Archive pour le Tag 'FNSEA'

Chambre d’agriculture : FNSEA largement en tête mais progression de la « coordination rurale »

Chambre d’agriculture : FNSEA largement en tête mais progression de la coordination rurale

 

L’alliance syndicale majoritaire entre la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs cède une quinzaine de chambres d’agriculture. Mais elle reste en tête dans 80 % des départements.

Le syndicat contestataire marqué très à droite est arrivé en tête dans une quinzaine de départements, selon des résultats provisoires. Parmi eux, le Cher, les Ardennes, la Lozère, la Charente, l’Indre-et-Loire et le Gers. Dans son fief du Lot-et-Garonne, la CR a été plébiscitée par le collège des agriculteurs, avec près de 70 %.

 

 

Modifier en profondeur le Mercosur (FNSEA)

Modifier en profondeur le Mercosur (FNSEA)
Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, exige que toutes les promesses qui ont été faites par le gouvernement soient tenues. Et il s’engage à se battre contre le traité de libre-échange en cours de conclusion. (interview dans La Tribune)

Dans un tout récent document que nous avons consulté, vous assurez que le gouvernement n’a honoré que 36% de ses promesses faites aux agriculteurs début 2024. Selon le ministère, ce taux atteint 67%. Pourquoi un tel écart d’évaluation ?

ARNAUD ROUSSEAU – Je ne connais pas les raisons qui poussent le ministère de l’Agriculture à une évaluation si différente de la nôtre. Mais nous tenons à rappeler à nos adhérents, au moment où ils repartent sur le terrain, nos revendications, ce qui a déjà été fait – car il faut reconnaître un certain nombre d’avancées -, ce qui demande encore quelques semaines et ce qui ne va pas encore assez vite.

Les temps législatifs, allongés par la dissolution de l’Assemblée nationale, expliquent une partie des promesses non tenues. Les agriculteurs veulent-ils s’affranchir du jeu démocratique ?

Évidemment non. Mais un certain nombre des promesses qui leur avaient été faites n’ont pas encore pris corps. Par exemple, le Premier ministre avait promis de reprendre la loi d’orientation agricole [mise en suspens par la dissolution] « sans délai ». Finalement, ce texte ne sera pas examiné au Sénat en séance publique avant mi-janvier. C’est certes le temps législatif. Mais les agriculteurs, qui attendent des décisions concrètes, ressentent un décalage entre la parole publique, le fonctionnement démocratique et la réalité de ce qu’ils vivent dans leurs exploitations. Notre mouvement a commencé en novembre 2023 : cela fait une année qu’on explique qu’on marche sur la tête ! Et l’été a été particulièrement difficile pour les producteurs de blé, les viticulteurs, les éleveurs, à cause de la météo et des épidémies. Sans compter que dans certaines Régions, comme l’Occitanie, les difficultés perdurent depuis des années. L’enjeu, c’est ce qu’on aura dans nos assiettes dans les vingt prochaines années !

Dans quel état d’esprit sont-ils aujourd’hui ?

Tout le monde partage le sentiment que les manifestations du printemps n’ont pas totalement donné les fruits espérés, et que le changement de logiciel qu’on demandait n’a pas été opéré. Mais l’agriculture n’est pas la même partout. Dans un certain nombre d’endroits, il y a plus de colère.

Une nouvelle mobilisation des agriculteurs commence lundi. Vous avez promis aux Français que le pays ne sera pas bloqué. Comment comptez-vous quand même vous faire entendre ?

Nous organiserons dans toute la France diverses actions dont l’objectif est d’interpeller l’opinion publique. Selon un tout récent sondage de l’Ifop, d’ailleurs, les Français nous soutiennent, c’est extrêmement réconfortant. Le premier volet de notre mobilisation sera très européen, contre une « Europe passoire ». Nous sommes ouverts aux échanges commerciaux, puisque l’agriculture française ne produit pas tout ce que la France consomme, et puisque nous voulons continuer d’exporter nos produits, dont nous sommes fiers. Mais nous demandons un cadre commun, une réciprocité des normes et des méthodes de production, ainsi que davantage de clarté pour le consommateur. C’est un combat vital pour nous, Bruxelles doit en prendre conscience.

En ce moment, on a besoin que le président de la République et le Premier ministre agissent de concert.

Une deuxième phase de la mobilisation portera sur des sujets plus nationaux, notamment sur les entraves à l’exercice du métier d’agriculteur : ils ne doivent pas être oubliés. Enfin, un troisième temps se focalisera sur le revenu, au moment où débuteront en France les négociations commerciales entre l’industrie agroalimentaire et la grande distribution. Nous voulons que la matière première agricole soit achetée au juste prix. Tout cela durera jusqu’à la mi-décembre, car les fêtes sont un moment de consommation des produits qui viennent de nos terroirs que nous ne voulons pas troubler.

Les manifestations des prochains jours vont viser notamment l’éventuelle conclusion d’un traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur. Des filières comme le lait et le vin, pour qui ce marché représente un important débouché, sont-elles sacrifiées à l’unité de l’agriculture ?

Non, nous ne sacrifions personne : ce n’est pas l’objectif d’un syndicat agricole. Nous nous opposons à la conclusion d’accords déséquilibrés susceptibles de détruire une partie de l’agriculture française, même lorsque, pour certaines filières, ils pourraient impliquer des avantages à court terme.

L’exécutif français se dit opposé au traité avec le Mercosur « en l’état ». Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

Si « en l’état » veut dire une menue modification, cela ne nous suffit pas. Nous demandons une modification en profondeur de la vision à la base du traité, qui ne respecte pas l’accord de Paris, la réciprocité des conditions de production, la traçabilité. Sans une telle remise en question, l’accord actuel ne sera pas acceptable, ni au G20 ni plus tard.

Michel Barnier est un ancien ministre de l’Agriculture et un négociateur reconnu. Qu’est-ce que cela change ?

Le fait que le Premier ministre connaisse très bien les sujets agricoles nationaux, le fonctionnement de Bruxelles et la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, est un atout évident. Mais sur le plan international, c’est le président de la République qui agit, et qui sera au G20. Il faut donc aussi qu’il puisse œuvrer. En ce moment, on a besoin que le président de la République et le Premier ministre agissent de concert, pour expliquer sur le plan international les raisons qui poussent la France à ne pas vouloir conclure cet accord, et sur le plan européen pour rallier d’autres pays.

