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Guerre en Ukraine : La fausse neutralité de Pékin

  • Guerre en Ukraine : La fausse neutralité de Pékin

    Alors que le conseiller à la sécurité nationale américain a rencontré lundi à Rome le plus haut responsable du Parti communiste chinois pour la diplomatie, quelle est réellement la position de Xi Jinping face à l’invasion russe ? Franceinfo a posé la question à Marc Julienne, spécialiste de la Chine à l’Ifri.

     

    La position de la Chine dans la guerre qui oppose Kiev à Moscou est-elle en train de basculer ? C’est ce qu’affirme le New York Times (article payant, en anglais) dimanche 13 mars. Selon le quotidien américain, qui cite des responsables anonymes, la Russie a demandé à Pékin de lui fournir des équipements militaires et une aide économique pour l’aider à surmonter les sanctions internationales. Une accusation balayée par le géant asiatique. « Ces derniers temps, les Etats-Unis propagent constamment des fausses nouvelles à l’encontre de la Chine », a répondu devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise.

    Marc Julienne, responsable des activités Chine au Centre Asie de l’Institut français des relations internationales (Ifri), apporte son éclairage sur le rôle de Pékin dans cette guerre.

    franceinfo : Depuis le début de la guerre en Ukraine, quelle est la position de la Chine, alliée historique de la Russie ?

    Marc Julienne : Depuis le 24 février, la Chine maintient une position officielle de neutralité dans le conflit armé qui oppose la Russie à l’Ukraine. Mais lorsque l’on analyse au-delà du discours officiel, on s’aperçoit que cette neutralité n’est que de façade. Pékin assure respecter la souveraineté de tous les Etats et la Charte des Nations unies, mais elle a repris mot pour mot le discours de Vladimir Poutine en parlant « d’opération militaire spéciale », en refusant d’utiliser le terme d’invasion et en se gardant d’attribuer toute responsabilité du conflit à l’un ou l’autre des belligérants. Elle reconnaît également les « préoccupations de sécurité légitimes » de la Russie. C’est une formule très générale pour dire en filigrane que Moscou avait aussi des raisons de se sentir menacé en Ukraine.

    « Le discours chinois est très subtil, c’est tout en ligne de crête. Le but est de se présenter comme neutre tout en préservant les intérêts de la Russie. La Chine appelle à la discussion, à des pourparlers de paix, mais à aucun moment ne fait de démarches pour se positionner en médiatrice. »

    Pourquoi la Chine soutient-elle implicitement la Russie dans cette guerre ?

    C’est avant tout pour des raisons politiques. Les deux pays sont fondamentalement d’accord sur un point : leur opposition viscérale aux démocraties libérales occidentales. Il s’agit d’une opposition aux Etats-Unis, à l’Otan et, pour ce qui concerne particulièrement la Chine, une opposition au nouveau partenariat de l’Aukus (Australie, Royaume-Uni, Etats-Unis).

    De son côté, la Russie fait face à ce front occidental puisqu’elle accuse l’Otan de vouloir s’élargir à l’Ukraine, ce qui est faux. C’est précisément sur ce point que la Chine et la Russie ont des intérêts alliés et c’est la raison pour laquelle Pékin soutient tacitement Moscou. C’est un soutien implicite dans le discours et très explicite économiquement. La Chine apporte son aide financière à la Russie depuis le début du conflit. Par des canaux de financements en yuans depuis que l’économie russe est exclue du système Swift, mais aussi en augmentant les importations de pétrole et de gaz, ou encore celles de produits agricoles, comme le blé.

    Enfin, depuis le début de la crise, Pékin observe attentivement ce qui se passe en Ukraine, en pensant à Taïwan. La Chine a des velléités très explicites sur une « unification », selon ses termes. Elle peut tirer certaines leçons de la guerre actuelle.

    Pensez-vous que la Chine peut s’impliquer davantage dans le conflit ? 

    Si elle soutenait trop ouvertement la Russie, elle pourrait elle-même être visée par des sanctions ayant de fortes répercussions sur son économie. Le choix idéologique va alors s’opposer aux intérêts pragmatiques de l’Empire du milieu.

    « A choisir entre l’alignement anti-américain et la préservation de l’économie chinoise, la Chine choisira de préserver son économie, qui subit une phase de ralentissement après la crise sanitaire liée au Covid-19. »

    Le pays est dans une année très importante. En octobre 2022 va se dérouler le 20e congrès du Parti communiste chinois. Le président Xi Jinping devrait être reconduit pour un troisième mandat, ce qui serait inédit depuis la mort de Mao Zedong (1976). On est donc dans une période très sensible politiquement, où il faut absolument préserver l’économie, pour la pérennité du président au pouvoir. Puisque la Chine tente de se présenter comme neutre, fournir du matériel militaire à un belligérant représenterait une volte-face totale.

