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La French Tech inquiète de son image

La French Tech inquiète de son image

 

Le Figaro rapporte que les mots « sidération » et « incertitude » reviennent souvent dans la bouche des patrons de startups et autres représentants de la French Tech. Comme toute la France, le secteur s’est réveillé groggy le 10 juin. La décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale, puis d’organiser des élections législatives en urgence, a d’abord suscité l’incompréhension chez les dirigeants de la tech. Le secteur, qui a toujours été soutenu par ce gouvernement qu’il qualifie de « pro business » et « pro innovation », se sent menacé en cas de virage politique important.

France Digitale, l’un des syndicats professionnels du numérique, a réagi promptement en publiant une tribune le 13 juin co-signée par 200 entrepreneurs dans Les Echos. Celle-ci se veut apartisane, mais appelle à « voter pour faire gagner la France et l’Europe de l’innovation ».

Quelques jours plus tard, Philippe Corot, co-fondateur de la licorne Mirakl et « 74 autres dirigeants » signent un texte similaire sur LinkedIn. Il appelle à rejeter « les forces qui proposent le repli, la fermeture et la régression (…) ou les forces qui invitent à la division, la confrontation et la transformation radicale de notre économie ». Selon Hugo Weber, vice-président de Mirakl, ce texte appelle à ne pas voter « pour les extrêmes », mais il n’est pas partisan selon lui. « Selon les circonscriptions, les candidats de la majorité présidentielle ne seront pas seuls à représenter une alternative », précise-t-il.
des technologies pour la gestion des ressources humaines, fait confiance aux électeurs et aux institutions pour contrer les lois trop extrêmes du RN. Elle estime aussi que les entreprises engagées dans l’inclusion continueront d’agir de la sorte, même si un gouvernement d’extrême droite ne les y incite pas. « Lorsque l’Etat se détache de ses activités providentielles, c’est aux entreprises d’avoir ce rôle », observe-t-elle. En revanche, c’est la perspective d’une Assemblée Nationale ingouvernable qui l’inquiète. « Ce blocage politique pourrait conduire à un blocage social, à des manifestations, et donc à un blocage logistique, qui nuirait forcément à l’économie. L’avenir politique est plus important que l’avenir économique, mais les deux restent indissociables. »

 

La crise politique remet déjà à plus tard les projets
Avant de se projeter dans un avenir politique incertain, les dirigeants s’inquiètent déjà de cette période d’instabilité, qui vient perturber leurs affaires. Et ce, alors qu’ils font déjà face à un marché au ralenti depuis plusieurs mois, rapportent certains. « La France est très attentiste durant les grands événements. On sortait de la période des Européennes, il y avait un moment de calme avant les Jeux Olympiques, et nous voilà de nouveau dans une période tendue », observe Alain Garnier, PDG de la Jamespot. L’entrepreneur explique qu’un projet chez un client a d’ores et déjà été reculé. « On vend des solutions de digital workplace (bureau dématérialisé). C’est sûr qu’on ne pense pas à refaire ces bureaux pendant ce type de période. » Alexandre El Harouchy, fondateur de Remma, plateforme de location de matériel médical, estime de son côté ne pas comprendre la décision d’Emmanuel Macron qui « a retourné la table » et « laissé les gladiateurs dans l’arène ». Face à cette perspective « catastrophique », il dit avoir reporté des projets de recrutements.

Alain Garnier rejette en bloc la ligne du parti de Marine Le Pen. Il estime que « le repli sur soi » porté par l’extrême droite va « à l’encontre de toutes les valeurs de la tech », un écosystème « résolument tourné vers l’international ». Il reproche aussi au RN d’avoir vampirisé le terme de « souveraineté numérique ». « Eux prônent en réalité un souverainisme numérique, c’est-à-dire de choisir un acteur français, en priorité, avant tout autre argument. La souveraineté numérique ce n’est pas ça, c’est équilibrer les échanges marchands, pour éviter de continuer à laisser aux États-Unis la quasi entièreté du marché. Mais cela ne signifie pas rejeter les acteurs étrangers. »

Une inquiétude avant tout économique
Mais peu d’autres dirigeants du secteur dénoncent aussi franchement les valeurs de l’extrême droite. La plupart sont surtout inquiets des conséquences des décisions d’un gouvernement « anti business », qui serait soit incarné par le Rassemblement National, soit par le « Front Populaire », souvent qualifié d’« extrême gauche ». Rappelons que cette qualification est erronée. En mars 2024, le Conseil d’État a confirmé que LFI comme le Parti Communiste Français faisait partie du bloc de gauche, et le Rassemblement National à celui de « l’extrême droite ».

