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Banlieues: « Le risque d’ embrasement comme en 2005 ? » Frédéric Dabi (Ifop)

Banlieues: « Le risque d’ embrasement comme en 2005 ? » Frédéric Dabi (Ifop)

Après une nuit de violences urbaines, Frédéric Dabi, directeur général de l’Ifop, estime que le risque d’embrasement demeure comme en 2005 dans la Tribune .

FRÉDÉRIC DABI- Oui. Après des mois où la préoccupation des Français se cristallisait sur la réforme des retraites, Emmanuel Macron voulait passer à autre chose. Il parlait des 100 jours, même si l’expression n’a pas vraiment été perçue par les Français. Son déplacement à Marseille visait à ouvrir d’autres chantiers, celui de l’école notamment.

Avec les violences, après la mort de Nahel, il est sur une ligne de crête. Ces événements remettent sur le devant de la scène les critiques récurrentes qui lui sont faites sur l’inaction de l’Etat au niveau de la sécurité, de l’insuffisance des résultats.

Les Français, on le voit dans les enquêtes, font souvent le lien entre crise migratoire, problèmes sécuritaires et faits divers. Après le drame d’Annecy, après la professeur poignardée en plein cours, les soignantes violentées (dont une est décédée), le maire agressé… Beaucoup ont le sentiment que le pays n’est pas tenu, que l’Etat n’est plus maître chez lui, que le gouvernement est débordé.


Pour éviter des débordements, le gouvernement annonce d’importants déploiements de forces de l’ordre.

Certes, il y a la question des moyens, des services publics qui parfois sont défaillants, et du déclassement du pays. Mais, dans les enquêtes d’opinion, il est frappant de voir que la question se pose surtout, pour les Français, autour de la décision : autrement dit, ce n’est pas tant le sujet du nombre de policiers, de moyens déployés, qui marque les Français, que celle de l’insuffisance pénale.

Je note que la justice est bien plus souvent mise en cause que la police, qui garde plutôt sur le long terme une bonne image dans l’opinion. En revanche, la justice rime souvent avec inaction. Le sentiment d’une justice trop laxiste, des délinquants qui s’en sortent toujours, qui ne sont pas assez punis… revient de plus en plus dans nos études d’opinion. C’est très marquant, et c’est d’ailleurs ce qui nourrit une partie du vote d’Eric Zemmour ou de Marine Le Pen. Cela participe à l’idée de déclin du pays. Enfin, l’une des rares institutions qui garde une très bonne image dans l’opinion est l’Armée.

Y a-t-il un risque d’embrasement du pays, des banlieues comme à l’automne 2005 après la mort de Zyad et Bouna ?

L’exécutif fait tout pour l’éviter. Mais le risque est là, même s’il est encore un peu trop tôt pour le dire. Emmanuel Macron comme Elisabeth Borne font très attention à ne pas mettre de l’huile sur le feu du côté des jeunes, mais il leur faut aussi préserver les forces de l’ordre. Eviter la bourde aussi comme avait pu le faire Christophe Castaner en dénigrant les policiers. La difficulté par rapport à 2005 tient au fait que des heurts ont éclaté dans des villes d’habitude relativement calmes : Clamart dans les Hauts-de-Seine en est un bon exemple.

Mais, si jamais, les violences duraient comme en 2005, ce serait une nouvelle crise que devra surmonter le pays après celle des Gilets jaunes, le Covid, l’inflation, la crise de l’énergie liée à la guerre en Ukraine. On parle de fatigue démocratique. Il y aurait le risque pour Emmanuel Macron de se voir enfermer dans un « récit de crises ». Cela pourrait conforter encore le regard des Français sur un président qui ne gère que des événements dramatiques, en étant à la tête d’un Etat défaillant. Par ailleurs, évidemment pour Emmanuel Macron, ces violences ravivent le traumatisme des Gilets jaunes. Il avait alors été acculé face aux violences. D’où sa volonté de ne pas laisser la situation s’installer.

La révolte des Casseroles va continuer (Frédéric Souillot, FO)

La révolte des Casserole va continuer (Frédéric Souillot, FO)


Pour le leader de Force ouvrière, la révolte des casseroles va continuer après la grande manifestation du 1er mai. Interview dans le JDD.

Ce 1er-Mai pourrait rassembler près de 600 000 personnes. Pourquoi une tel niveau de participation ?
Cette fête des travailleurs se déroule dans l’unité syndicale et rien que ça, c’est historique. La réforme des retraites et le recul des droits décidé par l’exécutif ne passent toujours pas : 70 % des Français disent qu’il faut continuer à manifester et 94 % sont opposés aux 65 ans. En expliquant encore que travailler plus longtemps est nécessaire, Emmanuel Macron balaie d’un revers de la main les millions de personnes qui n’y croient pas. Tout comme il a balayé les valeurs de la République en recourant au 49-3, au vote bloqué etc. Plus que l’incompréhension vis-à-vis de la réforme, c’est le mépris du Président qui mobilise. Ce 1er-Mai ne sonne pas la fin du mouvement.

Le texte a été adopté, puis validé par le Conseil constitutionnel. N’est-ce pas un coup pour rien ?
Manifester lors de la Journée internationale des travailleurs, ça n’est jamais un coup pour rien ! Réécoutez les déclarations de Jacques Chirac et de Dominique de Villepin avant le 1er mai 2006, en plein conflit sur le contrat première embauche, ou celles d’Emmanuel Macron en juin 2020 sur la création d’un système universel de retraite : vous verrez bien que des lois ont beau avoir été votées, elles n’ont jamais été appliquées. C’est quand les musiciens rangent leurs instruments que le bal est vraiment terminé. Nous continuerons à nous mobiliser pour faire reculer le gouvernement. Ça n’est pas un coup d’épée dans l’eau.

Redoutez-vous des débordements ?
La colère est légitime, la violence non. Depuis le 19 janvier, elle n’est pas venue des cortèges syndicaux. Les militants sont en colère. Pas violents. Regardez les casserolades ! Ça s’appelle de la contestation. Pas autrement.

L’unité syndicale est-elle terminée ?

Elle n’est pas fragilisée, il n’y a pas un gravier entre nous. Nos communiqués mentionnent nos logos, pas nos photos. Même si la direction de certaines organisations change, la ligne contre la réforme des retraites reste identique.

Le Conseil constitutionnel se prononce le 3 mai sur le référendum d’initiative partagée. Y êtes-vous favorable ?
Il avait été mis en place sous Nicolas Sarkozy et n’a jamais été utilisé. Il ne suspend pas l’application de la réforme. Si le RIP est validé par le Conseil constitutionnel, on donnera un coup de main pour constituer le corps électoral, mais les mobilisations se poursuivront. Pour tous ceux qui seront partis plus tard, que fera-t-on puisqu’une loi n’est jamais rétroactive ? Le RIP n’est pas l’alpha et l’oméga de la bataille : c’est la non-application de la loi sur les retraites.

L’unité syndicale n’est pas fragilisée, il n’y a pas un gravier entre nous

Participerez-vous aux concertations sur le pacte de la vie au travail ?
Je ne sais pas de quoi vous ­parlez. Je n’ai reçu ni convocation ni information au-delà de ce que j’ai vu dans les médias. Mardi matin, nous en discuterons dans le cadre de l’intersyndicale, tant sur notre participation que sur les sujets à porter ensemble : pouvoir d’achat, hausse des salaires, dégel du point d’indice…

Croyez-vous à la volonté d’écoute du gouvernement ?
Si elle existait, il nous aurait ­entendus en juillet, puis en octobre et en janvier dernier. Après les élections législatives, Emmanuel Macron nous a fait le coup du « je vous ai compris » du général de Gaulle. Pourquoi, un an plus tard, nous écouterait-il alors qu’il reste sourd aux revendications des millions de Français dans la rue depuis quatre mois ?

Frédéric Beigbeder à l’Académie française ! Pourquoi pas aussi Cyril Hanouna ou Patrick Sébastien

Culture- Frédéric Beigbeder à l’Académie française ! Pourquoi pas aussi Cyril Hanouna ou Patrick Sébastien

le journal Marianne qui n’est pas une contradiction près en matière de populisme suggère finalement l’entrée de Frédéric Beigbeder à l’académie française.
le journal évoque cependant le profil tapageur de l’intéressé  » Journaliste, éditeur médiatique, apprécié et primé, l’auteur de 99 francs (2000), de L’amour dure trois ans (1997), d’Un roman français (2009), est lui aussi un candidat sérieux. Avec un profil certes un peu tapageur. Arrêté en plein Paris pour consommation et détention de cocaïne (en 2008), soutien repenti de l’écrivain Gabriel Matzneff accusé de pédophilie (à la suite de la publication du Consentement, de Vanessa Springora), pointé a posteriori pour inaction dans l’affaire Patrick Poivre d’Arvor, complaisant avec Roman Polanski… Beigbeder collectionne les frasques et sa réputation n’est plus à faire.  »

Pourtant Marianne considère que Frédéric Beigbeder serait un candidat très sérieux et un digne successeur de François Nourissier !

On a pourtant du mal à distinguer la moindre originalité dans l’œuvre et dans les propos de celui qui fréquente les salons médiatiques. Si Beigbeder doit rentrer à l’Académie française alors il faudra aussi rapidement y faire entrer aussi Cyril Hanouna encore beaucoup plus médiatique, plus provocateur et plus exhibitionniste. Les orthodoxes objecteront que l’intéressé n’a jamais rien écrit ou apporter quoi que ce soit à la pensée française mais il ne semble pas que ce soit aujourd’hui un obstacle. Patrick Sébastien pourrait également y avoir sa place pour son œuvre historique « les sardines », sorte d’opéra chanté !

À noter cependant l’œuvre littéraire incontournable de Cyril Hanouna: Les Peopleries – 300 potins de vos stars préférées ! (avec Fabien Lecœuvre), Éditions de la Lagune – juin 2005
Sans parler des » sardines » oeuvre chantée de Patrick Sébastien.

