Archive pour le Tag 'Gaz'

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Gaz russe : Berlin dans la gueule du loup Poutine

Gaz russe : Berlin dans la gueule du loup Poutine

 

Le chancelier Olaf Scholz semblait ces derniers jours procrastiner devant la gravité des conséquences prévisibles pour l’économie allemande de sa dépendance au gaz russe. Mais après un intense débat, le gouvernement allemand a visiblement pris la mesure de l’urgence. (papier du « Monde »)

 

Editorial du « Monde ». 

 

Tel un cerf dans les phares d’une voiture, le gouvernement allemand est pris depuis un mois dans le piège du gaz russe, dont l’économie et les consommateurs d’outre-Rhin sont fortement dépendants. Ce qui était perçu depuis deux décennies à Berlin comme un marché gagnant-gagnant, y compris sous l’angle géopolitique, s’est révélé avec l’agression russe de l’Ukraine non seulement un redoutable levier de Moscou sur l’Europe, mais aussi une véritable bombe à retardement économique et sociale.

Il y a seulement deux mois, le chancelier Olaf Scholz pensait pouvoir résister à la pression de plusieurs de ses partenaires européens et à celle des Verts, ses partenaires de coalition, qui demandaient l’abandon du gazoduc Nord Stream 2. Il a dû céder. L’affaire du gazoduc apparaît aujourd’hui comme un sujet mineur, comparée à l’ampleur du défi qu’affronte à présent l’Union européenne : rompre totalement avec la Russie comme source d’énergies fossiles. Alors que les sanctions occidentales pleuvent sur le régime de Vladimir Poutine, il n’est plus acceptable que les économies européennes continuent de l’aider à financer sa guerre en Ukraine en lui versant chaque jour 700 millions de dollars (626 millions d’euros) en achats d’hydrocarbures.

Lucidité bienvenue

La tâche est la plus rude pour l’Allemagne, qui importe de Russie 55 % de son gaz. La menace formulée par M. Poutine d’exiger le paiement en roubles de ces hydrocarbures a ajouté à la confusion. Les Européens ont refusé ; le président russe a assoupli sa position en appelant M. Scholz et son collègue italien, Mario Draghi, mercredi 30 mars – trahissant ainsi sa propre dépendance aux ressources financières que lui rapporte le gaz. Mais Berlin sait désormais qu’il faut renoncer au gaz russe et que, dans le contexte de la guerre en Ukraine, la rupture peut être brutale. Le temps du déni est révolu.

Après quelques jours d’un intense débat, le gouvernement allemand a visiblement pris la mesure de l’urgence. Mercredi, il a évoqué le déclenchement de mesures de rationnement d’énergie et la mise sur pied d’une cellule de crise dans l’hypothèse d’un arrêt de l’approvisionnement russe. Le ministre de l’économie et du climat, Robert Habeck (Verts), a lancé une campagne d’information pour alerter l’opinion publique sur les effets possibles d’une telle décision : « Nous sommes dans une situation où je dois dire clairement que chaque kilowattheure d’énergie économisée est utile », dit-il.

Cette lucidité est bienvenue. Le chancelier Scholz avait en effet donné l’impression ces derniers jours de procrastiner, face à la gravité des conséquences prévisibles pour l’économie allemande. « La question, ce n’est pas de savoir si nous allons devoir baisser le chauffage de quelques degrés, a-t-il répondu dimanche dans une émission de télévision. La question, c’est de savoir si nous allons pouvoir approvisionner certaines structures. La question, c’est la mobilité. Et la question, c’est un nombre incroyable d’emplois, parce que beaucoup de processus industriels dépendent du charbon, du gaz et du pétrole. »

Mais ce n’est pas qu’une question allemande. Le poids de l’économie allemande en Europe et l’intégration des économies de l’UE font que l’urgence de la réaction de Berlin pour se passer du gaz russe concerne l’ensemble de ses partenaires européens. La perspective possible d’avoir à gérer une économie de guerre requiert une coordination et une solidarité européennes au moins équivalente à celles qui ont été mises en œuvre pour faire face aux effets de la pandémie de Covid-19.

Environnement Finistère : la centrale au gaz de Landivisiau mise en service

Environnement Finistère : la centrale au gaz de Landivisiau  mise en service !

Conséquence d’une politique énergétique incohérente, la France apprête à mettre en service la centrale au gaz de Landivisiau. Pas vraiment une orientation très environnementale mais il faut évidemment compenser le déficit de centrales nucléaires qui elles pourtant  ne produisent  pas de carbone.

La centrale électrique alimentée par le gaz de TotalEnergies à Landivisiau, dans le Finistère, contestée pendant dix ans par des associations écologistes, sera mise en service jeudi, a-t-on appris mercredi auprès du fournisseur alternatif d’énergie. «La mise en service commercial de la centrale de Landivisiau est prévue pour ce jeudi 31 mars», a indiqué à l’AFP le groupe. «La centrale est fonctionnelle depuis cet hiver où, durant et en parallèle aux derniers tests, elle a pu soutenir le réseau électrique breton», a précisé la même source.

Dépourvue de centrale nucléaire, la Bretagne ne produit qu’environ 10% à 15% du courant qui y est consommé et importe l’essentiel des régions voisines. Pour remédier à cette situation, un Pacte électrique breton conclu en 2010 prévoyait de nouvelles sources de production d’électricité, dont la centrale de Landivisiau, de 400 mégawatts, construite par Siemens. «La centrale est nécessaire pour sécuriser l’approvisionnement électrique de la péninsule bretonne», a réitéré mercredi TotalEnergies.

Gaz russe : un coût de 54 € par an ?

Gaz russe : un coût de 54 € par an ?

 

 

Deux économistes, François Langot et Fabien Tripier, calculent dans une tribune au « Monde » la perte de pouvoir d’achat que représenterait pour chaque citoyen européen un embargo total sur les importations de gaz, de pétrole et de charbon russe.