Alexandre El Harouchy, fondateur de Remma, plateforme de matériel médical d’occasion, s’inquiète d’une sortie pure et simple de l’Union Européenne côté RN, et de la remise en question du libre-échange côté Front Populaire. « 70 % de nos machines viennent d’Allemagne, aujourd’hui si on vend une machine en Grèce depuis l’Allemagne, on ne paie pas de droit de douane, tout est fluide. Il est possible que tout cela soit chamboulé. » Il se préoccupe des lois anti-immigrations prônées par le RN, mais aussi de la hausse des charges sociales qu’impliquerait un gouvernement de gauche.

Le Nouveau Front Populaire suscite parfois autant de craintes que le Rassemblement National
« Ces deux partis ont des programmes économiques flous, et sont peu connectés au monde des entrepreneurs », juge de son côté Charles Passereau, le fondateur de la startup parisienne Eversun, qui propose des panneaux solaires en abonnement. La crainte c’est que dans les deux cas, leur passage au pouvoir freine les politiques de financements de l’innovation.

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La fin de programmes de financement avantageux pour la French Tech fait effectivement partie des principales préoccupations de l’écosystème. Le plan France 2030 est notamment cité dans la tribune de France Digitale. Lancé par Emmanuel Macron en 2022, il prévoit de financer à hauteur de 54 milliards d’euros des entreprises qui aident à la décarbonation de l’économie, et celles positionnées sur des technologies d’avenir. Ce plan, déjà sous la menace de coupe budgétaire, pourrait être supprimé en cas de changement de gouvernement, craignent certains acteurs. Autre « poche d’argent » cité : Tibi 2, qui incite les industriels, banques et assurances à verser de l’argent aux fonds d’investissement, qui eux-mêmes accompagnent les startups.

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Les lois anti-immigration et le ralentissement des financements publics
L’autre source d’inquiétude régulièrement citée : les mesures anti-immigration du Rassemblement National. Olivier Martret, directeur investissement dans la société de capital-risque Serena Capital, affirme que l’ensemble des entreprises du portefeuille embauchent des talents hors de l’Union européenne, qui peuvent représenter entre 10 et 20 % des effectifs. Il s’agit de startups en pré-seed, au début donc de leurs développements. Ces recrutements de talents, qui bénéficient d’une « expérience à l’international » sont essentiels à ses yeux.

Certaines entreprises seront plus impactées que d’autres. Superprof, une edtech qui propose des cours particuliers en ligne, emploie 130 CDI dont la moitié n’a pas la nationalité française. « Mais tous travaillent depuis la France. On emploie environ 35 nationalités (indienne, américaine, chinoise, thaïlandaise…). Ces salariés sont aujourd’hui très préoccupés, ils ont peur de devoir quitter la France. Sachant qu’aujourd’hui même pour des personnes qui ont un CDI, qui sont installées en France depuis longtemps, c’est compliqué d’obtenir un Visa. »

Sous couvert d’anonymat, une licorne tricolore dont 5 % de la masse salariale n’a pas la nationalité française, confie être inquiète des mesures contraignantes en matière d’immigration. « Avoir recours à des talents étrangers est essentiel car elle permet d’une part de trouver des solutions face à la pénurie de développeurs en France, mais aussi de renforcer nos équipes de ventes et de marketing qui cherchent des clients étrangers. » Le porte-parole estime par ailleurs que l’impact psychologique sur ces salariés étrangers ne « sera pas le bienvenu. »

Sont aussi cités comme craintes potentielles : l’impossibilité de stocker ses données à l’étranger, et le blocage des investissements étrangers. « L’arrivée du Rassemblement National pourrait également compliquer les possibilités d’exit des entreprises, précise Olivier Martret, en limitant notamment l’acquisition de startups par des entreprises étrangères, et donc freiner les investisseurs étrangers, qui seraient découragés d’avance à investir dans des entreprises françaises. » Des licornes tricolores comme Mistral AI ou Mirakl sont parvenues à atteindre ce statut grâce à des investisseurs étrangers.

