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COP16 ,biodiversité ,: Agir, localement ,(Jane Goodall, primatologue)

COP16 biodiversité : Agir localement (Jane Goodall, primatologue)

 Avant l’ouverture, demain, de la COP16 sur la biodiversité à Cali, en Colombie, la célèbre scientifique britannique Jane Goodall, s’est . Dans les années 1960, Jane Goodall a révolutionné notre compréhension des chimpanzés, remettant en question la place centrale de l’humain sur la Terre. Armée d’une grande patience pour les approcher dans les collines de Tanzanie, la jeune Britannique a découvert qu’ils ont leur propre personnalité et sont doués d’intelligence et d’émotions. Soixante ans plus tard, la primatologue voyage sur tous les continents pour défendre la biodiversité. Elle était cette semaine à Paris, invitée à l’Unesco. Alors que trois COP, sur le climat, la biodiversité et la désertification, se succèdent cet automne, la scientifique de 90 ans et son Jane Goodall Institute martèlent leur maître mot : espoir. Tout le monde, à son niveau, peut agir pour préserver la planète.

La COP16 sur la biodiversité s’ouvre demain en Colombie. Quelles sont les principales causes de la perte de la biodiversité ?

JANE GOODALL - Le changement climatique pousse certaines espèces à se déplacer pour échapper à la chaleur. Celles qui ne peuvent pas bouger s’adaptent ou meurent. Dans l’océan, mais aussi sur terre, de nombreux animaux ingèrent du plastique. L’agriculture industrielle, avec ses pesticides et ses herbicides, empoisonne les sols. Cela a un effet terrible sur la biodiversité. Pour lutter contre sa perte, il faut donc ralentir le dérèglement climatique dû au réchauffement, commencer à restaurer les forêts, protéger les animaux. Il faut s’attaquer à la pauvreté, puisque c’est pour trouver de quoi survivre que des populations vulnérables détruisent l’environnement autour d’elles. Tout est lié.

 

Vous défendez résolument une approche holistique pour préserver la planète…

 

Oui. Résoudre un problème sans s’occuper des autres ne marchera pas. Vous ne pourrez pas protéger la biodiversité sans lutter contre le réchauffement, les pesticides et les herbicides. Se focaliser sur la résolution d’un problème peut en créer un autre s’il n’y a pas de réflexion a priori. Il faut donc penser différemment et aborder ces questions conjointement.

 

En Afrique, selon les prévisions de scientifiques, les grands singes vont perdre entre 84 et 95 % de leur habitat d’ici à 2050…

Oui, ils vont disparaître si nous ne protégeons pas leur habitat. Une des façons de le faire est d’aider les populations locales à préserver l’environnement. C’est le but du programme Tacare du Jane Goodall Institute, qui permet aux communautés locales de gérer leurs ressources naturelles de façon durable. Le dernier projet, par exemple, porte sur la récolte du miel. Les anciens apiculteurs enseignent aux plus jeunes comment ne pas vider les ruches de tout leur miel pour en laisser suffisamment afin de permettre aux abeilles de se reproduire.

En Occident, l’idée de la supériorité des humains sur les animaux grâce à leur intelligence, pensaient-ils, a longtemps prévalu…

Cette idée était fausse. Dans les années 1960, quand je suis allée à l’université de Cambridge pour mon doctorat en éthologie après mes premières recherches sur les chimpanzés, mon professeur m’a dit que j’avais tout fait de travers. Que je ne devais pas dire que les chimpanzés avaient leur propre personnalité et des émotions, car seuls les humains en étaient dotés. Les chimpanzés ont prouvé que c’était inexact. Nous savons maintenant que de nombreux animaux sont incroyablement intelligents. Pas seulement les singes, les éléphants et les baleines, mais aussi les cochons, les rats et des espèces d’oiseaux. Je connais un perroquet capable de prononcer 1500 mots.

