Remise en cause du taylorisme et du fordisme ?
Pour le président de PwC France et Maghreb, « l’heure du taylorisme et du fordisme, du command and control a sonné ».(Tribune dans l’opinion)
Le nouveau gouvernement se décrit lui-même comme résolument tourné vers l’action. Sous l’égide du ministre de l’Economie, un nouveau portefeuille consacré à la relance a été créé. L’heure semble donc être enfin à la construction d’une nouvelle méthode et d’un nouveau modèle, pour répondre aux nombreux défis économiques, sociaux, sociétaux, environnementaux et sanitaires. Face au constat d’un modèle à bout de souffle, dont les excès comme les dénis ont fracturé et opposé les individus et des pans entiers de notre société, le temps n’est plus à la réflexion mais à l’action !
A l’heure de la relance, il est grand temps de reconstruire avec méthode et inventivité un réseau de solutions concrètes, afin d’aboutir à un modèle nouveau qui réponde à cette crise massive. L’heure du taylorisme et du fordisme, du « command and control » a sonné. Les entreprises, mais également l’Etat, centralisent habituellement les décisions qui « ruissellent » du siège, du ministère, de l’Élysée… jusqu’en bas. Ce type de fonctionnement est révolu.
Il doit laisser place à une dynamique de co-construction et de coalition qui se créera en entreprise, comme dans les administrations, où nous devrons gagner en agilité, autour de projets nécessaires et innovants. En cohérence avec les transformations structurelles de la société, nous imaginerons des solutions opérationnelles à des problématiques ciblées, de manière plus réactive. Enfin, ces solutions devront être questionnées, évaluées et priorisées, pour rester pertinentes dans la durée, dans un monde où le changement et l’incertitude sont devenus la norme.
Donnons la préférence au terrain et aux territoires : ils ont su prouver leur réactivité, leur responsabilité et leur résilience dans la crise. Par leur connaissance de l’écosystème local et leur agilité, ils sont légitimes pour prendre les décisions cohérentes. Avec moins de contraintes, ils s’impliqueront davantage dans la vie locale et le dynamisme de leur région. Cette responsabilité territoriale accrue facilitera de nouvelles implantations, et servira à mieux anticiper les prochaines crises et leurs impacts négatifs, notamment ceux liés à l’emploi dans certains bassins. En bref, réduisons le laps de temps entre réflexion et action.
Il impose aussi la création d’indicateurs de valeurs qui ne seraient plus uniquement financiers, mais basés sur une performance globale. Ceux-ci ne seraient pas seulement économiques mais engloberaient les besoins humains et environnementaux. Concrètement, l’État serait responsable de ces indicateurs, par l’intermédiaire de ses politiques réglementaire, fiscale et industrielle. En ayant la possibilité de les mesurer, donc de les valoriser et les intégrer dans une stratégie globale, les entreprises seraient incitées à mieux les respecter. Cette méthode, permettra alors de remettre en cause des modes de gouvernance désormais dépassés.
La crise du Covid-19 est un révélateur. Il est temps désormais de reconstruire ensemble un système vertueux et pérenne pour notre avenir commun ; entreprises, société civile et pouvoirs publics. Agissons ensemble en étant fiers de nos forces et nos atouts, travaillons en coalition à l’avènement de ce nouveau système !
Bernard Gainnier est président de PwC France et Maghreb.