Archive pour le Tag 'frappe'

Ukraine: Frappe sur le sol russe, le tournant

Ukraine: Frappe sur le sol russe, le tournant

 

 Il  convient de s’interroger sur les objectifs stratégiques que poursuit désormais le chef de l’État ukrainien. S’agit-il de compléter les approvisionnements promis par les États-Unis ? Veut-il lutter contre la «fatigue de l’Ukraine» dont les opinions publiques européennes pourraient être saisies à l’orée d’une séquence électorale européenne complexe ?

 par ,Géopoliticien, Sciences Po, dans The Conversation 

Ce que cherche avant tout Volodymyr Zelensky, c’est modifier la façon dont ses soutiens européens envisagent leur contribution à la légitime défense de l’Ukraine. Plus qu’une tournée d’approvisionnement en matériels, il s’agit d’une campagne de doctrine dans la perspective du sommet pour la paix qui sera organisé par la Confédération helvétique les 15 et 16 juin prochains.

Malgré l’octroi, en avril, d’une aide militaire américaine supplémentaire importante (61 milliards de dollars) et malgré les fonds versés par l’UE à l’Ukraine, le président Zelensky est venu en Europe pour obtenir des accords militaires bilatéraux et des équipements supplémentaires. En effet, l’ampleur de l’invasion russe de 2022 et l’échec de la reconquête ukrainienne de l’été 2023 ont souligné les besoins (et les lacunes) des matériels actuellement en service sur les fronts russo-ukrainiens.

La contre-offensive de l’été 2023 a manifestement été entravée, dans ses résultats, par la faible couverture aérienne des attaques au sol. C’est pour cette raison que les autorités ukrainiennes ont sollicité et obtenu des aéronefs F16 auprès de plusieurs États européens, comme le Danemark les Pays-Bas et, cette semaine, la Belgique. La tournée de printemps de Volodymyr Zelensky vise à combler les lacunes de matériels au moment où les forces armées russes enregistrent des succès militaires dans le nord-est du pays.

Pourquoi demander des équipements à des pays européens dont les forces armées sont limitées ? C’est que, pour l’Ukraine, la course à la quantité est engagée avec la Russie. Celle-ci a en effet officiellement porté son effort de défense à 7,1% du PIB dans la loi de finances 2024 et a placé à la tête du ministère de la Défense l’économiste Andreï Belooussov, afin d’accentuer l’effort de guerre sur le plan industriel. Si, dans une guerre d’attrition, la quantité compte, aucun équipement de défense supplémentaire ne peut être négligé, même si les contingents promis sont limités (24 F16 des Pays-Bas, 19 du Danemark, 30 de Belgique).

De même, dans un conflit de longue haleine, la durabilité des soutiens est essentielle : alors que Vladimir Poutine vient de réaliser une tournée en République populaire de Chine et en Asie centrale, Volodymyr Zelensky signe ou renouvelle des accords militaires bilatéraux en Europe pour consolider son réseau d’alliances sur le long terme. Au moment où s’ouvre une séquence institutionnelle européenne qui peut durer (élections des parlementaires, nominations à la Commission et au Conseil), le président ukrainien a voulu s’assurer sur le terrain d’approvisionnements durables.

L’autre objectif de la tournée est moins visible, moins explicite, car beaucoup plus sensible. Depuis plusieurs semaines, les autorités de Kiev sont engagées dans une campagne aux États-Unis pour infléchir la doctrine américaine sur l’utilisation des armes sur le front. L’administration américaine a été constante par-delà les alternances politiques, depuis la guerre du Donbass en 2014 : les armes américaines ne doivent pas être utilisées contre les forces russes ou séparatistes hors du territoire ukrainien.

De même, l’Europe considère depuis le début de la guerre que la légitime défense de l’Ukraine ne doit pas comporter d’attaques sur le sol russe avec ses matériels de défense. La nuance peut paraître subtile mais elle est essentielle : les Européens veulent donner à l’Ukraine les moyens de se défendre sans entrer en conflit avec la Russie.

Cette semaine et la semaine prochaine, lors des célébrations du Débarquement, le président ukrainien a entrepris de changer cette vision de la défense de l’Ukraine. En effet, l’offensive récente de la Russie sur la ville de Kharkiv et sa région est menée depuis le territoire de la Fédération de Russie. Cette tactique permet aux artilleurs russes de bombarder la ville sans s’exposer à des tirs de contre-batterie ukrainiens utilisant des équipements occidentaux. Et elle est facilitée par la géographie : la ville de Kharkiv se situe à quelques kilomètres de la frontière russo-ukrainienne internationalement reconnue.

La «campagne de Kharkiv» place les Européens devant une décision stratégique lourde : soit ils considèrent que l’aboutissement naturel de leur soutien à l’Ukraine lève le tabou de frappes sur le sol russe avec leurs matériels, soit ils maintiennent leur posture initiale.