C’est ma mission, j’ai été envoyée sur Terre pour agir et donner de l’espoir.

 

Comment expliquer la désunion avec la nature qui existe parfois en Occident ?

Les enfants grandissent sans la connaître. Ils passent leur temps sur ces petits gadgets électroniques. Même des enfants de 2 ans ont une tablette devant les yeux. L’une des actions clés de notre programme Roots & Shoots [racines et pousses], présent dans 71 pays, est d’initier les jeunes à la nature. S’il est compliqué d’emmener des élèves en forêt, des animaux peuvent être amenés en classe, des jardins biologiques créés, des lopins de terre transformés pour y planter des petites choses. Il est scientifiquement prouvé que les enfants ont besoin de la nature au cours des premières années de leur vie pour bien se développer psychologiquement.

En 1986, après une conférence à Chicago, vous devenez activiste pour défendre la préservation de la faune sauvage. Être scientifique vous semblait inutile ?

Ce n’est pas tout à fait ça, les études se poursuivaient en Tanzanie au sein du centre de recherche de Gombe Stream. Mais les chimpanzés m’avaient tant donné que je voulais les aider en retour, expliquer pourquoi ils disparaissaient, comment la forêt reculait.

Aujourd’hui, comment faites-vous pour convaincre les plus sceptiques du dérèglement climatique ?

En racontant des histoires, pour toucher les gens au cœur. Par exemple celui de ce PDG d’une grande entreprise internationale qui travaille depuis huit ans maintenant afin de rendre sa société la plus durable et éthique possible. Il a changé quand sa petite fille est rentrée un jour de l’école en lui demandant : « Papa, mes amis disent que tu fais du mal à la planète. Ce n’est pas vrai, n’est-ce pas ? Parce que c’est ma planète. » Ce genre d’histoire touche. Pour convaincre, il ne faut pas montrer pas du doigt les gens en disant qu’ils sont mauvais, il faut raconter des histoires. Cela a toujours été ma façon de faire.

Pensez seulement à des problèmes proches de vous.

 

Vous avez montré une patience infinie dans les forêts pour approcher les singes. Maintenant, il y a urgence. Comment la gérez-vous ?

Je suis née patiente. Petite, j’ai attendu des heures dans le poulailler pour voir comment la poule pondait des œufs ! Les premières années dans la forêt, je ne subissais aucune pression, je pouvais me permettre d’attendre. Aujourd’hui, avec l’horreur qui nous entoure, il faut être patient avec ses valeurs, continuer à y croire. Mais on ne peut pas rester assis et se détendre. Pourquoi est-ce que je voyage trois cents jours par an, à 90 ans ? C’est ma mission, j’ai été envoyée sur Terre pour cela. Les gens m’écoutent. Tant de personnes sont venues me voir pour avouer qu’elles avaient abandonné la lutte, mais que je leur avais redonné de l’espoir. Si vous n’avez pas d’espoir, même un petit, vous abandonnez. Alors ce sera la fin, nous serons tous condamnés.

 

N’est-il pas difficile de garder cet espoir ?

Les gens perdent espoir parce qu’ils pensent aux problèmes du monde. Je leur dis : « Pensez seulement à des problèmes proches de vous. Qu’est-ce vous tient à cœur ? Le recyclage des déchets ? La construction d’un nouveau supermarché pas nécessaire ? La cruauté envers les animaux ? Rassemblez-vous avec des amis, décidez de ce que vous pouvez faire, retroussez vos manches et agissez. » Ils comprendront qu’agir localement peut faire la différence, et ensuite ils prendront conscience que d’autres personnes dans le monde se comportent comme eux. Alors ils pourront penser de manière globale.

Dans les années 1960, vous disiez que les montagnes et les forêts étaient votre maison. Où est votre maison aujourd’hui ?

