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L’impasse financière du football français

L’impasse financière du football français

 De la descente aux enfers des Girondins de Bordeaux au fiasco des droits TV en passant par les déboires financiers réguliers des clubs professionnels, le football tricolore se trouve dans une impasse économique. L’entrée en bourse, le recours à une société coopérative ou le plafonnement des salaires figurent parmi les solutions avancées par Radouane Abdoune, professeur de finance à Kedge Business School. ( dans La Tribune)

Les clubs de football ont vécu ces derniers mois au rythme des spéculations autour des offres financières proposées par les diffuseurs pour s’adjuger les droits TV de la Ligue 1 pour la période 2024-2029, dans un contexte où leur modèle économique est fondé sur deux principales sources de revenus qu’ils ne maîtrisent pas souvent : les droits TV et les transferts de joueurs. Ainsi, entre manque d’attractivité, concurrence des autres championnats européens pour s’attacher les services des joueurs les plus talentueux et difficultés financières rencontrées par les principaux diffuseurs, la Ligue 1 voit la valorisation de ses droits inéluctablement baisser et les fragiles équilibres budgétaires et financiers des clubs perdurer. Conséquences des difficultés à commercialiser un produit qui reste malgré tout de qualité mais manquant terriblement d’attractivité dans un contexte où la performance sportive a paradoxalement pris le dessus sur les objectifs financiers et organisationnels.

 

Ces difficultés ont transformé les clubs français en clubs formateurs par excellence et principaux pourvoyeurs des clubs européens en jeunes joueurs talentueux, sans possibilité de les retenir. Ce qui empêche en retour la Ligue 1 de devenir un championnat de référence en Europe capable de proposer un produit attractif auprès de diffuseurs et des sponsors de renommée et de permettre aux clubs français de gagner des titres majeurs. De plus, dans un pays où les sports collectifs se portent très bien, le football se retrouve concurrencé, ce qui limite la portée de sa notoriété et l’obtention de revenus supplémentaires.
Les difficultés financières des clubs ne datent pas d’aujourd’hui, elles se sont accentuées depuis la révolution causée par l’arrêt « Bosman » datant de 1995 et qui permet à un joueur ayant honoré le contrat le liant à son club de partir libre dans un autre club et sans indemnité de transfert. Pire, cet arrêt supprimait surtout le quota de trois joueurs étrangers ressortissants de l’Union Européenne dans un même club, ce qui a déclenché une course à la signature des meilleurs joueurs pour constituer les meilleurs effectifs possibles. Depuis, les clubs français subissent de plein fouet une inflation majeure qui impacte les transferts et les salaires des joueurs ce qui les rend peu attractifs par rapport à leurs homologues européens.

Les propriétaires n’ayant pas su s’adapter à ce risque et ayant augmenté leurs dépenses à la recherche de talents sont devenus la principale cause de l’effondrement de certains clubs (FC Sochaux, CS Sedan, FC Girondins de Bordeaux…). La mise en place du fair play financier en 2011 a accentué la pression en obligeant les clubs à faire de l’équilibre budgétaire la pierre angulaire de leurs modèles financiers tout en limitant les marges de manœuvre des actionnaires qui n’ont plus le droit de combler, avec leurs fonds personnels, les éventuels déficits budgétaires.

 

Dans un contexte où la recherche de la performance sportive est devenue la norme, une série de résultats sportifs négatifs peut conduire à l’insolvabilité, et ce, quelle que soit la rigueur financière adoptée par le club. Ainsi, le système de promotion et de relégation est devenu l’une des principales causes d’insolvabilité des clubs. De plus, les clubs participants à des compétitions européennes croulent sous des coûts salariaux élevés, ce qui les fragilisent encore plus. L’endettement, très sollicité par les clubs, est le moyen de financement le plus courant et qui peut causer l’insolvabilité dans un contexte de taux d’intérêt élevés. Il convient aussi de noter que le renforcement du rôle de la DNCG (direction nationale du contrôle de gestion) découle parfois sur des sanctions qui peuvent conduire à la relégation et entraînent souvent des problèmes financiers plus graves.
Les modèles financiers des clubs ont évolué pour s’adapter à leur structure de propriété qui s’est transformée au fil du temps, ce qui a permis aux clubs de passer d’une propriété locale souvent assurée par des figures locales à des entreprises voire des multinationales spécialisées dans le divertissement et les médias capables d’accompagner leur développement dans le cadre d’une stratégie d’internationalisation. Les clubs de football sont des entreprises qui fonctionnent avec des prévisions de ressources financières mais le modèle financier actuel n’est plus viable. Ils doivent désormais s’inspirer de ce qui se fait ailleurs et développer une nouvelle structure financière, quitte à donner davantage de responsabilités aux supporters.

L’introduction en bourse semble être une bonne alternative car plusieurs études ont démontré que les clubs cotés en bourse ont amélioré leur discipline financière et leurs performances économiques après l’introduction. Il a été constaté que les clubs cotés en bourse disposent d’une meilleure santé financière que ceux appartenant à des propriétaires privés. La cotation en bourse permet de faciliter l’entrée au capital d’actionnaires/supporters et d’investisseurs notamment étrangers en quête d’opportunités d’investissements. Sans oublier que la bourse peut exercer un pouvoir disciplinaire sur l’équipe dirigeante que les instances réglementaires ont du mal à appliquer pleinement.

Dans le même registre, la création d’une société coopérative d’intérêt collectif pourrait être une bonne formule pour sauver et viabiliser les clubs de football rencontrant des difficultés économiques et financières. De plus, cette structure a l’avantage de permettre aux clubs de développer une logique partenariale globale auprès des différents acteurs locaux (supporters, collectivités territoriales, partenaires) autour d’un projet sportif. Elle permet aussi de transformer les participants en de vrais acteurs au lieu de simples spectateurs en leur accordant un rôle actif dans la gouvernance de la structure et de transformer en réserves l’essentiel des potentiels résultats financiers (au moins 57,5%).

Une rigueur économique
Quel que soit le modèle financier adopté, l’instabilité financière des clubs ne peut être limitée que grâce à l’adoption d’une philosophie globale et une transformation économique fondées sur la réduction des passifs courants et la mise en place d’un plafonnement des rémunérations avec des salaires plus bas et des primes supplémentaires indexées sur la performance sportive

Les clubs doivent également réaliser une transformation « industrielle » en investissant massivement dans les actifs intangibles, tels que le talent des joueurs, les entraîneurs, les médecins et le management, ce qui contribuerait à améliorer la performance sportive, la rentabilité financière et limiter l’insolvabilité.

Football et société: La folie du foot fric

Football et société: La folie du foot fric

« L’hypermodernité » du ballon rond se caractérise par de fortes inégalités, des profils inédits d’investisseurs, les stratégies de mondialisation des grands clubs et l’arrivée de nouveaux diffuseurs. Par Luc Arrondel, Paris School of Economics – École d’économie de Paris et Richard Duhautois, Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)( dans la Tribune)

On peut aimer le sport et le foot en particulier ( en faire est encore mieux) et se montrer critique vis-à-vis des dérives financières invraisemblables du football. À comparer aussi à la situation souvent assez misérable de champions internationaux dans des disciplines considérées comme marginales. Le football est sans doute le reflet d’inégalités plus générales dans la société. Mais c’est aussi parfois un moment d’union nationale qui fait oublier le reste. À condition toutefois que les excès ne fasse pas tomber les clubs français en particulier dans la faillite. NDLR

L’idée que le football est le « miroir » de la société est souvent avancée dans les salons et s’avère plutôt exacte du point de vue de son économie. Branko Milanovic, spécialiste reconnu des inégalités et fin analyste du ballon rond, l’observe bien : « Le football a été un miroir de la société, où les inégalités se sont accrues de manière exponentielle au cours des trois dernières décennies », explique-t-il dans les colonnes du magazine Forbes.

À l’heure d’une Coupe du monde décriée pour ses conditions d’organisation sociales et environnementales, le football du XXIe siècle n’échappe pas, non plus, aux grands débats économiques actuels, notamment celui de la croissance et des inégalités. Selon nous, toutes ces interrogations sont les symptômes d’une transformation historique et économique de ce sport.
D’après le sociologue anglais Richard Giulianotti, le football a connu quatre périodes dans son histoire. La période traditionnelle s’étend de la mise en place des règles à la fin du XIXe siècle jusqu’à la Première Guerre mondiale ; la modernité précoce correspond à l’entre-deux-guerres où s’inventent les compétitions ; la modernité tardive, celle qui voit se construire la professionnalisation, se clôt à la fin des années 1980 ; alors que s’ouvre la période postmoderne, celle de la médiatisation, de la libéralisation du marché du travail et de la croissance.

