Mais il ne manque pas de loi ( plus de 10 000 en France !) à partir desquels on peut sortir des décrets pour satisfaire la résolution des questions les plus urgentes !

Gouvernement: Bayrou dans les starting-blocks

Gouvernement: Bayrou dans les starting-blocks

 

Bayrou apparaît de plus en plus comme un candidat favori pour le poste de Premier ministre. Difficile en effet pour Macron de nommer un nouveau un responsable de la droite après l’échec de Barnier. Il est aussi délicat de penser un candidat de la gauche qui risquerait d’être contesté non seulement par les » insoumis » mais aussi à l’intérieur du parti socialiste. Dès lors,  un centriste pourrait être une solution provisoire en attendant évidemment le renouvellement de l’assemblée. En cas de nouvel échec ne restera à Macon que la possibilité d’un ministre technique pour essayer de durer jusqu’en 2027. À moins que d’ici là la pression de l’environnement et de l’opinion ne le pousse dehors.

Le président du Modem, qui a été ministre de la Justice et ministre de l’Éducation nationale, a donc ouvert la porte à une possible arrivée à la tête du gouvernement.
Le président du Modem François Bayrou s’est dit prêt ce dimanche 8 décembre à « aider à ce qu’on sorte de tout ça », sans pour autant se déclarer formellement candidat à Matignon, alors qu’il fait partie des noms évoqués pour succéder à Michel Barnier à la tête du gouvernement.

« On ne peut pas continuer comme ça: si je peux aider à ce qu’on sorte de tout ça, je le ferai », a déclaré le maire de Pau au micro de BFMTV, en marge d’une inauguration dominicale dans sa ville.

Censure du gouvernement : Macron risque d’ajouter du chaos au chaos

Censure du gouvernement : Macron risque d’ajouter du chaos au chaos

Quel bilan tirer de la séquence qui va des législatives anticipées de juin à la chute du gouvernement Barnier ? Pour le politiste Thomas Ehrhard, la censure ne traduit pas une « crise » des institutions démocratiques, mais un défaut dans le processus de nomination du premier ministre et dans la méthode de construction d’une coalition majoritaire. Entretien dans The Conversation .


Comment interpréter la séquence qui va des législatives anticipées à la chute du gouvernement Barnier ? Est-ce le symptôme d’une crise institutionnelle ou démocratique ?

Thomas Ehrhard : La censure vis-à-vis du gouvernement de Michel Barnier s’explique par deux facteurs principaux : un processus de formation du gouvernement mal conçu et des raisons stratégiques liées aux élections législatives anticipées de 2025, le RN souhaitant empêcher la gauche de monopoliser l’incarnation de l’opposition.

On beaucoup dit que le RN n’était pas dans l’opposition, qu’il soutenait Michel Barnier : cela est faux. À l’Assemblée nationale, le groupe s’est clairement déclaré dans l’opposition, n’a jamais passé d’accord officiel : il était évident qu’ils allaient censurer, la seule question était celle du moment. Tout est donc très logique dans cette censure.

Je m’inscris en faux contre l’idée que la censure traduirait une « crise institutionnelle ». Les institutions fonctionnent, contrairement à la situation, par exemple, de la IIIe République qui a connu 104 gouvernements entre 1871 et 1940.

Les commissions mixtes paritaires conclusives sur le projet de loi de finances de la sécurité sociale et sur le projet de loi de fin de gestion du budget 2024 sont le fruit d’un accord entre sénateurs et députés de différents groupes : le système parlementaire a bien fonctionné.

Le vrai problème vient du fait que les groupes, tous minoritaires, sont déjà tournés vers les échéances électorales à venir : probables élections législatives de juillet 2025, élections municipales de 2026 et élection présidentielle de 2027 qui achèveront la fin du macronisme.

Vous avez évoqué « un mauvais processus de formation du gouvernement ». Que voulez-vous dire ? Quels mécanismes devraient inspirer les gouvernants pour la prochaine séquence ?

T.E : Regardons ce qui se passe en Allemagne, en Espagne, aux Pays-Bas et en Belgique. Ces exemples mettent en évidence un problème de méthode, particulièrement manifeste après les élections de juillet 2024 en France, et permettent de comprendre pourquoi la censure est arrivée.

D’abord, le chef de l’État n’aurait pas dû décider du choix de Michel Barnier et il ne doit pas choisir un nouveau premier ministre après la démission de ce dernier. Le premier ministre doit émaner de l’Assemblée nationale.