Dans les avions ! Plus sérieusement, je vis avec ma sœur dans notre maison de famille dans le sud de l’Angleterre. Il y a les arbres auxquels je grimpais enfant, les livres que je lisais. Deux fois par an, je retourne dans le parc de Gombe, en Tanzanie.

Les collines vous manquent-elles ?

La vie que j’y avais me manque, oui, mais c’est différent maintenant. Il y a des touristes, les chimpanzés que j’ai connus ont tous disparu sauf une. Gremlin a 55 ans. La dernière fois que je suis allée à Gombe, elle est venue chez moi, quatre heures avant mon départ. C’est la troisième fois qu’elle venait. Gremlin ne vient jamais en mon absence. Elle était là, et elle m’a emmenée avec ses deux derniers enfants dans la forêt à côté de la rivière. C’était magnifique.

 » Une pandémie liée au manque de respect pour le monde naturel « ( Jane Goodall )

 » Une  pandémie liée au  manque de respect pour le monde naturel  »( Jane Goodall )

Si l’humanité continue d’ignorer les causes des zoonoses comme le Covid-19, elle risque d’être infectée par des virus encore plus redoutables, explique l’éthologue britannique , Jane Goodall  dans une tribune au « Monde ».

Un vendeur de canards dans un marché de Wuhan (Chine), le 6 avril. DARLEY SHEN / REUTERS

« Le monde est confronté aujourd’hui à des défis sans précédent. Au moment où j’écris, le Covid-19 a infecté plus de 3 millions de personnes à travers le monde, et au 29 avril, 218 386 personnes en sont mortes.

Actuellement, les personnes dans la plupart des pays sont confinées chez elles (seules ou en famille), elles ont adopté des mesures d’éloignement sanitaire et réduisent au minimum leurs sorties. Certaines entreprises ont totalement fermé, d’autres maintiennent leurs activités en télétravail, et tandis que certaines personnes sont en activité partielle, des milliers d’individus à travers le monde ont perdu leur travail. Le coût économique de tout cela est déjà catastrophique.

Nous suivons les actualités et prions pour que le confinement se termine de pays en pays, après que le pic d’infection et de mortalité est atteint et que la courbe épidémique baisse graduellement. Cela s’est déjà produit en Chine, où le coronavirus est apparu, grâce aux mesures strictes prises par le gouvernement chinois. Nous espérons qu’un vaccin sera développé rapidement et que notre vie pourra bientôt redevenir normale. Mais nous ne devons jamais oublier ce que nous avons enduré et ainsi prendre les mesures nécessaires pour empêcher la réapparition future d’une telle pandémie.

Ce qui est tragique, c’est qu’une pandémie de ce genre a depuis longtemps été prédite par les personnes étudiant les zoonoses – ces maladies qui, comme le Covid-19, se transmettent des animaux aux humains. Il est presque certain que cette pandémie a commencé avec ce mode de transmission au sein du marché aux fruits de mer de la ville chinoise de Wuhan, qui vendait aussi des animaux terrestres sauvages comme nourriture.

Lorsque les animaux sauvages sont vendus dans de tels marchés, souvent illégalement, ils sont gardés dans des cages étroites, entassés, et sont souvent abattus sur place. Les humains, tant les vendeurs que les consommateurs, peuvent ainsi être contaminés par des matières fécales, de l’urine, du sang et d’autres fluides corporels provenant d’une grande variété d’espèces – dont les civettes, les chauves-souris, les chiens viverrins ou encore les serpents. Cela crée un environnement particulièrement favorable aux virus pour se propager depuis leurs hôtes animaux jusqu’aux humains. Une autre zoonose, le SRAS, est apparue dans un autre marché de faune sauvage, dans la province de Guangdong.

