Filippetti se mêle des programmes de France télévision
Compte tenu de la réduction des moyens budgétaires, le président de France télévision a bien dû réviser sa grille ; or celle-ci ne plaît pas à la ministre de la culture. Plus exactement elle se place du coté des syndicats corpos qui n’acceptent pas en ces temps de crise une réadaptation des programmes. Bref, le gouvernement se mêle de faire les programmes télé. Aurélie Filippetti désavoue le président de France Télévisions. La ministre de la Culture et de la Communication a vigoureusement critiqué ce mercredi sur RTL les choix récents de Rémy Pfimlin pour le groupe audiovisuel public. En cause: les modifications récentes de la grille des programmes, qu’Aurélie Filippetti ne juge pas en phase avec les missions de service public du groupe. «J’avoue que j’ai des interrogations sur la stratégie, notamment en matière d’annonces, qui est faite par la direction de France Télévisions et c’est pourquoi j’ai demandé très rapidement à voir Rémy Pfimlin», a-t-elle expliqué. La ministre critique notamment l’élargissement de la tranche horaire du journal de France 3, «Soir 3». «Faire passer à une heure [la durée] de ce programme n’est pas un problème en soi. Évidemment, l’information est de qualité sur le service public, tant mieux. Mais cela a des conséquences sur la case des documentaires et des fictions qui jouxtent le “Soir 3”. Cela n’a visiblement pas été anticipé.» La ministre reproche à Rémy Pfimlin de délaisser le genre documentaire, financièrement en partie tributaire du groupe public, au profit du journal télévisé. «Le documentaire est aussi une obligation et une mission de service public», a-t-elle rappelé. Autre grief de la ministre: l’hypothèse de la suppression de l’émission de vulgarisation scientifique «C’est pas sorcier». Pour Aurélie Filippetti, cette éventualité est une erreur stratégique s’agissant de «l’une des belles émissions [de France Télévisions], qui a une approche ludique de l’enseignement de la science et de la technique». «On fragilise une émission de qualité qui a fait ses preuves, reproche-t-elle à Rémy Pfimlin, ça ne me semble pas une bonne politique». Autant de décisions qui ont selon la ministre suscité «un émoi compréhensible de la part des salariés de France Télévisions». Leurs syndicats ont récemment déposé un préavis de grève pour protester contre la stratégie du groupe. La ministre réclame en conséquence «une réflexion stratégique», un plan «qui soit clair en matière de soutien à la création, d’augmentation des programmes à destination des enfants et notamment les programmes éducatifs», aux côtés des axes stratégiques que doivent être l’information, l’offre numérique et «évidemment le renforcement de la proximité». Les difficultés budgétaires «réelles» que connaît France Télévisions ne doivent pas l’exonérer de ses missions de service public, rappelle en clair la ministre. Elle devrait rencontrer Rémy Pfimlin «très rapidement» pour évoquer avec lui ces points de divergence.