G7 : les dossiers de la discorde
Le climat, l’Iran, le commerce international, la biodiversité, les GAFA par exemple autant de terrains sur lesquels les participants au G7 seront en désaccord en particulier les ’États-Unis. Même le retour de la Russie fait l’objet d’appréciations différentes. Ainsi le président américain souhaite le retour de Poutine en formation G8, Macron soumet cette réintégration à une discussion et à des résultats concernant le conflit de l’Est de l’Ukraine quant à Trudeau le président canadien il refuse totalement de voir la Russie au motif de l’invasion de la Crimée notamment. Bien d’autres sujets diplomatiques feront émerger les oppositions. Il y a la question de l’Iran vis-à-vis de laquelle les États-Unis ont pris unilatéralement des mesures de sanction pour non-respect de l’accord sur le nucléaire. De leur côté, les pays européens contestent ces sanctions. Des sanctions qui visent l’Iran mais en même temps surtout les pays d’Europe qui entretiennent des relations commerciales avec l’Iran. Trump peut être très durs vis-à-vis de l’Iran dans la mesure où cela un peu d’impact sur l’activité économique des États-Unis, ce qui n’est pas le cas de l’union économique. Évidemment il y a l’affaire du climat caractérisé par le retrait des États-Unis de l’accord de la COP 21. Trump ne reviendra pas ce sujet car il conteste que le bien-fondé de l’analyse de la détérioration climatique. En cause, évidemment le fait que les États-Unis sont un des gros producteurs de produits pétroliers. Dans la même ligne de pensée, on voit mal Trump signer une nouvelle charte sur la bio diversité dont la philosophie s’inspire de celle de l’accord sur le climat. Il y a la grande question des accords commerciaux notamment avec la Chine. D’une manière générale, le président américain refuse la médiation d’une organisation commune comme l’OMC ou d’autres. Il veut gérer seul et directement ses relations avec chaque zone géographique. Il a engagé une guerre tarifaire avec la Chine qui pourrait être mortifère pour la Chine mais aussi pour les États-Unis et les autres pays. Cette guerre douanière en même temps que monétaire pourrait d’ailleurs accélérer le processus qui conduit le monde vers la récession. Le président américain aura du mal à tenir compte des positions de ses alliés dans la mesure où, pour lui, seul compte l’échéance électorale de novembre 2020 que pour l’instant il n’est pas certain de remporter. Autre grand sujet, le conflit les principes de la fiscalité internationale concernant les GAFA et autres. Trump refuse catégoriquement que les Etats établissent une fiscalité sur les grands du numérique, il a même traité Macron d’idiot à propos de ce sujet. Trump n’est pas opposé à une fiscalité mais décidée et encaissée par les seuls États-Unis. Devrait aussi figurer à l’agenda le problème des incendies en Amazonie. Il serait étonnant que le président américain soutienne une condamnation de Bolsonaro président du Brésil. Pour autant le G7 sans accord voire sans communiqué sera-t-il inutile ? Pas complètement dans la mesure où il permet des échanges et des confrontations. Reste que compte tenu du contexte électoral pour Trump, Boris Johnson voire d’autres comme Macron (déjà en campagne) des coups d’éclat médiatiques de certains ne sont pas impossibles et pourraient en quelques secondes ternir des discussions de plusieurs jours. La liste des dossiers :
1. Les inégalités
Emmanuel Macron compte afficher des résultats concrets sur certains sujets comme la « lutte contre les inégalités », thème officiel du sommet, en élargissant les discussions aux dirigeants de « puissances de bonne volonté » comme l’Inde, l’Australie, l’Afrique du sud et le Chili.
2. La taxation des GAFA
La taxation des Gafa (Google, Amazon, Facebook, Apple, entre autres) est l’un des principaux sujets de discorde entre les Etats-Unis et la France, qui a instauré cette année son propre impôt sur les géants du numérique en espérant convaincre les autres grandes puissances de mettre sur pied une taxe commune.