Dans le premier cas, ils franchissent un degré supplémentaire dans le rapport de force militaire avec la Russie, comme l’a souligné Vladimir Poutine. Dans le deuxième, ils privent l’Ukraine des moyens de se protéger efficacement des actions menées depuis la Russie. Le débat, surplombé par la crainte symétrique d’une défaite ukrainienne et d’une régionalisation du conflit, est si critique qu’il s’est même manifesté lors du conseil des ministres franco-allemand du 28 mai dernier, quand Emmanuel Macron a évoqué la possibilité d’autoriser Kiev à utiliser les missiles livrés par la France pour frapper les batteries se trouvant en territoire russe.

Par-delà la sécurisation d’approvisionnements en matériels, le président ukrainien est donc venu en Europe lancer une campagne visant à changer la doctrine de ses alliés sur la conduite des opérations militaires. Ses forces avaient déjà lancé des opérations spéciales et des bombardements sur la ville-frontière (russe) de Belgorod. Mais elles l’avaient fait en employant les armes de longue portée et les aéronefs ukrainiens. Désormais, elles envisagent de porter la guerre sur le territoire russe, en profondeur, grâce à l’aviation, grâce à une artillerie de longue portée et grâce à des missiles de croisière. C’est le soutien des Européens pour réaliser ces opérations que le président ukrainien est venu chercher.

Tout en demandant à ses interlocuteurs un soutien militaire, financier et diplomatique, Zelensky est aussi venu en Europe pour préparer le prochain sommet de la paix en Suisse. Si plus de 40 États sont invités, les objectifs sont pour le moment incertains : comment, en effet, lancer des négociations de paix alors même qu’aucun des deux ennemis n’a atteint ses objectifs stratégiques ?

Cet événement est aujourd’hui exposé à un double risque : d’une part, l’absence éventuelle du président américain en raison de la campagne électorale et, d’autre part, l’invitation lancée à la Russie à l’initiative du Brésil et de la Chine. Le président ukrainien milite pour l’absence de la Russie, accusant Vladimir Poutine de juguler toute tentative de règlement juridique et diplomatique. Dans cette perspective, ce sont bien les Européens qui constitueront son soutien le plus ferme… et sans doute son dernier recours.

À noter  que Biden ( et des pays européens)  viennent d’autoriser  les frappes de l’Ukraine sur le sol russe NDLR

Guerre Ukraine: Frappe sur le sol russe, le tournant

Guerre Ukraine: Frappe sur le sol russe, le tournant

 

 Il  convient de s’interroger sur les objectifs stratégiques que poursuit désormais le chef de l’État ukrainien. S’agit-il de compléter les approvisionnements promis par les États-Unis ? Veut-il lutter contre la «fatigue de l’Ukraine» dont les opinions publiques européennes pourraient être saisies à l’orée d’une séquence électorale européenne complexe ?

 par ,Géopoliticien, Sciences Po, dans The Conversation 

 

Ce que cherche avant tout Volodymyr Zelensky, c’est modifier la façon dont ses soutiens européens envisagent leur contribution à la légitime défense de l’Ukraine. Plus qu’une tournée d’approvisionnement en matériels, il s’agit d’une campagne de doctrine dans la perspective du sommet pour la paix qui sera organisé par la Confédération helvétique les 15 et 16 juin prochains.

Malgré l’octroi, en avril, d’une aide militaire américaine supplémentaire importante (61 milliards de dollars) et malgré les fonds versés par l’UE à l’Ukraine, le président Zelensky est venu en Europe pour obtenir des accords militaires bilatéraux et des équipements supplémentaires. En effet, l’ampleur de l’invasion russe de 2022 et l’échec de la reconquête ukrainienne de l’été 2023 ont souligné les besoins (et les lacunes) des matériels actuellement en service sur les fronts russo-ukrainiens.

La contre-offensive de l’été 2023 a manifestement été entravée, dans ses résultats, par la faible couverture aérienne des attaques au sol. C’est pour cette raison que les autorités ukrainiennes ont sollicité et obtenu des aéronefs F16 auprès de plusieurs États européens, comme le Danemark les Pays-Bas et, cette semaine, la Belgique. La tournée de printemps de Volodymyr Zelensky vise à combler les lacunes de matériels au moment où les forces armées russes enregistrent des succès militaires dans le nord-est du pays.