Qu’impliquerait une conclusion du traité UE-Mercosur ?

Si on devait finalement perdre cette bataille, ce serait évidemment catastrophique. Nous avons la volonté ferme de l’emporter. Nous sommes toutefois lucides : nous ne gagnerons pas seuls. Nous avons besoin que les politiques se mobilisent, que l’opinion publique soit à nos côtés, que le gouvernement agisse. Et si l’Europe considère que, sans l’accord de Paris, elle peut continuer à avancer, cela renverra inévitablement l’idée que la France, qui était un pilier de la construction européenne, ne pèse plus à Bruxelles.

 

Le site du ministère de l’Agriculture consacre une page en particulier au suivi des promesses formulées au début de 2024 par le gouvernement Attal pour répondre à la colère des agriculteurs. Selon son plus récent bilan, daté du 13 septembre, les 70 engagements pris sont « en cours de déploiement » : 67% sont d’ores et déjà « faits », 19% sont « avancés » et 14% « engagés avec un planning précis ».

Mais la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), qui se concentre sur ce qui est « arrivé dans les cours de fermes » – ce qui déclasse par exemple tout projet de loi non encore approuvé -, propose une lecture bien différente. Dans un document que La Tribune a analysé, elle considère 36% des engagements « faits », 28% « en cours », 15% « partiellement faits » et 21% « pas faits ».

 

La FNSEA contre l’envahissement des miels asiatiques

La FNSEA contre l’envahissement des miels asiatiques

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Les « importations massives de miel chinois vendu à très bas coût, quatre fois moins cher, en moyenne, que les miels européens, déstabilisent le marché dans son ensemble, font subir une distorsion de concurrence inacceptable aux apiculteurs français et trompent les consommateurs », estime la FNSEA dans un communiqué diffusé vendredi. En outre souvent du miel trafiqué.

Selon une enquête de la Commission européenne publiée en mars 2023 portant sur 320 échantillons de miels importés dans l’UE, environ 46% étaient fortement suspectés de déroger aux règles de l’UE, notamment via l’ajout de sirops de sucre destinés à faire chuter le coût de production.

Quelque 74% des miels originaires de Chine étaient jugés suspects.Or ce pays fournit 37% des importations de l’Union européenne.

Pour remédier aux fraudes, les eurodéputés ont entériné en avril un texte rendant obligatoire sur les étiquettes des pots de miel le détail des pays où il a été récolté. Les Vingt-Sept devront donner un ultime feu vert pour qu’il entre en vigueur. Les apiculteurs alertent depuis plusieurs mois sur la passe difficile qu’ils traversent en partie à cause de la concurrence des miels importés de l’étranger, notamment d’Ukraine ou de Chine, à des prix souvent inférieurs à 2 euros le kilogramme.

Confusion-Qui gère la politique agricole : le ministre, Attal, Macron, la FNSEA ou Le Pen ?

Confusion-Qui gère la politique agricole : le ministre, Attal, Macron, la FNSEA  ou Le Pen ?

 

Pris dans le tourbillon des spasmes médiatiques quotidiens, on en vient à oublier qui est responsable de l’orientation de la politique agricole.

Normalement dans un pays comme la France  c’est au ministre de l’agriculture qu’il revient de gérer ce dossier. Le problème c’est que Macron a choisi une cloche pour occuper le poste. Marc Fesneau est sans doute gentil mais il a l’efficacité, la compétence et le charisme d’une limande.

À l’occasion de la crise récente, c’est le Premier ministre qui a géré directement la crise en se déplaçant sur le terrain et en proposant une soixantaine de mesures. Le ministre de l’agriculture se contentant de jouer les figurants. D’une certaine manière, le premier ministre a au moins réussi à éteindre l’incendie et à engager des pistes de réforme.

Une fois le climat un peu apaisé et comme d’habitude Macron a voulu mettre son grand nez dans le dossier pour récupérer à son profit le petit crédit obtenu par son premier ministre. À chaque fois c’est le même phénomène. Macron veut montrer qu’il est le patron, le seul quitte à se mettre  en contradiction avec son propre gouvernement. Et Macon n’a pas son pareil pour endormir médias et organisations professionnelles. Il pourrait parler pendant des heures et des jours au point de tuer par épuisement ses interlocuteurs. Il faut parfois plusieurs semaines voir plusieurs mois pour que ses interlocuteurs prennent conscience qu’ils ont été une nouvelle fois roulés dans la farine.

Il est clair par ailleurs que l’organisation agricole majoritaire à savoir la FNSEA comporte en son sein les pires contradictions entre les très gros agriculteurs qui s’en sortent bien grâce notamment aux subventions européennes ( qui sont proportionnelles à la taille des exportations) et des petits exploitants coincés dans la mono production et des prix de marché qui s’écroulent. La FNSEA a cogéré la politique agricole en France et à ce titre est aussi largement responsable de la crise.

Parmi les autres syndicats, il faut distinguer la coordination rurale qui roule surtout pour Le Pen et la confédération paysanne proche de l’extrême gauche. Bref un monde agricole aussi divisé que le monde salarié.

Ne parlons pas évidemment des organisations extérieures qui interviennent dans le champ agricole comme les écolos bobos.

Compte tenu de la diversité évoquée et de ses contradictions, le monde agricole est condamné à la crise permanente comme l’ensemble de l’économie française et européenne. Des solutions seraient possibles mais dirigées et discutées avec qui ?

Qui dirige la politique agricole : le ministre, Attal, Macron, la FNSEA ou Le Pen ?

Qui dirige la politique agricole : le ministre, Attal, Macron, la FNSEA  ou Le Pen ?

 

Pris dans le tourbillon des spasmes médiatiques quotidiens, on en vient à oublier qui est responsable de l’orientation de la politique agricole.

Normalement dans un pays comme la France  c’est au ministre de l’agriculture qu’il revient de gérer ce dossier. Le problème c’est que Macron a choisi une cloche pour occuper le poste. Marc Fesneau est sans doute gentil mais il a l’efficacité, la compétence et le charisme d’une limande.

À l’occasion de la crise récente, c’est le Premier ministre qui a géré directement la crise en se déplaçant sur le terrain et en proposant une soixantaine de mesures. Le ministre de l’agriculture se contentant de jouer les figurants. D’une certaine manière, le premier ministre a au moins réussi à éteindre l’incendie et à engager des pistes de réforme.