La thèse que nous défendons dans notre dernier ouvrage est que nous sommes aujourd’hui à l’aube d’une nouvelle ère que nous qualifions d’ »hypermoderne ».

Quatre caractéristiques nous permettent de définir cette hypermodernité. La première concerne les inégalités économiques qui se sont fortement creusées au cours des décennies précédentes. Elles s’observent d’une part entre les clubs d’une même ligue, d’autre part entre les différents championnats, et ont pour conséquence sportive, des compétitions, nationales comme internationales, dominées par quelques équipes beaucoup plus riches que les autres. Elles concernent aussi la distribution des salaires des footballeurs, avec une segmentation de plus en plus forte du marché du travail par rapport aux stars, voire aux superstars.

La deuxième caractéristique tient à l’arrivée de nouveaux profils d’investisseurs, à savoir des fonds d’investissement publics et privés, souvent américains pour ces derniers et déjà propriétaires de franchises de sport collectif outre-Atlantique. Par rapport à la période précédente, ce changement dans la « propriété » peut avoir au moins deux conséquences : le football devra dorénavant être rentable financièrement que ce soit au niveau des clubs ou des ligues ; se constituent par ailleurs des « galaxies » de clubs autour d’un même propriétaire. Les richissimes acquéreurs émiratis de Manchester City ont, par exemple, progressivement fait entrer depuis 2008 dans leur « City football group » onze autres clubs, dont le New York FC, Palerme et Troyes.

La troisième concerne la stratégie de mondialisation des grands clubs et des ligues qui leur assurent des revenus commerciaux et des droits de diffusion internationaux de plus en plus conséquents. Enfin, la dernière caractéristique a trait à la demande de football proprement dite. Elle résulte de l’arrivée de nouveaux diffuseurs comme Amazon Prime en France, de la multiplication des plates-formes de diffusion et des nouveaux modes de consommation du football, notamment chez les jeunes générations.

L’économie du football est ainsi devenue un domaine intéressant pour appliquer la grille d’analyse inspirée par le succès planétaire du livre de l’économiste Thomas Piketty Le Capital au XXIᵉ siècle, dont la première édition remonte à 2013. L’auteur y montrait que le thème de la répartition des richesses et celui des inégalités sont aujourd’hui au cœur de la société. Le football ne semble pas se soustraire à la règle.
Depuis les années 1990, le monde du ballon rond connaît une très forte croissance dans les principaux pays européens. Hors transferts, les revenus des clubs proviennent de quatre sources principales : les droits de retransmission, la billetterie, les sponsors et les produits dérivés (les ventes de maillot par exemple). Tous ont beaucoup augmenté depuis les années 1970 mais dans des proportions différentes : la billetterie, prédominante il y a cinquante ans, a progressivement vu sa part diminuer au profit des droits TV et du sponsoring dans les grands clubs européens.

Ce boom économique s’est accompagné d’une augmentation des inégalités entre les clubs, au niveau national et européen. Comme dans la société en général, cette croissance des inégalités concerne surtout le haut de la distribution. La part des revenus des clubs les plus huppés a augmenté dans le chiffre d’affaires des ligues, ce qui sportivement s’est traduit par une concentration accrue des titres. En première division allemande, par exemple, neuf clubs différents ont remporté la première division dans les années 1960, cinq dans les années 1990 et seulement deux depuis 2010.
Malgré les revenus croissants, l’économie du football reste pourtant une plus « petite économie » que ce que l’on pense. Surtout, jusqu’il y a peu, elle ne génère pas ou peu de profit pour ses actionnaires. Le fait est que de nombreux propriétaires, milliardaires ou fonds souverains, achètent des équipes bien souvent pour d’autres raisons que la simple rentabilité financière de leurs investissements : « soft power », nation branding ou encore philanthropie en sont les maîtres mots.

Lorsque sont liés football et inégalités, vient aussi à l’esprit la question des salaires des joueurs. L’idée qu’ils seraient « trop payés », au niveau individuel ou de la masse salariale des clubs, traverse le champ politique. La droite formule des critiques sociales, la gauche remet en cause le libéralisme qui les alimente : il y a, en tout cas, un certain consensus pour voir dans la rémunération des footballeurs une des sources des maux supposés de l’économie du football actuel.

Notons déjà que seule une toute petite partie des joueurs gagne des millions alors que la majorité a des carrières extrêmement courtes, environ quatre ans dans l’élite en moyenne. Par ailleurs, moins d’un transfert sur trois fait l’objet d’une transaction monétaire dans les cinq grands championnats (Angleterre, Espagne, Italie, Allemagne et France) et environ un sur sept dans le monde entier.
Il n’en demeure pas moins qu’il existe de fortes inégalités entre les footballeurs et que celles-ci se sont également accrues. Baisser les salaires des superstars se heurte cependant à une impasse « morale ». Ces joueurs ont un talent très supérieur à la moyenne dont le coût pour les clubs est fortement convexe : les grandes équipes sont alors prêtes à payer très cher le « génie » de ces joueurs hors normes, talent unique que l’on ne peut « substituer » à celui de plusieurs joueurs « moyens ».

C’est, de plus, pour voir jouer ces derniers qu’un supporter paie sa place au stade, quand bien même cela nuit aux chances de voir leur équipe favorite gagner. De ce point de vue, si l’on adopte les principes philosophiques de John Rawls, les footballeurs superstars « méritent » leur rémunération : l’expression de leur talent contribue au bien-être de la « collectivité », notamment des milieux défavorisés. Daniel Cohen, directeur du département d’Économie de l’école normale supérieure (ENS) de la rue d’Ulm, le formule ainsi dans une chronique écrite pour Le Nouvel Obs :
« le football est le seul cas où des jeunes, venus le plus souvent de milieux populaires, rackettent des milliardaires avec le consentement de ceux-ci. »
….la tendance est à une augmentation des très hautes rémunérations susceptible de modifier le fonctionnement du marché du travail des footballeurs. On est vraisemblablement passé d’un système à deux segments, les superstars et les autres, à un système à trois segments : les quelques joueurs hyperstars, les superstars plus nombreuses et les autres.

Ce constat sur les inégalités défend-il l’idée d’un football en crise, dans un contexte postpandémique ? Contrairement à tout ce qui était annoncé par les prophètes en bois, ce que le coronavirus a changé dans le football, en dehors des difficultés financières qu’a subi toute l’économie, c’est rien ou pas grand-chose et on ne vit certainement pas l’apocalypse !
La « crise » la plus visible a été celle des supporters en raison du huis clos généralisé à partir de mars 2020 et durant toute la saison 2020-2021. Au-delà de ses aspects financiers, l’absence du public s’est fait sentir à deux niveaux. Sportivement, sans ce « douzième homme », on a pu se demander si cela devenait moins un avantage de jouer à domicile qu’à l’accoutumée. Profitant de cette « expérience naturelle », les économistes ont abouti à des conclusions nuancées en ce qui concerne le résultat des matchs, mais pas sur l’arbitrage. Les hommes en noir se sont montrés plus cléments pour l’équipe visiteuse dans les stades vides, révélant bien un rôle de « pression sociale » des supporters.

Surtout, cela donnait des retransmissions télévisuelles sans la saveur d’une ambiance. L’enseignement à en tirer est que cette dimension du « spectacle » à laquelle les supporters ne sont pas étrangers doit donc être prise en compte quand on mesure l’importance des droits TV dans les budgets des clubs. Maradona disait que « Jouer à huis clos, c’est comme jouer dans un cimetière ».
Les supporters ont récemment également pu être échaudés par la proposition de certains présidents de grands clubs de « faire sécession » à travers le projet (avorté) d’une Super League plus ou moins fermée. Ce projet récurrent, et relancé ces dernières semaines, d’un championnat européen illustre, selon nous, une nécessité économique de réformer les compétitions, évolution qui constitue sans doute l’un des principaux enjeux actuels du football professionnel. La création de la Super League, aboutissement de tous les éléments caractérisant l’hypermodernité du football, en constituerait alors « l’apothéose ».
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Par Luc Arrondel, Économiste, directeur de recherche au CNRS, membre associé, Paris School of Economics – École d’économie de Paris et Richard Duhautois, Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)

Football et société: La folie du foot fric

Football et société: La folie du foot fric

« L’hypermodernité » du ballon rond se caractérise par de fortes inégalités, des profils inédits d’investisseurs, les stratégies de mondialisation des grands clubs et l’arrivée de nouveaux diffuseurs. Par Luc Arrondel, Paris School of Economics – École d’économie de Paris et Richard Duhautois, Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)( dans la Tribune)

On peut aimer le sport et le foot en particulier ( en faire est encore mieux) et se montrer critique vis-à-vis des dérives financières invraisemblables du football. À comparer aussi à la situation souvent assez misérable de champions internationaux dans des disciplines considérées comme marginales. Le football est sans doute le reflet d’inégalités plus générales dans la société. Mais c’est aussi parfois un moment d’union nationale qui fait oublier le reste. NDLR

L’idée que le football est le « miroir » de la société est souvent avancée dans les salons et s’avère plutôt exacte du point de vue de son économie. Branko Milanovic, spécialiste reconnu des inégalités et fin analyste du ballon rond, l’observe bien : « Le football a été un miroir de la société, où les inégalités se sont accrues de manière exponentielle au cours des trois dernières décennies », explique-t-il dans les colonnes du magazine Forbes.

