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ZFE: une nouvelle fracture sociale

ZFE: une nouvelle fracture sociale

A la suite des annonces sur la mise en place des Zones à faibles émissions (ZFE) et avant d’autres mesures présentées à la rentrée, Julien Pillot, économiste et enseignant-chercheur à l’INSEEC décrypte pour nous les faisabilités et les risques sur le plan économique.
dans la Tribune

Julien Pillot : « Je pense que les gens ont majoritairement compris ce que la ZFE signifiait et que ce n’était pas très juste. Nous sommes en train de créer les conditions d’une fracture sociale dans un pays qui est déjà passablement fracturé. »

Dès cet automne, le gouvernement précisera la mise en place d’un leasing social à 100 euros par mois à destination des ménages aux revenus les plus faibles pour accélérer sur l’électrique. De leur côté, les constructeurs européens semblent sceptiques. Est-ce réalisable ?

JULIEN PILLOT – À court terme, sauf à creuser la dette, non. Ce n’est pas réaliste. Encore moins avec des véhicules européens et encore moins avec des véhicules français. Ça, c’est assez clair. Après, plus on va produire et vendre de véhicules électriques, moins le coût de production unitaire sera important et on peut espérer des voitures à 100 euros par mois. Reste que les premiers véhicules qui répondront à ces critères seront chinois encore une fois. Si on veut privilégier les véhicules européens, il faudra peut-être faire le choix de creuser la dette. Mais cela restera un arbitrage politique à faire.

En parlant d’arbitrage politique, il y a eu un assouplissement des règles cette semaine concernant les Zones à faibles émissions dans les grandes villes. Les associations regrettent ce recul alors que le nombre de morts par an dus à la pollution de l’air est de près de 50.000 personnes en moyenne. Quel est votre regard sur ce dossier bouillant ?

Il y a un sentiment d’urgence et de non-préparation. Si cette mesure a été ressentie comme brutale par la population (86 % des personnes sont défavorables selon un sondage du Sénat, ndlr), c’est probablement que ça l’est. Je ne crois pas que ce soit un effort insuffisant de pédagogie. Je pense que les gens ont majoritairement compris que ça allait être compliqué pour eux et pas forcément très juste. Si l’on reste sur un raisonnement plus macroéconomique, on est en train de créer les conditions d’une fracture sociale dans un pays qui est déjà passablement fracturé.

Le problème ne se poserait pas dans les mêmes proportions si, à côté de ça, on avait mis en place des alternatives telles que davantage de transports en commun, davantage de navettes, davantage de parkings relais qui permettent de se rapprocher du cœur de la ville. Et puis, sur les derniers kilomètres : des trains, des trams, des bus, des vélos en libre-service… Mais là, nous sommes en train de dire à des personnes qui n’ont pas les moyens de vivre au centre des villes et qui n’ont pas les moyens d’acheter des véhicules propres, qu’il sera compliqué de se rendre dans ces lieux. C’est la double peine, et au bout d’un moment, la coupe est pleine.

Comment faire alors pour résoudre un tel casse-tête ?

Tout d’abord, je crois que les bonnes solutions ne peuvent être pensées qu’au niveau local, pas de façon centralisée à Paris pour prendre en compte les bassins de populations de façon hétérogène. Dans certaines métropoles, les conditions d’accès au centre-ville sont moins compliquées que dans d’autres centres, certaines ont aussi pris de l’avance en matière de maillage territorial sur les transports en commun. Les réalités sont multiples.

Établir des règles distinctes d’entrée dans chaque métropole ne créerait-t-il pas plus de confusion pour les automobilistes, en particulier ceux qui doivent en traverser plusieurs par jour ?

Si, bien sûr. Quand les règles sont différenciées, évidemment, ça crée de la friction, ça crée une asymétrie et de la complexité. Mais, à mon sens, cette surcouche de complexité est un maigre prix à payer relativement à la casse sociale. Ce n’est pas la première fois qu’on fait des choses qui sont discutables en matière de mobilité sur la partie sociale. Regardez les subventions sur l’électrique, ceux qui ont pu en bénéficier pour l’instant sont plutôt des ménages qui sont assez aisés. En fait, dans le principe, on a vu peu de familles dans la précarité avoir les moyens de pouvoir s’offrir un véhicule électrique, même avec la subvention.

Cette subvention à l’achat d’un véhicule électrique apparaît pourtant nécessaire pour limiter la fracture sociale…

Bien sur ! Et si on ne la relève pas, voire même si on la réduit au fur et à mesure que le parc électrique devient suffisamment abondant, on risque juste de dire à des populations défavorisées qu’on a aidé des populations favorisées en priorité. Ça peut s’entendre en pure rationalité économique de vouloir supprimer des subventions à partir du moment où le produit est compétitif en matière de coûts, mais parfois, il faut mettre l’économie au second plan et intégrer d’autres dimensions. Parce que la fracture sociale et ses conséquences pourraient être terribles.

Le bonus électrique pour l’achat de voitures neuves n’a pas été rehaussé, mais le gouvernement a décidé de le flécher sur l’impact carbone pour favoriser les voitures européennes, est-ce une bonne chose ?

Introduire une dose de protectionnisme sur ce marché très stratégique en Europe, dans un monde où les Américains ont l’IRA et les Chinois ont leurs propres règles me paraît de bonne guerre. Reste que, vous pouvez mettre les doses de protectionnisme que vous voulez, ce n’est pas ce qui renforcera la compétitivité du tissu productif. Nous sommes tous en retard en Europe, pas plus du côté français qu’allemand d’ailleurs.