Frédéric Beigbeder à l’Académie française ! Pourquoi pas aussi Cyril Hanouna

Frédéric Beigbeder à l’Académie française ! Pourquoi pas aussi Cyril Hanouna ?

le journal Marianne qui n’est pas une contradiction près en matière de populisme suggère finalement l’entrée de Frédéric Beigbeder à ‘académie française.
le journal évoque cependant le profil tapageur de l’intéressé  » Journaliste, éditeur médiatique, apprécié et primé, l’auteur de 99 francs (2000), de L’amour dure trois ans (1997), d’Un roman français (2009), est lui aussi un candidat sérieux. Avec un profil certes un peu tapageur. Arrêté en plein Paris pour consommation et détention de cocaïne (en 2008), soutien repenti de l’écrivain Gabriel Matzneff accusé de pédophilie (à la suite de la publication du Consentement, de Vanessa Springora), pointé a posteriori pour inaction dans l’affaire Patrick Poivre d’Arvor, complaisant avec Roman Polanski… Beigbeder collectionne les frasques et sa réputation n’est plus à faire.  »

Pourtant Marianne considère que Frédéric Beigbeder serait un candidat très sérieux et un digne successeur de François Nourissier !
On a pourtant du mal à distinguer la moindre originalité dans l’œuvre et dans les propos de celui qui fréquente les salons médiatiques. Si Beigbeder doit rentrer à l’Académie française alors il faudra aussi rapidement y faire entrer aussi Cyril Hanouna encore beaucoup plus médiatique, plus provocateur et exhibitionniste.Les orthodoxes objecteront que l’intéressé n’a jamais rien écrit ou apporter quoi que ce soit à la pensée française mais il ne semble pas que ce soit aujourd’hui un obstacle.

À noter cependant l’œuvre littéraire incontournable de Cyril Hanouna: Les Peopleries – 300 potins de vos stars préférées ! (avec Fabien Lecœuvre), Éditions de la Lagune – juin 2005

Un retour durable de l’inflation( Frédéric Leroux)

Un retour durable de l’inflation ( Frédéric Leroux)

 

Comment faire face à un retour durable de l’inflation par Frédéric Leroux ,membre du comité d’investissement stratégique de Carmignac dans » l’Opinion ».

 

L’élection présidentielle, la prise de conscience depuis le coronavirus et la guerre en Ukraine de la triple dépendance industrielle, énergétique et militaire française ainsi que le retour de l’inflation créent une opportunité bienvenue de réorienter l’épargne des Français vers le nécessaire redéploiement économique du pays.

Traiter ces dépendances par la réindustrialisation va nécessiter la mobilisation de moyens considérables que notre situation budgétaire rend inaccessibles. Le concours des épargnants pourrait être la solution alors que le retour durable de l’inflation mettra à mal les placements qu’ils privilégient encore aujourd’hui. L’installation durable de l’inflation dans le paysage économique est en effet de plus en plus probable. Au-delà des facteurs conjoncturels bien identifiés, d’autres plus structurels émergent.

Le premier d’entre eux est l’évolution de la démographie mondiale, qui réduit le nombre d’épargnants dans leurs années fastes, ces fournisseurs de capital, facilitateurs de productivité et de désinflation. Et augmente simultanément le nombre de consommateurs. Le suivant est le vieillissement de la population chinoise qui incitera de moins en moins le pays à chercher dans les exportations à bas prix les clés de sa prospérité : la douloureuse pression baissière sur les salaires mondiaux devrait donc s’estomper. De plus, il semble possible que la désinflation imprimée par l’e-commerce touche à sa fin avec des prix en hausse continue depuis mi-2020.

 Il convient ensuite d’intégrer dans la dynamique inflationniste les prix énergétiques et des métaux, impliqués dans la filière électrique due à la transition énergétique menée à marche forcée, et de noter le grand retour des politiques budgétaires. Ces dernières favorisent la demande et l’inflation, actant de l’échec des politiques monétaires non conventionnelles.

« Comment fait-on pour que l’épargne des ménages ne soit pas laminée par cette inflation, et la hausse des taux d’intérêt induite qui pèsent déjà sur le pouvoir d’achat ? »

Enfin, comment ne pas ressentir l’aspiration populaire à la moralisation des décisions économiques au détriment de leur stricte efficacité ? Moins d’efficacité, c’est aussi davantage d’inflation. La désinflation liée au progrès technologique pourrait ne plus suffire à assurer la stabilité des prix dans les années à venir.

Comment fait-on alors pour que l’épargne des ménages ne soit pas laminée par cette inflation, et la hausse des taux d’intérêt induite qui pèsent déjà sur le pouvoir d’achat ? Dans les programmes des deux candidats finalistes de l’élection présidentielle, deux mesures revêtent un intérêt particulier pour un développement ambitieux et vertueux de l’épargne dans un contexte inflationniste.

La première mesure est la généralisation du dispositif d’intéressement/participation aux résultats des entreprises à toutes celles qui distribuent des dividendes à leurs actionnaires. Cette idée présente l’avantage de pouvoir aligner les intérêts des employés et ceux de leur entreprise en contribuant à un complément de rémunération bienvenu, dépendant des profits, impactés par les prix. Un tel projet est capable de renforcer l’adhésion à l’objet social et la compétitivité des entreprises concernées.

La seconde mesure intéressante, bien que floue, est la création d’un Fonds Souverain Français, exclusivement financé sur fonds privés, ayant vocation à investir dans des secteurs économiques stratégiques et dans le renforcement des fonds propres des entreprises. Si ce Fonds – ou tout autre dispositif – pouvait spécifiquement réorienter l’épargne des ménages vers de l’investissement en actions concentré sur les dépendances industrielles, énergétiques et militaires, l’idée nous paraîtrait excellente à bien des égards.

D’abord cette mesure ne détériorerait pas davantage les comptes publics puisqu’elle fait appel à la seule épargne privée. Ensuite elle permettrait de capitaliser sur notre mix énergétique qui fait la part belle au nucléaire dont les mérites sont enfin (!) reconnus ; il est plus facile de devenir une économie industrielle lorsque la fourniture énergétique est largement domestique.

Enfin, cela donnerait aux épargnants un accès à un investissement capable de prospérer en ambiance inflationniste. En effet, des actions de sociétés industrielles de qualité seront moins (voire pas du tout) affectées par la hausse des taux d’intérêt que les placements obligataires (dont l’assurance vie en euro) ou que les actions de sociétés peu dépendantes du cycle économique.

 Il existe donc une opportunité majeure de faire converger, dans le contexte inflationniste qui se précise, les intérêts de l’Etat et des épargnants, après une longue décennie où leur épargne aura été dirigée vers le financement de la dette publique française contre une rémunération négative. Bien sûr, il conviendrait d’imaginer un dispositif suffisamment motivant car on ne réoriente pas l’épargne – des emprunts d’Etat vers les actions de sociétés industrielles – sans un minimum d’assurances et d’incitations.

« Reconnaissons définitivement nos dangereuses dépendances, admettons que l’inflation revient et mettons en œuvre des moyens solides pour y faire face, en s’appuyant sur nos atouts »

Nous avons assez souffert de nos faiblesses relatives ces dernières décennies. Nous n’avons que trop souvent éreinté notre compétitivité en nous auto-infligeant parfois des contraintes nationales au-delà de ce qu’exigeait notre appartenance à l’Europe. Reconnaissons définitivement nos dangereuses dépendances, admettons que l’inflation revient et mettons en œuvre des moyens solides pour y faire face, en s’appuyant sur nos atouts.

Reconstruire un secteur industriel digne de ce nom, pourvoyeur d’emplois qualifiés, bien payés grâce à des marges élevées et à une productivité industrielle toujours améliorable, principalement financée en actions par l’épargne privée. Voilà un excellent moyen de contribuer à résoudre l’équation économique qui nous est proposée pour les décennies qui viennent.

Faisons en sorte que l’inflation ne soit pas une fatalité. Pour cela, réfléchissons à une politique économique et à des mesures spécifiques adaptées à l’inversion probable des moteurs de l’économie mondiale après 40 ans de désinflation.

Frédéric Leroux est membre du comité d’investissement stratégique de Carmignac.

 

Léna Situations : «147 PAGES DE VIDE, 19 EUROS 50 DE PERDUS» d’après l’insignifiant mondain Frédéric Beigbeder

Léna Situations : «147 PAGES DE VIDE, 19 EUROS 50 DE PERDUS» d’après l’insignifiant mondain Frédéric Beigbeder

 

Il est clair que le Figaro nous a habitué à des critiques littéraires non seulement enrichissantes mais également très pertinentes. Il y a évidemment toujours des exceptions notamment celle de l’insignifiant mondain Frédéric Beigbeder, qui passe sans doute davantage de temps dans les médias et les soirées parisiennes qu’à écrire. On serait d’ailleurs bien en peine de citer un livre un peu significatif de l’intéressé.

Pourtant Frédéric Beigbeder supposé écrivain, assassine littéralement le succès du livre de l’influenceuse de Frédéric Beigbeder. On se demande ce qui justifie une telle rancœur à l’égard d’un livre qui ne se veut nullement à caractère littéraire mais simplement une espèce de guide avec des recettes de comportements pour les jeunes. À ce compte Frédéric Beigbeder pourrait aussi assassiner les livres gastronomiques à succès. D’autant que Frédéric Beigbeder est sans doute à la littérature ce que McDo est à la gastronomie.

Certes on connaît la problématique des influenceurs (financés par la pub) et leur rôle dans la société surtout chez les jeunes. Pour autant assassiner  avec une telle vigueur un ouvrage révèle la rancœur et l’insignifiance d’un Frédéric Beigbeder. Après avoir conquis Youtube, Instagram et TikTok, l’influenceuse Lena Situations s’est lancée dans l’édition. Une idée qui n’a pas dpnc beaucoup plu à Frédéric Beigbeder.

«Léna Situations est le pseudonyme de Léna Mahfouf. Sans doute un hommage inconscient à Jean-Paul Sartre qui publia chez Gallimard dix tomes de Situations entre 1947 et 1976, mais en caractères plus petits.» Ainsi commence la chronique de Frédéric Beigbeder.

