Alimentaire- Le temps frais fait chuter les légumes et fruits
Les représentant des producteurs de fruits et légumes frais alertent, sur la baisse des ventes, en particulier pour les abricots, et alors que « les fruits et légumes sont désormais présents sur les étals des commerces en quantité, en qualité et à des prix accessibles ».
En cause la baisse des températures mais aussi de façon plus structurelle des prix qui se maintiennent à un niveau élevé depuis le début de la saison. Et en France le pouvoir d’achat des consommateurs est évidemment largement amputé par une inflation toujours un très haut niveau.
Selon l’enquête de l’association Familles rurales , le panier de 9 fruits et 10 légumes issus de l’agriculture conventionnelle ont augmenté de 11 % soit deux fois plus que l’inflation. « Entre juin 2021 et juin 2022, le prix du panier de fruits a augmenté de +8 % en conventionnel et de +4 % en bio. Durant la même période, le prix des légumes a augmenté de +15 % en conventionnel et a baissé de – 3 % en bio », indiquait Famille de France, qui constatait que les fruits et légumes pèsent de plus en plus cher dans le budget des Français : +42 % d’augmentation pour les fruits et +37 % pour les légumes en une décennie, et des produits bio qui coûtent jusqu’à deux fois plus cher que leurs homologues conventionnels.
Au final, une famille de quatre personnes (deux adultes et deux enfants) qui voudrait respecter la consigne du Programme national nutrition santé, « 5 fruits et légumes par jour et par personne », devait dépenser en juin entre 107 € et 198 € (soit entre 8 et 16 % d’un SMIC net mensuel) en se basant sur le panier type ou entre 60 € à 86 € (soit entre 5 et 7 % d’un SMIC net mensuel) en ne retenant que les 5 fruits et légumes les moins chers du panier de Familles rurales.
Cette hausse des prix des fruits et légumes constatée par l’Observatoire est toutefois contestée par les professionnels. « Il y a bien hausse du prix des fruits produits en France mais de l’ordre de 5 à 6 % par rapport à l’an dernier et non de 8 %, comme détaillait Familles rurales dans son étude, uniquement au sujet des fruits », objecte Stéphanie Prat, directrice de la Fédération nationale des producteurs de fruits.
De son côté, dans une note parue le 12 août, l’Insee constate une « accélération des prix alimentaires sur un an » avec toutefois une hausse des prix des produits frais « un peu moins soutenue que le mois précédent (+5,2 % après +6,6 %) ». Les prix des légumes frais ont augmenté de +4,9 % après +7,3 % un mois auparavant, ceux des fruits frais de +2,7 % après +2,9 %.
Un ralentissement qui pourrait n’être que de courte durée avant la rentrée, car la sécheresse et les restrictions d’eau qui touchent à des degrés divers tous les départements fragilisent la production de fruits et légumes, soumis à un inquiétant stress hydrique. « Nous avons entre 30 et 35 % de perte en champs en moyenne. Face à une longue sécheresse, comme celle que nous connaissons, nous n’avons que peu de moyens d’agir. Il n’y aura pas de pénurie […], Mais il y aura moins de légumes, c’est une certitude », assurait cette semaine dans Le Parisien Jacques Rouchaussé, maraîcher à Mardeuil (Marne), et président des Producteurs de Légumes de France, qui lançait un appel à la sobriété des consommateurs.
« Nous devons retrouver une saisonnalité, nous ne pouvons pas avoir des tomates toute l’année. Le consommateur doit aussi faire preuve de sobriété » prévient Jacques Rouchaussé. De son côté, l’Interfel estime que « la très grande diversité des fruits et légumes permet de se reporter sur un autre fruit ou légume lorsque certains sont plus chers du fait de la conjoncture. »
Reste que la hausse des coûts de production, la baisse potentielle de rendements et de nouveaux aléas climatiques pèsent sur toute la filière et in fine sur le prix sur les étals.
Un panier de légumes qui augmente de 17 %
Au total, 114 relevés des prix de 9 fruits et 10 légumes ont été réalisés du 7 au 21 juin dans 39 départements. Dans le détail, le prix du panier de fruits a augmenté de 14 % en conventionnel et de 8 % en bio, celui du panier de légumes de 17 % en conventionnel et 15 % en bio.