Prison pour des dirigeants de France Télécom
Prison ferme requis contre les anciens dirigeants de France Télécom en raison du harcèlement dont était ont été victimes nombre de salariés de l’entreprise lors de sa restructuration. (20 000 postes supprimés en trois ans et 10 000 agents transférés). Les dirigeants sont accusés d’avoir mis en place une politique destinée à déstabiliser les agents pour les contraindre à partir. Un management qui a provoqué souffrance chez certains et même conduit au suicide. Ce qui est en cause dans cette affaire, c’est sans doute la brutalité du management. Certes France Télécom avait besoin d’une sérieuse remise en cause, aujourd’hui personne ne conteste le succès d’Orange tant en France qu’au plan international. C’est la brutalité de la gestion du personnel qui est au cœur de cette affaire. Une brutalité qu’on peut comprendre quand des fonctionnaires se mettent à adhérer brutalement à l’idéologie ultra libérale. Corsetés pendant des années par leur administration, certains hauts fonctionnaires (et d’autres cadres moins gradés) deviennent alors à moitié fous en tout cas enivrés d’une liberté nouvelle qu’ils ne savent pas maîtriser. D’un autre côté, il est clair que le personnel en cause dans sa grande majorité culturellement n’était pas prêt à faire un tel saut de productivité et de qualité. Le même phénomène se produirait sans doute si on imposait les mêmes méthodes par exemple à EDF, à la SNCF à des secteurs de la fonction publique. La transition doit être gérée avec détermination mais aussi avec pédagogie et prudence car le choc est impossible à absorber pour des catégories qui n’ont qu’une vague idée des critères de gestion du privé. Or c’est ce qui s’est passé à France télécom, on est passé brutalement du cocon étatique au monde du privé. Un an de prison assorti de 15.000 euros d’amende a donc été requis à l’encontre de l’ancien PDG Didier Lombard, 77 ans, de son ancien directeur des ressources humaines Olivier Barberot, 64 ans, et de l’ex-directeur des opérations France, Louis-Pierre Wenes, 70 ans, jugés pour harcèlement moral. Le ministère public a par ailleurs demandé huit mois de prison et 10.000 euros d’amende à l’encontre de quatre autres anciens dirigeants jugés pour complicité, ainsi qu’une amende de 75.000 euros contre France Télécom en tant que personne morale. L’accusation reproche à l’entreprise et ses anciens dirigeants d’avoir instauré une politique visant par toutes sortes de moyens à “déstabiliser” les salariés afin de les contraindre à partir. L’ordonnance de renvoi en correctionnelle a retenu le cas de 39 victimes, dont 18 suicides et 13 tentatives en deux ans.