À l’heure d’une Coupe du monde décriée pour ses conditions d’organisation sociales et environnementales, le football du XXIe siècle n’échappe pas, non plus, aux grands débats économiques actuels, notamment celui de la croissance et des inégalités. Selon nous, toutes ces interrogations sont les symptômes d’une transformation historique et économique de ce sport.
D’après le sociologue anglais Richard Giulianotti, le football a connu quatre périodes dans son histoire. La période traditionnelle s’étend de la mise en place des règles à la fin du XIXe siècle jusqu’à la Première Guerre mondiale ; la modernité précoce correspond à l’entre-deux-guerres où s’inventent les compétitions ; la modernité tardive, celle qui voit se construire la professionnalisation, se clôt à la fin des années 1980 ; alors que s’ouvre la période postmoderne, celle de la médiatisation, de la libéralisation du marché du travail et de la croissance.

La thèse que nous défendons dans notre dernier ouvrage est que nous sommes aujourd’hui à l’aube d’une nouvelle ère que nous qualifions d’ »hypermoderne ».

Quatre caractéristiques nous permettent de définir cette hypermodernité. La première concerne les inégalités économiques qui se sont fortement creusées au cours des décennies précédentes. Elles s’observent d’une part entre les clubs d’une même ligue, d’autre part entre les différents championnats, et ont pour conséquence sportive, des compétitions, nationales comme internationales, dominées par quelques équipes beaucoup plus riches que les autres. Elles concernent aussi la distribution des salaires des footballeurs, avec une segmentation de plus en plus forte du marché du travail par rapport aux stars, voire aux superstars.

La deuxième caractéristique tient à l’arrivée de nouveaux profils d’investisseurs, à savoir des fonds d’investissement publics et privés, souvent américains pour ces derniers et déjà propriétaires de franchises de sport collectif outre-Atlantique. Par rapport à la période précédente, ce changement dans la « propriété » peut avoir au moins deux conséquences : le football devra dorénavant être rentable financièrement que ce soit au niveau des clubs ou des ligues ; se constituent par ailleurs des « galaxies » de clubs autour d’un même propriétaire. Les richissimes acquéreurs émiratis de Manchester City ont, par exemple, progressivement fait entrer depuis 2008 dans leur « City football group » onze autres clubs, dont le New York FC, Palerme et Troyes.

La troisième concerne la stratégie de mondialisation des grands clubs et des ligues qui leur assurent des revenus commerciaux et des droits de diffusion internationaux de plus en plus conséquents. Enfin, la dernière caractéristique a trait à la demande de football proprement dite. Elle résulte de l’arrivée de nouveaux diffuseurs comme Amazon Prime en France, de la multiplication des plates-formes de diffusion et des nouveaux modes de consommation du football, notamment chez les jeunes générations.

L’économie du football est ainsi devenue un domaine intéressant pour appliquer la grille d’analyse inspirée par le succès planétaire du livre de l’économiste Thomas Piketty Le Capital au XXIᵉ siècle, dont la première édition remonte à 2013. L’auteur y montrait que le thème de la répartition des richesses et celui des inégalités sont aujourd’hui au cœur de la société. Le football ne semble pas se soustraire à la règle.
Depuis les années 1990, le monde du ballon rond connaît une très forte croissance dans les principaux pays européens. Hors transferts, les revenus des clubs proviennent de quatre sources principales : les droits de retransmission, la billetterie, les sponsors et les produits dérivés (les ventes de maillot par exemple). Tous ont beaucoup augmenté depuis les années 1970 mais dans des proportions différentes : la billetterie, prédominante il y a cinquante ans, a progressivement vu sa part diminuer au profit des droits TV et du sponsoring dans les grands clubs européens.

Ce boom économique s’est accompagné d’une augmentation des inégalités entre les clubs, au niveau national et européen. Comme dans la société en général, cette croissance des inégalités concerne surtout le haut de la distribution. La part des revenus des clubs les plus huppés a augmenté dans le chiffre d’affaires des ligues, ce qui sportivement s’est traduit par une concentration accrue des titres. En première division allemande, par exemple, neuf clubs différents ont remporté la première division dans les années 1960, cinq dans les années 1990 et seulement deux depuis 2010.
Malgré les revenus croissants, l’économie du football reste pourtant une plus « petite économie » que ce que l’on pense. Surtout, jusqu’il y a peu, elle ne génère pas ou peu de profit pour ses actionnaires. Le fait est que de nombreux propriétaires, milliardaires ou fonds souverains, achètent des équipes bien souvent pour d’autres raisons que la simple rentabilité financière de leurs investissements : « soft power », nation branding ou encore philanthropie en sont les maîtres mots.

Lorsque sont liés football et inégalités, vient aussi à l’esprit la question des salaires des joueurs. L’idée qu’ils seraient « trop payés », au niveau individuel ou de la masse salariale des clubs, traverse le champ politique. La droite formule des critiques sociales, la gauche remet en cause le libéralisme qui les alimente : il y a, en tout cas, un certain consensus pour voir dans la rémunération des footballeurs une des sources des maux supposés de l’économie du football actuel.

Notons déjà que seule une toute petite partie des joueurs gagne des millions alors que la majorité a des carrières extrêmement courtes, environ quatre ans dans l’élite en moyenne. Par ailleurs, moins d’un transfert sur trois fait l’objet d’une transaction monétaire dans les cinq grands championnats (Angleterre, Espagne, Italie, Allemagne et France) et environ un sur sept dans le monde entier.
Il n’en demeure pas moins qu’il existe de fortes inégalités entre les footballeurs et que celles-ci se sont également accrues. Baisser les salaires des superstars se heurte cependant à une impasse « morale ». Ces joueurs ont un talent très supérieur à la moyenne dont le coût pour les clubs est fortement convexe : les grandes équipes sont alors prêtes à payer très cher le « génie » de ces joueurs hors normes, talent unique que l’on ne peut « substituer » à celui de plusieurs joueurs « moyens ».

C’est, de plus, pour voir jouer ces derniers qu’un supporter paie sa place au stade, quand bien même cela nuit aux chances de voir leur équipe favorite gagner. De ce point de vue, si l’on adopte les principes philosophiques de John Rawls, les footballeurs superstars « méritent » leur rémunération : l’expression de leur talent contribue au bien-être de la « collectivité », notamment des milieux défavorisés. Daniel Cohen, directeur du département d’Économie de l’école normale supérieure (ENS) de la rue d’Ulm, le formule ainsi dans une chronique écrite pour Le Nouvel Obs :
« le football est le seul cas où des jeunes, venus le plus souvent de milieux populaires, rackettent des milliardaires avec le consentement de ceux-ci. »
….la tendance est à une augmentation des très hautes rémunérations susceptible de modifier le fonctionnement du marché du travail des footballeurs. On est vraisemblablement passé d’un système à deux segments, les superstars et les autres, à un système à trois segments : les quelques joueurs hyperstars, les superstars plus nombreuses et les autres.

Ce constat sur les inégalités défend-il l’idée d’un football en crise, dans un contexte postpandémique ? Contrairement à tout ce qui était annoncé par les prophètes en bois, ce que le coronavirus a changé dans le football, en dehors des difficultés financières qu’a subi toute l’économie, c’est rien ou pas grand-chose et on ne vit certainement pas l’apocalypse !
La « crise » la plus visible a été celle des supporters en raison du huis clos généralisé à partir de mars 2020 et durant toute la saison 2020-2021. Au-delà de ses aspects financiers, l’absence du public s’est fait sentir à deux niveaux. Sportivement, sans ce « douzième homme », on a pu se demander si cela devenait moins un avantage de jouer à domicile qu’à l’accoutumée. Profitant de cette « expérience naturelle », les économistes ont abouti à des conclusions nuancées en ce qui concerne le résultat des matchs, mais pas sur l’arbitrage. Les hommes en noir se sont montrés plus cléments pour l’équipe visiteuse dans les stades vides, révélant bien un rôle de « pression sociale » des supporters.

