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«L’hydrogène vert, secteur d’avenir pour les entreprises françaises»

«L’hydrogène vert, secteur d’avenir pour les entreprises françaises»

La tribune d’Amélia Lakrafi, députée Renaissance

Une tribune intéressante qui rappelle l’enjeu stratégique de l’hydrogène. Une tribune qui toutefois passe à côté de l’atout central que constitue l’hydrogène vert pouvant être produite à partir du nucléaire. Une question à peine évoquée sans doute pour ne pas froisser les écolos. Toujours la même ambiguïté chez les partisans de Macron. NDLR


• La France fait désormais partie des pays de l’industrie de l’hydrogène vert sur lesquels il faut compter. La visite, les 30 et 31 janvier, du ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, à Abou Dhabi, illustre le soutien du gouvernement à l’expansion internationale des entreprises françaises. Les Emirats arabes unis représentent un acteur majeur de ce secteur.
• Lors de la COP 27 en Egypte en novembre 2022, le président Emmanuel Macron rappelait que « le climat ne saurait être une variable d’ajustement ». Cela nous oblige donc à trouver un modèle qui concilie les impératifs de développement économique et de diversification énergétique. Dans cette perspective, la filière hydrogène française tient une place importante puisqu’elle permet de répondre à ce double objectif. Obtenu à partir d’un processus d’électrolyse de l’eau, sa production a une faible empreinte carbone et peut même s’appuyer sur le nucléaire qui est un atout national.
• Cette nouvelle visite de Bruno Le Maire aux Emirats fait suite à celle de juillet 2022. Elle avait débouché sur un renforcement de la coopération énergétique, incluant les énergies renouvelables, dont l’hydrogène.
• Leader mondial. Fin février, Dubaï accueillera le World Hydrogene Mena, grand évènement international qui rassemblera les principaux acteurs de l’hydrogène. Ces visites chez un acteur qui ambitionne de décarboner 50 % de son mix énergétique à l’horizon 2050 n’est donc pas un hasard. Elles résultent d’une stratégie visant à faire de la France un leader mondial dans le secteur de l’hydrogène.
• Pour cela, le gouvernement agit. Le plan France 2030 prévoit une stratégie hydrogène articulée autour de trois axes : décarboner l’industrie en contribuant à l’émergence d’une filière française, développer une grande mobilité à l’hydrogène vert de nos moyens de transport, et soutenir la recherche et le développement pour favoriser les usages futurs.
• Les fleurons industriels français sont déjà à l’origine de grands projets. C’est le cas d’Air Liquide, avec la construction au Canada en 2021 du plus grand électrolyseur PEM au monde. Cette installation permet à l’entreprise française de s’installer durablement sur le marché nord-américain.
• Les PME-PMI tirent aussi leur épingle du jeu. Depuis décembre 2022, la société nantaise Lhyfe, qui fait déjà partie des leaders mondiaux de cette filière, travaille à la construction d’une usine d’hydrogène vert à usage industriel en Allemagne.
• L’industrie des énergies renouvelables, et notamment de l’hydrogène vert, sera à coup sûr un moteur de l’économie française. En plus d’une législation adaptée, la France dispose de tous les savoir-faire d’excellence qui font rayonner ses entreprises dans le secteur : l’énergie, le rail, l’automobile et la tech. La capacité des entreprises françaises à saisir les opportunités sera déterminante.
• C’est particulièrement vrai dans les pays de la 10e circonscription des Français de l’étranger (Afrique, Moyen Orient) que j’ai l’honneur de représenter. Nos entreprises développent des stratégies de transition énergétique très innovantes dans lesquelles nos expatriés apportent tout leur savoir-faire.
• Amélia Lakrafi est députée (Renaissance) de la dixième circonscription des Français établis hors de France.

Mali : les erreurs françaises

 Mali : les erreurs françaises

La  France a commis une erreur en restant aussi longtemps sur ce territoire, estime l’ancien ambassadeur de France au Mali, Nicolas Normand. ( interview, le Figaro)

 

Nicolas Normand a été ambassadeur de France au Mali de 2002 à 2006, au Congo, au Sénégal et en Gambie. Il est l’auteur du Grand Livre de l’Afrique, Ed. Eyrolles, 2018 édition mise à jour en juin 2022.


Le 11 janvier 2013, les autorités maliennes demandent l’appui de la France pour arrêter l’avancée de groupes terroristes en direction de Bamako et les repousser vers le Nord. C’est le début de l’opération Serval. Quel est son bilan ? A-t-elle été efficace ?

Nicolas NORMAND. - Serval a été un succès incontestable pour avoir à la fois arrêté l’avancée des terroristes vers le sud et réunifié le Mali qui avait perdu tout le nord du pays, soit près des deux tiers du territoire, détenu par trois groupes djihadistes se référant à Al Qaïda : Ansar Dine (à majorité Touareg), le MUJAO (composé surtout de subsahariens et de Saharaouis) et AQMI (originaire d’Algérie).

Du point de vue des Maliens, cependant, ce succès est incomplet, voire gâché par le fait que la ville de Kidal a été aussitôt réoccupée par un groupe de séparatistes touaregs, le MNLA. L’armée française ne pouvait guère s’y opposer car il ne s’agissait pas de terroristes selon le point de vue occidental. Mais malheureusement, Serval a ensuite coopéré avec ces séparatistes pour combattre les djihadistes. C’était une double erreur politique du gouvernement de François Hollande : premièrement l’armée française n’aurait pas dû s’appuyer sur une milice illégale alors que les États seuls (Mali ou France) ont le monopole de la violence légitime.

Deuxièmement, vu de Bamako, les séparatistes sont pires que les djihadistes puisqu’ils remettent en cause l’existence même ou l’intégrité du Mali. Cette faute politique française (que j’avais dénoncée en son temps) pèse encore et durablement dans les relations entre la France et le Mali en faisant croire, pourtant évidemment à tort, que la France aurait un agenda caché de démembrer le Mali pour mieux «piller» ses ressources supposées au nord en connivence avec les rebelles séparatistes.

Le 1er août 2014, Serval est remplacée par Barkhane. Quel est l’objectif de la France à ce moment-là ?

En 2014, il aurait été logique et bien préférable que l’armée française se retire du Mali après mission accomplie, déjà en 2013 après les élections présidentielles maliennes d’août 2013. Dans ce cas, l’armée malienne devait prendre le relais pour assurer une présence dans le nord du pays et éviter une éventuellerésurgence du djihadisme. Mais deux facteurs ont apparemment conduit le président Hollande à décider de maintenir une armée française au Mali. Premièrement la faiblesse de l’armée malienne, notamment après ses défaites de 2013 (contre les djihadistes) et de mai 2014 (à Kidal contre les séparatistes), sans oublier le coup d’État militaire de mars 2012 qui avait provoqué des affrontements internes dans l’armée malienne.Une prolongation est forcément ressentie comme une occupation, voire une volonté de recolonisation.

