Archive pour le Tag 'front'

Page 2 sur 5

«Nouveau Front populaire»: Le nucléaire sous le tapis !

 «Nouveau Front populaire»: Le nucléaire sous le tapis !

 
 

Comme nombre de questions économiques, le nouveau Front populaire  compte tenu de ses contradictions sur le nucléaire a mis la question sous le tapis. Pas un mot sur ce domaine stratégique comme sur beaucoup d’autres aspects économiques. 

 

Divisés sur la question, les partis de gauche ont consensuellement occulté le sujet de l’atome pour éviter toute fission.  Le programme du nouveau Front populaire évoque seulement une vague  «loi énergie climat» chargée de «jeter les bases de la planification écologique» est promise, tout comme la fusion entre l’Agence de sûreté nucléaire (ASN) et l’Institut de recherche sur la sûreté nucléaire (IRSN).

Seulement, les ambitions vertes du «Nouveau Front populaire» sont grandes: arriver à la neutralité carbone en 2050. L’union projette ainsi de « faire de la France le leader européen des énergies… ! Comment ? La question n’est pas développée !

Faut-il rappeler que le nucléaire fournit de l’ordre de 70 % de l’électricité.

 

Législatives : Jérôme Guedj (PS) refuse l’étiquette du «Nouveau front populaire»

Législatives : Jérôme Guedj (PS) refuse l’étiquette du «Nouveau front populaire»

Au lendemain de l’accord trouvé entre les principales formations de gauche en vue des législatives anticipées du 30 juin et 7 juillet, le député PS a annoncé vendredi soir se présenter sous les couleurs socialistes… mais sans l’étiquette de la coalition «Nouveau front populaire» dans sa sixième circonscription de l’Essonne.

Dans un communiqué, le socialiste, qui entend plus que jamais «battre l’extrême-droite», refuse, «en dehors de la beauté des mots», de «s’associer à l’investiture de LFI liée à cet accord». Et ce, «en raison des divergences profondes avec la direction de cette formation relatives à la brutalisation du débat public.»

« Rassemblement » contre « Front » : une sémantique symbolique

« Rassemblement » contre « Front » : une sémantique symbolique

À l’issue des élections européennes, qui ont vues la nette victoire du Rassemblement national, et la dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la République, les partis de gauche ont acté la mise en place d’un « front populaire » pour les législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet. Aujourd’hui, il semble y avoir une inversion des termes qui orientent l’interprétation de l’offre politique : à travers la manière dont ils se désignent, le RN pourrait être vu comme un parti de propositions alors que les formations qui avaient constituées la Nupes seraient perçues comme un ensemble d’opposition. préciser cela, interrogeons-nous sur ce que nous apprend cette dénomination de « front populaire » dans le contexte de ces élections ? En quoi diffère-t-il du « front républicain » que l’on a pu connaître en 2022 particulièrement actif dans les années 1990 à 2010. Dans le discours politique, le terme « république » a un usage ritualisé qui donne au concept une valeur «  quasi religieuse  ».

 

par 

Professeur des universités en sciences du langage, AGORA/IDHN, CY Cergy Paris Université dans The Conversation

On remarquera aussi qu’à l’inverse de ce mouvement relatif aux fronts (républicain puis populaire), le Front national a préalablement choisi de changer de nom, pour devenir un Rassemblement.

Certes, les raisons de ce changement sont en partie historiques (en lien avec l’héritage de Jean-Marie Le Pen), mais il s’agit aussi d’une stratégie d’ouverture, en plus de celle de dédiabolisation.

Finalement, avec ce renversement des dénominations, ne serait-on pas face à un enjeu plus important : du FN au RN, on passe du FN contestataire au RN rassembleur. En effet, tant qu’il se nommait « Front », le FN véhiculait une image d’opposition, et de positionnement face à quelque chose de préalable : en devenant le « Rassemblement », il cherche à prendre une dimension pro-active, qui ne se définit pas au regard d’un tiers.

Si le Front populaire fait évidemment référence au Front populaire de 1936, il ancre contextuellement l’orientation à gauche, et vise à fédérer les partis concernés (PS, PCF, EELV et LFI).

En fédérant ainsi, il ne rassemble plus toutes les forces dites « républicaines », alors que le Rassemblement national apparaît comme fédérateur des « patriotes », terme largement revenu dans les éléments de langage du RN lors de la soirée électorale.

 

Selon le Trésor de la langue française informatisée (TLFI), un front, dans le contexte politique, est une « Coalition de partis politiques en vue d’une action commune », en particulier la « coalition des partis de gauche au pouvoir en France, en 1936 ». Cette coalition crée aussi une représentation des forces en présence, comme le communiqué de presse publié le 10 juin en atteste :

« Nous appelons à la constitution d’un nouveau front populaire rassemblant dans une forme inédite toutes les forces de gauche humanistes, syndicales, associatives et citoyennes. Nous souhaitons porter un programme de ruptures sociales et écologiques pour construire une alternative à Emmanuel Macron et combattre le projet raciste de l’extrême droite. »

Si ce front populaire est qualifié de « nouveau » c’est peut-être qu’au lieu d’un adversaire, il vise à en repousser deux (Emmanuel Macron et l’extrême droite). Le « front » peut aussi faire référence à une « ligne de démarcation », une barrière – qui rejoint aussi le « barrage » invoqué face à la montée de l’extrême droite.

Le rassemblement, dans le cadre du « Rassemblement national », mobilise de son côté « l’action de rassembler ou de se rassembler », ou l’« action de mettre ensemble ». Ici, « rassemblement » est suivi d’un adjectif désignant ce qui est rassemblé : dans son étymologie, en 1426 le rassemblement est l’action de « rassembler des choses dispersées ».

Les deux stratégies s’opposent donc, et créent aussi une sorte de renversement historique, puisque traditionnellement le Front national était vu comme un parti protestataire et d’opposition, et qu’il apparaît maintenant comme le parti qui rassemble, et vis-à-vis duquel les autres partis protestent et s’opposent.

Si comme nous l’avons mentionné le Front populaire active une mémoire discursive du fait de la dimension historique de l’expression, renvoyant au premier Front populaire de 1936 mené par Maurice Thorez, Léon Blum, la charge linguistique due au contexte actuel ajoute aussi une dimension plus « littérale » de l’expression.