Surtout, cela donnait des retransmissions télévisuelles sans la saveur d’une ambiance. L’enseignement à en tirer est que cette dimension du « spectacle » à laquelle les supporters ne sont pas étrangers doit donc être prise en compte quand on mesure l’importance des droits TV dans les budgets des clubs. Maradona disait que « Jouer à huis clos, c’est comme jouer dans un cimetière ».
Les supporters ont récemment également pu être échaudés par la proposition de certains présidents de grands clubs de « faire sécession » à travers le projet (avorté) d’une Super League plus ou moins fermée. Ce projet récurrent, et relancé ces dernières semaines, d’un championnat européen illustre, selon nous, une nécessité économique de réformer les compétitions, évolution qui constitue sans doute l’un des principaux enjeux actuels du football professionnel. La création de la Super League, aboutissement de tous les éléments caractérisant l’hypermodernité du football, en constituerait alors « l’apothéose ».
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Par Luc Arrondel, Économiste, directeur de recherche au CNRS, membre associé, Paris School of Economics – École d’économie de Paris et Richard Duhautois, Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)

Pour une réforme en profondeur du football professionnel

Pour une réforme en profondeur du football professionnel

 

En trois saisons sportives, l’iconique club des Girondins de Bordeaux (FCGB) a vécu une descente aux enfers. Il évoluera désormais en National 2, soit le quatrième niveau des championnats français. Cette dégringolade est l’illustration des dégâts causés par l’évolution de l’économie qui régit le football professionnel depuis plusieurs années. En effet, le mariage « trading + droits TV », qui, pour de nombreux clubs, représente plus de 50 % de leur budget, n’est plus soutenable.

 

Par Mathieu Hazouard, adjoint (PS) au maire de Bordeaux qui  demande, dans une tribune au « Monde », une réforme en profondeur du modèle économique des clubs de football, trop dépendants des recettes des droits télévisuels et du trading des joueurs.

Concrètement, le trading de joueurs consiste à former ou à recruter des jeunes footballeurs pour les (re)vendre et miser sur une plus-value financière. Au-delà de la question éthique posée par ce système qui donne une valeur marchande à un humain, le trading a un effet collatéral qui conduit souvent à de moins bonnes performances sportives, puisqu’une équipe se prive de ses meilleurs joueurs.

Quant aux droits télévisuels, pour la période 2024-2029, les recettes seront en deçà des montants espérés, la faute à un championnat de France guère attractif. En moyenne, les clubs vont voir leurs recettes TV diminuer d’au moins 30 % par rapport à la saison passée. Les dix-huit clubs de Ligue 1 devraient se répartir seulement un peu plus de 300 millions d’euros.

Les clubs de foot professionnels vivent aujourd’hui au-dessus de leurs moyens. Peu d’entre eux misent sur un projet sportif à long terme, raisonné et équilibré. Beaucoup sont, au contraire, embarqués dans la recherche d’investisseurs, principalement étrangers. L’année 2011 a marqué une bascule avec le rachat de deux des plus gros clubs de Ligue 1 par des investisseurs étrangers : le PSG par Qatar Sports Investments et Monaco par l’homme d’affaires russe Dmitri Rybolovlev.

Droits TV de la Ligue 1 de football : Encore attribués à des étrangers !

Droits TV de la Ligue 1 de football : Encore attribués à des étrangers !

Ce n’est forcément pas une victoire des fans de foot cette attribution des droits télévisés de la ligue 1à des sociétés étrangères. Une mauvaise nouvelle qui ne fera pas augmenter loin s’en faut le nombre de téléspectateurs ; d’autant que le spectacle de ce championnat est assez navrant le plus souvent en comparaison de la qualité des matchs offerts dans les pays voisins en Angleterre bien sûr mais aussi en Espagne, en Italie et en Allemagne. C’est aussi une mauvaise nouvelle pour Canal dont une grande partie des téléspectateurs sont surtout motivés par le football. Canal qui diffusera sans doute les matchs anglais !

La plateforme britannique DAZN a acquis la quasi-intégralité des droits TV de la Ligue 1 avec huit matchs sur neuf, pour un montant avoisinant les 400 millions d’euros, a appris la direction des sports de Radio France d’une source proche des négociations. BeIn sport a acquis de son côté une affiche du championnat de France pour 100 millions d’euros (la meilleure affiche pour chaque journée). Ce contrat court jusqu’en 2029.

La Ligue négocie avec DAZN une clause de sortie dans deux ans, pour 2026. BeIN Sports est déjà d’accord sur le principe. Le contrat porte théoriquement jusqu’en 2029. beIN Sports ne voulait pas s’immiscer dans les droits TV après avoir acquis les droits de la Ligue 2 pour 40 millions d’euros. Mais une grosse pression a été mise sur la chaine qatarienne pour  »aider le football français ». La situation s’est finalement décantée en toute fin de négociations avec l’obtention d’une affiche par journée, pour 100 millions d’euros.

Cette décision a été votée à l’unanimité par le conseil d’administration de la Ligue. Cette double acquisition va donc rapporter environ 500 millions d’euros par saison à la LFP, bien loin du milliard d’euros escompté en juin 2023.

Une partie des clubs de Ligue 1 étaient pourtant  favorables – notamment Lille, Monaco, Lyon et Lens – au lancement d’une chaîne 100% Ligue 1.

Réguler le football sinon attention aux faillites (Jean-Michel Aulas)

Réguler le football sinon attention aux faillites (Jean-Michel Aulas)

Pour Jean-Michel Aulas, ancien président de Lyon, Le football aujourd’hui, ce sont essentiellement des investisseurs étrangers venus des USA, du golfe persique, de Chine.
Le football est entré dans une forme de démesure avec les « clubs-États ». Les investisseurs traditionnels en sont exclus. On parle de salaires entre 100 et 200 millions par joueur ! Nous sommes entrés dans un processus inflationniste sans limites, un peu comme le marché de l’art avec les prix des toiles et des sculptures qui s’envolent dans les salles de ventes. Ceci est le résultat de la non-régulation en France et en Europe. Il faudra réguler le football sinon ce sport court à la catastrophe avec des faillites et des scandales.
( intreview dans La Tribune)

Dans ce monde de la finance bis, y-a-t-il encore une place pour les supporters ?

C’est le dernier espace d’espérance parce que les supporters restent quand même l’identité du club. À partir du moment où le créateur ou le président qui était dépositaire de l’ADN du club disparaît au profit de groupes financiers ou d’émirs lointains, le supporter est le dernier rempart avec l’histoire du club. Ils sont organisés et veulent se faire entendre. Ils représentent la dimension affective du club, son histoire émotionnelle, ses valeurs.

L’un des grands projets de votre carrière est la construction du Groupama Stadium. Il a fallu dix ans d’efforts pour qu’il sorte de terre. Est ce qu’il est encore possible aujourd’hui de réaliser de telles grandes infrastructures ?

Oui je crois. En trois ans, on vient avec Bruno Bernard, le président de la communauté urbaine de Lyon et écologiste constructif, de sortir une salle ultra moderne de 16 000 places dans laquelle va jouer l’équipe de basket de l’ASVEL. On va l’inaugurer dans quelques jours et ça va devenir la salle des temps modernes avec des concerts tous les trois jours. J’avais mis dix ans pour construire le Groupama Stadium et dû affronter cent recours en justice devant les tribunaux administratifs, cour d’appel et cour de cassation… Là, on a réussi à boucler le dossier et la construction en trois ans. Comme quoi tout n’est pas perdu !

Votre stade et son environnement, ce sont 3.000 emplois permanents. C’est la « touch » Aulas ?

Ce projet porte une double vision. D’abord créer un stade et ensuite un pôle économique durable avec un hôtel, un laboratoire, une clinique et des espaces de jeux pour les jeunes. L’espace est par ailleurs entièrement connecté aux réseaux de transports de la région lyonnaise.

Les coulisses du foot ne sont jamais glorieuses. Selon des déclarations récentes de Gérard Collomb, un match entre Lyon et Montpellier aurait été « truqué » en 2003. De graves accusations ?

Elles ont été totalement démenties par les joueurs eux-mêmes. J’ai beaucoup de pudeur pour mon ami Gérard qui se bat contre la maladie. Je n’ai évidemment pas répondu et ses paroles ont sans doute dépassé sa pensée… J’adorais Loulou Nicollin (ndlr, président du club de Montpellier, aujourd’hui décédé). C’était un match comme les autres et on était très heureux à la fin parce que lui restait en première division et moi j’étais champion de France. Il n’y a eu évidemment aucune triche.

Le jour où l’Autorité des marchés financiers valide l’OPA d’Eagle Football, la holding de John Textor, la DNCG (le gendarme financier du foot français) limite les capacités financières de recrutement de l’OL pour la prochaine saison. Voilà qui risque de compliquer la gestion du repreneur ?