Dans les autres régimes parlementaires, le chef de l’Etat charge le chef du parti arrivé en tête aux élections législatives de former un gouvernement. Celui-ci doit, ensuite, démontrer qu’il est en capacité d’obtenir une majorité. Mais cela ne se fait pas dans le cadre des déclarations médiatiques, ni d’intentions supposées, contrairement à ce que l’on a vu en France. Cela doit se faire dans le cadre d’un « contrat de coalition », consistant en un accord sur la formation du gouvernement (identifiant les partis participants et la répartition des responsabilités ministérielles) et sur le programme de gouvernement (énumérant les projets de loi, mesures spécifiques, exclusions éventuelles, et calendrier, etc.). L’objectif est d’obtenir l’accord le plus précis possible pour réduire les aléas politiques et, ainsi, de produire une stabilité gouvernementale.

En France, rien de tel n’a été fait, ce qui explique la fragilité du gouvernement de Michel Barnier. Celui-ci ne disposait donc pas des fondements nécessaires à sa stabilité. Il n’y avait même pas d’un accord entre les partis le soutenant, tout juste un « socle commun », dont seules les divergences visibles étaient connues.

Pourquoi Michel Barnier n’a-t-il pu construire une coalition majoritaire ?

T.E : C’est le second enseignement des exemples étrangers : la formation du gouvernement nécessite du temps. Ce n’est pas une option mais une exigence, face à la complexité d’obtenir un « contrat de coalition ».

Pour ne citer que quelques exemples, dix-huit mois ont été nécessaires en Belgique en 2010, sept mois aux Pays-Bas en 2017, puis neuf mois avant qu’un accord de gouvernement soit trouvé en 2021. Six mois ont également été nécessaires à Angela Merkel, en Allemagne, en septembre 2017, et quatre mois à Olaf Scholz, en 2021.

En Espagne, huit mois en 2016 et quatre mois en 2023, après les élections de juillet 2023, avec Pedro Sanchez leader du PSOE, arrivé deuxième, a réussi là où le leader du parti conservateur, arrivé en tête, avait échoué à former un gouvernement.

On constate donc que le délai entre les élections législatives et la formation du gouvernement est inévitablement long. Cette temporalité est inéluctable dans le cas d’une assemblée nationale fragmentée et polarisée, avec des extrêmes forts mais minoritaires, et des partis de gouvernement affaiblis et minoritaires.

Emmanuel Macron chercherait déjà un premier ministre. Cette démarche du président de la République, a parasité le processus de construction d’une majorité selon vous. S’il recommence, les mêmes causes produiront-elles les mêmes effets ?

T.E : Si le président de la République prend, de nouveau, le risque de choisir un premier ministre, et s’il le fait dans la précipitation, cette double erreur produira inévitablement les mêmes conséquences.

La démission d’Emmanuel Macron, réclamée par Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon est-elle une bonne solution ou une solution légitime ?

T.E : Les appels à la démission ne constituent pas une solution à la situation politique actuelle et n’évitera pas la censure d’un prochain gouvernement si le processus de construction d’une coalition majoritaire n’est pas respecté.

Ces appels à la démission sont révélateurs de la manière dont les acteurs politiques appréhendent les enjeux. Au moment – presque inédit depuis 1958 – où le président de la République a perdu toute influence, même au sein de son propre parti (Renaissance), et où le pouvoir exécutif est subordonné au Parlement, les acteurs politiques et commentateurs se focalisent sur le président de la République.

Cela montre que la lecture présidentialiste des institutions parlementaires continue d’influencer le comportement des acteurs politiques. L’échéance électorale vers laquelle les principaux chefs de partis sont tournées est l’élection présidentielle, pas les prochaines élections législatives. Leur objectif n’est pas d’être premier ministre. Si tel était le cas, les discussions ne porteraient pas sur Lucie Castets, Michel Barnier ou autres.

Après les législatives, certains commentateurs avaient placé beaucoup d’espoir dans un renouveau du parlementarisme, de la culture du consensus face à un pouvoir présidentiel vertical. Cet espoir est-il définitivement éteint ?

T.E : Ce renouveau du parlementarisme n’est pas survenu depuis juillet dernier sauf, peut-être, dans la manière dont le gouvernement s’est appuyé sur le Sénat et les commissions mixtes paritaires pour légiférer.

Plus fondamentalement, le parlementarisme reste mal compris en France par de nombreux acteurs politiques et par une majorité de commentateurs. Il est souvent réduit à une opposition entre le pouvoir exécutif et le Parlement, ce qui est erroné. Bien sûr, la collaboration entre les pouvoirs est le préalable, avec un déséquilibre en faveur du pouvoir exécutif pour gouverner, comme c’est le cas dans tous les régimes parlementaires contemporains. Mais l’essence du régime parlementaire réside dans le fait que le gouvernement procède de l’Assemblée nationale.

Ce n’est pas donc pas une quelconque « culture du consensus » qui fait défaut en France – culture que l’on ne trouve pas plus naturellement dans d’autres pays. Le vrai problème réside dans la prédominance de la lecture présidentialiste de nos institutions qui s’est manifestée dès la formation du gouvernement Barnier.

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