Pétrole : forte baisse, en cause la demande
Le baril de « light sweet crude » (WTI) pour livraison en décembre a chuté de 4,27 dollars à 84,44 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). De même, à Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre a fini à 106,82 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE), en recul de 4,25 dollars par rapport à la clôture de mardi. « Les courtiers s’inquiètent à nouveau à cause de l’Europe », a remarqué James Williams, de WTRG Economics. En effet, des commentaires tenus mercredi par le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, qui a estimé que la faiblesse de l’économie de la zone euro devrait encore durer, prévenant en outre que l’Allemagne, jusqu’ici relativement solide face aux déboires économiques de ses partenaires européens, devrait à son tour être affectée, ont inquiété les investisseurs. « On continue à s’attendre à une baisse de la demande en Europe, alors que l’économie reste sous pression » dans la région, a noté Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. Dans le sillage de Wall Street, qui s’effondrait de plus de 2%, les cours du baril n’ont fait qu’accélérer leurs pertes, plombés de surcroît par le net renforcement du dollar face à un euro sous pression, ce qui rendait moins attractifs les achats de brut libellés dans la monnaie américaine pour les investisseurs munis d’autres devises. La réélection du président démocrate Barack Obama n’a rien arrangé, selon les analystes. Il apparaît en effet que le gouvernement reste « divisé », a souligné M. Lipow, notant qu’une présidence démocrate devrait s’accommoder d’une Chambre des représentants à majorité républicaine et d’un Sénat démocrate. « Il pourrait être difficile (au président réélu) de résoudre les problèmes à venir comme la menace d’un +mur budgétaire+ », un ensemble de coupes budgétaires drastiques cumulées à des hausses d’impôts qui entreront en vigueur début 2013 en l’absence d’accord entre les deux partis, ont estimé les analystes de Commerzbank. Les prix ont accentué encore davantage leurs pertes après la publication du rapport hebdomadaire du Département américain de l’Energie (DoE) sur les réserves d’or noir du pays. S’il a fait état d’une hausse de 1,8 million de barils des stocks de brut aux Etats-Unis lors de la semaine achevée le 2 novembre, en ligne avec les attentes des analystes, ce rapport a également annoncé des hausses inattendues des stocks de produits raffinés. Les réserves d’essence ont affiché une hausse de 2,9 millions de barils, alors que les experts attendaient une diminution de 1,3 million de barils, et les stocks de produits distillés, qui incluent le gazole et le fioul de chauffage, ont augmenté de 100.000 barils, alors que les analystes pariaient sur un recul de 1,6 million de barils. « Il s’agit d’une nouvelle hausse importante des stocks de brut, en partie due à des importations plus fortes que prévu d’or noir, notamment sur la côte Est des Etats-Unis, en dépit de l’ouragan Sandy, » a détaillé M. Williams. En effet, selon lui, « de nombreux pétroliers se sont dépêchés de livrer leur cargaison avant la fermeture des ports » avant la tempête qui a frappé cette région des Etats-Unis et une partie du Canada les 29 et 30 octobre.