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Concentration des médias: Bolloré et les financiers menacent la démocratie

Concentration des médias: Bolloré et les financiers menacent  la démocratie

La concentration des médias aujourd’hui à l’œuvre en France menace le pluralisme constitutif de la démocratie. Elle réactive des enjeux soulevés dès la IIIᵉ République. Par Nicolas Kaciaf, Sciences Po Lille

 

 

Depuis le 24 novembre 2021, le Sénat dispose d’une commission d’enquête sur la concentration des médias. D’après les mots de son président, le sénateur centriste Laurent Lafon, celle-ci ne vise pas à « dénoncer le comportement ou la stratégie de tel ou tel acteur » mais à « comprendre le nouveau paysage qui se dessine ».

Son objet est avant tout d’« interroger la pertinence » d’une législation établie en 1986 (loi relative à la liberté de communication, dite loi Léotard) et dont le volet « anti-concentration » (défini dans son article 39) n’a été que partiellement modifié, malgré les profondes transformations de l’écosystème médiatique.

Les travaux de cette commission ont pu bénéficier d’une certaine exposition médiatique, en raison de l’audition des principaux propriétaires de groupes médiatiques, et notamment celle de Vincent Bolloré le 16 janvier.

Principal actionnaire du groupe Vivendi, il étend son empire médiatique depuis le lancement de la chaîne Direct 8 en 2005.

L’industriel suscite de légitimes inquiétudes quant à cette mainmise croissante sur l’information, au regard de la « droitisation » des orientations éditoriales, de la mise au pas des rédactions et de la multiplication des procédures visant à faire taire les investigations journalistiques à son encontre.

Plus que les autres démocraties libérales, la France connaît une situation paradoxale. D’un côté, le numérique a rendu possible une démultiplication sans précédent de l’offre de médias et de contenus, au point d’engendrer une situation d’« hyperconcurrence » pour l’attention des publics et leur monétisation.

De l’autre, le capital des principaux médias privés d’information, écrits comme audiovisuels, nationaux comme locaux, est concentré entre les mains d’une trentaine d’actionnaires dont certains figurent parmi les principales fortunes du pays (Bernard Arnault, Patrick Drahi, Xavier Niel, François Pinault, Daniel Kretinski, Martin Bouygues, famille Dassault, etc.).

Ainsi, tandis que la soixantaine de quotidiens régionaux appartiennent à six principaux groupes (Sipa Ouest-France, EBRA, Rossel, Centre France, Sud-Ouest et La Dépêche), les dix-neuf chaînes privées de la télévision numérique terrestre sont la propriété d’à peine six acteurs (Altice, TF1, M6, Canal+, NRJ Group, Amaury) qui ne seront plus que cinq en raison de la fusion programmée entre les groupes TF1 et M6.

À ce panorama succinct, il faut ajouter les processus de concentration entrepris à l’échelle mondiale sur les autres branches du nouvel écosystème médiatique. Qu’il s’agisse des fournisseurs d’accès à Internet (Orange, Free, SFR…), des « infomédiaires » (Google, Facebook, Twitter…) ou des plates-formes de streaming (Netflix, Amazon, Disney+), chaque couche de ce vaste secteur est dominée par des entreprises en situation de monopole ou d’oligopole qui accaparent l’essentiel des revenus issus des usagers eux-mêmes ou des annonceurs.

Pour justifier la fusion entre les groupes TF1 et M6 ou le rachat par Vivendi du pôle « médias » du groupe Lagardère (Europe 1, Paris-MatchLe Journal du dimanche), les dirigeants des entreprises médiatiques mobilisent un argumentaire récurrent depuis quatre décennies : la France doit disposer de « champions » nationaux pour faire face à la concurrence « déloyale » des firmes étrangères, garantir la qualité de l’information (face aux fake news qui circuleraient par le biais des réseaux socionumériques états-uniens) et préserver l’« exception culturelle » hexagonale (à travers notamment les règles de financement du cinéma français).

Cet argumentaire n’explique cependant pas cette singularité du capitalisme médiatique français : impliquer des investisseurs issus d’autres branches industrielles et financières (logistique, luxe, banque, armement, BTP, télécommunication, etc.), et pour qui les activités médiatiques ne constituent pas l’essentiel de leurs chiffres d’affaires.

Pourquoi s’engagent-ils alors dans un secteur économiquement fragilisé face à la dispersion des audiences et la reconfiguration profonde de l’environnement technologique et des usages ?

Si l’on excepte les récents travaux de Julie Sedel qui a entrepris une précieuse sociologie des patrons de médias, la recherche universitaire manque de données de première main pour restituer finement les motivations à l’origine de ces rachats.

Différents indices montrent cependant à quel point l’accaparement des entreprises médiatiques ne relève pas seulement de logiques marchandes.

Elle participe aussi d’une ambition de peser (au moins indirectement) sur les débats publics et de servir les intérêts des autres branches de leurs groupes respectifs. Comment ? En s’érigeant en interlocuteurs privilégiés d’acteurs politiques dont les carrières sont partiellement conditionnées par leur visibilité médiatique.

Parmi les exemples les plus notoires, on se souvient des liens nourris que Nicolas Sarkozy pouvait entretenir avec Arnaud Lagardère, qu’il désignait comme « son frère », ou avec Martin Bouygues, témoin de son mariage et parrain de son fils.

Bien que ces derniers aient toujours revendiqué l’absence de pression sur les orientations éditoriales de leurs médias respectifs, la sociologie du journalisme a pu montrer qu’il n’est nul besoin qu’un propriétaire intervienne directement sur les contenus pour que les rédactions en chef évacuent toute information susceptible de déplaire à leurs actionnaires.

Cette concentration des principaux médias privés dans les mains d’une oligarchie industrielle et financière est cependant loin d’être une problématique nouvelle. Sous la IIIe République déjà, l’accaparement de nombreux journaux par les « puissances d’argent » a constitué un enjeu majeur des affrontements politiques.

Si la loi sur la liberté de presse de 1881 a permis la libre expression des opinions par voie de presse, les législateurs n’ont pas interrogé les conditions économiques susceptibles de garantir l’effectivité du pluralisme médiatique.

Strictement régi par le jeu de l’offre et de la demande, le marché des journaux est alors entré dans une dynamique de massification de l’audience globale de la presse, favorisant les titres « populaires » et bon marché, détenus par les milieux d’affaires.

Au tournant du siècle, quatre quotidiens parisiens (Le Petit JournalLe Petit ParisienLe MatinLe Journal) dominent outrageusement la diffusion, cependant que l’agence Havas dispose d’un quasi-monopole sur les activités de courtage publicitaire et les Messageries Hachette contrôle une large part des réseaux de distribution.

Au cours de l’entre-deux-guerres, différents projets de régulation du marché de la presse voient le jour, face à la multiplication des scandales mettant en cause les relations entre la presse et « l’argent ». Le rachat du Figaro en 1922 par l’industriel du parfum acquis aux idées mussoliniennes, François Coty, puis celui du Temps en 1929 par François de Wendel, président du Comité des Forges, accréditent l’image d’une presse mise au service des intérêts patronaux.

C’est dans ce contexte, ici grossièrement résumé, que les pouvoirs publics ont octroyé aux journalistes professionnels un statut reconnaissant l’importance de leur rôle dans les régimes démocratiques. En créant les principes de « clause de conscience » et de « clause de cession » pour amoindrir la dépendance des journalistes vis-à-vis des velléités propagandaires des patrons de presse, la loi Brachard de 1935 visait à renforcer la crédibilité des journaux.

Selon les mots du rapport accompagnant la loi, leur contenu ne devrait ainsi être confié qu’aux « mains expérimentés des professionnels », soumis à une déontologie propre et désormais identifiables par leur carte de presse.

La Seconde Guerre Mondiale a contribué à accélérer ce processus de transformations d’un secteur dont les titres les plus commerciaux s’étaient compromis avec l’occupant.

Prenant appui notamment sur la « Déclaration des droits et des devoirs de la presse libre » élaborée dans la clandestinité et posant le principe que « la presse n’est pas un instrument de profit commercial », différentes ordonnances édictées à la Libération visaient à réformer les règles relatives à la propriété des journaux, à lutter contre la concentration et à octroyer un rôle inédit à l’État pour encadrer et réguler une activité désormais définie comme « service public » ou, du moins, au service du public.

Au-delà du monopole d’État sur l’audiovisuel, l’ordonnance du 26 août 1944 exigeait notamment la transparence dans le capital du journal, l’interdiction pour un même actionnaire de posséder plus d’un quotidien ainsi que l’impossibilité, pour le directeur d’un journal, d’exercer une fonction industrielle ou commerciale fournissant l’essentiel de ses revenus.

Face aux difficultés financières rencontrées par ce que l’historien Patrick Eveno a qualifié de « presse sans capitaux » (de 33 quotidiens nationaux publiés en 1946, il n’en restait plus que 13 en 1954), ce cadre légal a été progressivement assoupli, voire ouvertement contourné, à l’image du puissant groupe constitué par Robert Hersant à partir de 1950.