Faisons un très rapide détour grammatical sur le fonctionnement des adjectifs, en particulier leurs fonctions de qualification et de catégorisation.

Si j’analyse l’adjectif « vert » dans « voiture verte » et classe verte », je peux dire que vert est qualifiant pour voiture, mais qu’il est catégorisant pour classe. Des tests linguistiques attestent des propriétés différentes de ces deux types d’adjectifs. Ainsi la nominalisation « le vert de la voiture » est possible, mais pas « le vert de la classe » ; de même on peut dire « la voiture qui est verte » mais pas « la classe qui est verte.

Dans notre contexte politique, nous observons différents usages de l’adjectif « populaire », dont l’usage qualifiant ou catégorisant varie notamment en fonction de l’ajout de « nouveau ». Par exemple lorsque le PS diffuse ce message

Par contre, on voit apparaître un autre usage par François Ruffin. L’expression « Une bannière : front populaire ! » s’ancre davantage dans l’usage qualificatif de populaire pour illustrer le fait que l’opposition est celle du peuple, et qu’elle s’ancre dans un programme de gauche.

Certes, on pourra objecter que ce sont des broutilles qui n’intéressent que des linguistes… Pourtant, cette distinction, se trouvent deux visions : d’un côté la réactivation d’un symbole du passé, une icône, qui est vue comme un argument d’autorité, et de l’autre un message de la gauche pour le peuple et les électeurs de gauche, qui qualifie la coalition de populaire.

Avec l’expression « Faire front populaire », qui fonctionne presque comme un mot-valise, en groupant « Faire front » et « Front populaire », et en mettant en valeur l’adjectif « populaire » dans l’action à entreprendre. Ce titre fonctionne aussi comme un défigement des expressions « faire front » et « front populaire ». Elle procède à ce que l’on peut appeler une « remotivation » de la signification des termes, dans la mesure où « faire » et « populaire » s’interprètent pleinement : l’action, et le peuple, deviennent constitutifs du front. Aussi, nous n’avons pas seulement le terme collectif, « coalition », mais l’idée que la lutte ou l’opposition est intrinsèque à ce regroupement.

Cette dualité de sens est nouvelle en pareilles circonstances, puisque lors de précédentes élections, l’invocation d’un « Front républicain » n’avait pas la charge mémorielle du « Front populaire ». Par ailleurs, l’adjectif républicain est utilisé de manière performative, pour donner de l’efficacité à l’expression sans que son sens littéral ne soit activé.

Aujourd’hui, « populaire » a certes les attraits du peuple, mais l’adjectif est aussi ambigu, pouvant avoir des connotations péjoratives (voir les expressions « quartier populaire », « musique populaire » etc.). Il y a donc des enjeux linguistiques et communicationnels très forts dans les stratégies de dénomination des protagonistes du débat.

En face, le RN, d’un point de vue terminologique, a fait le choix du terme « rassemblement », qui ne présuppose pas l’opposition, et a précisé la nature de la mise en commun des éléments avec le qualificatif « national » : il tente d’afficher une unité même si ses entités sont différentes, alors que le front populaire vise à créer une démarcation entre plusieurs ensembles.

Les prochains jours nous dirons comment la charge sémantique des mots et expressions utilisées pour se désigner, et désigner ses adversaires, impactera le débat : fédérer et rassembler, lutter et s’opposer, agir ou réagir, un grand nombre de termes, liés aux champs lexicaux du front et du rassemblement, pourront être mobilisés.

UN « FRONT POPULAIRE » À GAUCHE ?

 UN « FRONT POPULAIRE » À GAUCHE ?

L’accord annoncé ce lundi à gauche n’est donc qu’une première étape. En réalité tout reste à faire il s’agira notamment de la difficile question des investitures avec une lutte sanglante entre les partis intéressés;  Au-delà de définir une politique commune en tous cas quelques axes même si les chances de succès sont très minimes.

 

« On ne va pas refaire la Nupes, il y a eu une inversion des rapports de force, je suis en tête à gauche », clamait quelques heures plus tôt Raphaël Glucksmann sur le plateau de France 2, proposant le nom de Laurent Berger pour aller à Matignon. L’ancien patron de la CFDT, retiré de la vie publique, n’avait pas réagit lundi soir à cette proposition.  »Il y a des conditions, je suis le garant d’un cap. Ce cap ne changera pas », a martelé Raphaël Glucksmann.

Au sein du PS, Olivier Faure, signataire du communiqué commun, va devoir répondre à plusieurs questions ce mardi lors d’un Conseil national, le « parlement » du PS. Plusieurs de ses membres dénoncent « l’absence de respect » pour la démocratie interne. « En ce qui me concerne je suis en désaccord avec cet union de façade faite pour sauver vos sièges », écrit ainsi Chibli Kamel, vice-président au Conseil régional d’Occitanie.

 Si une union de la gauche pourrait permettre aux partis de ce nouveau « Front populaire » de se qualifier au second tour dans la quasi-totalité des circonscriptions, une division pourrait les faire disparaître de l’Assemblée nationale. Ensemble, EELV, PS, PCF, LFI et alliés ont une possibilité de maintenir leurs élus, voire même d’obtenir une majorité relative au soir du dimanche 7 juillet. Désunis, ils sont assurés de perdre .Le problème c’est que même unis  leurs contradictions leur portent  un discrédit considérable

Européennes et Front National : pas un vote d’adhésion mais d’opposition

Européennes et Front National : pas un  vote d’adhésion mais d’opposition

Indiscutablement la grande surprise de ces Elections Européennes sera la percée du Front National. Plusieurs facteurs explicatifs à ce résultat assez exceptionnel pour l’extrême droite. D’abord sans doute le rejet à la fois politique mais aussi culturel du président de la république. Ce dernier est sa majorité ne sont plus audibles même lorsqu’il peuvent avoir raison. Ainsi par exemple lors du débat entre Attal et Bardella à peu près tous les experts ont conclu à la victoire du premier ministre. Par contre l’opinion à accordé ses faveurs majoritairement à Bardella. La preuve sans doute que la parole du pouvoir est complètement discréditée.