Le risque est de renchérir le coût des véhicules électriques dont une grosse partie du processus de production a été réalisée hors des frontières. Tant que l’on n’aura pas réussi à mettre la main sur des gisements de métaux sécurisés, sur des capacités de raffinage et sur d’autres maillons essentiels de la chaîne de valeur, les mesures protectionnistes risquent de se montrer moins efficaces que ce qu’on espérait au départ car cela n’empêchera pas nos partenaires commerciaux étrangers de nous faire du chantage à la livraison de certains métaux.

Il y a une volonté de ramener la chaîne de valeur en France avec de nombreuses annonces de réindustrialisation. Pourrons-nous être vraiment compétitifs ? Par exemple, Luca de Meo, le directeur de Renault, parlait d’aides orientées sur l’énergie pour aider les productions en France…

C’est très bien de vouloir réindustrialiser en France ou en Europe. Ça peut être excellent sur le plan de l’emploi ainsi que sur la création de valeur de façon directe ou indirecte. Mais si l’énergie était le seul facteur de coût, ça se saurait. Quand vous avez une usine, vous avez les infrastructures, ensuite il y a des machines, puis il y a les hommes et les femmes qui y travaillent et tout un process logistique derrière. C’est compliqué et il faut faire un bilan des bénéfices.

Société-Émeutes et fracture scolaire

Société-Émeutes et fracture scolaire

par
Charles Hadji
Professeur honoraire (Sciences de l’éducation), Université Grenoble Alpes (UGA) dans the Conversation

La mort de Nahel M., adolescent de 17 ans tué par un policier lors d’un contrôle routier le mardi 27 juin 2023 à Nanterre, a entraîné des émeutes dont l’ampleur et la gravité (incendies, pillages, destructions, attaques de bâtiments publics et privés) ont plongé la France dans une forte sidération. La question de savoir comment on a pu en arriver là devient essentielle, car la recherche de remédiations est suspendue à la connaissance des causes. Parmi celles-ci, de nombreux acteurs sociaux ont évoqué les problèmes éducatifs. Le Président de la République a appelé en ce sens « tous les parents à la responsabilité ». Le ministre de la Justice a diffusé une circulaire invitant à engager des poursuites à l’égard des parents pour lesquels de « graves manquements à leurs obligations légales pourraient être constatés ». L’organisation France Police est allée jusqu’à stigmatiser les parents de Nahel, « incapables d’éduquer leur fils ». La première fracture se manifeste en termes d’inégalités, de résultats scolaires et universitaires. C’est un fait bien établi, et qui a fait l’objet d’innombrables recherches et analyses : la France est l’un des pays où l’origine sociale pèse le plus sur les performances et les trajectoires scolaires, puis sociales. C’est ce dont témoignent, par exemple, les résultats de l’enquête PISA conduite par l’OCDE. L’intolérable gâchis de l’insuccès scolaire touche en priorité les enfants issus de milieux défavorisés. Et, au fil des années, les inégalités liées à l’origine sociale ne paraissent pas connaître de changement significatif.

Cela s’est traduit dans la géographie scolaire, avec des phénomènes de ségrégation entre établissements. Selon le public dominant (favorisés vs défavorisés), de véritables fossés se sont creusés, entre établissements d’excellence, et établissements ghettos. Et c’est dans les « quartiers » que se trouvent les établissements le plus en difficulté. La nécessité d’augmenter la mixité scolaire est donc indéniable.

Selon une note de recherche parue en avril 2023, les programmes de mixité sociale testés depuis huit ans ont des effets positifs pour tous les collégiens, quel que soit leur statut social, en termes de perception de l’environnement social, de relations avec leurs amis, et d’attitude vis-à-vis du travail en groupe pour les uns(défavorisés) ; d’estime de soi scolaire, de qualité des relations, et de solidarité pour les autres. Mais les effets constatés sont beaucoup moins d’ordre scolaire (apprentissages), que « non scolaires » (bien-être et intégration).

Il faut reconnaître que les responsables successifs du système éducatif ont tenté de s’y employer, mais avec des fortunes diverses. Le combat est passé par la création en 1981 de zones prioritaires (ZP), qui deviendront dans les années 90 zones d’éducation prioritaire (ZEP), dont la carte a été revue en 2014 avec la création de réseaux d’éducation prioritaire et devrait être à nouveau révisée en 2023.

Le combat est passé aussi par la lutte contre les stratégies de contournement de carte. Et, récemment, par la réforme de l’affectation des élèves (plate-forme Affelnet), ou la prise en compte de l’indice de position sociale (IPS).) des élèves et, surtout, des établissements. Cet outil, mis en place en 2016 par l’éducation nationale, permet de déterminer un profil social, évalué en fonction de critères d’ordre social, culturel, et économique. On peut ainsi agir sur l’affectation des élèves en tenant compte tant de leur IPS personnel que de l’IPS moyen de l’établissement d’accueil.

Cependant, dans la mesure même où les inégalités scolaires ne sont, pour une partie significative, qu’un reflet des inégalités sociales, il faudrait pouvoir lutter directement contre celles-ci. On ne peut demander au système éducatif ce qu’il n’a pas la capacité de faire. Il est illusoire d’espérer agir sur les inégalités de réussite sans agir en amont, et fortement, sur les inégalités sociales.

Si les émeutes interrogent le système éducatif, elles mettent en cause de façon sans doute plus forte l’éducation familiale. Sont en jeu des valeurs et des principes transmis dans l’enfance, et auxquels, peut-être, certains jeunes émeutiers n’avaient pas eu accès.

Comment, en effet, comprendre que des adolescents et adolescentes puissent se sentir autorisés à terroriser la population ; à s’en prendre aux biens et aux personnes. À détruire, à voler, à brûler, à saccager. En s’attaquant en priorité aux « communs », à tout ce qui rend la vie plus facile, voire plus agréable, au quotidien, et permet de vivre ensemble et de grandir : mairies, maisons de quartier, locaux d’associations, transports en commun, bibliothèques, gymnases.

