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Finances: l’alibi de l’analyse technique pour justifier la spéculation

Finances: l’alibi  de l’analyse technique pour  justifier la spéculation

 

L’économiste Amine El Bied met en évidence, dans une tribune au « Monde », des liens entre la Bourse et la mythologie grecque, plus précisément entre le rôle des tradeurs boursiers devant les anticipations et celui d’Œdipe face à l’oracle de Delphes.

Tribune.

 

La sagesse des Grecs et leur mythologie ont traversé les âges et sont parfois encore étonnamment actuelles. Ces mythes universels peuvent trouver des résonances même dans les domaines les plus inattendus. L’analyse technique boursière, méthode d’analyse basée sur l’étude des historiques de cours, est utilisée pour en prédire l’évolution.

Cette analyse se veut technique, comme son nom l’indique, avec ses représentations graphiques, qui permettent d’analyser les tendances, d’identifier les pics, les creux, les points d’inflexion, de retournements ou de rebonds. L’intérêt premier de l’analyse technique est qu’elle est très utilisée par les tradeurs. Les prédictions qui en sont tirées ont une influence sur le comportement des opérateurs, et donc sur l’évolution boursière.

En suivant en majorité les prédictions de l’analyse technique, en vendant ou achetant donc en fonction de ces résultats, les tradeurs favorisent par leur comportement une évolution de la Bourse conforme à ces prédictions. Si l’analyse technique leur indique par exemple la croissance d’un cours boursier, cela va les inciter à acheter l’action en question, ce qui va faire grimper son cours, selon la loi du marché de l’offre et de la demande.

A l’inverse, si on anticipe par l’analyse technique le renversement d’une tendance haussière, les tradeurs craignant une baisse de la valeur des titres détenus dans leur portefeuille vont se précipiter pour vendre ces titres, ce qui va faire chuter les cours. Ce n’est donc pas tant l’analyse technique qui permet de prédire une évolution boursière que la foi accordée à cette analyse qui va provoquer une réaction des opérateurs et entraîner une évolution boursière dans le sens qui a été anticipé.

Plus le nombre de tradeurs utilisant l’analyse technique et ayant foi dans ces résultats est élevé, plus l’influence de cette dernière sur l’évolution de la Bourse sera grande. On se souvient de la citation attribuée à Abraham Lincoln, célèbre seizième président des Etats-Unis : « Le moyen le plus fiable de prédire l’avenir est de le créer. » C’est ce que fait en fin de compte l’analyse technique, elle prédit l’évolution boursière en la créant. Elle est censée prédire l’évolution boursière, elle est en fait la cause qui fait réaliser la prédiction.

Mais quel rapport alors avec la mythologie grecque ? Ce lien avec le monde technique de la Bourse est possible si l’on se réfère à l’histoire d’Œdipe. Avant sa naissance, l’oracle de Delphes avait prédit à ses parents, le roi Laïos et la reine Jocaste, que le fils né de leur union, à son insu, tuerait son père et épouserait sa mère. Pour que l’oracle ne s’accomplisse pas, ils décident d’abandonner le nouveau-né, qui est accueilli et adopté par le roi et la reine de Corinthe, Polybe et Mérope. Œdipe grandit sans connaître ses vrais parents.

Finances publiques- Quelle soutenabilité de la dette

Finances publiques-Quelle soutenabilité de la dette 

 

Le nouvel outil de l’OFCE, Debtwatch, permet d’établir plusieurs scénarios qui tiennent compte d’une éventuelle remontée des taux d’intérêt. Par Xavier Timbeau, Sciences Po ; Elliot Aurissergues, Sciences Po et Éric Heyer, Sciences Po (dans la Tribune, extrait)

 

Des scénarios intéressants qui permettent  une approche méthodologique plus pointue de la dette et son évolution selon environnement. Reste cependant le problème central, le maintien de taux d’intérêt bas par les banques centrales qui viendraient s’opposer à la prise en compte par les marchés de l’inflation réelle . La question se pose est de savoir si les banques centrales peuvent maintenir des taux bas par exemple de 2 % si l’inflation était trois à quatre fois supérieures. NDLR

 

Le financement des mesures d’urgence face à la pandémie de la Covid-19 a conduit à élever le niveau de la dette publique en France à près de 120 % du PIB, soit près de 20 points de plus en un an. Cela effraie, mais il ne faut pas paniquer pour autant. Et pour ne pas paniquer, rien de tel qu’une approche raisonnée. C’est pourquoi nous proposons Debtwatch et une nouvelle approche de la soutenabilité de la dette.

La méthode est de simuler le plus grand nombre d’évolutions possibles de la dette publique, en jouant sur les hypothèses à la base de chaque simulation. Ces hypothèses peuvent s’appuyer sur des régularités du passé (la loi d’Okun, la courbe de Phillips, etc.) ou sur des a priori, fondés ou non. Elles peuvent quantifier des risques (plus ou moins de croissance) comme des engagements sur d’autres politiques (les politiques monétaires ou la croissance qui découlerait d’un plan d’innovation).

L’application Debtwatch est ainsi conçue pour faire fonctionner un modèle économique qui traduit ces hypothèses et utilise la puissance de calcul moderne pour mettre à la disposition de tous les moyens de raisonner sur les dettes publiques de 15 grands pays développés. Le but de tous ces calculs est de déterminer les efforts nécessaires pour atteindre une cible en un temps donné et de juger de l’acceptabilité des hausses d’impôt, des baisses de dépenses ou de l’évolution du chômage.

La modélisation, les simulations et les données historiques nous livrent aujourd’hui quelques enseignements :

D’abord, la dette publique est élevée dans beaucoup de pays, à des niveaux jamais atteints presque partout. Ce n’est pas une fatalité, puisque certains pays échappent à la dette, en particulier l’Allemagne. Mais si la dette est presque partout au plus haut, la charge d’intérêt est presque partout au plus bas. En France, il faut remonter à 1980 pour retrouver une charge d’intérêt aussi basse qu’aujourd’hui en % du PIB. En 1980, la dette publique était de 20 % du PIB ! Avant 1980, aussi loin que remontent les comptes nationaux publiés par la France (1949), la charge d’intérêt représentait en moyenne 1 point de PIB, pas très loin de l’étiage actuel.

La clef de ce mystère est la chute vertigineuse des taux d’intérêt amorcée avec le passage à l’euro, mais surtout conséquence de la baisse de l’inflation et du ralentissement progressif de la croissance économique depuis la fin du rattrapage économique de la France de l’après-guerre. Nous sommes passés d’une situation de croissance nominale forte (prix comme volume) à une période de croissance faible. Là où la dette coûtait cher mais restait soutenable en raison de la croissance, nous sommes maintenant dans une période de croissance faible, voire très faible, et donc de dette élevée mais dont la charge d’intérêt reste réduite.

On pourrait penser que c’est artificiel, et que les taux d’intérêt vont remonter, qu’ils sont très bas parce que la politique monétaire non conventionnelle de la Banque centrale européenne (BCE). Il y a du vrai, mais nous sommes aussi dans une période dans laquelle il existe peu d’actifs sûrs, la tentative de produire des actifs synthétiques appuyés sur les titres privés s’étant soldée par un échec aux proportions dantesques (la crise de 2008 peut d’ailleurs se résumer à ça) et le nombre de fournisseurs d’actifs sûrs publics se réduisant plutôt dans le monde.

L’euro, sa banque centrale, son droit supra-national, et la cohésion à peine forcée entre les États restent les piliers d’une stabilité que s’arrachent les fonds de pension de toute la planète. Ils doivent assurer le capital de leurs épargnants pour des périodes allant jusqu’à 40 ans ; et ils n’ont pas beaucoup de choix. En tout cas, leur besoin d’actifs – plusieurs fois le PIB mondial – laisse de la marge pour les passifs publics. Ainsi, les taux souverains sont bas et c’est un privilège exorbitant dont il ne faut pas se priver d’user.