 

C’est donc davantage par rejet de la majorité actuelle que les voix se reportent de façon aussi massive sur le Front National. En fait, un vote d’opposition et même de toutes les oppositions avec toutes les contradictions que cela comporte. Par ailleurs, les élections européennes sont  l’occasion d’un défoulement traditionnel puisque cela ne remet pas en cause les déséquilibres politiques en France, en tout cas dans l’immédiat. L’autre facteur explicatif est surtout le grand silence de Marine Le Pen qui gagne des voix quand elle s’abstient de parler alors qu’à l’inverse Macon ne cesse de multiplier les bavardages inutiles, les changements de position et les incohérences. Le silence est le meilleur atout du programme politique de Marine Le Pen. Pour preuve elle va tout faire pour refuser le débat avec Macron.

Sur la tendance après les européennes et sauf changements brutaux des équilibres politiques, le Front National devrait continuer de progresser. Il pourrait devenir majoritaire à l’occasion des élections des députés. Marine Le Pen  ne sera pas forcément élue présidente de la république mais elle maîtrisera le pouvoir grâce à ses députés.

Un autre facteur explicatif majeur pour comprendre la montée du Front National, c’est la dégradation générale de l’autorité dans nombre de domaines sociétaux ; aussi la montée inquiétante d’une immigration non maîtrisée et de la violence. C’est sans doute sur ce terrain qu’est surtout attendu le front national. Pour le reste compte tenu des contradictions de son programme, il y a fort à parier que le Front National sera contraint comme en Italie de revoir sa copie à moins de créer le chaos dans le pays

Guerre-Mer Rouge: trois bateaux pirates houthis coulés et nouveau front

Guerre-Mer Rouge: trois bateaux pirates houthis coulés et nouveau front


C’est une guerre larvée qui s’installe aussi maintenant en mer Rouge avec un affrontement entre d’un côté Houthis et Iran et de l’autre les pays occidentaux. L’Iran comme les pays occidentaux ont dépêché plusieurs navires de défense sur le secteur pour protéger le commerce international. Des hélicoptères de la marine américaine ont coulé trois bateaux des rebelles Houthis du Yémen, qui avaient attaqué un porte-conteneurs en mer Rouge lors de son passage du détroit de Bab al-Mandeb, a annoncé dimanche le commandement américain (Centcom). Après des tirs houthis visant des hélicoptères américains, ces derniers « ont riposté en état de légitime défense, coulant trois des quatre petits navires, et tuant les équipages », a-t-il précisé dans un communiqué, précisant que le quatrième bateau avait « fui la zone ». Aucun survivant n’a été signalé parmi les occupants des trois embarcations coulées. Selon des sources du port yéménite de Hodeida, dix rebelles houthis ont été tués.

La marine américaine, a précisé le Centcom, répondait à une demande d’assistance du Maersk Hangzhou, un porte-conteneurs battant pavillon de Singapour, appartenant au groupe danois Maersk.
Depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas, les Houthis ont à plusieurs reprises pris pour cible des navires empruntant la voie maritime vitale de la mer Rouge, avec des frappes qu’ils disent destinées à soutenir les Palestiniens de Gaza. Ces attaques mettent en péril une voie de transit qui achemine jusqu’à 12 % du commerce mondial, ce qui a incité les États-Unis à mettre sur pied, au début du mois, une force navale multinationale chargée de protéger les navires de la mer Rouge.

Immigration : les voix du Front National en cause

Immigration : les voix du Front National en cause

La loi immigration qui vient d’être votée par l’Assemblée nationale se caractérisera par la confusion de son contenu, de sa démarche y compris jusqu’au vote final finalement le ministre de l’intérieur affirme d’un côté que l’adoption n’avait pas besoin des voix du Front National alors que le Front National déclare l’inverse. Bref de la cuisine interne mais qui démontre à l’évidence un grand chamboulement non seulement du positionnement politique mais aussi idéologique des un et des autres. La vérité sans doute c’est que si le « rassemblement national » avait voté contre, , le texte de l’exécutif n’aurait pas été adopté.

En effet soixantaine de voix macronistes qui ont manqué . Et ce sont bien des voix du Front National qui ont permis aux textes de passer sinon la majorité n’aurait pas été atteinte.

Pour se dédouaner le ministre de l’intérieur s’est noyé dans des comptes d’apothicaire en considérant que la majorité aurait été différente si le Front National s’était abstenu et dans ce cas, la majorité n’avait pas eu besoin des voix du Front National.

Mais sans les 88 voix du Rassemblement national – dont le groupe a entièrement voté pour -, le texte n’aurait obtenu que 261 voix alors qu’il en fallait 268 pour adopter le texte.

Front National: le processus de dédiabolisation

Front National: le processus de dédiabolisation

Par
Virginie Martin
Docteure sciences politiques, HDR sciences de gestion, Kedge Business School dans the Conversation.


88, c’est le nombre de députés que le Rassemblement national (RN) compte désormais à l’Assemblée nationale. Ce chiffre suffit-il à faire du RN une organisation partisane comme les autres ? En faisant abstraction du jeu des alliances façon Nupes, il en fait, en tous cas, le principal parti d’opposition au gouvernement – un parti qui a joué un rôle non négligeable lors des dernières séquences législatives autour de la réforme de la retraite.

20 ans plus tôt, lorsque l’extrême droite accède pour la première fois de son histoire au second tour de l’élection présidentielle, la France est sous le choc. 1,3 million de personnes manifestent contre le Front national (FN), parmi lesquels beaucoup de jeunes. Jean-Marie Le Pen fait face à une mobilisation anti-FN si forte qu’il n’atteint même pas 18 % des suffrages au second tour de ces élections de 2002 contre Jacques Chirac (environ 5,5 millions de voix). Le Front républicain fonctionne parfaitement.

Quelle stratégie a été appliquée par le FN-RN, pour passer du statut de parti marginal et honni à une organisation notabilisée, voire institutionnalisée ?

Depuis sa création en 1972, le FN-RN a été présent par trois fois au second tour de l’élection présidentielle : en 2002, en 2017 et 2022. Les deux dernières fois, Marine Le Pen a atteint des scores considérables : 33,9 % et 41,45 %. Cette progressive montée du RN, la stabilité de ses votes et son ancrage territorial sont les marqueurs d’une normalisation et d’une banalisation du parti d’extrême droite.