Dans «Autobiographie d’une inconnue célèbre», publié dans Le Figaro ce 6 novembre, l’écrivain et critique littéraire s’est intéressé au nouveau phénomène de l’édition : Léna Situations.

A 22 ans, cette Youtubeuse connue pour filmer son quotidien a sorti «Toujours plus, + = +»Le livre, paru chez Robert Laffont le 24 septembre, donne des conseils pour rester positif. Résultat : 22 500 exemplaires vendus en une semaine. Léna Situations affiche des scores semblables à ceux de Ken Follet. Sauf que lui écrit des best-sellers depuis 30 ans.

Pour Frédéric Beigbeder, cette nouvelle tendance n’a rien d’admirable : «Entre l’Être et le Néant, Léna Situations privilégie plutôt la seconde option.»

Il reproche à l’influenceuse «un unique message, martelé à chaque page», un «style écoeurant de démagogie» et «une inculture assumée».

Beigbeder résume en écrivant que «Toujours plus» constitue, selon lui, «147 pages de vide» et «19 euros 50 de perdus».

Le discours n’a pas du tout plu au public de Léna Situations. Les abonnés de l’influenceuse, soit 1,6 million de personnes sur sa chaîne Youtube, 2,4 millions sur son compte Instagram et 1,3 millions sur TikTok, reprochent à Beigbeder de s’en prendre plus à la jeune femme qu’à son livre.

Fredo il a tellement le seum qu’une nana comme Léna (càd jeune et issue de la génération réseaux sociaux) soit numéro 1 des ventes de livres depuis un mois qu’il s’est dit qu’il allait la défoncer gratos dans Le Figaro !

Comme dirait Greta : Chill Fredo, Chill ! pic.twitter.com/22xGSvTTu9

— Emilie_Martinoff (@EmilieMrt) November 7, 2020

Plus particulièrement, la remarque de Beigbeder sur « l’inculture assumée » de Léna Situations a fait bondir les internautes.

Beigbeder qui cite le plus possible de noms propres pour se poser en père-morale-rigueur-culture et nous faire oublier qu’il n’était pas capable d’écrire une chronique correcte pour France Inter et qu’on le connaît surtout pour ses soirées et ses sniffages de coke en public : lol https://t.co/pIHIWeCEkp

— Laélia Véron (@Laelia_Ve) November 7, 2020

La militante et journaliste Rokhaya Diallo a d’ailleurs qualifié de sexiste le texte de Beigbeder, qui traduit selon elle «de la jalousie doublée d’aigreur et teintée de ce sexisme qui méprise les productions féminines».

Quant à Léna Situations, elle a répliqué comme à son habitude : via les réseaux sociaux, et avec humour.

je lui dois de l’argent ou quoi? https://t.co/HkVvVAzEZt

— lena situations (@lenasituations) November 7, 2020

« L’État n’a tiré aucun enseignement de la première vague du virus (Frédéric Valletoux -FHF)

 

 

Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France FHF et maire (Agir) de Fontainebleau, estime que l’État n’a tiré aucun enseignement de la première vague du virus dans une interview à la Tribune.

Les annonces d’Emmanuel Macron de reconfinement nocturne avec le couvre-feu en Île-de-France et 8 métropoles vont-elles dans le bon sens pour les hôpitaux ?

Frédéric Valletoux : Ces annonces reflètent l’inquiétude face aux indicateurs de contamination qui repartent à la hausse. Elles ont l’avantage de mettre en œuvre des mesures graduées selon l’intensité des situations dans chaque métropole et territoire, contrairement aux mesures prises au printemps. Les nouvelles mesures annoncées par Emmanuel Macron ont pour objectif d’endiguer cette deuxième vague mais il faudra qu’elles soient appliquées de manière cohérente et responsable. Dès la fin de la première vague, la FHF avait pourtant proposé des pré-requis pour éviter d’en revenir à une telle situation : nous demandions notamment une plus grande transparence sur les projections épidémiologiques afin de poser une règle générale sur les capacités de réanimation. Nous avions également préconisé la mise en place de circuits COVID / non-COVID dans l’ensemble des établissements afin de garantir la continuité des soins hors coronavirus. Il nous semblait enfin essentiel de prendre en compte les besoins des professionnels de santé et l’organisation de renforts pour garantir congés et reprise d’activité. Alors oui, ces mesures vont dans le bon sens. Elles arrivent sans doute un peu tard et ne se substituent pas à aux mesures que je viens de citer qui auraient dû être prises dès l’été par les autorités sanitaires.

Les hôpitaux sont-ils bien préparés à l’arrivée de cette deuxième vague de contamination ?

Oui, car la question cruciale du manque d’équipements de protection est résolue, les stocks ont été reconstitués. Mais l’État n’a pas été assez vigilant pour tirer toutes les leçons de la première séquence, peut-être par manque de retour d’expérience. Aujourd’hui, beaucoup de questions sur lesquelles on aurait pu avancer en préparation de cette rentrée n’ont pas été traitées. Je pense à la coordination entre la médecine de ville et la médecine hospitalière, ou entre les hôpitaux et les cliniques.

« Coronavirus: l’hystérie économique » ( Frédéric Gonand)

« Coronavirus: l’hystérie économique » ( Frédéric Gonand)

Frédéric Gonand est professeur d’économie à l’Université Paris-Dauphine décrypte l’hystérie qui affecte actuellement la sphère économique dans un papier de l’Opinion

 

 

« L’effet économique direct du coronavirus en France était très limité. Avec la réaction hystérique des pouvoirs publics occidentaux, ses implications macroéconomiques vont être sensibles, et peut-être massives.

Sur l’effet économique direct : si l’on en croit les statistiques fournies par les pouvoirs publics, elle concerne un phénomène qui a coûté la vie à ce jour à 61 personnes (souvent déjà affaiblies par la maladie), soit environ 0,00009 % de la population, et contaminé 2 876 personnes, soit 0,00429 % de la population – tout cela en deux mois. Par conséquent, l’effet économique direct de l’épidémie aurait surtout transité par le ralentissement de l’activité chinoise et ses implications pour nos entreprises. Au total, l’effet direct aurait pu être contenu à 0,1 % du PIB, peu ou prou, dans notre pays.

En Chine, il sera plus important car le pouvoir en place a tiré profit de l’épidémie pour renforcer singulièrement les pouvoirs du Parti grâce à des mesures très fermes. L’activité commence déjà à redémarrer dans l’Empire du Milieu.

On pense à Philippe Seguin qui enseignait sagement qu’un vote unanime et émotionnel cache souvent mal une grosse erreur

Imprévisibilité. Las, les pouvoirs publics européens se sont lancés en mars 2020 dans une course à l’échalote autoentretenue particulièrement mortifère pour l’économie. Déficits publics illimités (les générations futures, qui rembourseront, vont encore apprécier), marchés financiers déstabilisés (alors qu’ils étaient déjà fragilisés), anticipations d’activité saccagées par tant d’incertitudes et d’imprévisibilité (y compris du côté de la Fed)… et désormais vie quotidienne des Français, jeunes et moins jeunes, désorientée : tout cela pour une maladie dont vous auriez peine à trouver des personnes atteintes dans votre entourage au cours des deux derniers mois. La situation est un cas d’école de phénomène irrationnel autoentretenu, une vraie montée aux extrêmes.

La disproportion entre le choc initial et la caisse de résonance à peine croyable que lui ont offerte les politiques économiques interroge. Elle est en tout cas bien en phase avec la littérature macroéconomique des années 2010 qui a beaucoup étudié l’influence sur la croissance des phénomènes informationnels. Elle reflète sans doute la pression qu’exerce un pays sur ses voisins lorsqu’il prend des mesures massives. Elle n’en demeure pas moins massivement anxiogène pour la population. La pression majoritaire fait taire toute voix se risquant à prendre le parti de souligner le hiatus pourtant très apparent.

L’on n’ose pas croire que les chiffres publics soient erronés. Et l’on pense donc à Philippe Seguin qui enseignait sagement qu’un vote unanime et émotionnel cache souvent mal une grosse erreur. Il est à craindre que telle soit aujourd’hui la situation : celle, dans le contexte d’une réforme des retraites devenue comme un coq sans tête, d’une nouvelle erreur d’appréciation et de pilotage, dont le coût économique apparaît bientôt comme considérable et surtout sans rapport étroit avec le choc sanitaire initial. »

Société- La logique de rentes des hauts fonctionnaires (Fabien Tastet)

Société- La  logique de rentes des hauts fonctionnaires (Fabien Tastet)

Fabien Tastet , Président de l’Association des hauts fonctionnaires territoriaux,  appelle à une profonde transformation des élites administratives françaises, dans l’Opinion

 

Vous plaidez pour une réforme de la haute fonction publique. Pourquoi jugez-vous ce chantier important et urgent ?

C’est une réforme très politique. Loin de la seule science administrative qui n’intéresserait qu’un club d’initiés. Si elle est bien menée, elle peut avoir un fort impact sur le pays et répondre à certains de ses maux.

Comme celui, souvent dénoncé, de la « déconnexion des élites » ?

Oui. Pour répondre à la panne de l’ascenseur social, il faut mieux assurer l’égalité des chances et renforcer la méritocratie. Cela passe d’abord par le recrutement, car aujourd’hui, la haute fonction publique ne reflète pas la sociologie et la géographie de la société française. Avec mes alter ego de la fonction publique d’Etat et de la fonction publique hospitalière, nous proposons ainsi de développer les classes préparatoires intégrées pour arriver à 1 000 élèves, soit trois fois plus qu’aujourd’hui, qui recevraient une aide mensuelle de 500 euros. Il faut aller chercher davantage les candidats dans les quartiers difficiles, les zones rurales, les milieux défavorisés.

Des efforts n’ont-ils pas déjà été faits pour accroître cette diversité ?

Certes, mais beaucoup d’élèves de l’ENA sont issus de milieux franciliens. Les Français considèrent que les hauts fonctionnaires ne leur ressemblent pas.