Une fois le climat un peu apaisé et comme d’habitude Macron a voulu mettre son grand nez dans le dossier pour récupérer à son profit le petit crédit obtenu par son premier ministre. À chaque fois c’est le même phénomène. Macron veut montrer qu’il est le patron, le seul quitte à se mettre  en contradiction avec son propre gouvernement. Et Macon n’a pas son pareil pour endormir médias et organisations professionnelles. Il pourrait parler pendant des heures et des jours au point de tuer par épuisement ses interlocuteurs. Il faut parfois plusieurs semaines voir plusieurs mois pour que ses interlocuteurs prennent conscience qu’ils ont été une nouvelle fois roulés dans la farine.

Il est clair par ailleurs que l’organisation agricole majoritaire à savoir la FNSEA comporte en son sein les pires contradictions entre les très gros agriculteurs qui s’en sortent bien grâce notamment aux subventions européennes ( qui sont proportionnelles à la taille des exportations) et des petits exploitants coincés dans la mono production et des prix de marché qui s’écroulent. La FNSEA a cogéré la politique agricole en France et à ce titre est aussi largement responsable de la crise.

Parmi les autres syndicats, il faut distinguer la coordination rurale qui roule surtout pour Le Pen et la confédération paysanne proche de l’extrême gauche. Bref un monde agricole aussi divisé que le monde salarié.

Ne parlons pas évidemment des organisations extérieures qui interviennent dans le champ agricole comme les écolos bobos.

Compte tenu de la diversité évoquée et de ses contradictions, le monde agricole est condamné à la crise permanente comme l’ensemble de l’économie française et européenne. Des solutions seraient possibles mais dirigées et discutées avec qui ?

Agriculteurs : bloquer Paris, une erreur stratégique de la FNSEA

Agriculteurs : bloquer Paris, une erreur stratégique de la FNSEA

Le mouvement agricole se durcit avec le projet de la FNSEA de bloquer Paris. En fait un durcissement de l’organisation qui a été dépassée par la base et veut montrer sa représentativité. Pas forcément une stratégie très heureuse car le radicalisme n’est pas dans les gènes d’une organisation patronale qui a l’habitude de gérer la question agricole avec le pouvoir. Le risque c’est que l’organisation soit dépassée.

Les Français soutiennent le mouvement des agriculteurs et comprennent les raisons de cette colère. Ceci étant ,eux-mêmes sont soumis à une grave crise sociale qui se caractérise en particulier par une baisse de pouvoir d’achat très importante depuis deux ans. À tel point qu’ils en ont réduit le volume de leur consommation et ont descendu de gammes concernant pratiquement tous les produits notamment alimentaires. Empêcher le déplacement des consommateurs constitue une erreur stratégique dans la mesure où l’opinion pourrait bien se retourner contre le mouvement des agriculteurs après une semaine de chaos. Le mouvement devrait continuer de se montrer particulièrement responsable pour ne pas perdre en crédibilité et avoir des chances d’obtenir des résultats auprès du pouvoir.

De son côté, Gérald Darmanin a annoncé que 15 000 membres des forces de l’ordre seraient mobilisés lundi, à l’issue d’une cellule de crise interministérielle, dimanche 28 janvier. Le ministre de l’Intérieur a expliqué que le président Emmanuel Macron avait donné « pour consigne » de « garantir que les tracteurs ne se rendent pas à Paris et dans les grandes villes pour ne pas créer des difficultés extrêmement fortes ». Et en Ile-de-France, « il a fait valoir qu’il fallait que le marché international de Rungis « puisse fonctionner ainsi que les aéroports parisiens d’Orly et de Roissy ».

Comme depuis le début des manifestations des agriculteurs, Gérald Darmanin a appelé les forces de l’ordre à la « modération » en leur demandant de ne « pas intervenir sur les points de blocage mais de les sécuriser ». En revanche, il leur a demandé d’intervenir en cas de dégradations et d’agressions de camions étrangers et de procéder « à des interpellations ».

Crise agricole : les 24 propositions de la FNSEA

Crise agricole : les 24 propositions de la FNSEA


Le document de la FNSEA document publié mercredi soir distingue les « premières mesures d’urgence » des « mesures législatives » à plus long terme. Les premières visent à répondre à quatre grandes doléances des agriculteurs : le prix payé pour leurs produits, la « surtransposition » des normes de l’Union européenne par la France, les « incohérences du Green Deal (Pacte vert européen, ndlr) et de la planification écologique » et le difficile renouvellement des générations.

Parmi les revendications à court terme les plus sensibles, le « rejet du plan Ecophyto ainsi qu’un moratoire sur les interdictions ». Le gouvernement français a en effet présenté fin octobre sa nouvelle stratégie de baisse de l’usage des pesticides, en indiquant vouloir les réduire de moitié en 2030 par rapport à la période 2015-2017 : une perspective rejetée par les agriculteurs qui estiment ne pas encore disposer d’alternatives suffisantes.

La Fnsea demande aussi l’« accélération des projets de stockage d’eau » : un objectif partagé par le ministère de l’Agriculture et l’Alimentation afin de faire face au dérèglement climatique, mais pointé du doigt par les écologistes, qui dénoncent une forme d’« accaparement » de l’eau par l’agro-industrie qui plus est pour l’exportation.

La Fnsea demande aussi le « refus » d’une cartographie « zones humides » présentée par le ministère de la transition écologique afin de les protéger, puisque selon le syndicat elle parvient à confisquer aux agriculteurs 30% de la surface agricole utile. Il exige encore le « rejet en bloc des zones de non traitement » : les distances minimales à respecter lors du traitement des parties aériennes des plantes aux abords des habitations, que les défenseurs de l’environnement et de la santé des riverains considèrent en revanche encore insuffisantes.