Deuxièmement, l’idée erronée que la France avait les moyens d’empêcher la résurgence du djihadisme et d’éliminer les bandes subsistantes, sans pouvoir traiter les causes même du mal. Ces causes sont précisément l’absence de l’État malien et de ses services publics sur l’ensemble du territoire, le désespoir d’une jeunesse sans formation ni avenir dans un pays sans développement et en explosion démographique. Dans une sorte de Far West sans shérif qu’est devenue une partie du Mali, une insurrection locale s’appuyant sur l’idéologie djihadiste ne pouvait que se diffuser et se développer, malgré tous les efforts militaires. Faute de l’avoir analysé et compris, Barkhane s’enfonçait dans une impasse.

Au printemps 2021, la France lève progressivement le pied au Mali. Peut-on pour autant qualifier Barkhane d’échec contrairement à Serval ? La France a-t-elle commis une erreur en restant au Mali ?

Barkhane, malgré le fait qu’une action militaire ne pouvait seule apporter une solution, n’est pas un échec sur le plan technique. Cette opération a empêché d’abord les djihadistes de reprendre pied dans les villes du nord qui sont restées sous le contrôle du gouvernement malien, contrairement à la situation de 2012. Ensuite, Barkhane a donné aux autorités maliennes un délai de plusieurs années pour reconstruire son outil militaire, rétablir son autorité politique et, si possible, sa présence dans les zones rurales où les djihadistes avaient été éliminés ou repoussés par Barkhane. Mais cette part du travail de fond qui devait être accomplie par le Mali n’a pas pu réussir, faute essentiellement de moyens, mais faute peut-être aussi d’un leadership malien volontaire et efficace.

À mon avis, il n’est guère contestable que la France a commis une erreur en restant militairement si longtemps au Mali. Serval était un pompier qui a rempli sa mission. Mais en décidant une longue prolongation de la présence armée française, on ignorait complètement la psychologie et la politique au Mali : même un sauvetage d’urgence par l’armée de l’ancien colonisateur (Serval) est déjà ressenti comme une humiliation. Une prolongation est forcément ressentie comme une occupation, voire une volonté de recolonisation. Cette situation a été encore aggravée par des erreurs de comportement et de communication, donnant le sentiment aux Maliens urbains que la souveraineté du pays était bafouée : communication unilatérale française, et non pas malienne, et laissant de surcroît croire que les terroristes ne subissaient que des échecs et donc que la solution était militaire ; apparente marginalisation de l’armée malienne qui n’était plus en première ligne ; enfin dégradation permanente et continue de la sécurité en zone rurale et extension du djihadisme à de nouvelles régions.

 

Au final, la déception des populations urbaines s’est muée en ressentiment puis en colère. Cela s’est traduit par l’essor du sentiment anti-français (plus exactement anti politique française) et par le populisme au nom de la souveraineté nationale. C’est pourquoi le deuxième coup d’État à Bamako (mai 2021 après celui d’août 2020) a été bien accueilli par la population urbaine et c’est pourquoi la junte malienne au pouvoir a exploité le ressentiment anti-français et finalement provoqué une rupture avec la France, bouc-émissaire idéal. Mais néanmoins conscientes de ses insuffisances militaires, les autorités maliennes actuelles se sont tournées vers la Russie qui s’est engouffrée dans la brèche, mais sans bourse délier : ventes de matériel militaire, fourniture des mercenaires Wagner au prix coûtant et marée de propagande anti-française et anti-occidentale sur les réseaux sociaux.

Depuis le coup d’État du 30 septembre, la junte au pouvoir à Ouagadougou multiplie les signes de défiance. Où en est-on aujourd’hui ? Quelles conditions sont nécessaires pour améliorer la situation ?

L’extension du djihadisme au Burkina-Faso depuis 2015 s’explique en partie par la désorganisation des services sécuritaires de ce pays après le coup d’État renversant le président Compaoré en octobre 2014. Barkhane a eu dès l’origine des difficultés particulières à coopérer avec l’armée de ce pays en raison d’une tradition sankariste encore ancrée, l’ancien président Sankara ayant laissé le souvenir d’un héros de la résistance anti-impérialiste. La dégradation continue de la situation sécuritaire au Burkina a provoqué les deux derniers coups d’État. Celui de septembre 2022, portant au pouvoir le capitaine Traoré, a été soutenu par un ensemble d’activistes urbains demandant le départ de l’armée française, mettant à ce sujet la pression sur le nouveau chef d’État inexpérimenté et sur la recherche de solutions nouvelles. À ce stade, les négociations avec Moscou buteraient sur l’aspect financier et notamment le coût des mercenaires Wagner, tandis que les relations bilatérales avec la France ont atteint un point bas, avec déjà la demande burkinabée de rappeler notre ambassadeur.

 

Numérique et développement durable : où en sont les entreprises françaises ?

Numérique et développement durable  : où en sont les entreprises françaises  ?

Suite à la loi du  15 novembre 2021, la loi visant à réduire l’empreinte environnementale du numérique (REEN) , Carole Davies-Filleur, directrice exécutive responsable du développement durable chez Accenture Technology et Romain Mouton, Président du Cercle de Giverny font le point dans la Tribune , ‘extrait) 

Selon le rapport de la mission d’information sur l’empreinte environnementale du numérique, si rien n’est fait, le numérique représentera 7% des émissions de gaz à effet de serre de la France à l’horizon 2040, contre 2% aujourd’hui.

 

En matière de neutralité carbone, l’engagement des entreprises françaises interrogées semble acquis : 84% d’entre elles ont des objectifs dans ce domaine à horizon 2030, 28% s’engagent même à les atteindre d’ici 2025 (1). La technologie est considérée comme un levier important de mise en œuvre des initiatives de développement durable pour 96% des entreprises françaises.

Pour autant, la stratégie du numérique responsable n’est pas forcément corrélée avec la stratégie générale de l’entreprise et celle du développement durable. Pour être efficace, elle doit considérer trois impératifs simultanément : la technologie doit se mettre au service du développement durable, le développement durable doit être intégré dans la technologie elle-même et le développement durable doit être orchestré avec l’écosystème. Or, peu d’entreprises en France considèrent ces trois éléments en même temps.

En France, les entreprises sont seulement 4% à mettre en place une approche véritablement holistique, contre 7% au niveau mondial. Instituer les bons mécanismes de gouvernance peut aider à briser les silos. Mais aujourd’hui, seuls 41% des DSI font partie de l’équipe dirigeante qui fixe les objectifs de développement durable, et seuls 38% sont évalués sur la réalisation de ces objectifs.

Trois obstacles principaux expliquent ce retard des entreprises françaises en matière de numérique responsable :

  • Le manque de talents et de solutions. 39% déclarent manquer de personnes qualifiées pour mener des initiatives numériques en faveur du développement durable et 32% pensent que les bonnes solutions ne sont pas disponibles ou pas encore arrivées à maturité.
  • La complexité et le coût. 38% déclarent qu’il est cher et complexe de rendre les anciens systèmes plus durables.
  • Le retard de la migration vers le cloud. 32% des entreprises n’ont pas encore migré leurs centres de données vers le cloud qui peut être un levier pour l’efficacité énergétique de l’infrastructure IT.