Mais n’est-ce pas le propre de l’élitisme républicain ?

Nous avons, bien sûr, besoin d’une élite mais l’accès à cette élite doit être démocratisé. La méritocratie, ce n’est pas bénéficier d’une position à vie et ne jamais être challengé. Les hauts fonctionnaires le savent. Ils entendent les critiques sur la « fracture », le rejet de la classe dirigeante, la défiance…

En souhaitant la « suppression » de l’ENA en avril dernier, Emmanuel Macron n’a-t-il pas pris le risque d’alimenter ce rejet, déjà très nourri par la crise des Gilets jaunes ?

Il a eu raison de prendre l’initiative de la réforme. Parler de l’ENA, des grands corps de l’Etat, c’est aussi une façon d’intéresser l’opinion. Il fallait mettre le sujet sur la table et il n’est pas anormal d’avoir quelques « têtes de gondole » pour l’aborder, ni de marketer l’annonce d’une réforme. Les hauts fonctionnaires sont des hommes et des femmes de qualité. Ce n’est pas un problème de personnes, mais de système.

Parmi les pistes évoquées pour la réforme, l’une semble tenir la corde : la mise en place d’un tronc commun regroupant l’ENA, les futurs magistrats, commissaires, cadres de la territoriale, de la santé publique. Après ces quelques mois ensemble, chacun rejoindrait son école. Quel est l’avantage ?

Une culture commune et davantage de diversité. Nous sommes favorables à cette formation commune, qui devra durer au moins trois mois. Des matières comme le droit ou l’économie concernent tous les élèves et il existe sans doute plusieurs façons de penser l’économie. Si on ne veut plus de pensée unique, il faut créer ce brassage entre l’ENA et les autres formations, développer la recherche et la dispute intellectuelle au sens du Moyen-Age. Mais il n’est pas nécessaire de fusionner les écoles. Il ne faut ni ENA bis, ni moule unique.

Des élèves des grands corps techniques de l’Etat, comme les Mines, les Ponts et chaussées, doivent-ils être associés à ce tronc commun ?

Nous ne l’avons pas proposé mais cela peut être intéressant. Après tout, connaître la procédure parlementaire est utile à un ingénieur. Cela étant, l’idée n’est pas d’allonger les scolarités (de 24 mois à l’ENA, de 18 mois pour les fonctionnaires territoriaux). L’objectif est aussi de multiplier les stages pratiques, d’être dans le concret, la vraie vie. Nous suggérons, par exemple, que les futurs hauts fonctionnaires puissent remplacer des cadres administratifs absents. C’est une proposition peut-être audacieuse mais, après tout, il y a de l’absentéisme dans les ministères et ces remplacements permettraient de faire des économies en évitant d’avoir recours à des contractuels.

Au nombre des projets, figure aussi une meilleure gestion des carrières. Les ressources humaines, c’est le point faible ?

C’est sans doute le plus gros chantier. Aujourd’hui, l’administration est trop segmentée entre fonction publique d’Etat, territoriale et hospitalière. Chacun court dans son couloir. Il n’y a pas de hauts fonctionnaires de terrain parmi les directeurs d’administrations centrales. Pas d’ancien directeur général des services d’une collectivité, pas d’ex-directeur d’hôpital qui enrichiraient de leur expérience la haute fonction publique d’Etat. Nous plaidons pour que ces carrières se mélangent. La direction des collectivités territoriales, au ministère de l’Intérieur, n’a, par exemple, jamais été dirigée par un haut fonctionnaire territorial…

Etes-vous favorable à la fin de l’accès direct aux grands corps (Inspection des finances, Cour de comptes, Conseil d’Etat, etc.) à la sortie de l’ENA ?

Ce qu’il faut changer c’est cette logique de rente et de reproduction sociale qui ne plaît pas beaucoup aux Français. Les énarques qui intègrent les grands corps passent directement de l’école à une fonction de contrôle, sans avoir travaillé dans l’administration active. Une autre clé de la réforme est là. Une politique de quotas pourrait tout à fait être appliquée, imposant la règle que sur trois postes de directeurs dans un ministère, l’un soit attribué à un haut fonctionnaire venant du terrain.

 

Mettre fin à la logique de rentes des hauts fonctionnaires (Frédéric Thiriez, avocat)

 

Mettre fin à la logique de rentes des hauts fonctionnaires (Frédéric Thiriez, avocat)

Frédéric Thiriez, avocat chargé d’un rapport sur l’évolution du statut et de la formation des hauts  fonctionnaires estime dans le Monde  il faut mettre fin à la logique de rente dont bénéficient les intéressés.

Vous plaidez pour une réforme de la haute fonction publique. Pourquoi jugez-vous ce chantier important et urgent ?

C’est une réforme très politique. Loin de la seule science administrative qui n’intéresserait qu’un club d’initiés. Si elle est bien menée, elle peut avoir un fort impact sur le pays et répondre à certains de ses maux.

Comme celui, souvent dénoncé, de la « déconnexion des élites » ?

Oui. Pour répondre à la panne de l’ascenseur social, il faut mieux assurer l’égalité des chances et renforcer la méritocratie. Cela passe d’abord par le recrutement, car aujourd’hui, la haute fonction publique ne reflète pas la sociologie et la géographie de la société française. Avec mes alter ego de la fonction publique d’Etat et de la fonction publique hospitalière, nous proposons ainsi de développer les classes préparatoires intégrées pour arriver à 1 000 élèves, soit trois fois plus qu’aujourd’hui, qui recevraient une aide mensuelle de 500 euros. Il faut aller chercher davantage les candidats dans les quartiers difficiles, les zones rurales, les milieux défavorisés.

Des efforts n’ont-ils pas déjà été faits pour accroître cette diversité ?

Certes, mais beaucoup d’élèves de l’ENA sont issus de milieux franciliens. Les Français considèrent que les hauts fonctionnaires ne leur ressemblent pas.

Mais n’est-ce pas le propre de l’élitisme républicain ?

Nous avons, bien sûr, besoin d’une élite mais l’accès à cette élite doit être démocratisé. La méritocratie, ce n’est pas bénéficier d’une position à vie et ne jamais être challengé. Les hauts fonctionnaires le savent. Ils entendent les critiques sur la « fracture », le rejet de la classe dirigeante, la défiance…

En souhaitant la « suppression » de l’ENA en avril dernier, Emmanuel Macron n’a-t-il pas pris le risque d’alimenter ce rejet, déjà très nourri par la crise des Gilets jaunes ?

Il a eu raison de prendre l’initiative de la réforme. Parler de l’ENA, des grands corps de l’Etat, c’est aussi une façon d’intéresser l’opinion. Il fallait mettre le sujet sur la table et il n’est pas anormal d’avoir quelques « têtes de gondole » pour l’aborder, ni de marketer l’annonce d’une réforme. Les hauts fonctionnaires sont des hommes et des femmes de qualité. Ce n’est pas un problème de personnes, mais de système.

Parmi les pistes évoquées pour la réforme, l’une semble tenir la corde : la mise en place d’un tronc commun regroupant l’ENA, les futurs magistrats, commissaires, cadres de la territoriale, de la santé publique. Après ces quelques mois ensemble, chacun rejoindrait son école. Quel est l’avantage ?

Une culture commune et davantage de diversité. Nous sommes favorables à cette formation commune, qui devra durer au moins trois mois. Des matières comme le droit ou l’économie concernent tous les élèves et il existe sans doute plusieurs façons de penser l’économie. Si on ne veut plus de pensée unique, il faut créer ce brassage entre l’ENA et les autres formations, développer la recherche et la dispute intellectuelle au sens du Moyen-Age. Mais il n’est pas nécessaire de fusionner les écoles. Il ne faut ni ENA bis, ni moule unique.

Des élèves des grands corps techniques de l’Etat, comme les Mines, les Ponts et chaussées, doivent-ils être associés à ce tronc commun ?

Nous ne l’avons pas proposé mais cela peut être intéressant. Après tout, connaître la procédure parlementaire est utile à un ingénieur. Cela étant, l’idée n’est pas d’allonger les scolarités (de 24 mois à l’ENA, de 18 mois pour les fonctionnaires territoriaux). L’objectif est aussi de multiplier les stages pratiques, d’être dans le concret, la vraie vie. Nous suggérons, par exemple, que les futurs hauts fonctionnaires puissent remplacer des cadres administratifs absents. C’est une proposition peut-être audacieuse mais, après tout, il y a de l’absentéisme dans les ministères et ces remplacements permettraient de faire des économies en évitant d’avoir recours à des contractuels.

Au nombre des projets, figure aussi une meilleure gestion des carrières. Les ressources humaines, c’est le point faible ?

C’est sans doute le plus gros chantier. Aujourd’hui, l’administration est trop segmentée entre fonction publique d’Etat, territoriale et hospitalière. Chacun court dans son couloir. Il n’y a pas de hauts fonctionnaires de terrain parmi les directeurs d’administrations centrales. Pas d’ancien directeur général des services d’une collectivité, pas d’ex-directeur d’hôpital qui enrichiraient de leur expérience la haute fonction publique d’Etat. Nous plaidons pour que ces carrières se mélangent. La direction des collectivités territoriales, au ministère de l’Intérieur, n’a, par exemple, jamais été dirigée par un haut fonctionnaire territorial…

Etes-vous favorable à la fin de l’accès direct aux grands corps (Inspection des finances, Cour de comptes, Conseil d’Etat, etc.) à la sortie de l’ENA ?

Ce qu’il faut changer c’est cette logique de rente et de reproduction sociale qui ne plaît pas beaucoup aux Français. Les énarques qui intègrent les grands corps passent directement de l’école à une fonction de contrôle, sans avoir travaillé dans l’administration active. Une autre clé de la réforme est là. Une politique de quotas pourrait tout à fait être appliquée, imposant la règle que sur trois postes de directeurs dans un ministère, l’un soit attribué à un haut fonctionnaire venant du terrain.