Cette normalisation s’est construite autour d’une dynamique de changement, qu’on a coutume de nommer « dédiabolisation ». Celle-ci s’est faite progressivement et a été marquée par deux séquences. La première a permis au parti de se notabiliser, un phénomène accéléré avec l’arrivée de Marine Le Pen à la tête du FN. La seconde séquence est très directement liée à l’élection de députés RN à l’Assemblée nationale. Il s’agit d’une phase d’institutionnalisation.

Le congrès de Tours en 2011 marque un tournant dans l’histoire du FN. Le père de la famille Le Pen, créateur du FN, va passer la main. Le vote des militants en faveur de la fille est sans appel – 67,65 % des voix – face à Bruno Gollnisch.

L’image du FN ne sera plus celle de Jean-Marie, l’homme pour qui les chambres à gaz sont un « détail de l’histoire » celui que les plus âgés ont connu un bandeau noir sur l’œil gauche. Marine Le Pen, femme de 45 ans arrive à la tête de ce parti.

« Le message, c’est le medium » écrivait le sociologue Marshall McLuhan. Cela vaut aussi pour le FN ; l’égérie a changé, la dédiabolisation s’incarne plus que jamais dès cette nouvelle image au féminin.

[Près de 80 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde. Abonnez-vous aujourd’hui]

Cette dédiabolisation tentée par le passé, fin des années 90, par un Bruno Mégret qui voulait normaliser le FN, voire faire des alliances avec la droite, a finalement semblé indispensable lors de la présidentielle de 2002. À l’époque, il n’était pas envisageable pour Jean-Marie Le Pen de sortir de sa spécificité et de nourrir la droite classique. Il est apparu urgent à ce moment-là de rassurer les français et de montrer combien le FN n’était pas une menace pour l’État et le pays. La dédiabolisation s’est dès lors avérée nécessaire.

Marine Le Pen est une des plus convaincues de cette nécessité depuis 2002. Elle suivra cette ligne au plus près. En 2015, elle finira même par exclure celui qui porte plus que quiconque le stigmate extrême droite : Jean-Marie Le Pen. À la faveur de prises de position dans Rivarol sur Pétain et les chambres à gaz, la fille sortira le père.

L’année 2018 est marquée d’un autre moment de stratégie d’effacement du passé. Elle passe par le changement de nom du parti. Le Front national n’est plus, le Rassemblement national est né. Avec ce mot « rassemblement » se matérialise la volonté de passer de parti de la protestation à un parti de gouvernement : « rassembler » pour pouvoir gouverner.

Dans la même logique, en 2022, Marine Le Pen se tient loin d’Eric Zemmour et ne cède pas à ses appels du pied, prouvant encore une fois son attachement à cette stratégie de dédiabolisation.

Quelques mois plus tard, l’élection de Jordan Bardella à la tête du RN offre un nouveau visage au parti. Par sa jeunesse et son parcours, il donne encore d’autres gages à cette séquence de dédiabolisation. Fils d’une famille immigrée italienne, son ancrage dans le 93 et son cursus universitaire à la Sorbonne offrent des gages de normalité – son parcours pourrait ressembler à celui de beaucoup de jeunes. Néamoins, derrière ces données, il y a aussi son militantisme à l’UNI et ses accointances traditionnelles, voire identitaires, et son regard sur une « France ensauvagée et inhumaine ».

Car bien sûr, malgré cette normalisation en vue de la conquête du pouvoir suprême, le RN reste attaché au corpus idéologique qui est le sien. Preuve en sont les marqueurs tels le renforcement de la politique nataliste en France (pour « résister » face à l’immigration), l’opposition à l’entrée de Gisèle Halimi au Panthéon ou encore la sacralisation de la « priorité nationale » dans la constitution. Le RN ne se défait pas des thématiques historiques qui ont prévalu à la création du FN.

Quel que soit le corpus idéologique dont se réclame le RN, l’hémicycle de l’Assemblée nationale offre au parti ses lettres de notabilisation, mais surtout son écrin d’institutionnalisation. De marginal et honni, le parti devient celui qui détient deux vice-présidences à la chambre basse.

Des vice-présidences qui ont mathématiquement été permises avec le soutien d’autres partis politiques – Les Républicains et Renaissance – puisque Hélène Laporte a obtenu 284 voix et Sébastien chenu 290. Face à la vague de députés RN, le cordon sanitaire est tombé. La normalisation s’est installée.

D’autant plus que, ici encore, Marine Le Pen joue la carte de la capacité à gouverner. Elle ne veut pas trop cliver pour présenter une opposition constructive, « une opposition responsable ». Dans cette optique, elle est vigilante au taux de présence de son groupe à l’assemblée, au respect de la fonction (silence, retenue, vêtements) et refuse les blocages systématiques de lois proposés par l’opposition.

Certes, l’épisode du député De Fournas a bien failli saper ces efforts de respectabilité. En prononçant la phrase « qu’il(s) retourne(nt) en Afrique » au sein de l’hémicycle, celui-ci a donné une occasion aux oppositions de prouver que la dédiabolisation était un leurre. Mais l’épisode a été relativement bien géré médiatiquement et en interne. La sanction est tombée, l’élu a perdu son porte-parolat. La discrétion est assez vite revenue.

De surcroit, quelles que soient les stratégies adoptées, avoir des députés à l’Assemblée nationale signifie saisir des moyens essentiels : assistants, informations, formations, moyens pécuniaires et possibilité, pour beaucoup d’élus sans expérience, de se professionnaliser. Il s’agit d’une marche déterminante pour envisager la conquête du pouvoir.

Reste à savoir quelle attitude adopter face au parti de Jordan Bardella et de Marine Le Pen. Est-il possible d’isoler un parti à ce point institutionnalisé et soutenu dans les urnes ? De continuer à « tabouiser » un parti recueillant autant de soutiens électoraux ? De se priver de ses électeurs en le stigmatisant ? Ce mois-ci, un sondage Ifop a montré que le RN était considéré comme le parti incarnant le mieux l’opposition au gouvernement (la stratégie de discrétion du RN semble mieux payer que celle du chahut de LFI…).