Vis-à-vis de l’Union européenne, la Fnsea demande au gouvernement d’« obtenir la dérogation sur les 4 % de jachères ». Il s’agit de convaincre Bruxelles de prolonger en 2024 une dérogation aux règles de la Politique agricole commune adoptée lors de l’éclatement de la guerre en Ukraine, permettant de mettre en culture les terres en jachère, qui représentent environ 4% des terres arables. Le syndicat insiste aussi pour que les élevages de porcs et de volailles ne soient plus soumis à de nouvelles contraintes dans le cadre du durcissement de la directive sur les émissions industrielles.
Un « refus clair des accords de libre échange », qui selon les agriculteurs permettent d’importer massivement dans l’Union européenne des denrées alimentaires soumises à des standards inférieurs à ceux imposés aux Etats membres, est également réclamé.

De nombreuses mesures « urgentes » concernent enfin le paiement rapide de subventions au titre de la PAC encore non réglées, ainsi que des indemnisations promises par l’Etat pour aider les agriculteurs victimes de catastrophes naturelles (inondations) ou d’épidémies vétérinaires (grippe aviaire, maladie hémorragique épizootique). La Fnsea demande aussi d’aider particulièrement les secteurs les plus en crise : la viticulture, l’agriculture biologique, l’élevage.

Quant aux « mesures législatives » demandées, elles tournent autour de la « simplification » et de la « compétitivité ». La Fnsea propose de « limiter les recours et les durées d’instruction » contre les projets agricoles, et de « désarmer les agents de l’ONB (Office français de la biodiversité, ndlr) », qui selon le syndicat devrait être mis « sous l’autorité des préfets ». Elle demande aussi que l’Anses (Agence nationale sécurité sanitaire alimentaire nationale) soit placée « sous l’autorité politique ».

L’organisation voudrait enfin une remise en cause du principe de non-régression du droit de l’environnement. Inclus dans le code de l’environnement, il prévoit que la protection de l’environnement ne peut faire l’objet que d’une amélioration constante, compte tenu des connaissances scientifiques. Il s’impose aujourd’hui au pouvoir réglementaire.

Crise agricole : de nombreux facteurs à prendre en compte pour l’ancienne patronne de la FNSEA

Crise agricole : de nombreux facteurs à prendre en compte pour l’ancienne patronne de la FNSEA

Selon l’ancienne patronne de la FNSEA, la fronde résulte d’une accumulation de mauvaises décisions et concerne toute l’Europe. Interview dans la Tribune

CHRISTIANE LAMBERT – Les éléments déclencheurs, ce sont souvent des décisions nationales, ou des conséquences locales du changement climatique : en Allemagne, des taxes sur le carburant et le machinisme ; en France, des restrictions phytosanitaires particulièrement dures ; en Irlande et aux Pays-Bas, la volonté gouvernementale de réduire les cheptels bovins ; en Italie et en Grèce, les inondations ; en Espagne, la sécheresse… Mais dans l’ensemble de l’Union européenne, depuis le Green Deal [le Pacte vert, proposé par la Commission européenne en 2019], les agriculteurs subissent la « méthode Timmermans » [du nom du premier vice-président de la Commission de l'époque], très descendante et donneuse d’ordres. On assiste à un empilement réglementaire : l’UE a voté une quinzaine de textes qui imposent de nouvelles contraintes aux agriculteurs. Cela vient s’ajouter aux conséquences de la crise sanitaire du Covid et puis de la guerre en Ukraine : les hausses des coûts de production et la perturbation des flux commerciaux, avec des pays comme la Roumanie et la Pologne inondés de blé ukrainien et d’autres, dans l’hémisphère Sud, confrontés à des famines qui engendrent des déplacements des populations vers le Nord. On est face à une déstabilisation complète, et les décideurs européens continuent d’avancer comme si de rien n’était ? L’agriculture est malade, et on continue à lui administrer des obligations supplémentaires ? C’est incompréhensible. La Commission européenne n’écoute pas les agriculteurs. Et c’est à cause de cette accumulation de mauvaises décisions que la colère explose.

Le Green Deal et les textes qui en découlent visent à promouvoir la transition écologique en agriculture. Vous n’en voulez donc pas ?

Nous ne refusons pas cette transition. Mais c’est très difficile de l’engager dans les conditions économiques actuelles, qui réduisent véritablement nos revenus et nous plongent dans l’inconnu face à la fermeture de certains marchés et à l’augmentation des importations. En plus, nous devons pouvoir produire l’alimentation nécessaire pour nourrir les Européens et les pays qui ont besoin de nos produits. Or sept études d’impact effectuées en dehors de l’UE montrent que le Green Deal fera baisser la production agricole européenne. L’Europe va donc devoir importer beaucoup plus de denrées, qui viendront de pays qui ne respectent pas nos standards et qui pèseront sur notre bilan carbone. Les prix payés par les consommateurs augmenteront, les agriculteurs ne tiendront pas face à la baisse de leurs revenus et disparaîtront. Cela affaiblira énormément l’alimentation et l’économie européennes. Nous voulons produire plus, mieux et avec moins d’impact sur l’environnement. Nous ne sommes pas contre les changements, mais pour qu’ils soient progressifs et raisonnés. Et on n’est pas antieuropéens, mais on veut une Europe qui prenne des décisions cohérentes.

Que demandez-vous concrètement ?

Nous insistons pour que toutes les décisions européennes soient fondées sur la science, ainsi que sur des études d’impact vérifiant leur compatibilité avec la souveraineté alimentaire. Elles ne peuvent pas reposer seulement sur des considérations environnementales. Nous demandons aussi l’adoption d’une nouvelle dérogation aux règles de la PAC sur les jachères, qui défendent la possibilité de produire sur 4 % de la surface agricole.

Un moratoire sur l’adoption de nouveaux textes jusqu’aux élections européennes pourrait-il calmer les esprits ?

Oui, bien sûr. Nous voudrions notamment que soit abandonné le règlement, insensé, sur la restauration de la nature, qui prévoit que 10 % des terres agricoles soient non productives. De même pour la directive sur les émissions industrielles, qui inclut l’agriculture et pénalise par exemple les élevages comptant 120 truies, alors qu’en France une exploitation moyenne en compte 200, et 400 en Allemagne ou aux Pays-Bas. Comment peut-on accepter de dire qu’une exploitation familiale dégage des émissions industrielles ?

La semaine prochaine, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lancera un « dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture », impliquant l’ensemble des acteurs de l’agroalimentaire. Que comptez-vous lui dire ?