 

«L’inflation menace la croissance » (Frédéric Prêtet)

 

Interview de Frédéric Prêtet, économiste, dans l’Opinion

 

Comment expliquer le bond d’inflation en mai ?

Depuis deux à trois mois, il y a une pression au niveau mondial sur les prix du pétrole et ceux de l’alimentation. Les marchés de matières premières sont sous tension ; des mauvaises conditions climatiques en Europe ont créé de la volatilité sur les prix des produits frais. L’inflation accélère en France, en Allemagne, dans la zone euro. En France, elle est un peu plus haute que dans la zone euro car, en mars, le gouvernement a augmenté les prix du tabac dans le cadre de sa politique de santé. D’autres pays l’ont déjà fait par le passé, il se trouve que cette année c’est la France. La hausse des prix du tabac a contribué à hauteur de 0,3 % à la hausse de l’inflation sur un an (+2 %).

Est-ce bon ou mauvais pour la croissance ?

Comme pour les bonnes et les mauvaises matières grasses, il y a de la bonne et de la mauvaise inflation. La bonne inflation est l’inflation sous-jacente (hors pétrole et alimentation), qui se situe autour de 1 % en France et en Europe. Aujourd’hui, l’inflation qui augmente est la mauvaise, car nous la subissons en tant que pays importateur de pétrole. Il y a peu de compensation par la hausse des salaires. L’inflation se traduit tout de suite en perte de pouvoir d’achat. La consommation des ménages français a baissé de 1,5 % en avril après un premier trimestre décevant. Nous démarrons le deuxième trimestre avec déjà une mauvaise dynamique et, là-dessus, s’ajoute ce choc sur les prix. D’autant que le pétrole et les produits alimentaires ont une faible élasticité prix : il est difficile d’en consommer moins. Les ménages compensent en diminuant leur consommation sur les autres produits, notamment manufacturés, et dans les services. On verra peut-être les effets cet été sur le tourisme, les loisirs, la restauration et l’hôtellerie. On ne parle pas encore de stagflation (lorsque la hausse des prix fait baisser la consommation et crée une dépression). Mais, avec la dynamique du commerce mondial négativement impactée par la remise en cause des traités commerciaux, ce choc de prix vient gêner la demande domestique au moment où ce moteur est nécessaire.

Cela va-t-il se poursuivre ?

L’inflation devrait continuer d’augmenter jusqu’à juillet, pour atteindre un pic de 2,2 % ou 2,3 % pour la France. Puis il y aura normalement un tassement, à cause d’effets de base par rapport au second semestre 2017 où les prix du pétrole avaient rebondi. Pour que l’inflation continue d’augmenter après juillet, il faudrait que l’inflation se diffuse à l’ensemble de la chaîne des prix, ce qui reste assez peu probable : cela supposerait qu’à cause de la hausse des prix à la pompe et des prix de l’alimentation, les salariés demandent des hausses de salaires, que cela se retrouve dans les marges des entreprises qui augmenteraient alors leurs prix de vente. Or il y a, certes, une amélioration des salaires en zone euro, mais elle est très progressive. Le risque de spirale est donc limité.

Est-ce un phénomène mondial ?

De l’autre côté de l’Atlantique, c’est une tout autre histoire. Le marché du travail commence à être beaucoup plus tendu, les salaires ont surpris à la hausse ces derniers mois. L’inflation sous-jacente, celle qui rend les banques centrales nerveuses, est déjà autour de 2 %. L’inflation totale va sûrement passer la barre des 3 % au début de l’été. Cela crée des inquiétudes sur la gestion de la politique monétaire, avec l’idée que la Fed pourrait être amenée à remonter ses taux d’intérêt plus vite qu’anticipé.

Le Medef est en danger (Frédéric Motte)

 Le Medef est en danger (Frédéric Motte)

Frédéric Motte, patron dune société  (400 salariés sur 16 sites), Président du syndicat patronal dans les Hauts-de-France estime qu’il est urgent de réformer le MEDEF. Il est candidat au poste de président national (interview la Tribune)

 

 

Dépôt des candidatures le 3 mai, êtes-vous toujours sûr de vouloir y aller ?

FRÉDÉRIC MOTTE - Je ne vais pas reculer, je vais même aller jusqu’au bout ! Je crois dur comme fer à mon positionnement. C’est vrai que, sur le papier, certains candidats sont peut-être plus connus médiatiquement, mais je pense qu’un élément de différenciation me semble important dans ma candidature : si on veut réhabiliter l’entreprise, l’entrepreneur et le Medef – soyons réaliste, nous ne bénéficions pas d’une bonne image -, il faut absolument que les chefs d’entreprise puissent s’identifier dans le président du Medef.

Élire à ce poste un dirigeant d’une très grosse boîte, ça ne va pas le faire, je pense. Premièrement, parce que ce n’est plus dans l’air du temps. Nous l’avons vu avec les dernières élections présidentielles, qui sont allées à contre-courant des habitudes : Emmanuel Macron est un jeune, sans parti politique, qui n’avait pas labouré la France de haut en bas comme ses prédécesseurs… Il a mis en place une démarche plus « bottom up » avec ses réseaux et non plus « top down », confiée par le parti d’en haut.
Cette tendance est en train de fondamentalement transformer la société, que ce soit via les réseaux sociaux qui permettent à chacun de diffuser des informations, que ce soit sur l’aspiration du citoyen à vouloir participer, d’être associé à l’action collective.

C’est pour ça que je crois à ma candidature. Je suis un entrepreneur de terrain, employant plusieurs centaines de salariés. Je suis un vrai créateur car je n’ai pas hérité de Cèdres Industries, j’ai racheté cette entreprise pour la développer. Comment aborder les questions de réforme de la formation professionnelle quand vous n’avez pas vous-même de salariés ? Je veux être le candidat du rassemblement, je ne suis pas le candidat des territoires ou d’une branche.

Les cartes de cette élection sont-elles déjà distribuées à votre avis ?

Non, ce n’est pas déjà joué. Néanmoins, il faut être réaliste : le mode électoral au Medef a plutôt tendance à favoriser une démarche « top down ». Mon challenge est aujourd’hui à la fois d’aller convaincre le « top » mais aussi de présenter ma démarche au « down ». Nous menons une campagne par ces deux bouts. J’enchaîne un nombre absolument délirants de rendez-vous parisiens, pour aller voir tous les grands acteurs de l’écosystème économique, social, paritaire, public, etc. Je suis au minimum trois jours par semaine à Paris, j’enchaîne six à sept rendez-vous par jour pour aller voir les présidents des branches professionnelles, les grands acteurs économiques, la haute fonction publique, les syndicats, etc. Je les écoute d’abord, et je me présente aussi. Incontestablement, je sens que mon discours a un réel écho. C’est ce qui me motive à ne surtout pas baisser le rythme. Je ne regrette pas d’être parti tôt, dès décembre dernier, dans cette campagne.

Maintenant, il faut être honnête : notre monde patronal n’est pas un monde de militants. Tout se joue plutôt en off et à fleuret moucheté. Dans un premier temps, ceux qui vont voter, ce sont les 45 du conseil exécutif. Pour l’instant, personne ne se prononce : d’abord, parce que tout le monde n’a pas sorti son programme, ensuite, parce que tout le monde va logiquement se rallier au vainqueur potentiel en dernière minute. Je suis peut-être un peu moins connu que les deux principaux challengers, mais je souhaite mener ma campagne du mieux que je peux, en montant ma capacité à porter la transformation du Medef. Je crois résolument à mes chances.

Mon challenge, c’est que la bascule se fasse avant le 11 juin, date où le conseil exécutif va voter à titre consultatif. Il faut donc que d’ici là, toutes les personnes qui ont acquiescé à mon projet et à mon profil, osent se mouiller pour me soutenir. Je suis à la fois très serein car ma famille et mon entreprise vont bien (nous discutons actuellement de croissance externe). Je connais bien le Medef. Je possède un bon ressenti des aspirations des chefs d’entreprise.

Alors, justement, quels sont les grands axes de votre programme ?

Le premier challenge, c’est rassembler. Nous devons nous rassembler en interne pour nous transformer.  Au Medef, nous avons trop de querelles autour des branches ou des territoires. Mon entreprise en est le parfait exemple : certaines unités sont dans le service, d’autres dans l’industrie, bref mon activité est transversale.

Nous devons également nous rassembler en externe, avec tous les acteurs du territoire. C’est ce qu’on fait déjà dans les Hauts-de-France : je mets en avant les rassemblements déjà opéré dans la région, quand j’étais maire de ma commune, quand j’étais président du CESER (conseil économique et social régional) et actuellement au sein du Medef Hauts-de-France.

J’ai réuni récemment entre 80 à 100 acteurs du territoire : syndicalistes, élus, anciens élus, fonctionnaires, universitaires, chefs de petites ou grandes entreprises, de coopératives, etc. Tout le monde était même un peu bluffé car il y avait vraiment des personnes de tous les horizons, ce n’était pas qu’une réunion entre quelques patrons.
Tous sont venus à titre privé pour réfléchir avec moi à un certains enjeux dans le cadre de cette élection : conforter certains aspects, en infirmer d’autres, livrer leurs conseils, etc. en France. L’exercice a été très formateur, très enrichissant pour eux comme pour moi. Je réfléchis à faire la même chose à Paris et ailleurs en France.

Le deuxième challenge, c’est transformer. Notamment les corps intermédiaires, qu’ils soient patronaux, salariés ou syndicaux. Nous devons nous réinventer, comme les partis politiques : on n’y échappera pas. Nous devons donc nous poser la question de notre utilité, de notre valeur ajoutée, de nos missions et de l’organisation qui va en découler.

Le troisième challenge, c’est s’engager. Je crois beaucoup au militantisme patronal : nous devons être des acteurs engagés dans le territoire, nous devons faire venir à nous de nouveaux chefs d’entreprises (et notamment des jeunes, des femmes, issu de toutes les diversités). Pour moi, en tant que citoyen engagé, l’entreprise est une partie prenante du territoire. Ce qui crée de l’emploi et de la richesse, c’est l’entreprise. L’Etat s’occupe ensuite de la solidarité mais l’un n’existe pas sans l’autre. Et je crois que tout le monde l’a bien compris.