3. Le Brexit
Le successeur de Theresa May retrouvera simultanément l’allemande Angela Merkel et le français Emmanuel Macron, qu’il aura rencontrés à tour de rôle mercredi et jeudi, mais aussi les plus hauts représentants de l’Union européenne (UE). Les discussions s’annoncent serrées entre les Européens et le Britannique, qui veut pousser les Vingt-Sept à renégocier les modalités de la sortie du Royaume-Uni. Emmanuel Macron a d’ores et déjà fait savoir mercredi qu’il attendait des « clarifications » du Premier ministre britannique, auquel il demande de « l’esprit de sérieux ». Au cours du week-end, les Européens observeront de près la naissance du tandem Boris Johnson-Donald Trump, l’une des attractions du sommet. Cette rencontre, la première depuis l’arrivée au pouvoir de Boris Johnson, est loin d’être anodine puisque l’avenir du Royaume-Uni hors UE dépend en partie de l’accord de libre-échange que les deux hommes se font fort de conclure.
4. Les tension commerciales entre la Chine et les États-Unis
C’est l’un des principaux sujets de préoccupation du moment : la guerre commerciale que se livrent les Etats-Unis et la Chine, les deux premières économies de la planète, au risque de donner un coup de frein brutal à la croissance mondiale. Ce conflit dépasse le seul terrain des droits de douane, que l’administration Trump prévoit d’alourdir encore sur de nombreux produit chinois, et s’étend désormais à la propriété intellectuelle, à la monnaie et aux hautes technologies, des sujets qui seront au centre des discussions à Biarritz.
5. L’Iran
France, Allemagne et Royaume-Uni tiennent à l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien, qui devait permettre à la République islamique de normaliser ses relations avec le reste du monde, tandis que Donald Trump ne cesse de dénoncer ce compromis, auquel son pays a tourné le dos en mai 2018. La tension a franchi à la mi-mai un nouveau palier dans le détroit d’Ormuz avec l’attaque de plusieurs pétroliers, qui fait planer une ombre supplémentaire sur le commerce mondial. Dénonçant une série de « provocations » et d’ »actes hostiles », Washington a imputé ces attaques à Téhéran, qui nie pour sa part toute implication.
6. La Syrie
La France souhaite ouvrir le chapitre des conflits meurtriers dans lesquels sont empêtrés la Libye, le Yémen et la Syrie, en mettant l’accent notamment sur la situation dans la ville d’Idlib tenue par les opposants à Bachar al Assad. « Ce qui se passe à Idlib ne peut pas être tu autour de la table du G7, il faut je pense que nous ayons aussi un message très clair sur le respect du droit humanitaire », a déclaré Emmanuel Macron mercredi.
7. La Russie
. Donald Trump, qui accueillera le G7 en 2020, a plaidé à plusieurs reprises et à nouveau mardi pour la réintégration de la Russie et la reformation du G8, sans convaincre pour l’heure ses partenaires. Emmanuel Macron, notamment, s’est dit mercredi plutôt favorable au retour de la Russie, mais seulement à condition qu’elle donne des gages de bonne volonté dans le dossier ukrainien.
8. Le climat et l’Amazonie
Faute d’accord avec les États-Unis, qui ont retiré leur signature à l’accord de Paris sur le climat à l’initiative de Donald Trump, la France ne prévoit pas de grandes déclarations sur le climat. Les pays présents devraient par ailleurs signer formellement la charte en faveur de la biodiversité – qui ne contient pas d’engagements contraignants – dévoilée lors du G7 des ministres de l’Environnement, début mai, à Metz.
Enfin, le président français a appelé le G7 à « parler de l’urgence » du problème des feux de forêt en Amazonie – ce qui lui a valu une réplique cinglante du président brésilien Jair Bolsonaro, estimant que de discuter de ce problème en l’absence du Brésil faisait montre d’une « mentalité colonialiste ».