La martingale de Hamon : gonfler artificiellement la croissance
Benoît Hamon reprend les bonnes vieilles méthodes de la plupart des gouvernements : celles qui consistent à gonfler artificiellement les prévisions de croissance. Alors que les instituts économiques prévoient une croissance d’environ 1,6 % en 2018, Hamon, lui, annonce 2,4 %. Ce qui lui permet de ramener le chômage à 5,8 % en 2022 et de rétablir les déséquilibres financiers. Le levier essentiel de cette politique serait dû à la mise en place du revenu universel, à l’augmentation des allocations, à la baisse de l’impôt sur le revenu et à l’augmentation de la fiscalité sur les entreprises. Bref, une sorte de miracle à la française qui consiste à distribuer les richesses avant qu’elles ne soient produites. Une sorte de calcul de coin de table effectuée dans un bistrot qui suppose qu’on distribue de l’argent pour permettre aux ménages de consommer tout en alourdissant la fiscalité des entreprises. Une perspective forcément séduisante et qui économiquement n’est pas loin des propositions aussi bien de Mélenchon que du Front national. La question étant cependant de savoir où la France prend cet argent qu’elle va distribuer. Sans doute encore plus qu’aujourd’hui en empruntant. Ce qui ne semble pas une difficulté majeure chez ceux qui en même temps proposent de renégocier la dette voire de l’annuler. En dépit de ses contradictions et du simplisme du raisonnement, Benoît Hamon voit l’économie française accélérer nettement s’il est élu président de la République et le taux de chômage reculer jusqu’à 5,8% en 2022, un niveau inconnu depuis l’accession du socialiste François Mitterrand à l’Elysée en mai 1981. Pour relancer la croissance, à 2,4% l’an prochain et 2,5% en 2019, le candidat socialiste compte sur l’injection de 35 milliards d’euros par an au bénéfice des Français qu’il effectuera dès 2018 en créant le revenu universel d’existence. Ce dernier prendra la forme de 23 milliards d’euros d’allocations et 12 milliards de baisse de l’impôt sur le revenu, a précisé l’équipe de Benoît Hamon vendredi lors d’une présentation du cadrage économique et financier du programme. Quelque 36 milliards d’euros d’autres dépenses sont prévues en année pleine à l’horizon 2022, avec une montée en charge progressive au cours du quinquennat, dont 7 milliards pour la sécurité-justice-défense, quasiment autant pour l’augmentation de 10% des minima sociaux et l’allocation « bien vieillir » et plus de 5 milliards pour les infrastructures et le logement. Benoît Hamon prévoit face à cela 26 milliards d’euros de ressources nouvelles, un montant qui s’entend également en année pleine à l’horizon 2022, dont 5 milliards de prélèvements sur les « superprofits » des banques, 11 milliards issus de la lutte contre l’évasion et l’optimisation fiscales et 10 milliards pris sur les 40 dégagés pour les entreprises avec le crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) et le Pacte de responsabilité. Il compte en outre dégager 5 milliards d’euros d’économies sur le fonctionnement, notamment en centralisant les achats, et éviter 10 milliards d’euros de coûts par ses politiques de prévention, dans le domaine de la santé, l’énergie ou les discriminations par exemple. Sa trajectoire verrait le déficit public dépasser la limite européenne de 3% du produit intérieur brut en 2018 et 2019, avant de revenir à 3% en 2020 et de baisser ensuite. La dette publique reculerait de façon continue pendant le quinquennat à la faveur de l’accélération de la croissance et de l’inflation, qui atteindrait 2,5% en 2021 et 2022. En clair, l’inflation qui serait en réalité supérieure à ces chiffres viendrait manger l’amélioration théorique du pouvoir d’achat d’autant qu’il faudrait aussi prévoir la dévaluation de l’euro. Une autre manière de faire payer l’Allemagne à la place de la France !