Manifestation anti- mariage gay : grosse mobilisation et débordements
Ils étaient 300.000, estime la préfecture de police, selon laquelle les chiffres définitifs ne seront connus qu’en début de semaine. Les organisateurs revendiquent pour leur part 1,4 million de participants. Des heurts ont éclaté entre les forces de l’ordre et des manifestants qui tentaient de franchir des barrages interdisant l’accès à l’avenue des Champs-Elysées. La présidente du Parti chrétien démocrate, Christine Boutin, victime d’un malaise après avoir été aspergée de gaz lacrymogènes, a demandé dimanche soir la démission du préfet de police de Paris et du ministre de l’Intérieur, Manuel Valls. Les manifestants, dont de nombreuses familles, des jeunes et des élus ceints de leur écharpe tricolore, ont afflué en début d’après-midi sous une marée de drapeaux roses, blancs et bleus sur l’avenue de la Grande Armée pour demander à François Hollande de retirer le texte et de le soumettre à référendum. « On veut du boulot, pas du mariage homo » ou « Occupe-toi d’Aulnay, pas du mariage homo », proclamaient des pancartes en faisant allusion à la fermeture programmée et très médiatisée de cette usine du constructeur automobile PSA. L’avenue de la Grande Armée, qui prolonge les Champs-Elysées au-delà de l’Arc de Triomphe en direction de Neuilly, a vite été saturée et les manifestants ont débordé sur l’avenue Foch, puis sur la place de l’Etoile. C’est alors que plusieurs centaines d’entre eux ont tenté de forcer le passage vers les Champs-Elysées. Les forces de l’ordre en tenue anti-émeute les ont repoussés avec des boucliers en plexiglas et des jets de gaz lacrymogènes et ont évacué manu militari certains d’entre eux. Les forces de l’ordre « ont été contraintes de faire usage ponctuellement de gaz aérosols compte tenu du comportement très agressifs de certains manifestants », a expliqué à la presse le directeur de cabinet du préfet de police, Laurent Nunez. »C’est inacceptable d’envoyer des gaz contre des enfants. Est-ce qu’il est normal qu’on ait des forces de l’ordre dans la République qui tirent sur des familles et des enfants ? » s’est indigné l’ancien ministre UMP Laurent Wauquiez. « C’est juste le reflet de la violence avec laquelle le gouvernement traite ce mouvement. C’est inacceptable. Il faut que la préfecture de police soit sanctionnée », a-t-il ajouté. Henri Guaino, ancien conseiller spécial de l’ex-président Nicolas Sarkozy, a pour sa part qualifié de « honte » le fait que les autorités n’aient pas autorisé les opposants au « mariage pour tous » à manifester sur les Champs-Elysées. « Si aujourd’hui il y a autant de monde, c’est aussi parce que les gens sont en colère », a déclaré Laurent Wauquiez à BFM-TV. « Et ils sont en colère sur la façon dont le gouvernement a traité ce mouvement. Il l’a traité avec mépris. » « Un gouvernement républicain ne peut pas rester sourd à une mobilisation pareille », a renchéri Henri Guaino, qui avait lancé un appel à « censurer le gouvernement dans la rue ». Le président de l’UMP, Jean-François Copé, avait quant à lui appelé les adhérents du principal parti d’opposition à participer à ce rassemblement. Le texte de loi, qui ouvre aux homosexuels la possibilité de se marier et d’adopter, a été voté le 11 février par les députés à l’issue d’un débat marathon émaillé d’incidents. Il sera examiné en séance publique par les sénateurs à partir du jeudi 4 avril, l’objectif du gouvernement étant que la réforme soit définitivement adoptée avant les vacances d’été. Une figure du mouvement contre le « mariage pour tous », Frigide Barjot, a cependant déclaré sur i-Télé que les opposants au texte n’entendaient pas désarmer. « Au Sénat, la commission des lois a failli ne pas adopter cette loi à deux voix près », a-t-elle dit. « C’est toute la France qui est en train de se réveiller et donc nous allons dire au sénateur, ‘c’est ton heure’ et au président de la République (…) retirez-là pour la soumettre au peuple qui se lève. »