Pourquoi demander des équipements à des pays européens dont les forces armées sont limitées ? C’est que, pour l’Ukraine, la course à la quantité est engagée avec la Russie. Celle-ci a en effet officiellement porté son effort de défense à 7,1% du PIB dans la loi de finances 2024 et a placé à la tête du ministère de la Défense l’économiste Andreï Belooussov, afin d’accentuer l’effort de guerre sur le plan industriel. Si, dans une guerre d’attrition, la quantité compte, aucun équipement de défense supplémentaire ne peut être négligé, même si les contingents promis sont limités (24 F16 des Pays-Bas, 19 du Danemark, 30 de Belgique).

De même, dans un conflit de longue haleine, la durabilité des soutiens est essentielle : alors que Vladimir Poutine vient de réaliser une tournée en République populaire de Chine et en Asie centrale, Volodymyr Zelensky signe ou renouvelle des accords militaires bilatéraux en Europe pour consolider son réseau d’alliances sur le long terme. Au moment où s’ouvre une séquence institutionnelle européenne qui peut durer (élections des parlementaires, nominations à la Commission et au Conseil), le président ukrainien a voulu s’assurer sur le terrain d’approvisionnements durables.

L’autre objectif de la tournée est moins visible, moins explicite, car beaucoup plus sensible. Depuis plusieurs semaines, les autorités de Kiev sont engagées dans une campagne aux États-Unis pour infléchir la doctrine américaine sur l’utilisation des armes sur le front. L’administration américaine a été constante par-delà les alternances politiques, depuis la guerre du Donbass en 2014 : les armes américaines ne doivent pas être utilisées contre les forces russes ou séparatistes hors du territoire ukrainien.

De même, l’Europe considère depuis le début de la guerre que la légitime défense de l’Ukraine ne doit pas comporter d’attaques sur le sol russe avec ses matériels de défense. La nuance peut paraître subtile mais elle est essentielle : les Européens veulent donner à l’Ukraine les moyens de se défendre sans entrer en conflit avec la Russie.

Cette semaine et la semaine prochaine, lors des célébrations du Débarquement, le président ukrainien a entrepris de changer cette vision de la défense de l’Ukraine. En effet, l’offensive récente de la Russie sur la ville de Kharkiv et sa région est menée depuis le territoire de la Fédération de Russie. Cette tactique permet aux artilleurs russes de bombarder la ville sans s’exposer à des tirs de contre-batterie ukrainiens utilisant des équipements occidentaux. Et elle est facilitée par la géographie : la ville de Kharkiv se situe à quelques kilomètres de la frontière russo-ukrainienne internationalement reconnue.

La «campagne de Kharkiv» place les Européens devant une décision stratégique lourde : soit ils considèrent que l’aboutissement naturel de leur soutien à l’Ukraine lève le tabou de frappes sur le sol russe avec leurs matériels, soit ils maintiennent leur posture initiale.

Dans le premier cas, ils franchissent un degré supplémentaire dans le rapport de force militaire avec la Russie, comme l’a souligné Vladimir Poutine. Dans le deuxième, ils privent l’Ukraine des moyens de se protéger efficacement des actions menées depuis la Russie. Le débat, surplombé par la crainte symétrique d’une défaite ukrainienne et d’une régionalisation du conflit, est si critique qu’il s’est même manifesté lors du conseil des ministres franco-allemand du 28 mai dernier, quand Emmanuel Macron a évoqué la possibilité d’autoriser Kiev à utiliser les missiles livrés par la France pour frapper les batteries se trouvant en territoire russe.

Par-delà la sécurisation d’approvisionnements en matériels, le président ukrainien est donc venu en Europe lancer une campagne visant à changer la doctrine de ses alliés sur la conduite des opérations militaires. Ses forces avaient déjà lancé des opérations spéciales et des bombardements sur la ville-frontière (russe) de Belgorod. Mais elles l’avaient fait en employant les armes de longue portée et les aéronefs ukrainiens. Désormais, elles envisagent de porter la guerre sur le territoire russe, en profondeur, grâce à l’aviation, grâce à une artillerie de longue portée et grâce à des missiles de croisière. C’est le soutien des Européens pour réaliser ces opérations que le président ukrainien est venu chercher.

Tout en demandant à ses interlocuteurs un soutien militaire, financier et diplomatique, Zelensky est aussi venu en Europe pour préparer le prochain sommet de la paix en Suisse. Si plus de 40 États sont invités, les objectifs sont pour le moment incertains : comment, en effet, lancer des négociations de paix alors même qu’aucun des deux ennemis n’a atteint ses objectifs stratégiques ?

Cet événement est aujourd’hui exposé à un double risque : d’une part, l’absence éventuelle du président américain en raison de la campagne électorale et, d’autre part, l’invitation lancée à la Russie à l’initiative du Brésil et de la Chine. Le président ukrainien milite pour l’absence de la Russie, accusant Vladimir Poutine de juguler toute tentative de règlement juridique et diplomatique. Dans cette perspective, ce sont bien les Européens qui constitueront son soutien le plus ferme… et sans doute son dernier recours.