L’issue de l’appel devant la DNCG était malheureusement prévisible, dès lors que les garanties demandées n’étaient pas satisfaites. Je suis dépité. Je le suis à plusieurs titres. D’abord parce que quand le club que j’ai dirigé pendant 36 ans traverse une passe difficile, ça me fait mal, c’est charnel, et j’en souffre. Ensuite, je le vis d’autant plus mal que la situation était parfaitement évitable : il y a 3 mois, le dossier que j’avais transmis à la DNCG visait à obtenir une prévision de résultat de 90 millions d’euros en actionnant 4 leviers différents : refinancement du stade, cession d’OLW, cession d’OL Reign, cession de joueurs. Ces leviers étaient tous initialisés depuis mars-avril 2023… mais la DNCG fait son travail de vérification et elle traduit en actes ce qu’elle voit. Aux nouveaux dirigeants désormais d’apporter les bonnes réponses.

Revoir totalement la gouvernance du football français

Revoir totalement la gouvernance du football français

La tribune de Thierry Granturco dans l’Opinion

«Il est plus que temps de revoir en profondeur la gouvernance du football français. Remplacer Noël Le Graët à la tête de la FFF ne servira à rien si les règles de gouvernance restent les mêmes»

Une contribution intéressante mais qui passe sous silence le fait que le football professionnel français est régulièrement éliminé des compétitions européennes. Pour résumer le niveau n’est pas la hauteur en France. NDLR

On croyait Noël Le Graët intouchable. Il est pourtant tombé, mis en retrait de la présidence de la Fédération Française de Football (FFF) depuis le 11 janvier. Pour un homme habitué à jouer les premiers rôles dans les instances dirigeantes du football français — tant amateur que professionnel —, cette relégation sur le banc de touche doit être particulièrement cruelle. La chute s’est passée en deux temps.

D’abord, le Guingampais a osé s’en prendre à l’iconique Zinedine Zidane. Lors de l’émission de Marion Bartoli sur la radio RMC, le président de la FFF a sèchement répondu à l’ancienne tenniswoman qui le questionnait sur la prolongation du contrat d’entraîneur des Bleus, légitimement accordée à Didier Deschamps pour services rendus lors des deux dernières Coupes du monde.

A propos de Zizou, Noël Le Graët s’est totalement lâché : « Je ne l’aurais même pas pris au téléphone. Pour lui dire quoi ? “Bonjour Monsieur, ne vous inquiétez pas, cherchez un autre club, je viens de me mettre d’accord avec Didier” ? Il fait ce qu’il veut, cela ne me regarde pas. Je ne l’ai jamais rencontré et on n’a jamais envisagé de se séparer de Didier Deschamps. J’en ai rien à secouer, il peut aller où il veut, dans un club, il en aurait autant qu’il veut en Europe, un grand club. Une sélection, j’y crois à peine en ce qui me concerne. »

Bornes. Ces propos ont scellé le sort de l’ancien président de Guingamp. La France entière s’est levée pour signifier à Noël Le Graët qu’il avait dépassé les bornes, tant les professionnels du sport que les politiques. Kylian Mbappé, dont l’aura excède la seule dimension sportive, a lui-même pris position contre le président de sa fédération, rejoint en cela par la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra qui a alors immédiatement demandé des excuses pour ce « mot de trop ». Peu aimé par l’exécutif, moins encore par le président de la Ligue professionnelle Vincent Labrune ou l’influent journaliste sportif Daniel Riolo, Noël Le Graët s’est de lui-même mis sur le billot. En parallèle, le parquet de Paris a annoncé l’ouverture d’une enquête préliminaire pour harcèlement moral et sexuel à son encontre.
L’hallali est désormais sonné. Mais Le Graët ne serait-il pas le coupable idéal ? L’arbre permettant de cacher une forêt de petits et de grands chefs du football français dirigeant une fédération en perdition ? Les exploits de l’équipe nationale ne peuvent à eux seuls cacher les errements de la direction, dans le secteur de la formation comme dans le monde amateur ou dans les tribunes. Le fait que le président de la FFF puisse être accusé de harcèlement sexuel ou mis en retrait pour ses propos sur un joueur star, ne devrait pas masquer un problème de gouvernance plus profond.

«Outre le fait que les présidents élus à la tête des fédérations partagent très peu leurs pouvoirs, pour ne pas dire pas du tout, la manière dont ils exercent ce pouvoir pose également question»
Voici, en effet, un homme qui est membre du conseil d’administration de la Ligue de football professionnel (LFP, anciennement Ligue nationale de football) depuis… 1984, ligue qu’il a présidée de 1991 à 2000, avant de devenir vice-président de la FFF en 2005, puis président de cette même fédération de 2011 jusqu’à aujourd’hui. Comment Noël Le Graët, qui est à la tête du football français depuis près de trente ans, peut-il encore être en fonction aujourd’hui ? Au point d’avoir été réélu président de la FFF pour quatre ans, en 2021, à l’âge de 80 ans ?

Il faut dire que lors de la dernière élection à la présidence de la FFF, son principal opposant n’était autre que Frédéric Thiriez, lui-même âgé de 71 ans, qui a été membre du comité exécutif de la FFF sans discontinuité pendant… 29 ans tout en étant membre du conseil d’administration puis président de la LFP pendant 21 ans.

Accaparement. Tout ceci est-il bien sérieux ? La loi du 2 mars 2022 sur la démocratie dans le sport français, adoptée sous l’impulsion de Roxana Maracineanu, l’ancienne ministre déléguée aux Sports de l’époque, devrait limiter à l’avenir ce genre d’accaparement du pouvoir par quelques-uns au sein de nos fédérations sportives, et plus particulièrement au sein de la FFF. Mais tout ne sera pas réglé pour autant.

Outre le fait que les présidents élus à la tête des fédérations partagent très peu leurs pouvoirs, pour ne pas dire pas du tout, la manière dont ils exercent ce pouvoir pose également question. Que dire de ces compétitions sportives dont les règlements ne sont publiés qu’après qu’elles ont débuté ? Des règlements qui changent d’une saison sur l’autre, créant une insécurité juridique majeure pour les acteurs du football français ? Des commissions juridiques d’appel au sein desquelles siègent des membres de la commission juridique de première instance, qu’on n’imagine pas vraiment se déjuger, bafouant ouvertement le principe du double degré de juridiction ? Des modes d’élection totalement verrouillés, ne permettant ni la pluralité dans la gouvernance ni la pluralité des idées ? Des présidents qu’il est quasi impossible de démettre de leurs fonctions ?

Il est plus que temps de revoir en profondeur la gouvernance du football français. Remplacer Noël Le Graët à la tête de la FFF ne servira à rien si les règles de gouvernance restent les mêmes. « Mais c’est une révolte ? » Non, Sire, c’est d’une révolution dont nous avons besoin.

Thierry Granturco est avocat spécialisé en droit du sport et agent de footballeurs. Depuis 2020, il est maire sans étiquette de Villers-sur-Mer (Calvados).

Football Coupe du monde : un troisième match raté pour l’équipe de France

Football Coupe du monde : un troisième match raté pour l’équipe de France

Quand on se fie aux résultats, on peut se réjouir d’une grande partie de l’efficacité de l’équipe de France. Par contre dans le détail, il faut bien reconnaître que les trois derniers matchs, contre l’Angleterre, contre le Maroc puis en finale contre l’Argentine ont été largement ratés . Les observateurs en général n’ont retenu que le résultat mais la France a commencé à dériver sérieusement contre l’Angleterre. Pour parler clair, l’Angleterre et le Maroc ont dominé la France et méritaient la victoire. Il n’y pas eu de nouveau miracle contre une Argentine particulièrement motivée et on a certainement frôlé la débâcle. En cause souvent comme d’habitude l’extrême fragilité psychologique des Français quand les argentin, eux, ne se posaient aucune question comme en témoigne leur engagement. Aussi un management assez approximatif avec notamment le maintien d’un Dembélé complètement transparent pendant trois matchs alors que parallèlement les défenses adverses ont largement cadenassé Mbappé.

Les notes attribuées par BFM aux joueurs témoignent de la médiocrité moyenne de la prestation.