En s’appuyant sur la technologie, les entreprises peuvent effectivement accélérer leur transformation durable en formulant une stratégie qui répond aux trois impératifs évoqués plus haut. Le premier consiste donc à se mettre au service des métiers de l’entreprise pour atteindre des objectifs de développement durable, tant environnementaux, sociaux qu’éthiques. Pour l’impératif urgent de sobriété énergétique, on connaît par exemple l’utilité des systèmes de Smart Buildings. Le deuxième est d’intégrer le développement durable dans la technologie : alors que la technologie est un moteur fondamental de la durabilité, la solution doit être conçue résiliente et sobre pour qu’elle ne devienne pas elle-même un problème. Enfin, dernier impératif : orchestrer un écosystème d’entreprises, de startups et de partenaires pour exploiter pleinement le potentiel de la technologie en faveur du développement durable.

Si l’on mesure le niveau de succès des entreprises à combiner ces trois éléments, on constate qu’environ 70% des entreprises en France ont des scores entre 0.3 et 0.5 (2), contre 60% au niveau global. Seules 10% des entreprises françaises ont des scores dépassant 0.6, les positionnant comme leaders dans ce domaine, contre 13% au niveau mondial. Si le potentiel est bien là, cela suggère que bon nombre d’entreprises ont encore du chemin à parcourir pour utiliser pleinement le numérique au service du développement durable.

Pour aller plus vite et plus loin, les pistes pourtant ne manquent pas : par exemple en exploitant davantage les technologies (intelligence artificielle pour l’efficacité énergétique dans les bâtiments et usines, analyse des données pour le pilotage de la décarbonation, plateformes numériques pour échanger des données fournisseurs sur l’impact RSE  jumeau numérique pour éco-concevoir les produits…),  en intégrant la performance environnementale, sociale et éthique au sein de cycle de vie des services numériques, en instituant les bons mécanismes de gouvernance pour briser les silos ou encore en renforçant le décloisonnement entre le monde académique, l’administration publique et le monde de l’entreprise.

 

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(1) Étude Numérique et Développement Durable en France.  Analyse mondiale menée par Accenture Research auprès de 560 entreprises dont 60 françaises.
(2) Indice avec une échelle comprise entre 0 et 1 (Sustainability Technology Index – Accenture Research)

Carole Davies-Filleur et Romain Mouton

Déficit du commerce extérieur : Le résultat aussi des doctrines économiques françaises

Déficit du commerce extérieur : Le résultat aussi des doctrines économiques françaises

 

Les économistes André et Thomas Grjebine considèrent, dans une tribune au « Monde », que le déficit commercial français s’explique par la divergence des stratégies et des doctrines économiques au sein de la zone euro – exportations en Allemagne, soutien de la demande en France.

 

Une zone monétaire comme la zone euro est condamnée à la crise si les priorités économiques des pays qui la composent sont fondamentalement différentes. Or, depuis 1945, l’Allemagne pratique une politique néomercantiliste, et la France une politique de soutien de la demande, avec, par intervalles, des politiques plus restrictives quand la contrainte extérieure devient trop forte.

Ces stratégies opposées, à la source de nos déficits extérieurs persistants et des excédents allemands, ont des fondements théoriques divergents. Du XVIe à la première moitié du XVIIIe siècle, le mercantilisme a accompagné les débuts de l’industrie française. Il s’agissait à la fois d’organiser une politique industrielle tournée vers la production de biens destinés à l’exportation et de décourager les importations de produits finis, via des mesures protectionnistes. L’Allemagne s’inspire de cette doctrine depuis des décennies, sinon depuis Bismarck (1815-1898). Son mercantilisme ne s’exprime pas tant par des mesures protectionnistes que par une politique de l’offre s’appuyant sur une compression de la demande, qui vise à la fois à assurer la compétitivité des entreprises (avec notamment des longues phases de modération salariale) et à limiter les importations. Le consensus social permet d’appliquer cette stratégie avec l’accord des syndicats, soucieux de préserver la compétitivité de l’industrie allemande.

Si l’équilibre extérieur est une priorité pour l’Allemagne, c’est, pour la France, davantage une variable d’ajustement. On peut y voir l’influence des théories classiques du commerce international, qui a toujours été très forte auprès des économistes français. Les théories de « l’avantage absolu » d’Adam Smith (1723-1790) et plus encore de « l’avantage comparatif » de David Ricardo (1772-1823) ont été construites en réaction aux théories mercantilistes en vogue à l’époque : il s’agissait de passer d’un monde où chacun essaie de maximiser ses surplus commerciaux à un monde où chacun a intérêt à l’échange. Peu importe ce que l’on produit, la division du travail doit permettre à chaque pays de s’enrichir, chacun se spécialisant dans les productions pour lesquelles il dispose d’un avantage comparatif. Dans un monde où chacun a intérêt à l’échange, les déficits commerciaux ne sont plus un problème : ils sont mêmes avantageux, car ils permettent de « vivre au-dessus de ses moyens », c’est-à-dire de pouvoir consommer plus que ce qui est produit.

En réalité, ces mécanismes n’ont jamais fonctionné comme Ricardo et ses successeurs les ont décrits. La nature des produits qu’un pays exporte est loin d’être indifférente, et, en pratique, la plupart des pays se sont développés via une stratégie de montée en gamme dans les exportations. Par ailleurs, ces approches néoclassiques négligent les effets dynamiques des déficits commerciaux sur les structures de production, et en particulier le fait que les déficits extérieurs et la désindustrialisation sont intimement liés.

Histoire des fractures françaises

Histoire  des fractures françaises

 

 Une tribune de Mathias Bernard, Historien, Université Clermont Auvergne (UCA) qui rappelle l’histoire des fractures françaises notamment de l’ancien clivage droite gauche. La France en sortirait fracturée ; reste à savoir si l’analyse par le prisme déformant des préférences politiques rend suffisamment compte de l’évolution sociétale de la France.De ce point de vue l’éclatement du pays est sans doute plus complexe et suppose de mieux prendre en compte des facteurs explicatifs sociaux, sociétaux, technologiques, environnementaux et culturels. Bref une approche plus systémique. NDLR

Les élections présidentielles de 2022 ont alimenté les analyses sur une France profondément divisée, voire fracturée – selon des clivages à la fois politiques, sociaux et culturels.

Journalistes, sociologues, hommes politiques s’inquiètent de cette situation et, tel le président du Sénat Gérard Larcher, appellent à « recoudre une France fracturée » alors que les élections législatives se profilent déjà.

Ces antagonismes ne sont pourtant pas nouveaux dans une vie politique française traditionnellement organisée selon un schéma bipolaire.

Pourquoi inquiètent-ils donc tant aujourd’hui ?

Le poids de la Révolution française

Né pendant la Révolution française, le clivage droite-gauche a d’abord reposé sur des facteurs politiques. Dans le grand Ouest, le combat entre les Bleus républicains et les Blancs royalistes a laissé des traces pendant plus d’un siècle.