Cette volonté de dialogue est enfin la reconnaissance d’un problème de méthode. Nous allons lui demander d’écouter ceux qui font, et non pas seulement ceux qui parlent. C’est maintenant qu’il faut expliquer à la Commission européenne qu’elle va trop vite pour les agriculteurs. Le commissaire Timmermans a fait beaucoup de mal à l’Europe, mais il est parti, et il représente la minorité aujourd’hui dans son pays [les Pays-Bas]. ■

Inflation : La FNSEA sera veut dénoncer les profiteurs

Inflation : La FNSEA sera veut dénoncer les profiteurs

Arnaud Rousseau, Nouveau patron de la FNSEA , reprend l’idée du «name and shame» émise par le gouvernement, contre les industriels qui gonfleraient leurs marges.

À l’instar du gouvernement, le nouveau patron de la FNSEA est partisan du «name and shame» contre les industriels les moins solidaires. Dans un entretien donné au Parisien et publié ce dimanche, Arnaud Rousseau appelle à donner les noms des grandes entreprises industrielles qui surfent sur la hausse des prix pour gonfler leurs marges. «S’il y a des profiteurs de l’inflation, que Bruno Le Maire donne les noms. S’il y a des preuves, arrêtons les menaces et nommons-les», réclame le président du groupe Avril (Lesieur, Puget, Isio 4…), élu à la tête du principal syndicat agricole il y a un mois, appelant à «désigner ceux qui abusent».

Si rien ne se passe dans les prochaines semaines, «on fera du “name and shame” , on citera publiquement les marques qui ne veulent pas négocier à la baisse et je ne suis pas sûre que ça [leur] fasse de la publicité», a averti la ministre déléguée chargée notamment du Commerce Olivia Grégoire mercredi sur RTL.

Au Parisien, Arnaud Rousseau s’est également montré favorable à un autre outil que compte actionner l’exécutif pour tordre le bras aux industriels. «Le Name and shame et une nouvelle étude sur les marges de l’inspection générale des finances constituent deux outils que tout le monde pourra consulter», a déclaré le successeur de Christiane Lambert. Dans un entretien à La Tribune publié cette semaine, Bruno Le Maire a en effet rapporté avoir «demandé à l’Inspection générale des finances (IGF) de mettre à jour leur étude sur les marges des distributeurs et des grands industriels». La première édition de cette étude, transmise à l’exécutif en novembre dernier, avait conclu à l’absence «de profiteurs de l’inflation dans l’alimentaire», avait rapporté à l’époque le ministre de l’Économie !

La FNSEA contre le panier anti-inflation

La FNSEA contre le panier anti-inflation


Interview dans la Tribune
. La patronne de la FNSEA se déclare contre l’idée d’un panier anti inflation

CHRISTIANE LAMBERT – Il faut que l’alimentation soit payée à sa juste valeur, nous ne voulons pas être la variable d’ajustement. Idem pour le panier anti-inflation, nous sommes contre. Il va conduire à une augmentation des importations dont certaines ne respectent pas les normes de production et peut mener, à terme, à la perte de notre souveraineté alimentaire en détruisant de la valeur agricole et alimentaire. Comment un distributeur peut-il proposer plus de 700 produits issus de l’agriculture biologique à moins de 2 euros alors que la filière traverse une grave crise ? Ou proposer de la viande de porc trois fois moins chère que de l’alimentation pour chien ? En plus, ce panier est ouvert à tout le monde, c’est scandaleux ! Il faut le cibler pour les personnes les plus précaires. Pour cela, nous nous mobilisons pour un chèque alimentaire durable en faveur des plus démunis.


Parmi tous les combats que vous menés, lequel vous rend la plus fière ?

À titre personnel, c’est la campagne pour les élections en chambre d’agriculture en 2018. Une campagne électorale, c’est aléatoire. Les journalistes prédisaient que nous allions régresser et nous avons au contraire progresser. Pour moi, c’était un défi parce que je n’aime pas perdre, je suis une joueuse de handball et j’ai la culture du résultat. C’est une vraie satisfaction d’avoir gagné car cela nous a laissé les mains libres pour agir.

Les sécheresses de cet été ont été encore plus intenses que les précédentes. Comment le syndicat accompagne les agriculteurs dans ces bouleversements climatiques ?
La FNSEA a organisé le « Varenne agricole de l’eau et de l’adaptation au changement climatique » qui vise à donner plus de robustesse et de capacité de résistance aux exploitations, notamment en raison du changement climatique. Nous avons changé le système assurantiel pour mieux gérer les risques climatiques, nous avons établi un diagnostic de toutes les améliorations nécessaires en vue de la transition écologique selon les filières et selon les secteurs. Le dernier point est la gestion de l’eau : le but est de stocker l’eau quand elle est en excès pour l’utiliser quand il n’y en a pas.

Vous disiez vouloir améliorer l’image des agriculteurs, pensez-vous qu’elle a changé pendant votre mandat ?
Je pense que nous avons réussi à changer en partie cette image, car nous avons beaucoup parlé de l’alimentation et cela a reconnecté les Français avec l’agriculture. Si vous voulez manger local, bio, label rouge, c’est forcément un peu plus cher. J’ai été très souvent identifiée comme la voix des agriculteurs. Il y a des jugements qui sont durs parfois, mais les gens qui critiquent les agriculteurs ne connaissent pas tous les efforts qu’ils font au quotidien. Je voulais surtout que le monde extérieur au secteur agricole comprenne les problématiques de ce secteur d’activité en les expliquant avec des termes simples.
Le projet de réforme du système des retraites déchaîne les passions. Or il y avait beaucoup à faire pour celle des agriculteurs…
Oui, c’est un autre chantier auquel je tenais. Les agriculteurs sont passés à 85% du SMIC net et, surtout, notre retraite n’est plus calculée sur toute notre carrière mais sur nos 25 meilleures années comme les autres métiers (loi adoptée par le Sénat le 1er février dernier, ndlr). Nous étions très en retard.


Vous avez récemment manifesté contre le refus de prolonger la dérogation de l’utilisation des néonicotinoïdes sur la filière betterave, pourquoi ?