« Certains pensent qu’il y a du business à faire avec le Rassemblement National »
Tout l’écosystème ne partage toutefois pas ces inquiétudes. Un entrepreneur nous explique qu’une partie des dirigeants du secteur n’hésite pas à soutenir les idées de l’extrême droite. « Ils savent aussi qu’il y a du business à faire. Si le RN arrive au pouvoir, il est fort possible que le parti entame une chasse aux sorcières des acteurs économiques qui se sont opposés à eux, et qu’ils ne les choisissent pas pour de futurs appels d’offres publics par exemple. Cela s’est vu à chaque fois dans l’histoire des partis d’extrême droite. » C’est également ce qu’il ressort d’un article publié dans Contexte. Une lobbyiste pour de « grands noms de la tech » explique au média que certains de ses clients « se demandent s’ils doivent parler au RN. La question se posait depuis leur entrée à l’Assemblée en 2022, désormais elle ne se pose plus. » Elle raconte que si ses clients ont d’abord espéré que l’alliance avec LR vienne adoucir le programme du RN, « ils n’en sont plus là et veulent désormais influencer sa construction. »

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Et même les voix critiques cherchent déjà des solutions pour s’adapter en cas de virage politique. « Difficile de savoir comment cela va réellement impacter notre écosystème. Pour les fonds d’investissement, il est certain qu’un changement de politique impliquera une redirection des capitaux. » Des secteurs qui jusque-là avaient la faveur des investisseurs grâce à un contexte légal avantageux comme les green tech, les startups spécialistes de la rénovation énergétique des bâtiments, pourraient se voir moins soutenus dans les mois à venir. Le RN compte lever l’interdiction de mise sur le marché des passoires énergétiques, il compte aussi revenir sur la loi ZAN (zéro artificialisation nette). Or, de nombreuses startups, comme Kelvin (qui propose des études énergétiques des bâtiments grâce à l’intelligence artificielle) ont fait leur business model sur ces règles et les changements sociétaux qu’elles impliquent. Olivier Martret de Serena songe par ailleurs à accompagner davantage les startups vers le marché américain, pour éviter de se confronter à des changements de législations.

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Ce serait aussi un coup dur pour l’écosystème de l’IA, estime l’investisseur. La scène française avait « été replacée sur la carte internationale », mais une politique plus protectionniste pourrait ralentir cet élan.
Marine Protais
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French Tech: Déjà 120 start-ups et 163 000 salariés; En attendant 225 000 dans trois ans

French Tech: Déjà 120 start-ups et 163 000 salariés; En attendant 225 000 dans trois ans

La Tribune fait le point sur le poids économique et sociétal des startups françaises à partir d’une étude du cabinet Roland Berger.(Extrait)

 En 2020, les 120 pépites du French Tech 120 ont créé à elles seules 163.000 emplois directs et indirects en France, et 233.000 à l’international. Si la part des emplois directs est faible -26.000 contre 136.000 emplois indirects en France-, c’est parce que ces entreprises créent d’importants effets de ruissellement.

« Chaque emploi direct qu’elles créent permet, à son tour, de créer 5,2 emplois indirects qui dépendent de son activité, qu’ils soient fournisseurs, sous-traitants ou prestataires de services. La moyenne de l’ensemble des entreprises industrielles en France s’établit plutôt à 1,4 emplois indirects créés pour chaque emploi direct », explique l’étude.

Autre bonne nouvelle : le salaire médian dans les entreprises du French Tech 120 est 60% plus élevé que la médiane française. 82% des emplois sont en CDI, contre 73% dans les autres secteurs. Globalement, « les emplois du French Tech Next40/120 sont à la fois mieux rémunérés, plus stables et davantage tournés vers la jeunesse », résume l’étude. Seule ombre au tableau : la place des femmes dans les instances de direction -26%- et au poste de dirigeants -9%-. Mais ces chiffres faibles sont plus élevés que ceux des grands groupes français et européens, d’après l’index de la Commission européenne.

D’ici à 2025, Roland Berger estime que ces entreprises vont créer 224.000 nouveaux emplois directs et indirects en France. Ce qui fait de la tech le secteur le plus dynamique de l’économie française en termes de croissance des emplois. En revanche, les inégalités territoriales persistent : 76% des emplois directs dans les startups se concentrent en Ile-de-France.

L. D’après l’étude, le taux de croissance annuel moyen est de 41%. Mais il peut monter à plus de 100% par an pour les produits et solutions à destination des consommateurs (BtoC) et des professionnels (BtoB). A titre de comparaison, les entreprises du CAC40 ont atteint entre 2015 et 2019 une croissance annuelle moyenne de leur chiffre d’affaires de… 3%.Logiquement, « la contribution du French Tech Next40/120 à la relance économique et au rayonnement international de la France, à l’horizon 2025, sera déterminante« , écrit l’étude. Ses entreprises devraient ainsi représenter 6% de la croissance du PIB de la France. Signe d’une ouverture toujours plus importante à l’international, elles devraient peser 14% de la croissance des exportations françaises de biens et de services entre 2020 et 2025. De leur côté, les nouveaux emplois créés -224.000 d’ici à 2025- « contribueront notamment à la reconstitution du tissu industriel français« .