Les souvenirs des combats de la Révolution ont nourri l’imaginaire des élites politiques, qu’elles soient républicaines ou contre-révolutionnaires, et la mémoire de l’ensemble de la population. Tout au long du XIXe siècle, partout en France, partis et hommes politiques se sont affrontés sur la forme du régime, parfois les armes à la main. Et lorsque la République s’est définitivement enracinée, un siècle après la Révolution, ce sont encore des questions politiques qui ont nourri des divisions politiques apparemment inconciliables.

A la fin des années 1890, l’affaire Dreyfus a fracturé l’opinion entre dreyfusards, attachés aux libertés publiques et à l’état de droit, et antidreyfusards, fidèles à l’Armée et à l’autorité. Cette ligne de faille traverse même les familles : le dessin du caricaturiste Caran d’Ache, publié dans Le Figaro du 14 février 1898, montre l’effet dévastateur de l’affaire Dreyfus sur un repas de famille dégénérant en pugilat généralisé, parce qu’« ils en ont parlé ».

Lorsque l’Affaire Dreyfus s’estompe, la question religieuse prend le relais et nourrit non seulement le clivage entre la gauche anticléricale et une droite attachée aux libertés religieuses, mais aussi l’affrontement entre deux France : la laïcité a d’abord été un combat. Et si la Grande Guerre a été l’occasion d’un apaisement durable des passions religieuses, elle n’a pas mis un terme aux affrontements parfois sanglants qui scandent la vie politique en France comme dans les autres pays européens.

Front contre front

Dans les années 1930, le clivage droite-gauche alimente le combat entre deux « fronts », ce terme emprunté à la guerre étant évocateur. D’un côté, le Front populaire rassemble toute la gauche (y compris les communistes) pour apporter aux ouvriers et paysans le pain, la paix, la liberté, contre la menace fasciste représentée par les ligues d’extrême droite qui, le 6 février 1934, avaient manifesté violemment contre la République parlementaire. D’un autre côté, le Front de la liberté rassemble toutes les droites, y compris les mouvements les plus extrémistes, pour lutter contre la menace que feraient courir à la Nation les communistes et, pour certains, les juifs et les francs-maçons. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le combat entre collaborateurs et résistants prolonge, de façon tragique, cette lutte sans merci entre deux France.

C’est au moment du Front populaire que le clivage droite-gauche fait explicitement référence à une réalité sociologique – qui perdure, sous une forme parfois fantasmée, jusqu’à la fin du XXe siècle. La droite regrouperait les milieux socialement conservateurs, c’est-à-dire les possédants, les classes moyennes indépendantes, une partie des paysans. La gauche, elle, rassemblerait les milieux populaires (ouvriers et paysans) ainsi que la bourgeoisie intellectuelle.

Dans tous les discours qu’il prononce au cours de son long chemin vers l’Élysée, au cours des années 1970, François Mitterrand développe cette vision politique. Il l’exprime encore dans son discours d’investiture, le 21 mai 1981. « En ce jour où je prends possession de la plus haute charge », affirme-t-il, « je pense à ces millions et ces millions de femmes et d’hommes, ferment de notre peuple, qui, deux siècles durant, dans la paix et la guerre, par le travail et par le sang, ont façonné l’histoire de France, sans y avoir accès autrement que par de brèves et glorieuses fractures de notre société. C’est en leur nom que je parle alors que [...] la majorité politique démocratiquement exprimée des Français vient de s’identifier à sa majorité sociale ».

L’exercice durable du pouvoir par la gauche n’a pourtant pas mis fin aux fractures de la société. Celles-ci alimentent une insatisfaction croissante de l’opinion et des électeurs face à une classe politique jugée incapable de résoudre les difficultés économiques et les tensions sociales qui en résultent.

Effets de la mondialisation libérale

À partir des années 1980, l’émergence du Front national, l’érosion des partis de gouvernement, la progression de l’abstention et ce que l’on n’appelait pas encore le « dégagisme » sont autant de facettes d’une crise politique durable et multiforme : depuis 1974 et jusqu’en 2022, aucun président de la République n’a pu être réélu, sauf en situation de cohabitation.

Lorsqu’en 1995, il se présente pour la troisième fois à la présidence de la République, Jacques Chirac exploite délibérément l’insatisfaction qui prévaut dans les milieux populaires. S’inspirant d’une note du sociologue Emmnanuel Todd, plutôt marqué à gauche, il mène campagne sur la « fracture sociale », qu’il définit ainsi dans son livre-programme « La France pour tous » : « La France souffre d’un mal plus profond que ne l’imaginent les acteurs politiques, les responsables économiques, les intellectuels en vogue et les célébrités du système médiatique. Le peuple a perdu confiance. Son désarroi l’incite à la résignation. Il risque de l’inciter à la colère ». Il constate alors « la gravité de la fracture sociale qui menace – je pèse mes mots – l’unité nationale ». Intégrant une vision populiste dans un discours républicain, Chirac constate le fossé croissant entre « le peuple » et les élites.

Ce nouvel antagonisme social ne se superpose plus au clivage droite-gauche. N’est-ce d’ailleurs pas un candidat de droite, Jacques Chirac, qui entend défendre le peuple contre les élites ? Et, quelle que soit leur couleur politique, les gouvernants successifs apparaissent comme les « présidents des riches » – c’est le terme utilisé à l’encontre de Nicolas Sarkozy comme d’Emmanuel Macron - et cristallisent contre eux une colère populaire croissante.

Fragmentée au point d’être comparée à un archipel par certains analystes, la société française du XXIe siècle est traversée par une fracture essentielle, celle qui oppose gagnants et perdants de la mondialisation libérale. Les principaux partis de gouvernement (PS et UMP puis LR), héritiers d’un autre temps – celui des trente glorieuses -, n’ont pas pris en compte ce nouvel antagonisme, qui s’est surtout exprimé sur la question européenne. Les deux référendums sur l’Europe, en 1992 (sur le traité de Maastricht) et en 2005 (sur le traité constitutionnel européen), ont exprimé cette opposition qui traverse aussi bien la gauche que la droite.

Tripartition du champ politique

La première élection d’Emmanuel Macron, en 2017, redéfinit le paysage politique français en fonction d’un clivage qui structurait l’opinion et la société française depuis près de vingt ans.

Le nouveau président rassemble « la France qui va bien », pour reprendre l’analyse développée alors par le candidat socialiste Benoît Hamon. Et s’il prend pour principal adversaire les « nationalistes » rassemblés autour de Marine Le Pen, il s’oppose en fait aux aspirations contestataires, parfois contradictoires, qui traversent cette France qui se sent à l’écart, oubliée, voire stigmatisée.

Le premier tour de l’élection présidentielle de 2022 n’exprime pas seulement l’opposition de trois pôles politiquement et idéologiquement opposés, il dessine la géographie d’une France fracturée. Rarement un scrutin n’aura manifesté un tel enracinement géographique des électorats : Marine Le Pen recueille ses meilleurs résultats dans les campagnes et les villes moyennes, Jean-Luc Mélenchon dans les banlieues et les villes de tradition ouvrière, Emmanuel Macron dans les grandes métropoles et les banlieues résidentielles.

