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Le réseau X (ex twitter) dans la tourmente financière

Le réseau X (ex twitter) dans la tourmente financière

 

Du fait de l’attitude de son nouveau propriétaire le réseau X (ex Twitter) se révèle une véritable catastrophe financière. Le milliardaire Elon Musk est en effet en train de payer son cocktail de provocations, de fausses informations et de politiques en faveur de Trump. Or la rentabilité s’écroule complètement alors que le prix d’achat du réseau s’est effectué avec un emprunt de 44 milliards.

 

Et l’entreprise a perdu la moitié de sa valeur du fait de la défection surtout des publicitaires; exemple, celui de Jack Dorsey, le cofondateur de Twitter, qui a investi 1 milliard d’euros : la valeur de sa participation, en 2024, est estimée à 280 millions de dollars. Ce dernier avait déjà exprimé des regrets après le rachat, par le patron de Tesla, du réseau social. «Elon Musk n’aurait jamais dû acheter Twitter, tout est allé de travers depuis», avait-il déclaré en mai 2023, moins d’un an après le rachat de la plateforme.

Le prince saoudien Alwaleed bin Talal a investi, lui, 1,89 milliard de dollars. La valeur de sa participation est aujourd’hui évaluée à seulement 280 millions de dollars. Le plus gros perdant restant Elon Musk lui-même. Le magnat de la tech a investi un total de 33,5 milliards de dollars. Or, la valeur de ce qu’il détient dans sa plateforme est aujourd’hui évaluée à 9,38 milliards de dollars.

 

Finances-Budget 2025 : une bombe financière, politique, juridique et sociale

 

 

Si la loi de finances, la mère des lois dans le jargon politique, occupe traditionnellement l’essentiel du calendrier parlementaire automnal, son élaboration par le gouvernement débute dès le début de l’année précédente. En 2024, le lancement de la phase dite administrative de l’élaboration du projet de loi de finances pour 2025 (du 5 février au 15 mai) a été marqué par une dégradation inattendue du déficit public 2023 à 5,5 % du PIB contre 4,9 % prévu et par une révision à la baisse de la croissance de 2024. Pour y faire face, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a annoncé une coupe dans les dépenses publiques de 20 milliards sur l’exercice 2024. Simultanément, le 10 février 2024, une réforme du Pacte de stabilité et de croissance qui discipline les comptes publics des États membres de l’UE a été décidée à Bruxelles pour une application dès le 1er janvier 2025. Les pays « cigales », comme la France, c’est-à-dire ceux dont le déficit public dépasse les 3 % disposent désormais d’une période d’ajustement de quatre ans (qui peut être étendue à 7 ans sous certaines conditions draconiennes) pour ramener leurs comptes publics sur une trajectoire budgétaire jugée « soutenable ». C’est pourquoi dans son programme de stabilité présenté le 17 avril dernier la France s’engageait auprès de la Commission européenne à ramener son déficit à 5,1 % en 2024 puis à 4,1 % en 2025 pour revenir sous le seuil fatidique des 3 % en 2027. En conséquence, Bercy doit trouver 25 milliards d’économies sur l’ensemble des comptes publics en 2024, puis 20 milliards supplémentaires en 2025. Par le passé, cet effort n’a jamais été atteint

 

par 

Professeur et directeur du Mastère Spécialisé Patrimoine et Immobilier, Kedge Business School dans the Conversation 

Dans ce contexte financier déjà très tendu, le séisme politique provoqué par la dissolution de l’Assemblée nationale et les résultats des élections législatives du 7 juillet a créé une tripartition inédite de la chambre basse sans aucune majorité de gouvernement possible. Le budget d’un État n’étant pas qu’une simple affaire de chiffres, mais un sujet éminemment politique, le choc des législatives a créé un flottement au sein de la direction du budget de Bercy.

Il en a résulté que les fameuses lettres plafonds qui fixent le volume des crédits, ministère par ministère, n’ont été envoyées que le mardi 20 août par le Premier ministre, Gabriel Attal, sous la forme d’un gel en valeur nominale de l’ensemble des dépenses de l’État en 2025 à 492 milliards d’euros, comme en 2024. Cela correspond, sur la base d’une inflation anticipée à 2 % en 2025 à environ 10 milliards d’économies puisque les recettes fiscales suivent, elles, à peu près l’inflation.

Même réduit à expédier les affaires courantes, le ministre chargé des finances est toujours tenu de préparer le projet de loi de finances dans un délai strict. L’article 39 de la Constitution de 1958 et la loi organique relative aux lois de finances de 2001 fixent ainsi au mardi 1er octobre la date limite du dépôt du projet de loi gouvernemental sur le bureau de l’Assemblée nationale, soit quelques jours seulement après la publication du plan budgétaire et structurel national de moyen terme détaillant les réformes que doit engager la France pour respecter la procédure officielle de déficit excessif enclenchée le 26 juillet 2024 par le Conseil de l’Union européenne.

Selon le principe fiscal cardinal de toute démocratie, gravé dans le marbre national par l’article 13 de la Déclaration des droits du 26 août 1789, seule la représentation nationale peut consentir à lever l’impôt. Jusqu’à présent, le Gouvernement proposait au Parlement un texte qui constituait une solide base de travail jamais remis en cause dans son principe par l’Assemblée nationale. Les députés usaient bien de leur droit d’amendement reconnu à l’article 47 de la loi organique relative aux lois de finances mais marginalement.

D’autant que le Gouvernement, s’il ne souhaitait pas s’en remettre à « la sagesse du Parlement » selon l’expression consacrée pour accepter certains amendements, disposait (et dispose toujours) dans le cadre du parlementarisme rationalisé qui caractérise notre Constitution de deux puissantes armes. L’article 40 interdit de voter des amendements qui réduisent les recettes ou augmentent les dépenses publiques et le célèbre article 49.3 permet à un gouvernement minoritaire comme le fut celui d’Élisabeth Borne en 2022 et 2023 de faire adopter une loi de finances aussi longtemps que les oppositions coalisées ne votent pas la censure.

La tripartition de la nouvelle Assemblée et l’incompatibilité absolue des programmes budgétaires des trois grands blocs étant avérée, un consensus budgétaire et fiscal est hautement improbable d’autant que la gouvernance de la commission des finances, le centre névralgique de la discussion budgétaire, a été chamboulée. Non par la reconduction d’Éric Coquerel (LFI) à la présidence de la commission des Finances, poste symbolique et explicitement réservé à une figure de l’opposition par le règlement de l’Assemblée mais bien par l’élection, au bénéfice de l’âge, de Charles de Courson(LIOT) opposant notoire à la réforme des retraites, au poste hautement stratégique de rapporteur de la Commission des finances.