Mais c’est au cours des années 1980 que l’ouverture du capital des médias aux « capitaines d’industrie » s’accélère, à travers la constitution de groupes pluri-médias. Enclenchée en 1982, la libéralisation de l’audiovisuel s’est accompagnée d’un dispositif légal fixant des « seuils anti-concentration » (loi Léotard de 1986) et de la création d’une autorité administrative indépendante chargée d’attribuer les fréquences nouvellement créées aux entrepreneurs privées, de définir leur cahier des charges et de veiller au respect du cadre légal (le Conseil supérieur de l’audiovisuel devenu ARCOM en janvier 2022).

Cependant, comme l’a récemment rappelé Laurent Mauduit, cette dynamique d’attribution des fréquences radiophoniques et surtout télévisuelles a été marquée par d’intenses arrangements entre acteurs politiques et dirigeants de groupes privés, ainsi que par la passivité des responsables successifs du CSA face aux manquements répétés de certaines chaînes privées vis-à-vis de leurs obligations légales.

Si l’on excepte les quelques médias qui appartiennent à leurs journalistes ou ceux dont la gouvernance garantit l’autonomie de la rédaction (MediapartLe Canard enchaînéLe Monde, etc.), les entreprises médiatiques françaises, et en particulier les groupes audiovisuels, restent dominées par des acteurs positionnés au sommet de la hiérarchie sociale et qui ont un intérêt direct à peser sur les orientations politiques et économiques du pays.

De récentes crises sociales (« gilets jaunes »), sanitaires (Covid) et internationales (guerre en Ukraine) ont pourtant rappelé à quel point les affrontements politiques s’accompagnent toujours de batailles informationnelles qui mettent en tension les exigences de pluralisme des opinions et de respect de la véracité des faits.

Face à la polarisation exacerbée du débat public, les régimes démocratiques doivent ainsi, plus que jamais, disposer de rédactions autonomes vis-à-vis des forces en présence et notamment des plus puissantes d’entre elles, sur un plan financier et communicationnel.

Mais fabriquer un journalisme de qualité a un coût que la dispersion des audiences face à la surabondance de l’offre de contenus parvient, plus difficilement qu’autrefois, à compenser. Dans ces conditions, les fragilités économiques rencontrées par de nombreux médias d’information ont rendu possible les dynamiques de regroupement de leur capital dans un nombre plus limité de mains.

Face à cette situation problématique pour la salubrité du débat public, il faut se pencher sur les récentes suggestions de Julia Cagé et Benoît Huet et imaginer de nouveaux dispositifs légaux pour « refonder la propriété des médias » : renforcement des dispositifs anti-concentration, modification de la gouvernance des entreprises médiatiques pour mieux protéger les rédactions de la tutelle actionnariale, incitation des pouvoirs publics au financement participatif pour diversifier l’origine des capitaux médiatiques, etc.

Les premiers éléments du programme d’Emmanuel Macron, à qui les sondages accordent de très fortes chances de réélection, ne laissent cependant pas présager d’ambitions réformatrices sur ce point. Au contraire, c’est à l’encontre des médias publics et de leur financement que se sont pour l’heure concentrées les propositions du candidat. En suggérant le 7 mars de remplacer la redevance par l’impôt (et par conséquent par une négociation budgétaire entre responsables de l’exécutif et dirigeants des entreprises publiques), Emmanuel Macron laisse entrevoir la possibilité d’une emprise plus prononcée du pouvoir politique sur le service public de l’audiovisuel.

C’est pourtant ce même service public qui échappe aux logiques commerciales et à la satisfaction d’intérêts capitalistiques qui gouvernent nombre de médias privés.

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Par Nicolas Kaciaf, Maître de conférences en science politique, spécialiste des médias, Sciences Po Lille.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Cibler tous les flux financiers russes illicites

Cibler tous les flux  financiers russes illicites 

La série de sanctions financières prises contre la Russie depuis son invasion de l’Ukraine est une occasion historique de mettre fin au secret protégeant les kleptocrates du monde entier, estime le directeur de la Financial Transparency Coalition, Matti Kohonen, dans une tribune au « Monde ».

 

Tribune.

La guerre en Ukraine a mis en lumière les pratiques des kleptocrates russes qui transfèrent des milliards d’euros depuis leur pays pour les investir à Londres et dans d’autres grands centres financiers mondiaux, incitant les dirigeants politiques d’Europe et des Etats-Unis à sévir contre cet argent sale. On pense que ces oligarques russes détiennent jusqu’à mille milliards de dollars [environ 918 milliards d’euros] de richesse à l’étranger, souvent cachés dans des sociétés offshore dont l’identité du véritable propriétaire reste difficile à déterminer. Se concentrer uniquement sur les oligarques russes serait cependant une terrible erreur.

 

Dans le but de saper l’effort de guerre de la Russie, la Commission européenne, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Royaume-Uni, le Canada et les Etats-Unis ont annoncé le lancement d’un groupe de travail transatlantique contre les oligarques russes, les fonctionnaires proches du Kremlin et leurs avocats, les agents immobiliers et d’autres « facilitateurs ». Cette action vise à identifier et geler les avoirs détenus par ces derniers dans les pays concernés. Néanmoins, cette déclaration ne dit rien des kleptocrates du reste du monde, comme ceux des pays en développement qui cachent leurs avoirs dans les paradis fiscaux d’Europe et du monde entier.

L’année dernière, l’enquête des « Pandora Papers » a notamment montré que des centaines de responsables publics de plus de quatre-vingt-dix pays, tels que le Kenya et la Jordanie, utilisaient des sociétés fictives afin de cacher de l’argent à l’étranger. Ils se soustrayaient ainsi au paiement des impôts avec l’aide de banques et de cabinets d’avocats d’envergure mondiale.

Plus récemment, l’enquête « Suisse Secrets » a révélé que la banque Credit Suisse gérait 100 milliards de dollars cachés par des milliers de clients liés à la corruption, au trafic de drogue, à l’évasion fiscale et d’autres crimes majeurs – la majorité d’entre eux provenant de pays en développement, dont le Venezuela, l’Egypte et l’Ukraine.

S’attaquer au secret de la finance offshore et aux abus fiscaux, sans se restreindre aux kleptocrates russes, n’a jamais été aussi urgent que dans le contexte pandémique que nous connaissons aujourd’hui. Chaque année, 1 600 milliards d’euros sont blanchis par des criminels, soit l’équivalent de 2,7 % du PIB mondial, tandis que presque 7 000 milliards d’euros de richesse privée sont cachés dans des paradis fiscaux. Pendant ce temps, 100 millions de personnes sont poussées dans l’extrême pauvreté par la pandémie, alors même que le fossé séparant riches et pauvres continue de se creuser.

Marchés financiers : la chute

Marchés financiers : la chute

Comme c’était prévisible, on  s’inquiète vivement des conséquences humaines de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et tout autant de son impact sur la croissance.

La poursuite et l’intensification des combats en Ukraine faisant craindre une récession économique en Europe.Les marchés financiers anticipent une baisse des résultats des entreprises pour l’année en cours. Paris a chuté de 4,97% à 6.061,66 points, Francfort de 4,41% et Milan de 6,24%, bouclant leur pire séance et leur pire semaine depuis l’annonce du premier confinement en mars 2020. Sur la semaine elles perdent plus de 10% chacune.Concernant le pétrole, le Brent se dirige vers les 120 $

Le gaz naturel en Europe a dépassé pour la première fois la barre des 200 euros le mégawattheure, s’envolant vers 17H10 GMT à 204 euros le mégawattheure, en hausse de près de 27%, après un plus haut à 213 euros.

Le blé et le maïs battaient eux aussi des records sur le marché européen, l’Ukraine étant un pays central dans l’approvisionnement de matières premières agricoles.

 Le nickel, dont la Russie est également un grand producteur, a dépassé la barre des 30.000 dollars la tonne, une première depuis 2008.

 

Marchés financiers: La crainte d’une évolution baissière

Marchés financiers: La crainte d’une évolution baissière

 

Les marchés financiers ont évidemment accusé le coup de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Mais le pire est sans doute à venir dans la mesure où cette crise aura nécessairement des ses conséquences néfastes sur le commerce international et sur la croissance mondiale.

Les premiers bouleversements pourraient se faire sentir sur l’envolée en cours des prix de l’énergie et des matières premières. De quoi alimenter encore une inflation déjà inquiétante qui pourrait porter atteint aux capacités d’investissement des entreprises et au pouvoir d’achat des ménages. Bref c’est la croissance mondiale qui est sans doute à revoir en baisse.