Il s’agit d’une évaluation qui pourrait bien être très approximative car personne ne connaît aujourd’hui quelle sera l’évolution des cours au moment de la reprise de la demande NDLR

Tribune

 

 Face à l’arbitraire d’une guerre déclenchée par un dictateur, les premières sanctions financières ont été une réaction forte, qui paraissait alors adéquate. Mais l’évolution du conflit montre qu’elles ne sont pas suffisantes. Le moment est venu d’aller plus loin, en envisageant un embargo total sur les importations d’énergie (gaz, pétrole et charbon) de Russie.

Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont déjà franchi le pas sans être encore suivis par l’Union européenne, qui a montré ses divergences lors du conseil de ses ministres des affaires étrangères du 21 mars. Les arguments freinant cette proposition évoquent la perte de pouvoir d’achat que ces sanctions induiraient. Mais quelle serait vraiment l’ampleur de cette perte de pouvoir d’achat ?

Pour une mise en œuvre coordonnée de cet embargo, il est crucial de disposer d’une évaluation de son coût économique pour chacun des Etats qui y participeraient. La difficulté de cette évaluation est qu’un arrêt des importations d’énergie de Russie bouleverse toute l’économie mondiale avec des effets en cascade sur la chaîne de production, constituée de différents secteurs d’activité, tous interdépendants via le commerce international.

Les économistes David Baqaee et Emmanuel Farhi ont développé une méthodologie permettant de quantifier la contribution du commerce international à l’évolution du pouvoir d’achat des citoyens de chaque pays de la planète. Cette méthode tient compte de l’ensemble des liens sectoriels et commerciaux que constitue la chaîne mondiale de production (« Networks, Barriers, and Trade », « NBER Working Paper » n° 26108, 2021).

Cette méthodologie a été utilisée par un groupe d’économistes pour évaluer le coût pour l’Allemagne, que l’on sait particulièrement dépendante du gaz, du pétrole et du charbon russe (« What If ? The Economic Effects for Germany of a Stop of Energy Imports from Russia », Rüdiger Bachmann, David Baqaee, Christian Bayer, Moritz Kuhn, Andreas Löschel, Benjamin Moll, Andreas Peichl, Karen Pittel et Moritz Schularick, ECONtribute, « Policy Brief » n° 28, 2021). Cette très belle initiative de nos collègues est motivée par le refus du gouvernement allemand « d’aller trop loin » dans les sanctions à l’encontre de la Russie.

Mais leur analyse doit aussi être appliquée à d’autres pays : partager une évaluation qui porterait sur l’ensemble des pays européens est essentiel dans la perspective de promouvoir une décision commune sur cet embargo. Cette évaluation doit être interprétée avec prudence, compte tenu de la plus ou moins grande facilité avec laquelle les acteurs économiques peuvent substituer les sources d’énergie importées de Russie par une autre.

Energie: Diversifier l’approvisionnement en gaz

Energie: Diversifier l’approvisionnement en gaz 

 La guerre déclenchée par la Russie en Ukraine a mis en lumière la dépendance des économies de l’Union européenne aux importations de gaz naturel russe. Au-delà des nécessaires décisions prises dans l’urgence, il faut éviter qu’à l’avenir la menace de coupure d’approvisionnement puisse être utilisée comme une arme menaçant les démocraties. Si l’Europe décide qu’il y a un avenir dans le gaz, elle doit investir massivement dans des infrastructures de réseau, gazoducs et terminaux méthaniers. Par Stefan Ambec et Claude Crampes, Toulouse School of Economics (TSE).

 

 

En réaction à l’agression russe sur l’Ukraine, le 8 mars 2022 la Commission européenne a publié une communication titrée « REPowerEU: Action européenne conjointe pour une énergie plus abordable, plus sûre et plus durable ». On sait que la dépendance énergétique de l’Union européenne (UE) vis-à-vis de la Russie est très forte : 45% de notre consommation de gaz, 27 % de notre consommation de pétrole et 46 % de notre consommation de charbon viennent de Russie. Les trois annexes qui accompagnent la communication du 8 mars sont consacrées aux mesures immédiates destinées à alléger la facture d’énergie des particuliers et des professionnels. Mais la communication est essentiellement prospective. La Commission y avance trois axes d’émancipation : diversifier notre approvisionnement, accélérer le déploiement des sources d’énergies renouvelables et réduire notre consommation d’énergie.

Pour atteindre ces objectifs, les autorités publiques ont mise en place divers instruments tels que les tarifs de rachat subventionnés de l’électricité produite par le solaire et l’éolien, et les crédits d’efficacité énergétique qui complètent un marché des permis d’émissions de carbone, clé de voute de la politique européenne en matière climatique. Mais ces mesures ne suffiront pas pour nous émanciper du gaz naturel comme en atteste son inclusion dans la taxonomie verte. Pour réduire notre dépendance aux livraisons russes, l’UE doit pouvoir se fournir ailleurs, et donc diversifier ses approvisionnements en gaz.

Une première piste consiste à remplacer une partie du gaz russe par du biométhane et de l’hydrogène vert, ce qui nécessite des investissements massifs dans une filière de l’hydrogène décarboné (production, stockage, transport) qui est encore à l’état de projet. La seconde piste, non exclusive, est de trouver d’autres fournisseurs de gaz naturel. Il y a deux façons d’acheminer le gaz des lieux d’extraction aux nœuds d’importation : par gazoduc ou par bateau à l’état liquide (GNL). L’avantage du gazoduc est qu’il ne nécessite pas la double transformation gaz/liquide/gaz. Mais il cumule les inconvénients : les coûts liés à la distance, l’impact environnemental le long du trajet, et surtout le verrouillage de la relation contractuelle entre le nœud exportateur et le nœud importateur auquel s’ajoutent les possibles ingérences des pays traversés. A l’inverse, le méthanier peut traverser les océans, utiliser pour sa propulsion la partie de la cargaison qui se regazéifie par roulis, et s’approvisionner puis livrer dans tous les pays où il existe des ports équipés. Avec le gaz naturel liquéfié, on passe de monopoles bilatéraux à un marché concurrentiel mondial.