À noter cependant que Biden  a autorisé les frappes de l’Ukraine sur le sol russe NDLR

Guerre en Ukraine: Frappe sur le sol russe, le tournant

Guerre en Ukraine: Frappe sur le sol russe, le tournant

 

 Il  convient de s’interroger sur les objectifs stratégiques que poursuit désormais le chef de l’État ukrainien. S’agit-il de compléter les approvisionnements promis par les États-Unis ? Veut-il lutter contre la «fatigue de l’Ukraine» dont les opinions publiques européennes pourraient être saisies à l’orée d’une séquence électorale européenne complexe ?

 par ,Géopoliticien, Sciences Po, dans The Conversation 

 

Ce que cherche avant tout Volodymyr Zelensky, c’est modifier la façon dont ses soutiens européens envisagent leur contribution à la légitime défense de l’Ukraine. Plus qu’une tournée d’approvisionnement en matériels, il s’agit d’une campagne de doctrine dans la perspective du sommet pour la paix qui sera organisé par la Confédération helvétique les 15 et 16 juin prochains.

Malgré l’octroi, en avril, d’une aide militaire américaine supplémentaire importante (61 milliards de dollars) et malgré les fonds versés par l’UE à l’Ukraine, le président Zelensky est venu en Europe pour obtenir des accords militaires bilatéraux et des équipements supplémentaires. En effet, l’ampleur de l’invasion russe de 2022 et l’échec de la reconquête ukrainienne de l’été 2023 ont souligné les besoins (et les lacunes) des matériels actuellement en service sur les fronts russo-ukrainiens.

La contre-offensive de l’été 2023 a manifestement été entravée, dans ses résultats, par la faible couverture aérienne des attaques au sol. C’est pour cette raison que les autorités ukrainiennes ont sollicité et obtenu des aéronefs F16 auprès de plusieurs États européens, comme le Danemark les Pays-Bas et, cette semaine, la Belgique. La tournée de printemps de Volodymyr Zelensky vise à combler les lacunes de matériels au moment où les forces armées russes enregistrent des succès militaires dans le nord-est du pays.

Pourquoi demander des équipements à des pays européens dont les forces armées sont limitées ? C’est que, pour l’Ukraine, la course à la quantité est engagée avec la Russie. Celle-ci a en effet officiellement porté son effort de défense à 7,1% du PIB dans la loi de finances 2024 et a placé à la tête du ministère de la Défense l’économiste Andreï Belooussov, afin d’accentuer l’effort de guerre sur le plan industriel. Si, dans une guerre d’attrition, la quantité compte, aucun équipement de défense supplémentaire ne peut être négligé, même si les contingents promis sont limités (24 F16 des Pays-Bas, 19 du Danemark, 30 de Belgique).

De même, dans un conflit de longue haleine, la durabilité des soutiens est essentielle : alors que Vladimir Poutine vient de réaliser une tournée en République populaire de Chine et en Asie centrale, Volodymyr Zelensky signe ou renouvelle des accords militaires bilatéraux en Europe pour consolider son réseau d’alliances sur le long terme. Au moment où s’ouvre une séquence institutionnelle européenne qui peut durer (élections des parlementaires, nominations à la Commission et au Conseil), le président ukrainien a voulu s’assurer sur le terrain d’approvisionnements durables.

L’autre objectif de la tournée est moins visible, moins explicite, car beaucoup plus sensible. Depuis plusieurs semaines, les autorités de Kiev sont engagées dans une campagne aux États-Unis pour infléchir la doctrine américaine sur l’utilisation des armes sur le front. L’administration américaine a été constante par-delà les alternances politiques, depuis la guerre du Donbass en 2014 : les armes américaines ne doivent pas être utilisées contre les forces russes ou séparatistes hors du territoire ukrainien.

De même, l’Europe considère depuis le début de la guerre que la légitime défense de l’Ukraine ne doit pas comporter d’attaques sur le sol russe avec ses matériels de défense. La nuance peut paraître subtile mais elle est essentielle : les Européens veulent donner à l’Ukraine les moyens de se défendre sans entrer en conflit avec la Russie.

Cette semaine et la semaine prochaine, lors des célébrations du Débarquement, le président ukrainien a entrepris de changer cette vision de la défense de l’Ukraine. En effet, l’offensive récente de la Russie sur la ville de Kharkiv et sa région est menée depuis le territoire de la Fédération de Russie. Cette tactique permet aux artilleurs russes de bombarder la ville sans s’exposer à des tirs de contre-batterie ukrainiens utilisant des équipements occidentaux. Et elle est facilitée par la géographie : la ville de Kharkiv se situe à quelques kilomètres de la frontière russo-ukrainienne internationalement reconnue.