En outre et surtout la bourse craint par-dessus tout des incertitudes sur l’évolution du conflit qui pourrait prendre d’autres formes et s’étendre éventuellement géographiquement. Une inquiétude qui se mesure avec l’indice de la peur

Cet « indice de la peur » (indice VIX de la volatilité) a bondi à près de 40 ce jeudi. Pour l’heure, l’aversion au risque ne se matérialise pas vraiment sur les taux de la dette souveraine américaine ou allemande, valeurs de refuge par excellence. Du coup, les taux du 10 ans américain (2%) ou allemand (0,23%) n’ont finalement pratiquement pas bougé. De même,  l’or reste étrangement stable. Et comme pour se rassurer, une floraison de graphiques ont été publiés pour montrer que la Bourse se jouait finalement des crises géopolitiques aigües. Reste que l’annonce par Poutine d’un éventuel recours à la force de dissuasion incluant le nucléaire devrait peser lourdement sur les indices en ce début de semaine

Marchés financiers : journées noires

Marchés financiers : journées noires

Partout les marchés financiers dévissent fortement suite à l’envahissement surprise de l’Ukraine par la Russie. Pour l’instant, les  effets sont surtout psychologiques car le conflit va bousculer la conjoncture mais aussi économiques car cela va  remettre en cause la dynamique économique qui s’installait après la crise sanitaire.

Parmi les effets immédiats, il faudra surtout prendre en compte l’envolée nouvelle du prix de l’énergie et des matières premières en général. Le prix du gaz en particulier pourrait être très affecté car 40 % des besoins de l’Europe sont fournis par la Russie. Cet hausse du gaz va contaminer notamment le pétrole et électricité mais aussi les céréales

Les conséquences vont en particulier se traduire par une envolée de l’inflation qui pourrait se mesurer à deux chiffres dans certains pays. De quoi remettre aussi en cause les perspectives de croissance. Fort logiquement les marchés financiers devraient anticiper cette remise en question des perspectives d’activité

 

  Les Bourses européennes ont donc connu l’une des pires séances depuis mars 2020. Paris a clôturé en forte baisse de 3,83%, Francfort de 3,96% et Milan de 4,10%. Londres a lâché 3,82% tandis que la Bourse de Moscou s’est effondrée de plus de 30%. Vers 12H05 GMT, l’indice européen de référence Eurostoxx 50 chutait de 3,79%. Plus tôt, Hong Kong a aussi perdu 3,21%. Surprise par le déclenchement de l’invasion russe en Ukraine, la Bourse de New York a ouvert en nette baisse, les investisseurs se détournant des marchés actions. Vers 14H50 GMT, le Dow Jones perdait 2,31%, l’indice Nasdaq, à forte composition technologique, 1,79%, tandis que l’indice élargi S&P 500 lâchait 1,89%.

 

 

Marchés financiers : la correction amplifiée par la situation de l’Ukraine

Marchés financiers : la correction amplifiée par la situation de l’Ukraine

D’une certaine manière,  la situation géo politique de l’Ukraine est instrumentalisée pour justifier l’amplification de la correction déjà largement en cours depuis le début de l’année sur les marchés financiers. Certes,  il existe des risques notamment concernant un nouveau renchérissement de l’énergie et des matières premières si en particulier des mesures économiques sont prises à l’égard de la Russie. Plus généralement les tensions avec la Russie pourraient bien alimenter l’inflation.
Pour autant le mouvement baissier qui a commencé au début de l’année correspond à un rééquilibrage entre les valeurs boursières et les résultats des entreprises. Des valeurs financières dont les cours se sont envolés de manière un peu irresponsable au grand bénéfice des spéculateurs

Lundi sur les marchés à  Paris, le CAC 40 a plongé de 2,27 % à 6 852,20 points. Il a ainsi aligné une troisième séance de baisse d’affilée, après avoir déjà cédé 1,27 % vendredi et 0,41 % jeudi. Les autres places boursières ont également chuté: Londres a perdu 1,70 %, Francfort 2,02 %, Madrid 2,67 % et Milan 2,04 %.

En Russie, l’indice RTS, après avoir plongé de plus de 5 % dans la matinée, a terminé en baisse de 3 %. Depuis le début de l’année, la Bourse de Moscou a déjà lâché plus de 10 %. Wall Street, qui avait fortement accusé le coup vendredi, limitait la casse. En séance, le Dow Jones reculait de 1,8 %, le S&P 500 de 0,15 % tandis que le Nasdaq progressait de 0,60 %.

La crainte d’une invasion imminente de l’Ukraine par la Russie a fait grimper la tension en flèche sur les marchés. La volatilité a fait un bond en avant: l’indice Vix, appelé l’indice de la peur, s’est envolé de près de 50 % en quelques jours.

Quels conseils aux gogos des marchés financiers

Quels conseils aux gogos des marchés financiers

Comment conseiller les investisseurs pour leur éviter de faire des choix hasardeux par  Bruno Colmant (université de Bruxelles), Charles Cuvelliez (université de Bruxelles, École Polytechnique de Bruxelles) et Jean-Jacques Quisquater (université de Louvain, École Polytechnique de Louvain et MIT).(dans la Tribune , extraits)

 

Tribune

 

Si vous êtes un investisseur, la régulation MIFID II (Markets in Financial Instruments Directive) ne vous sera pas étrangère. Elle vous protège des investissements hasardeux proposés par votre intermédiaire financier ou votre banque, si vous n’êtes pas prêt. Ces derniers se doivent de vérifier que les investissements proposés sont en ligne avec votre connaissance et expertise financière ainsi que votre goût du risque. Ce sont par exemple (et souvent) des questionnaires-tests qu’on vous demande de remplir, presque un examen d’aptitude sauf que ces modalités varient d’une banque à l’autre.

L’ESMA, l’Autorité européenne des marchés financiers, donc le régulateur, vient de publier une mise au point sur certains aspects les plus sensibles de la mise en œuvre de MIFID II : que doit faire la banque si le client veut procéder à un investissement de son propre chef sans que la banque le lui ait conseillé? Doit-elle l’en empêcher si elle voit que cet investissement n’est pas en ligne avec son profil ? La régulation MIFID II autorise la banque ou l’intermédiaire financier à lui fournir ce service et encore, pour autant que le produit n’est pas complexe. Il doit cependant l’avertir qu’il n’est pas tenu de vérifier que ce produit est approprié pour lui. C’est là qu’une zone d’ombre apparaît. L’ESMA donne, dans sa mise au point, toute une série d’exemples sur la manière de (mal) appliquer la régulation MIFID II.

Canal de communication

Il y a l’usage des canaux de communication : la banque peut-elle utiliser tous les moyens de communication depuis WhatsApp ou Messenger jusqu’à l’email en passant par le téléphone ou l’application mobile de la banque ? L’ESMA garde une neutralité technologique du moment qu’une trace peut être conservée des échanges qui ont abouti à une transaction voulue par le client et non conseillée par la banque. Ces enregistrements doivent être exploitables pour pouvoir prouver par exemple qu’un avertissement a bien été envoyé au client si la banque n’était pas tenue de vérifier que le produit n’était pas adapté. Tout dépend évidemment de la manière de communiquer, par téléphone ou en face-à-face, ce sont d’autres méthodes à mettre en place pour garder une trace exploitable.

Avant de fournir des services pour investir sans conseil, la banque doit avertir le client et l’encourager à faire attention à l’obligation qu’elle a, sinon de vérifier l’adéquation entre le produit d’investissement et son profil, au moins au début de la relation commerciale. La banque doit mettre en place des politiques et des procédures pour systématiser la collecte d’information des clients sur leur compétences et connaissances. Les banques doivent encourager les clients à se plier au jeu. La manière de le faire est à la discrétion des banques mais s’il s’agit de questionnaires en ligne, attention, dit l’ESMA, à être clair, compréhensible, à ne pas suggérer des réponses. L’ESMA va jusqu’à insister pour que les questionnaires donnent le choix de répondre par un honnête : « je ne sais pas ».

L’ESMA veut éviter qu’un client puisse répondre indéfiniment au même questionnaire jusqu’à être dans le bon. Il faut prévoir un nombre maximum d’essais. Un questionnaire ne doit pas être une auto-évaluation de ce que le client pense connaitre : on surestime toujours sa propre expertise. Les questions doivent éviter les réponses binaires oui/non ou des cases à cocher. Pas question, non plus, de soumettre une liste de produits au client et de lui demander s’il les connaît. L’ESMA met aussi en garde contre les questionnaires préremplis envoyés à des clients qui voudraient aller plus loin en investissements, sur la base de leur expérience antérieure avec leur banque.

La banque doit pouvoir vérifier que l’information fournie par le client sur son expertise est vraie. Et de suggérer que la banque détecte les incohérences dans les questionnaires remplis par le client.

Renouveler le profil d’expertise

Il s’agit aussi de renouveler de temps en temps le profil du client sur sa maitrise des matières financières. L’ESMA ne nie pas qu’une expertise et une connaissance ne sont pas censées diminuer avec le temps mais le vérifier c’est mieux surtout envers une population vulnérable de clients. La mise à jour des tests MIFID II ne doit pas non plus être une incitation pour le client à vouloir faire mieux, comme un défi à soi-même, pour finalement souscrire à des produits d’investissement qui ne sont pas faits pour lui. Si le profil d’expertise du client change trop souvent ou trop vite, c’est une indication de ce biais.