Il ne faut pas pour autant en déduire que toutes les interconnexions de l’UE au reste du monde par gazoduc sont à proscrire. Ainsi, moins éloignée que la Russie, l’Algérie fournit près de 13% du gaz consommé en Europe grâce aux gazoducs qui connectent l’Afrique du Nord avec l’Espagne et l’Italie, et aux méthaniers au départ de Arzew et Skikda (voir cette carte). En créant une interconnexion entre les réseaux espagnol et français dans l’est des Pyrénées, on pourrait accroitre les livraisons entrant dans l’Union européenne par l’Espagne, donc venant d’Algérie et de divers autres pays d’où l’Espagne importe du GNL dans ses six terminaux gaziers. Cette interconnexion, baptisée MidCat pour Midi-Catalogne, a connu des fortunes diverses. Alors que le projet était fortement soutenu par Miguel Cañete quand il était Commissaire européen à l’Énergie et à l’Action pour le climat, la réalisation de sa partie centrale a été retoquée en 2019 par les régulateurs de l’énergie espagnol et français aux motifs que les capacités d’échange qui existent déjà entre la France et l’Espagne n’étaient pas saturées et que les gains prévus ne couvraient pas les coûts à engager. En conséquence, MidCat qui figurait dans les trois premières listes biannuelles de Projets d’Intérêt Commun de l’UE a disparu des listes 2019 et 2021. Mais la menace russe pourrait le remettre à l’ordre du jour comme l’a laissé entendre la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le 5 mars à Madrid (Le Monde).

Si l’interconnexion MidCat est réalisée, elle garantira que du gaz venant d’Espagne peut entrer en France. Mais il n’y a aucune garantie que le gaz algérien arrivera dans le reste de l’Europe pour remplacer le gaz russe. Il faut d’abord qu’il arrive en Espagne, mais l’un des deux gazoducs reliant l’Algérie à l’Espagne traverse le Maroc (Gazoduc Maghreb Europe) et comme l’Algérie et le Maroc sont actuellement en froid, l’Algérie ne l’alimente plus. C’est au contraire l’Espagne qui utilise ses équipements méthaniers pour livrer du gaz au Maroc par le gazoduc qui traverse le détroit de Gibraltar. En second lieu, il faut que le gaz arrivé en France par le sud puisse être livré aux autres pays européens, ce qui nécessitera un renforcement du réseau intérieur français, notamment dans la vallée du Rhône.

L’équation à résoudre n’est pas simple. Au sud, avec ses deux gazoducs transméditerranéens et ses sept terminaux gaziers, la péninsule Ibérique dispose de capacités gazières excédentaires. Au nord et à l’est, l’Europe continentale cherche à échapper à la domination du gaz russe. Au milieu, la France peut satisfaire les deux parties à condition d’investir doublement, dans l’interconnexion MidCat et dans le renforcement de son réseau intérieur. Si le projet est remis sur la table, on peut donc s’attendre à de longues discussions pour arriver à une répartition des coûts acceptable par toutes les parties.

Stefan Ambec et Claude Crampes

Politique -La ligne Maginot de l’Europe : se priver du gaz russe en 2027 ! Ridicule

Politique -La ligne Maginot de l’Europe : se priver du gaz russe en 2027 ! Ridicule

 

 

 

 

Globalement nombre de pays européens sont victimes de la politique énergétique irresponsable de l’Allemagne et de quelques autres pays du nord de l’Europe. En effet en dépit de la cruauté de la guerre en Ukraine, d’une certaine manière l’union européenne détourne la tête. Elle compte sur sa ligne Maginot qui consisterait à se priver du gaz seulement en 2027.

 

Il n’est pas certain que cette menace soit très opérationnelle pour stopper la folie meurtrière de Poutine. Une folie qui n’a jamais été réellement prise en compte par les pays européens qui ont toujours continué d’entretenir des relations diplomatiques alors que Poutine ne cessait ses entreprises guerrières en Europe, au Moyen-Orient mais aussi en Afrique.

 

En cause, le fait en particulier que l’Allemagne et d’autres ne peuvent se passer du gaz russe après avoir fait une croix sur le nucléaire. Pire, jusqu’à ces derniers jours ces pays souhaitaient  que la France abandonne son nucléaire une des rares armes de souveraineté économique du pays pour d’hypothétiques éoliennes à l’énergie intermittente très coûteuse. Résultat, pour se priver du gaz russe on va réactiver les centrales au charbon. Une vraie politique de gribouille sur le plan économique et énergétique et une politique pacifiste hypocrite d’une union européenne qui a toujours privilégié le business par rapport à d’autres valeurs sociétales.

 La stratégie de l’Europe rappelle celle de la ligne Maginot qui devait arrêter l’ennemi. Qui sait où va s’arrêter Poutine ? Personne n’en sait rien et sans doute lui non plus qui paraît de plus en plus affecté par le syndrome de l’isolement du dictateur .

 S’il y a des sanctions massives à prendre, il faut les prendre évidemment maintenant et non attendre des signes de bonne volonté d’un cinglé du KGB qui n’a connu  dans sa vie que la force et le meurtre comme moyen de persuasion.

 » Se débarrasser du gaz et du pétrole russe » (Thierry Breton)

 « Se débarrasser du gaz et du pétrole russe » (Thierry Breton)

Pour l’instant évidemment les autorités européennes s’en tiennent à ce qui a été décidé lors de la rencontre de Versailles ;à savoir: stopper la dépendance énergétique à l’égard de la Russie d’ici 2027. Cependant en Allemagne on réfléchit à la possibilité de s’en dégager d’ici 2022. Par ailleurs l’opinion publique allemande paraît de plus en plus sensibilisée et de plus en plus favorable à un blocage du gaz russe.