La «campagne de Kharkiv» place les Européens devant une décision stratégique lourde : soit ils considèrent que l’aboutissement naturel de leur soutien à l’Ukraine lève le tabou de frappes sur le sol russe avec leurs matériels, soit ils maintiennent leur posture initiale.

Dans le premier cas, ils franchissent un degré supplémentaire dans le rapport de force militaire avec la Russie, comme l’a souligné Vladimir Poutine. Dans le deuxième, ils privent l’Ukraine des moyens de se protéger efficacement des actions menées depuis la Russie. Le débat, surplombé par la crainte symétrique d’une défaite ukrainienne et d’une régionalisation du conflit, est si critique qu’il s’est même manifesté lors du conseil des ministres franco-allemand du 28 mai dernier, quand Emmanuel Macron a évoqué la possibilité d’autoriser Kiev à utiliser les missiles livrés par la France pour frapper les batteries se trouvant en territoire russe.

Par-delà la sécurisation d’approvisionnements en matériels, le président ukrainien est donc venu en Europe lancer une campagne visant à changer la doctrine de ses alliés sur la conduite des opérations militaires. Ses forces avaient déjà lancé des opérations spéciales et des bombardements sur la ville-frontière (russe) de Belgorod. Mais elles l’avaient fait en employant les armes de longue portée et les aéronefs ukrainiens. Désormais, elles envisagent de porter la guerre sur le territoire russe, en profondeur, grâce à l’aviation, grâce à une artillerie de longue portée et grâce à des missiles de croisière. C’est le soutien des Européens pour réaliser ces opérations que le président ukrainien est venu chercher.

Tout en demandant à ses interlocuteurs un soutien militaire, financier et diplomatique, Zelensky est aussi venu en Europe pour préparer le prochain sommet de la paix en Suisse. Si plus de 40 États sont invités, les objectifs sont pour le moment incertains : comment, en effet, lancer des négociations de paix alors même qu’aucun des deux ennemis n’a atteint ses objectifs stratégiques ?

Cet événement est aujourd’hui exposé à un double risque : d’une part, l’absence éventuelle du président américain en raison de la campagne électorale et, d’autre part, l’invitation lancée à la Russie à l’initiative du Brésil et de la Chine. Le président ukrainien milite pour l’absence de la Russie, accusant Vladimir Poutine de juguler toute tentative de règlement juridique et diplomatique. Dans cette perspective, ce sont bien les Européens qui constitueront son soutien le plus ferme… et sans doute son dernier recours.

À noter cependant qu’hier bail donne a autorisé les frappes de l’Ukraine sur le sol russe NDLR

Ukraine: Frappe sur le sol russe, le tournant

Ukraine: Frappe sur le sol russe, le tournant

 Il  convient de s’interroger sur les objectifs stratégiques que poursuit désormais le chef de l’État ukrainien. S’agit-il de compléter les approvisionnements promis par les États-Unis ? Veut-il lutter contre la «fatigue de l’Ukraine» dont les opinions publiques européennes pourraient être saisies à l’orée d’une séquence électorale européenne complexe ?

 par ,Géopoliticien, Sciences Po, dans The Conversation 

Ce que cherche avant tout Volodymyr Zelensky, c’est modifier la façon dont ses soutiens européens envisagent leur contribution à la légitime défense de l’Ukraine. Plus qu’une tournée d’approvisionnement en matériels, il s’agit d’une campagne de doctrine dans la perspective du sommet pour la paix qui sera organisé par la Confédération helvétique les 15 et 16 juin prochains.

Malgré l’octroi, en avril, d’une aide militaire américaine supplémentaire importante (61 milliards de dollars) et malgré les fonds versés par l’UE à l’Ukraine, le président Zelensky est venu en Europe pour obtenir des accords militaires bilatéraux et des équipements supplémentaires. En effet, l’ampleur de l’invasion russe de 2022 et l’échec de la reconquête ukrainienne de l’été 2023 ont souligné les besoins (et les lacunes) des matériels actuellement en service sur les fronts russo-ukrainiens.

La contre-offensive de l’été 2023 a manifestement été entravée, dans ses résultats, par la faible couverture aérienne des attaques au sol. C’est pour cette raison que les autorités ukrainiennes ont sollicité et obtenu des aéronefs F16 auprès de plusieurs États européens, comme le Danemark les Pays-Bas et, cette semaine, la Belgique. La tournée de printemps de Volodymyr Zelensky vise à combler les lacunes de matériels au moment où les forces armées russes enregistrent des succès militaires dans le nord-est du pays.