La mise au point de l’ESMA concerne même des personnes morales (des entreprises), quand ces entreprises sont représentées par plusieurs personnes physiques (des PME par exemple).  Faut-il prendre la personne la plus experte ou la moins experte pour avoir son profil MIFID II, La moins experte en cas de doute.

Une classification interne

L’ESMA s’attend évidemment à ce que les banques aient des procédures pour classer eux-mêmes les produits qu’ils proposent en fonction des risques, caractéristiques et nature. Il ne s’agit pas de se contenter d’une classification extérieure qu’on prendrait telle quelle. Les banques peuvent certes se baser sur des outils automatiques pour vérifier le côté approprié des produits par rapport à leur client mais il s’agit alors de contrôler que ces produits automatisés ne se trompent pas. Et de mettre en garde contre les outils qui classent de manière trop sommaire ou trop large les clients ou les produits d’investissement pour faire des correspondances grossières.

Quant au staff qui doit contrôler l’adéquation du profil des produits proposés au profil des clients, il doit avoir des lignes directrices claires. Il faut éviter toute subjectivité dit l’ESMA. Il faut pouvoir justifier ex post une décision d’adéquation produit d’investissement/investisseur de la part du personnel.

Pour la mise en garde qui doit être notifiée quand le produit que le client veut acheter n’est pas adapté à son profil ou si c’est impossible de le vérifier, il doit être clair, pas confus…

L’ESMA pousse le détail jusqu’à suggérer des couleurs différentes pour le message de mise en garde. Par téléphone, la mise en garde devrait même s’accompagner de l’impact que cela représenterait pour le client. Pas de circonvolutions pour répondre: « Ce produit pourrait ne pas être adapté à vous ». Soyez francs, dit en substance l’ESMA. Et évidemment, il faut s’abstenir de dire en parallèle au message de ne pas en tenir compte. Proposer des trainings ou des webinars aux clients ne suffit pas à les faire monter en expertise. Il faut leur faire passer un test en bonne et due forme après. Un client peut toujours outrepasser la mise en garde mais l’ESMA suggère aux banques et intermédiaires financiers de calculer la proportion de mise en garde non respectées : mauvais signe si ce nombre est trop élevé.

Le staff de la banque doit évidemment avoir l’expertise pour mener les tests MIFID II avec leurs clients : ils doivent être conscients de la responsabilité qui reposent sur leurs épaules et être formés à la régulation MIFID II. Cette obligation s’étend aux développeurs et codeurs d’assessments en ligne et à ceux qui conçoivent les algorithmes.

 

Enfin, et surtout, il faut des contrôles surtout quand il s’agit de tests automatisés. Ils doivent être régulièrement vérifiés et contrôlés. Et si les tests sont faits par téléphone ou en face-à-face, il faudrait les enregistrer pour vérifier que le personnel qui pose les questions jouent bien le jeu.

Cette liste à la Prévert n’est pourtant pas une mauvaise chose : les Etats-Unis n’ont pas de MIFID II. Les autorités luttent désormais contre les applications qui permettent d’investir en bourse et qui ressemblent à s’y méprendre à un jeu vidéo et à toutes les addictions qui s’ensuivent. Et surtout les cryptomonnaies feraient bien d’entrer dans le champ d’application de MIFIDII ! La Commission y travaille en raffinant les critères qui permettraient de décider si oui ou non une crypto-monnaie ou une blockchain est un instrument financier qui tombe sous MIFD II.

Comment conseiller les gogos des marchés financiers

Comment conseiller  les gogos des marchés financiers

Comment conseiller les investisseurs pour leur éviter de faire des choix hasardeux par  Bruno Colmant (université de Bruxelles), Charles Cuvelliez (université de Bruxelles, École Polytechnique de Bruxelles) et Jean-Jacques Quisquater (université de Louvain, École Polytechnique de Louvain et MIT).(dans la Tribune , extraits)

 

Tribune

 

Si vous êtes un investisseur, la régulation MIFID II (Markets in Financial Instruments Directive) ne vous sera pas étrangère. Elle vous protège des investissements hasardeux proposés par votre intermédiaire financier ou votre banque, si vous n’êtes pas prêt. Ces derniers se doivent de vérifier que les investissements proposés sont en ligne avec votre connaissance et expertise financière ainsi que votre goût du risque. Ce sont par exemple (et souvent) des questionnaires-tests qu’on vous demande de remplir, presque un examen d’aptitude sauf que ces modalités varient d’une banque à l’autre.

L’ESMA, l’Autorité européenne des marchés financiers, donc le régulateur, vient de publier une mise au point sur certains aspects les plus sensibles de la mise en œuvre de MIFID II : que doit faire la banque si le client veut procéder à un investissement de son propre chef sans que la banque le lui ait conseillé? Doit-elle l’en empêcher si elle voit que cet investissement n’est pas en ligne avec son profil ? La régulation MIFID II autorise la banque ou l’intermédiaire financier à lui fournir ce service et encore, pour autant que le produit n’est pas complexe. Il doit cependant l’avertir qu’il n’est pas tenu de vérifier que ce produit est approprié pour lui. C’est là qu’une zone d’ombre apparaît. L’ESMA donne, dans sa mise au point, toute une série d’exemples sur la manière de (mal) appliquer la régulation MIFID II.

Canal de communication

Il y a l’usage des canaux de communication : la banque peut-elle utiliser tous les moyens de communication depuis WhatsApp ou Messenger jusqu’à l’email en passant par le téléphone ou l’application mobile de la banque ? L’ESMA garde une neutralité technologique du moment qu’une trace peut être conservée des échanges qui ont abouti à une transaction voulue par le client et non conseillée par la banque. Ces enregistrements doivent être exploitables pour pouvoir prouver par exemple qu’un avertissement a bien été envoyé au client si la banque n’était pas tenue de vérifier que le produit n’était pas adapté. Tout dépend évidemment de la manière de communiquer, par téléphone ou en face-à-face, ce sont d’autres méthodes à mettre en place pour garder une trace exploitable.

Avant de fournir des services pour investir sans conseil, la banque doit avertir le client et l’encourager à faire attention à l’obligation qu’elle a, sinon de vérifier l’adéquation entre le produit d’investissement et son profil, au moins au début de la relation commerciale. La banque doit mettre en place des politiques et des procédures pour systématiser la collecte d’information des clients sur leur compétences et connaissances. Les banques doivent encourager les clients à se plier au jeu. La manière de le faire est à la discrétion des banques mais s’il s’agit de questionnaires en ligne, attention, dit l’ESMA, à être clair, compréhensible, à ne pas suggérer des réponses. L’ESMA va jusqu’à insister pour que les questionnaires donnent le choix de répondre par un honnête : « je ne sais pas ».

L’ESMA veut éviter qu’un client puisse répondre indéfiniment au même questionnaire jusqu’à être dans le bon. Il faut prévoir un nombre maximum d’essais. Un questionnaire ne doit pas être une auto-évaluation de ce que le client pense connaitre : on surestime toujours sa propre expertise. Les questions doivent éviter les réponses binaires oui/non ou des cases à cocher. Pas question, non plus, de soumettre une liste de produits au client et de lui demander s’il les connaît. L’ESMA met aussi en garde contre les questionnaires préremplis envoyés à des clients qui voudraient aller plus loin en investissements, sur la base de leur expérience antérieure avec leur banque.

La banque doit pouvoir vérifier que l’information fournie par le client sur son expertise est vraie. Et de suggérer que la banque détecte les incohérences dans les questionnaires remplis par le client.

Renouveler le profil d’expertise

Il s’agit aussi de renouveler de temps en temps le profil du client sur sa maitrise des matières financières. L’ESMA ne nie pas qu’une expertise et une connaissance ne sont pas censées diminuer avec le temps mais le vérifier c’est mieux surtout envers une population vulnérable de clients. La mise à jour des tests MIFID II ne doit pas non plus être une incitation pour le client à vouloir faire mieux, comme un défi à soi-même, pour finalement souscrire à des produits d’investissement qui ne sont pas faits pour lui. Si le profil d’expertise du client change trop souvent ou trop vite, c’est une indication de ce biais.

La mise au point de l’ESMA concerne même des personnes morales (des entreprises), quand ces entreprises sont représentées par plusieurs personnes physiques (des PME par exemple).  Faut-il prendre la personne la plus experte ou la moins experte pour avoir son profil MIFID II, La moins experte en cas de doute.

Une classification interne

L’ESMA s’attend évidemment à ce que les banques aient des procédures pour classer eux-mêmes les produits qu’ils proposent en fonction des risques, caractéristiques et nature. Il ne s’agit pas de se contenter d’une classification extérieure qu’on prendrait telle quelle. Les banques peuvent certes se baser sur des outils automatiques pour vérifier le côté approprié des produits par rapport à leur client mais il s’agit alors de contrôler que ces produits automatisés ne se trompent pas. Et de mettre en garde contre les outils qui classent de manière trop sommaire ou trop large les clients ou les produits d’investissement pour faire des correspondances grossières.

