Gayet-Hollande : la presse française complaisante
Complaisante la presse française, presque complice même, c’est ce que pense la presse britannique ; Il faut bien reconnaitre que c’est vraiment sur la pointe des pieds que les journalistes ont abordé la question de la première dame. Une complaisance pas seulement sur les affaires privées mais sur l’ensemble de la politique du président ; C’est à peine si quelques questionnements critiques ont émergé dans cette cérémonie désuète qui sert surtout de faire valoir au président monarque. Volontiers impertinente, la presse britannique s’attendait – avec délectation – à une rafale de questions sur la relation qu’entretient le chef de l’État français avec l’actrice de 41 ans, lors de la conférence de presse mardi à l’Élysée. Mais ils sont restés sur leur faim en constatant qu’un parterre de journalistes « déférents » a laissé François Hollande se lancer dans l’explication d’une série de réformes économiques. « Comme tout cela est étrange », écrit le Daily Telegraph. « Depuis des siècles nous avons raillé le stéréotype du Français obsédé sexuel. Alors qu’en réalité, ces âmes parfaitement abstinentes sont si peu portées sur le sexe que lorsque le sommet de l’État se trouve mêlé à un scandale comparable à l’affaire Clinton-Lewinsky, elles n’ont envie de parler que de sécurité sociale », plaisante-t-il. Mais, n’en déplaise aux journaleux anglo-saxons, avec leurs tweets outragés, c’est ça la FranceThe Guardian Et de se demander si ce sont les Français « qui sont fous, ou nous? » Le Guardian, journal de gauche généralement favorable à Hollande, affirme qu’il s’agit de vie privée en admettant que « les choses se passent différemment en France ». « Est-ce qu’il (Hollande) s’en serait sorti en Grande-Bretagne ou aux États-Unis? Peut-être pas », commente le quotidien anglais. « Mais, n’en déplaise aux journaleux anglo-saxons, avec leurs tweets outragés, c’est ça la France ». Le quotidien qui fait l’éloge de la presse française souligne néanmoins « une indéniable déférence vis-à-vis du président, incarnation vivante de la République ». Le journal publie à la Une une photo de François Hollande sous le titre « Une affaire bien française ». De son côté, le Times compare cette histoire à l’affaire Profumo, le scandale sexuel qui en 1963 avait contraint à la démission le secrétaire d’État à la Guerre John Profumo. Selon le quotidien, propriété de Rupert Murdoch, il est « clair que le grand sujet du jour devait être pris avec des gants par l’ensemble de la presse française ». Le Daily Mail brocarde quant à lui ceux qui ont interrogé François Hollande qu’il désigne comme « les plus invraisemblables bretteurs depuis l’inspecteur Clouseau ». Enfin, le Sun descend en flamme la prestation de François Hollande comme étant « le plus ennuyeux moment de la vie de n’importe qui ». Le tabloïd populaire souligne que l’insistance de Hollande sur le respect de sa vie privée est une technique en usage parmi « les élites du monde entier depuis l’aube de la démocratie » pour « se laisser voir comme elles veulent être vues, pas comme elles sont ».