Il semble s’être produit, chez certains, une rupture dans la transmission des priorités. À travers le (mauvais) sort fait au commun, c’est l’articulation entre éducation familiale et citoyenneté qui est interrogée. Les facteurs à prendre en compte nécessiteraient de longues analyses, d’ordre sociologique, mais aussi économique, et culturel. C’est pourquoi nous nous bornerons ici au point de vue de l’agir éducatif, et de ses conditions de possibilité.

La participation aux émeutes pourrait témoigner d’une certaine faillite éducative. Il n’est pas question d’accabler les mères qui, dans des familles monoparentales, s’épuisent à créer les conditions d’une vie digne pour elles et leurs enfants. Mais ne faut-il pas prendre acte de l’importance capitale de ce que Pierre Bourdieu a nommé l’habitus, « système de schèmes de perception, de pensée, d’appréciation et d’action », que chacun construit, au sein de sa famille, dans sa toute première enfance ? Et reconnaître que certains enfants souffrent malheureusement, de ce point de vue, d’une double carence ?

La première résulte d’une défaillance dans l’incarnation de l’autorité parentale. Pôle dont chacun doit intégrer les principes pour pouvoir autoréguler son comportement (« Un homme, ça s’empêche », a écrit Albert Camus), sans devenir le jouet de ses fantasmes et de ses emportements. Une société « sans pères », c’est-à-dire sans personne qui prenne résolument en charge le pôle de l’autorité, capable d’interdire, à bon escient (à savoir quand est en jeu le respect des autres), ne peut que sombrer dans la folie destructrice. Ivre de ce que Hegel appelait la liberté du vide. La seconde carence est alors constituée par l’absence, qui en découle, d’un cadre gravant dans le marbre ce que le devoir de respect des autres, quelles que soient les circonstances, nous impose (aider), ou nous interdit (faire souffrir, spolier, détruire gratuitement).

La participation, ou non, aux émeutes, nous semble indiquer clairement qu’une fracture s’est établie entre ceux qui ont bénéficié de repères dans le cadre familial, et d’autres qui semblent sans horizons. Entre ceux à qui leur éducation familiale a permis d’intégrer la nécessité de « se retenir » ; et ceux qui n’ont pas eu cette chance. Réduire cette fracture exige un immense travail. Le témoignage de tant de personnes élevées par des mères admirables montre que cela n’est pas impossible.

La troisième fracture est sans doute la plus difficile à cerner avec sang-froid. Toute éducation implique un horizon culturel. On éduque et on forme pour préparer à vivre dans un ensemble régi par des valeurs communes, et acceptées par tous, faute de quoi il n’y a pas de vie commune possible. Ce socle de valeurs correspond à un imaginaire commun, celui d’une société où il sera possible de vivre ensemble d’une façon apaisée, voire heureuse. Dans le respect des différences mais aussi des valeurs fondatrices de la société, et qui en marquent l’identité.

Or on peut se demander si nous disposons toujours d’un horizon culturel commun, qui fonderait à la fois la possibilité d’une éducation « nationale », et d’un « vivre ensemble » apaisé. Certes, il y a sans doute toujours une pluralité d’horizons culturels, selon les appartenances idéologiques, ou religieuses. Mais les émeutes font naître une interrogation sur la persistance, et la force véritable, de ce qui a constitué, depuis la fin du Second Empire, l’imaginaire républicain.

Cet imaginaire se cristallise dans la représentation d’une société régie par des valeurs telles que « liberté, égalité, et fraternité ». Un tel ensemble de valeurs rendant possible, par-delà toutes les particularités, et la diversité des opinions, des religions, et des comportements, la vie en commun.

Ne pourrait-on aller jusqu’à se demander si cet idéal républicain n’est pas concurrencé par un nouvel imaginaire, émergent : un imaginaire, en quelque sorte postcolonial, de la rédemption ou de la revanche, exigeant de façon aussi brutale que presque impossible à satisfaire, une réparation, qui commencerait par la destruction de tous les symboles de l’État naguère colonial. Au sein, pourtant, duquel on vit.

Il n’y a là, bien sûr, qu’une hypothèse. Imaginaire postcolonial contre imaginaire républicain ? Radicalité destructrice de ceux qui ont soif de vengeance et de réparation, contre imaginaire républicain de ceux qui ne veulent que vivre en paix ? L’hypothèse a de quoi faire peur, et exigerait en tout cas de nombreux travaux pour être validée. Mais ne faut-il pas oser l’affronter ? Car ce qui est en jeu est la contribution possible du travail éducatif à la construction et à la reconnaissance par tous d’un horizon commun.

Émeutes et fracture scolaire ?

Émeutes et fracture scolaire ?

par
Charles Hadji
Professeur honoraire (Sciences de l’éducation), Université Grenoble Alpes (UGA) dans the Conversation

La mort de Nahel M., adolescent de 17 ans tué par un policier lors d’un contrôle routier le mardi 27 juin 2023 à Nanterre, a entraîné des émeutes dont l’ampleur et la gravité (incendies, pillages, destructions, attaques de bâtiments publics et privés) ont plongé la France dans une forte sidération. La question de savoir comment on a pu en arriver là devient essentielle, car la recherche de remédiations est suspendue à la connaissance des causes. Parmi celles-ci, de nombreux acteurs sociaux ont évoqué les problèmes éducatifs. Le Président de la République a appelé en ce sens « tous les parents à la responsabilité ». Le ministre de la Justice a diffusé une circulaire invitant à engager des poursuites à l’égard des parents pour lesquels de « graves manquements à leurs obligations légales pourraient être constatés ». L’organisation France Police est allée jusqu’à stigmatiser les parents de Nahel, « incapables d’éduquer leur fils ». La première fracture se manifeste en termes d’inégalités, de résultats scolaires et universitaires. C’est un fait bien établi, et qui a fait l’objet d’innombrables recherches et analyses : la France est l’un des pays où l’origine sociale pèse le plus sur les performances et les trajectoires scolaires, puis sociales. C’est ce dont témoignent, par exemple, les résultats de l’enquête PISA conduite par l’OCDE. L’intolérable gâchis de l’insuccès scolaire touche en priorité les enfants issus de milieux défavorisés. Et, au fil des années, les inégalités liées à l’origine sociale ne paraissent pas connaître de changement significatif.