Dans ces conditions, on voit mal comment le Parlement pourrait s’accorder sur un texte dans le délai de 70 jours fixé par l’article 47 de la Constitution au Parlement pour statuer sur le projet de loi de finances : 40 jours à l’Assemblée en première lecture, 20 jours au Sénat puis 10 jours pour que la navette parlementaire tente un accord entre les deux chambres, le dernier mot revenant toujours aux députés en cas de non-conciliation.

Sans loi de finances votée avant le 1er janvier, les impositions en tout genre ne peuvent, en principe, pas être levées en principe et le fonctionnement de l’État se retrouverait au point mort. Certes, la Ve République a connu deux épisodes similaires depuis sa création mais le fait majoritaire a rapidement réglé le problème. En 1962, après la dissolution décidée par le général de Gaulle le 9 octobre, les législatives de novembre avaient retardé l’examen du texte mais la majorité présidentielle ayant été reconduite le Gouvernement avait temporisé via des décrets de répartition des crédits et un crédit d’avance que nul à l’époque n’avait contestés.

En 1979 le Conseil constitutionnel avait annulé purement et simplement, le 24 décembre, la loi de finances pour 1980 pour non-respect de la procédure parlementaire. Dans la foulée, la majorité avait pu adopter une loi autorisant le Gouvernement à continuer à percevoir en 1980 les taxes et impôts existants, validée in extremis par le Conseil le 30 décembre.

Si le Parlement ne s’est pas prononcé dans les temps, l’article 47-3 de la Constitution prévoit que les dispositions du projet de loi de finances peuvent être mises en vigueur par ordonnance, ce qui nécessite toutefois une autorisation parlementaire et ne résout pas le problème d’un parlement récalcitrant. Au demeurant cet article ne règle pas le cas d’un rejet explicite du texte avec ou sans l’usage du 49.3. Devant le blocage, il faudrait alors se référer à l’article 45 de la loi organique relative aux lois de finances. Mais, là encore, les solutions proposées à savoir un vote partiel de la première partie du texte (les recettes) ou un projet de loi spécial autorisant le Gouvernement à percevoir les impôts, exigent toujours un vote favorable du Parlement.

En cas d’impasse totale il ne resterait guère que l’utilisation par le président de la République des pleins pouvoirs de l’article 16 de la Constitution. À notre sens, il y serait même tenu puisque l’article 5 lui confie la tâche d’assurer la continuité de l’État. Certes, l’article 16 concocté en 1962 en cas de conflit armé ou d’insurrection s’inscrivait dans le contexte de la guerre d’Algérie mais les conditions de son utilisation seraient aujourd’hui réunies puisqu’elles nécessitent cumulativement le non-respect des traités internationaux (ici les engagements budgétaires européens du pays) et l’interruption du fonctionnement régulier des pouvoirs publics.

La jurisprudence du Conseil constitutionnel, dans sa décision du 30 décembre 1979 précitée, y semble d’ailleurs favorable puisqu’il précisait : « qu’il appartient au Gouvernement et au Parlement dans leurs sphères de compétences respectives de prendre toutes mesures d’ordre financier nécessaires pour assurer la continuité de la vie nationale… en ce qui concerne tant les ressources que la répartition des crédits et des autorisations relatifs aux services votés ».

Les services votés représentant, aux termes mêmes de l’article 45 de la loi organique relative aux lois de finances des montants qui ne peuvent pas excéder le montant des crédits de la loi de finances de l’année précédente, l’intervention du président aboutirait à… réduire le déficit et donc à respecter a minima les injonctions de Bruxelles. La continuité de l’État et de la nation serait donc temporairement assurée, les fonctionnaires toujours payés, mais la crise institutionnelle ne serait pas réglée pour autant…

Influence de la France–le pays affaibli par sa situation financière

Influence de la France en Europe –le pays affaibli par sa situation financière
par Maxime Lefebvre
Permanent Affiliate Professor, ESCP Business School dans The Conversation 

 

Les élections européennes n’ont pas été marquées, en France, par des enjeux véritablement européens. Emmanuel Macron a certes essayé, avec son deuxième discours de la Sorbonne, en avril, de focaliser le débat sur de nouvelles propositions de nature à relancer la construction européenne, mais celles-ci n’ont pas intéressé l’opinion. Cela n’est pas sans lien avec le fait que les Français sont, avec quelques autres nationalités (Chypriotes, Slovènes, Tchèques, Grecs), les plus défiants vis-à-vis de l’Union européenne, seulement 34 % d’entre eux ayant confiance dans l’UE, 54 % n’ayant pas confiance.

Les débats entre les têtes de liste des partis européens n’ont pas eu de prise en France, contrairement aux débats télévisés entre les têtes de liste françaises. Les candidats se sont affrontés sur des sujets (l’immigration, le pouvoir d’achat, l’écologie, le nucléaire, l’Ukraine, la Palestine) qui avaient une dimension européenne, mais ils se sont placés d’abord dans une perspective nationale, évoquant souvent l’Europe sur le mode du refus (en critiquant par exemple certaines mesures du « pacte vert », ou encore le marché européen de l’électricité, les accords de libre-échange et le pacte migratoire). Ces débats ont servi de prélude à la campagne, inattendue, des législatives.

Pendant ce temps, au niveau européen, l’élection a débouché sur une poussée contenue des forces nationalistes qui n’a pas empêché la relative stabilité de la coalition pro-européenne (malgré le recul des Verts et des centristes libéraux de « Renaissance »). Ursula von der Leyen a été reconduite à la tête de la Commission européenne, à une majorité plus large qu’en 2019, dans un casting qui fait davantage de place aux petits pays qu’aux grands (le Portugais Antonio Costa à la tête du Conseil européen et l’Estonienne Kaja Kallas comme Haute Représentante), ce qui pose la question du poids de la France dans le système européen.

Une marginalisation institutionnelle ?
La France, qui avait obtenu dans le paquet des nominations de 2019 la présidence de la Banque centrale européenne pour Christine Lagarde, la perdra en 2027 à l’issue de son mandat. La voix forte incarnée par Emmanuel Macron sur la scène européenne depuis 2017 se trouve affaiblie par ses déconvenues politiques internes et la perte de sa majorité relative à l’Assemblée nationale. Des ministres qui ont une expérience éprouvée à Bruxelles, comme Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, pourraient quitter la scène. Le commissaire français au Marché intérieur Thierry Breton a été renouvelé par le président français sans attendre l’avis du nouveau gouvernement, mais le processus de nomination de la nouvelle Commission n’est pas terminé.