Le clivage droite-gauche, qui a coupé la France en deux pendant près de deux siècles, a cédé la place à une fragmentation géographique et sociale qui n’a pas encore produit tous ses effets sur l’organisation du champ politique.

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Par Mathias Bernard, Historien, Université Clermont Auvergne (UCA).

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Les banques Françaises : 32 milliards de profits !

Les banques Françaises : 32 milliards de profits !

Environ 32 milliards d’euros de profits. Soit le double que l’an passé et en hausse de 27% par rapport aux résultats de 2019, avant la crise sanitaire.

Ces résultats reposent sur une même dynamique, indépendamment du mix des métiers, à savoir un effet de ciseaux positif entre des revenus en nette hausse et des charges d’exploitation qui progressent moins vite. L’année 2021 marque notamment le retour en force de la banque de détail, avec des ménages qui épargnent et consomment, et des entreprises qui investissent. Globalement, les revenus de la banque de détail en France, comme les encours de crédits et d’épargne, progressent au même rythme que la croissance du PIB, soit autour de 6%. Certaines banques ont cependant poussé les feux sur certains segments, comme BPCE sur le crédit immobilier (+7,6%) ou Crédit Mutuel Alliance Fédérale sur l’assurance.

Reste que les banques mutualistes font toujours la différence en termes d’efficacité opérationnelle, avec des coefficients d’exploitation (charges d’exploitation sur chiffre d’affaires) inférieurs à ceux des banques commerciales.

Il est clair qu’il vaut mieux un système financier en bonne santé que le contraire. Pour autant, l’ampleur des profits paraît un peu démesuré par rapport au développement de l’activité.

En cause notamment la politique très accommodante de la banque centrale qui a distribué de l’argent sans intérêt au banques. Un argent qui n’a pas été entièrement orienté vers l’économie productive mais qui a aussi servi à la spéculation. En outre grâce à cet argent gratuit reçu de la banque centrale, les banques se sont gavées puisque dans le même temps elles ont plutôt eu tendance aussi à maintenir et même faire croître le cout de leurs activités financières sur le dos des entreprises et des titulaires de comptes. Parallèlement elles ont continué de réduire le nombre de guichets pour leurs activités de banque de dépôt. De ce point de vue l’obligation de disposer d’un compte bancaire- qu’on comprend pour des questions de commodités- constitue une sorte de rente de situation pour les banques.

Déficit commercial : La faute des multinationales françaises

Déficit commercial : La faute des multinationales françaises 

Pour Vincent Vicard, directeur adjoint du Centre d’études prospectives et d’informations internationales, les politiques centrées sur la baisse des coûts de production n’ont pas permis d’améliorer la compétitivité de la France. (intreview le « Monde »)

Faut-il voir dans le creusement du déficit commercial français l’échec des politiques de réindustrialisation ?

La période actuelle [de pandémie de Covid-19] est vraiment particulière. Le secteur aéronautique, qui est plutôt résilient en temps normal, a été touché par la baisse du transport aérien, du tourisme. Et dans le même temps, les importations, notamment en provenance de Chine, ont augmenté dans les secteurs de la santé ou de l’électronique, avec l’explosion du télétravail.

Mais cela ne change pas la tendance de fond : la France enregistre un déficit de sa balance commerciale de biens depuis bientôt deux décennies. Il s’est surtout creusé au début des années 2000, jusqu’en 2012, avant de se stabiliser. Cela correspond en partie à une spécialisation de la France dans les services, dont elle est exportatrice.

Comment expliquer cette difficulté à réindustrialiser la France ?

Les gouvernements successifs ont avant tout misé sur des baisses générales d’impôt et de cotisation pour réindustrialiser le pays et donc réduire le déficit commercial. Il y a eu le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi [CICE, entré en vigueur en janvier 2013], le pacte de responsabilité en 2014, la baisse de l’impôt sur les sociétés à partir de 2017, qui est passé de 33 % à 25 %, soit un gain de 11 milliards d’euros par an pour les entreprises et, enfin, celle des impôts de production en 2020.

Lire aussi  Article réservé à nos abonnés Plan de relance France 2030 : où sont les emplois ?

Sur les 100 milliards d’euros du dernier plan de relance [France Relance, lancé en septembre 2020], 34 milliards ont été consacrés à la réindustrialisation, dont 20 milliards pour la baisse des impôts de production. Mais aucune étude ne permet d’affirmer que toutes ces mesures ont eu un impact sur la réindustrialisation. Depuis dix ans, les politiques ont privilégié la réduction des coûts de production – l’écart avec l’Allemagne, qui avait augmenté, est revenu au même niveau qu’en 2001 – sans vraiment améliorer la compétitivité du pays.

Quelles sont les solutions à la baisse des coûts de production ?

Parmi les différentes pistes, il y a le rôle des multinationales. La dégradation du déficit commercial français au début des années 2000 correspond en grande partie à la dégradation du solde commercial des multinationales françaises. Pendant cette période, les délocalisations s’accélèrent, tout comme les embauches à l’étranger. Elles emploient aujourd’hui 6,1 millions de personnes à l’étranger, soit beaucoup plus que leurs homologues allemandes ou japonaises par exemple. Elles n’ont pas hésité à déplacer des pans entiers de leur production.

 

Cloud souverain : Ne pas se lier les mains avec les grands de la tech américaine

Cloud souverain : Ne pas se lier les mains avec les grands de la tech américaine

Les petits poucets français du logiciel d’entreprise Atolia, Jalios, Jamespot, Netframe, Talkspirit, Twake, Whaller et Wimi, se regroupent dans un collectif pour affirmer qu’il est possible, notamment pour les administrations, de créer un « cloud de confiance » tout en se passant d’acteurs américains, et notamment de la suite bureautique toute-puissante de Microsoft. L’objectif : casser la perception – largement entretenue par le lobbying des Gafam, mais aussi, indirectement, par le gouvernement – que l’écosystème français du cloud n’est pas à la hauteur des enjeux de numérisation de l’économie. ( dans la Tribune)

Décidément, la pilule du « cloud du confiance » -la stratégie nationale qui ouvre grand la porte aux Gafam américains pour équiper les entreprises stratégiques et administrations françaises en solutions cloud- ne passe pas. Huit acteurs tricolores du logiciel -Atolia, Jalios, Jamespot, Netframe, Talkspirit, Twake, Whaller et Wimi- ont annoncé le 18 octobre la création d’un collectif qui les regroupe en une sorte d’équipe de France des solutions cloud souveraines. Concurrentes mais solidaires face à Microsoft, leader du marché des solutions bureautiques, ces huit pépites du SaaS (software as a service, Ndlr) proposent des alternatives françaises dans les domaines de la messagerie, du traitement de texte, du tchat, de la visioconférence ou encore du stockage de documents. « Nous sommes en mesure de proposer dès aujourd’hui une alternative crédible à la suite logicielle Microsoft 365, anciennement Office 365 », revendiquent-elles dans un communiqué commun. De quoi contredire Emmanuel Macron, qui estimait lors de la présentation du plan France 2030, la semaine dernière, qu’il « est faux de se dire que nous aurons un cloud totalement souverain dans cinq ans, parce qu’on a pris beaucoup de retard« .