Cela s’est traduit dans la géographie scolaire, avec des phénomènes de ségrégation entre établissements. Selon le public dominant (favorisés vs défavorisés), de véritables fossés se sont creusés, entre établissements d’excellence, et établissements ghettos. Et c’est dans les « quartiers » que se trouvent les établissements le plus en difficulté. La nécessité d’augmenter la mixité scolaire est donc indéniable.

Selon une note de recherche parue en avril 2023, les programmes de mixité sociale testés depuis huit ans ont des effets positifs pour tous les collégiens, quel que soit leur statut social, en termes de perception de l’environnement social, de relations avec leurs amis, et d’attitude vis-à-vis du travail en groupe pour les uns(défavorisés) ; d’estime de soi scolaire, de qualité des relations, et de solidarité pour les autres. Mais les effets constatés sont beaucoup moins d’ordre scolaire (apprentissages), que « non scolaires » (bien-être et intégration).

Il faut reconnaître que les responsables successifs du système éducatif ont tenté de s’y employer, mais avec des fortunes diverses. Le combat est passé par la création en 1981 de zones prioritaires (ZP), qui deviendront dans les années 90 zones d’éducation prioritaire (ZEP), dont la carte a été revue en 2014 avec la création de réseaux d’éducation prioritaire et devrait être à nouveau révisée en 2023.

Le combat est passé aussi par la lutte contre les stratégies de contournement de carte. Et, récemment, par la réforme de l’affectation des élèves (plate-forme Affelnet), ou la prise en compte de l’indice de position sociale (IPS).) des élèves et, surtout, des établissements. Cet outil, mis en place en 2016 par l’éducation nationale, permet de déterminer un profil social, évalué en fonction de critères d’ordre social, culturel, et économique. On peut ainsi agir sur l’affectation des élèves en tenant compte tant de leur IPS personnel que de l’IPS moyen de l’établissement d’accueil.

Cependant, dans la mesure même où les inégalités scolaires ne sont, pour une partie significative, qu’un reflet des inégalités sociales, il faudrait pouvoir lutter directement contre celles-ci. On ne peut demander au système éducatif ce qu’il n’a pas la capacité de faire. Il est illusoire d’espérer agir sur les inégalités de réussite sans agir en amont, et fortement, sur les inégalités sociales.

Si les émeutes interrogent le système éducatif, elles mettent en cause de façon sans doute plus forte l’éducation familiale. Sont en jeu des valeurs et des principes transmis dans l’enfance, et auxquels, peut-être, certains jeunes émeutiers n’avaient pas eu accès.

Comment, en effet, comprendre que des adolescents et adolescentes puissent se sentir autorisés à terroriser la population ; à s’en prendre aux biens et aux personnes. À détruire, à voler, à brûler, à saccager. En s’attaquant en priorité aux « communs », à tout ce qui rend la vie plus facile, voire plus agréable, au quotidien, et permet de vivre ensemble et de grandir : mairies, maisons de quartier, locaux d’associations, transports en commun, bibliothèques, gymnases.

Il semble s’être produit, chez certains, une rupture dans la transmission des priorités. À travers le (mauvais) sort fait au commun, c’est l’articulation entre éducation familiale et citoyenneté qui est interrogée. Les facteurs à prendre en compte nécessiteraient de longues analyses, d’ordre sociologique, mais aussi économique, et culturel. C’est pourquoi nous nous bornerons ici au point de vue de l’agir éducatif, et de ses conditions de possibilité.

La participation aux émeutes pourrait témoigner d’une certaine faillite éducative. Il n’est pas question d’accabler les mères qui, dans des familles monoparentales, s’épuisent à créer les conditions d’une vie digne pour elles et leurs enfants. Mais ne faut-il pas prendre acte de l’importance capitale de ce que Pierre Bourdieu a nommé l’habitus, « système de schèmes de perception, de pensée, d’appréciation et d’action », que chacun construit, au sein de sa famille, dans sa toute première enfance ? Et reconnaître que certains enfants souffrent malheureusement, de ce point de vue, d’une double carence ?

La première résulte d’une défaillance dans l’incarnation de l’autorité parentale. Pôle dont chacun doit intégrer les principes pour pouvoir autoréguler son comportement (« Un homme, ça s’empêche », a écrit Albert Camus), sans devenir le jouet de ses fantasmes et de ses emportements. Une société « sans pères », c’est-à-dire sans personne qui prenne résolument en charge le pôle de l’autorité, capable d’interdire, à bon escient (à savoir quand est en jeu le respect des autres), ne peut que sombrer dans la folie destructrice. Ivre de ce que Hegel appelait la liberté du vide. La seconde carence est alors constituée par l’absence, qui en découle, d’un cadre gravant dans le marbre ce que le devoir de respect des autres, quelles que soient les circonstances, nous impose (aider), ou nous interdit (faire souffrir, spolier, détruire gratuitement).

La participation, ou non, aux émeutes, nous semble indiquer clairement qu’une fracture s’est établie entre ceux qui ont bénéficié de repères dans le cadre familial, et d’autres qui semblent sans horizons. Entre ceux à qui leur éducation familiale a permis d’intégrer la nécessité de « se retenir » ; et ceux qui n’ont pas eu cette chance. Réduire cette fracture exige un immense travail. Le témoignage de tant de personnes élevées par des mères admirables montre que cela n’est pas impossible.