Il est symbolique aussi que la France et l’Allemagne n’aient pas réussi, à l’occasion du Conseil européen tenu fin juin, à rouvrir la négociation de l’agenda stratégique européen, déjà approuvé au niveau technique, avant son adoption par les chefs d’État et de gouvernement. Ces demandes de renégociation à la dernière minute sont toujours malvenues et hasardeuses, mais cela montre que Paris et Berlin (qui représentent ensemble le tiers de la population de l’Union et près de la moitié du PIB de la zone euro) ont perdu une certaine capacité de leadership au sein d’une Union pilotée par son système institutionnel dans un cadre atlantique ressoudé par la guerre en Ukraine.

Au total, le sentiment se dégage qu’avec cette séquence électorale le lien s’est davantage défait entre la France et l’UE. Certes, l’influence d’un pays ne se mesure pas uniquement aux plus hauts postes occupés, mais la France, pays dominé par la culture de l’État souverain et centralisateur, a justement toujours un peu négligé l’influence dans les postes moins visibles, dans les cabinets des commissaires, dans l’administration européenne, ou au Parlement européen.
Au Parlement, plus de la moitié des sièges français sont occupés par des partis, à l’extrême gauche mais surtout à l’extrême droite, qui n’appartiennent pas à la coalition pro-européenne (conservateurs, libéraux, sociaux-démocrates, verts) et dont la capacité d’influence sur la négociation des textes et des législations sera limitée. Les deux plus importantes délégations nationales, pesant chacune une trentaine de députés (presque 5 % des sièges), sont la CDU/CSU allemande (un sixième des sièges du Parti populaire européen) et le Rassemblement national (40 % des effectifs du groupe des Patriotes pour l’Europe). Les Républicains (au PPE) et les Verts français, en plus des députés LFI et RN, n’ont pas voulu voter pour Mme von der Leyen, qui n’a été soutenue que par un tiers des députés français (centristes et socialistes).
Les partis conservateurs (PPE) sont déjà au pouvoir dans 11 États membres sur 27 et représentent donc ces pays au Conseil. Si la CDU/CSU, parti dont vient Mme von der Leyen, revenait au pouvoir en Allemagne lors des élections législatives de 2025, comme cela est prévisible, la France pourrait se retrouver dans un système largement influencé par les conservateurs allemands (à la Commission, au Conseil, comme au Parlement européen). Et il lui serait alors d’autant plus difficile de défendre des positions contraires à la politique européenne arrêtée à Bruxelles.

Or, et c’est un autre élément de préoccupation, les positions françaises apparaissent de plus en plus décalées par rapport au barycentre des positions européennes. Ce n’est pas complètement nouveau. La France s’est toujours caractérisée par des positions moins libérales, plus soucieuses de solidarité, porteuses d’une « Europe puissance » sur le plan de la politique étrangère et de la défense.

Jusqu’à un certain point, Emmanuel Macron a réussi à porter ces positions au niveau européen depuis 2017. Ses propositions sur la souveraineté européenne et l’autonomie stratégique se sont traduites par la montée en puissance d’une politique industrielle européenne et par l’adoption d’un plan de relance post-Covid ambitieux, proposé avec l’Allemagne, en 2020.

Le principal point d’achoppement est clairement aujourd’hui celui des finances publiques. Le taux d’endettement public de la France est passé de 60 à 110 % du PIB depuis l’avènement de la monnaie unique, alors que d’autres pays ont réussi à le stabiliser ou à le réduire. La France fait pire que l’Espagne et le Portugal et n’est plus devancée que par la Grèce et l’Italie.

Même si la révision du pacte de stabilité en 2024 (négociée sous influence française) donne une certaine latitude dans les trajectoires de retour à l’équilibre budgétaire, il est inévitable que des mesures rigoureuses soient prises, alors que la France détient déjà le record des prélèvements obligatoires. Paris n’est pas non plus dans une situation où il pourrait monnayer sa ratification d’un accord européen en obtenant, en contrepartie, des mesures ou des plans en faveur de la croissance, comme ce fut le cas en 1997 avec le gouvernement Jospin (pacte de stabilité et de croissance accompagnant le traité d’Amsterdam) et en 2012 avec l’équipe Hollande/Ayrault (pacte pour la croissance accompagnant le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance signé par Sarkozy).

Cette mauvaise posture budgétaire affaiblit nécessairement la crédibilité du discours européen de la France, notamment lorsqu’elle réclame de nouveaux emprunts européens pour des dépenses accrues en faveur de la défense ou des investissements publics, ou lorsqu’elle plaide pour une modification du mandat de la BCE en faveur de la croissance et de la transition écologique.

Dette: La note financière de la France dégradée ?

Dette: La note financière de la France dégradée ?

Deux raisons militent en faveur d’une dégradation de la nature financière de la France. D’une part le pays ne tient pas ses engagements en matière de réduction de dépenses et donc de déficit budgétaire. Mécaniquement la dette ne fait qu’augmenter faute de de ressources suffisantes la France doit emprunter et emprunter toujours davantage. En plus à des taux moins intéressants que précédemment.
Le deuxième facteur explicatif est celui de l’instabilité politique qui pourrait engendrer une instabilité économique. De quoi jouer sur le niveau de la croissance, l’emploi, le pouvoir d’achat et les ressources fiscales. Le moral des entreprises comme celui des ménages nettement en baisse rend compte à cet égard des inquiétudes pour la fin de l’année 2024 voire au-delà.Après deux dégradations en un an, la première par Fitch en avril 2023 et la deuxième par Standard & Poor’s (S&P) le 31 mai 2024, le risque d’un troisième abaissement de la note française à l’automne a considérablement augmenté depuis le résultat des élections législatives et le flou sur les choix de politique économique qui en découle.

France : la crise financière qui s’annonce

France : la crise financière qui s’annonce

 

Pour l’instant les médias, se focalisent sur la composition d’un nouveau gouvernement. Ce n’est évidemment pas l’enjeu principal. La question centrale est de savoir comment la France va échapper à la crise financière écartelée entre la promesse de la gauche de dépenser 50 à 100 milliards supplémentaires et la nécessité d’économiser de l’ordre de 21 milliards pour rentrer dans les clous européens et commencer à gérer sérieusement la dette. La question des financements, des déficits et de la dette n’est pas au cœur de la problématique des programmes. Elle reviendra pourtant au centre des préoccupations dès la rentrée avec le vote des budgets. Le  Fonds monétaire international (FMI) , après les critiques de la Cour des Comptes, presse ainsi la France, ce mardi, de mettre en ordre ses finances publiques.« Il est important de rassurer les marchés mais aussi de recréer des marges de manœuvre. Il ne s’agit pas simplement de faire plaisir aux investisseurs, mais de permettre de baisser la prime de risque et pouvoir engager des dépenses sur des nouveaux chantiers, que ce soit la défense ou le climat », a déclaré à l’AFP, le chef économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas.