Pourquoi demander des équipements à des pays européens dont les forces armées sont limitées ? C’est que, pour l’Ukraine, la course à la quantité est engagée avec la Russie. Celle-ci a en effet officiellement porté son effort de défense à 7,1% du PIB dans la loi de finances 2024 et a placé à la tête du ministère de la Défense l’économiste Andreï Belooussov, afin d’accentuer l’effort de guerre sur le plan industriel. Si, dans une guerre d’attrition, la quantité compte, aucun équipement de défense supplémentaire ne peut être négligé, même si les contingents promis sont limités (24 F16 des Pays-Bas, 19 du Danemark, 30 de Belgique).

De même, dans un conflit de longue haleine, la durabilité des soutiens est essentielle : alors que Vladimir Poutine vient de réaliser une tournée en République populaire de Chine et en Asie centrale, Volodymyr Zelensky signe ou renouvelle des accords militaires bilatéraux en Europe pour consolider son réseau d’alliances sur le long terme. Au moment où s’ouvre une séquence institutionnelle européenne qui peut durer (élections des parlementaires, nominations à la Commission et au Conseil), le président ukrainien a voulu s’assurer sur le terrain d’approvisionnements durables.

L’autre objectif de la tournée est moins visible, moins explicite, car beaucoup plus sensible. Depuis plusieurs semaines, les autorités de Kiev sont engagées dans une campagne aux États-Unis pour infléchir la doctrine américaine sur l’utilisation des armes sur le front. L’administration américaine a été constante par-delà les alternances politiques, depuis la guerre du Donbass en 2014 : les armes américaines ne doivent pas être utilisées contre les forces russes ou séparatistes hors du territoire ukrainien.

De même, l’Europe considère depuis le début de la guerre que la légitime défense de l’Ukraine ne doit pas comporter d’attaques sur le sol russe avec ses matériels de défense. La nuance peut paraître subtile mais elle est essentielle : les Européens veulent donner à l’Ukraine les moyens de se défendre sans entrer en conflit avec la Russie.

Cette semaine et la semaine prochaine, lors des célébrations du Débarquement, le président ukrainien a entrepris de changer cette vision de la défense de l’Ukraine. En effet, l’offensive récente de la Russie sur la ville de Kharkiv et sa région est menée depuis le territoire de la Fédération de Russie. Cette tactique permet aux artilleurs russes de bombarder la ville sans s’exposer à des tirs de contre-batterie ukrainiens utilisant des équipements occidentaux. Et elle est facilitée par la géographie : la ville de Kharkiv se situe à quelques kilomètres de la frontière russo-ukrainienne internationalement reconnue.

La «campagne de Kharkiv» place les Européens devant une décision stratégique lourde : soit ils considèrent que l’aboutissement naturel de leur soutien à l’Ukraine lève le tabou de frappes sur le sol russe avec leurs matériels, soit ils maintiennent leur posture initiale.

Dans le premier cas, ils franchissent un degré supplémentaire dans le rapport de force militaire avec la Russie, comme l’a souligné Vladimir Poutine. Dans le deuxième, ils privent l’Ukraine des moyens de se protéger efficacement des actions menées depuis la Russie. Le débat, surplombé par la crainte symétrique d’une défaite ukrainienne et d’une régionalisation du conflit, est si critique qu’il s’est même manifesté lors du conseil des ministres franco-allemand du 28 mai dernier, quand Emmanuel Macron a évoqué la possibilité d’autoriser Kiev à utiliser les missiles livrés par la France pour frapper les batteries se trouvant en territoire russe.

Par-delà la sécurisation d’approvisionnements en matériels, le président ukrainien est donc venu en Europe lancer une campagne visant à changer la doctrine de ses alliés sur la conduite des opérations militaires. Ses forces avaient déjà lancé des opérations spéciales et des bombardements sur la ville-frontière (russe) de Belgorod. Mais elles l’avaient fait en employant les armes de longue portée et les aéronefs ukrainiens. Désormais, elles envisagent de porter la guerre sur le territoire russe, en profondeur, grâce à l’aviation, grâce à une artillerie de longue portée et grâce à des missiles de croisière. C’est le soutien des Européens pour réaliser ces opérations que le président ukrainien est venu chercher.

Tout en demandant à ses interlocuteurs un soutien militaire, financier et diplomatique, Zelensky est aussi venu en Europe pour préparer le prochain sommet de la paix en Suisse. Si plus de 40 États sont invités, les objectifs sont pour le moment incertains : comment, en effet, lancer des négociations de paix alors même qu’aucun des deux ennemis n’a atteint ses objectifs stratégiques ?

Cet événement est aujourd’hui exposé à un double risque : d’une part, l’absence éventuelle du président américain en raison de la campagne électorale et, d’autre part, l’invitation lancée à la Russie à l’initiative du Brésil et de la Chine. Le président ukrainien milite pour l’absence de la Russie, accusant Vladimir Poutine de juguler toute tentative de règlement juridique et diplomatique. Dans cette perspective, ce sont bien les Européens qui constitueront son soutien le plus ferme… et sans doute son dernier recours.