La troisième fracture est sans doute la plus difficile à cerner avec sang-froid. Toute éducation implique un horizon culturel. On éduque et on forme pour préparer à vivre dans un ensemble régi par des valeurs communes, et acceptées par tous, faute de quoi il n’y a pas de vie commune possible. Ce socle de valeurs correspond à un imaginaire commun, celui d’une société où il sera possible de vivre ensemble d’une façon apaisée, voire heureuse. Dans le respect des différences mais aussi des valeurs fondatrices de la société, et qui en marquent l’identité.

Or on peut se demander si nous disposons toujours d’un horizon culturel commun, qui fonderait à la fois la possibilité d’une éducation « nationale », et d’un « vivre ensemble » apaisé. Certes, il y a sans doute toujours une pluralité d’horizons culturels, selon les appartenances idéologiques, ou religieuses. Mais les émeutes font naître une interrogation sur la persistance, et la force véritable, de ce qui a constitué, depuis la fin du Second Empire, l’imaginaire républicain.

Cet imaginaire se cristallise dans la représentation d’une société régie par des valeurs telles que « liberté, égalité, et fraternité ». Un tel ensemble de valeurs rendant possible, par-delà toutes les particularités, et la diversité des opinions, des religions, et des comportements, la vie en commun.

Ne pourrait-on aller jusqu’à se demander si cet idéal républicain n’est pas concurrencé par un nouvel imaginaire, émergent : un imaginaire, en quelque sorte postcolonial, de la rédemption ou de la revanche, exigeant de façon aussi brutale que presque impossible à satisfaire, une réparation, qui commencerait par la destruction de tous les symboles de l’État naguère colonial. Au sein, pourtant, duquel on vit.

Il n’y a là, bien sûr, qu’une hypothèse. Imaginaire postcolonial contre imaginaire républicain ? Radicalité destructrice de ceux qui ont soif de vengeance et de réparation, contre imaginaire républicain de ceux qui ne veulent que vivre en paix ? L’hypothèse a de quoi faire peur, et exigerait en tout cas de nombreux travaux pour être validée. Mais ne faut-il pas oser l’affronter ? Car ce qui est en jeu est la contribution possible du travail éducatif à la construction et à la reconnaissance par tous d’un horizon commun.

Économie : »la fracture territoriale n’est pas une fatalité »

Économie : »la  fracture territoriale n’est pas une fatalité »

 

Membre du Conseil exécutif du Medef national, présidente du Medef Limousin, Dorothée Ferreira est directrice générale d’Independance Royale, estime dans l’Opinion que la fracture territoriale n’est pas une fatalité.

Les petites villes se vident. Les grandes se remplissent. Où en est la France en termes d’équilibre des territoires ?

L’exode rural à partir du XIXe siècle avait vidé les campagnes. Le risque est désormais que le phénomène de métropolisation vide les petites villes et les villes moyennes. Aujourd’hui, le problème n’est plus uniquement le rapport entre Paris et le reste du territoire, mais l’écart croissant entre les grandes métropoles et le reste du pays. Nous sommes passés d’une hyperconcentration parisienne à une concentration sur quelques métropoles, dont Paris fait partie. Entre 2000 et 2020, la population française a augmenté de 12 %, tandis que celle des plus grandes métropoles, c’est-à-dire Lyon, Aix-Marseille, Toulouse, Bordeaux, Lille et Nice, s’est accrue de 17 %, selon le baromètre Arthur Lloyd sur l’attractivité des métropoles françaises. La population des grandes métropoles a ainsi augmenté deux fois plus vite que celle de la France. Désormais, les 15 aires urbaines de plus de 500 000 habitants concentrent 43 % de la population, 46 % des emplois et 55 % de la masse salariale. Cela s’accompagne de disparités économiques, d’inégalités. Le PIB par habitant est ainsi de 50 % plus élevé dans ces métropoles que dans le pays.

Il suffit de parcourir la France pour être frappé par des centres-villes qui se vident parfois. Quel est l’état des lieux ?

La désertification des centres-villes saute souvent aux yeux. Dans les villes de moins de 100 000 habitants, 12 % des commerces sont vacants. Bien sûr, le phénomène est complexe. L’étalement urbain, le fait que de plus en plus de Français habitent à quelques kilomètres du centre-ville est un facteur explicatif. Mais la corrélation avec le dynamisme économique est évidente. Et les territoires sont plus âgés que les métropoles. Je suis présidente du Medef Limousin, qui fait partie de la Nouvelle-Aquitaine, région la plus âgée de France. L’écart entre le Limousin (25 % de plus de 65 ans) et l’Ile-de-France (15 % de cette même classe d’âge) est très important. Deux des transitions majeures des décennies à venir se joueront dans les territoires, la transition écologique et la transition démographique, qui est le cœur d’activité du groupe que je dirige.

Le défi est de mettre en place des logiques de coopérations territoriales, des écosystèmes diversifiés pour que métropoles et territoires se renforcent mutuellement

La mondialisation explique-t-elle ce phénomène de métropolisation ?

Oui, et c’est le cas partout dans le monde. La mondialisation et ses corollaires, la désindustrialisation, le développement d’économies de services, la connexion des flux et des centres de décision, sont à l’origine de cette concentration dans les grandes métropoles. Aujourd’hui, 55 % de la population mondiale vit déjà dans des villes. En 2050, ce sera les deux tiers. Et la France est particulièrement concernée.

Quels sont les risques d’une France à deux vitesses ? Le mouvement des Gilets Jaunes est-il un signe avant-coureur de cette fracture territoriale et d’une explosion sociale ?

