Où passent les 32 milliards de formation ? Pas chez les chômeurs
32 milliards pour la formation permanente chaque année mais les chômeurs en voient peu la couleur. Un pactole détourné d’abord par les innombrables superstructures de formation, par les cadres, les syndicats et les partis. Seulement 28% des demandeurs d’emploi ont accès à un stage de formation selon une enquête de l’Insee. Pis, 55% des chômeurs qui ont souhaité suivre une formation ont dû renoncer pour des raisons de coûts ou de manque de soutien du service public de l’emploi… Les demandeurs d’emploi ont du mal à accéder à une formation, en tout cas nettement plus que les salariés en place. Durant la campagne électorale de 2012, Nicolas Sarkozy avait fait de la formation des chômeurs l’un de ses chevaux de bataille. Elu président de la République, François Hollande s’est également emparé du problème, lançant même un grand plan de formation en urgence des demandeurs d’emploi afin qu’ils puissent occuper rapidement des postes de travail qui ne trouvent pas preneurs. Ce sont ainsi 37.000 chômeurs qui sont actuellement en formation sur ces métiers « sous tension ». Et 100.000 supplémentaires sont prévus pour 2014. Dans sa nouvelle étude « Formations et Emploi », publiée tous les 4 ans, L’Insee (en collaboration avec la Dares, le service statistiques du ministère du Travail) met en exergue ce phénomène. Et les faits sont assez accablants. Si 49% des salariés en poste ont déclaré en 2012 avoir pu bénéficier d’une formation, ce taux tombe à… 28% s’agissant des demandeurs d’emploi. Cyniquement, quoi de plus logique à ce résultat. Étant donné que les entreprises concourent à plus de 40% aux dépenses consacrées à la formation professionnelle, on ne peut s’étonner que les personnes privées d’activité professionnelle soient évincées de la voie privilégiée pour se former… Au moment de l’enquête, 55% des demandeurs d’emploi auraient souhaité suivre une formation mais leur projet n’a pas abouti (seuls 37% des salariés occupant un emploi sont dans ce cas) pour des raisons éloquentes. Le plus souvent (42%), c’est en raison du coût de la formation mais aussi à cause du manque de soutien du service public de l’emploi (Pôle emploi, mission locale, Afpa, etc.), ce qui est tout de même assez affligeant. Mais d’autres difficultés sont aussi évoquée, comme le fait de ne pas trouver une formation adaptée, ou que le lieu de la formation est trop éloigné. Ou, encore ne pas avoir le pré requis nécessaire (22%). Plus grave encore. Quand l’Insee interroge les 45% de demandeurs d’emploi qui n’ont pas souhaité suivre une formation,, 20% évoquent le coût, (celui de la formation mais aussi les transports, la garde des enfants, etc.), 16% estiment ne « pas avoir le niveau » et 15% invoquent des raisons de santé. Globalement, les motifs invoqués illustrent une perte d’estime de soi. Et pourtant, quand ils sont parvenus à suivre une formation, les demandeurs d’emploi sont 84% à estimer qu’elle leur a été bénéfique. De fait, selon des données qui datent un peu (2008), un mois après la fin de leur formation, 38% des demandeurs d’emploi étaient en emploi, dont 26% en contrat temporaire, 11% en CDI et 1% qui travaillaient à leur compte. . Et ce taux de réemploi monte à 64% 18 mois après un stage. Des données à méditer pour l’ensemble des acteurs de la formation professionnelle (Etat, régions, partenaires sociaux) et qui renforcent l’idée que l’accès à la formation des demandeurs d’emploi doit vraiment être une priorité dans la lutte contre le chômage.