La plupart des marchés humides (marchés d’animaux vivants) en Asie sont semblables aux marchés alimentaires que nous trouvons en Europe et aux Etats-Unis. Il y a des milliers de marchés humides en Asie et à travers le monde au sein desquels des produits frais – légumes, fruits et parfois également de la viande d’animaux d’élevage – sont vendus à prix bas. Et des milliers de personnes y font leurs courses plutôt que dans les grandes surfaces. »

Coronavirus: la conséquence du mépris de l’environnement (Jane Goodall)

Coronavirus: la conséquence du mépris de l’environnement (Jane Goodall)

 

 

C’est le « mépris » de notre environnement qui est à l’origine de la crise du Covid-19, estime Jane Goodall, 86 ans, célèbre scientifique britannique qui a consacré sa vie à la défense des animaux – notamment les chimpanzés – et de l’environnement.
Pour la primatologue, éthologue et anthropologue, le moment est venu d’apprendre de nos erreurs et de tenter d’éviter de futures catastrophes, plaide-t-elle dans un entretien accordé à l’Agence France Presse (AFP), à l’occasion de la sortie prochaine d’un nouveau documentaire produit par National Geographic, Jane, un message d’espoir.

Comment percevez-vous cette pandémie ?

Jane Goodall : C’est notre mépris pour la nature et notre manque de respect pour les animaux avec lesquels nous devrions partager la planète qui ont causé cette pandémie, qui avait été prédite de longue date. Car à mesure que nous détruisons, par exemple la forêt, les différentes espèces d’animaux qui l’habitent sont poussées en proximité forcée et des maladies passent d’un animal à un autre, et un de ces animaux, rapproché par force des humains, va probablement les infecter.

Ce sont aussi les animaux sauvages chassés, vendus sur des marchés en Afrique ou en Asie, notamment en Chine, et nos élevages intensifs où nous parquons cruellement des milliards d’animaux, ce sont ces conditions qui donnent l’occasion aux virus de faire le saut entre les espèces vers les humains.

Concernant ces marchés animaliers, que faire ?

C’est une très bonne chose que la Chine ait fermé les marchés d’animaux vivants. C’est une interdiction temporaire dont nous espérons qu’elle deviendra permanente et que d’autres pays asiatiques vont suivre. Mais en Afrique il sera très difficile de stopper la vente de viande de brousse, car tant de gens en dépendent pour leur subsistance. Il faudra penser très attentivement à comment faire, car on ne peut empêcher quelqu’un de faire quelque chose quand il n’a absolument pas d’argent pour vivre ou faire vivre sa famille. Mais que cette pandémie nous apprenne au moins quoi faire pour en éviter une prochaine.

Et il y a de quoi espérer ?

Nous devons comprendre que nous faisons partie du monde naturel, que nous en dépendons, et qu’en le détruisant, en fait, nous volons l’avenir de nos enfants. J’espère qu’en raison de cette riposte sans précédent, ces confinements partout dans le monde, plus de gens vont se réveiller, commencer à penser des façons dont ils pourraient vivre différemment leurs vies.

Tout le monde peut avoir un impact chaque jour, si vous pensez aux conséquences des petits choix que vous faites : ce que vous mangez ; d’où ça vient ; est-ce que ça a causé de la cruauté envers les animaux ; est-ce que ça provient d’une agriculture intensive, ce qui est le cas en général ; est-ce que c’est bon marché grâce à du travail forcé d’enfants ; est-ce que sa production a nui à l’environnement ; combien de kilomètres a-t-il fallu le faire voyager ; avez-vous pensé à marcher au lieu de prendre la voiture ; comment pourriez-vous lutter contre la pauvreté, parce que les gens pauvres ne peuvent pas faire ce genre de choix éthiques, ils doivent faire ce qu’ils peuvent pour survivre, ils ne peuvent pas se poser ces questions sur ce qu’ils achètent, ça doit être le moins cher et ils abattront le dernier arbre parce qu’ils sont au désespoir de trouver de la terre pour faire pousser quelque chose à manger… Ce que nous pouvons faire chacun dans notre vie dépend de qui nous sommes, mais nous pouvons tous faire une différence, tous.

 




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