Depuis le début des années 80, aucune attitude pérenne et efficace n’a été trouvée face au FN-RN. C’est une quadrature du cercle pour le paysage politique français. S’il n’est pas un parti tout à fait comme les autres, le FN-RN est aujourd’hui à certains égards le deuxième parti de France.

Un front pas très républicain

Un front pas très républicain

 

 

BILLET DE Nicolas Antoine-Gaioni, Dommartin (Rhône) , lecteur du Monde

« Monsieur Macron, vous demandez mon vote. Vais-je le donner pour que vous appliquiez un programme qui aboutit à jeter tous les oubliés dans les bras de l’extrême-droite ?, interroge Nicolas Antoine-Gaioni. Vous n’aurez pas mon vote en échange d’engagements flous. Vous n’aurez pas mon vote si vous ne vous engagez pas à mettre en place un gouvernement d’union nationale. »

Je suis un obscur. Un aide-soignant – un de ceux que vous avez appelés premiers de corvée. Un petit. Cela ne veut pas dire que je n’ai pas fait d’études – une fac d’histoire, cela peut servir parfois. Cela ne veut pas dire que je ne sais pas lire vos programmes.

Je suis un de ceux qui voient leurs collègues serrer les dents toute une vie, et user leur corps et leur santé pour tenter de garder la tête hors de l’eau. Un de ceux qui ne comprennent pas comment certains peuvent gagner des dizaines de fois mon salaire en une seule journée – et trouver encore que je suis trop payé. Cela ne veut pas dire que je me trompe de colère. Je suis républicain et démocrate.

Je suis sans parti. Sans syndicat. Sans engagement – j’ai été occupé à élever ma fille. Cela ne veut pas dire que je suis sans convictions. En 2002, j’ai fait barrage à l’extrême-droite en votant Jacques Chirac ; en 2017, j’ai fait barrage à l’extrême-droite en votant Emmanuel Macron.

Et aujourd’hui je constate. En 2002, au lieu d’un gouvernement d’union nationale, Jacques Chirac a fait l’UMP. En 2017, au lieu d’un gouvernement d’union nationale, Emmanuel Macron a fait le vide et détruit tous les anciens partis. L’un comme l’autre, après avoir appelé et bénéficié du front républicain, ont fait semblant de croire que nos suffrages donnés étaient des votes d’adhésion à leur programme. Faire appel au front républicain la veille du scrutin ; l’oublier le lendemain.

Et il faudrait recommencer ? Monsieur Macron, vous demandez mon vote. Vais-je le donner pour que vous appliquiez un programme qui, structurellement, aboutit à jeter tous les oubliés dans les bras de l’extrême-droite ? Pour que vous appliquiez un programme qui, structurellement, crée toutes les conditions pour que Madame Le Pen, ou ses héritiers, gagne la prochaine fois sans possibilité de recours ?

Votre programme a sa cohérence, ses atouts – ses bénéficiaires. Il a sa cohérence et il aura ses réussites – au profit d’une montée des inégalités déjà démontrée, aux conséquences elles aussi démontrées dans tous les pays qui ont suivi ces politiques : la fragilisation de la démocratie et l’éclatement du contrat social. Est-ce pour ces perspectives que je vous donnerais mon suffrage ? Il n’en est plus question en l’état.

Je ne parle, il est vrai, que pour moi-même, sans légitimité pour porter la voix de qui que ce soit. Mais peut-être malgré tout suis-je représentatif, depuis mon petit coin d’obscurité, d’un électorat et d’une classe sociale qui jusqu’ici se sentent méprisés, et dont les réactions sont les simples conséquences de vos manières de faire.

Alors écoutez. Vous n’aurez pas mon vote en échange de discours creux. Vous n’aurez pas mon vote en échange d’engagements flous. Vous n’aurez pas mon vote en prétendant simplement une fois encore, que rien ne sera comme avant. Tout prouve qu’il y a toutes les chances pour que tout soit comme avant – il suffit d’entendre vos ministres clamer sur les radios qu’il faut faire campagne « projet contre projet ». Vous n’aurez pas mon vote si votre projet ne change pas, parce que s’il n’est pas l’extrême-droite, il mène à l’extrême-droite.

Alors écoutez. Vous n’aurez pas mon vote si vous ne vous engagez pas à mettre en place un gouvernement d’union nationale. Vous n’aurez pas mon vote si vous n’incluez pas dans votre projet des éléments structurants des programmes des candidats dont vous lorgnez les électeurs – reprenez par exemple intégralement et sans filtre les propositions de la Convention citoyenne pour le climat que vous aviez vous-même mis en place. Vous n’aurez pas mon vote si vous ne mettez pas en place avec les autres partis un contrat de gouvernement écrit, négocié, à l’allemande.

C’est en cela seulement que vous serez digne du front républicain. Et, accessoirement, du petit vote de gens obscurs comme moi.

Nicolas Antoine-Gaioni, Dommartin (Rhône)

Quel front républicain ?

Quel front républicain ?

 

L’historien Gilles Candar retrace, dans une tribune au « Monde », l’histoire de la « défense républicaine » depuis ses origines, en 1885, et suggère de s’inspirer aujourd’hui de cette tradition en assumant les clivages existants, avec « clarté et simplicité ».

 

 Tribune

Les origines du « front républicain », lointaines, remontent au moins à 1885. La République semble alors solidement installée, détenant tous les pouvoirs institutionnels et étayée par de grandes lois fondatrices dans tous les domaines (liberté de la presse, de réunion, d’association syndicale, lois scolaires, autorisation du divorce…) après avoir triomphé aux élections en 1881. 

La crise politique, sociale et morale des années 1880 (difficultés économiques, chômage et misère, phylloxéra, scandales, etc.), l’union des oppositions de droite (royalistes et bonapartistes) provoquent la surprise du 4 octobre 1885. Au premier tour des élections législatives passent 176 conservateurs contre 127 républicains seulement. Il faut réagir dans l’urgence, et pour le second tour, deux semaines plus tard, les républicains de toutes les nuances s’unissent dans la plupart des départements.