     

Système politique : le fossé démocratique se creuse

Système politique : le fossé démocratique se creuse

 

 

Comme en témoigne l’abstention record aux deux tours du scrutin, les 20 et 27 juin, la forte défiance à l’égard des représentants politiques constitue un avertissement. Aucun parti, aucun mouvement ne pourra faire l’économie de réconcilier les Français avec la politique.

 

Editorial du « Monde ».

 

A l’issue du second tour des élections régionales et départementales, qui s’est tenu dimanche 27 juin, le même constat inquiétant qu’au premier tour domine : les Français ont pratiqué la grève des urnes dans des proportions inédites. Qui plus est, ils l’ont fait en toute connaissance de cause. Comme lors du premier tour, qui s’était déroulé une semaine plus tôt, deux électeurs sur trois ont trouvé beaucoup d’autres choses à faire plutôt que d’aller déposer un bulletin dans leur bureau de vote. Ils avaient pourtant été, ces derniers jours, morigénés ou appelés au secours par des états-majors unanimement secoués par l’ampleur du retrait démocratique.


Rien n’y a fait, et ce qui s’était esquissé le 20 juin s’est confirmé le 27 : forts d’une visibilité plus importante que les autres candidats, les présidents de région sortants ont tous été réélus sur le territoire métropolitain, donnant à la carte de France les mêmes couleurs rose et bleue qu’il y a huit jours. La droite conserve sept régions, la gauche cinq, une aubaine pour les « vieux » partis, qui luttent depuis 2017 pour leur survie et ont infligé au Rassemblement national comme à La République en marche une sévère déconvenue.


Cette apparente stabilité de la France locale cache en réalité un séisme. Car, quelles que soient les raisons de l’abstention – mécontentement à l’égard de l’offre politique ou manque d’intérêt pour un scrutin perçu comme insignifiant –, c’est en réalité le fonctionnement de la vie locale, censée répondre au besoin de proximité, qui est interrogé. Redessinées en 2015 autour des métropoles, les grandes régions sont peut-être mieux adaptées aux enjeux du développement économique que les anciennes, mais leur taille a contribué à éloigner le citoyen des élus. Le fonctionnement des assemblées régionales reste opaque et peu adapté à la demande de participation citoyenne sur des sujets qui touchent pourtant de près à la vie quotidienne, au premier rang desquels les transports.

 

La nationalisation de la campagne, essentiellement axée sur les questions de sécurité, en raison de la surenchère à laquelle se sont livrées la droite et l’extrême droite, a achevé de décourager l’électeur. Si une leçon est à retenir de ces deux tours, c’est le fossé gigantesque qui, en six ans, s’est creusé entre les électeurs, notamment les plus jeunes, et leurs représentants, alors que les régions espéraient au contraire avoir accru leur visibilité lors de la gestion de la pandémie.

 


Le séisme démocratique qui vient de s’y produire n’est pas forcément transposable à l’élection présidentielle. Considéré comme l’élection reine de la VRépublique, ce rendez-vous mobilise en général beaucoup plus que les scrutins locaux. Mais, pour les parties en présence, la persistance d’une forte défiance à l’égard des représentants politiques constitue un avertissement. La gauche et surtout la droite ont beau rêver d’un retour dans le jeu, la faiblesse de leur projet et l’absence d’une procédure actée de départage entre ses prétendants les maintiennent pour le moment dans une situation de grande vulnérabilité.


Marine Le Pen, qui prétendait incarner le changement, doit comprendre pourquoi ses électeurs ont déserté, alors qu’elle leur faisait miroiter le gain de plusieurs régions. Emmanuel Macron ne peut, quant à lui, que s’inquiéter de la dichotomie entre sa gestion de la pandémie, approuvée dans les sondages, et l’extrême faiblesse des forces politiques censées soutenir et relayer son action. Réconcilier les Français avec la politique est devenu pour tous une ardente obligation.