Pour rappel, la prime de risque représente un surcoût intégré au taux d’emprunt de la France afin de financer sa dette, qui prend en compte le risque que les investisseurs estiment prendre en pariant sur des obligations à terme (OAT) françaises.

Le chef économiste du Fonds s’exprimait ce mardi à l’occasion de la présentation de la dernière actualisation de son rapport annuel sur l’économie mondiale (WEO), dans lequel il anticipe une croissance de 0,9% en 2024 pour la France, mieux que les 0,7% anticipé en avril dernier.

« Sans ajustement sérieux » de la trajectoire budgétaire, « il va être difficile d’atteindre les objectifs d’un retour du déficit à 3% du PIB pour 2027 », a ajouté Pierre-Olivier Gourinchas, rappelant que la France a été placée mi-juin en procédure de déficit excessif par la Commission européenne.« Le situation actuelle augmente l’incertitude économique, qui peut dériver du processus politique mais également d’une incertitude importante quant à la trajectoire budgétaire qui sera mise en place », a-t-il insisté.

Sur le plan politique, le problème c’est que la gauche a bien prévu un plan de dépenses supplémentaires mais a oublié d’en chiffrer le montant et les modalités. Les institutions financières et les agences de notation rappelleront à l’ordre la France d’ici la fin de l’année rendront alors encore plus illusoire les promesses électorales.

« Il est nécessaire de réduire cette incertitude et d’avoir un accord qui soit le plus large possible pour prendre en compte cette situation budgétaire. Il faut que l’on soit capable de disposer de marges pour faire face aux chocs futurs car elles sont aujourd’hui très faibles », a-t-il précisé.

Dans son rapport sur la situation des finances publiques présenté lundi 15 juillet, la Cour des comptes s’inquiète elle aussi de la gestion des comptes publics par le gouvernement. Les magistrats financiers s’interrogent notamment sur la trajectoire budgétaire de l’exécutif, détaillée en avril à la Commission européenne dans le programme de stabilité (« PSTAB »). Celle-ci repose sur « des hausses importantes » des prélèvements obligatoires supplémentairesà savoir « quelque 21 milliards d’euros » en cumul pour les années 2025 et 2026, a expliqué son premier président, Pierre Moscovici, devant la presse.

Précisément, selon le rapport, la trajectoire « intègre des mesures de hausses d’impôts d’ampleur, à hauteur de 15 milliards d’euros en 2025 et de 6,2 milliards d’euros en 2026, soit 21,2 milliards à cet horizon ». Le problème c’est que ces recettes supplémentaires ne sont nullement documentées sauf pour 4 milliards ; conclusion il manque 17 milliards

« Pour le reste (17 milliards, ndlr), on n’a aucun élément », relève Carine Camby, présidente de la première chambre de la Cour des comptes. « Ce n’est pas du tout documenté. Il n’y a absolument pas d’éléments précis pour dire à quoi ce serait dû », poursuit-elle.

Outre ce manque de réalisme, la juridiction financière administrative pointe l’épée de Damoclès qui repose au-dessus des comptes publics. « Les scénarios alternatifs testés par la Cour des comptes montrent que tout écart par rapport aux prévisions de croissance, de dépenses ou de recettes suffirait à faire dérailler la trajectoire et à manquer les cibles de déficit et de dette pour 2027 », prévient-elle.

 

Pour un nouveau modèle de gouvernance financière

Pour un nouveau modèle de gouvernance financière

 

Le spécialiste en gestion et finance publiques Michel Bouvier et l’expert-comptable Emmanuel Millard plaident, dans une tribune au « Monde », pour un nouveau modèle de gouvernance financière publique qui accompagnerait la nouvelle législature.

 

La maîtrise de l’évolution des dépenses publiques, de la dette publique, des déficits publics voire de la pression fiscale fait problème depuis des décennies. Et, malgré une sophistication croissante des outils de gestion, c’est un constat d’impuissance qui s’impose. Par ailleurs, cela fait trop longtemps que les mêmes solutions sont avancées. Depuis plus de quarante ans, les propositions qui se sont succédé sont récurrentes et relèvent soit du bricolage de dispositifs existants à bout de souffle, soit de discours idéologiques inlassablement répétés.Ces réponses se rattachent à un monde en train de disparaître. Il est donc maintenant crucial, afin d’être en mesure de réguler efficacement le système financier public, d’inventer un modèle de gouvernance adapté à une société fragile et en devenir constant.

Or, à peine élus ou nommés, les nouveaux gouvernants devront s’affronter à l’enjeu majeur de l’assainissement des finances publiques. Ils auront, en premier lieu, à les piloter, ce qui ne peut se limiter au budget de l’Etat comme beaucoup de nos contemporains semblent encore le croire. Les finances publiques sont bien plus complexes.

Il faut en effet rappeler que l’on est en présence de trois types d’acteurs, l’Etat, les collectivités locales, la Sécurité sociale (dont les dépenses sont de loin les plus élevées des trois). Plus encore, ces acteurs sont eux-mêmes liés à de multiples opérateurs ou « satellites » dont le mode de pilotage est encore très imparfait et très différent.

Si l’on y regarde de près, on est en présence d’un fourmillement d’institutions publiques et privées relevant toutes des politiques financières publiques. Ce serait une erreur que de les traiter isolément, car elles forment un ensemble au sein duquel les unes rétroagissent sur les autres. L’enjeu, difficile, est de les mettre en cohérence afin d’en réguler l’évolution. Il est donc impératif de cesser de les considérer comme des éléments indépendants les uns des autres, voire antagoniques. Il est primordial de rompre avec une conception cloisonnée de l’action publique.

La note financière de la France dégradée ?

La note financière de la France dégradée

Deux raisons militent en faveur d’une dégradation de la nature financière de la France. D’une part le pays ne tient pas ses engagements en matière de réduction de dépenses et donc de déficit budgétaire. Mécaniquement la dette ne fait qu’augmenter faute de de ressources suffisantes la France doit emprunter et emprunter toujours davantage. En plus à des taux moins intéressants que précédemment.Le deuxième facteur explicatif est celui de l’instabilité politique qui pourrait engendrer une instabilité économique. De quoi jouer sur le niveau de la croissance, l’emploi, le pouvoir d’achat et les ressources fiscales. Le moral des entreprises comme celui des ménages nettement en baisse rend compte à cet égard des inquiétudes pour la fin de l’année 2024 voire au-delà.

Après deux dégradations en un an, la première par Fitch en avril 2023 et la deuxième par Standard & Poor’s (S&P) le 31 mai 2024, le risque d’un troisième abaissement de la note française à l’automne a considérablement augmenté depuis le résultat des élections législatives et le flou sur les choix de politique économique qui en découle.

 

France: vers la faillite financière ?

France: vers  la faillite financière ?