Merkel : le pragmatisme discret face aux fanfaronnades françaises

Merkel : le pragmatisme discret face aux fanfaronnades françaises

 

Dans une tribune au « Monde », l’historien allemand Götz Aly salue en la chancelière une dirigeante politique pragmatique.

 

Tribune

 

 Elle a grandi au sein de l’un des plus célèbres presbytères évangéliques allemands. Les écrivains Gotthold Ephraim Lessing (1729-1781) et Hermann Hesse (1877-1962), de même que le philosophe Friedrich Nietzsche (1844-1900), mais aussi la terroriste de la Fraction armée rouge (RAF) Gudrun Ensslin (1940-1977) et le nazi mort assassiné Horst Wessel (1907-1930), cette austère institution, si empressée d’éduquer et de former – et si étrangère à la France –, a donné des centaines de génies célèbres, des rebelles frisant parfois la démence ainsi que des personnalités pragmatiques attachées à une éthique de la responsabilité.Angela Merkel appartient à cette dernière catégorie.( Le monde, extrait)

Si quelque chose saute aux yeux dans sa manière d’être et de faire, fondamentalement chrétienne-protestante, c’est sa conviction que l’homme est dans l’impossibilité de résoudre les problèmes de ce monde ; que nous n’habitons donc pas le paradis, pour citer des termes bibliques, mais une vallée des larmes ici-bas ; mais qu’une tâche incombe sa vie durant à tout individu : tenter inlassablement d’apaiser la querelle qui menace de dégénérer ou même le conflit virant franchement à la guerre, et faire en sorte qu’un terrain d’entente puisse être au moins en partie trouvé.

L’humble raison pratique de Merkel entre en fort contraste avec le style prédominant des présidents français. La France, en 2011, a renversé le pouvoir libyen et mis à bas son administration, prétendument au nom de la liberté, des droits de l’homme et du droit du peuple libyen à s’autodéterminer.

Le président Sarkozy et celui qui lui avait soufflé à l’oreille cette opération insensée, Bernard-Henri Lévy, se mirent alors en scène tels des héros et rivalisèrent de sarcasmes à l’endroit de Merkel – appuyés par une claque servie par des représentants des médias – en remettant en cause sa fiabilité et en la traitant de bonne femme manquant de courage.

 

Or c’est précisément elle qui travaille depuis plusieurs années dans les décombres laissés par un activisme français aux motivations idéologiques – dont la plupart des Libyens ont eu à souffrir et souvent mortellement – à améliorer quelque peu le quotidien désastreux d’une population plongée dans le chaos. Les conférences visant à stabiliser une Libye entièrement ruinée se déroulent à Berlin – pas à Paris.

Lorsque la guerre a éclaté dans le Donbass ukrainien et que Poutine a annexé la Crimée, Merkel a gardé le dessus. L’accord de Minsk, conclu avec son soutien il y a six ans, témoigne de façon exemplaire de sa technique politique : un format où toutes les parties sont invitées à continuer de se parler et dans le cadre duquel elles peuvent négocier pas à pas une trêve brève ou longue, un échange de prisonniers, la reprise du trafic routier à la frontière.

Idéologie «woke» dans les universités françaises: L’alerte

Idéologie «woke» dans les universités françaises: L’alerte

 

Le journal l’Opinion rend compte de la sortie prochaine d’un rapport sur l’étendue de l’idéologie « Woke » dans les universités (Extrait);Ou le retour des thèses gauchistes les plus éculées

 

Une centaine d’universitaires réunis dans l’Observatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires ont planché sur un rapport, remis à l’entourage de Jean-Michel Blanquer, jeudi 17 juin, indique Le Figaro.

Le document de l’Observatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires veut illustrer « l’étendue de la pénétration des idées décoloniales dans le discours savant ». Notamment au sein des thèses, séminaires et programmes de recherche. « L’université est aujourd’hui le théâtre d’un affrontement idéologique mené par les tenants de la déconstruction contre l’institution elle-même », assure le document.

Plusieurs exemples sont mis en exergue par les auteurs. Notamment cette brochure de cours en licence de lettres modernes, afin de « tirer les leçons pratiques des apports théoriques des gender, racial et des colonial studies dont les travaux ont montré la domination du champ épistémologique et artistique par les hommes blancs hétérosexuels ». Ou bien de ce poste à l’université de Strasbourg, pour un professeur en sociologie de la santé. « Nous porterons une attention particulière aux recherches capables de développer ces thématiques sur le versant de l’intersectionnalité (croisant les dimensions du “genre”, de la “classe” et de la “race”) », était-il précisé dans le profil.

Plus inquiétant encore, le blocage d’un cours d’une enseignante à Paris-VIII, en 2020, qui souhaitait projeter le film J’accuse de Roman Polanski. Une quinzaine de jeunes femmes l’ont accusé de complicité… avec les crimes du réalisateur. L’enseignante a fini par sortir de la pièce.

Cette nouvelle forme d’idéologie radicale est importée des Etats-Unis par un étonnant retour de bâton : c’est aussi en partie par l’influence de la « french theory » (Gilles Deleuze, Michel Foucault, etc.) que ce sont développées les « gender studies » et « postcolonial studies ». De là a émergé une « cancel culture », fortement victimaire et critique, qui a fait florès aux Etats-Unis, haut lieu du puritanisme dont s’abreuve ce mouvement.

Ce faisant, le « wokisme » fait son terreau dans les universités par effet de mode contestataire sur des bases théoriques (la fameuse déconstruction et l’intersectionnalité). De quoi rappeler les beaux jours des thèses maoïstes ou situationnistes, ouvertement radicales.

Rwanda: La reconnaissance des responsabilités françaises

 Rwanda: La reconnaissance des responsabilités françaises 

Stéphane Audoin-Rouzeau, historien français spécialiste de la violence de guerre, réagit au discours d’Emmanuel Macron sur le génocide de 1994, prononcé jeudi lors de sa visite à Kigali dans l’Opinion

 

 

 

 

Le président de la République a reconnu jeudi les « responsabilités » de la France dans le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994 et dit espérer que les Rwandais puissent un jour pardonner aux autorités françaises de ne pas avoir su l’empêcher. Dans un discours très attendu prononcé au mémorial de Gisozi à Kigali, Emmanuel Macron s’est efforcé de tourner la page d’une relation douloureuse entre les deux pays, soulignée par le récent rapport des historiens de la mission Duclert qui a conclu aux « responsabilités accablantes », mais pas à la « complicité » de la France.

Historien à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), spécialiste de la violence de guerre et du premier conflit mondial, Stéphane Audouin-Rouzeau se consacre désormais au génocide des Tutsis du Rwanda. Il est notamment l’auteur d’Une initiation : Rwanda 1994-2016 (Seuil, 2017).

Dans son discours à Kigali, le président Macron n’a pas prononcé le mot « excuses ». A-t-il eu raison ?