Hugo Lloris: 5
Il a encaissé trois buts mais sans lui, la note aurait été plus salée. Battu par Emiliano
Jules Koundé: 3
En difficulté face à un Angel Di Maria en feu. Souvent pris dans son dos. Légèrement mieux en deuxieme période.
Raphaël Varane: 3
Comme le reste de la défense, il a longtemps souffert. Incapable de sonner la révolte. Il n’a pas été le leader qu’il aurait dû être.
Dayot Upamecano: 3
A mis beaucoup de temps à rentré dans son match. A semblé manquer de rythme. Dans quelle mesure le virus les sequelles du virus l’ont handicapé ?
Théo Hernandez: 2
N’a pas eu le même rayonnement qu’à l’accoutumée. Sans doute gêné par son genou, il a cédé sa place à Eduardo Camavinga en deuxième période.
Aurélien Tchouaméni: 3,5
A souffert comme ses partenaires au milieu. A perdu beaucoup trop de duels. Pénalisant à ce niveau de compétition.
Adrien Rabiot: 4
Match très compliqué. Peu de duels remportés. Des interventions dans le mauvais tempo. Dominé dans l’envie en première période. Mieux en deuxième période.
Antoine Griezmann: 4
Toujours beaucoup de générosité dans l’effort. De la combativité. Mais totalement impuissant ce soir. Des ballons perdus et peu de créativité offensive.
Ousmane Dembélé: 2
A à peu près tout raté. Fébrile dans ses prises de balles. Fautif sur le (très très) léger contact avec Di Maria qui amène le penalty. L’ombre de lui même. Logiquement remplacé à la 40e par Kolo Muani.
Kylian Mbappé: 9
Il est arrêté sur la plupart des ballons qu’il touche. Parfaitement bloqué par la défense argentine. Première première frappe non cadrée à la 70e. Et puis le tour de magie est arrivé en deux minutes. Penalty et volée fantastique. Plein de sang froid sur son deuxième penalty.
Olivier Giroud: 3
Quasiment aucun ballon touché. De la présence dans les duels aériens mais sans réussite. Étonné de sa sortie pourtant logique à la 40e. Remplacé par Thuram.
Marcus Thuram: 4
Une entrée sans grand impact. N’a pas apporté suffisamment offensivement.
Randal Kolo Muani: 7
Très bonne entrée. A mis du pep’s au domaine offensif des Bleus. N’a pas eu peur de tenter, de prendre des initiatives. A provoqué le penalty grâce une bonne percée. Manque la balle de match au bout de la prolongation. Sa découverte du niveau international lors de ce Mondial devrait le faire grandir.
Kingsley Coman: 6,5
Une entrée dynamique. A apporté de la vitesse au jeu français qui en avait bien besoin.

Football -France -Tunisie: surtout le naufrage de Deschamps

Football -France -Tunisie: surtout le naufrage de Deschamps

À l’inverse de la plupart des entraîneurs, Deschamps semble dormir pendant les matchs. En effet, il quitte rarement le banc et se contente la plupart du temps d’observer quand les autres managers ne cessent de réajuster la stratégie de leur équipe et de remobiliser leurs joueurs. Une attitude qui nous a valu une véritable humiliation de la part d’une Tunisie très accrocheuse qui jouait sa qualification. L’équipe de France a été ridicule pendant une grande partie du match sauf quand Deschamps s’est enfin décidé à faire entrer des cadres.

On peut légitimement se demander quelle idée folle a traversé l’esprit du sélectionneur de présenter une équipe pratiquement entièrement nouvelle et sans vraie expérience internationale. Pire, il a mis les joueurs à des postes le plus souvent inconnus d’eux. L’impression générale était que la Tunisie jouait contre une équipe de juniors.

L’argument d’une qualification déjà réalisée avant le match ne tient pas. En effet, on ne gère pas un groupe de cette manière. Cette défaite pourrait en effet porter un coup à la dynamique de succès. Ce match n’a strictement rien apporté sur la valeur des remplaçants. Aucun n’a réussi à émerger de ce désastre.

La cohérence aurait que l’entraîneur garde une ossature de titulaires avec remplacement progressif par des nouveaux joueurs en fonction du score et de la prestation. Rien de tout cela. Quand Dechamps s’est enfin décidé à faire entrer des cadres, il était trop tard. Il faudrait que l’entraîneur cesse ce type d’improvisation surtout en plaçant des joueurs qui ne sont pas réellement à leur poste. Il faudrait aussi qu’il se réveille à temps quand visiblement l’équipe n’est pas dans le rythme. Ce n’est pas 10 minutes de la fin d’un match qu’un entraîneur doit réagir.Il faudrait aussi qu’ils ne passe pas passivement une grande partie des matchs sur le banc et qu’il réagisse. aussi

Si par malheur, la France devait être rapidement éliminée des phases suivantes, le maintien de Dechamps à la tête de l’équipe de France pourrait être mis en cause.

Football et société: La folie du foot fric

Football et société: La folie du foot fric

« L’hypermodernité » du ballon rond se caractérise par de fortes inégalités, des profils inédits d’investisseurs, les stratégies de mondialisation des grands clubs et l’arrivée de nouveaux diffuseurs. Par Luc Arrondel, Paris School of Economics – École d’économie de Paris et Richard Duhautois, Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)( dans la Tribune)

On peut aimer le sport et le foot en particulier ( en faire est encore mieux) et se montrer critique vis-à-vis des dérives financières invraisemblables du football. À comparer aussi à la situation souvent assez misérable de champions internationaux dans des disciplines considérées comme marginales.Le football est sans doute le reflet d’inégalités plus générales dans la société. Mais c’est aussi parfois un moment d’union nationale qui fait oublier le reste. NDLR

L’idée que le football est le « miroir » de la société est souvent avancée dans les salons et s’avère plutôt exacte du point de vue de son économie. Branko Milanovic, spécialiste reconnu des inégalités et fin analyste du ballon rond, l’observe bien : « Le football a été un miroir de la société, où les inégalités se sont accrues de manière exponentielle au cours des trois dernières décennies », explique-t-il dans les colonnes du magazine Forbes.

À l’heure d’une Coupe du monde décriée pour ses conditions d’organisation sociales et environnementales, le football du XXIe siècle n’échappe pas, non plus, aux grands débats économiques actuels, notamment celui de la croissance et des inégalités. Selon nous, toutes ces interrogations sont les symptômes d’une transformation historique et économique de ce sport.
D’après le sociologue anglais Richard Giulianotti, le football a connu quatre périodes dans son histoire. La période traditionnelle s’étend de la mise en place des règles à la fin du XIXe siècle jusqu’à la Première Guerre mondiale ; la modernité précoce correspond à l’entre-deux-guerres où s’inventent les compétitions ; la modernité tardive, celle qui voit se construire la professionnalisation, se clôt à la fin des années 1980 ; alors que s’ouvre la période postmoderne, celle de la médiatisation, de la libéralisation du marché du travail et de la croissance.

La thèse que nous défendons dans notre dernier ouvrage est que nous sommes aujourd’hui à l’aube d’une nouvelle ère que nous qualifions d’ »hypermoderne ».

Quatre caractéristiques nous permettent de définir cette hypermodernité. La première concerne les inégalités économiques qui se sont fortement creusées au cours des décennies précédentes. Elles s’observent d’une part entre les clubs d’une même ligue, d’autre part entre les différents championnats, et ont pour conséquence sportive, des compétitions, nationales comme internationales, dominées par quelques équipes beaucoup plus riches que les autres. Elles concernent aussi la distribution des salaires des footballeurs, avec une segmentation de plus en plus forte du marché du travail par rapport aux stars, voire aux superstars.

La deuxième caractéristique tient à l’arrivée de nouveaux profils d’investisseurs, à savoir des fonds d’investissement publics et privés, souvent américains pour ces derniers et déjà propriétaires de franchises de sport collectif outre-Atlantique. Par rapport à la période précédente, ce changement dans la « propriété » peut avoir au moins deux conséquences : le football devra dorénavant être rentable financièrement que ce soit au niveau des clubs ou des ligues ; se constituent par ailleurs des « galaxies » de clubs autour d’un même propriétaire. Les richissimes acquéreurs émiratis de Manchester City ont, par exemple, progressivement fait entrer depuis 2008 dans leur « City football group » onze autres clubs, dont le New York FC, Palerme et Troyes.

La troisième concerne la stratégie de mondialisation des grands clubs et des ligues qui leur assurent des revenus commerciaux et des droits de diffusion internationaux de plus en plus conséquents. Enfin, la dernière caractéristique a trait à la demande de football proprement dite. Elle résulte de l’arrivée de nouveaux diffuseurs comme Amazon Prime en France, de la multiplication des plates-formes de diffusion et des nouveaux modes de consommation du football, notamment chez les jeunes générations.