Debtwatch nous permet de préciser tout cela : stabiliser la dette publique de la France au niveau actuel, en ramenant la part des dépenses publiques dans le PIB à ce qu’elles étaient en 2009, c’est-à-dire en effaçant toutes les traces du « quoiqu’il en coûte », tout en maintenant les taux souverains à un niveau très bas – prolongeant la situation de pénurie d’actifs sûrs – ne demande aucun ajustement particulier (c’est la simulation que vous pouvez reproduire et modifier en tapant « pgtgv » dans la barre de recherche de Debtwatch, un outil ouvert car le débat sur la dette publique doit être transparent et ouvert : le code de Debtwatch est donc librement accessible).

C’est acceptable socialement et possible économiquement. Si les taux souverains venaient à augmenter et s’établissaient à 3,6 points par an (contre 0,2 % par an aujourd’hui), la charge d’intérêt remonterait au cours des prochaines 30 années lentement, du fait d’une maturité plutôt longue de la dette publique française, mais resterait plus faible que le poids des intérêts d’avant l’euro (simulation « kxyor » sur Debtwatch). Il faut de la défiance des marchés financiers, et donc une crise profonde en zone euro, pour construire des scénarios plus durs.

Réduire la dette publique est en revanche très coûteux. Pour ramener la dette publique à la situation d’avant l’épidémie, il faudrait augmenter les impôts (ou réduire les dépenses) de plus de 3 points de PIB, un peu moins que la moitié de la TVA (« fsunl »).

Certes, au bout de quelques années, on pourra les réduire à nouveau (l’arithmétique de la dette est désagréable) mais l’effort apparaît conséquent. Et la protection contre une hausse de taux est assez faible, puisque, l’économie d’intérêts en cas de hausse des taux souverains à 3,6 points ne serait que de 0,6 point de PIB. C’est aujourd’hui 15 milliards d’euros, soit la moitié de la dépense publique pour la culture et les cultes. Ce n’est pas rien, mais c’est ce qu’il faut mettre en regard du coût correspondant.

Enfin, notons qu’un retour à 60 % du PIB de dépense publique demanderait du sang et des larmes ( « eqiot »).

Il nous prémunirait contre 1,8 point de PIB de charge d’intérêt en plus, soit un cinquième des sommes perçues au titre de l’impôt sur le revenu et la CSG. À vous de juger si cela en vaudrait la peine.

______

(*) Par Xavier Timbeau, Économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), Sciences Po ; Elliot Aurissergues ; Chargé d’étude à l’OFCE, Sciences Po et Éric Heyer, Directeur à l’OFCE, Sciences Po.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Xavier Timbeau, Elliot Aurissergues et Éric Heyer

Finances–Politique monétaire : la baisse du rachat d’actifs avant la baisse des taux

Finances–Politique monétaire  : la baisse du rachat d’actifs avant la baisse des taux

 

 

La banque centrale américaine donne le ton des orientation des institutions monétaires. Il n’est pas question pour l’instant de rompre brutalement avec la politique accommodante. On commencera par réduire le programme de rachat d’actifs et ce n’est sans doute que vers le milieu ou la fin de 2022 que la question de l’augmentation des taux sera clairement posée. Une politique qui devrait être suivie par les autres banques centrales y comprit la banque centrale européenne. Cela d’autant plus que la croissance–réelle– en Europe est beaucoup moins dynamique qu’outre-Atlantique .

 Concernant la banque centrale européenne en outre la diminution des rachats d’actifs sera d’autant plus aisée que les critères budgétaires européens en vigueur jusque-là sont mis entre parenthèses. Une augmentation des taux prématurés aurait des effets très négatifs sur l’inflation et surtout la croissance :

 «Alors que le moment est proche de réduire nos achats d’actifs, il serait prématuré de resserrer la politique en augmentant les taux maintenant», car cela aurait pour effet «de ralentir la croissance de l’emploi», a déclaré Powell, lors d’une conférence virtuelle. «Nous sommes sur la bonne voie pour commencer à réduire progressivement nos achats d’actifs qui, si l’économie évolue globalement comme prévu, seront achevés d’ici le milieu de l’année prochaine», a-t-il de nouveau indiqué.

Les achats d’actifs, l’un des outils anti-crise de la Fed, s’élèvent à 120 milliards de dollars par mois. L’institution veut, maintenant que la reprise économique est lancée, les ramener progressivement à zéro.

Finances-Placement des particuliers : un changement de comportement

Finances-Placement  des particuliers : un changement de comportement

 Le directeur de BNP Paribas Banque Privée France explique dans l’Opinion comment il est en train de compléter l’offre de la banque pour répondre aux nouvelles tendances. Son objectif : accompagner la demande croissante pour les titres vifs et le non coté, spécialiser des banquiers sur la clientèle des entrepreneurs qui est en plein renouvellement de générations.

Vous avez pris vos fonctions en juillet 2020 en pleine année Covid. Qu’est-ce qui a changé sur le marché de la banque privée ?

La crise sanitaire a accéléré la digitalisation. Organiser une réunion en visioconférence entre un client, son banquier privé et un expert est devenu une habitude. Cela nous permet d’être bien plus réactifs qu’auparavant. C’est une transformation profonde qui ne s’inversera pas. L’une des conséquences est que nous avons davantage d’interactions qu’avant avec nos clients. Les échanges n’ont jamais été aussi nombreux qu’aujourd’hui ! C’est une période passionnante pour faire évoluer les choses : l’envie de changer est forte, la reprise est là, le monde retrouve de la croissance… Nous avons, dans ce contexte, beaucoup de conseils à donner pour transformer l’épargne de nos clients, et ils sont très réceptifs.

Les particuliers sont-ils plus exigeants ?

Les clients patrimoniaux le sont et c’est normal. Ils ont largement augmenté leur utilisation de nos interfaces digitales et demandent davantage de services. Ils souhaitent, par exemple, avoir accès au panorama global de leurs actifs en permanence et non plus deux fois par an comme il y a quelques années. Ils veulent disposer à tout moment d’une vision complète de leur patrimoine auquel ils portent un intérêt croissant. L’importante volatilité des marchés, l’an dernier, a incité les clients patrimoniaux à devenir plus actifs. Les volumes d’opérations réalisées atteignent des niveaux inédits.

Comment voyez-vous le marché évoluer ?

Le marché de la banque privée est en pleine évolution. Parmi les nouvelles tendances, la principale concerne l’investissement socialement responsable (ISR). L’engouement des détenteurs de patrimoine est réel. Nous avons interrogé plus de 10 000 entrepreneurs dans le monde sur le sujet et sept sur dix nous ont dit vouloir investir responsable. Une proportion qui est encore plus élevée chez les jeunes. Notre mandat ISR atteint plus de 5 milliards d’euros, et nous avons collecté 2 milliards d’euros depuis le début de l’année.

La deuxième nouvelle tendance est liée au regain d’intérêt pour les opérations sur les titres vifs. Nous comptons désormais 100 000 nouveaux investisseurs qui achètent des actions, à la fois parmi les clients de notre réseau d’agences retail et dans la banque privée. C’est un record. Je pense que là aussi, c’est une tendance de fond qui va durer. Les particuliers ont envie d’investir directement dans des entreprises.

Enfin, nous constatons parmi les tendances récentes un vif intérêt pour le non coté, le private equity, qui est est à un niveau record de souscriptions, et l’immobilier. France Invest a récemment fait état d’une hausse de 57 % des souscriptions des particuliers et des family offices au premier semestre : ils ont investi 1,7 milliard d’euros dans des entreprises non cotées.

Allez-vous innover pour répondre à ces nouvelles demandes ?

Nous nous adaptons en permanence aux évolutions du marché et de la demande. Nous réfléchissons à la création d’un service dédié d’accompagnement sur les titres vifs afin d’améliorer l’expérience client en termes de conseil et de pédagogie.