Quant au staff qui doit contrôler l’adéquation du profil des produits proposés au profil des clients, il doit avoir des lignes directrices claires. Il faut éviter toute subjectivité dit l’ESMA. Il faut pouvoir justifier ex post une décision d’adéquation produit d’investissement/investisseur de la part du personnel.

Pour la mise en garde qui doit être notifiée quand le produit que le client veut acheter n’est pas adapté à son profil ou si c’est impossible de le vérifier, il doit être clair, pas confus…

L’ESMA pousse le détail jusqu’à suggérer des couleurs différentes pour le message de mise en garde. Par téléphone, la mise en garde devrait même s’accompagner de l’impact que cela représenterait pour le client. Pas de circonvolutions pour répondre: « Ce produit pourrait ne pas être adapté à vous ». Soyez francs, dit en substance l’ESMA. Et évidemment, il faut s’abstenir de dire en parallèle au message de ne pas en tenir compte. Proposer des trainings ou des webinars aux clients ne suffit pas à les faire monter en expertise. Il faut leur faire passer un test en bonne et due forme après. Un client peut toujours outrepasser la mise en garde mais l’ESMA suggère aux banques et intermédiaires financiers de calculer la proportion de mise en garde non respectées : mauvais signe si ce nombre est trop élevé.

Le staff de la banque doit évidemment avoir l’expertise pour mener les tests MIFID II avec leurs clients : ils doivent être conscients de la responsabilité qui reposent sur leurs épaules et être formés à la régulation MIFID II. Cette obligation s’étend aux développeurs et codeurs d’assessments en ligne et à ceux qui conçoivent les algorithmes.

 

Enfin, et surtout, il faut des contrôles surtout quand il s’agit de tests automatisés. Ils doivent être régulièrement vérifiés et contrôlés. Et si les tests sont faits par téléphone ou en face-à-face, il faudrait les enregistrer pour vérifier que le personnel qui pose les questions jouent bien le jeu.

Cette liste à la Prévert n’est pourtant pas une mauvaise chose : les Etats-Unis n’ont pas de MIFID II. Les autorités luttent désormais contre les applications qui permettent d’investir en bourse et qui ressemblent à s’y méprendre à un jeu vidéo et à toutes les addictions qui s’ensuivent. Et surtout les cryptomonnaies feraient bien d’entrer dans le champ d’application de MIFIDII ! La Commission y travaille en raffinant les critères qui permettraient de décider si oui ou non une crypto-monnaie ou une blockchain est un instrument financier qui tombe sous MIFD II.

Placements financiers: La nouvelle arnaque des influenceurs

Placements financiers: La nouvelle arnaque des influenceurs 

 

Les influenceu s jusque-là s’étaient limités aux nous articles de mode des marques qui les  financent. Mais les influenceurs étendent leur champ d’investigation désormais en intervenant dans le domaine des placements financiers pour lesquels évidemment ils n’ont strictement aucune compétence.

Ils vantent ainsi certains placements notamment les cryptomonnaies en dont on connaît l’extraordinaire instabilité. Les influenceurs promettent des rendements «élevés sans risques» en un clic. Sans mentionner qu’ils ont été rémunérés pour en faire la publicité, ils vantent notamment les mérites de produits financiers instables, tels que des cryptomonnaies comme le bitcoin ou l’ethereum.

 «Les réseaux sociaux et les influenceurs sont devenus les nouveaux points d’entrée des arnaques à l’investissement», alertaient en décembre le parquet de Paris et l’Autorité des marchés financiers (AMF).

Il serait sans doute temps que les pouvoirs publics interviennent par la voie de la régulation réglementaire afin de fixer des règles déontologiques et professionnelles à tous ceux qui tirent des revenus d’Internet comme les influenceurs

La nouvelle arnaque des influenceurs pour les placements financiers

La nouvelle arnaque des influenceurs pour les placements financiers

 

Les influenceur s jusque-là s’étaient limités aux nous articles de mode des marques qui les  financent. Mais les influenceurs étendent leur champ d’investigation désormais en intervenant dans le domaine des placements financiers pour lesquels évidemment ils n’ont strictement aucune compétence.

Ils vantent ainsi certains placements notamment les cryptomonnaies en dont on connaît l’extraordinaire instabilité. Les influenceurs promettent des rendements «élevés sans risques» en un clic. Sans mentionner qu’ils ont été rémunérés pour en faire la publicité, ils vantent notamment les mérites de produits financiers instables, tels que des cryptomonnaies comme le bitcoin ou l’ethereum.

 «Les réseaux sociaux et les influenceurs sont devenus les nouveaux points d’entrée des arnaques à l’investissement», alertaient en décembre le parquet de Paris et l’Autorité des marchés financiers (AMF).

Il serait sans doute temps que les pouvoirs publics interviennent par la voie de la régulation réglementaire afin de fixer des règles déontologiques et professionnelles à tous ceux qui tirent des revenus d’Internet comme les influenceurs

Marchés financiers : pas de risque de crise grave

Alexandre Baradez, stratégiste marchés IGE estime qu’il n’y a pas de risque de crise grave sur les marchés financiers même si des corrections sont à attendre.

 

  Opinion

 

Habituellement calme, la période de Thanksgiving s’est transformée en champ de bataille avec une volatilité en hausse de plus de 50% sur les marchés européens et américains et, ces derniers jours, l’indice de volatilité du S&P 500, le VIX, a grimpé à 32, soit son plus haut niveau depuis début février, et pas très loin de son sommet annuel. Il serait tentant d’attribuer l’intégralité de la chute des marchés au variant Omicron, mais il a potentiellement plus agi comme une étincelle dans un environnement propice aux prises de bénéfices. Le stress sanitaire était déjà présent depuis plusieurs jours, en Europe notamment, avec la progression du variant Delta, obligeant plusieurs pays à durcir les restrictions. Mais également en Chine, avec une politique de tolérance zéro face au Covid à l’approche des Jeux Olympiques d’hiver début 2022. L’aspect sanitaire reste donc le premier risque pour les marchés. Mais deux autres risques évoluaient en parallèle et étaient peut-être sous-estimés : le rythme de normalisation de la politique monétaire de la Fed (que les déclarations de Jerome Powell mardi et mercredi sont venues confirmer) et les hausses des coûts issues des dérèglements logistiques mondiaux, de la poussée du prix des matières premières et des salaires. On voyait en effet les indicateurs de volatilité se redresser en même temps que les indices actions américains plusieurs jours avant la journée noire de vendredi et l’annonce du variant Omicron, ce qui signifie qu’une partie du marché était déjà méfiante…. Le variant Omicron a donc été l’étincelle qui a mis le feu à un baril de poudre déjà chaud. L’approche de la fin 2021 après une année faste pour les indices mondiaux a également et probablement poussé à des prises de profits chez les gérants d’actifs. Même s’il est toujours difficile d’attraper un « couteau qui tombe », la baisse actuelle constitue probablement une bonne opportunité de repositionnement pour ceux qui ont raté la dernier rally, d’autant plus que le Cac 40 revient au contact de zones techniques importantes, tout comme son voisin allemand le Dax. Même si elles ont récemment été revues à la baisse par l’OCDE, les perspectives de croissance 2022 et 2023 restent bonnes pour les économies avancées et un ralentissement, voire un arrêt de la progression du dollar, pourrait également apporter une bouffée d’air aux économies émergentes. En effet, la hausse du dollar depuis plusieurs mois s’est faite en partie sur le tapering à venir de la Fed avec la hausse très marquée des prix outre-Atlantique. Maintenant que le tapering est lancé et que Jerome Powell a durci le ton en enlevant de terme « transitoire » pour qualifier l’inflation, nous assistons à un petit affaiblissement du type « achetons d’abord le dollar sur la hausse des prix et les anticipations de tapering/hausse de tauxpuis vendons maintenant le dollar sur la confirmation du tapering et d’une Fed plus hawkish ». La visibilité sur la variant Omicron est évidemment mauvaise à ce stade, mais si ce n’est « qu’une vague de plus », dont les effets sur l’économie décroissent par rapport à la vague initiale en raison d’une plus grande adaptabilité de l’économie et de l’efficacité de la réponse sanitaire (vaccins, traitements, etc.), le repli des indices européens devrait être contenu. Une dangerosité limitée de ce dernier variant (si elle était avérée), les niveaux d’épargne accumulés par les ménages des deux côtés de l’Atlantique, le niveau des taux, les plans de soutien économique en Europe, aux Etats-Unis et au Japon, la décongestion progressive des ports mondiaux dans les mois à venir et le reflux des prix d’une partie des matières premières et des coûts de transport devraient continuer d’offrir des perspectives haussières aux marchés actions à moyen terme, après une phase de consolidation. Dans ce contexte, je continue de privilégier une consolidation en « zone haute » de l’indice français, c’est-à-dire une phase de marché où les replis devraient commencer à être amortis par la zone comprise entre les deux anciennes obliques, c’est-à-dire la zone entre 6.800 et 6.400 points. Il faudrait un stress plus aigu pour retomber sur l’ancien sommet d’avant-Covid à 6.100 points, avec des risques de récession pour l’économie, ce qui ne semble pas être le scénario le plus probable à ce stade. Donc, plutôt un scénario de consolidation avant retour sur le sommet historique et reprise du momentum haussier. Le signal potentiel qui marquera le début de la fin de la phase de stress actuelle sera le comblement du gros gap baissier ouvert vendredi dernier, c’est-à-dire un retour à 7.080 points.