Croissance : le fossé Allemagne France

Croissance : le fossé Allemagne France

Alors que partout en Europe, la croissance se tasse, en France notamment,  l’Allemagne elle connaît une embellie. L’Allemagne a revu ses perspectives d’activité en hausse le PIB pourrait atteindre 2,3 % après 1,4 % déjà sur les trois premiers mois de l’année. Au contraire la France, elle, espérait une hausse du PIB à 2,3 % mais enregistre une croissance à peu près atone pour les six premiers mois de l’année et ne peut guère espérer que de l’ordre  de 1,5 %. Mécaniquement ce différentiel de croissance entraîne des  conséquences considérables sur les équilibres financiers. La France ne respectera pas ses objectifs budgétaires, elle devrait enregistrer encore un déficit de l’ordre d’une cinquantaine de milliards  quand l’Allemagne connaîtra excédent d’environ 200 milliards !, l’Allemagne a en effet enregistré une croissance solide au deuxième trimestre avec une progression de 0,5%, accélérant légèrement par rapport au premier trimestre (0,4%). En données non ajustées des effets calendaires (jours ouvrés et variations saisonnières), l’office fédéral allemand des statistiques précise que la croissance annuelle a atteint 2,3% après 1,4% sur les trois premiers mois de l’année.

Une performance qui contraste avec celle de la zone euro, qui a affiché une croissance de 0,3% au cours de cette période. Cette vigueur a permis aux caisses publiques d’afficher un excédent budgétaire inédit depuis la Réunification en 1990, de 48,1 milliards d’euros au premier semestre 2018. Ce surplus des comptes publics représente 2,9% du PIB allemand, en dessous des critères de Maastricht, qui demandent aux Etats de respecter la fameuse barre des 3% de déficits publics. Grosses différence avec la France, La  demande intérieure en hausse de 0,9% par rapport aux trois premiers mois de l’année. En revanche, le commerce extérieur a eu un effet négatif sur la croissance, les exportations de biens et services, moteur traditionnel de l’économie allemande, n’ayant qu’augmenté que de 0,7%, alors que les importations ont grimpé de 1,7%.

Moscovici: la France se « tient » à sa « trajectoire…. qui mène dans le fossé

Moscovici:  la France se « tient » à sa « trajectoire…. qui mène dans le fossé

 

 

Pauvre Moscovici qui se voit contraint de défendre une politique à laquelle par ailleurs il n’adhère pas beaucoup. Il faut dire qu’il n’a pas fait grand-chose pour s’imposer laissant Hollande décider des orientations contradictoires et Montebourg faire le clown. Le résultat est pourtant clair, la France n’attiendra pas se objectifs de réduction de déficit.  Pour se défendre Moscovici abandonne donc les chiffres pour se refugier dans l’approche littéraire (en gros ça va aller mieux demain avec le pacte de productivité et les réductions promise de dépenses). « La France a une trajectoire de finances publiques qu’elle a présentée à la Commission européenne et elle s’y tient », a déclaré le ministre de l’Economie devant la presse, sans citer de chiffre.  Bruxelles table désormais sur un déficit français de 4% du PIB en 2014 et 3,9% en 2015, alors que le gouvernement veut officiellement le ramener à 3,6% en 2014 et 2,8% en 2015.  Le ministre a cependant refusé de prononcer le mot de « 3% », souriant et ironisant à mesure que les journalistes lui reposaient la question. Interrogé sur la demande par la France d’un nouveau délai pour atteindre cet objectif, il a assuré avoir commencé « à parler avec Olli Rehn », le commissaire aux Affaires économiques, « sans évoquer quoi que ce soit qui ressemble à un délai ». Et « je continuerai à discuter avec lui avec une approche constructive », a-t-il ajouté.  Il y a exactement un an, lors de la publication des prévisions de la Commission européenne, le ministre avait tenu à peu près le même discours.  Quelques semaines plus tard, Bruxelles accordait un délai supplémentaire de deux ans à la France pour se conformer à ses engagements européens.   »Les prévisions de la Commission européenne, que je prends comme une analyse tout à fait sérieuse, ne sont que des prévisions qui, par définition, pourront être confirmées ou infirmées », a expliqué M. Moscovici, estimant qu’il fallait « a minima, attendre l’exécution 2013″ qui sera révélée par l’Insee fin mars.  Il a rappelé qu’il s’agissait de prévisions « à politique constante, qui ne tient pas compte des mesures qui seront prises dans le cadre du pacte de stabilité », ni des réductions dans la dépense publique annoncées d’ici 2017.  M. Moscovici a également dit ne pas être d’accord avec l’estimation du déficit structurel (hors effets de conjoncture), dont l’amélioration selon Bruxelles sera insuffisante en 2015.  Insistant sur le « contexte macroéconomique défavorable à l’ajustement des finances publiques », il a assuré avoir « confiance » et être « attaché » à ce que la France garde cette capacité à faire refluer son ratio de dette en 2015.




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