Un autre axe de développement concerne le private equity. Nous allons doubler les capitaux levés cette année et nous allons renforcer nos équipes. La demande est forte, et il faut pouvoir proposer des solutions performantes. Un particulier, même s’il dispose d’un patrimoine important, peut avoir de la difficulté à accéder aux meilleurs fonds de private equity. Pour faciliter les investissements et aider nos clients à diversifier leurs portefeuilles, nous avons signé un partenariat de distribution exclusive d’un fonds de BlackRock spécialisé sur les infrastructures privées. Cette nouvelle offre non cotée premium est ouverte jusqu’à fin octobre. Nous offrons à nos clients la possibilité d’investir directement dans les grands fonds de private equity, les plus performants. Le ticket d’entrée de BlackRock Private Infrastructure Opportunities, qui est un fonds européen d’investissement à long terme (ELTIF), est de 125 000 euros et la durée de placement de dix ans. Le niveau de risque est de 7, le niveau maximal, il faut donc accepter la possibilité d’une perte en capital. En contrepartie, l’objectif de performance est supérieur à 10 % annualisé.

Je peux également vous annoncer une autre nouveauté : BNP Paribas Cardif et BNP Paribas Banque Privée lancent une unité de compte en immobilier non coté, gérée par Blackstone et proposée en exclusivité à nos clients. Ce produit, Bepimmo, offre aux investisseurs privés un accès à l’immobilier européen générateur de rendement et de qualité institutionnelle dans la logistique, le bureau et le résidentiel, en bénéficiant de l’expertise de Blackstone. Le ticket d’entrée est de 100 000 euros.

« Pour ceux qui ne sont pas prêts à accepter le risque actions, il existe des produits structurés qui permettent actuellement de protéger 90 % du capital si le marché ou l’indice de référence ne chute pas de plus de 50 %. Ce sont de bons instruments pour quitter une partie du fonds en euros, par exemple »

Le patrimoine des Français est-il sain ?

Nos clients, comme les Français, sont encore majoritairement positionnés sur des produits de court terme : des livrets, des comptes courants et des fonds en euros. L’enjeu de diversification des portefeuilles est encore devant nous. Aujourd’hui, tous les actifs sont chers, que ce soit les obligations ou l’immobilier. Dans ce contexte, on peut se demander si les actions le sont tant que ça ! Se positionner aujourd’hui sur les actions est cohérent. Elles offrent des dividendes qui ont de plus en plus d’intérêt dans un contexte de taux bas, voire négatifs. Il faudra se renforcer en cas de correction, la plupart des banques de gestion privée et d’asset managers s’accordent sur ce point. Il ne faut pas être figé sur le prix d’entrée et savoir accepter les corrections, les actions sont des placements de long terme qui offrent du rendement. Pour ceux qui ne sont pas prêts à accepter le risque actions, il existe des produits structurés qui permettent actuellement de protéger 90 % du capital si le marché ou l’indice de référence ne chute pas de plus de 50 %. Ce sont de bons instruments pour quitter une partie du fonds en euros, par exemple.

Notre recommandation est de diversifier son patrimoine. Nous restons positifs sur les actifs risqués, les actions et le private equity à condition d’être sélectifs. En termes de secteurs, nous privilégions, par exemple, la santé et les semi-conducteurs.

« L’inflation que l’on voit aujourd’hui est modérée et n’est pas inquiétante, elle est essentiellement due à des tensions sur la chaîne d’approvisionnement et devrait se lisser dans le temps. Il n’y a pas pour l’instant de boucle prix/salaires, qui pourrait entraîner une hausse durable des prix. Il y a aujourd’hui des excès de valorisation de certains actifs, par exemple sur le secteur de la tech américaine, sur le secteur de l’hydrogène, sur les obligations et sur l’immobilier. Mais nous ne pouvons pas parler de bulles »

L’année 2022 pourrait-elle être celle de tous les dangers avec la fin des politiques monétaires accommodantes, la résurgence de l’inflation ? Y a-t-il des bulles ?

La Fed a été très habile en séparant la fin du programme de « tapering », c’est-à-dire la réduction progressive du programme d’achat d’actifs, de la hausse des taux directeurs. L’inflation que l’on voit aujourd’hui est modérée et n’est pas inquiétante, elle est essentiellement due à des tensions sur la chaîne d’approvisionnement et devrait se lisser dans le temps. Il n’y a pas pour l’instant de boucle prix/salaires, qui pourrait entraîner une hausse durable des prix. Il y a aujourd’hui des excès de valorisation de certains actifs, par exemple sur le secteur de la tech américaine, sur le secteur de l’hydrogène, sur les obligations et sur l’immobilier. Mais nous ne pouvons pas parler de bulles.

Quel est l’état d’esprit de vos clients à quelques mois de l’élection présidentielle ?

Bien sûr, ils sont attentifs aux évolutions possibles de la fiscalité patrimoniale, mais nous avons surtout des questions sur la reprise, sa solidité, l’inflation, la remontée des taux, la pénurie de matières premières. Les fonds d’infrastructures et l’immobilier constituent d’ailleurs une bonne protection contre l’inflation à long terme. Les préoccupations de nos clients portent plutôt sur le niveau des marchés et les perspectives d’investissement que sur la fiscalité.

La philanthropie est-elle toujours prisée? La Covid, l’ISR, l’impact ont-ils changé la donne ?

BNP Paribas Wealth Management a été la première banque privée en France à se positionner en 2008 comme conseil en philanthropie. L’appétit pour l’investissement ISR et à impact n’a pas ralenti les projets philanthropiques, bien au contraire. Les montants alloués à ces projets sont cinq à sept fois plus importants qu’avant la Covid-19. Auparavant, un client qui créait une fondation y consacrait environ 5 % de son patrimoine, aujourd’hui c’est plutôt 10 %. Depuis la crise sanitaire, nos clients ont réévalué leurs priorités, le temps qu’ils consacrent à leurs projets philanthropiques est nettement plus important. Les secteurs les plus prisés sont toujours l’éducation, la réduction des inégalités, la culture, la santé et la recherche. De nouveaux thèmes intéressent les jeunes entrepreneurs, comme la biodiversité, la protection des océans, la transition énergétique aussi.

La France veut faire grandir ses entreprises, développer l’entrepreneuriat. Comment accompagnez-vous les entrepreneurs ?

Nous avons spécialisé certains de nos banquiers privés dans l’accompagnement des entrepreneurs. C’est un monde en pleine évolution. La France compte désormais une quarantaine de licornes. D’un autre côté, les transmissions d’entreprises s’accélèrent depuis la Covid-19. Accompagner le patrimoine privé et le patrimoine professionnel demande un savoir-faire particulier, qui va être de plus en plus précieux.

Finances et économie -La déconnexion entre économie réelle et marchés financiers

Finances et économie -La déconnexion entre économie réelle et marchés financiers

 

Vice-président pendant sept ans du New York Stock Exchange, Georges Ugeux s’alarme de la déconnexion entre économie réelle et marchés financiers ( dans l’Opinion)

 

 

 

La Bourse américaine a battu tous ses records en pleine pandémie, et accru les inégalités. Wall Street à l’assaut de la démocratie, s’alarme Georges Ugeux, dans un ouvrage en librairie ce mercredi. Ce grand connaisseur du marché américain enseigne la finance internationale à la Columbia University School of Law.

Comment Wall Street est-elle devenue trop puissante ?

Wall Street vit sur une idéologie qui s’est organisée en fonction de l’intérêt d’une partie de la population et avec l’accord et le soutien des autorités. Depuis le début de la pandémie, les marchés financiers ont littéralement explosé car une bonne partie de l’argent destiné à soutenir l’économie s’est retrouvée en Bourse. Les capitaux injectés ont été excessifs, ils ont été mis trop rapidement dans le système. Les investisseurs ont considéré que le meilleur moyen de gagner de l’argent, c’était de le placer en actions. Tout cela remonte à la crise financière précédente. Les banques centrales avaient un objectif macroéconomique, mais le résultat net de leur action a été d’enrichir les actionnaires. Depuis l’éclatement de la bulle des subprimes, Wall Street a bondi de 400 %.

Qu’est ce qui pourrait remettre en cause le culte de l’actionnariat que vous dénoncez ?