Dans celui de la Seine, une même liste regroupe des républicains modérés et libéraux, des radicaux et des socialistes révolutionnaires, comme l’ancien communard Camélinat et le syndicaliste des ouvriers de la mine Basly. Nous ne sommes pourtant que quelques années après la Commune : beaucoup de sang a coulé, et il en coulera encore un peu entre ces hommes. Radicaux et modérés viennent de s’affronter durement (Ferry contre Clemenceau, à propos de la politique coloniale et sur à peu près tous les sujets). Ils ne concluent aucun accord de gouvernement, mais s’entendent simplement sur la répartition éventuelle des futurs sièges de députés chargés d’élaborer la loi, y compris par de franches et rudes confrontations, mais entre républicains !

La défense de la République est alors prioritaire. La méthode se révèle efficace : au second tour, selon les décomptes de l’historien Jean-Marie Mayeur, la droite fait encore élire 25 députés, mais les républicains conservent une majorité, certes très composite, avec plus de 380 sièges au total.

Ce succès instaure la tradition de la discipline républicaine avec des formes qui s’adaptent aux circonstances : désistements, parfois partage des circonscriptions, fusion des listes dans les cas où le mode de scrutin le permet.

Des exceptions sont nombreuses, dénoncées comme telles, parfois en vain, et l’argument est répété dans bien des occasions. Pour l’essentiel, l’union des républicains est invoquée et, de fait, sert avec succès contre les boulangistes en 1889, contre les nationalistes et antidreyfusards au temps de la « défense républicaine » de Waldeck-Rousseau (1899-1902), contre une droite jugée trop complaisante envers les Ligues au moment du Front populaire (1935-1938).

 

 

«Le front républicain, ça suffit» (Insoumis)

 «Le front républicain, ça suffit» (Insoumis)

Nouvelle rupture des insoumis cette fois avec le concept du front républicain. Dans la pratique un concept effectivement de plus en plus discuté. Ce qui est le plus surprenant c’est que officiellement les insoumis le contestent désormais.  Il s’agit d’une position idéologique mais aussi opportuniste car les sondages montrent qu’une grande partie de l’électorat des insoumis voteraient pour le rassemblement national.

Si les dirigeants sont nationalement très marqués à l’extrême gauche par contre sociologiquement les électeurs insoumis sont très proches de ceux du rassemblement national. D’où les explications assez vaseuses d’ Adrien Quatennens quand on lui demande si les insoumis feront le choix du front républicain :

 

«Les gens en ont par-dessus la tête, ça ne marche pas», lâche le député du Nord. Pour lui, ce qui est clair, c’est qu’il faut arrêter de culpabiliser tout le monde, «les premiers responsables de la montée du RN, sont ceux qui votent pour l’extrême droite», assure-t-il. «Qu’on arrête de nous demander des comptes, pour quelque chose dont nous ne sommes pas responsables», insiste-t-il encore, «le front républicain ça suffit».

Sondage : l’éclatement du front républicain

Sondage : l’éclatement du front républicain

 

 

Un sondage Harris Interactive pour Commstrat, que l’Opinion publie en exclusivité, donne Emmanuel Macron et Marine Le Pen, en duel au second tour de 2022, respectivement à 53 % et 47 % des voix.

En ce moment, la majorité passe des week-ends pourris. La semaine dernière, elle poussait des cris d’orfraie. Que des électeurs de gauche puissent envisager, dans Libérationne pas voter pour Emmanuel Macron dans le cadre d’un duel face à Marine Le Pen était une « dérive », un « reniement des valeurs » républicaines, qui relève de « l’irresponsabilité ». Ce lundi, un sondage mené par Harris Interactive pour Commstrat et l’Opinion, va donner au camp d’Emmanuel Macron de nouvelles sueurs froides. Et un sacré torticolis.

Les marcheurs ne peuvent plus se contenter de regarder le barrage contre le Rassemblement national tomber à gauche. Ils doivent aussi tourner la tête sur leur droite pour voir l’édifice s’effriter. L’étude de Harris Interactive donne le vertige. Qu’ils choisissent Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo ou Xavier Bertrand au premier tour de la prochaine présidentielle, les électeurs refusent majoritairement d’apporter leur concours à Emmanuel Macron au second.

Le phénomène est le plus spectaculaire chez les mélenchonistes. 52 % d’entre eux refusent de choisir entre la présidente du Rassemblement national et le chef de l’Etat. L’autre moitié se divise en deux parts égales : 24 % voteraient pour la première, autant pour le second. Cette équivalence est inédite. En 2017, seul, dirait-on aujourd’hui, un quart des partisans de Jean-Luc Mélenchon avait trouvé refuge dans l’abstention. Dimanche, le leader des Insoumis a annoncé, sur France 3, qu’il ne reprendrait « jamais l’initiative » de donner une consigne de vote en cas de duel Macron-Le Pen.

Le tableau n’est pas plus rose dans le reste de la gauche. 50 % de l’électorat d’Anne Hidalgo refuserait le duel proposé au second tour. Ils seraient 44 % chez Yannick Jadot, auxquels il faudrait ajouter les 5 % d’écologistes qui opteraient pour Marine Le Pen.

 

Enfin, à droite, l’abstention et le vote blanc n’atteindraient « que » 41 % de l’électorat de Xavier Bertrand. Mais seulement 38 % se reporteraient vers Emmanuel Macron et 21 % se déplaceraient pour la candidate du RN ! Pire, cette tentation pour Marine Le Pen qui gagne LR s’exprime dès le premier tour. L’électorat de François Fillon en 2017 se porterait pour moitié vers Xavier Bertrand (51 %), mais se distribuerait aussi à quasi-parité entre le chef de l’Etat (20 %) et sa rivale d’extrême droite (17 %).

La conclusion est cinglante : en 2022, aucun électorat d’un grand parti de gouvernement, à l’exception des écologistes d’une courte tête, ne viendrait majoritairement au secours d’Emmanuel Macron. La République en marche a eu beau cibler Jean-Luc Mélenchon depuis son refus d’appeler à voter pour elle en 2017. Elle a beau appeler les électeurs de la gauche à se réveiller depuis une semaine. Ou tenter de conforter sa spectaculaire conquête d’un tiers de l’électorat Fillon aux Européennes 2019. Elle ne peut que constater, avec ce sondage réalisé du 2 au 4 mars, que la fuite vers l’abstention ou le RN touche tout l’échiquier politique. Que peut-elle faire à présent ? Passer le lundi à secouer les mélenchonistes, le mardi les écologistes, le mercredi les socialistes, le jeudi les Républicains et conserver le vendredi pour faire la retape de sa propre action politique ?