Au sein des entreprises, la diversité est une source d’enrichissement. J’ai deux exemples en tête. Mon usine de Lens emploie une femme dans l’atelier, ça change tout : dans l’état d’esprit, dans la fierté des gens, dans le rapport au travail, etc. Sur le site de Dunkerque, où nous avons beaucoup de personnel ouvrier avec une vision assez dure des rapports humains, nous avons embauché momentanément deux migrants, avec le concours d’une association. Je n’ai pas la prétention de révolutionner le monde mais si chacun apporte sa petite pierre, nous réussirons à faire bouger les lignes.

Et quel est pour vous l’axe le plus important de votre programme ?

Dans mon programme, les quatre angles me semblent importants. Mais j’attache une attention toute particulière à la mission de l’entreprise : je crois résolument en l’économie de marché et dans le capitalisme car il stimule l’esprit d’entreprendre, l’innovation, la concurrence saine – dans la mesure où elle est bien encadrée. Pour autant, nos projets d’entreprise doivent aussi apporter du sens, du lien, des valeurs : promouvoir la responsabilité sociale et sociétale des dirigeants me semble extrêmement important. Notamment dans le cadre de l’égalité hommes-femmes : plutôt que de pointer du doigt les mauvais (name and shame), je préfère la valorisation des bonnes pratiques (name and praise). Dans le rapport Notat-Senard sur « Entreprise et intérêt général », plutôt que de faire évoluer l’objet social de l’entreprise, je préconise de faire confiance aux chefs d’entreprises : ne pas modifier le code du travail mais ajouter un petit bout de phrase pour offrir la possibilité juridique à celui qui le souhaite d’aller plus loin. Les entreprises ont déjà bien assez à faire avec les règles et les contraintes.

Le vrai défi des quelques années à venir ne sera, à mon sens, ni la fiscalité locale, ni la réglementation mais les ressources humaines : comment capter les talents ? Et surtout comment les garder et les faire évoluer ensuite ? Le rapport de force patron-employé est en train de s’inverser, à l’exemple de la Belgique : quand il y a 13% de chômage, les salariés ont intérêt à rester là où ils sont mais, aujourd’hui, avec la reprise de la croissance, les entreprises ont bien du mal à recruter. Le patron qui néglige la qualité de vie au travail et le sens donné au projet de l’entreprise voit ses recrues aller à la concurrence. Le projet de l’entreprise est fondamental pour donner du sens à l’action.

Comment définissez-vous aujourd’hui les missions du Medef ?

Un certain nombre de candidats à la présidence du Medef sont d’accord sur le fait qu’il faille réconcilier les Français avec l’entreprise. Il faudrait idéalement aussi les réconcilier avec l’entrepreneur et avec le Medef. Si notre syndicat n’a aucun pouvoir sur le chef d’entreprise, il peut afficher une vision, pour promouvoir notamment les pratiques de responsabilité sociétale et environnementale. Rien que de tenir un discours pro-RSE nous engage déjà un peu. Le rôle du Medef serait alors de savoir accompagner le dirigeant sur ces questions. Il a également une mission de paritarisme. Je crois résolument en l’utilité de du paritarisme, qui permet de représenter les salariés et les patrons : nous avons une place à prendre au sein des corps intermédiaires mais il faut moderniser ce « paritarisme » et revenir à nos fondamentaux.

Pour moi, le paritarisme revient à gérer l’argent de nos entreprises : il est donc logique de s’en occuper.  Le 1% logement ou l’Agirc-Arrco pour la retraite complémentaire des salariés du secteur privé, sont deux exemples vertueux qui atteste que le paritarisme sait se prendre en main, assumer ses responsabilités et sait se réorganiser.

Par contre, je me pose des questions sur les Caisses d’allocation familiales. Les fonds proviennent de la CSG ou d’autres impôts donc c’est devenu la solidarité nationale : quelle est notre légitimité à gérer une prestation qui concerne tous les Français ? Les patrons deviennent parfois les faire-valoir et/ou les complices quand ça ne va pas. Même questionnement concernant l’Unedic : le paritarisme pourrait être vicié par l’intervention de l’Etat, qui garantit la dette mais fixe un certain nombre d’objectifs. Qui gère vraiment du coup ? Pendant sa campagne, Emmanuel Macron voulait nationaliser l’Unedic : nous pensons au contraire que le Medef gèrerait mieux le fonds. Il faudra repréciser toutes nos missions dans ces structures de sécurité sociale, de CAF, etc. Réinterrogeons-nous donc sur l’essence du paritarisme et l’intérêt pour le patronat.

Et le rôle du Medef auprès des patrons ?

J’allais y venir. Le syndicat patronal est une formidable machine, représentant tous les types d’entreprises. Nous avons un spectre couvrant toutes les catégories : c’est à la fois toute la richesse et c’est toute la difficulté de l’exercice. Gardons à l’esprit que les grandes entreprises irriguent les territoires. Si mon entreprise s’est modernisée et s’est challengée sur la qualité entre autres, c’est parce qu’un de nos grands donneurs d’ordre nous y a encouragé.

Là où j’ai une inquiétude, c’est que l’économie évolue de plus en plus vite, avec un consommateur toujours plus exigeant : un certain nombre d’entreprises ne se sont pas encore adaptées. Les sondages indiquent que plus de 80 % des entreprises n’ont pas encore commencé à appréhender les enjeux du numérique. Le Medef a un vrai rôle pour accompagner les entreprises. Il peut aussi faire comprendre au législateur que les entreprises ne sont pas toutes identiques. Une entreprise du CAC 40 n’a pas la même activité qu’un camping sur la Côte ou qu’une PME d’Ardèche. Comment en arrive-t-on à définir les critères qui permettront à ces PME à grandir et à se transformer ? Sans avoir à passer des journées à remplir des tas de papiers et d’obligations ?

Alors bien sûr, si vous faites des spécificités pour les plus petites entreprises, vous créez un effet de seuil. Nous nous battrons toujours sur cet « abominable effet de seuil », par exemple celui des 50 salariés : il faudrait alors remonter ces seuils bien plus hauts, à 250 salariés plutôt qu’à 50. La loi Pacte de Bruno Lemaire devrait faire bouger les choses en ce sens. L’Etat en est conscient.

Dans vos propos, on comprend que le Medef n’est plus à l’image des entreprises…

Le Medef doit se réinventer sinon il va mourir. Nous devons adopter  une logique de retour sur investissement : le Medef doit d’abord apporter des services mais avec cette dimension de militantisme, pour aller porter la parole de l’entreprise dans tous les mandats que le syndicat gère (URSSAF, Prud’hommes, Chambre de commerce, etc.). Les patrons ne sont en effet pas obligés d’adhérer au Medef. A nous de les convaincre ! A Lille, cette méthode mêlée de services et de militantisme fonctionne très bien. Le problème numéro 1 du chef d’entreprise, c’est d’avoir à prendre les décisions tout seul. Au Medef, vous allez rencontrer d’autres acteurs, vous faire accompagner et vous faire du réseau. Lors de notre dernière université d’été, nous avons accueilli 40% de nouveaux participants. Mais pour être militant, je reviens à mon propos du début : le Medef doit être à l’image des entrepreneurs. On en revient à mes propos du début : il faut absolument que les chefs d’entreprise puissent s’identifier dans le président du Medef.

 

« Macron, un peu spinozien » ? (Frédéric Lenoir)

« Macron, un peu spinozien » ? (Frédéric Lenoir)

Dans une intreview au JDD, le philosophe Frédéric Lenoir, auteur du « Miracle Spinoza », analyse les grands faits dactualités et le profil de Macron (extraits).

 

 

Les six premiers mois d’Emmanuel Macron à l’Elysée ont-ils révélé un Président véritablement philosophe?
Il a une solide formation philosophique et un souci de compréhension rationnelle du monde. Face à deux adversaires, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, qui ont beaucoup joué sur les émotions, lui a fait preuve de contrôle durant la campagne et a prôné l’apaisement. En ce sens-là, il ressemble plus au modèle de l’homme politique spinozien. Certes, depuis son élection, il a eu des propos un peu triviaux. Même chez un être rationnel, il y a toujours une dimension émotionnelle qui prend parfois le dessus. Sans parler de l’excuse de sa jeunesse!

La première année du mandat de Donald Trump a été un déferlement de propos rageurs. Qu’en dirait ce philosophe des émotions?
La peur et la colère de la moitié des électeurs américains ont conduit à l’élection de Trump. Le système démocratique ne nous protège pas d’une irrationalité politique liée à ce que Spinoza appelle nos passions tristes : colère, peur, ­jalousie, ressentiment. Pour que la démocratie fonctionne, le cadre juridique n’est pas suffisant : il faut aussi nous libérer de l’esclavage des émotions.

 

L’optimisation fiscale dévoilée par les « Paradise Papers » questionne l’égalité devant l’impôt, un pilier du contrat démocratique. Spinoza peut-il consoler le contribuable moyen troublé par la fuite de super-riches?
A 23 ans, il a été exclu de la communauté juive pour hérésie, il s’est retrouvé seul, sans famille, sans argent. Au lieu de rechercher la richesse, la gloire, les honneurs, il s’est mis en quête d’un bien non soumis aux vicissitudes de l’existence. Il l’a trouvé dans la fréquentation de ses amis, dans la réflexion philosophique, dans la dégustation de choses simples de la vie, dans une sorte de sobriété heureuse. A titre personnel, je gagne bien ma vie et cela ne me gêne pas de payer des impôts pour vivre dans une société plus juste et harmonieuse. Je pense, comme lui, que le bonheur individuel et le bonheur collectif vont de pair.