L’Europe doit comprendre que cette mentalité ne correspond pas à son système de valeur. Or, le capitalisme financier, à l’américaine, s’est imposé à travers le monde. La politique de la planche à billets est pratiquée par toutes les grandes banques centrales. Et, comme les Etats-Unis, l’Europe a déformé sa fiscalité dans un sens qui profite aux entreprises et à leurs actionnaires. Depuis maintenant vingt ans, le taux effectif de l’impôt sur les sociétés a pratiquement diminué de moitié. Le profit net distribuable aux actionnaires a augmenté d’autant. Ce sont pour l’essentiel les taxations des salaires et la consommation des particuliers qui financent le budget de l’Etat. Aux Etats-Unis, l’impôt sur les sociétés représente 6,8 % seulement des recettes fédérales. C’est environ 8 % en France, alors que la TVA représente en moyenne 50 % des recettes fiscales des pays de l’OCDE. Tout cela crée une situation totalement déséquilibrée dans laquelle les banques centrales soutiennent les emprunteurs mais pas les épargnants, et les gouvernements soutiennent les entreprises et pas nécessairement l’emploi.

« La Bourse traite en général à 15 fois les bénéfices, c’est 35 fois aujourd’hui et ça fait deux ans que ça dure. Il y a trop d’argent dans le système »

Aux Etats-Unis, tout incite à faire venir l’épargnant en Bourse. C’est le cas des plateformes de trading, par exemple. Difficile de revenir en arrière…

Les plateformes de trading ne me dérangent pas. Il faut simplement s’assurer que la réglementation est correctement appliquée. Le véritable problème c’est le système très « cadenassé » des marchés financiers. Prenez les rachats d’actions : lors de ces opérations, le cours des actions augmente arithmétiquement. C’est une bonne affaire pour l’actionnaire, mais l’entreprise perd une partie de sa substance et de sa possibilité d’investir. Or, on ne lui impose pas de justifier ses rachats. Parfois, la rémunération des dirigeants et les stock-options sont indexées au cours de Bourse plutôt qu’à la performance de l’entreprise, tout le monde a intérêt à faire bouger l’action. Sans oublier la faible taxation des plus-values… Tout se tient.

Mais Wall Street est aussi un formidable moteur d’innovation, qui permet à des « jeunes pousses » déficitaires de se financer…

Je n’attaque pas Wall Street en tant que marché boursier, mais le système qui l’environne. Nous sommes arrivés à un niveau de tension insoutenable entre le capital et le travail. On ne reproche pas à une entreprise de mettre des gens au chômage, mais on va lui reprocher de réduire son dividende.

Un capitalisme social et solidaire est-il réellement possible aux Etats-Unis ?

La question est enfin posée. Joe Biden a clairement dit qu’il ne voulait pas d’un capitalisme qui fonctionne uniquement pour les actionnaires. Les choses bougent fiscalement au G20 avec le principe d’une taxation des Gafa et la mise en place d’un taux minimum d’impôt sur les sociétés de 15 %. Par ailleurs, sur le changement climatique et les sujets ESG (environnement, social et gouvernance), l’Europe force un débat qui vient du peuple et non d’en haut. Finalement, même si cela prend du temps, le citoyen à la possibilité d’influencer le cours des choses, mais il doit être éduqué.

Quel est le plus grand risque aujourd’hui ?

Sur le plan du risque de marché, Wall Street est grossièrement surévaluée, ce qui va devoir se corriger. La Bourse traite en général à 15 fois les bénéfices, c’est 35 fois aujourd’hui et ça fait deux ans que ça dure. Il y a trop d’argent dans le système. Sur le fond, on ne résoudra pas la question des retraites et de la transition énergétique sans la contribution des marchés financiers. Mais les entreprises doivent revoir la manière dont elles communiquent leur stratégie d’investissement et de croissance à long terme, en se détachant en partie de leur performance trimestrielle. Les actionnaires viennent de vivre des années de gloire, il faut rééquilibrer le système.

Economie-Finances-La déconnexion entre économie réelle et marchés financiers

Economie-Finances-La déconnexion entre économie réelle et marchés financiers

 

Vice-président pendant sept ans du New York Stock Exchange, Georges Ugeux s’alarme de la déconnexion entre économie réelle et marchés financiers ( dans l’Opinion)

 

 

 

La Bourse américaine a battu tous ses records en pleine pandémie, et accru les inégalités. Wall Street à l’assaut de la démocratie, s’alarme Georges Ugeux, dans un ouvrage en librairie ce mercredi. Ce grand connaisseur du marché américain enseigne la finance internationale à la Columbia University School of Law.

Comment Wall Street est-elle devenue trop puissante ?

Wall Street vit sur une idéologie qui s’est organisée en fonction de l’intérêt d’une partie de la population et avec l’accord et le soutien des autorités. Depuis le début de la pandémie, les marchés financiers ont littéralement explosé car une bonne partie de l’argent destiné à soutenir l’économie s’est retrouvée en Bourse. Les capitaux injectés ont été excessifs, ils ont été mis trop rapidement dans le système. Les investisseurs ont considéré que le meilleur moyen de gagner de l’argent, c’était de le placer en actions. Tout cela remonte à la crise financière précédente. Les banques centrales avaient un objectif macroéconomique, mais le résultat net de leur action a été d’enrichir les actionnaires. Depuis l’éclatement de la bulle des subprimes, Wall Street a bondi de 400 %.

Qu’est ce qui pourrait remettre en cause le culte de l’actionnariat que vous dénoncez ?

L’Europe doit comprendre que cette mentalité ne correspond pas à son système de valeur. Or, le capitalisme financier, à l’américaine, s’est imposé à travers le monde. La politique de la planche à billets est pratiquée par toutes les grandes banques centrales. Et, comme les Etats-Unis, l’Europe a déformé sa fiscalité dans un sens qui profite aux entreprises et à leurs actionnaires. Depuis maintenant vingt ans, le taux effectif de l’impôt sur les sociétés a pratiquement diminué de moitié. Le profit net distribuable aux actionnaires a augmenté d’autant. Ce sont pour l’essentiel les taxations des salaires et la consommation des particuliers qui financent le budget de l’Etat. Aux Etats-Unis, l’impôt sur les sociétés représente 6,8 % seulement des recettes fédérales. C’est environ 8 % en France, alors que la TVA représente en moyenne 50 % des recettes fiscales des pays de l’OCDE. Tout cela crée une situation totalement déséquilibrée dans laquelle les banques centrales soutiennent les emprunteurs mais pas les épargnants, et les gouvernements soutiennent les entreprises et pas nécessairement l’emploi.

« La Bourse traite en général à 15 fois les bénéfices, c’est 35 fois aujourd’hui et ça fait deux ans que ça dure. Il y a trop d’argent dans le système »

Aux Etats-Unis, tout incite à faire venir l’épargnant en Bourse. C’est le cas des plateformes de trading, par exemple. Difficile de revenir en arrière…

Les plateformes de trading ne me dérangent pas. Il faut simplement s’assurer que la réglementation est correctement appliquée. Le véritable problème c’est le système très « cadenassé » des marchés financiers. Prenez les rachats d’actions : lors de ces opérations, le cours des actions augmente arithmétiquement. C’est une bonne affaire pour l’actionnaire, mais l’entreprise perd une partie de sa substance et de sa possibilité d’investir. Or, on ne lui impose pas de justifier ses rachats. Parfois, la rémunération des dirigeants et les stock-options sont indexées au cours de Bourse plutôt qu’à la performance de l’entreprise, tout le monde a intérêt à faire bouger l’action. Sans oublier la faible taxation des plus-values… Tout se tient.

Mais Wall Street est aussi un formidable moteur d’innovation, qui permet à des « jeunes pousses » déficitaires de se financer…

Je n’attaque pas Wall Street en tant que marché boursier, mais le système qui l’environne. Nous sommes arrivés à un niveau de tension insoutenable entre le capital et le travail. On ne reproche pas à une entreprise de mettre des gens au chômage, mais on va lui reprocher de réduire son dividende.

Un capitalisme social et solidaire est-il réellement possible aux Etats-Unis ?