 

Après plusieurs années de déni de réalité, Bruno Le Maire, puis Emmanuel Macron viennent de reconnaître que la situation des finances publiques françaises est catastrophique. En outre il faudra ajouter le coût des promesses politiques faites pendant les législatives. Un drame qui n’est pourtant pas nouveau et qui est même en grande partie le fruit de leurs erreurs stratégiques. Cela fait d’ailleurs de nombreux trimestres que j’alerte sur ces dangers, presque seul contre tous. Ce changement de ton de la part de Bercy et de l’Elysée pose une question fondamentale : Pourquoi un tel revirement aujourd’hui, alors qu’il y a encore quelques semaines, on nous assurait que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes ? 

par Marc Touati, président du cabinet ACDEFI et auteur de « RESET II – Bienvenue dans le monde d’après ».

Quels sont les arguments principaux qui ont justifié ce « retour sur terre » ? La stagnation économique, d’abord, qui se confirme et les indicateurs avancés de l’activité montrent que cette dernière va continuer de souffrir au moins jusqu’à l’été prochain. Après avoir déjà augmenté de 7,1 % à 7,6 % sur l’année 2023, le taux de chômage va donc encore s’aggraver. Dès lors, garder un discours excessivement euphorique tandis que de plus en plus de Français tombent la précarité ne pouvait plus tenir.

Alors qu’ils ont tous mené des efforts considérables pour éviter le dérapage de leurs finances publiques et de leur dette, les pays de l’Union européenne et en particulier ceux de la Zone Euro ne supportent plus que la France adopte un comportement inverse. Au troisième trimestre 2023, la dette publique française a d’ailleurs encore explosé pour atteindre un triste record historique. En l’occurrence, 3 088,25 milliards d’euros, soit 111,7 % du PIB.

Depuis deux trimestres, la France est ainsi entrée dans le top 3 des pays ayant les ratios dette publique/PIB les plus élevés de l’Union européenne, derrière la Grèce (165,5 %) et l’Italie (140,6 %) et devant l’Espagne (109,8 %), la Belgique (108,0 %) et le Portugal (107,5 %), des pays qui étaient pourtant loin devant nous pendant des décennies. À titre de comparaison, il faut savoir que, sur les 27 pays de l’Union européenne, 16 pays affichent un ratio dette publique/PIB inférieur à 65 %, et même inférieur à 60 % pour 14 d’entre eux. Citons par exemple, l’Allemagne (64,8 %), les Pays-Bas (45,9 %), la République tchèque (44,5 %), l’Irlande (43,6 %), ou encore et l’Estonie (18,2 %).

Autrement dit, l’explosion de la dette publique n’est pas une fatalité, y compris face à la pandémie, à la guerre en Ukraine et à l’inflation. De nombreux membres de l’Union ont effectivement réussi à limiter les dégâts, en dépit de la crise sanitaire, de la récession qui en a suivi, ou encore de la forte inflation des années 2021-2023. De quoi rappeler que la stratégie du « quoi qu’il en coûte » est certes favorable pour gagner du temps et masquer les problèmes, mais qu’elle constitue aussi un échec cuisant pour les pays qui l’ont mise en pratique, et en particulier notre « douce France ».

Encore plus troublant et plus préoccupant, depuis 2020, la France est devenue le premier contributeur de la dette publique de l’ensemble de la Zone Euro, une place qu’elle ne cesse de conforter. Comme viennent de le confirmer les statistiques harmonisées d’Eurostat : au troisième trimestre 2023, la part de la dette publique française dans celle de l’UEM est ainsi de 24,3 %, contre 22,4 % pour l’ancien numéro un, qui est donc devenu numéro 2, en l’occurrence l’Italie et 20,7 % pour l’Allemagne. Le plus triste est qu’en 2000, ces poids dans la dette publique totale de la Zone Euro étaient de 27,8 % pour l’Italie, 25,9 % pour l’Allemagne et 17,5 % pour la France. En 2010, ils étaient de respectivement 24,6 %, 23,7 % et 21,7 %.

Autrement dit, pendant que les Allemands et les Italiens ont réduit notablement leur contribution à l’augmentation de la dette publique de la Zone Euro, la France a fait le chemin inverse. En devenant le premier « fournisseur » de dette publique de l’UEM, elle s’est automatiquement fragilisée tant d’un point de vue économique que politique, tout en perdant fortement en crédibilité. Comment la France pourrait effectivement donner des leçons de bonne gestion économique et financière, alors que c’est elle qui tire le plus la dette publique eurolandaise vers le haut, affaiblissant par là même l’ensemble de l’UEM ?

En outre, depuis que la BCE a arrêté sa « planche à billets » démentielle, la France et ses partenaires de la Zone Euro ont subi une forte augmentation des taux d’intérêt de leurs obligations d’État, qui n’est pas près de s’inverser. Mais, ne cherchons pas de bouc émissaire, si la France doit réduire ses déficits publics et sa dette, ce n’est pas pour faire plaisir à Bruxelles, c’est avant tout pour nos enfants et aussi pour nous-mêmes. Car, contrairement à ce que défendent certains, le coût de la dette ne sera pas seulement supporté par les générations à venir, mais il devient exorbitant dès aujourd’hui.

Bien loin des prévisions formulées par de trop nombreux prévisionnistes, les taux d’intérêt des obligations d’État ont fortement augmenté depuis trois ans et restent très élevés, ce qui alourdit le coût de la dette. Selon la loi de programmation des finances publiques, établie sur la base d’une croissance économique de 1,4 % et de taux d’intérêt modérés, la charge d’intérêts de la dette publique française avoisinera les 49 milliards d’euros en 2024 (après un niveau similaire en 2023), 57 milliards d’euros en 2025, 65,1 milliards d’euros en 2026 et 74,4 milliards d’euros en 2027.

Autrement dit, même selon les prévisions très optimistes de Bercy, la charge d’intérêts de la dette publique française atteindra la modique somme de 295 milliards d’euros sur cinq ans ! Et ce, après avoir déjà atteint 1 056,1 milliards d’euros de 2000 à 2022. Oui, vous ne rêvez pas : au moins 1 350 milliards d’euros uniquement pour payer les intérêts de la dette publique de 2000 à 2027. Et encore, si tout va bien, c’est-à-dire si les taux d’intérêt arrêtent d’augmenter. Ce qui est loin d’être assuré, en particulier si les finances publiques continuent de déraper.

D’où le changement de cap indispensable de MM. Macron et Le Maire, qui devient d’autant plus urgent que les agences de notations risquent, à juste titre, de dégrader la note de la France le 26 avril 2024 pour Moody’s et Fitch et le 31 mai 2024 pour Standard & Poor’s. Si tel est le cas, les taux d’intérêt de la dette publique française se tendront nettement, ce qui cassera encore davantage l’activité économique, donc accroîtra le chômage, les déficits et la dette, engageant la France dans un cercle pernicieux particulièrement dangereux.