La majorité présidentielle ne découvre évidemment pas le danger aujourd’hui. L’été dernier, Emmanuel Macron avait été averti par un de ses proches : son problème, ce n’est pas l’abstention en tant que telle mais l’abstention différentielle, l’écart de mobilisation entre l’électorat de Marine Le Pen et ceux des autres partis, las et friables.

« Accents dégagistes » Le directeur délégué d’Harris Interactive, Jean-Daniel Lévy relève « la solidité électorale marquée » de Marine Le Pen, qui « conserve son comportement », scrutin après scrutin. En face, Emmanuel Macron « ne retrouve pas à plein son électorat de 2017 ». La fidélité est pourtant importante. 69 % de ses sympathisants interrogés dans ce sondage révélé par l’Opinion feraient le même choix en 2022. C’est plus que Jean-Luc Mélenchon (55 %) et que les transferts de Benoît Hamon vers Anne Hidalgo (29 %) et Yannick Jadot (29 %). La cote de popularité du président en exercice est haute mais il reste englué dans une position périlleuse en cas de duel face à Marine Le Pen. En janvier, Harris Interactive les plaçait à 52 %-48 % en faveur du premier. Aujourd’hui, ils sont à 53 %-47 %.

« L’écart se creuse  », se réjouit-on doucement à l’Elysée. Mais pas notre lanceur d’alerte de juillet dernier : « C’est n’importe quoi de s’en prendre aux électeurs de gauche et à la Une de Libération. » Il se souvient qu’en 2017, le candidat Macron empruntait au discours populiste des accents dégagistes. Sans aucun effet dans les sondages. « Il ne décrochait aucun électeur du FN. Quand vous votez FN, vous ne revenez pas en arrière. » 84 % de ceux qui avaient choisi Marine Le Pen en 2017 confirmeraient leur vote en 2022, mesure d’ailleurs Harris Interactive. Ils seraient même 90 % en cas de candidature de Valérie Pécresse en lieu et place de Xavier Bertrand.

 

Or, depuis l’été dernier, ces tendances qui inquiètent une partie de la majorité n’ont fait que se renforcer. Emmanuel Macron a eu beau muscler sa jambe de « l’égalité des chances » pour rattraper la gauche, seule la jambe sécuritaire, marquée à droite, a imprimé. « Les sujets sur l’égalité des chances, la précarité et les jeunes ne passent pas », confiait une source élyséenne. « Emmanuel Macron ne tire pas bénéfice de ses réformes sociales, note Jean-Daniel Lévy. Qui se souvient du plan pauvreté lancé en septembre 2018 pourtant bien accueilli par les associations ? Qui se souvient de l’extension du congé parental ? »

Dans le même temps, la crise sanitaire et la campagne de vaccination au ralenti ont écorné la promesse d’efficacité. Alors que les seniors avaient délaissé le vote LR pour Emmanuel Macron aux Européennes, vont-ils tenir le barrage, eux qui sont les premiers touchés par le virus ? « L’épreuve du feu sanitaire » a nourri la déception à droite, abonde Franck Louvrier, maire LR de La Baule et ex-conseiller de Nicolas Sarkozy. Mais le problème serait plus profond : « C’est le “en même temps” qui déçoit à gauche et à droite. En voulant faire plaisir aux uns et aux autres, Emmanuel Macron perd des deux côtés de l’omelette. En principe, on doit rassembler sa famille au premier tour puis élargir au second. Mais il élargit d’abord, alors il perd partout. Le macronisme a été une opportunité, pas un positionnement politique. Cela crée des déçus qui partent vers l’abstention ou les extrêmes. »

Le Monde veut ranimer le front républicain !

Le Monde veut ranimer le front républicain !

 

De toute évidence le journal LE monde tente de ranimer le concept de front républicain , en pleine obsolescence y compris à gauche . Le seul problème c’est qu’on voit mal ce qu’il peut y avoir aujourd’hui de commun au sein des organisations très Balkanisées de cette gauche.

 

Éditorial du monde

 

 

Quatorze mois avant l’échéance présidentielle de 2022, il peut sembler prématuré de tirer le signal d’alarme autour d’une possible rupture du front républicain. Le présupposé est que la candidate du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, sera forcément au second tour de l’élection et que celui ou celle qui l’affrontera n’est plus assuré(e) de l’emporter, faute de pouvoir rassembler largement derrière sa personne le camp républicain.

Ces spéculations ne tiennent pas compte du fait que le paysage politique est encore loin d’être stabilisé. Si Marine Le Pen et le fondateur de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, se sont déjà déclarés, beaucoup d’autres candidats ne l’ont pas encore fait. L’interminable crise sanitaire contribue, en outre, à boucher l’horizon, alors que chaque campagne présidentielle crée sa propre dynamique. Les sondages publiés aujourd’hui ne sont donc que des indications, qui n’autorisent qu’une chose : s’interroger sur les ressorts de la grave crise démocratique que traverse le pays.

La consolidation de Marine Le Pen dans le paysage politique est un fait : son socle électoral apparaît solide, notamment dans les milieux populaires et chez les jeunes actifs. La politique de dédiabolisation qu’elle mène depuis 2011 pour tenter d’élargir son audience fait qu’elle a, en partie, neutralisé les réactions épidermiques que suscitait son père, Jean-Marie Le Pen. A partir du moment où la présidente du RN s’autoproclame « républicaine » et où une partie de ses adversaires la reconnaît comme telle, l’idée du front républicain se trouve automatiquement fissuré.

Le rassemblement des forces de droite et de gauche contre l’extrême droite a connu son apogée en 2002, lors du duel entre Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen. Il s’est, depuis, largement érodé : lors de l’entre-deux tours de l’élection présidentielle de 2017, Laurent Wauquiez, alors président par intérim du parti Les Républicains, n’a pas plus appelé à voter pour Emmanuel Macron que Jean-Luc Mélenchon, le candidat de La France Insoumise. Cette rupture pratiquée par certains leaders a été aussi le fait de nombreux électeurs, qui, par rage ou lassitude, passèrent outre aux consignes de leurs partis. Non seulement le front républicain a perdu de sa valeur morale, mais il a fini par apparaître à beaucoup comme un piège.