 

Spinoza soutient qu’on peut vaincre le mal en s’attaquant à ses causes profondes. Deux ans après le 13 novembre, comment l’éradiquer dans les têtes?
La cause profonde du mal, c’est l’ignorance. Avec des idées plus justes, les comportements seront plus éthiques. L’enseignement des connaissances fondamentales est nécessaire, mais insuffisant. Il est urgent d’apprendre aussi aux enfants à penser, à démasquer les manipulations religieuses ou consuméristes, les théories complotistes, à débattre de manière démocratique sans s’invectiver. C’est pourquoi j’ai créé une fondation [Seve] qui vise à développer les ateliers à visée philosophique dans les écoles primaires. L’autre remède, c’est la vie même. Il ne faut pas s’arrêter de vivre sous prétexte de menace terroriste. Spinoza a été persécuté, calomnié, on a tenté de l’assassiner, mais cela ne l’a pas empêché de cultiver la joie et il n’a jamais renoncé à une seule de ses idées.

Le Miracle Spinoza, Fayard, 234 p., 19 euros.

 

La politesse une affaire politique pour la cohésion de la société (Frédéric Rouvillois)

La politesse une affaire politique pour la cohésion de la société (Frédéric Rouvillois)

Dans le cadre la sortie du Dictionnaire nostalgique de la politesse, Frédéric Rouvillois, historien  a accordé un entretien fleuve au FigaroVox.

Pourquoi avoir ainsi intitulé votre ouvrage? Y a-t-il des raisons d’être nostalgique en matière de politesse?

 

Frédéric ROUVILLOIS. – Il se trouve que dans la politesse elle-même, il y a quelque chose qui relève nécessairement de la nostalgie parce que celle-ci nous renvoie à des us et des coutumes qui sont ceux de notre enfance, de notre jeunesse, certains qui se sont accentués, d’autres qui ont été effacés par le temps. Parler de politesse, c’est aussi parler de soi, de ses parents, de ses grands-parents, de toute une tradition qui se trouve derrière nous et d’où nous viennent nos codes de politesse. Il y a cette forme de douceur et de tendresse dans la politesse qui me semblait renvoyer à la nostalgie. C’est l’aspect le plus personnel que j’ai essayé d’instiller dans ce Dictionnaire nostalgique.

 

Votre dictionnaire est aussi un livre d’histoire et de géographie. Vous évoquez la Chine impériale, l’Allemagne, les pays arabes. En montrant combien les règles de la politesse ont évolué et sont «la mesure du temps perdu», vous restez dans la nostalgie sans jamais basculer dans le désespoir du «c’était mieux avant»…

 

Le désespoir est le contraire de la nostalgie. Il y a inscrit dans la nostalgie l’idée d’un retour ou de retrouvailles, ce que ne permet pas le désespoir. Être désespéré de l’homme, c’est ne pas voir qu’il a toujours reproduit les mêmes merveilles et les mêmes crimes, les mêmes sottises et les mêmes choses admirables. L’homme poli de l’époque d’Aristote, de Cicéron ou de Saint-Augustin ressemble au fond à l’homme poli de l’époque de Louis XV ou à l’homme poli de l’époque de François Hollande. La géographie et l’histoire nous enseignent le caractère à la fois éternel et universel de la politesse, la permanence de sa nécessité, même si ses formes évoluent. Alors, elle peut être plus ou moins sophistiquée, chatoyante, complexe, byzantine, sincère, mais elle est toujours là. Comme le langage, elle est un des éléments fondamentaux des rapports sociaux, un élément sans lequel ceux-ci seraient assez rapidement condamnés à dérailler.

 

Et aujourd’hui, comment notre époque regarde-t-elle la politesse?

Il y a un rapport entre la crise économique et la prise de conscience de l’utilité de la politesse.

La politesse connaît des hauts et des bas, mais il faut constater que l’on est plutôt dans un haut relativement à la période des années 1960 ou 1970 quand celle-ci était considérée comme ringarde, archaïque, périmée, bourgeoise, bref, réservée aux lecteurs du Figaro (rires…). Les choses ont changé positivement à partir de la fin des années 1980 et du début des années 1990. On a assisté à une espèce de renversement, qui est lié à mon sens à l’émergence de l’univers de la crise. Il y a sans doute un rapport entre la crise économique et sociale, la montée du chômage, le sentiment que la vie devient plus difficile, le sentiment que l’on a quitté les Trente glorieuses et la prise de conscience de l’utilité de la politesse. Quand tout va bien, la politesse est juste la cerise sur le gâteau. Quand les choses deviennent plus difficiles, elle reprend toute sa force et son utilité s’impose. Les gestes quotidiens de la politesse deviennent le liant de ce fameux vivre ensemble.

 

La politesse est-elle donc une affaire politique?

Il y a d’abord une proximité dans les mots de politesse et de politique qui paraît évidente en français et dans d’autres langues. Dans les deux cas, il y a une racine qui apparaît commune – même si en fait ce n’est pas vrai – qui est celle de polis, la cité en grec, qui signifie plus largement la société, le fait d’être ensemble, d’être en relation avec autrui. Il semblerait que l’étymologie réelle de politesse viendrait de «pulizia» qui veut dire la propreté en italien. Pour autant, je suis très amateur des fausses étymologies. En l’espèce, la proximité entre politesse, politique et polissage dit beaucoup de l’objectif de la politesse, qui est précisément de fluidifier les relations au sein de la société. En polissant les rapports sociaux, elle permet qu’il y ait le moins possible de rugosité à l’intérieur de la société. Sans elle, la polis risque de basculer dans un rapport de violence verbale voire physique.

 

Que répondre à ceux qui vous diront que les règles bourgeoises de la politesse sont un éloge de l’hypocrisie, qu’elles sont une sorte de paravent de l’ordre établi?

 

Mais, déjà, un paravent, ce n’est pas rien! Ce n’est pas intrinsèquement mauvais. Certes, la politesse est effectivement une forme d’hypocrisie, mais il s’agit – si je puis le dire ainsi – d’une forme d’hypocrisie vertueuse. Ce n’est pas nouveau et nous en avons toujours eu conscience. Molière nous a tout appris sur la nature humaine dans le Misanthrope. Il nous décrit bien les limites de la politesse, de la bienséance et du savoir-vivre quand ceux-ci tombent trop évidemment dans l’hypocrisie, mais il montre également que si nous voulons être comme Alceste dans la transparence totale, nous finirons seul, loin des autres, y compris dans notre vie amoureuse. Cette hypocrisie vertueuse permet tout simplement de mettre un peu d’huile dans les rouages sociaux. Il faut savoir ne pas tout dire, sinon c’est la guerre.

 

Pour qu’une société tienne debout, faut-il que ses membres partagent une certaine ressemblance dans les codes de politesse qu’ils adoptent? En particulier, dans le cadre d’un projet politique multiculturaliste, quand les codes de politesse des différentes communautés sont extrêmement différents et sources de possibles incompréhensions, la politesse n’est-elle pas une gageure supplémentaire?

 

Vous avez certainement raison. À partir du moment où la politesse est un moyen de vivre ensemble, il y a un risque d’incompréhension des différents systèmes de politesse qui pourraient cohabiter entre eux. Si l’on a des communautés distinctes les unes des autres, qu’il existe des codes de politesse dans une communauté qui sont tout à fait dissemblables de ceux d’une autre communauté qui vit à côté, cela signifie que nous aurions un vivre ensemble à l’intérieur des communautés, mais pas entre elles. Ceci peut poser problème pour des choses extrêmement basiques. Le fait de cracher dans la rue a longtemps été considéré comme tout à fait normal, y compris en Occident. Mais, dans nos pays, cette pratique ne l’est plus depuis belle lurette alors qu’elle reste tout à fait admise dans d’autres systèmes de politesse. Pour que la politesse se constitue comme un liant au sein de la société, il faut que celle-ci soit relativement homogène ou qu’il existe de forts rapports hiérarchiques. Au 18e siècle, il n’y avait pas un seul système de politesse. Il y avait une politesse de la ville et une politesse des champs. Mais en définitive, elles n’avaient pas tellement l’occasion de se rencontrer. Les risques de friction n’étaient pas considérables. À la campagne, on se moquait éventuellement du noble qui se comportait comme à la Cour. De même, à la ville, on se moquait du paysan qui arrivait avec ses gros sabots. Dans une société urbaine comme la nôtre, où les communautés cohabitent entre elles, le risque me semble beaucoup plus grand.

 

Vous parlez aussi du culte de la performance, de la vitesse, de la rationalisation… Un tel monde permet-il d’être poli?

La politesse est par définition quelque chose de gratuit.

C’est le problème principal qui se pose à nous aujourd’hui. Quand je pense en particulier à ce qu’a pu écrire Françoise Mélonio sur Tocqueville et la manière dont la politesse pouvait se pratiquer aux États-Unis, je me dis que la question est moins celle du rapport entre la politesse et la démocratie que celui qui s’établit entre la politesse et la modernité technicienne. Ce monde tous azimuts fait que nous n’avons plus le temps de rien, sauf de gagner de l’argent ou de gagner en efficacité. Or, la politesse est par définition quelque chose de gratuit, ce qui est incompatible avec l’idée de performance, d’efficacité et de productivité.

 

La politesse est-elle vraiment un don gratuit? N’existe-t-il pas une forme de contre-don, même implicite?

Il y a effectivement un contre-don qui est le remerciement de celui envers qui l’on est poli. Il existe un autre contre-don, plus subtil, qui est simplement le plaisir que l’on éprouve soi-même à tenir la porte à quelqu’un. Mais dans un système où le seul but est d’aller au plus simple, au plus utile et au plus rentable, cette idée de gratuité compensée seulement par le remerciement ou le plaisir d’être poli devient illusoire. La première caractéristique de la politesse est en effet que l’on accepte de donner du temps à autrui. Dans la civilisation pressée de Paul Morand, le temps est la chose au monde la moins bien partagée. Il y a là une vraie raison d’éprouver de la nostalgie pour la politesse qui prenait le temps de s’exprimer. Les 18e et 19e sont des siècles où les gens avaient le temps de déposer des cartes de visite, d’écrire de longues lettres terminées par des formules de politesse plus alambiquées mais aussi plus belles les unes que les autres. Cette époque-là n’est plus. Le fait d’avoir commencé mon dictionnaire nostalgique par le mot abréviation est au fond assez significatif de ce mouvement. En même temps, je remarque que revient en force l’idée que la lenteur est quelque chose d’important et qu’il y a des «limites» aux choses – pour reprendre le titre d’une jeune revue que j’aime beaucoup. Ce sont des valeurs qui sont intrinsèquement bonnes et qu’on peut essayer de retrouver. Ce sont des éléments qui font que, encore une fois, politesse pas morte!