La question est enfin posée. Joe Biden a clairement dit qu’il ne voulait pas d’un capitalisme qui fonctionne uniquement pour les actionnaires. Les choses bougent fiscalement au G20 avec le principe d’une taxation des Gafa et la mise en place d’un taux minimum d’impôt sur les sociétés de 15 %. Par ailleurs, sur le changement climatique et les sujets ESG (environnement, social et gouvernance), l’Europe force un débat qui vient du peuple et non d’en haut. Finalement, même si cela prend du temps, le citoyen à la possibilité d’influencer le cours des choses, mais il doit être éduqué.

Quel est le plus grand risque aujourd’hui ?

Sur le plan du risque de marché, Wall Street est grossièrement surévaluée, ce qui va devoir se corriger. La Bourse traite en général à 15 fois les bénéfices, c’est 35 fois aujourd’hui et ça fait deux ans que ça dure. Il y a trop d’argent dans le système. Sur le fond, on ne résoudra pas la question des retraites et de la transition énergétique sans la contribution des marchés financiers. Mais les entreprises doivent revoir la manière dont elles communiquent leur stratégie d’investissement et de croissance à long terme, en se détachant en partie de leur performance trimestrielle. Les actionnaires viennent de vivre des années de gloire, il faut rééquilibrer le système.

Finances-La déconnexion entre économie réelle et marchés financiers

Finances-La déconnexion entre économie réelle et marchés financiers

 

Vice-président pendant sept ans du New York Stock Exchange, Georges Ugeux s’alarme de la déconnexion entre économie réelle et marchés financiers ( dans l’Opinion)

 

 

 

La Bourse américaine a battu tous ses records en pleine pandémie, et accru les inégalités. Wall Street à l’assaut de la démocratie, s’alarme Georges Ugeux, dans un ouvrage en librairie ce mercredi. Ce grand connaisseur du marché américain enseigne la finance internationale à la Columbia University School of Law.

Comment Wall Street est-elle devenue trop puissante ?

Wall Street vit sur une idéologie qui s’est organisée en fonction de l’intérêt d’une partie de la population et avec l’accord et le soutien des autorités. Depuis le début de la pandémie, les marchés financiers ont littéralement explosé car une bonne partie de l’argent destiné à soutenir l’économie s’est retrouvée en Bourse. Les capitaux injectés ont été excessifs, ils ont été mis trop rapidement dans le système. Les investisseurs ont considéré que le meilleur moyen de gagner de l’argent, c’était de le placer en actions. Tout cela remonte à la crise financière précédente. Les banques centrales avaient un objectif macroéconomique, mais le résultat net de leur action a été d’enrichir les actionnaires. Depuis l’éclatement de la bulle des subprimes, Wall Street a bondi de 400 %.

Qu’est ce qui pourrait remettre en cause le culte de l’actionnariat que vous dénoncez ?

L’Europe doit comprendre que cette mentalité ne correspond pas à son système de valeur. Or, le capitalisme financier, à l’américaine, s’est imposé à travers le monde. La politique de la planche à billets est pratiquée par toutes les grandes banques centrales. Et, comme les Etats-Unis, l’Europe a déformé sa fiscalité dans un sens qui profite aux entreprises et à leurs actionnaires. Depuis maintenant vingt ans, le taux effectif de l’impôt sur les sociétés a pratiquement diminué de moitié. Le profit net distribuable aux actionnaires a augmenté d’autant. Ce sont pour l’essentiel les taxations des salaires et la consommation des particuliers qui financent le budget de l’Etat. Aux Etats-Unis, l’impôt sur les sociétés représente 6,8 % seulement des recettes fédérales. C’est environ 8 % en France, alors que la TVA représente en moyenne 50 % des recettes fiscales des pays de l’OCDE. Tout cela crée une situation totalement déséquilibrée dans laquelle les banques centrales soutiennent les emprunteurs mais pas les épargnants, et les gouvernements soutiennent les entreprises et pas nécessairement l’emploi.

« La Bourse traite en général à 15 fois les bénéfices, c’est 35 fois aujourd’hui et ça fait deux ans que ça dure. Il y a trop d’argent dans le système »

Aux Etats-Unis, tout incite à faire venir l’épargnant en Bourse. C’est le cas des plateformes de trading, par exemple. Difficile de revenir en arrière…

Les plateformes de trading ne me dérangent pas. Il faut simplement s’assurer que la réglementation est correctement appliquée. Le véritable problème c’est le système très « cadenassé » des marchés financiers. Prenez les rachats d’actions : lors de ces opérations, le cours des actions augmente arithmétiquement. C’est une bonne affaire pour l’actionnaire, mais l’entreprise perd une partie de sa substance et de sa possibilité d’investir. Or, on ne lui impose pas de justifier ses rachats. Parfois, la rémunération des dirigeants et les stock-options sont indexées au cours de Bourse plutôt qu’à la performance de l’entreprise, tout le monde a intérêt à faire bouger l’action. Sans oublier la faible taxation des plus-values… Tout se tient.

Mais Wall Street est aussi un formidable moteur d’innovation, qui permet à des « jeunes pousses » déficitaires de se financer…

Je n’attaque pas Wall Street en tant que marché boursier, mais le système qui l’environne. Nous sommes arrivés à un niveau de tension insoutenable entre le capital et le travail. On ne reproche pas à une entreprise de mettre des gens au chômage, mais on va lui reprocher de réduire son dividende.

Un capitalisme social et solidaire est-il réellement possible aux Etats-Unis ?

La question est enfin posée. Joe Biden a clairement dit qu’il ne voulait pas d’un capitalisme qui fonctionne uniquement pour les actionnaires. Les choses bougent fiscalement au G20 avec le principe d’une taxation des Gafa et la mise en place d’un taux minimum d’impôt sur les sociétés de 15 %. Par ailleurs, sur le changement climatique et les sujets ESG (environnement, social et gouvernance), l’Europe force un débat qui vient du peuple et non d’en haut. Finalement, même si cela prend du temps, le citoyen à la possibilité d’influencer le cours des choses, mais il doit être éduqué.

Quel est le plus grand risque aujourd’hui ?

Sur le plan du risque de marché, Wall Street est grossièrement surévaluée, ce qui va devoir se corriger. La Bourse traite en général à 15 fois les bénéfices, c’est 35 fois aujourd’hui et ça fait deux ans que ça dure. Il y a trop d’argent dans le système. Sur le fond, on ne résoudra pas la question des retraites et de la transition énergétique sans la contribution des marchés financiers. Mais les entreprises doivent revoir la manière dont elles communiquent leur stratégie d’investissement et de croissance à long terme, en se détachant en partie de leur performance trimestrielle. Les actionnaires viennent de vivre des années de gloire, il faut rééquilibrer le système.

Finances : note de la France confirmée par Standard & Poor’s

Finances : note de la France confirmée par Standard & Poor’s

 

Avec la crise sanitaire, les agences de notation qui évaluent  la dette et les états sont un peu dans le potage. En effet, avec les critères d’il y a deux ans ,la grande dérive des dettes publiques pourrait amener à dégrader la plupart des pays. La France en particulier dont le taux d’endettement atteignait de l’ordre de 100 % avant la crise sanitaire et qui atteindra pas loin de 120 % en 2021. La même dérive est enregistrée dans nombre de pays y compris les États-Unis.

Dès lors  s’il fallait sanctionner les pays trop dépensiers , cela concernerait un trop grand nombre et le risque serait de créer un choc provoquant une remontée brutale des taux et une grande crise financière internationale.

Du coup, les critères d’hier ne sont plus ce aujourd’hui et les agences de notation qui s’inscrive dans la philosophie des banques centrales ne sanctionne plus les Etats dépensiers.

 

L’agence confirme croissance du PIB français à 6,2% cette année, puis 3,6% en 2022 et 2,3% en 2023. « Nous avons révisé en hausse notre prévision d’expansion pour cette année car la demande intérieure a bénéficié d’une montée de l’épargne, des investissements publics et privés (…) ainsi que de la stabilisation de la situation épidémiologique », indique de manière un peu laconique l’agence qui en fait reprend les propos du gouvernement

« Nous estimons que le retrait des mesures exceptionnelles de soutien (adoptées) pour faire face au Covid-19 ainsi que la dynamique de la reprise devraient réduire significativement le déficit budgétaire en 2022″, indique encore S&P qui voit toutefois dans le calendrier électoral un risque à ses projections.

