Le FMI pour le contrôle des flux de capitaux
Changement d’idéologie ou simplement constat des dégâts de la part du FMI ? « Il n’est pas acquis qu’une libéralisation totale des flux de capitaux soit un objectif approprié pour tous les pays et à toutes les périodes », écrit le Fonds dans un rapport, fruit de deux années de concertation sur un sujet de discorde récurrent entre ses 188 Etats-membres. Depuis le début de la crise, certaines puissances émergentes assurent être déstabilisées par un afflux de capitaux alimenté par les plans de relance massifs déployés en Occident (taux d’intérêts nuls, rachats d’obligations d’Etat…). Principaux accusés, les Etats-Unis ont, depuis 2008, injecté plus de 2.300 milliards de dollars pour soutenir leur économie. Mais une partie de ces fonds est accusée de déferler dans des pays plus dynamiques, au risque de doper artificiellement leur monnaie ou de faire naître des bulles spéculatives. La libéralisation des flux de capitaux comporte des risques, qui sont amplifiés quand les pays (destinataires, ndlr) n’ont pas encore atteint un degré suffisant de développement de leur système financier », écrit le Fonds monétaire international, précisant que certains pays « ouverts » aux capitaux, notamment en Europe, avaient eux aussi été déstabilisés. Depuis le maelström de la crise, le FMI avait déjà écorné le dogme d’une libéralisation à tout crins. Mais il ne l’avait jamais fait dans un rapport représentant l’avis de l’institution. Dans son rapport, le Fonds souligne ainsi que la libre circulation des capitaux « a souvent » été suivie de tempêtes financières (Mexique en 1994-95, Turquie en 1994…) et note que les économies « moins ouvertes » ont mieux résisté aux crises récentes. Dans ce contexte, l’institution ne voit désormais plus d’un si mauvais oeil les mesures que certains pays (Brésil, Corée du Sud…) ont prises pour restreindre les mouvements de capitaux et atténuer leurs effets néfastes. »Quand un pays fait face un brusque afflux ou une fuite de capitaux, l’introduction de mesures de contrôle peut être appropriée en fonction des circonstances », indique le FMI. Cette question ravive des souvenirs douloureux au Fonds. Pendant la crise asiatique (1997-1998), l’institution avait déconseillé tout contrôle de capitaux à des pays (Thaïlande, Indonésie…) qui s’étaient enfoncés dans la récession alors que la Malaisie, qui avait délibérément pris le parti inverse, s’était rétablie plus vite. Plus récemment, l’Islande s’est relevée de la violente crise de 2008 en restreignant arbitrairement la fuite de capitaux hors de son économie.