Elu au second tour de la présidentielle de 2002 avec 82,2 % des suffrages exprimés, Jacques Chirac n’a gouverné qu’avec la droite, dont il venait de réunir les composantes dans l’UMP. Elu au second tour de 2017 avec 66,1 % des suffrages, Emmanuel Macron s’est appuyé sur le parti qu’il venait de créer pour tenter de casser ceux du vieux monde, qui avaient, à ses yeux, failli. Une partie des électeurs qui avaient voté pour lui afin de faire barrage à Marine le Pen se sentent aujourd’hui ignorés, voire trahis.

La crise du front républicain recoupe celle de la représentation : des pans de plus en plus importants d’électeurs ne se sentent pas représentés, ce qui crée un fort risque de colère ou de retrait. Le record d’abstention aux élections municipales de 2020 nous l’a largement rappelé. Ces signaux inquiétants plaident pour une profonde remise en question de la pratique institutionnelle. Seule la perspective d’un contrat équitable entre les parties prenantes peut redonner consistance au front républicain. Le moment s’y prête, car, frappé par une longue crise sanitaire, le pays aura besoin, en 2022, de toutes les bonnes volontés pour se reconstruire. Cette vision nécessite cependant une révolution copernicienne tant elle apparaît à rebours de la pratique actuelle du pouvoir, centrée autour d’un seul homme, le président de la République.

Le Monde

Castex inquiet de l’obsolescence du front républicain

Castex inquiet de l’obsolescence du front républicain

 

 

Il n’est pas certain que la très forte critique de Marine Lepen  par Castex ait beaucoup d’influence sur les résultats du vote en 2022. En effet le premier ministre ne jouit pas d’une grande popularité depuis sa nomination. On peut même dire que sa prestation comme patron du gouvernement est assez insignifiante.

 

En dépit de l’énergie que met le premier ministre sa posture et son aura sont plus proches de celle d’un président de conseil départemental que de celle d’un  patron de Matignon. En outre l’intéressé chaque fois qu’il fait preuve d’un peu d’initiatives est le plus souvent désavoué par le président de la république lui-même.

 

 «La perspective que madame Le Pen se rapproche du pouvoir est extrêmement inquiétante», a estimé Jean Castex, ciblant sa «stratégie électorale» qui consiste à se «revêtir d’atours un peu plus sympathiques» alors que le «fond idéologique n’a pas changé». Face à cette perspective, «il faut que nous soyons les plus compétents, les plus convaincants pour servir notre pays, pour le transformer et pour le protéger», déclaré le premier ministre qui justement se caractérise par une compétence très douteuse et une incapacité à convaincre. Cette déclaration semble plutôt contre-productive. Elle caractérise sans doute un pouvoir qui prend conscience que le plafond de verre du rassemblement national risque de sauter avec le très net affaiblissement du reflexe  républicain.

Coronavirus : “travailleurs du « front” davantage touchés »

Coronavirus  : “travailleurs du « front” davantage touchés »

 

Dominique Méda, sociologue ,se fonde sur une étude britannique pour montrer que la surmortalité liée au Covid-19 touche d’abord les travailleurs des soins à la personne, du transport et de la vente, ( Le Monde)

Chronique

 

On sait que l’âge joue un rôle aggravant dans l’exposition à l’épidémie de Covid-19. Mais dans quelle mesure les conditions de vie et d’emploi en jouent-elles un ? Les données de l’Insee sur la Seine-Saint-Denis ont montré que ce département, dont la population est plus jeune que la moyenne, présente néanmoins un record de surmortalité : on y a recensé 130 % de décès en plus entre le 1er mars et le 27 avril par rapport à la même période en 2019.

Cette population connaît également un taux de pauvreté élevé et une forte proportion de travailleurs qui, prenant tous les jours les transports en commun, exercent des métiers dits, depuis le début de la crise sanitaire, « de première ligne ». On sait aussi qu’il existe des liens étroits entre pauvreté, conditions de vie médiocres et mauvaises conditions d’emploi. Mais peut-on aller plus loin : certains métiers présentent-ils plus de risques d’être touchés par le Covid-19 que d’autres, et pourquoi ?

Aux Etats-Unis, le profil démographique des travailleurs « de première ligne » (vente, transports publics, chauffeurs, entrepôts, services postaux, entretien, métiers du soin, travailleurs sociaux) a permis de mettre en évidence la prédominance des femmes, notamment dans les métiers du soin, du social et de la vente, ou encore la surreprésentation des personnes de couleur et touchant des salaires bas (« A Basic Demographic Profile of Workers in Frontline Industries », Hye Jin Rho, Hayley Brown, Shawn Fremstad, Center for Economic and Policy Research, 7 avril 2020). Mais cette étude ne présente pas de données sur la contamination ou la mortalité par Covid-19.

En revanche, l’équivalent britannique de l’Insee, l’Office for National Statistics (ONS), a exploité les données de mortalité par le Covid-19 (« Coronavirus (Covid-19) Roundup ») sous l’angle socioprofessionnel. L’une de ses études analyse les 2 494 décès impliquant le coronavirus intervenus entre le 9 mars et le 20 avril dans la population en âge de travailler (20-64 ans) en Angleterre et au Pays de Galles. La profession étant indiquée sur le certificat de décès, on peut comparer la composition socioprofessionnelle des personnes décédées du Covid-19 à celle de l’ensemble des personnes décédées du même âge et du même sexe.

Les plus forts taux de surmortalité concernent en premier lieu les travailleurs des métiers du soin à la personne (hors travailleurs de la santé, car les médecins et infirmières n’ont pas enregistré de surmortalité), suivis des chauffeurs de taxi et d’autobus, des chefs cuisiniers et des assistants de vente et de détail ; autrement dit, ceux que l’ONS décrits comme les « key workers », les « travailleurs essentiels ». L’ONS a aussi montré la plus forte probabilité pour les non-Blancs de décéder du coronavirus, en partie explicable par des facteurs socio-économiques.

« 

12345



L'actu écologique |
bessay |
Mr. Sandro's Blog |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | astucesquotidiennes
| MIEUX-ETRE
| louis crusol