Pire, de telles évolutions réactiveront la crise de la dette publique tant en France que dans l’ensemble de la Zone Euro. Cette dernière plongera alors dans une grave crise politique voire existentielle, ce qui ne manquera pas de provoquer une onde de choc mondiale… À force de jouer avec le feu, on finit forcément par se brûler…

Le risque de crise financière avec une politique économique incohérente

Le risque de crise financière avec  une politique économique incohérente

Emmanuel Roman, directeur général du premier fonds obligataire au monde (fonds auxquels empruntent notamment les Etats) : « Une politique économique qui n’a pas de sens est immédiatement punie par le marché ». Le directeur général de Pimco avertit, dans un entretien au « Monde », sur les risques d’une sanction des marchés en France alors que l’extrême droite est aux portes du pouvoir.

 

Emmanuel Roman est l’un des Français les plus haut placés de la finance mondiale. Cet ancien de Goldman Sachs est aujourd’hui basé en Californie, où il dirige, depuis 2016, Pimco, la plus grosse société de gestion spécialisée dans le marché obligataire au monde, avec 1 900 milliards de dollars (environ 1 777 milliards d’euros) d’encours (équivalent aux deux tiers du PIB français). Ce spécialiste des dettes mondiales avertit d’une possible sanction des marchés si le Rassemblement national (RN) arrivait au pouvoir. Il estime, par ailleurs, que la hausse très rapide de la dette aux Etats-Unis « n’est pas durable ».

En 2022, vous disiez au « Financial Times » votre inquiétude de « voir 43 % des Français voter pour un néofasciste ». Aujourd’hui, l’extrême droite est aux portes du pouvoir. En tant que patron de l’une des plus grosses sociétés de gestion au monde, comment voyez-vous ça ?


Nous assistons à une croissance des mouvements populistes dans le monde entier, en Amérique latine, aux Etats-Unis, avec une fracture totale du monde politique, en France aussi. D’un point de vue macroéconomique, les vrais problèmes en Europe sont le niveau élevé de la dette, et l’inflation. Donc, politique mise à part, le seul vrai sujet est de savoir quoi faire vis-à-vis de la dette publique : soit augmenter les taxes, soit couper les dépenses publiques. Pour avoir lu le programme du Rassemblement national et leurs vingt-deux points, je peux dire qu’il n’y a pas un seul élément de réponse aux vrais problèmes macroéconomiques.

L’arrivée du RN au pouvoir risquerait-elle de provoquer une crise de la dette française ?
Les marchés sont capables de regarder sur le plus long terme. Ils savent que l’Europe est passée par beaucoup de hauts et de bas et a pu gérer des situations compliquées, comme celle de la Grèce, par exemple. Cela dit, une politique économique qui n’a pas de sens est immédiatement punie par le marché.

 

Risque de mise sous tutelle financière de la France ?

Risque de mise sous tutelle financière de la France ?

 

 

,Le ministre de l’économie, Bruno le Maire, n’a pas tort d’indiquer que la France risque la mission tutelle financière à terme avec l’application de certains programmes électoraux. Certes lui-même a contribué à la fuite en avant de l’endettement de la France qui dépasse aujourd’hui 3000 milliards d’euros. Il y a encore quelques jours , il indiquait  qu’il était nécessaire de rechercher encore 10 milliards d’économies alors que dans les différents programmes on annonce surtout des dépenses supplémentaires sans ressources équivalentes.

On objectera cependant que le ministre n(est peut-être pas le mieux placé pour donner des leçons de rigueur ceci étend ses craintes ne sont pas sans pertinence

En cas de victoire du Rassemblement national ou du Nouveau Front populaire aux législatives des 30 juin et 7 juillet, la France risquerait d’être «mise sous tutelle» par la Commission européenne et le FMI, a prévenu ce mardi le ministre de l’Économie Bruno Le Maire.

Le pays connaîtra «une crise de la dette, si leurs programmes étaient intégralement appliqués», a déclaré Bruno Le Maire dans un entretien au journal Le Monde , fustigeant l’«insoutenable légèreté financière» des propositions du RN et du front rassemblant différentes forces de gauche, dont le PS et LFI.

 

En 2023, le déficit public avait dérapé à 5,5% du PIB, plus que prévu par le gouvernement, qui avait revu à la hausse sa prévision pour 2024, à 5,1% du PIB, espérant toutefois toujours le ramener sous le seuil de 3% en 2027. Sur la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par Emmanuel Macron à l’issue des élections européennes le 9 juin, Bruno Le Maire a déclaré ne pas en avoir été informé par le président. «C’est la décision d’un seul homme», a-t-il déclaré. Une manière claire de se positionner contre la décision du président.

Législatives :Macron agite la menace de la crise financière

 Législatives :Macron agite la menace de la crise financière

Lors de sa conférence de presse, le chef de l’État a ciblé les failles programmatiques et les incohérences des oppositions, alertant sur leurs répercussions concrètes dans la vie des Français.

 

Lors de sa récente conférence de presse, Macron  a clairement agité la menace de crise financière en France. Cela au motif que le RN prévoit 100 milliards d’euros de dépenses supplémentaires qui vont s’ajouter à une dette déjà abyssale. Les milieux internationaux vont forcément intégrer les incertitudes des nouvelles orientations françaises. Tout cela pour Macron va se traduire en hausse significative du coût des emprunts et donc de l’inflation. Autant dire une baisse du pouvoir d’achat pour les ménages comme pour les épargnants. peut-être que l’incertitude quant à l’évolution politique en France constitue le risque de déstabilisation financière le plus important pour le pays .

 

«Les taux d’intérêt augmentent, les marchés s’affolent, nos partenaires européens s’inquiètent», a alerté le Chef de l’État, après avoir rappelé que le programme du RN prévoit «100 milliards d’euros de dépenses supplémentaires» (un chiffrage qui avait été réalisé lors de la présidentielle 2022 par l’Institut Montaigne). Résultat, «le crédit va devenir plus cher. Les salariés, les retraités, les épargnants vont s’appauvrir», met en garde Emmanuel Macron. Et de répéter «si le RN arrivait au pouvoir que deviendraient vos retraites? Ils ne pourraient plus les payer. Que deviendraient vos prêts immobiliers? Les crédits vont flamber».