Tout dépendra sans doute de l’atrocité de l’agression russe en Ukraine. Le carnage probable pourrait amener le gouvernement allemand a ce débarrasser de son hypothéque énergétique russe. «On est un peu en économie de guerre», commente Thierry Breton, le commissaire européen ,qui voit également dans cette stratégie une manière de couper un débouché économique important de la Russie : chaque jour, les pays européens lui versent 800 millions d’euros pour importer des hydrocarbures.

 

 

Le Commissaire européen au marché intérieur indique également que la politique de la Commission européenne sera «accommodante» dans les mois à venir, afin de permettre aux États de mettre en œuvre des aides et plans de soutien au pouvoir d’achat face à la hausse des prix de l’énergie qui se poursuit. «Nous mettrons à disposition une boîte à outils de mesures pour les États», indique Thierry Breton, sans donner le détail des mesures envisagées. Un assouplissement des règles européennes qui encadrent la dette est en tout cas envisagé. En principe, la dette publique des États membres ne doit pas dépasser 60 % de leur PIB.

Face à Poutine: l’honneur ou le gaz russe ?

Face à Poutine: l’honneur ou le gaz russe ?

 

 

 

Un papier de la Tribune évoque les conséquences de la tragédie ukrainienne et les choix douloureux que peut faire l’union européenne. Une union européenne qui n’est pas sa responsabilité compte tenu de son laxisme vis-à-vis de Poutine. (extrait)

 

 

Nous avions oublié et la guerre et l’inflation. Le retour du tragique de l’histoire nous renvoie à nos propres lâchetés. Et si la France de juin 1940 avait résisté comme l’Ukraine aujourd’hui, interroge Jacques Attali… La tragédie au cœur de l’Europe nous le rappelle : il est essentiel de ne jamais baisser la garde. A force de croire en la victoire de la démocratie et du capitalisme libéral, nous n’avons pas voulu croire au retour des démons du passé. Le sursaut européen est en cours, mais tellement tardif. C’est aussi une défaite morale, souligne Michel Cabirol : aucun pays occidental n’est prêt à envoyer des soldats mourir pour Kiev. Les démocraties sont défiées par les régimes autoritaires et le spectre d’une alliance entre Moscou et Pékin plane, même si la Chine de Xi Jinping semble gênée par la brutalité de son « ami » Poutine.

Une question demeure sans réponse : « pour défendre quelles causes, quels acquis, quelles valeurs, serions-nous prêts à sacrifier provisoirement notre confort ; et même,  s’il le faut, à mourir ? », demande aussi Jacques Attali. Au sommet de Versailles, dans la Galerie des Batailles où Poutine avait été invité par Macron en juin 2017, on ressasse cette formule de Churchill lors des Accords de Munich : « vous avez voulu éviter la guerre au prix du déshonneur. Vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre ». L’Europe paie aujourd’hui vingt ans d’aveuglement et de tergiversations.

Une chose est sûre : le retour de la guerre est un révélateur de nos lacunes. Si l’Allemagne met le paquet sur sa défense, c’est que ses missiles seraient aussi périmés que nos masques chirurgicaux au début de la pandémie de Covid. Lacunes dans notre défense, dans notre souveraineté industrielle et alimentaire, dans notre industrie spatiale alors que la guerre se déplace déjà dans les étoiles…

La guerre sera aussi un accélérateur de changements dans de nombreux domaines dont la finance. Jeanne Dussueil annonce déjà les Accords de Bretton Woods des cryptomonnaies qui seront évidemment dominées dans le monde d’après par un dollar numérique… A moins que ce ne soit le e-yuan…


Philippe Mabille, directeur de la rédaction

 

La ligne Maginot de l’Europe : se priver du gaz russe en 2027 ! Ridicule

La ligne Maginot de l’Europe : se priver du gaz russe en 2027 ! Ridicule

 

 

 

 

Globalement nombre de pays européens sont victimes de la politique énergétique irresponsable de l’Allemagne et de quelques autres pays du nord de l’Europe. En effet en dépit de la cruauté de la guerre en Ukraine, d’une certaine manière l’union européenne détourne la tête. Elle compte sur sa ligne Maginot qui consisterait à se priver du gaz seulement en 2027.

 

Il n’est pas certain que cette menace soit très opérationnelle pour stopper la folie meurtrière de Poutine. Une folie qui n’a jamais été réellement prise en compte par les pays européens qui ont toujours continué d’entretenir des relations diplomatiques alors que Poutine ne cessait ses entreprises guerrières en Europe, au Moyen-Orient mais aussi en Afrique.

 

En cause, le fait en particulier que l’Allemagne et d’autres ne peuvent se passer du gaz russe après avoir fait une croix sur le nucléaire. Pire, jusqu’à ces derniers jours ces pays souhaitaient  que la France abandonne son nucléaire une des rares armes de souveraineté économique du pays pour d’hypothétiques éoliennes à l’énergie intermittente très coûteuse. Résultat, pour se priver du gaz russe on va réactiver les centrales au charbon. Une vraie politique de gribouille sur le plan économique et énergétique et une politique pacifiste hypocrite d’une union européenne qui a toujours privilégié le business par rapport à d’autres valeurs sociétales.

 La stratégie de l’Europe rappelle celle de la ligne Maginot qui devait arrêter l’ennemi. Qui sait où va s’arrêter Poutine ? Personne n’en sait rien et sans doute lui non plus qui paraît de plus en plus affecté par le syndrome de l’isolement du dictateur .

 S’il y a des sanctions massives à prendre, il faut les prendre évidemment maintenant et non attendre des signes de bonne volonté d’un cinglé du KGB qui n’a connu  dans sa vie que la force et le meurtre comme moyen de persuasion.

Utiliser du gaz de France ?

Utiliser du gaz de France  ?