Les néonicotinoïdes ont été le déclencheur mais il y a aussi d’autres produits qui ont été supprimés pour d’autres cultures, en particulier pour les productions de cerise, d’endives ou de pommes de terre. Quand on perd ces filières, on ne les retrouve jamais. Je comprends cette norme et je suis personnellement engagée dans la lutte contre le changement climatique, mais toute la difficulté est d’accorder les règles de production avec les autres pays, qui, pour la plupart, ne sont pas aussi strictes que celles en vigueur en France. C’est l’une des conditions pour continuer de produire en France. La pénurie de moutarde observée pendant la crise sanitaire est un bon exemple. Tout le monde pensait que nous la produisions en France, alors que l’interdiction de l’utilisation des pesticides en 2019 a fait bondir les coûts et les prix de la moutarde française, qui est devenue moins compétitive que la moutarde provenant des pays autorisant les traitements chimiques. Ce qui a conduit à des importations massives du Canada.

Pour rester sur l’interdiction de l’usage de certains pesticides, l’Anses a annoncé hier vouloir retirer le S-métolachlore, un désherbant courant en France utilisé sur le maïs ou encore le tournesol, en raison de fortes concentrations retrouvées dans l’eau. Quel est votre regard là-dessus ?

Je suis actuellement à Bruxelles pour entendre ce que l’Agence européenne de sécurité alimentaire (efsa) va dire à ce propos. Si ce produit est retiré, il faut que ce soit aussi le cas dans toute l’Europe et pas seulement en France, sinon ça ne tient pas la route, ce n’est pas possible. La France ne peut pas être la seule à interdire ce désherbant, ma réponse est aussi simple que cela.

Vous avez souvent insisté sur l’importance de la souveraineté alimentaire, pourquoi ?
L’alimentation est un outil politique et une menace : Vladimir Poutine en a fait une arme. Il ne faut pas que la France soit le pays de la délocalisation. Jamais le mot souveraineté n’a été autant employé et pourtant jamais nos productions n’ont autant baissé. Je voulais que le mot souveraineté soit inscrit dans l’intitulé du ministère de l’Agriculture, pour le symbole. Les questions de souveraineté sont remontées au-dessus de la pile avec la crise Covid et la guerre en Ukraine. C’est dramatique, mais c’est souvent quand il y a des crises qu’on se recentre sur l’essentiel, c’est-à-dire manger.
Je dis qu’il faut manger français, mais je suis présidente du Comité des organisations professionnelles agricoles de l’Union européenne (COPA) aussi. Si on achète des produits européens c’est bien, c’est l’espace géographique où il y a le plus d’harmonisation de normes.
Autre enjeu des prochaines années : la question du renouvellement des générations, comment faire pour attirer les jeunes vers l’agriculture ?
Il faut donner confiance aux gens qui investissent, qu’ils aient des perspectives d’amélioration de leurs revenus, de la considération… Si on perd trop d’agriculteurs, l’agriculture française sera celle des grands espaces mais vides. Moi, j’ai envie de dire qu’il y a de la place pour tous les profils, pour toutes les productions : bio, conventionnel ou SIQO (signes d’identification de qualité et d’origine, ndlr). Il y a trois grands piliers importants : la souveraineté, la reconnaissance et la rémunération. Il faut accompagner les nouvelles installations, et il faut que les Français soutiennent les agriculteurs en priorisant les produits français.

Qu’allez-vous faire maintenant ?
Rien. Tricoter. Je lève le pied mais je ne raccroche pas, je resterai présidente de la COPA (Comité des organisations professionnelles agricoles de l’Union européenne) jusqu’à 2024 et je prépare la transmission de notre exploitation à mon fils et une employée.

Gestion de l’eau : «Laisser faire la nature, c’est de l’idéologie»( FNSEA)

Gestion de l’eau : «Laisser faire la nature, c’est de l’idéologie»( FNSEA)

 

 

Dans une interview au JDD, Christiane Lambert rappelle qu’un stockage «intelligent» de l’eau est nécessaire pour faire face aux épisodes de sécheresse.

Lors  d’un déplacement dans les Alpes-de-Haute-Provence avec des agriculteurs touchés par la sécheresse, Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique, a rappelé que « l’eau potable, c’est 20 % des prélèvements de la consommation. Les usages agricoles, c’est le double ».« Nous avons déjà réduit de 30 % nos besoins en eau », lui répond Christiane Lambert, présidente de la FNSEA. Pour le JDD, la syndicaliste fait un bilan de la situation et met en lumière les moyens déjà mis en oeuvre par les agriculteurs contre la sécheresse historique qui touche la France.

« Beaucoup de cultures sont en train de brûler, les prairies jaunissent et les animaux qui cherchent à se nourrir abîment la terre en la grattant. Le manque de fourrage va toucher toute la France et tous les élevages : bovins, ovins, caprins et les chevaux. Le maïs a moins d’épis et des grains plus petits. Sur mon exploitation, nous n’en aurons pas assez pour nourrir nos porcs. Le calendrier des récoles a changé quasiment partout. Beaucoup ont déjà fini les moissons qui ne devaient pas commencer avant des semaines. Les vendanges vont démarrer dans certains vignobles avec trois semaines d’avance. Tous les travaux deviennent pénibles pour les agriculteurs qui travaillent dans des bâtiments et sous serre, ou pour ceux qui doivent récolter à haute intensité pour éviter que les fruits ou les légumes ne se perdent. Avec la chaleur, la production a beaucoup mûri et se conserve moins bien. Il a fallu mettre le turbo, travailler quinze heures par jour, d’autant que comme l’Espagne a été touchée par le gel et l’Italie par la sécheresse, l’Europe manque de fruits. Il y a des places à prendre pour les producteurs français sur les marchés allemands ou britanniques. »

« Il est très difficile de garantir entre 22 à 28 degrés dans certains bâtiments. La température est même montée à 37-38 degrés dans les plus anciens qui ne sont pas équipés de systèmes de rafraîchissement. Nous déployons des solutions depuis dix ans. Nous avons intégré dans les constructions neuves des éléments qui favorisent le rafraîchissement des animaux, comme des rideaux d’eau. Nous sommes au travail pour améliorer les choses. Les producteurs laitiers, par exemple, ont trouvé des solutions pour réduire de 15 % leur empreinte carbone en optimisant la gestion des troupeaux. Celle du litre de lait a baissé de 23 % en quinze ans. Mais il faut savoir qu’un élevage qui ferme ne rouvre jamais. Les aider est un enjeu de résilience. Moins de producteurs signifient des prix plus élevés. Nous ne voulons pas que la précarité alimentaire progresse. »

 

Vous sentez-vous visés par les efforts de réduction de consommation demandés à l’ensemble de la population ?