Il me semble que l’on s’est trop focalisé sur cette question des excuses. L’important, à mes yeux, c’était l’institutionnalisation d’un discours de vérité, discours déjà « officialisé » par la remise des rapports Duclert et Muse il y a deux mois. Mieux valait un discours de vérité solide et pas d’excuses, plutôt que l’inverse. Ajoutons qu’il y a dans le discours d’Emmanuel Macron une demande de pardon en quelque sorte « indirecte » : « Seuls ceux qui ont traversé la nuit peuvent peut-être pardonner, nous faire le don de nous pardonner. » On ne demande pas le pardon, mais on espère qu’il nous sera accordé, en somme…

Le Président a parlé de « la France » sans jamais désigner par leur nom les responsables de l’époque, François Mitterrand au premier chef. Là encore a-t-il eu raison ?

C’est là l’aspect le plus décevant du discours. Car « la France », qu’est-ce à dire ? En fait, autour de François Mitterrand lui-même, un petit groupe d’une dizaine de personnes a préempté toute la politique française au Rwanda, au moins jusqu’à la cohabitation de 1993. Ce petit groupe d’« assassins de papier » — assassins de papier malgré eux, mais assassins de papier néanmoins — porte toute la responsabilité des errements criminels de la politique française. L’Etat français n’a pas démérité dans sa totalité, des tas d’objections à la politique suivie sont remontées vers les décideurs, de la part de la DGSE notamment. Ces décideurs méritent désormais de basculer dans les poubelles de l’Histoire.

Quid de la responsabilité des militaires ?

C’est un autre point faible du discours. On le sait : l’armée française s’est très bien « tiré » du rapport Duclert, sans doute un peu trop. Certes, en démocratie, la responsabilité primaire des décisions militaires revient au pouvoir civil, et à ce titre, il eût été profondément anormal de faire porter le chapeau de la politique suivie à l’armée française, pour laquelle j’ai beaucoup de respect. Pour autant, le chef d’état-major de l’époque, l’amiral Lanxade, n’était pas un simple exécutant, mais un coproducteur des décisions prises. Il faudrait ici descendre au niveau de l’opérationnel. Les forces françaises, de 1990 à 1993, se sont-elles contentées d’assister les forces armées rwandaises ? Le général Varret, commandant de la Mission militaire de coopération, a bien dit que ce n’était pas le cas, et c’est pour cela qu’il a démissionné et quitté l’armée. Et puis, les artilleurs français n’ont-ils jamais manié eux-mêmes les canons de 105 mm livrés par la France ? Il est difficile de le croire. Enfin, le général Patrice Sartre a incriminé les puissants moyens de combat de Turquoise, au détriment des moyens de secours humanitaire, et il a donc évoqué « l’échec humanitaire » de l’opération. Tout ceci, avec d’autres sujets encore, devra être tiré au clair.

« Au sens courant, il est bien évident que les responsables français ne souhaitaient pas le génocide, n’ont pas voulu qu’il advienne, et n’ont commis aucun acte d’appui direct à celui-ci. Qui pouvait penser le contraire ? D’un point de vue de droit pénal international, les choses sont plus compliquées… »

Pour Emmanuel Macron, la France est « responsable » mais pas « complice ». Ce raisonnement vous convainc-t-il ?

Cette question de la « complicité » empoisonne le débat autour du rapport Duclert depuis deux mois. Les responsables de la politique française de l’époque s’en sont saisis pour dire qu’il n’y avait donc « rien à voir ». Au sens courant, il est bien évident — et il l’a toujours été à mes yeux — que les responsables français ne souhaitaient pas le génocide, n’ont pas voulu qu’il advienne, et n’ont commis aucun acte d’appui direct à celui-ci. Qui pouvait penser le contraire ? D’un point de vue de droit pénal international, les choses sont plus compliquées. La jurisprudence, ici, pourrait permettre de reconnaître une complicité sans intentionnalité, en fonction du niveau d’aide apporté. Dès lors, si des associations de rescapés, en France, au Rwanda, en Belgique, décidaient de lancer des actions en justice pour ce motif, qui oserait leur en faire le reproche ?

De manière plus générale, quel regard portez-vous sur la politique mémorielle du président Macron ? Croyez-vous possible cette « réconciliation des mémoires » à laquelle il aspire ?

Pour avoir accueilli le président à Péronne, à l’Historial de la Grande Guerre, à la fin de son itinérance mémorielle de 2018, et pour avoir lu de près ses communiqués sur l’assassinat de Maurice Audin et d’Ali Boumendjel en 1957 par les paras d’Aussaresses pendant la bataille d’Alger, il me semble que cette politique mémorielle est assez remarquable. De même pour le rapport commandé à l’historien Benjamin Stora, tout le problème étant ici le dédain du pouvoir algérien à son endroit. Mais pour le Rwanda, le Président a été confronté à une « accélération du temps » : deux mois seulement se sont écoulés entre l’« officialisation » d’un discours de vérité grâce aux rapports Duclert et Muse, et le discours d’Emmanuel Macron à Kigali : c’est très très peu ! On se souvient que deux décennies s’étaient écoulées entre l’officialisation d’un savoir historien sur le rôle de Vichy dans la déportation des juifs de France et le discours de Jacques Chirac en juillet 1995, reconnaissant la responsabilité de la France.

Frontières françaises : un doublement ridicule des effectifs de contrôle

Frontières françaises : un doublement ridicule des effectifs de contrôle

 

Encore un effet d’annonce avec ce doublement- des effectifs des forces de l’ordre françaises aux frontières, qui passeront à 4.800 hommes et femmes, douaniers ou policiers pour lutter contre l’immigration clandestine et la “menace terroriste”.

En effet en quelques années on a supprimé par exemple 6000 douaniers et une centaine ont encore été supprimée en 2019. Bref, on ne rétablit même pas les forces nécessaires contrôlées les frontières. On est même très loin du compte. En outre, tant  que la législation n’aura pas évolué on voit mal comment les forces de l’ordre  et les douaniers pourraient s’opposer à la mobilité dans l’espace Schengen y compris de ceux qui sont en situation irrégulière.

Ramené à l’échelle d’un département le renforcement représente environ 60 personnes. Il y en effet 40 départements sans parler de l’outre-mer qui peuvent constituer des points d’accès au pays. Il faudrait sans doute 10 ou 20  fois plus d’effectifs qu’annoncé et une modification juridique pour réellement s’attaquer à l’immigration clandestine notamment de candidats aux terrorisme.

“Nous avons donc ainsi décidé de doubler les forces qui seront déployées aux frontières, dans le cadre de ce contrôle, ce qui veut dire que nous passerons de 2.400 à 4.800 policiers gendarmes, militaires et CRS, qui seront mobilisés pour lutter contre l’immigration clandestine”, a-t-il poursuivi, plaidant en outre pour une réforme en profondeur de l’espace Schengen.

“Je suis favorable , et je porterai en ce sens les premières propositions au Conseil (européen) de décembre, à ce que nous refondions en profondeur Schengen pour en repenser l’organisation, pour intensifier notre protection commune avec une véritable police aux frontières extérieures.” Un vœu pieux évidemment quand on sait qu’un pays comme l’Italie constitue l’accès privilégié de l’immigration. Une Italie complètement submergée, délaissée par le rap et les autres pays et qui ouvre grandes ouvertes les vannes de l’accès à l’ensemble de l’Europe.