 

L’actualité marquée par l’agression sauvage de l’Ukraine par la Russie nous renvoie à nos propres faiblesses, nos propres dépendances, au premier rang desquelles figure le gaz. Par Philippe Folliot, sénateur du Tarn, membre du Conseil consultatif des TAAF (Terres antarctiques et australes françaises), auteur de « France-sur-Mer, un empire oublié ».( la « Tribune »)

 

La menace d’une rupture commerciale avec la Russie, donc d’une interruption de nos importations gazières, nous fait courir un risque énorme en termes d’approvisionnements. Ce seul risque, sans même parler de ses effets concrets, aura forcément un impact sur les coûts liés à cette énergie, déjà victime d’une flambée des prix sans précédent, qui pèse lourdement sur les ménages les plus modestes.

Or, en matière énergétique, force est de constater que les politiques publiques ne sont pas à la hauteur des enjeux soulevés. Le manque de vision, de consistance et de cohérence dans ce domaine constituent autant de boulets dont nous devons impérativement nous délester, afin de mener à bien notre transition énergétique, qui va de pair, selon moi, avec notre souveraineté énergétique.

Après les volte-face sur le nucléaire, la confirmation de la fermeture – politique, dogmatique – de la centrale de Fessenheim, voilà que le président de la République annonce la construction de six nouveaux réacteurs pressurisés européen (EPR)

Quant aux énergies fossiles, elles sont traitées en France avec une hypocrisie sans nom. Alors que leur exploitation est fortement contrainte et limitée sur notre territoire, pour des raisons évidemment écologiques, leurs importations sont au contraire favorisées.

Comme ce fut le cas en leur temps pour les OGM, au sujet desquels toute recherche a été proscrite, et dont on a interdit la culture, mais pas l’importation (90% des tourteaux de soja importés pour l’alimentation animale sont des OGM), nous restons dans des postures où nous acceptons que ce qui est « sale » soit traité ailleurs, mais surtout pas chez nous, tout ça pour se donner une bonne conscience… écologique !

Si au moins nous étions cohérents comme nos voisins européens qui, eux, en matière d’OGM, ont tout refusé (Autriche) ou tout accepté (Espagne), cela aurait au moins le mérite de la transparence. Au contraire, la France persiste et signe !

Ainsi, la loi Hulot de 2017 interdit dès maintenant les nouvelles recherches et prospections pour une sortie de la production d’hydrocarbures d’ici 2040

Au niveau européen, le nucléaire et le gaz se sont vus octroyer le label d’« Énergies vertes de transition » dans le cadre de ce que l’on appelle la « taxonomie pour une finance durable ».

Tout le monde a compris que les énergies renouvelables intermittentes (éolien, solaire) ne pouvaient pas être la seule solution pour palier l’abandon programmé, souhaitable et nécessaire du charbon, puis du pétrole.

Alors, puisque nous ne pourrons pas toujours compter sur les autres pour nous approvisionner, quelles autres solutions s’offrent à nous ? Pour le gaz, j’en vois au moins une toute tracée.

D’immenses ressources de gaz ont été trouvées dans le Golfe du Mozambique et le pays éponyme a commencé à exploiter ses gisements, en prenant comme

De l’autre côté du canal, Madagascar, avec l’appui de la Chine toujours en recherche de matières premières indispensables à son développement économique, a déposé des permis de prospection sur ce même gisement.

Au milieu se trouve l’île française de Juan de Nova, avec des ressources avérées. Elles avaient fait l’objet de permis d’exploration par les entreprises Marex Petroleum Corporation et South Atlantic Petroleum qui, de manière surprenante pour ne pas dire choquante, ont été abandonnés au moment de leur renouvellement à mi-parcours, soit au bout de cinq des dix années initialement prévues, pour des raisons strictement politiques.

En ma qualité de membre du conseil consultatif des TAAF (Terres antarctiques et australes françaises), en 2019, je m’étais insurgé contre cette décision car ne pas aller au bout des recherches pour connaître l’étendue des réserves et leur exploitabilité économique me paraissait un véritable non-sens.

Imagine-t-on le Qatar coincé entre l’Iran et l’Arabie Saoudite refuser d’exploiter son gaz ? Imagine-t-on les Pays-Bas ne pas procéder de même alors que leurs voisins britanniques et norvégiens le font allègrement ?

La délégation sénatoriale aux Outre-mer dans son rapport n°546 intitulé « Les Outre-mer au cœur de la stratégie maritime nationale » demande également la reprise des prospections !

Compte tenu du contexte, de la flambée des prix de l’énergie, des enjeux géopolitiques et géostratégiques, viser une indépendance énergétique gazière, et certainement faire de notre pays un exportateur, serait une proposition à étudier, à tout le moins.

De plus, Juan de Nova est à moins de 500 kilomètres de Mayotte, département français en proie à des difficultés économiques et sociales connues de tous. En faire une base arrière, avec toutes les retombées que cela engendrerait, mérite là aussi d’être envisagé.

En cette période d’élection présidentielle, qui devrait aussi, et surtout, être propice à des débats de fond sur des enjeux majeurs, j’espère que ce sujet ne sera pas occulté !

Philippe Folliot

Pour un embargo immédiat sur le gaz et le pétrole russes

Pour un  embargo immédiat sur le gaz et le pétrole russes 

Les Européens réunis pour un sommet à Versailles les 10 et 11 mars doivent décider de se passer des énergies vendues par Moscou afin de se montrer solidaires avec les Ukrainiens, estime le candidat écologiste Yannick Jadot  à la présidentielle, dans une tribune au « Monde ».

 

Tribune. 

 

Ce jeudi 10 mars, à Versailles (Yvelines), les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne doivent répondre à l’appel du président ukrainien Volodymyr Zelensky et décider d’un embargo sur le gaz et le pétrole russes. Je l’ai demandé dès le samedi 5 mars en m’adressant aux Françaises et aux Français qui, nombreux, manifestaient leur solidarité avec le peuple ukrainien.

Nous devons le faire et nous le pouvons, en France et dans toute l’Europe, solidairement.