On entend partout qu’il faut changer de modèle mais nous, cela fait dix ans qu’on s’adapte. Il n’y a pas de climatosceptiques en agriculture. Nous avons déjà réduit de 30 % nos besoins en eau. Dans beaucoup de départements, comme ceux qui comptent des productions des végétaux spécifiques, des pépinières ou des cultures de semence, les agriculteurs n’ont pas le choix : ils ont besoin d’eau. Mais au global, 5 % seulement des agriculteurs sont irrigants. Dans ma commune sur 13 producteurs, un seul arrose. Et comme je le rappelle souvent : une tomate, c’est 90 % d’eau. L’eau des agriculteurs sert à nourrir les hommes.

 Au niveau de l’exécutif, vous estimez-vous soutenu ?

L’année dernière, nous avons travaillé dans le cadre du Varenne de l’eau et du changement climatique. Nous venions de connaître une période de gel historique. Il fallait se mettre autour de la table. Trois mille personnes ont été consultées. Et comme à chaque fois qu’une grande consultation est lancée, les agriculteurs se sont engagés. Certaines personnes n’ont pas voulu y prendre part… Nous avons l’habitude. Les gens veulent une alimentation de proximité mais pas qu’un élevage s’installe à côté de chez eux. Une des mesures prioritaires portait sur la mise en place d’un dispositif d’assurance récolte. Elle a été votée par les parlementaires en mars. Nous travaillons pour qu’elle soit applicable dès 1er janvier 2023. Ce serait une sacrée performance ; 30 % seulement des agriculteurs sont assurés.

Laisser faire la nature c’est bien, beau et bon, mais c’est de l’idéologie

Où en est-on du problème de stockage de l’eau que vous soulevez depuis longtemps ?


Un délégué interministériel a été nommé pour lever les freins sur certains dossiers. Il a une liste de 23, prêts à sortir. Certains remontent à plus de quinze ans, ne sont toujours pas réglés, alors que certaines zones connaissent une quatrième année de sécheresse. Stocker de l’eau intelligemment est une priorité. Laisser faire la nature c’est bien, beau et bon, mais c’est de l’idéologie. La situation climatique que nous connaissons nécessite une gestion humaine du problème. Sans stockage artificiel, certains qui n’ont pas accès à l’eau vont se retrouver condamnés à faire des cultures non irriguées. Ca sera blé, blé, blé. Et la monoculture, on sait à quoi ça peut mener.

Sécheresse et Agriculture : Alerte ( FNSEA)

Sécheresse et Agriculture : Alerte ( FNSEA)

 

Encore quelques jours sans pluie et ce pourrait être une catastrophe pour les récoltes à venir. Chaque jour qui passe, on voit les cultures dépérir », a alerté vendredi 15 juillet sur franceinfo Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, alors que la canicule amplifie les craintes de sécheresse. Les restrictions se multiplient : 72 départements français ont mis en place des restrictions d’usage de l’eau. Un comité sécheresse s’est tenu ce vendredi autour du ministre de l’Agriculture Marc Fesneau. Christiane Lambert souligne que « les fruits sont aussi perturbés. » Elle met en avant la nécessité de changer les pratiques agricoles, notamment avec  »la recherche variétale pour des variétés plus résistantes. »

 Est-ce que la situation est critique ?

Christiane Lambert : L’heure est très grave et chaque jour qui passe, on voit les cultures dépérir. J’ai fait un tour de mes champs cet après-midi, les maïs sont en train de se recroqueviller, les épis ne se formeront pas. C’est le stade de la fécondation. S’il n’y a pas de fécondation, il n’y aura pas d’épi, donc pas de grains, pas le rendement. Et c’est aussi le cas des prairies, donc plus de fourrage pour les animaux. Et il y a même des prairies qui vont certainement être totalement mortes et à ressemer.

Est-ce que l’on est en train de perdre des cultures ?

Oui. Il y a aussi tout ce qui est raisin, fruits. La viticulture prend des coups de chaud, quand il fait 44 degrés, cela grille les feuilles et cela peut abîmer les grappes. C’est ce qu’on appelle le coup de chalumeau. Cela peut aussi s’enflammer. Et pour les fruits, c’est, sur la face exposée au soleil, un coup de soleil qui produit une espèce d’induration. Les fruits sont perturbés aussi.

Est-ce que les conditions climatiques poussent les agriculteurs à changer leurs méthodes ?

Beaucoup ont déjà changé en choisissant, quand c’est possible, des cultures de tournesol au lieu de maïs, des variétés qui soient semées plus tôt pour être plus avancées, et faire en sorte que la fécondation soit passée. On a engagé tout cela depuis cinq ou six ans. Depuis le Varenne de l’eau, on a trois chantiers ouverts. Un, le chantier de l’assurance, parce qu’il faut aider les agriculteurs à s’assurer et que la solidarité nationale joue au-delà de 50% de perte. Deux, tout le travail d’accompagnement pour l’atténuation. C’est l’adaptation des pratiques et la recherche variétale pour des variétés plus résistantes. Et le troisième volet, c’est la gestion de l’eau en étant capable d’aller plus vite pour stocker de l’eau. On a tellement de pluies diluviennes l’hiver qu’il faut arrêter de la gaspiller.

Est-ce que les conséquences pourraient être longues et durables, parce que l’alimentation des troupeaux repose aussi sur le fourrage ?

Bien sûr. Les agriculteurs ont récolté leur fourrage foin et sont déjà en train de le distribuer à leurs animaux. Beaucoup comptent sur le maïs, et notamment les grains de maïs, pour faire une alimentation riche en énergie pour leurs vaches laitières, pour leurs bovins, pour leurs porcs. Et donc on aura du maïs sans grain, un maïs qui a beaucoup moins de valeur. Il y a aussi beaucoup de difficultés dans les bâtiments d’élevage, quand il fait 40 degrés comme dans les bâtiments de mise-bas. En ce moment, c’est la période des mises-bas. On est obligé de programmer les mises-bas pour qu’elles puissent avoir lieu entre une heure et cinq heures du matin quand il fait plus frais, sinon les truies sont vraiment en souffrance au moment où elles mettent bas.