L’économie du football est ainsi devenue un domaine intéressant pour appliquer la grille d’analyse inspirée par le succès planétaire du livre de l’économiste Thomas Piketty Le Capital au XXIᵉ siècle, dont la première édition remonte à 2013. L’auteur y montrait que le thème de la répartition des richesses et celui des inégalités sont aujourd’hui au cœur de la société. Le football ne semble pas se soustraire à la règle.
Depuis les années 1990, le monde du ballon rond connaît une très forte croissance dans les principaux pays européens. Hors transferts, les revenus des clubs proviennent de quatre sources principales : les droits de retransmission, la billetterie, les sponsors et les produits dérivés (les ventes de maillot par exemple). Tous ont beaucoup augmenté depuis les années 1970 mais dans des proportions différentes : la billetterie, prédominante il y a cinquante ans, a progressivement vu sa part diminuer au profit des droits TV et du sponsoring dans les grands clubs européens.

Ce boom économique s’est accompagné d’une augmentation des inégalités entre les clubs, au niveau national et européen. Comme dans la société en général, cette croissance des inégalités concerne surtout le haut de la distribution. La part des revenus des clubs les plus huppés a augmenté dans le chiffre d’affaires des ligues, ce qui sportivement s’est traduit par une concentration accrue des titres. En première division allemande, par exemple, neuf clubs différents ont remporté la première division dans les années 1960, cinq dans les années 1990 et seulement deux depuis 2010.
Malgré les revenus croissants, l’économie du football reste pourtant une plus « petite économie » que ce que l’on pense. Surtout, jusqu’il y a peu, elle ne génère pas ou peu de profit pour ses actionnaires. Le fait est que de nombreux propriétaires, milliardaires ou fonds souverains, achètent des équipes bien souvent pour d’autres raisons que la simple rentabilité financière de leurs investissements : « soft power », nation branding ou encore philanthropie en sont les maîtres mots.

Lorsque sont liés football et inégalités, vient aussi à l’esprit la question des salaires des joueurs. L’idée qu’ils seraient « trop payés », au niveau individuel ou de la masse salariale des clubs, traverse le champ politique. La droite formule des critiques sociales, la gauche remet en cause le libéralisme qui les alimente : il y a, en tout cas, un certain consensus pour voir dans la rémunération des footballeurs une des sources des maux supposés de l’économie du football actuel.

Notons déjà que seule une toute petite partie des joueurs gagne des millions alors que la majorité a des carrières extrêmement courtes, environ quatre ans dans l’élite en moyenne. Par ailleurs, moins d’un transfert sur trois fait l’objet d’une transaction monétaire dans les cinq grands championnats (Angleterre, Espagne, Italie, Allemagne et France) et environ un sur sept dans le monde entier.
Il n’en demeure pas moins qu’il existe de fortes inégalités entre les footballeurs et que celles-ci se sont également accrues. Baisser les salaires des superstars se heurte cependant à une impasse « morale ». Ces joueurs ont un talent très supérieur à la moyenne dont le coût pour les clubs est fortement convexe : les grandes équipes sont alors prêtes à payer très cher le « génie » de ces joueurs hors normes, talent unique que l’on ne peut « substituer » à celui de plusieurs joueurs « moyens ».

C’est, de plus, pour voir jouer ces derniers qu’un supporter paie sa place au stade, quand bien même cela nuit aux chances de voir leur équipe favorite gagner. De ce point de vue, si l’on adopte les principes philosophiques de John Rawls, les footballeurs superstars « méritent » leur rémunération : l’expression de leur talent contribue au bien-être de la « collectivité », notamment des milieux défavorisés. Daniel Cohen, directeur du département d’Économie de l’école normale supérieure (ENS) de la rue d’Ulm, le formule ainsi dans une chronique écrite pour Le Nouvel Obs :
« le football est le seul cas où des jeunes, venus le plus souvent de milieux populaires, rackettent des milliardaires avec le consentement de ceux-ci. »
Comme le suggère le prolongement du contrat de Kylian Mbappé au Paris Saint-Germain, la tendance est à une augmentation des très hautes rémunérations susceptible de modifier le fonctionnement du marché du travail des footballeurs. On est vraisemblablement passé d’un système à deux segments, les superstars et les autres, à un système à trois segments : les quelques joueurs hyperstars, les superstars plus nombreuses et les autres.

Ce constat sur les inégalités défend-il l’idée d’un football en crise, dans un contexte postpandémique ? Contrairement à tout ce qui était annoncé par les prophètes en bois, ce que le coronavirus a changé dans le football, en dehors des difficultés financières qu’a subi toute l’économie, c’est rien ou pas grand-chose et on ne vit certainement pas l’apocalypse !
La « crise » la plus visible a été celle des supporters en raison du huis clos généralisé à partir de mars 2020 et durant toute la saison 2020-2021. Au-delà de ses aspects financiers, l’absence du public s’est fait sentir à deux niveaux. Sportivement, sans ce « douzième homme », on a pu se demander si cela devenait moins un avantage de jouer à domicile qu’à l’accoutumée. Profitant de cette « expérience naturelle », les économistes ont abouti à des conclusions nuancées en ce qui concerne le résultat des matchs, mais pas sur l’arbitrage. Les hommes en noir se sont montrés plus cléments pour l’équipe visiteuse dans les stades vides, révélant bien un rôle de « pression sociale » des supporters.

Surtout, cela donnait des retransmissions télévisuelles sans la saveur d’une ambiance. L’enseignement à en tirer est que cette dimension du « spectacle » à laquelle les supporters ne sont pas étrangers doit donc être prise en compte quand on mesure l’importance des droits TV dans les budgets des clubs. Maradona disait que « Jouer à huis clos, c’est comme jouer dans un cimetière ».
Les supporters ont récemment également pu être échaudés par la proposition de certains présidents de grands clubs de « faire sécession » à travers le projet (avorté) d’une Super League plus ou moins fermée. Ce projet récurrent, et relancé ces dernières semaines, d’un championnat européen illustre, selon nous, une nécessité économique de réformer les compétitions, évolution qui constitue sans doute l’un des principaux enjeux actuels du football professionnel. La création de la Super League, aboutissement de tous les éléments caractérisant l’hypermodernité du football, en constituerait alors « l’apothéose ».
________
Par Luc Arrondel, Économiste, directeur de recherche au CNRS, membre associé, Paris School of Economics – École d’économie de Paris et Richard Duhautois, Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)

Violences dans le football : enfin de vraies sanctions contre Paris FC-et Lyon

Violences dans le football : enfin de vraies sanctions contre Paris FC-et Lyon

 

 

C’est sans doute la première fois que les autorités sportives prennent enfin devraient sanction vis-à-vis des violences inqualifiables dans le football à propos des événements entre le Paris FC et Lyon, La commission de discipline de la Fédération française de football a éliminé les deux clubs de la coupe de France. Il pourrait être exclu définitivement à l’avenir.

Le Paris FC a par ailleurs écopé de cinq matches de suspension de terrain (Stade Charléty) et de 10.000 euros d’amende. L’Olympique Lyonnais, lui, s’est vu signifier la fermeture de son espace visiteur jusqu’à la fin de la saison en Ligue 1 et se retrouve sous la menace d’une exclusion de la Coupe de France à partir de la saison 2022-2023 en cas de récidive.

Il serait sans doute temps que le bouillonnant président du club de Lyon se taise un peu pour ne pas ajouter à l’ambiance délétère. De ce point de vue, il pourrait prendre exemple sur les présidents de clubs anglais qui laissent seulement aux entraîneurs et managers le soin de s’exprimer. Le président Aulas lui ne manque pas une occasion de critiquer un jour les arbitres, un autre ses adversaires et même ses entraîneurs ! De quoi légitimer les réactions violentes des supporters les plus abrutis. La recommandation vaut aussi pour d’autres présidents. On pourrait sans doute dans le football s’inspirer un peu plus du fair-play qui caractérise d’autres sports notamment le rugby où le respect de l’adversaire e des arbitres est tout à fait exemplaire.

Société-Le football professionnel complice des violences

Société-Le football professionnel complice des violences

 

Après les récents incidents dans les stades, l’ancien président de l’Olympique de Marseille Christophe Bouchet et le journaliste Eric Champel proposent, dans une tribune au « Monde », la création d’une « supercommission de discipline », indépendantes des institutions officielles.

 

Après l’arrêt de la rencontre entre Lyon et Marseille, dimanche 21 novembre à Lyon, en raison d’un jet de bouteille sur un joueur marseillais, et après plusieurs incidents dans les stades, le foot français doit sortir de sa consanguinité pour trouver des solutions adaptées.

Les catastrophes ne sont jamais le fruit d’un hasard. Elles surviennent toujours après s’être engouffrées dans des failles dont on n’a pas su – voulu – percevoir l’importance sur le moment. La multiplication des incidents dans les stades français est la conséquence d’un lent effritement structurel des clubs de Ligue 1. Ils sont aujourd’hui confrontés à un désespérant mouvement de balancier.