 

Déficit public : le Haut conseil des finances publiques dénonce les prévisions

  • Déficit public : le Haut conseil des finances publiques dénonce les prévisions 

.Pour la première fois du quinquennat, le Haut conseil des finances publiques a refusé de reconnaître la sincérité budgétaire et à refusé de s’exprimer sur la prévision de déficit, demandant au gouvernement de revenir devant le HCFP en cas de changement du scénario macroéconomique.« Globalement, l’avis du HCFP sera plus critique que les précédents. On sent bien que les éléments communiqués ne tiennent pas compte des annonces permanentes d’Emmanuel Macron en ce moment. On a le sentiment qu’on ne nous dit pas tout et qu’il va encore y avoir beaucoup de dépenses à venir », déclare un membre de la Haute autorité.

Il est vrai que les annonces ont déjà été nombreuses en ce mois de septembre : 1,5 milliard d’euros pour Marseille, 500 millions pour les policiers dans le cadre du Beauvau de la sécurité — en plus d’une hausse de 900 millions en juillet —, le nouveau chèque énergie pour les ménages modestes, l’élargissement de la gratuité de la contraception jusqu’à 25 ans, le plan agriculteurs, la revalorisation des salaires et primes pour les sages-femmes… Lundi encore, 300 millions pour les Harkis et leurs descendants. Huit fois l’enveloppe prévue à l’origine.

Sur le papier, leur hausse en volume (hors inflation) sera tenue sous les 1 % l’année prochaine. Une progression dans l’épure de ce qui est pratiqué depuis dix ans. Le hic, c’est que cette hausse s’ajoute à une flambée des dépenses courantes en 2021, comme on n’en avait pas connu depuis Jacques Chirac (+3,1 % en volume, hors crise). Ce qui fait dire à ce membre du HCFP que « même avec 60 milliards de baisses des mesures d’urgence et de relance l’année prochaine, la dépense n’est pas maîtrisée ». Effectivement, entre 2019 et 2022, elle aura encore progressé de 100 milliards d’euros, à plus de 1 400 milliards.

Finances: Un vaccin contre l’hubris des marchés ?

Finances: Un vaccin contre l’hubris des marchés ?

Un article de Philippe Mudry dans l’Opinion (Extrait) qui recadre l’optimisme des marchés

Tandis que le monde reste englué dans la pandémie, les marchés donnent une nouvelle preuve de leur irrépressible propension à l’oubli et à l’hubris. La grande crise financière de 2007-2008 et les multiples soubresauts qui ont suivi ? Oubliés ! Le célébrissime krach des valeurs technologiques qui avait ouvert le siècle ? Effacé !

Les indices peuvent monter jusqu’au ciel, finalement, et pulvérisent un peu partout leurs plus hauts niveaux historiques. Le CAC40 n’est qu’à un souffle du sien, établi le 4 septembre 2000, au seuil des 7 000 points. Chacun se reportera à sa boule de cristal habituelle pour savoir si la fête touche ou non à sa fin, en constatant tout de même que les marchés donnent bien d’autres signes d’un dynamisme apparemment inépuisable.

Parmi ceux-ci, les fusions et acquisitions (M&A), ces opérations financières dans lesquelles maints patrons charismatiques ont trouvé gloire et profits, et tant d’autres leur Roche Tarpéienne en lieu et place de leur Capitole. Avec près de 4 000 milliards de valeurs de transactions déjà réalisées à fin août dans tous les secteurs d’activité, selon le spécialiste des données Refinitiv, l’année 2021 paraît déjà assurée de renvoyer aux oubliettes de l’histoire l’année 2007 – encore ! – qui détient l’actuel record avec 4 300 milliards.

Avec des cours de Bourses au zénith et des taux au plus bas, qui permettent de payer les acquisitions en actions comme en dette, et fort d’une reprise qui s’affirme au moment où révolutions numérique et climatique imposent aux entreprises de se régénérer, les circonstances sont exceptionnelles. Difficile pour un patron d’y résister.

L’effervescence financière ambiante ne doit pas se traduire par une envolée excessive des rémunérations des cadres dirigeants

 Pourtant, aux niveaux de valorisations actuelles, les survaleurs inscrites au bilan de l’acheteur risquent de devenir fort indigestes en cas de retournement ! Pour un chef d’entreprise, garder la tête froide dans un tel environnement reste un devoir. Encore faut-il que leurs critères salariaux ne les poussent pas au crime, à grands coups de stock-options par exemple, comme c’est encore souvent le cas, notamment aux Etats-Unis.

Ainsi, le bonus de 47 millions de dollars (38 millions d’euros) promis au PDG de General Electric, Larry Culp, alors même que le groupe est en pleine restructuration, vend des actifs et supprime des emplois à tour de bras, fait-il scandale outre-Atlantique, tant il ressemble trop à une « prime à la casse ». Ne pas passer par-dessus les moulins les fameux critères « environnementaux, sociaux et de gouvernance » dans la bataille des M&A est un impératif que le capitalisme doit s’imposer s’il ne veut pas voir ressurgir contre lui les procès du passé.

 

Finances -Quoi qu’il en coûte : une évaluation approximative

Finances -Quoi qu’il en coûte : une évaluation approximative

 

 

. Par Eric Séverin, Université de Lille et David Veganzones, ESCE International Business School estime Dansla « Tribune » qu’il est trop tôt pour procéder à une évaluation précise du quoi qu’il en coûte.

 

Face à la crise économique liée aux mesures sanitaires, le gouvernement a mis en place différents dispositifs d’aides, dont l’objectif est de permettre aux entreprises (viables ou non) de faire face à leurs échéances. Un an demi après leur instauration, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a annoncé la levée de ces aides. « Le « quoi qu’il en coûte », c’est fini », a-t-il déclaré à l’occasion de la Rencontre des entrepreneurs de France du Medef, le 25 août.

La fin des aides de l’État laisse donc craindre une recrudescence des faillites qui avaient été jusqu’alors limitées. En effet, selon le rapport Altares 2021, celles-ci ont augmenté de 14,2 %, mais ce chiffre reste en recul de 48 % par rapport à la période 2017-2019.

Certes, il est difficile de prévoir le nombre de défaillances qui surviendront après la levée des mesures d’aides. Pour l’année 2021, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) s’attend à un chiffre de 60 000 à 100 000 alors qu’Altares prévoit entre 33000 et 35000 défaillances.

Quoi qu’il en soit, il ne fait guère de doute que ces défaillances vont être coûteuses. Mais quels sont ces coûts ? Et sommes-nous réellement capables de les mesurer ?

Les coûts sont à la fois directs et indirects. En ce qui concerne les coûts directs, ils sont constitués par les frais des mandataires de justice. D’autres éléments sont à incorporer à ces coûts tels que ceux perçus par le commissaire à l’exécution du plan. Quel est l’ordre de grandeur de ces coûts ? Plusieurs études apportent des éléments de réponse.

Premièrement, leur étendue est variable selon les pays et représente entre 1 et 10 % de la valeur de la firme. Deuxièmement, ils sont inversement proportionnels à la taille de l’entreprise (plus lourds pour les PME comparativement aux grandes entreprises). Troisièmement, ils ne sont pas supportés de façon identique par tous les acteurs en fonction de la règle de priorité et de la législation en vigueur.

En revanche, contrairement aux coûts directs, les coûts indirects restent d’une extrême complexité, non pas à définir mais à mesurer. On peut circonscrire cinq types de coûts indirects.

Le premier est celui de la perte du chiffre d’affaires faisant suite à la perte de clients. Devant l’incertitude d’être approvisionné et de ne pas bénéficier d’un service après vente, un client se détournera d’une entreprise en redressement judiciaire, augmentant conséquemment ses difficultés.

Le deuxième se porte de l’autre côté du spectre avec les fournisseurs. Percevant la difficulté d’un client, les fournisseurs infèrent la possibilité de perdre leurs créances en raison de l’ordre de priorité des créanciers dans le redressement judiciaire. Par conséquent, ils vont exiger des délais de paiement plus rapides.