Nous le devons, car cette invasion de l’Ukraine constitue une menace directe pour notre liberté et notre sécurité. Il nous faut, pour faire cesser cette entreprise de destruction et les crimes de guerre commis contre les populations civiles, massifier les sanctions économiques et financières, traquer les fortunes des oligarques chez nous et dans chaque paradis fiscal, équiper militairement la résistance ukrainienne.

L’Europe a, enfin, commencé à répondre présent. Elle doit maintenant montrer sa détermination et sa force en s’attaquant au cœur de la puissance de l’oligarchie russe : le gaz et le pétrole. Au vu de la détermination de Vladimir Poutine à détruire l’Ukraine, les exclure des sanctions n’a plus de sens.

Les exportations de gaz et de pétrole rapportent 700 millions de dollars [environ 637 millions d’euros] par jour à Vladimir Poutine et à sa machine de guerre [c’était le cas dans les vingt-quatre heures suivant la reconnaissance de l’indépendance des Etats séparatistes ukrainiens par le président russe, le 21 février]. Nous devons mettre un terme à cette dépendance de l’Union européenne : son économie sous perfusion d’énergies fossiles la met à la merci du chantage d’un dictateur. Trop de responsables politiques européens y ont succombé. Il nous faut sortir du gaz et du pétrole, et non créer de nouvelles dépendances. Le combat pour notre sécurité est bien, aussi, celui du climat.

Cette épreuve, nous pouvons la surmonter. Rien n’est hors de la portée du peuple français, des peuples européens quand ils luttent pour leur liberté et leur indépendance. Rien n’est hors de portée du génie de nos ouvriers et de nos ouvrières, de nos techniciens, de nos ingénieurs. La transition et la sobriété énergétiques vont constituer une grande aventure humaine.

Nous ferons la démonstration de notre solidarité envers le peuple ukrainien et avec les pays européens les plus dépendants. Nous soutiendrons les Françaises et les Français les plus fragilisés par l’effet des sanctions.

Se libérer du pétrole et du gaz

Se libérer du pétrole et du gaz

 

La flambée des cours des énergies fossiles, entraînée par les sanctions occidentales contre l’invasion russe en Ukraine, doit nous pousser à intensifier les efforts que la lutte contre le réchauffement climatique va nous imposer estime un papier du « Monde » .

 

 

L’invasion russe en Ukraine a provoqué un choc énergétique mondial. La flambée des cours du pétrole et du gaz entraînée par les sanctions occidentales contre l’initiative de Moscou représente une menace pour le pouvoir d’achat des Européens. Mais cette déstabilisation d’une économie encore trop dépendante des énergies fossiles doit nous faire prendre conscience que c’est aussi une opportunité pour accélérer la transition écologique.

De la même façon que la crise pandémique a été un révélateur de nos fragilités sur le plan de nos approvisionnements, l’offensive russe illustre la nécessité urgente de se dégager d’une emprise toxique aussi bien sur le plan environnemental que politique. Le soutien à l’Ukraine aura un prix économique lourd pour les pays européens, qui doit nous pousser à intensifier les efforts que la lutte contre le réchauffement climatique va – bon gré, mal gré – nous imposer.

Le fait que le prix du litre d’essence dépasse les 2 euros ou que les factures de chauffage atteignent des montants prohibitifs ne doit pas être seulement interprété comme un accident conjoncturel, qui se résorbera après quelques mois de fièvre inflationniste. D’abord parce que le conflit risque de durer, surtout parce que cette crise est simplement un avant-goût de ce qui nous attend.

Au-delà du conflit, l’énergie décarbonée coûtera nécessairement plus cher. L’objectif de neutralité carbone en 2050 que s’est fixé l’Union européenne implique une mutation complète de notre économie et de nos modes de vie. Jusqu’à présent, rares sont les dirigeants qui ont le courage de préparer les esprits à cette perspective. Le choc énergétique actuel doit nous inciter à regarder la réalité en face.

Alors que la campagne électorale entre dans sa dernière ligne droite, le réflexe du gouvernement conduit à parer au plus pressé, c’est-à-dire amortir le choc pour les Français qui n’ont pas les moyens d’absorber une telle hausse sur un laps de temps aussi court et pour les entreprises grosses consommatrices d’énergie les plus fragiles. Cet accompagnement est nécessaire, mais très coûteux.

Un plan de « résilience » doit être annoncé dans les prochains jours. L’Etat se dit prêt à débourser au total une vingtaine de milliards d’euros. Cette nouvelle version du « quoi qu’il en coûte » ne sera pas tenable très longtemps. Certains candidats n’hésitent pas à réclamer une baisse des taxes sur l’énergie. Cette décision serait encore plus coûteuse sur le plan budgétaire. Surtout, elle ne ferait que subventionner notre dépendance au pétrole et au gaz, sans chercher à la réduire. De la même façon, la diversification des approvisionnements ou le renoncement à certains efforts de décarbonation sous prétexte d’alléger notre facture énergétique ne peuvent être que des solutions de court terme.

Dans cette période troublée, Emmanuel Macron tente de s’imposer comme le président qui protège face à des adversaires qui font assaut de surenchère pour préserver le pouvoir d’achat. De fait, il manque à ce stade un discours de mobilisation sur le double enjeu qui est devant nous : la solidarité vis-à-vis de l’Ukraine et une transition énergétique à parachever. C’est d’autant plus regrettable que les deux objectifs se rejoignent. Consommer moins d’énergies fossiles conduira à limiter le financement de l’agression russe tout en consolidant les efforts de lutte contre le réchauffement climatique.

Les deux causes font l’objet d’un large consensus dans l’opinion. Le gouvernement doit s’appuyer dessus afin d’inciter les Français à faire des efforts pour anticiper ce virage inéluctable.

Gaz russe : la fin de Nord Stream 2 ?

Gaz russe : la fin  de Nord Stream 2 ?