Marchés Financiers : le yo-yo sur tendance baissière

Marchés Financiers : le yo-yo sur tendance baissière

 

Deux raisons au mouvement de yo-yo des marchés financiers à savoir d’une part l’inévitable correction après des excès  de valorisation , d’autre part la perspective d’une nouvelle vague endémique qui va peser sur nombre d’activités économiques. Notons aussi les déclarations du patron de la banque centrale américaine qui contrairement à la plupart des experts a déclaré que l’inflation provisoire risquait de se transformer en inflation définitive.

La Bourse de New York par exemple a terminé le mois de novembre en forte baisse mardi, ébranlée par les inquiétudes autour du variant Omicron et par les propos fermes du patron de la Fed sur l’inflation et la politique monétaire. Selon des résultats provisoires à la clôture, l’indice Dow Jones a perdu 1,86 % à 34.483,99 points.

Le Nasdaq, à forte coloration technologique, a abandonné 1,55 % à 15.537,69 points et le S & P 500 a lâché 1,90 % à 4.566,97 . Points. Conclusion les autres places boursières vont suivre sans doute ces mouvements de yo-yo qui vont caractériser la fin de l’année sur une tendance baissière.

Selon Frederik Ducrozet, stratégiste de marché chez Pictet Wealth Management, de nouvelles restrictions obligeraient les banques centrales à maintenir leurs mesures de soutien plus longtemps que prévu.Par ailleurs, Il faut se préparer à une fin d’année agitée sur les marchésSi les contaminations se multiplient et de nouvelles restrictions sont annoncées, les marchés pourraient réagir fortement.

 

Selon Frederik Ducrozet, entre le début et la fin de la semaine dernière, on est passé d’une situation de reprise de la pandémie, avec quelques nouvelles restrictions, à une situation dans laquelle la sortie de crise devient beaucoup plus incertaine car l’efficacité des vaccins est remise en question. La faible liquidité au cours du week-end de Thanksgiving a pu accentuer les mouvements de marché vendredi. Mais, traditionnellement en décembre, les opérateurs sont moins présents. Si les contaminations se multiplient et de nouvelles restrictions sont annoncées, les marchés pourraient réagir fortement .

Finances et économie -La déconnexion entre économie réelle et marchés financiers

Finances et économie -La déconnexion entre économie réelle et marchés financiers

 

Vice-président pendant sept ans du New York Stock Exchange, Georges Ugeux s’alarme de la déconnexion entre économie réelle et marchés financiers ( dans l’Opinion)

 

 

 

La Bourse américaine a battu tous ses records en pleine pandémie, et accru les inégalités. Wall Street à l’assaut de la démocratie, s’alarme Georges Ugeux, dans un ouvrage en librairie ce mercredi. Ce grand connaisseur du marché américain enseigne la finance internationale à la Columbia University School of Law.

Comment Wall Street est-elle devenue trop puissante ?

Wall Street vit sur une idéologie qui s’est organisée en fonction de l’intérêt d’une partie de la population et avec l’accord et le soutien des autorités. Depuis le début de la pandémie, les marchés financiers ont littéralement explosé car une bonne partie de l’argent destiné à soutenir l’économie s’est retrouvée en Bourse. Les capitaux injectés ont été excessifs, ils ont été mis trop rapidement dans le système. Les investisseurs ont considéré que le meilleur moyen de gagner de l’argent, c’était de le placer en actions. Tout cela remonte à la crise financière précédente. Les banques centrales avaient un objectif macroéconomique, mais le résultat net de leur action a été d’enrichir les actionnaires. Depuis l’éclatement de la bulle des subprimes, Wall Street a bondi de 400 %.

Qu’est ce qui pourrait remettre en cause le culte de l’actionnariat que vous dénoncez ?

L’Europe doit comprendre que cette mentalité ne correspond pas à son système de valeur. Or, le capitalisme financier, à l’américaine, s’est imposé à travers le monde. La politique de la planche à billets est pratiquée par toutes les grandes banques centrales. Et, comme les Etats-Unis, l’Europe a déformé sa fiscalité dans un sens qui profite aux entreprises et à leurs actionnaires. Depuis maintenant vingt ans, le taux effectif de l’impôt sur les sociétés a pratiquement diminué de moitié. Le profit net distribuable aux actionnaires a augmenté d’autant. Ce sont pour l’essentiel les taxations des salaires et la consommation des particuliers qui financent le budget de l’Etat. Aux Etats-Unis, l’impôt sur les sociétés représente 6,8 % seulement des recettes fédérales. C’est environ 8 % en France, alors que la TVA représente en moyenne 50 % des recettes fiscales des pays de l’OCDE. Tout cela crée une situation totalement déséquilibrée dans laquelle les banques centrales soutiennent les emprunteurs mais pas les épargnants, et les gouvernements soutiennent les entreprises et pas nécessairement l’emploi.

« La Bourse traite en général à 15 fois les bénéfices, c’est 35 fois aujourd’hui et ça fait deux ans que ça dure. Il y a trop d’argent dans le système »

Aux Etats-Unis, tout incite à faire venir l’épargnant en Bourse. C’est le cas des plateformes de trading, par exemple. Difficile de revenir en arrière…

Les plateformes de trading ne me dérangent pas. Il faut simplement s’assurer que la réglementation est correctement appliquée. Le véritable problème c’est le système très « cadenassé » des marchés financiers. Prenez les rachats d’actions : lors de ces opérations, le cours des actions augmente arithmétiquement. C’est une bonne affaire pour l’actionnaire, mais l’entreprise perd une partie de sa substance et de sa possibilité d’investir. Or, on ne lui impose pas de justifier ses rachats. Parfois, la rémunération des dirigeants et les stock-options sont indexées au cours de Bourse plutôt qu’à la performance de l’entreprise, tout le monde a intérêt à faire bouger l’action. Sans oublier la faible taxation des plus-values… Tout se tient.

Mais Wall Street est aussi un formidable moteur d’innovation, qui permet à des « jeunes pousses » déficitaires de se financer…

Je n’attaque pas Wall Street en tant que marché boursier, mais le système qui l’environne. Nous sommes arrivés à un niveau de tension insoutenable entre le capital et le travail. On ne reproche pas à une entreprise de mettre des gens au chômage, mais on va lui reprocher de réduire son dividende.

Un capitalisme social et solidaire est-il réellement possible aux Etats-Unis ?

La question est enfin posée. Joe Biden a clairement dit qu’il ne voulait pas d’un capitalisme qui fonctionne uniquement pour les actionnaires. Les choses bougent fiscalement au G20 avec le principe d’une taxation des Gafa et la mise en place d’un taux minimum d’impôt sur les sociétés de 15 %. Par ailleurs, sur le changement climatique et les sujets ESG (environnement, social et gouvernance), l’Europe force un débat qui vient du peuple et non d’en haut. Finalement, même si cela prend du temps, le citoyen à la possibilité d’influencer le cours des choses, mais il doit être éduqué.

Quel est le plus grand risque aujourd’hui ?

Sur le plan du risque de marché, Wall Street est grossièrement surévaluée, ce qui va devoir se corriger. La Bourse traite en général à 15 fois les bénéfices, c’est 35 fois aujourd’hui et ça fait deux ans que ça dure. Il y a trop d’argent dans le système. Sur le fond, on ne résoudra pas la question des retraites et de la transition énergétique sans la contribution des marchés financiers. Mais les entreprises doivent revoir la manière dont elles communiquent leur stratégie d’investissement et de croissance à long terme, en se détachant en partie de leur performance trimestrielle. Les actionnaires viennent de vivre des années de gloire, il faut rééquilibrer le système.

Chine : la mainmise maintenant du parti communiste sur les établissements financiers

Chine : la mainmise maintenant du parti communiste sur les établissements financiers

 

Après avoir engagé fin 2020 une offensive réglementaire contre les géants de la tech, le président chinois lance une vaste campagne d’inspections des établissements financiers, dont il se méfie depuis son arrivée au pouvoir il y a une décennie.( Un article du Wall Street Journal)

 

Bien décidé à empêcher l’économie chinoise de céder aux forces du capitalisme, le président Xi Jinping s’attaque à présent aux liens que les banques publiques nationales et d’autres fleurons de la finance ont tissés avec de grands acteurs du secteur privé.