Plutôt que d’aborder la French Tech sous le prisme des secteurs d’activité que ces startups disruptent -fintech, agritech, mobilités, publicité, e-santé…-, l’étude de Roland Berger prend un parti pris intéressant qui consiste à les classer en groupes selon leur modèle d’activité. Une petite révolution méthodologique, car c’est la première fois qu’on pense la tech en tant que secteur à part entière, avec ses propres caractéristiques et ses propres modèles économiques, indépendamment des secteurs « d’origine » des startups. « Inédite, cette segmentation a permis de distinguer les spécificités propres à chaque groupe et motrices de leur succès, et de tracer des trajectoires de croissance différenciées pour chacun » précise l’étude.

L

CES : relativiser la « French Tech »

CES : relativiser la « French Tech »

 

À écouter certains médias ou même la ministre en charge du numérique la France serait à égalité avec les meilleurs en matière d’électronique. La ministre en charge du secteur Axelle Lemaire a même déclaré dans une interview accordée à La Tribune. «La France n’a pas de leçon à recevoir de la Silicon Valley». Une phrase évidemment excessive car si la France compte effectivement un grand nombre de petites start-up; ces start-up sont loin d’atteindre le niveau de développement des américaines notamment des GAFA comme Google et autres… la France ce singularise surtout sur les objets connectés avec dans certains cas de vrais  progrès mais aussi beaucoup de gadgets. L’enflure sémantique ne suit pas toujours la réalité du progrès technologique comme ce concept de réalité virtuelle augmentée. Cependant  Tout est de plus en plus connecté : la maison, le corps, le transport. Le montant des investissements certes dynamiques demeurent encore modestes. D’après CB Insights, les financements de la French Tech ont atteint un sommet depuis quatre ans à 1,5 milliard de dollars sur les neuf premiers mois de 2016 (+71% comparé à l’ensemble de 2015) et au troisième trimestre, « la France a attiré plus de financements que les startups technologiques allemandes et s’est approchée des niveaux des startups britanniques ». Parmi les nouveautés, Encore plus d’objets connectés, la montée en puissance de la commande vocale pour les piloter, sans oublier l’essor de l’intelligence artificielle et des transports autonomes (véhicules, drones…), et des modes d’interactivité encore plus complets (écrans et enceintes à plus haute résolution, réalité augmentée et virtuelle …).  Certaines inventions (ou plutôt innovations comme on les appelle désormais) marqueront durablement les esprits, comme le jeu vidéo Pong en 1975, mais d’autres tomberont vraisemblablement dans l’oubli sitôt le salon terminé.  Signe de l’engouement pour les objets connectés, l’enceinte intelligente d’Amazon, Echo, et son système de reconnaissance vocale Alexa, ont enregistré une excellente fin d’année marquée par des ruptures de stock. Une tendance qui dépasse d’ailleurs la seule reconnaissance vocale : apparaissent également des capteurs haptiques voire même… des capteurs d’activité cérébrale. L’édition 2017 voit aussi la maturation de certains champs d’innovation, et l’émergence de standards communs autour desquels peut se structurer un écosystème de technologies compatibles. C’est ainsi que Samsung a annoncé le lancement d’un aspirateur autonome qu’on peut piloter par commande vocale grâce à la technologie d’Amazon. Les réorganisations successives au fil des développements technologiques influencent d’ailleurs directement le nombre de sociétés présentes : ainsi, si 2016 avait vu les constructeurs automobiles s’allier face à la Silicon Valley, 2017 devrait les voir resserrer leurs rangs après les essais de véhicules autonomes d’Uber ou de Waymo, filiale d’Alphabet-Google.  Mercedes-Benz, Ford, Toyota ou encore Nissan seront également présents pour défendre leurs progrès en matière de véhicules autonomes, aux côtés de Tesla et Faraday Future, avec lesquels ils occuperont près d’un quart de la surface du salon. Et quid des réalités virtuelles et augmentée ?  Après une année 2016 marquée par le succès du jeu de réalité augmentée Pokemon Go, l’espace officiel consacré à la technologie comptera une vingtaine d’exposants, contre plus de 70 pour les jeux de réalité virtuelle, près du double de l’édition 2016. En revanche, Oculus, filiale de Facebook, qui y avait annoncé l’année dernière la mise en vente de son casque de réalité virtuelle grand public, ne disposera pas cette année de son propre stand.

 

(Avec agences)




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