 

L’Europe est doublement piégée d’une part par sa dépendance au gaz russe, d’autre part par l’embargo maintenant décidé par les États-Unis et dont les conséquences seront surtout importantes en Europe.Normalement le projet Nord stream 2 était prévu pour acheminer en Europe la moitié de la production russe. Un projet auquel se sont toujours opposés les États-Unis qui viennent de mettre un embargo sur le gaz et le pétrole en provenance de Russie » Déjà suspendu par l’Allemagne en guise de première mesure de rétorsion, le projet - d’une valeur estimée à 11 milliards d’euros – est « mort » et ne pourra pas être « ressuscité », a déclaré mardi une responsable américaine.Bien entendu, la conjoncture guerrière peut évoluer avec un retour possible un état de paix. Reste que la dépendance européenne au gaz russe resterait problématique sur le plan géostratégique.

Un enterrement de première classe par Washington qui va dès lors poser la question de l’approvisionnement en gaz de l’Allemagne, dont près de 60% des importations proviennent de la Russie (contre près de 20% pour la France). Le géant russe Gazprom approvisionne aussi l’Italie, la Turquie, la Bulgarie, la Serbie, le Danemark, la Finlande et la Pologne… Et l’Autriche, où ce chiffre grimpe même à 100%. En d’autres termes, l’Europe, qui a recours à Nord Stream 1, est piégée.

Car pour l’heure, le gaz russe est essentiel pour l’Europe. Long de 1.230 kilomètres, le gazoduc devait permettre à la Russie d’exporter 110 milliards de m3 de gaz naturel par an, soit la moitié de ses livraisons à l’Europe.

Le projet a été cofinancé par cinq groupes énergétiques européens, dont Engie (avec OMV, Wintershall Dea, Uniper, Shell). Pour le Français Engie, c’est d’ailleurs potentiellement une perte sèche de 1 milliard d’euros.

Depuis, l’opérateur du gazoduc germano-russe, basé en Suisse, a déposé le bilan et ses 106 employés ont été licenciés.

L’urgence d’alternatives au gaz russe

L’urgence d’alternatives au gaz russe 

 

L’économiste Sophie Méritet passe en revue les possibilités de limiter le recours aux importations de gaz russe, pour conclure à une envolée des prix dans tous les cas de figure.

 

Tribune.

L’Union européenne (UE) peut-elle se passer du gaz russe ? La question est en réalité de comparer les coûts des différentes options qui permettraient d’atteindre un tel objectif.

Depuis les premiers conflits commerciaux en 2006 sur le prix du gaz entre la Russie et son pays de transit l’Ukraine, puis l’annexion de la Crimée en 2014, l’UE avait déjà cherché à réduire ses importations de gaz russe. Mais l’approvisionnement pourrait se réduire encore plus, voire être suspendu, à l’initiative de la Russie ou non, en réponse aux sanctions économiques, ou en raison de l’arrêt ou de la destruction des gazoducs en Ukraine.

Face à ce nouveau risque de pénurie, quelles options s’offrent à l’UE ?

La hausse des importations des autres fournisseurs européens comme la Norvège est peu probable, car ils sont déjà à leur capacité de production maximale. Les transferts entre pays voisins via l’interconnexion des gazoducs pourraient être mis en place en urgence, mais le prix en serait élevé et les quantités limitées car elles dépendraient de l’accord des clients initiaux privés d’une partie de leur commande de gaz.

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L’accroissement des importations de gaz naturel liquéfié (GNL), qui représentent aujourd’hui un quart des importations européennes, n’est également pas envisageable, car les terminaux ont une capacité disponible limitée, qui ne pourrait pas absorber une offre supplémentaire. Et la plupart des volumes de GNL sont aussi liés à des contrats à long terme, dont les clauses ne peuvent être modifiées.

Quant aux stocks européens, ils sont aujourd’hui au plus bas, entamés par un hiver prolongé en 2020, une demande mondiale croissante et un réapprovisionnement insuffisant. L’Europe ne dispose que d’environ un mois de réserve, auquel s’ajoutent cependant les réserves détenues par les fournisseurs commerciaux. Les Etats-Unis cherchent en outre à constituer des réserves supplémentaires de GNL à destination de l’Europe.

Certes, l’ensemble de ces mesures peut soulager la pénurie à court terme – si celle-ci n’est pas aggravée par des températures basses –, mais ce sera au prix d’une forte augmentation des coûts d’approvisionnement.

La mise en œuvre rapide d’alternatives au gaz est de même un défi. Plusieurs pays européens ont la possibilité d’importer de l’électricité ou d’accroître la production d’électricité sans recourir au gaz, en privilégiant le énergies renouvelables (ENR) set le charbon. Mais ces options ont aussi leurs limites, comme l’intermittence des ENR et les émissions de carbone du charbon.

 

Pour une centrale européenne d’achat de gaz

Pour une centrale européenne d’achat de gaz 

 

L’économiste Christian Stoffaës préconise, dans une tribune au « Monde », de réduire la dépendance des pays de l’Union européenne vis-à-vis du gaz russe en coordonnant l’action des opérateurs privés et des Etats, quitte à s’affranchir du dogme de la libre concurrence.

 

Tribune.

 Les événements en Ukraine viennent de conférer un sens concret à la dépendance énergétique de l’Europe. La menace de couper le gaz, c’est comme la dissuasion nucléaire : on ne peut pas utiliser la bombe, mais elle est là, pesant sur les consciences et sur les comportements.

L’Europe découvre à quel point elle est devenue dépendante du gaz russe, à travers les cris d’alarme des pays de l’Europe centrale et orientale et les réticences de l’Allemagne à mécontenter son puissant fournisseur. Déjà en 2005 et 2009 les conflits gaziers russo-ukrainiens sur le transit du gaz avaient suscité l’inquiétude.