Après avoir engagé fin 2020 une offensive réglementaire contre les géants technologiques, M. Xi lance une vaste campagne d’inspections des établissements financiers. Selon des sources proches de ce projet, les inspections, annoncées en septembre sans faire l’objet d’une communication détaillée, visent à établir si les banques publiques, fonds d’investissements et organes de réglementation financière entretiennent une trop grande proximité avec des entreprises privées, et notamment avec certains groupes qui se sont récemment retrouvés dans le collimateur de Pékin – comme le géant de l’immobilier Evergrande, la société de VTC Didi ou encore la fintech Ant Group.

Menée par la principale agence chinoise anticorruption et axée sur 25 établissements financiers au cœur de l’économie chinoise, cette initiative est la plus importante qui ait été engagée à l’endroit du secteur financier, dont M. Xi se méfie depuis son arrivée au pouvoir il y a près d’une décennie. Elle s’inscrit dans le cadre de plus larges efforts de M. Xi pour tenir le système économique chinois à l’écart du modèle capitaliste occidental avant la phase de transition du pouvoir fin 2022, qui devrait voir l’actuel président s’affranchir des conventions et briguer un troisième mandat.

A compter de ce mois-ci, des agents de la lutte anticorruption de la Commission centrale des inspections disciplinaires se déploieront dans les bureaux de 25 établissements financiers publics afin de consulter les registres de prêts, investissements et documents réglementaires, et de déterminer l’origine de certaines transactions ou décisions liées à des entreprises privées, ont indiqué des sources proches du projet.

Selon ces sources, les individus soupçonnés de s’être engagés dans des opérations inappropriées feront probablement l’objet d’enquêtes formelles de la part du Parti communiste, voire d’accusations ultérieures, et toute entité reconnue s’être écartée du droit chemin devrait être sanctionnée.

L’exécutif s’appuiera par ailleurs sur les conclusions de ces inspections pour décider de sabrer ou non dans la rémunération des dirigeants de ces poids lourds du secteur financier public. Certains représentants du ministère des Finances, qui abonde les grands établissements financiers publics, ont fait pression en faveur de ces baisses de rémunération, le secteur étant jugé trop généreuse en la matière par rapport à d’autres industries.

Lors d’une réunion, le 26 septembre, dont l’objet était de mobiliser les troupes avant le lancement des nouvelles inspections, Zhao Leji, l’actuel directeur de l’organe anticorruption de l’exécutif, a déclaré que les inspecteurs chargés de l’examen des 25 établissements financiers procéderaient à « une recherche minutieuse de tout écart politique », selon l’agence de presse officielle Xinhua.

Ni la Commission centrale des inspections disciplinaires ni le bureau d’information du Conseil des affaires de l’Etat (le gouvernement central) n’ont répondu à nos questions. Les services de presse des 25 établissements inspectés et des autres entreprises mentionnées dans le présent article n’ont pas non plus répondu à nos sollicitations.

Cet examen du secteur financier survient au moment où Pékin tente de remédier à la dépendance de l’économie chinoise à l’égard de gigantesques projets de construction financés par la dette et responsables des turbulences dans le secteur immobilier. En élargissant le champ de ses offensives dans l’économie, M. Xi risque cependant d’initier une dynamique susceptible de porter fortement préjudice à la croissance dans les mois à venir.

Face aux incertitudes, de nombreuses banques se retirent déjà du crédit aux promoteurs et autres acteurs privés, observent des analystes.

« Dans un environnement incertain, la seule réaction que vous pouvez avoir est d’arrêter ce que vous êtes en train de faire », note Michael Pettis, professeur de finance à l’université de Pékin. Un ralentissement de l’activité économique dans le secteur privé – depuis les géants technologiques, préoccupés par le climat réglementaire, jusqu’aux promoteurs privés n’ayant plus accès au crédit bancaire – crée cependant un dilemme pour Pékin. « Sans ses « mauvais prêts », l’objectif de croissance ne pourra pas être atteint », souligne M. Pettis.

Le gouvernement pourrait donc être contraint de recourir aux vieilles méthodes de relance consistant à accroître les prêts publics aux investissements en infrastructures, aggravant au passage les déséquilibres au détriment du crédit privé que l’exécutif s’est engagé à corriger.

L’objectif de M. Xi, selon certains représentants de l’Etat, est de veiller à ce que le parti ait le contrôle total des moteurs économiques du pays, en empêchant le secteur financier de passer aux mains de grandes entreprises privées et d’autres acteurs de poids menaçant l’influence de l’Etat.

Les modalités des enquêtes anticorruption sont souvent obscures. Durant ses premières années au pouvoir, M. Xi avait engagé une vaste campagne visant à la fois à assainir un parti miné par la corruption, et à faire tomber ou à écarter des figures politiques rivales pour garder la haute main sur le pouvoir.

En Chine, le secteur financier est connu pour être la base sur laquelle le vice-président Wang Qishan a assis son pouvoir, s’étant fait un nom dans les années 1990 lorsqu’il était à la tête de China Construction Bank, avant d’installer, des années durant, des proches à des postes stratégiques au sein d’établissements soutenus par l’Etat, tels que China Construction Bank.

Les prêts des banques publiques au promoteur en difficulté Evergrande, en particulier, feront également l’objet d’un examen. Autrefois admiré, Evergrande, qui cumule plus de 300 milliards de dollars de dettes, pourrait être à l’origine de l’un des plus importants défauts de paiement en Chine

Agissant comme responsable de la lutte anticorruption de M. Xi au cours du premier mandat de ce dernier, M. Wang avait largement maintenu le secteur financier à l’écart des enquêtes ciblant d’autres secteurs de l’économie. Les risques financiers se sont toutefois accumulés, en partie à cause du dynamisme de l’activité de crédit des banques publiques à l’égard de grandes entreprises avec lesquelles elles entretiennent des relations étroites.

L’influence politique de M. Wang a diminué ces derniers mois. Un conseiller de longue date a été accusé en août d’avoir accepté plus de 71 millions de dollars de pots-de-vin. M. Wang a été en relation avec certaines des sociétés financières aujourd’hui dans le viseur des autorités, selon des sources bien informées de la campagne d’inspections.

China Construction Bank, par exemple, a contribué au financement des acquisitions à l’étranger du conglomérat HNA Group. HNA, dont le président Chen Feng est un ancien conseiller de M. Wang, s’est déclaré en faillite l’an dernier, croulant sous le poids de sa dette. HNA a révélé fin septembre que M. Chen avait été détenu pour soupçon d’infractions pénales.

Les prêts accordés par China Construction Bank à HNA devraient faire partie des activités examinées dans le cadre de la campagne d’inspections, selon nos sources.

Les prêts des banques publiques au promoteur en difficulté Evergrande, en particulier, feront également l’objet d’un examen, ont indiqué les sources. Autrefois admiré, Evergrande, qui cumule plus de 300 milliards de dollars de dettes, pourrait être à l’origine de l’un des plus importants défauts de paiement en Chine.

L’un de ses principaux créanciers est le conglomérat financier Citic Group, qui est aujourd’hui dans le collimateur des autorités. Citic, fondé à la fin des années 1970 afin de tester le capitalisme par Rong Yiren, le plus célèbre « capitaliste rouge » de Chine, a développé au fil des années ce qui s’apparente le plus dans le pays à une culture « façon Wall Street ».

Ses banquiers prennent des risques que rejettent certains prêteurs classiques, allant jusqu’à créer des fonds d’investissement pour des entreprises comme Evergrande. Ainsi, lorsque le promoteur a eu besoin d’argent pour financer des projets en 2015, Citic s’est engagé à lui apporter 3 milliards de dollars, selon des sources proches du dossier. Citic a ensuite structuré les fonds en produits d’investissement vendus à des petits porteurs, leur promettant un taux de rendement élevé financé par les remboursements de prêts d’Evergrande. Un défaut de paiement du promoteur menacerait les capitaux de ces investisseurs.

Ces dernières années, malgré les avertissements répétés de Pékin à l’encontre du crédit immobilier, Citic a apporté plus de 10 milliards de dollars à Evergrande, selon des sources proches de la banque.

Xie Hongru, ancien directeur de Citic Bank à Canton, ville du sud du pays proche de Shenzhen, où est basé Evergrande, fait l’objet d’une enquête de la part des autorités disciplinaires du parti depuis le mois dernier, selon l’agence anticorruption. M. Xie a dirigé la succursale de 2015 à 2018, période durant laquelle Citic a augmenté ses financements à destination d’Evergrande. La campagne d’inspections du secteur financier inclura un examen élargi des pratiques de crédit de Citic.

Fin septembre, Fang Heying, directeur financier de Citic Bank et représentant le plus élevé du parti au sein de la banque, a annoncé à des investisseurs que celle-ci avait pris des mesures pour réduire son exposition globale à Evergrande, et mis de côté des fonds pour faire face à des pertes potentielles sur le promoteur.