Le troisième tient dans l’attitude du personnel. En effet, dans un redressement judiciaire, on assiste très souvent à des licenciements qui traduisent un double coût : celui d’une perte de compétence et de formation financée par l’entreprise et celui de la démotivation des salariés restants qui sont dans la crainte de perdre leurs emplois si la situation venait à empirer encore. Le coût pour la firme est d’autant plus important que les meilleurs de ses salariés partent car ces derniers sont les plus employables et recherchés par les compétiteurs.

Le quatrième coût est appelé par les Américains fire sale (vente précipitée). Pour résoudre leurs problèmes de cash, les firmes vont chercher à désinvestir de façon sous optimale en vendant leurs actifs à vil prix.

 

Le cinquième coût est lié à l’asymétrie d’information et au risque. En effet, les dirigeants, qui ont un meilleur accès à l’information que les actionnaires, peuvent soit retarder la faillite pour préserver leurs avantages, soit extraire des avantages importants avant leur mise à l’écart. Un exemple célèbre met en évidence que plus de 50 % de la valeur de la compagnie aérienne Eastern Airline a été détruite pendant le redressement judiciaire en raison du comportement opportuniste du dirigeant dans les années 1990.

Qu’y a-t-il derrière le « quoiqu’il en coûte » ?

Dans les années 1980, une étude avait tenté d’évaluer plus précisément ces coûts indirects en mesurant d’une part, le différentiel de la baisse du chiffre d’affaires des entreprises ayant fait faillite comparativement à la moyenne des ventes du secteur et d’autre part, l’écart entre le montant réel des ventes et les prévisions réalisées trois ans avant la faillite. Ces coûts pourraient ainsi représenter de 6,6 à 8,1 % de la valeur de la firme. La difficulté d’une telle approche reste toutefois l’accès aux données.

Une seconde méthode consiste à mesurer les coûts indirects en utilisant les données boursières au travers des coûts de réputation et des effets de contagion. On mesure les variations de cours boursier des clients et fournisseurs des sociétés ayant fait faillite. On capte ainsi la perte de valeur subie par les partenaires des entreprises ayant fait faillite (effet contagion). Les résultats font ressortir des pertes de l’ordre de 1 à 3 % de la valeur boursière des fournisseurs et des clients.

S’il reste difficile de prévoir le nombre exact des faillites en 2021, il n’en reste pas moins vrai qu’il serait très utile de pouvoir mesurer les coûts de ces faillites pour l’ensemble des acteurs. Cela aurait deux mérites. Le premier serait de savoir ce qu’il convient de mettre derrière le « quoiqu’il en coûte ». Le second serait de permettre des comparaisons avec nos partenaires pour savoir où nous situer au sein de cette crise mondiale.

______

(*) Par Eric Séverin, Professeur des Universités Finance – Comptabilité, Université de Lille et David Veganzones, Assistant professor, management & finance, ESCE International Business School.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Finances-Cryptomonnaies: Prévoir l’éclatement d’une bulle pour John Paulson

Cryptomonnaies: Prévoir l’éclatement d’une bulle pour John Paulson 

Le patron du hedge fund avait prédit l’effondrement du marché lors de la dernière grande crise financière prévoit aussi l’éclatement d’une bulle pour les cryptomonnaies.

 « Je ne recommanderais à personne d’investir sur les cryptomonnaies (cryptos), qui n’ont aucune valeur. C’est une bulle et leur valeur ne monte que parce qu’il y a une offre limitée. Une fois que l’exubérance disparaîtra ou la liquidité se tarira, elles convergeront vers zéro », a-t-il déclaré sur Bloomberg TV.

Ces critiques récurrentes sur l’absence de valeur fondamentale du bitcoin et des cryptos (pas de dividendes, volatilité , bulle…) sont surtout le fait des gestionnaires alternatifs investis sur les actions.

Finances- Quoi qu’il en coûte : une évaluation approximative

Finances- Quoi qu’il en coûte : une évaluation approximative

 

 

. Par Eric Séverin, Université de Lille et David Veganzones, ESCE International Business School estime Dansla « Tribune » qu’il est trop tôt pour procéder à une évaluation précise du quoi qu’il en coûte.

 

Face à la crise économique liée aux mesures sanitaires, le gouvernement a mis en place différents dispositifs d’aides, dont l’objectif est de permettre aux entreprises (viables ou non) de faire face à leurs échéances. Un an demi après leur instauration, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a annoncé la levée de ces aides. « Le « quoi qu’il en coûte », c’est fini », a-t-il déclaré à l’occasion de la Rencontre des entrepreneurs de France du Medef, le 25 août.

La fin des aides de l’État laisse donc craindre une recrudescence des faillites qui avaient été jusqu’alors limitées. En effet, selon le rapport Altares 2021, celles-ci ont augmenté de 14,2 %, mais ce chiffre reste en recul de 48 % par rapport à la période 2017-2019.

Certes, il est difficile de prévoir le nombre de défaillances qui surviendront après la levée des mesures d’aides. Pour l’année 2021, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) s’attend à un chiffre de 60 000 à 100 000 alors qu’Altares prévoit entre 33000 et 35000 défaillances.

Quoi qu’il en soit, il ne fait guère de doute que ces défaillances vont être coûteuses. Mais quels sont ces coûts ? Et sommes-nous réellement capables de les mesurer ?

Les coûts sont à la fois directs et indirects. En ce qui concerne les coûts directs, ils sont constitués par les frais des mandataires de justice. D’autres éléments sont à incorporer à ces coûts tels que ceux perçus par le commissaire à l’exécution du plan. Quel est l’ordre de grandeur de ces coûts ? Plusieurs études apportent des éléments de réponse.

Premièrement, leur étendue est variable selon les pays et représente entre 1 et 10 % de la valeur de la firme. Deuxièmement, ils sont inversement proportionnels à la taille de l’entreprise (plus lourds pour les PME comparativement aux grandes entreprises). Troisièmement, ils ne sont pas supportés de façon identique par tous les acteurs en fonction de la règle de priorité et de la législation en vigueur.

En revanche, contrairement aux coûts directs, les coûts indirects restent d’une extrême complexité, non pas à définir mais à mesurer. On peut circonscrire cinq types de coûts indirects.

Le premier est celui de la perte du chiffre d’affaires faisant suite à la perte de clients. Devant l’incertitude d’être approvisionné et de ne pas bénéficier d’un service après vente, un client se détournera d’une entreprise en redressement judiciaire, augmentant conséquemment ses difficultés.

Le deuxième se porte de l’autre côté du spectre avec les fournisseurs. Percevant la difficulté d’un client, les fournisseurs infèrent la possibilité de perdre leurs créances en raison de l’ordre de priorité des créanciers dans le redressement judiciaire. Par conséquent, ils vont exiger des délais de paiement plus rapides.

Le troisième tient dans l’attitude du personnel. En effet, dans un redressement judiciaire, on assiste très souvent à des licenciements qui traduisent un double coût : celui d’une perte de compétence et de formation financée par l’entreprise et celui de la démotivation des salariés restants qui sont dans la crainte de perdre leurs emplois si la situation venait à empirer encore. Le coût pour la firme est d’autant plus important que les meilleurs de ses salariés partent car ces derniers sont les plus employables et recherchés par les compétiteurs.

Le quatrième coût est appelé par les Américains fire sale (vente précipitée). Pour résoudre leurs problèmes de cash, les firmes vont chercher à désinvestir de façon sous optimale en vendant leurs actifs à vil prix.

 

Le cinquième coût est lié à l’asymétrie d’information et au risque. En effet, les dirigeants, qui ont un meilleur accès à l’information que les actionnaires, peuvent soit retarder la faillite pour préserver leurs avantages, soit extraire des avantages importants avant leur mise à l’écart. Un exemple célèbre met en évidence que plus de 50 % de la valeur de la compagnie aérienne Eastern Airline a été détruite pendant le redressement judiciaire en raison du comportement opportuniste du dirigeant dans les années 1990.