À noter cependant qu’hier bail donne a autorisé les frappes de l’Ukraine sur le sol russe NDLR

École : encore un parent qui frappe une assistante sociale

École : encore un parent qui frappe une assistante sociale

Cette fois ce n’est pas un enseignant mais une assistante sociale qui est victime de la violence d’un parent. Notons que les pouvoirs publics entretiennent d’ailleurs le déni de réalité en évitant de parler de l’origine de l’intéressé coupable de violences et de son parcours social et judiciaire

Un parent d’élève a agressé mercredi à coups de poing une assistante sociale dans un collège de Sarcelles (Val-d’Oise), a appris l’AFP de sources policières et du rectorat. Vers 11H30, le père d’un élève de l’établissement s’est présenté au collège Jean Lurçat et «a reproché à une assistante sociale de ne pas avoir été informé d’un signalement effectué auprès du procureur», a expliqué à l’AFP le rectorat.

Ce signalement avait abouti la semaine dernière à une ordonnance de placement provisoire de son enfant, dans un foyer socio-éducatif selon une source policière. Lors de la discussion, le parent d’élève de 56 ans a frappé l’assistante sociale notamment au visage et au bras. Une infirmière s’est alors interposée et a dû esquiver des coups de chaise. Appelées sur place, les forces de police ont maîtrisé l’homme et procédé à son interpellation devant des élèves. Il a été placé en garde à vue au commissariat de Sarcelles.

Gaza – frappe sur un hôpital: 200 morts

Gaza – frappe sur un hôpital: 200 morts

« Des centaines de victimes se trouvent encore dans les décombres » de l’hôpital Ahli Arab, dans le centre de Gaza, où « 200 à 300 personnes sont mortes », a affirmé le ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, qui a accusé Israël du tir.

Le mouvement islamiste Hamas au pouvoir à Gaza accuse Israël d’être à l’origine de cette frappe. L’armée israélienne impute elle le tir de roquette tombé sur l’hôpital au Jihad islamique, autre groupe armé palestinien. « D’après des informations des services de renseignements, basées sur plusieurs sources que nous avons obtenues, le Jihad islamique est responsable du tir de roquette raté qui a touché l’hôpital », a affirmé de son côté l’armée israélienne dans un communiqué.

Le tir a suscité une vague d’indignation et de condamnation de pays arabes, contre Israël et au-delà. Des manifestants sont sortis dans les rues à Amman, Tunis, et dans plusieurs villes de Libye. A Ramallah, en Cisjordanie occupée, des heurts ont éclaté mardi soir entre des manifestants appelant au départ du président palestinien Mahmoud Abbas et ses forces de sécurité.

Taux d’intérêt : la Fed frappe fort !

Taux d’intérêt : la Fed frappe fort !

 

La Fed frappe fort en matière de taux d’intérêt titrent  nombre de médias très complaisants. Aux États-Unis alors que l’inflation dépasse 8 % la Fed vient de remonter des taux qui se situent désormais entre 1,5 % et 1,75 %. La vérité sans doute c’est que cette hausse n’est pas du tout à la hauteur de l’inflation qui ne cesse de progresser. La vérité c’est que la FED comme les autres banques centrales s’efforcent de faire porter le poids de la dette accumulée après la politique « accommodante »sur les ménages. En effet les revenus sont loin de suivre.

la  Fed a annoncé ce mercredi une hausse des taux de trois quarts de points de pourcentage, soit la plus forte hausse depuis 1994, pour tenter de contrôler une inflation qui ne faiblit pas. Avec cette troisième hausse d’affilée, ces taux se situent désormais dans une fourchette comprise entre 1,5 et 1,75%.

 

Peu avant cette annonce, la Banque centrale européenne a, elle, convoqué une réunion en urgence à l’issue de laquelle elle a annoncé qu’elle travaillait à la conception d’un nouvel instrument « anti-fragmentation » pour lutter contre un écartement trop important des taux entre les pays de la zone euro.En clair l’État d’endettement pourrait faire menacer de défauts certains pays comme l’Italie et il s’agit moins de lutter contre l’inflation que d’empêcher un éclatement de fait dans la zone euro.

 

« L’inflation reste élevée, reflétant des déséquilibres entre l’offre et la demande liés à la pandémie, à la hausse des prix de l’énergie et à des pressions plus larges sur les prix », déclarede manière très floue  la Fed dans le communiqué publié à l’issue de deux jours de débats.

En effet ,  la hausse des prix n’a pas ralenti, comme cela avait été le cas en avril, atteignant même un nouveau record en 40 ans, à 8,6% sur un an.En Europe l’inflation dérape aussi mais le problème numéro un est celui du risque d’éclatement de la zone euro. En clair notamment les taux d’intérêt des emprunts des différents états pourraient considérablement varier et menacer la monnaie unique.