D’autres grands créanciers publics d’Evergrande, dont la banque détenue par le conglomérat China Everbright Group et Agricultural Bank of China, l’une des quatre premières banques du pays, font également l’objet d’un examen dans le cadre des inspections financières, ont précisé les sources proches du dossier.

Les inspecteurs s’intéresseront aussi à la manière dont un petit cercle de fonds d’Etat, dont le fonds souverain China Investment Corp. (CIC), et ceux que dirigent de grandes banques et compagnies d’assurance, ont fini par investir dans des entreprises privées aujourd’hui au cœur de l’offensive de M. Xi contre les groupes technologiques, selon nos sources.

« Ces investissements représentent-ils l’intérêt de l’Etat, ou ceux de quelques individus, s’interroge l’une de ces sources. C’est une question clé. »

CIC, dont la tâche est de chercher à conclure des transactions en dehors de Chine, a investi dans Ant Group, la fintech en difficulté fondée par Jack Ma, et dans Didi Global, l’entreprise de VTC qui fait l’objet d’une enquête de cybersécurité après son introduction en Bourse à New York fin juin.

CIC, qui détient environ 1 000 milliards de dollars d’actifs, a établi un bureau pour collaborer avec les inspecteurs, lesquels devraient se rendre à son siège à Pékin cette semaine, selon des sources proches de l’entreprise. « Les gens sont inquiets », a indiqué l’une de ces sources.

China Life Insurance, l’une des plus grandes compagnies d’assurance du pays, compte également des investissements dans Ant et Didi. En 2016, l’assureur a investi environ 600 millions de dollars dans Didi au moment où le groupe se livrait à une concurrence acharnée contre Uber Technologies – une bataille que le chinois avait finalement gagnée.

Pour Ant, le fait d’avoir à ses côtés des groupes publics de cette envergure avait été un avantage pour franchir les différentes étapes de l’examen par les autorités réglementaires de sa demande d’introduction en Bourse à l’été 2020, comme l’a déjà rapporté le Wall Street Journal. Ces investisseurs publics, compte tenu de leurs moyens financiers et de leurs relations politiques, ont aussi facilité le développement rapide de Didi au cours des dernières années, selon des sources proches de l’entreprise.

Des régulateurs, y compris la banque centrale chinoise et les organes de surveillance du secteur bancaire, de l’assurance et des marchés financiers, se retrouvent aussi dans la ligne de mire des autorités, qui cherchent à savoir s’ils auraient pu commettre des négligences ou entretenir une trop grande proximité avec les acteurs du secteur qu’ils étaient censés réglementer, selon les sources proches du dossier.

Pour M. Xi et la Chine, un examen de cette ampleur présente le risque de compliquer encore davantage l’accès au système financier de petites sociétés privées qui peinent déjà à trouver des financements.

La dernière enquête décidée par M. Xi à l’encontre du secteur financier remonte au krach boursier de 2015, le président chinois ayant alors déployé des responsables de la sécurité publique dans les bureaux des autorités des marchés financiers et des courtiers soutenus par l’Etat pour déterminer si les régulateurs avaient cherché, en association avec les entreprises concernées, à déclencher la chute des cours dans le cadre d’un « coup financier » visant à déstabiliser l’économie chinoise et M. Xi.

Cette enquête avait abouti à l’incarcération de quelques responsables réglementaires, banquiers et investisseurs accusés de délit d’initié. Elle avait également conduit Pékin à bloquer certaines mesures attendues de longue date, telles que celles visant à faciliter la vente d’actions par des entreprises privées.

(Traduit à partir de la version originale en anglais par Anne Montanaro)

Traduit à partir de la version originale en anglais

Economie-Finances-La déconnexion entre économie réelle et marchés financiers

Economie-Finances-La déconnexion entre économie réelle et marchés financiers

 

Vice-président pendant sept ans du New York Stock Exchange, Georges Ugeux s’alarme de la déconnexion entre économie réelle et marchés financiers ( dans l’Opinion)

 

 

 

La Bourse américaine a battu tous ses records en pleine pandémie, et accru les inégalités. Wall Street à l’assaut de la démocratie, s’alarme Georges Ugeux, dans un ouvrage en librairie ce mercredi. Ce grand connaisseur du marché américain enseigne la finance internationale à la Columbia University School of Law.

Comment Wall Street est-elle devenue trop puissante ?

Wall Street vit sur une idéologie qui s’est organisée en fonction de l’intérêt d’une partie de la population et avec l’accord et le soutien des autorités. Depuis le début de la pandémie, les marchés financiers ont littéralement explosé car une bonne partie de l’argent destiné à soutenir l’économie s’est retrouvée en Bourse. Les capitaux injectés ont été excessifs, ils ont été mis trop rapidement dans le système. Les investisseurs ont considéré que le meilleur moyen de gagner de l’argent, c’était de le placer en actions. Tout cela remonte à la crise financière précédente. Les banques centrales avaient un objectif macroéconomique, mais le résultat net de leur action a été d’enrichir les actionnaires. Depuis l’éclatement de la bulle des subprimes, Wall Street a bondi de 400 %.

Qu’est ce qui pourrait remettre en cause le culte de l’actionnariat que vous dénoncez ?

L’Europe doit comprendre que cette mentalité ne correspond pas à son système de valeur. Or, le capitalisme financier, à l’américaine, s’est imposé à travers le monde. La politique de la planche à billets est pratiquée par toutes les grandes banques centrales. Et, comme les Etats-Unis, l’Europe a déformé sa fiscalité dans un sens qui profite aux entreprises et à leurs actionnaires. Depuis maintenant vingt ans, le taux effectif de l’impôt sur les sociétés a pratiquement diminué de moitié. Le profit net distribuable aux actionnaires a augmenté d’autant. Ce sont pour l’essentiel les taxations des salaires et la consommation des particuliers qui financent le budget de l’Etat. Aux Etats-Unis, l’impôt sur les sociétés représente 6,8 % seulement des recettes fédérales. C’est environ 8 % en France, alors que la TVA représente en moyenne 50 % des recettes fiscales des pays de l’OCDE. Tout cela crée une situation totalement déséquilibrée dans laquelle les banques centrales soutiennent les emprunteurs mais pas les épargnants, et les gouvernements soutiennent les entreprises et pas nécessairement l’emploi.

« La Bourse traite en général à 15 fois les bénéfices, c’est 35 fois aujourd’hui et ça fait deux ans que ça dure. Il y a trop d’argent dans le système »

Aux Etats-Unis, tout incite à faire venir l’épargnant en Bourse. C’est le cas des plateformes de trading, par exemple. Difficile de revenir en arrière…

Les plateformes de trading ne me dérangent pas. Il faut simplement s’assurer que la réglementation est correctement appliquée. Le véritable problème c’est le système très « cadenassé » des marchés financiers. Prenez les rachats d’actions : lors de ces opérations, le cours des actions augmente arithmétiquement. C’est une bonne affaire pour l’actionnaire, mais l’entreprise perd une partie de sa substance et de sa possibilité d’investir. Or, on ne lui impose pas de justifier ses rachats. Parfois, la rémunération des dirigeants et les stock-options sont indexées au cours de Bourse plutôt qu’à la performance de l’entreprise, tout le monde a intérêt à faire bouger l’action. Sans oublier la faible taxation des plus-values… Tout se tient.

Mais Wall Street est aussi un formidable moteur d’innovation, qui permet à des « jeunes pousses » déficitaires de se financer…

Je n’attaque pas Wall Street en tant que marché boursier, mais le système qui l’environne. Nous sommes arrivés à un niveau de tension insoutenable entre le capital et le travail. On ne reproche pas à une entreprise de mettre des gens au chômage, mais on va lui reprocher de réduire son dividende.

Un capitalisme social et solidaire est-il réellement possible aux Etats-Unis ?

La question est enfin posée. Joe Biden a clairement dit qu’il ne voulait pas d’un capitalisme qui fonctionne uniquement pour les actionnaires. Les choses bougent fiscalement au G20 avec le principe d’une taxation des Gafa et la mise en place d’un taux minimum d’impôt sur les sociétés de 15 %. Par ailleurs, sur le changement climatique et les sujets ESG (environnement, social et gouvernance), l’Europe force un débat qui vient du peuple et non d’en haut. Finalement, même si cela prend du temps, le citoyen à la possibilité d’influencer le cours des choses, mais il doit être éduqué.

Quel est le plus grand risque aujourd’hui ?

Sur le plan du risque de marché, Wall Street est grossièrement surévaluée, ce qui va devoir se corriger. La Bourse traite en général à 15 fois les bénéfices, c’est 35 fois aujourd’hui et ça fait deux ans que ça dure. Il y a trop d’argent dans le système. Sur le fond, on ne résoudra pas la question des retraites et de la transition énergétique sans la contribution des marchés financiers. Mais les entreprises doivent revoir la manière dont elles communiquent leur stratégie d’investissement et de croissance à long terme, en se détachant en partie de leur performance trimestrielle. Les actionnaires viennent de vivre des années de gloire, il faut rééquilibrer le système.

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