Sportivement, la « Ligue des talents » n’a jamais été aussi performante et attractive, ses résultats sur la scène européenne le prouvent. Mais, dans le même temps, elle n’a jamais été aussi fragile et vulnérable. Elle a brutalement perdu le contrôle de son équilibre financier après avoir été confrontée, coup sur coup, à deux impondérables.

D’abord, l’arrêt définitif de la saison 2019-2020, en avril 2020, en raison de la crise sanitaire. Sans doute trop docile et trop vite résignée, elle a été le seul grand championnat européen à se retrouver dans un tel cas de figure, ce qui a eu de lourdes conséquences économiques.

Huit mois plus tard, la défaillance du groupe audiovisuel espagnol Mediapro, incapable d’honorer le chimérique contrat à 762 millions d’euros annuels concernant l’acquisition des droits télévisuels domestiques de la Ligue 1 pour la période 2020-2024, a été un autre coup d’arrêt. Cette somme est encore en deçà des pertes cumulées du foot français, qui dépassent largement le milliard d’euros.

Depuis le début de la saison, dans un pernicieux effet domino qui tient de la loi des séries, le foot professionnel s’est aussi laissé déborder par une partie de ses supporteurs, et ses stades ne sont plus des lieux sûrs ni recommandables.

Ce problème de sécurité publique s’inscrit dans une interminable partie de ping-pong engagée il y a plusieurs années. Pouvoirs publics et clubs s’y renvoient inlassablement la balle dans un conflit stérile et inutile qui repose sur une ambiguïté : le club est responsable de la sécurité à l’intérieur du stade et l’Etat à l’extérieur.

Pourtant, il ne fait aucun doute que, s’il y a des incidents graves à l’intérieur du stade, il y en aura aussi à l’extérieur. La première urgence consiste donc à sortir de cette guerre froide et malsaine. Il faut élaborer une véritable doctrine du maintien de l’ordre dans les tribunes et en dehors, et définir des règles strictes et incontournables pour décréter l’arrêt d’une rencontre. Cela permettrait d’éviter une scène ubuesque et burlesque, comme celle qui s’est déroulée à Lyon, le 21 novembre. Au point d’en arriver au comble de l’hypocrisie et du sens de l’irresponsabilité et de faire croire que l’arbitre de la rencontre pouvait être le seul fautif d’un tel chaos.

Le football professionnel complice des violences

Le football professionnel complice des violences

 

Après les récents incidents dans les stades, l’ancien président de l’Olympique de Marseille Christophe Bouchet et le journaliste Eric Champel proposent, dans une tribune au « Monde », la création d’une « supercommission de discipline », indépendantes des institutions officielles.

 

Après l’arrêt de la rencontre entre Lyon et Marseille, dimanche 21 novembre à Lyon, en raison d’un jet de bouteille sur un joueur marseillais, et après plusieurs incidents dans les stades, le foot français doit sortir de sa consanguinité pour trouver des solutions adaptées.

Les catastrophes ne sont jamais le fruit d’un hasard. Elles surviennent toujours après s’être engouffrées dans des failles dont on n’a pas su – voulu – percevoir l’importance sur le moment. La multiplication des incidents dans les stades français est la conséquence d’un lent effritement structurel des clubs de Ligue 1. Ils sont aujourd’hui confrontés à un désespérant mouvement de balancier.

Sportivement, la « Ligue des talents » n’a jamais été aussi performante et attractive, ses résultats sur la scène européenne le prouvent. Mais, dans le même temps, elle n’a jamais été aussi fragile et vulnérable. Elle a brutalement perdu le contrôle de son équilibre financier après avoir été confrontée, coup sur coup, à deux impondérables.

D’abord, l’arrêt définitif de la saison 2019-2020, en avril 2020, en raison de la crise sanitaire. Sans doute trop docile et trop vite résignée, elle a été le seul grand championnat européen à se retrouver dans un tel cas de figure, ce qui a eu de lourdes conséquences économiques.

Huit mois plus tard, la défaillance du groupe audiovisuel espagnol Mediapro, incapable d’honorer le chimérique contrat à 762 millions d’euros annuels concernant l’acquisition des droits télévisuels domestiques de la Ligue 1 pour la période 2020-2024, a été un autre coup d’arrêt. Cette somme est encore en deçà des pertes cumulées du foot français, qui dépassent largement le milliard d’euros.

Depuis le début de la saison, dans un pernicieux effet domino qui tient de la loi des séries, le foot professionnel s’est aussi laissé déborder par une partie de ses supporteurs, et ses stades ne sont plus des lieux sûrs ni recommandables.

Ce problème de sécurité publique s’inscrit dans une interminable partie de ping-pong engagée il y a plusieurs années. Pouvoirs publics et clubs s’y renvoient inlassablement la balle dans un conflit stérile et inutile qui repose sur une ambiguïté : le club est responsable de la sécurité à l’intérieur du stade et l’Etat à l’extérieur.

Pourtant, il ne fait aucun doute que, s’il y a des incidents graves à l’intérieur du stade, il y en aura aussi à l’extérieur. La première urgence consiste donc à sortir de cette guerre froide et malsaine. Il faut élaborer une véritable doctrine du maintien de l’ordre dans les tribunes et en dehors, et définir des règles strictes et incontournables pour décréter l’arrêt d’une rencontre. Cela permettrait d’éviter une scène ubuesque et burlesque, comme celle qui s’est déroulée à Lyon, le 21 novembre. Au point d’en arriver au comble de l’hypocrisie et du sens de l’irresponsabilité et de faire croire que l’arbitre de la rencontre pouvait être le seul fautif d’un tel chaos.

Macron, vedette d’un match de football : un manque de compétence technique !

Macron, vedette d’un match de football : un manque de compétence technique !

 

 

De l’avis  de tous les experts lors du match de gala de football auquel Macron  a participé, l’intéressé a fait la preuve de sa ténacité avec aussi une bonne vision du jeu. Le problème ,c’est qu’il mange cruellement de football.

 

Sa compétence technique esst très approximative. Un peu son problème à la tête du pays. Certes là aussi sa ténacité et sa capacité à exister n’est pas en cause, il a aussi quelques visions mais comme la plupart des énarques manque aussi cruellement de compétence.

 

Il s’agite de manière désordonnée, il se montre, est présent sur le terrain mais son efficacité est très peu douteuse. Il manque des connaissances de base. Ainsi par exemple pour meubler son ignorance des réalités sociaux économiques il parle à tout bout de champ de start-up comme si la France pouvait se réduire au seul société nouvelle de la tech oubliant sans doute qu’un pays ne peut se développer sans une industrialisation forte. Une industrialisation qu’on a préférée délocaliser ou même vendre à l’étranger ( voir par exemple la vente aux Américains de la branche énergie d’Alstom ou l’affaire Alcatel sans parler des localisations physiques de production. De marque » made in France »).

Messi sauveur du football français ?

Messi sauveur du football français ?

 

Peut-être que la venue du joueur exceptionnel, Lionel Messi, peut contribuer à redresser une situation assez catastrophique du football français. En tout cas, l’intérêt cité par ce transfert pourrait réveiller des clubs qui s’enfoncent dans la médiocrité du championnat français.

 

 

Le football français connaît en effet une crise sportive et financière sans doute sans précédent et qui pourrait même provoquer la faillite de certains clubs.

Sur le plan sportif d’abord il faut bien constater que la notoriété des clubs français, PSG excepté financé par les fonds du Qatar, est très faible. Le spectacle qu’offre le plus souvent le championnat français est très en dessous de ceux  des pays voisins. Pour preuve, il n’y a guère que Paris pour rivaliser lors  des coupes  européennes . La plupart des autres clubs français disparaissent des compétitions dès la fin de décembre.

Même les équipes nationales  de football sont également en crise et connaissent de piètres résultats depuis quelques années. L’équipe de France à a été lamentablement éliminée leur de la dernière compétition de l’euro. Les équipes de jeunes ne parviennent pas à concrétiser les espoirs qu’on met en elles. Les féminines ont aussi loupé le coche;  quant à la sélection olympique, elle a abouti à un véritable désastre.

Par ailleurs les finances des différents clubs sont presque tous dans le rouge. En outre la fédération ( et la LFP)  a cru bon de négocier le droit à l’image télévisée du prochain championnat avec Amazon ! Parallèlement on ne sait pas encore qui va payer la facture passée entre Canal et beIN Sports.

 

Il semble bien qu’ il sera nécessaire assez rapidement de mettre un coup de pied dans la fourmilière de la gestion de la fédération (et de La ligue de football professionnel, LFP)  qui semble paralysée par cette avalanche de revers. Sans parler de la folie des clubs qui continuent de payer certains joueurs bien au-delà de leurs capacités financières.

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