Panama Papers : la Société générale n’a rien à se reprocher ! (Frédéric Oudéa)

 

 

 

Comme il fallait sans doute s’y attendre la rencontre entre Michel Sapin et le responsable et le président de la Société Générale à propos de Panama Papers finit en eau de boudin. Pour résumer le président de la société générale considère une interview au Figaro  que sa banque n’a strictement rien à se reprocher. Une affaire donc qui aura fait du bruit pendant une petite semaine à l’issue de laquelle les banques vont retourner à leurs pratiques habituelles. Finalement pour la Société Générale c’est le même système de défense que dans l’affaire Kerviel : »circulez, il n’y a rien à voir » pas même la moindre poursuite juridique sauf contre lampiste Kerviel. Ou la collusion entre le système politique, économique et financier.

 

 

Comment réagissez-vous à la mise en cause de la Société générale dans le cadre de l’enquête dite des «Panama papers»?

 

Frédéric Oudéa – Je trouve scandaleux les amalgames et les inexactitudes qui sont véhiculés concernant la Société générale, dans le cadre de cette enquête. Celle-ci, en effet, ne remet pas en perspective les changements profonds intervenus ces dernières années dans le système financier en général, et à la Société générale tout particulièrement. Il me paraît parfaitement anormal que cette enquête passe sous silence les efforts de la coopération internationale. Dès l’année prochaine, 58 pays dans le monde, dont 28 pays européens, entreront dans un système d’échanges automatique d’informations, qui porteront à la connaissance des administrations de chacun de ces États l’ensemble des informations disponibles sur tous les comptes et toutes les sociétés offshore des clients, personnes physiques et entreprises. Tous nos clients en sont parfaitement conscients, et nous avons, à la Société générale, fait le choix stratégique de ne travailler en offshore qu’avec des clients dont les motifs sont clairs.

 

 

Un client qui souhaite une structure offshore a des choses à cacher non?

Une structure offshore n’est pas illégale en soi. La volonté de préserver la confidentialité de la détention d’avoirs peut avoir bien d’autres motifs que fiscaux. Cela peut répondre à des situations familiales complexes, ou à des précautions prises par des ressortissants d’État qui n’ont pas le même respect du droit de propriété que nos démocraties…

 

 

Votre banque a cependant effectivement créé près d’un millier de structures offshore en recourant aux services du cabinet panaméen Mossack Fonseca?

 

Je n’ai pas les moyens de vérifier l’intégralité des faits sur trente ou quarante ans. Je sais en revanche qu’aujourd’hui, nous ne comptons plus, à l’échelle du groupe et de ses 100.000 clients en banque privée dans le monde entier, que quelques dizaines de sociétés offshore actives structurées pour nos clients avec ce cabinet. Toutes, sans exception, existent en transparence fiscale avec les autorités concernées, y compris pour les quelques cas qui concernent des résidents français. Nous avons procédé, les concernant, à des vérifications fiscales approfondies. Depuis six ans, avec une intensification de l’effort au cours des 3 dernières années, nous avons vérifié, de façon exhaustive, dans toutes nos filiales, les motivations de nos clients à détenir de telles structures. Nous avons ainsi réalisé un «peignage» en profondeur de nos activités. Et les chiffres qui circulent en ce moment sont donc sans commune mesure avec la réalité.

 

Connaissez-vous, sans doute possible, les détenteurs finaux de ces structures?

Oui, nous connaissons systématiquement les ayant-droits de ces structures. Cela fait partie du code de conduite fiscale que nous avons déployé à la Société générale en 2010, et dont la mise en œuvre a encore été intensifiée depuis 2012. Les règles ont changé avec le renforcement de la coopération internationale en matière fiscale depuis le début de la décennie. C’est une bonne chose. Et à la Société générale, nous avons fait le travail. Nous nous sommes séparés de nos activités de banque privée en Asie. L’ensemble de nos filiales a fait l’objet de contrôles. Les procédures de conformité ont été intensifiées. L’application des règles est exigée et systématisée avec une forte détermination. Soyons sérieux: une personne qui souhaite frauder le fisc aujourd’hui ne vient pas ouvrir un compte à la Société générale!

 

Pouvez-vous confirmer vos déclarations de 2012, devant les sénateurs, selon lesquels la Société générale se retirait totalement des paradis fiscaux? Par exemple, l’enquête des Panama Papers révèle l’existence de deux fondations sur place pilotées par votre banque …

 

Je les confirme, sans ambiguïté. La Société générale n’a plus aucune implantation dans les «paradis fiscaux». Il ne faut pas confondre une implantation détenue et opérée par une Banque et les sociétés ou structures qui sont détenues par nos clients. S’agissant de nos clients, les quelques dizaines de sociétés offshore actives structurées avec le cabinet Mossack Fonseca à Luxembourg sont comme je l’ai dit, revues au plan de la conformité fiscale. Enfin, les deux fondations qui ont été évoquées et qui existent effectivement ne sont pas contrôlées par la Société générale, mais servent deux de nos clients, pour des motifs dont nous nous sommes assurés. Il n’y avait donc pas de raison de les supprimer.

 

Comprenez-vous la colère suscitée par la révélation de systèmes d’évasion fiscale à grande échelle?

Je comprends l’émotion suscitée par ces phénomènes et je considère comme parfaitement légitime la lutte engagée contre toutes les formes de fraude fiscale et de blanchiment de l’argent qui pourrait profiter à la criminalité ou encore au financement du terrorisme. Les banques sont des acteurs clefs de cette bataille et la Société générale y prend sa part et s’engage. J’aimerais que ces changements soient reconnus, et que l’on évite d’inutiles polémiques sur des pratiques qui existaient il y a vingt ou trente ans. Prenons garde aux simplifications hâtives et trompeuses.

 

La France a décidé de réintégrer Panama dans la liste noire des paradis fiscaux. Est-ce une décision d’opportunité?

Non: il avait été décidé dès décembre 2015 de mettre à nouveau cet État dans la prochaine revue de la liste française des pays sous surveillance. Nous n’avons déjà plus d’implantation à Panama depuis 2012, et nous en tirerons toutes les conséquences nécessaires concernant les activités opérées pour nos clients qui devront quoi qu’il en soit répondre aux exigences de transparence de leur État de résidence.

 

Vous avez été convoqués dans le bureau de Michel Sapin mardi soir. Quelles explications avez-vous dû lui fournir?

J’ai apporté au ministre toutes les informations qu’il souhaitait et je lui ai confirmé que la banque et ses équipes sont évidemment à la disposition permanente des régulateurs pour toutes les vérifications auxquelles ils voudraient procéder. Et j’ai rappelé à Michel Sapin que la Société générale ne détient plus aucune société ni à Panama, ni dans les États non coopératifs, et que notre groupe a mené depuis 2010 un travail en profondeur. J’espère que ce travail d’explication que nous faisons aujourd’hui sera reconnu et contribuera à rétablir la vérité des faits.

 

 

 

 

Loi travail : nouvelle journée d’action le 28 avril

 

Dans un communiqué commun, les organisations de salariés CGT, FO, FSU, Solidaires, d’étudiants Unef et de lycéens UNL et Fidl « réaffirment fermement leurs revendications de retrait de ce projet de régression sociale » et appellent à « une nouvelle journée de grève interprofessionnelle et de manifestations le 28 avril », après celle déjà prévue le 9. « Face à l’entêtement du gouvernement à maintenir son projet, la détermination reste intacte et soutenue massivement par l’opinion publique », écrivent-elles.  »Grâce aux mobilisations, le gouvernement a reçu les organisations de jeunesse. Il doit maintenant répondre à leurs exigences. Les organisations syndicales seront vigilantes aux annonces qui seront faites par le premier ministre la semaine prochaine », ajoute le communiqué. Les organisations de jeunesse ont été reçues mercredi par les ministres de l’Education nationale Najat Vallaud-Belkacem, son collègue chargé de la Jeunesse Patrick Kanner et la ministre du Travail Myriam El Khomri, avant de rencontrer le Premier ministre ces prochains jours. Elles ont exigé des mesures concrètes pour lutter contre la précarité des jeunes. « Des désaccords persistent », a déclaré à l’issue de la rencontre, le président de l’Unef, William Martinet. Les sept organisations « réaffirment fermement leurs revendications de retrait de ce projet de régression sociale et la nécessité d’obtenir de nouveaux droits ». Elles jugent le texte « irrespectueux des droits, conditions de travail et de vie des générations actuelles et à venir », ajoutant que « la flexibilité et la précarité n’ont jamais été facteur de progrès et d’emploi». En attendant la nouvelle journée d’action du 28, « la mobilisation du 9 avril doit unifier toutes les catégories sociales et professionnelles, toutes celles et tous ceux qui luttent pour le retrait de ce projet de loi et exigent des mesures de progrès social. Le gouvernement doit répondre », soulignent-elles. Entre ces deux dates, « elles appellent à multiplier les initiatives pour faire entendre leurs revendications, préparer activement cette journée de grève et mobilisation par des rassemblements, interpellations de parlementaires, des manifestations et actions initiées au niveau local ». La contestation contre le projet de loi travail est dans sa cinquième semaine, avec les organisations de jeunesse comme fer de lance. Le texte est examiné depuis mardi en commission à l’Assemblée nationale. Le 31 mars, les plus importantes manifestations depuis le début du mouvement avaient rassemblé 390.000 opposants à la loi Travail, selon les autorités et 1,2 million selon les syndicats.

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