Nous sommes tous concernés par la fracture territoriale. Nous devons agir. L’avenir de notre pays passe par une armature territoriale forte, associant de grandes métropoles à un réseau de villes petites et moyennes dynamiques. Notre cohésion nationale est à ce prix. La fracture territoriale est le terreau du développement du populisme. La mondialisation a créé cette France à deux vitesses, mais le phénomène n’est pas inéluctable. Ce qui se joue dans la métropolisation n’est pas seulement économique. L’enjeu est aussi démocratique. La fracture territoriale est aussi une fracture culturelle. James Goodhart dans The road to somewhere, distinguait les anywhere, les gagnants de la mondialisation, qui vivent et travaillent où ils veulent et les somewhere, ceux qui restent attachés à un mode de vie et un territoire déterminé. Christophe Guilluy, dans La France périphérique avait prédit la crise des Gilets jaunes. Le Brexit, le vote contestataire, sont autant de signaux auxquels il faut être attentif.

Comment bâtir une France mieux équilibrée ?

Le défi est de mettre en place des logiques de coopérations territoriales, des écosystèmes diversifiés pour que métropoles et territoires se renforcent mutuellement. L’enjeu est de créer des synergies entre des identités locales fortes et des zones métropolitaines à fort effet d’entraînement. Une métropole est une force : la croissance de l’emploi autour des métropoles a été de 1,4 % entre 1999 et 2014 contre 0,8 % sur l’ensemble du territoire selon France Stratégie. En organisant des réseaux d’entreprises, en travaillant main dans la main, élus locaux et chefs d’entreprise, en bâtissant les infrastructures nécessaires, on peut faire mieux encore. Et tirer parti de nos métropoles pour irriguer plus profondément les territoires.

Des territoires se désertifient quand les emplois disparaissent. Est-ce une fatalité ?

Il faut gagner la bataille de l’emploi dans les territoires. Jusque dans les années 1990, la croissance du salariat a profité à toutes les villes, ce n’est plus le cas. Entre 2009 et 2019, 80 % des créations d’emplois sont intervenues sur 10 % de la surface de la France. Il s’est créé plus d’emplois à Bordeaux en dix ans que dans 76 % du territoire. Pierre Veltz a bien montré dans son récent ouvrage La France des territoires, défis et promesses qu’il n’y a pas de fatalité. Si des entrepreneurs, des politiques, des citoyens se prennent en main, alors tout peut changer. Parfois, à 30 kilomètres de distance, on voit une ville dynamique et une qui ne l’est pas, parce que des acteurs ont créé des écosystèmes. L’idée est donc de maintenir des identités culturelles spécifiques, tout en bénéficiant de l’attractivité d’une région capable de faire jeu égal avec d’autres grandes régions européennes. C’est la philosophie de Geoffroy Roux de Bézieux qui a renforcé le rôle des Medef territoriaux et des Medef régionaux. Je m’inscris dans cette logique comme présidente du Medef Limousin qui fait partie de la région Nouvelle-Aquitaine du Medef.

Les jeunes générations veulent retrouver une plus grande proximité : des chaînes de décisions courtes, moins de temps pour aller au travail, des relations plus chaleureuses avec leurs collègues

L’envie de certains habitants des grandes métropoles de partir dans des villes moyennes vous paraît-elle durable ? Est-ce une chance ?

L’attachement à un territoire n’est pas donné, il se construit. Je suis née portugaise, fille de parents portugais. Le Limousin n’est pas le territoire de mes ancêtres. Pourtant, j’y suis très attachée, c’est là que je suis née, que j’ai grandi, fait mes études, menées l’essentiel de ma carrière professionnelle et ma famille y réside. C’est un attachement qui s’est construit dans le temps, et c’est le cas de beaucoup de Français. Les jeunes générations veulent retrouver une plus grande proximité : des chaînes de décisions courtes, moins de temps pour aller au travail, des relations plus chaleureuses avec leurs collègues. Une région comme le Limousin permet d’avoir cette qualité de vie. Aujourd’hui, réussir, c’est pour beaucoup être capable de rester dans le territoire où ils ont leurs attaches. C’est nouveau et c’est une chance à saisir pour les territoires. Les entreprises trouvent plus facilement qu’avant des talents en régions.

La crise sanitaire, le télétravail rebattent-ils les cartes ?

L’exode de 450 000 Franciliens a été une expérience grandeur nature. Les outils numériques ont montré que l’on peut travailler ailleurs que dans une grande ville. De nombreux territoires ont commencé à prendre leur destin en main, en engageant des actions de revitalisation économique. Il n’y a pas fatalité. En Nouvelle-Aquitaine, la création du pôle de compétitivité Avenia, sur les technologies du sous-sol comme la géothermie, est une réussite. Qui aurait pensé que des PME sur les géo-sciences se développeraient un jour à Pau ? Tout est affaire de volonté et de soutien des dynamiques locales par l’action publique. Il faudra investir dans les infrastructures pour que les territoires restent attractifs. En 2012, le World Economic Forum classait la France à la première place mondiale pour la qualité des routes, nous sommes tombés à la 18e place. Les territoires ne pourront relever le défi de l’environnement, du vieillissement de la population, que si un véritable New deal est mis en œuvre. Nos territoires le méritent !