Le Chef de l’État a également rappelé que depuis son élection il a conduit une politique non pas seulement de stabilité fiscale, mais de baisse massive d’impôts. «Nous avons fait 30 milliards de baisses d’impôts sur les ménages et 30 milliards sur les particuliers» a-t-il rappelé, énumérant la suppression de la taxe d’habitation et de la redevance télé, la baisse de l’impôt sur les sociétés, le prélèvement forfaitaire unique à 30%, l’abaissement des tranches de l’impôt sur le revenu, etc. Pour autant, le taux de prélèvement obligatoire en France, à 48% du PIB selon Eurostat, reste le plus élevé de zone euro.

La France dégradée par Standard and Poor: une grave sanction financière

La France dégradée par Standard and Poor: une grave sanction financière

 

 La  note de la France a été abaissée par l’agence de notation S&P, de «AA» à «AA-» sanctionnant la «détérioration de la position budgétaire» du pays.  Une sanction relativement grave qui reflète la fuite en avant financière en matière de déficit budgétaire et de dette. La conséquence sera le renchérissement des taux d’intérêt et une poussée d’inflation qui va peser sur la compétitivité du pays et le pouvoir d’achat.

Pour se défendre assez péniblement, le ministère des finances affirme que cette sanction financière doit être relativisée puisque la France en a profité pour ré industrialiser et défendre l’emploi. Et de réaffirmer la prévision très hypothétique de 3 % de déficit en 2027. Malheureusement le coup de la dette augmentera d’autant plus avec cette dégradation.

À noter que Standard & Poor’s est l’agence de notation qui pèse le plus dans le monde

 

Le FMI de son côté noté la détérioration des comptes financiers et les chiffres hypothétiques prévus par le gouvernement. Dans sa dernière revue de l’économie française, le FMI indiquait que dans un scénario à politique inchangée, qui intègre uniquement « des mesures adoptées et clairement documentées », « le déficit public restera élevé à 5,3 % du PIB en 2024 et diminuera légèrement, à 4,5 % en 2027 ». Bien loin des objectifs du gouvernement d’un déficit de respectivement 5,1 % et 2,9 %.

Union européenne : un pacte de stabilité financière obsolète

Union européenne : un pacte de stabilité financière obsolète

Devenu obsolète parce que rarement respecté par nombre de pays, le pacte de stabilité européen doit être revu. Le Pacte de stabilité et de croissance (PSC) a été adopté par les pays de la zone euro en 1997, en vue de l’arrivée de la monnaie unique, l’euro, au 1er janvier 1999. L’objectif premier était le suivant : imposer aux pays de l’UE d’avoir, à terme, des budgets proches de l’équilibre ou excédentaires. En coulisse, le PSC était particulièrement poussé par l’Allemagne adepte de la rigueur budgétaire : celle-ci souhaitait éviter que les différentes économies de l’UE mènent des politiques budgétaires laxistes et donc risquées pour l’équilibre économique de la zone.

Ce pacte de stabilité reprenait des critères du traité de Maastricht (1992), fondateur de l’UE (composé à l’époque de seulement 12 membres) avec deux règles emblématiques : il impose aux États membre un déficit des administrations publiques limité à 3% du PIB national, et une dette plafonnée à 60% du PIB. En cas de non-respect des sanctions théoriques étaient prises à l’encontre des pays ne respectant pas les règles

Mais dans les faits, ces sanctions n’ont jamais été appliquées pour ne pas aggraver la situation des Etats en difficulté. Par exemple, l’Italie, qui l’année dernière a enregistré le déficit le plus élevé de la zone euro (7,5% de son PIB), n’a subi aucune sanction. Même traitement pour la France, aujourd’hui comptable d’une dette à 112,3% de son PIB, et qui a été en procédure de « déficit excessif » entre 2009 et 2018.

 

Comme solution alternative, les Etats en dehors des clous du Pacte sont censés proposer une trajectoire dite « corrective » sur plusieurs années, qui fait l’objet d’une négociation avec la Commission. Le problème c’est que cette trajectoire dite corrective est également peu respectée dans certains pays. La difficulté réside sans doute dans le fait de bien distinguer les dépassements financiers liés à des investissements structurels qui garantissent l’avenir et les dépenses de fonctionnement courantes  souvent incontrôlées.

 

La stabilité financière mondiale menacée par le risque cyber

 Dans son rapport sur la stabilité financière mondiale dont l’intégralité paraitra le 16 avril, le fonds monétaire international consacre un chapitre entier sur la manière dont la menace cyber peut affecter la finance mondiale. On sort vraiment de la simple perspective d’un rançongiciel qui bloque une banque. Il y a d’abord quelques ordres de grandeur à avoir en tête. Depuis 2020, les pertes directes (coût de rétablissement, amendes, rançons, pertes de chiffre d’affaires dû à la paralysie) cumulées d’incidents cyber se montent à 28 milliards de dollars. Et on ne parle même pas des pertes indirectes (perte de réputation, déclin du business, dépenses supplémentaires pour se protéger…). 20 % déjà des attaques cyber-affectent le secteur financier, dans l’ordre, les banques puis les assurances. Les services financiers auraient perdu 12 milliards d’USD depuis 2004, dont 2.5 milliards ces trois dernières années. Et pourtant aucune attaque n’a eu une ampleur systémique dans la finance. Cela ne va pas durer, dit le FMI, avec l’innovation technologique, la transformation digitale des banques qui augmente la surface d’attaque et qui font qu’une attaque du passé qui se reproduirait aujourd’hui provoquerait bien plus de dégâts. Le FMI cite à juste titre l’événement précurseur de la filiale américaine de la plus grande banque chinoise qui a été paralysée par un rançongiciel et qui a perturbé le marché de la dette américaine (qui heureusement ne dépendait pas que d’elle pour bien fonctionner).

 

par Par Charles Cuvelliez, Université de Bruxelles, Ecole Polytechnique de Bruxelles et Chief Information Security Officer (Belfius) et Jean-Jacques Quisquater, Université de Louvain, Ecole Polytechnique de Louvain et MIT.dans « la Tribune »

Le coût médian d’un incident cyber, tel que le calcule le FMI, est de 400.000 de dollars. Le 3e quartile de ce coût est de 2,8 millions de dolalrs, mais attention : la distribution des coûts dus à des cyberattaques est très déformée avec en cas de rançongiciels, des pics jusqu’à 12 millions de dollars. Certaines attaques ont même généré des pertes jusqu’à des centaines de millions de dollars.

Le cours de bourse diminue aussi en cas de cyber-incidents : ce n’est pas encore très fort, admet le FMI avec un recul de 0,1 à 0,2% en moyenne et parfois 0,3 à 0,6% pour les sociétés à plus petite capitalisation. Après un cyber-incident, le montant des dépôts a tendance à diminuer de 5% tant retail que wholesale sur plusieurs mois. Là, un vrai problème de liquidité se pose.

Le FMI note une prise de conscience qui s’envole sur le sujet cyber et c’est tant mieux. Tout le monde veut s’assurer contre le risque cyber et les banques centrales tout comme les régulateurs financiers voient la matérialité du risque cyber. Il était temps.