“Les attentats que la France a connu, que l’Autriche a connu il y a quelques jours à Vienne, nous montrent que le risque terroriste est partout, que les réseaux sont mondialisés, que les terroristes s’organisent aujourd’hui de manière mondiale à travers internet et les réseaux sociaux, mais également en envoyant des agents au travers des frontières”, déclaré le président de la république qui prend encore une mesure anecdotique.

Société-Appel pour la création d’un mouvement de défense des valeurs françaises

Société-Appel pour la création d’un mouvement de défense des valeurs françaises

les Français doivent davantage prendre part au combat culturel pour défendre les valeurs républicaines, la civilisation et les modes de vie français. Normalement,  la responsabilité devrait en incomber aux organisations politiques ou associatives existantes. Le problème, c’est que le débat est souvent caricatural entre des positions radicales de droite liberticides voire racistes et des positions de gauche d’une tolérance coupable vis-à-vis  du communautarisme et de l’islamisme. Un Islamo gauchisme qui a gangrené nombre d’organisations politiques, syndicales et associatives d’extrême-gauche.

On n’ empêchera pas ces deux courants de s’exprimer voire de s’affronter. Il n’est pas certain cependant que cela serve la démocratie. D’abord parce que ces  prise de position viennent de très haut et qu’elles sont souvent le produit de cercles peu en prise avec les réalités sociales et sociétales.

 En outre la bataille culturelle n’est là propriété de personne, elle ne pourra être gagnée certes sans l’apport de certains intellectuels mais surtout avec le soutien du plus grand nombre. C’est aux citoyens qu’il appartient d’afficher et de défendre les valeurs de la démocratie française, son mode de vie et sa culture.

Il ne s’agit pas de créer un nouveau mouvement politique qui retomberait rapidement dans les travers des autres en raison des contingences électorales. Il s’agit pour les citoyens d’afficher leur adhésion à ce qui fait la république, la Nation, ses principes et ses traditions. Tout simplement de dire et de montrer son appartenance à la république française. Commencer  tout simplement par porter un badge république française pour afficher sans  complexe ce qui fait la richesse des valeurs de notre société. Envisager ensuite des initiatives pour promouvoir ces valeurs.

 

Appel pour la création d’un mouvement de défense des valeurs françaises

Appel pour la création d’un mouvement de défense des valeurs françaises

les Français doivent davantage prendre part au combat culturel pour défendre les valeurs républicaines, la civilisation et les modes de vie français. Normalement,  la responsabilité devrait en incomber aux organisations politiques ou associatives existantes. Le problème c’est que le débat est souvent caricatural entre des positions radicales de droite liberticides voire racistes et des positions de gauche d’une tolérance coupable vis-à-vis  du communautarisme et de l’islamisme. Un Islamo gauchisme qui a gangrené nombre d’organisations politiques, syndicales et associatives d’extrême-gauche.

On n’ empêchera pas ces deux courants de s’exprimer voire de s’affronter. Il n’est pas certain cependant que cela serve la démocratie. D’abord parce que ces  prise de position viennent de très haut et qu’elles sont souvent le produit de cercles peu en prise avec les réalités sociales et sociétales.

 En outre la bataille culturelle n’est là propriété de personne, elle ne pourra être gagnée certes sans l’apport de certains intellectuels mais surtout avec le soutien du plus grand nombre. C’est aux citoyens qu’il appartient d’afficher et de défendre les valeurs de la démocratie française, son mode de vie et sa culture.

Il ne s’agit pas de créer un nouveau mouvement politique qui retomberait rapidement dans les travers des autres en raison des contingences électorales. Il s’agit pour les citoyens d’afficher leur adhésion à ce qui fait la république, la Nation, ses principes et ses traditions. Tout simplement de dire et de montrer son appartenance à la république française. Commencer  tout simplement par porter un badge république française pour afficher sans  complexe ce qui fait la richesse des valeurs de notre société. Envisager ensuite des initiatives pour promouvoir ces valeurs.

 

« Il faut davantage de diversification dans les forêts françaises »

« Il faut davantage de diversification  dans les forêts françaises »

Alors que la filière forêt-bois s’apprête à recevoir 200 millions d’euros du plan de relance, un collectif d’une quarantaine de chercheurs estime, dans une tribune au « Monde », que les arbitrages doivent s’appuyer sur la science. Il insiste sur la nécessité de valoriser la diversité des plantations.

Al’instar de la forêt amazonienne, qualifiée par Emmanuel Macron de « bien commun pour l’humanité » devant être protégé, la forêt française métropolitaine suscite le débat entre enjeux carbone, maintien de la biodiversité et menace du changement climatique.

Pour tenir les engagements de l’accord de Paris, c’est-à-dire limiter l’augmentation de la température moyenne annuelle à un maximum de 2 °C, le Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a récemment rappelé qu’il nous reste seulement dix ans pour agir. Au-delà, les « points de bascule » écologiques pourraient ouvrir la voie à un emballement climatique irréversible.

Parce qu’elle fixe environ 20 % de nos émissions annuelles de carbone, la forêt française contribue à limiter le changement climatique. Cependant, les dépérissements d’arbres en Europe sont alarmants et questionnent la pérennité du puits de carbone forestier.

Mais comment préserver les forêts de ces changements tout en favorisant leur rôle de puits de carbone ? Alors que les réflexions avancent à l’échelle européenne, en particulier avec le Green Deal 2020, deux mesures principales sont prioritairement discutées en France : d’une part l’augmentation forte des coupes et la promotion du bois énergie, d’autre part le recours massif aux plantations.

Ces mesures sont supposées augmenter la fixation de carbone dans les forêts et les « produits bois » qui en sont extraits, et éviter l’émission de carbone d’origine fossile en remplaçant charbon, pétrole ou gaz par du bois. Pourtant, de tels choix ne font pas l’objet d’un consensus scientifique, voire sont en désaccord avec les résultats les plus récents.

En tant que chercheurs étudiant la réponse des forêts au changement climatique, nous voudrions rappeler certains points essentiels sur les connaissances actuelles, en espérant qu’ils éclairent les décisions à venir.

Est-ce que couper et planter plus pour stocker plus (de carbone) est compatible avec l’accord de Paris ? Les choses ne sont en fait pas si simples. En effet, d’après plusieurs études et rapports récents qui ont comparé l’effet de différents scénarios de gestion forestière sur le bilan de carbone forestier français métropolitain, intensifier fortement les coupes réduit la fixation de carbone du secteur forêt-bois dans les prochaines décennies.

De plus, pendant les années voire les décennies qui suivent les coupes à blanc, les forêts sont émettrices nettes de carbone, du fait du relargage de carbone du sol. Un argument pourtant souvent avancé est qu’une forêt « jeune » fixerait plus de carbone qu’une forêt « âgée ». Or, les études scientifiques récentes ont montré que des forêts matures continuent de fixer du carbone à des taux similaires ou supérieurs à ceux des forêts très jeunes.

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