Ecologie : la fracture bobo- populo

Ecologie  : la fracture bobo- populo

 

Il est évident que les écologistes appartiennent pour la plupart aux catégories CSP plus ( en bref des cadres). Leur confort social leur permet de contester radicalement le mode de production et de consommation. À l’inverse,  les citoyens au statut social moins favorable et plus précaire sont beaucoup plus réticents vis-à-vis d’une transition énergétique brutale. Il est clair que lorsqu’on  gagne 1000 € par mois en étant contraint de prendre son automobile,  on est beaucoup moins sensible à la thématique environnementale que lorsqu’on gagne 5, 10 ou 20 fois plus et qu’on peut se déplacer en utilisant les transports collectifs. C’est la fracture bobo populo qui illustre le mouvement des gilets jaunes. De toute manière,  la transition énergétique brutale en France constitue une erreur économique et environnementale. Il faut d’abord rappeler que les émissions polluantes de la France représentent environ 1 % des émissions mondiales. Ensuite que la fiscalité n’a jamais été un moyen de régulation efficace s’il n’y a pas en même temps une politique industrielle pour développer une nouvelle offre de transport tant en transport collectif qu’en transport individuel. Une offre de qualité et compétitive (comme pour le chauffage, problème autrement plus important que le transport). De ce point de vue, la nouvelle fiscalité sur les carburants justifiée par des motifs écologiques constitue une escroquerie intellectuelle. La transition énergétique ne passe pas prioritairement par la fiscalité mais par une politique de  l’offre et de normes. Sans parler de l’incohérence de l-’aménagement du territoire qui favorise les émissions polluantes.   La problématique environnementale doit donc intégrer les aspects sociaux, techniques et fiscaux. Faute  de cela,  le mouvement écolo bobo risque de ressembler à une sorte de religion d’évangélistes ignorants des cohérences sociales, fiscales et industrielles.  Inversement, les gilets jaunes qui représentent les couches populaires doivent intégrer la problématique climatique dans leurs revendications sociales pour ne pas finir comme un mouvement poujadiste. 

Environnement : la fracture bobo- populo

Environnement  : la fracture bobo- populo

 

Il est évident que les écologistes appartiennent pour la plupart aux catégories CSP plus. Leur confort social leur permet de contester radicalement le mode de production et de consommation. À l’inverse,  les citoyens au statut social moins favorable et plus précaire sont beaucoup plus réticents vis-à-vis d’une transition énergétique brutale. Il est clair que lorsqu’on  gagne 1000 € par mois en étant contraint de prendre son automobile,  on est beaucoup moins sensible à la thématique environnementale que lorsqu’on gagne 5, 10 ou 20 fois plus et qu’on peut se déplacer en utilisant les transports collectifs. C’est la fracture bobo populo qui illustre le mouvement des gilets jaunes. De toute manière,  la transition énergétique brutale en France constitue une erreur économique et environnementale. Il faut d’abord rappeler que les émissions polluantes de la France représentent environ 1 % des émissions mondiales. Ensuite que la fiscalité n’a jamais été un moyen de régulation efficace s’il n’y a pas en même temps une politique industrielle pour développer une nouvelle offre de transport tant en transport collectif qu’en transport individuel. Une offre de qualité et compétitive (comme pour le chauffage, problème autrement plus important que le transport). De ce point de vue, la nouvelle fiscalité sur les carburants justifiée par des motifs écologiques constitue une escroquerie intellectuelle. La transition énergétique ne passe pas prioritairement par la fiscalité mais par une politique de  l’offre et de normes. Sans parler de l’incohérence de l-’aménagement du territoire qui favorise les émissions polluantes.   La problématique environnementale doit donc intégrer les aspects sociaux, techniques et fiscaux. Faute  de cela,  le mouvement écolo bobo risque de ressembler à une sorte de religion d’évangélistes ignorants des cohérences sociales, fiscales et industrielles.  Inversement, les gilets jaunes qui représentent les couches populaires doivent intégrer la problématique climatique dans leurs revendications sociales pour ne pas finir comme un mouvement poujadiste. 

Ecologie : la fracture bobo- populo

 Ecologie : la fracture bobo- populo

 

Il est évident que les écologistes appartiennent pour la plupart aux catégories CSP plus. Leur confort social leur permet de contester radicalement le mode de production et de consommation. À l’inverse,  les citoyens au statut social moins favorable et plus précaire sont beaucoup plus réticents vis-à-vis d’une transition énergétique brutale. Il est clair que lorsqu’on  on gagne 1000€ par mois en étant contraint de prendre son automobile,  on est beaucoup moins sensible à la thématique environnementale que lorsqu’on gagne cinq 10 ou 20 fois plus et qu’on peut se déplacer en utilisant les transports collectifs. C’est la fracture bobo populo qui illustre le mouvement des gilets jaunes. De toute manière,  la transition énergétique brutale en France constitue une erreur économique et environnementale. Il faut d’abord rappeler que des émissions polluantes de la France représentent environ 1 % des émissions mondiales. Ensuite que la fiscalité n’a jamais été un moyen de régulation efficace s’il n’y a pas en même temps une politique industrielle pour développer une nouvelle offre de transport tant en transport collectif qu’en transport individuel. Une offre de qualité et compétitive (comme pour le chauffage, problème autrement plus important que le transport). De ce point de vue là nouvelle fiscalité sur les carburants justifiée par des motifs écologiques constitue une escroquerie intellectuelle. La transition énergétique ne passe pas prioritairement par la fiscalité mais par une politique de la l’offre et de normes. La problématique environnementale doit donc intégrer les aspects sociaux, techniques et fiscaux. Faute  de cela,  le mouvement écolo bobo risque de ressembler à une sorte de religion d’évangélistes ignorants des cohérences sociales,fiscales et industrielles. 

Moral économique : fracture entre les cadres et les Français moyens

Moral économique : fracture entre les cadres et les Français moyens

Selon le baromètre  ViaVoice pour Le Figaro, HEC Paris et BFM Business société qui se déchire, avec un décrochage d’une partie de la population». Nombre de Français voient un avenir morose se dessiner pour l’Hexagone. Ils sont ainsi 57% à prévoir que le niveau de vie en France se dégradera d’ici un an. Loin de ces inquiétudes, les cadres se disent confiants, puisque ce chiffre atteint seulement 28% parmi eux. Symbole de l’état de santé économique d’un pays, le chômage préoccupe à des degrés bien différents cadres et grand public: 43% des Français sondés anticipent qu’il augmentera dans les mois à venir, contre seulement un quart des décideurs. De telles divergences se font aussi sentir quant à la situation financière personnelle des deux panels de sondés. Alors que la moitié des Français s’attendent à ce que leurs finances se dégradent au cours des prochains mois, une minorité des décideurs (27%) partage ce pessimisme. Un climat d’anxiété qui pourrait peser sur la consommation, et, à terme, sur la croissance.