Qu’y a-t-il derrière le « quoiqu’il en coûte » ?

Dans les années 1980, une étude avait tenté d’évaluer plus précisément ces coûts indirects en mesurant d’une part, le différentiel de la baisse du chiffre d’affaires des entreprises ayant fait faillite comparativement à la moyenne des ventes du secteur et d’autre part, l’écart entre le montant réel des ventes et les prévisions réalisées trois ans avant la faillite. Ces coûts pourraient ainsi représenter de 6,6 à 8,1 % de la valeur de la firme. La difficulté d’une telle approche reste toutefois l’accès aux données.

Une seconde méthode consiste à mesurer les coûts indirects en utilisant les données boursières au travers des coûts de réputation et des effets de contagion. On mesure les variations de cours boursier des clients et fournisseurs des sociétés ayant fait faillite. On capte ainsi la perte de valeur subie par les partenaires des entreprises ayant fait faillite (effet contagion). Les résultats font ressortir des pertes de l’ordre de 1 à 3 % de la valeur boursière des fournisseurs et des clients.

S’il reste difficile de prévoir le nombre exact des faillites en 2021, il n’en reste pas moins vrai qu’il serait très utile de pouvoir mesurer les coûts de ces faillites pour l’ensemble des acteurs. Cela aurait deux mérites. Le premier serait de savoir ce qu’il convient de mettre derrière le « quoiqu’il en coûte ». Le second serait de permettre des comparaisons avec nos partenaires pour savoir où nous situer au sein de cette crise mondiale.

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(*) Par Eric Séverin, Professeur des Universités Finance – Comptabilité, Université de Lille et David Veganzones, Assistant professor, management & finance, ESCE International Business School.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Finances- Risque de domination des Bigtechs sur les services financiers

Finances- Risque de  domination des Bigtechs sur les services financiers 

Charles Cuvelliez, Ecole Polytechnique de Bruxelles, Université de Bruxelles, et Jean-Jacques Quisquater, Ecole Polytechnique de Louvain, Université de Louvain et MIT, s’inquiètent  du risque de domination des bigtechssur les services financiers. ( dans l’Opinion , extrait)

 

Tribune

 

C’est à une convergence des régulations qu’appelle la Banque des règlements internationaux (BRI), la banque centrale des banques centrales, dans un texte publié le 2 août 2021, et signé par ses dirigeants. Il faut cadrer d’urgence les bigtechs et leur future position (inéluctable) dans les services financiers. C’est déjà le cas en Chine où Alibaba (via Alipay) et Tencent occupent plus de 90 % des parts de marché dans les paiements mobiles. On voit déjà des bigtechs actifs dans les prêts aux particuliers et aux petites entreprises sans compter les assurances et la gestion de fortune.

Ce que craint la BRI, c’est une (re)fragmentation des moyens de paiement et des services financiers au final : chaque bigtech y va de sa proposition en la matière, si possible au sein de son écosystème et de sa plateforme. Le point d’orgue est atteint avec Diem, l’ex-Libra et autres stablecoins qui n’auraient cours que chez Facebook et ses filiales, si cela se trouve. Est-ce vraiment ce qu’on veut lorsqu’on sait qu’il a fallu des dizaines d’années pour établir les paiements (relativement) faciles sans frontières ? Trop de concentration et trop de dominance de la part des bigtechs, prévient la BRI, ce sont les commissions demandées aux marchands lors des paiements qui vont de nouveau augmenter. Et de prévenir que des commissions jusqu’à 4 % ont déjà été identifiées.

Les autorités de protection des données, les autorités de concurrence et les banques centrales doivent agir de concert ! Aucun ne résoudra seul la quadrature du cercle des bigtechs qui jouent sur les trois tableaux : dominance sur les data, sur des marchés de plus en plus vastes, dont, de plus en plus, les services financiers.

Car le principal problème des bigtechs, ce sont leurs positions de quasi-monopole dans leurs marchés dont l’étendue s’accroit à force d’utiliser la puissance des données collectées pour s’établir dans des marchés adjacents. Ces derniers concernent de plus en plus les services financiers et les paiements. Or, les banques centrales ne sont ni compétentes en protection des données ni en droit de la concurrence.

Régulation basée sur l’activité

La régulation des institutions financières est trop basée sur l’activité de ces dernières, sur l’adéquation de leurs dirigeants et la protection des consommateurs. On considère une société qui veut s’établir dans les paiements comme un simple transmetteur d’argent entre deux parties et, finalement, on ne regarde que cette capacité à l’être. C’est regarder par le petit bout de la lorgnette dont les bigtechs s’amusent. Il y a des avancées, dit la BRI, à commencer par le Digital Market Act (DMA), fait pour réguler les teneurs de marché non pas au sens financier du terme mais au sens universel du terme, à savoir ceux qui tiennent un marché sous toutes ses dimensions. Il en résultera, quand le DMA sera appliqué, des obligations d’inter-opérabilité, de non-discrimination à l’accès, de traitement égal des vendeurs sur la plateforme et de portabilité des données, quel que soit l’activité.

La mise au pas en Chine des bras financiers des grandes plateformes locales participe (Alipay), d’une manière différente, de la même essence : la Chine a décidé de protéger les petites gens. Aux Etats-Unis, une législation spécifique anti-bigtechs est aussi en préparation depuis les rapports du congrès sur les agissements anti-concurrentiels des bigtechs de la côte Ouest.

Comme trop de données sont aux mains des bigtechs alors que les banques peuvent à peine utiliser les données de leurs clients, c’est la protection de la vie privée qui est en jeu. Mais que peut faire une banque centrale, pas compétente, en la matière? La directive PSD2 met même les banques européennes dans une situation délicate de concilier RGPD ou ouverture des données clients à des concurrents, explique la BRI. Grâce aux RGPD, les bigtechs, eux, ne doivent pas partager leurs données avec les banques. La BRI a raison d’évoquer une asymétrie entre banques et bigtechs pour l’accès aux données. Pour la BRI, les CDBC et les systèmes d’identification digitales ainsi que les API sont des briques qui donneront les moyens aux utilisateurs finaux de mieux contrôler les données car tout le monde pourra les utiliser.

Dernière anomalie à adresser, la résilience opérationnelle des services financiers qui ne s’applique aujourd’hui qu’aux institutions financières classiques, banques et assurance. Il est temps de l’étendre aux services financiers des institutions non-financières.

Société–Classement France : Les pires notes en mathématiques mais les meilleures formations Mondiales en masters de finances

Société–Classement France : Les pires notes en mathématiques mais les meilleures formations Mondiales en masters de finances

 

Sans doute le signe de l’éclatement de la société française avec en moyenne une place dramatique pour le niveau mondial des élèves français en mathématiques et paradoxalement les meilleures formations en Master de finances. 

Dans son classement annuel des masters en finance 2021, publié dimanche 20 juin par le quotidien économique et financier britannique Financial Times, les grandes écoles de management françaises conservent leur leadership. Ainsi, depuis 2018, HECESCP, l’EdhecSkema et l’Essec se situent aux cinq premières places.

Le cru 2021 classe 55 masters de finance d’écoles du monde entier. Les informations servant à établir le classement sont basées sur des sondages adressés aux écoles et aux anciens élèves diplômés en 2018.

Classement FT des masters en finance 2021

1- HEC Paris (France)

2- ESCP (France)

3- Skema (France)

4- Essec (France)

5- Edhec (France)

6. University of St Gallen (Suisse)

6. Università Bocconi/SDA Bocconi (Italie)

8. IE Business School (Espagne)

8. London Business School (Espagne)

10. University of Oxford (Grande-Bretagne)

À VOIR AUSSI - Écoles de commerce: histoire, admission, objectifs…

 

Les principaux critères retenus pour élaborer cette hiérarchie sont les suivants: le salaire moyen trois ans après l’obtention du diplôme, la mobilité internationale des étudiants, le taux d’emploi trois mois après l’obtention du diplôme, le rapport entre le coût des études, le salaire des étudiants à la sortie de l’école ou encore le pourcentage d’étudiantes au sein de la formation.

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