Ainsi le taux italien  s’est envolé au-dessus des 4 %, creusant du coup le spread (écart de taux) avec le taux de référence allemand à plus de 200 points de base quand le taux allemand demeure entre 1 et 2%.

La BCE a  chargé ses équipes « d’accélérer » la conception d’un nouvel instrument « anti-fragmentation » pour lutter contre un écartement trop important des taux entre pays du Nord et pays du Sud de la zone euro. Mais aucun détail sur le contenu de cet instrument ni son calendrier d’adoption n’a été donné.

Une semaine plus tôt, la BCE avait annoncé un resserrement de sa politique monétaire pour combattre l’inflation, qui s’est accompagnée d’une hausse des taux directeurs de 25 points de base à partir de juillet puis à nouveau en septembre.

L’autre souci des banques centrales est aussi cet écroulement de la croissance qui pourrait encore être accélérée par une hausse trop brutale des taux d’intérêt. Bref un vrai cercle vicieux

 

Inflation aussi sur la grande consommation

Après l’énergie, l’inflation frappe les produits de grande consommation

 

Le record d’inflation annoncé par Eurostat en février, de 5,8% en un an, concerne aussi les produits de grande consommation vendus dans les grandes surfaces françaises.  C’est ce que concluent les dernières études du cabinet d’analyse NielsenIQ, qui se penche régulièrement sur l’évolution des prix de ces produits.

68% des catégories alimentaires sont notamment touchées par l’inflation, selon sa dernière analyse du 1er mars. Sur l’ensemble des produits alimentaires, cette inflation a atteint +0,52% en février 2022 par rapport au même mois de l’année précédente.

 

La police frappe la mafia russe en France

La police frappe la mafia russe en France

Les unités spécialisées de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) viennent de porter un rude coup contre une des formes les plus venimeuses de la mafia russophone qui sévit en France. Au terme de deux ans d’investigation, l’Office central de lutte contre la criminalité organisée (OCLCO) a démantelé mardi et mercredi une redoutable équipe de «vor y zakone», les «voleurs dans la loi», reconnaissables pour certains aux bulbes orthodoxes, roses des vents et autres poignards qu’ils arborent tatoués sur le corps.

Organisant des raids très préparés, ces truands venus du froid disposent d’une armée de «petites mains» qui écument le pays pour commettre des délits de «basse intensité» afin de passer sous les radars des services. De manière indistincte, ces malfaiteurs recrutés parmi les migrants, et circulant volontiers avec le statut de demandeurs d’asile, cambriolent et raflent téléphones, ordinateurs, montres, alcools ou encore cosmétiques avec une étourdissante boulimie.

Syrie – frappe américaine : Mélenchon, Le Pen et Fillon défendent Assad

Syrie – frappe américaine : Mélenchon, Le Pen et Fillon défendent Assad

 

La frappe américaine contre une base irakienne en réplique à l’utilisation de gaz toxique contre des Syriens confirme le clivage net entre ceux qui soutiennent l’alliance Assad Poutine et ceux qui la condamnent. En clair  Macron et Hamon condamnent nettement les crimes du président syrien soutenu par Poutine. D’un autre côté Fillon, Mélenchon et Le Pen trouvent  des excuses à Assad et critiquent  donc l’intervention américaine  Cette fracture reflète les désaccords exprimés ces dernières semaines entre ces mêmes candidats sur l’attitude à avoir vis-à-vis de la Russie, alliée du régime syrien. « Je suis un peu étonnée, parce que (le président américain) Trump avait indiqué à plusieurs reprises qu’il n’entendait plus faire des Etats-Unis le gendarme du monde et c’est exactement ce qu’il a fait hier », a dit Marine Le Pen, déplorant sur France 2 que la frappe ait eu lieu avant que la responsabilité du régime syrien ait été établie par l’Onu. « Ce que je voudrais, c’est qu’on ne retrouve pas le même scénario qu’on a pu voir en Irak, en Libye, qui en réalité sont des processus qui ont entraîné le chaos, qui ont fini par conforter le fondamentalisme islamiste et les structures terroristes qui, du coup, ont profité de ce renforcement pour venir nous frapper sur notre sol », a ajouté la candidate du Front national. Une inquiétude partagée par François Fillon, qui se présente en champion d’une lutte contre le « totalitarisme islamique ». Emmanuel Macron a répété la position qu’il avait exprimée quelques heures avant que la frappe américaine soit connue. « Mon souhait, c’est qu’il y ait une action coordonnée sur le plan international en représailles au régime de Bachar al Assad et aux crimes qui ont été commis », a dit le candidat d’En Marche ! Lors d’un déplacement en Corse.




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