Comment se matérialise les pertes financières dues à un cyber-incident ? D’abord par une perte de confiance qui peut mener à un cyber run, un terme inspiré d’un bank run. L’idée d’une banque passoire aux données va amener ses clients à retirer leur argent. Comment avoir confiance ? Un problème de liquidité se posera immédiatement et une contamination au système financier. On l’a vu en 2023 avec les banques américaines qui tombèrent en faillite à cause d’un bank run qui s’est propagé et la panique des autorités américaines.

Un incident cyber qui paralyse ou perturbe une infrastructure financière non substituable, par exemple une entreprise qui opère les paiements pour plusieurs banques ou une chambre de compensation peut aussi tout paralyser. Autre effet en cascade possible : les risques liés à l’utilisation par trop d’institutions financières d’un même logiciel, vulnérable ou lorsque ces institutions sont trop interconnectées de sorte que tout déséquilibre provenant de l’un quand il est affecté par une cyberattaque provoque les mêmes déséquilibres chez les autres qui lui sont interconnectés (via le marché interbancaire).

Ensuite, n’oublions pas les attaques qui peuvent affecter les infrastructures dont a besoin le secteur financier : sans électricité, car le réseau est attaqué, une banque ou une infrastructure financière tombe à l’arrêt aussi ! Le FMI va même plus loin et imagine des institutions publiques paralysées par une attaque : imagions, dit-elle, l’agence de la dette paralysée par une attaque cyber, ce qui ne permet plus à l’État de se financer sans compter le rating de l’État qui va être très vite dégradé pour incapacité à gérer sa dette.

Pour pimenter ce portrait, ajoutons l’informatique quantique qui pourra briser tous les chiffrements d’aujourd’hui ou l’IA qui peut autant améliorer la détection de la fraude ou l’identification de certains risques à partir du bruit ambiant sur les marchés ou dans les opérations d’une banque que l’inverse, générer de la voix clonée, des vidéos parfaites de personnes qui n’ont pas demandées à y figurer.

Ajoutons-y une dose de Fintech qui sont digitales jusqu’au bout des ongles et qui peuvent occuper sans qu’on s’en rende compte une place niche systémique dans les systèmes financiers (pensons aux paiements on line). Ironiquement, le FMI vise aussi les banques centrales et leur côté apprenti-sorcier pour celles qui développent les monnaies de banque centrales numériques à partir des blockchains (ce ne sera pas le cas de l’e-euro, ouf). Les maitrisent-elles quand on sait tous les problèmes de hacking et de fraude qui agrémentent ces technologies ?

 Le FMI note aussi que des entreprises qui ont subitement et massivement introduit le teleworking pendant la pandémie se sont retrouvés avec plus de cyber incident que ceux qui en proposaient déjà avant. La raison : elles avaient déjà plus de gouvernance en place pour mitiger les risques cyber que pour se permettre du teleworking. Elles étaient plus matures. Ces sociétés avaient dans leurs organes dirigeants plus de gens au fait du cyber. Après un incident, les entreprises sont subitement plus motivées à investir dans le cyber. Même si prévenir c’est mieux que guérir, c’est déjà bien de vouloir guérir.

Le secteur financier hélas présente trois effets démultiplicateurs aux attaques cyber :

  • La concentration des banques et des institutions financières qui forment des nœuds très interconnectés sur un ou plusieurs services financiers comme les paiements, les règlements d’opérations sur titres, les dépositaires centraux de titres, les contreparties… Ce sont des activités tellement spécialisées que les institutions qui ont acquis une position incontournable deviennent aussi incontournables.
  • La dépendance à quelques fournisseurs IT systémiques, toujours les mêmes dont la panne serait catastrophique même s’ils offrent aujourd’hui plus de résilience aux banques. Mais il ne faut jamais dire jamais.
  • La contagion d’un problème rencontré par une institution aux autres institutions pourtant saines, du fait de la grande interconnexion entre institutions financières.

Pour le FMI, un pays est bien équipé pour faire face au risque cyber s’il s’octroie le pouvoir d’inspecter les fournisseurs IT concentrés du secteur financier. Il faut aussi imposer des cyber-stress tests au secteur, mais c’est encore peu répandu. Un pays vertueux devrait dresser la cartographie es connexions qui existent entre ses institutions financières.

Il devrait y avoir aussi bcp plus d’échanges d’informations dans le secteur financier, épaulés par les autorités du pays. Et il faut rapporter les incidents, la seule manière pour un pays pour monitorer les crises cyber.

Là où le FMI a raison, c’est que les efforts cyber des banques et leur investissement manque la « big picture » ; Tout le monde se protège lui-même, mais ne prend pas assez en compte les effets de réseau des cyber attaques pour se protéger d’autrui. Il manque d’un chef d’orchestre qui prépare la partition cyber et ensuite la joue. La diversité des méthodes de connexion, de logiciel pourrait aussi réduire le risque d’une chute en domino.

Dérive financière de la France : de fausses raisons

Initialement prévu  à 4,9% du PIB, et qui sera nettement plus élevé selon le gouvernement. L’écart devrait être important et pourrait grimper de 0,7 point à 5,6%, selon des estimations révélées par la presse la semaine dernière. Pour autant, atteindre ce niveau n’est pas encore certain, tout comme les autres données récupérées à Bercy, à savoir un déficit à 5,7% en 2024 (contre 4,4% actuellement prévu) et à 5,9% en 2025 (contre 3,7%). 

Il faudra beaucoup de talent au ministre des finances et de l’économie pour expliquer ces dérives. Beaucoup seront sans doute attribuées aux conséquences de la crise sanitaire du Covid, à la crise récente de l’énergie et à l’inflation générale dans le monde. Le ministre de l’économie s’efforcera cependant de démontrer que pour l’essentiel la hausse des dérives financières a un un caractère conjoncturel. Reste que la plupart des autres pays notamment de l’union européenne ont évolué dans le même environnement économique et financier sans pour autant tolérer de telles progressions des déficits et de l’endettement.

La problématique n’est pas simple pour le pouvoir qui a déjà annoncé des réductions théoriques de crédit à savoir 10 milliards maintenant et 30 milliards d’ici 2025 pour le budget. Or ces restrictions budgétaires risquent d’affecter un peu plus une croissance à peu près à plat en France. . Une politique financière nettement marquée par la rigueur pourrait encore peser négativement sur les perspectives de croissance et en même temps mécaniquement sur les perspectives de recettes fiscales. Bref, le contraire du cercle vertueux. Surtout quand on ne met pas sur la table la question centrale de la réforme de l’État et notamment de la dérive de la masse financière des fonctionnaires .

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