« On essaie de s’adapter le mieux possible, mais c’est plus de travail et plus de stress. »

 Est-ce que dans ce tableau très sombre, certaines cultures profitent de ces conditions ?

Quand il fait jusqu’à 40 degrés, les fruits sont super beau, gorgés de soleil, mais ils murissent très vite. Donc il faut vraiment jouer la solidarité, acheter beaucoup de fruits français en ce moment. Les producteurs sont au taquet pour les ramasser dans les meilleures conditions. Et on compte sur les consommateurs pour être au rendez-vous. Faites-vous plaisir. Mangez des melons, des abricots, des nectarines, des cerises, tous les fruits d’été. Les producteurs ont besoin de les vendre très vite, parce qu’ils les récoltent beaucoup plus vite que d’habitude.

Assurance agriculteurs : Un progrès (Christiane Lambert, présidente de la FNSEA)

Assurance  agriculteurs : Un progrès (Christiane Lambert, présidente de la FNSEA)

 

Emmanuel Macron a annoncé la création d’un système d’assurance récolte, doté de 600 millions d’euros par an pour aider les agriculteurs victimes des aléas climatiques. « C’est un changement important, il faut inciter les agriculteurs à s’assurer« , a réagi vendredi 10 septembre sur franceinfo Christiane Lambert, présidente de la FNSEA.

Que va changer cette nouvelle assurance ?

Christiane Lambert : C’est un changement important puisque pour les sinistres qui sont entre 20% et 55% de pertes les agriculteurs seront encouragés à s’assurer avec une [assurance] multirisque climatique. Ils auront un coup de pouce financier pour s’assurer davantage et lorsqu’il y a des sinistres plus importants c’est la solidarité nationale qui jouera. Ce sont les assureurs qui géreront et non pas les services administratifs qui mettent neuf mois à rembourser.

Donc, c’est une fusée à trois étages. Et cela correspond à ce qui avait été préconisé par le député M. [Frédéric] Descrozaille qui a travaillé sur ce sujet avec les organisations professionnelles. Les évènements climatiques de 2021 ont emporté la décision et le gouvernement a compris qu’il fallait le faire maintenant.

Cette année a-t-elle été celle de trop pour les agriculteurs ?

Oui. Rappelez-vous le gel. Toutes les régions françaises ont été touchées, les viticulteurs vendangent aujourd’hui et c’est 30% de perte. C’est catastrophique, c’est aussi de l’argent en moins dans les revenus. Il y a 70% d’abricots en moins donc des prix plus élevés de 20% à 25%. Donc, il faut d’abord protéger nos récoltes et quand il y a des pertes il faut que les agriculteurs perçoivent des indemnités supplémentaires d’assurance, puis de solidarité nationale pour pouvoir tenir économiquement.

Nos entreprises n’ont pas de toit. On travaille à ciel ouvert et il est capricieux. On ne peut pas fonctionner comme si on fabriquait des métaux ou des rouleaux d’adhésif. L’agriculture c’est du vivant. Il y a une adhésion de l’opinion aujourd’hui. Si on veut avoir des productions en quantités, il faut protéger, et il faut que les exploitations tiennent quand il y a des coups durs.

Avez-vous chiffré les pertes pour 2021 ?

L’estimation des dégâts des gels sur la viticulture, les légumes, les fruits, était de plus de 4 milliards d’euros. L’Etat a mis un milliard d’euros sur la table, mais en aucun cas et jamais cela ne couvre la totalité de la perte.

À terme l’objectif est d’avoir 70% à 80% des agriculteurs couverts par une assurance. Il faut inciter les agriculteurs à s’assurer. On assure sa voiture, sa maison, son chien, son chat, son cyclo et on n’assure pas ses récoltes alors qu’elles sont très exposées au climat. C’est une nouvelle culture qu’il faut développer. C’est un travail de conviction que nous allons faire auprès des agriculteurs.

PÉNURIE DE BLÉ: LA FNSEA CRITIQUE LA HAUSSE DU PRIX DES PÂTES

PÉNURIE DE BLÉ:  LA FNSEA CRITIQUE LA HAUSSE DU PRIX DES PÂTES

 

Alors que les industriels de l’alimentation ne cessent lier sur le tassement des récoltes mondiales pour justifier une hausse des pâtes alimentaires, la FNSEA considèrent qu’il faut limiter l’impact. « Il faut relativiser », a assuré Christiane Lambert sur BFM Business. « Si par exemple le prix du blé dur augmente de 10%, ça va représenter quatre centimes de plus par kilo de pâtes. On en consomme 9,1 kg [...] ça fait 36 centimes par an par personne. »

En France, le prix du blé dur a déjà augmenté d’environ 30% sur un mois, à 110 euros la tonne, indique la FNSEA dans une note interne consultée par l’AFP. Si le prix du blé dur augmente dans une telle proportion sur l’année, le syndicat majoritaire des agriculteurs prévoit ainsi une hausse de 12 centimes par kilo de pâtes, soit un total d’un peu plus d’un euro par an et par personne en moyenne.

.Le Sifpaf (syndicat des industriels fabricants de pâtes alimentaires) et le CFSI (Comité français de la semoulerie industrielle) demandaient dans un communiqué commun aux distributeurs de répercuter « l’explosion du prix du blé dur dans les prix de vente ».

 

Acheter des produits français ( FNSEA)

Acheter des produits français ( FNSEA)

sur Europe 1, la présidente de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), Christiane Lambert, a lancé un appel à tous les Français pour qu’ils consomment des produits locaux à Noël et favorisent ainsi le « made in France ». « C’est très important pour garder cette alimentation durable et cette production durable que nous avons en France », a-t-elle déclaré.

Les filières dans la tourmente ne manquent pas : foie gras, pintades, chapons attendent d’être dégustés. Mais avec la fermeture des restaurants, le manque à gagner pour les producteurs pourrait être conséquent. « Notre demande, c’est que les Français commandent dès maintenant et réservent leurs produits. »

Producteurs et industriels collaborent pour s’adapter à cette période inédite. Par exemple, les réunions de familles allant probablement se tenir en comités restreints, les conditionnements des produits devraient évoluer pour adopter des formats plus petits. « Si les Français sont aux rendez-vous, cela va donner du cœur à l’ouvrage aux producteurs. »

Christiane Lambert invoque une forme de patriotisme : « Vos achats sont vos emplois », martèle-t-elle.

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