Fracture numérique : le câble, G4-5 ou le satellite ?

Fracture numérique : le câble, G4-5 ou le satellite ?

Réduire la fracture numérique et offrir le « très haut débit » (au moins 30 mégabits par seconde) en 2022, sur l’ensemble du territoire paraît assez illusoire avec le seul câble. Du coup,   Macron à évoqué un amalgame entre haut débit qui peut être assuré par satellite et très haut débit qui sera couvert par le plan câble. Le plan câble qui se révèle de plus en plus coûteux et qui de toute façon ne pourra atteindre tous les usagers des télécoms. Il est évident que ces nouvelles modalités de couverture sont certainement plus compatibles avec les possibilités techniques et financières. Par ailleurs les évolutions technologiques risquent peut-être de rendre caduque le très coûteux plan câble par ailleurs essentiellement rentable dans les zones très denses. Notons que cette évolution est aussi sans doute plus compatible avec les possibilités des collectivités locales d’autant qu’elles sont déjà lourdement endettées.  Emmanuel Macron n’a pas seulement avancé sa date butoir de deux ans. Pour atteindre son objectif, il parle désormais d’accès «haut débit et très haut débit». Des lignes inférieures à 30 mégabits par seconde pourraient seconder la couverture en très haut débit dans certaines zones. Le président de la République a ainsi appelé à «envisager les complémentarités technologiques» entre la fibre optique, le mobile et en particulier l’Internet mobile ou le satellite, jugeant «impossible de tenir la promesse de tirer de la fibre dans tous les logements de la République». «Cette promesse est intenable technologiquement et financièrement», a-t-il insisté. Or, la France est quasi intégralement couverte aujourd’hui par le haut débit ADSL, avec près de 30 millions de lignes cuivre. Les 2 millions de foyers restant peuvent passer par des offres satellitaires. On peut donc considérer que cette partie de la promesse fixée par Emmanuel Macron est quasi tenue, si l’Internet mobile vient en renfort. À l’inverse, il n’y a que 16 millions de logements éligibles à de l’Internet très haut débit, de plus de 30 mégabits. Dont 12 millions qui peuvent bénéficier d’une vitesse de téléchargement de plus de 100 mégabits par seconde. Le chantier était déjà colossal pour aboutir à 100% de la population couverte en 2022, tel qu’envisagé jusqu’alors, en particulier dans les villes de tailles moyennes et dans les zones rurales. Il nécessiterait 15 à 16 milliards d’euros d’investissement, soit environ 5 milliards d’euros par an durant d’ici à la fin 2020, c’est-à-dire pas loin de ce que l’ensemble des opérateurs investissent tous les ans. Un chiffre par ailleurs très largement sous-évalué en effet le montant de l’investissement pourrait en réalité atteindre facilement le double De ce fait,  le gouvernement devrait choisir le satellite pour permettre à certains foyers d’accéder au très haut débit, Orange souhaite que tous les acteurs des télécoms – dont ses rivaux SFR, Bouygues Telecom et Free – se mettent autour de la table. L’idée serait, par exemple, de lancer un Réseau d’initiative publique (RIP) satellite. Celui-ci serait façonné sur le modèle des RIP de fibre optique actuellement en déploiement dans toute la France. Ceux-ci permettent aux collectivités de bâtir, avec l’aide financière de l’État, des réseaux Internet fixe dernier cri et ouverts à tous les opérateurs dans les zones les moins peuplées de l’Hexagone. Avec un tel RIP satellite, Orange, mais aussi SFR, Bouygues Telecom et Free seraient pourraient ainsi proposer leurs offres à tous les villages et hameaux concernés.

UMP : fracture politique et morale

UMP : fracture politique et morale

Ce sont les mots de Fillon après l’annonce de la victoire de Copé. Une analyse pertinente, la fracture concerne l’UMP mais aussi tout le champ politique et même sociétal. Sous l’effet de la crise, l’opinion se droitise en rendant notamment responsable de cette crise l’immigration. Jusque là seul le FN occupait le terrain du repli nationaliste. Désormais avec Copé, l’UMP s’investit dans le nationalisme populiste. Avec des avantages et des inconvénients. Des avantages car il glisse comme la société française vers les thèses droitières ; des inconvénients cependant  qui pourraient lui faire perdre les soutiens du courant humaniste et libéral. Jean-François Copé a recueilli 87.388 voix contre 87.290 voix à François Fillon (49,97%), soit 98 voix d’avance, a annoncé le président de la Cocoe, Patrice Gélard.   La pilule est dure à avaler pour François Fillon. A l’issue de la proclamation des résultats de la Cocoe, l’ex-Premier ministre a pris acte lundi soir de sa défaite face à Jean-François Copé pour la présidence de l’UMP, en soulignant la « fracture à la fois politique et morale » au sein du parti, ajoutant qu’il se prononcerait sur son propre avenir « dans les jours qui viennent ». « Je prends acte du résultat, j’aurais préféré m’en satisfaire (…) Au-delà des nombreuses irrégularités de ce scrutin que j’aurais pu contester, ce qui me frappe surtout ce soir est que la fracture qui traverse notre camp politique est désormais manifeste, cette fracture est à la fois politique et morale. La réduire et la dépasser, tel est l’objectif que désormais je m’assigne. Je ferai connaître dans les jours qui viennent les formes que prendront mon avenir et mon engagement politique », a-t-il déclaré depuis son siège de campagne parisien du 7e arrondissement.

 




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