Maintenant que l’Europe a démontré sa capacité à surmonter ses divisions, c’est l’occasion de mettre au débat le projet d’une centrale d’achat de gaz pour répondre à la situation de dissymétrie qui confronte la multiplicité des importateurs au monopole d’exportation de Gazprom, qui, bien plus qu’une simple entreprise géante, est l’incarnation même de l’Etat russe, dont elle reste un des seuls attributs de sa puissance passée, l’instrument majeur de sa politique étrangère et sa principale ressource financière.

Après la première guerre mondiale, les lois de 1928 adoptées sous la IIIe République instaurant un monopole d’Etat sur l’importation de pétrole ont démontré l’efficacité d’une politique dirigiste de sécurité pétrolière.

Dépourvu de gisements sur son territoire métropolitain, l’Etat a su instaurer un régime légal soumettant les importations de pétrole à autorisation. La France, malgré son handicap géologique, a pu ainsi se doter de puissantes entreprises pétrolières et gazières, publiques et privées, qui ont pris toute leur

La réponse appropriée face à un monopole de vente est, en effet, un « monopsone » d’achat, disent les économistes, c’est-à-dire une coordination centralisée des contrats d’achat de gaz autorisant les entreprises gazières européennes à se regrouper pour négocier avec les pays fournisseurs et développer les infrastructures de diversification des routes d’accès.

Une référence utile en droit communautaire est l’agence d’approvisionnement instituée en 1960 par Euratom, l’autre « traité fondateur » de l’Europe, aujourd’hui quelque peu oublié, conclu dans le contexte des inquiétudes sur la sécurité d’approvisionnement nées de la décolonisation, qui attribuait des pouvoirs dirigistes exceptionnels délégués aux opérateurs placés sous le contrôle de l’Agence.

Remplacement du nucléaire allemand par le gaz : l’erreur !

Remplacement du nucléaire allemand par le gaz : l’erreur !

Après la décision de Bruxelles d’inclure le nucléaire et le gaz dans la taxonomie verte, Xavier Moreno Président du Cercle d’Étude Réalités Écologiques et Mix Énergétique (Cérémé), revient sur la politique énergétique allemande en déplorant qu’elle ait sacrifié le climat au nom du dogme antinucléaire.

La Commission européenne classe le gaz dans la taxonomie européenne bien qu’il s’agisse d’une source d’énergie polluante. Cette décision dommageable pour le climat est le résultat de la volonté de l’Allemagne de supprimer progressivement ses centrales nucléaires, le développement des énergies renouvelables intermittentes, comme l’éolien et le solaire, imposant le recours aux énergies fossiles comme le gaz.

La Commission européenne a récemment rendu publique sa décision d’accorder un label vert au gaz et à l’énergie nucléaire, ce qui revient à les classer dans la taxonomie européenne parmi les activités qui contribuent à réduire les émissions de CO2 sans nuire à l’environnement. Une reconnaissance qui est toutefois soumise à des contraintes. Le gaz est uniquement autorisé à venir en remplacement de centrales thermiques davantage polluantes, notamment celles fonctionnant au charbon ou au lignite. Et les centrales nucléaires sont évidemment tenues de se conformer aux normes de sécurité en vigueur en Europe. Plus encore, cette reconnaissance du caractère durable est assortie de limites temporelles car ces activités, à défaut de technologie, seraient nécessaires mais seulement transitoires. Elles sont par conséquent limitées par des échéances qui avaient été fixées, dans le projet initial, à 2030 pour le gaz (sans captage du CO2) et à 2045 pour le nucléaire (pour les générations actuelles de réacteurs qui ne sont pas encore exempts de déchets).

Épargnons-nous les détails techniques complexes de ces conditions et concentrons-nous sur l’évidence : les pays comme l’Allemagne qui ferment leurs centrales nucléaires et annoncent les remplacer par l’éolien ou le solaire trompent le monde. En réalité, ils remplacent le nucléaire par le gaz, temporairement relayé par l’énergie éolienne quand le vent le décide, car il doit y en avoir suffisamment, mais pas beaucoup. Mais aussi par l’énergie solaire en période de plein soleil. Voilà qui explique clairement pourquoi jeudi dernier encore, les Français ont émis 72 g de CO2 par Kwh d’électricité et les Allemands en ont émis 362 g, soit 5 fois plus!

Le grand argument avancé par les Allemands est que nous sommes à la veille de pouvoir capturer le CO2 dans les cheminées des centrales à gaz et de pouvoir remplacer le gaz fossile – le méthane – par de l’hydrogène vert obtenu par électrolyse, avec de l’électricité éolienne ou solaire. C’est pourquoi la Commission européenne avait prévu, dans son projet initial, de durcir les normes d’émission de CO2 tolérées pour les centrales électriques au gaz : à 300g jusqu’en 2029 et à 100g à partir de 2030.

Au terme d’un mois de lobbying intense, l’industrie allemande a fait tomber le masque des illusions : elle a obtenu le report du calendrier des obligations de passage des centrales à gaz au gaz renouvelable à 2035 ! Nous sortons enfin du déni : la sortie du nucléaire impose des centrales à gaz qui ne disposent pas de moyens technologiquement et économiquement viables de réduire leurs émissions de CO2 dans les 20 prochaines années. L’Allemagne sacrifie donc le climat au nom du dogme antinucléaire. Son industrie pâtira durablement des coûts élevés de l’électricité, de la dépendance au gaz russe et des pénalités sur les émissions de CO2.

Il est compréhensible qu’elle ait lutté avec autant d’acharnement contre l’avantage que le nucléaire donnera aux Français. Le masque de l’écologie est tombé. Seules apparaît, outre le ravage pour le climat de l’idéologie anti-nucléaire, la puissance du lobby des énergies renouvelables intermittentes et la volonté de l’Allemagne de faire disparaître l’atout de compétitivité que tirera la France d’une ambitieuse relance de la production d’électricité d’origine nucléaire. Les écologistes français, qui luttent contre leur camp et leur pays, en ralentissant le nucléaire et en poussant l’éolien et le solaire, ont sous les yeux la preuve de leurs illusions. Il est grand temps qu’ils le comprennent.

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