Archive pour le Tag 'finances'

Finances publiques : l’attente pathétique de la décision de Standard & Poor’s

Finances publiques : l’attente pathétique de la décision de Standard & Poor’s

Il y a quelque chose de pathétique dans cette attente du gouvernement et du ministre de l’économie en particulier vis-à-vis de la note qui va tomber aujourd’hui en provenance de Standard & Poor’s. Une note qui sera très commentée politiquement et qui montre à quel point la France et dépendante désormais du verdict d’institutions internationales. En cause évidemment la dégradation catastrophique des finances notamment de la croissance du déficit et l’envolée de la dette. Actuellement la dette dépasse les 3000 milliards et génère près de 60 milliards de charges financières. Et d’ici une dizaine d’années sur la tendance on prévoit un endettement à 5000 milliards avec une charge de 100 milliards par an, soit nettement le premier budget de l’État

Actuellement, la note de la dette publique française, AA, est assortie d’une perspective négative. Sur le fond, une dégradation de la part de S&P pourrait provoquer une hausse du coût de l’argent pour la France sur les marchés, dans un contexte où l’augmentation globale des taux d’intérêt gonfle la charge de la dette.

Le problème, c’est que le budget 2024 et à peine voté par le Parlement apparaît déjà complètement obsolète non seulement à la Cour des Comptes mais aussi par Bruxelles. Le problème de la fiabilité du budget est classique en France. D’un côté on sous-estime les dépenses- voire à cet égard la dérive générale- mais aussi toute une série de chèques attribués à telle ou telle catégorie ou champs d’activité), d’un autre on surestime la croissance.

Les experts considèrent aujourd’hui qu’il sera bien difficile d’atteindre 1 % de croissance et le consensus tourne autour de 0,8 %. Le gouvernement ,lui, retient la perspective de 1,4 %. Une manipulation comptable qui permet de cacher un peu mieux l’ampleur du déficit;

Or les nuages s’accumulent sur les prévisions macroéconomiques du gouvernement. Déjà, entre le printemps et la présentation du projet de loi de finances (PLF), en septembre, Bercy avait de lui-même abaissé sa prévision de croissance pour l’an prochain de 1,6 % à 1,4 %. Malgré cet ajustement, le Haut Conseil des finances publiques de la Cour des comptes l’a jugée « élevée », notamment par rapport au consensus des économistes, qui tourne autour de 0,8 %.

Finances publiques France: la fausse rigueur

Finances publiques France: la fausse rigueur

D’un côté le gouvernement et le président de la république ne cessent d’augmenter les dépenses pour telle ou telle catégorie ou tel ou tel objectif. De son côté, le ministre de l’économie qui veut rassurer les agences de notation internationale déclare que le « quoi qu’il en coûte « est terminé et que la France est un à un euro près! La vérité, c’est qu’on continue de dépenser sans bien identifier les cibles et les résultats. Ainsi le budget 2024 sera encore largement déficitaire et la dette va augmenter. Pour 2023 on va encore creuser le déficit budgétaire, la dette va atteindre 113 % du PIB soit plus de 3000 milliards et une charge financière de 57 milliards sur une année. Les résultats seront aussi catastrophiques en 2024 compte tenu du ralentissement de la croissance et des rentrées fiscales. Le directeur du journal la Tribune, Bruno Jeudy , alerte sur la situation.


Emmanuel Macron restera-t-il comme le président le plus dépensier de la Ve République ? Gérard Larcher fut le premier à poser la question. Cette fois, ce sont deux ministres – et pas n’importe lesquels, ceux de Bercy, Bruno Le Maire et Thomas Cazenave – qui sonnent l’alarme. Bien sûr, ils y mettent les formes. Mais leur inquiétude est à la hauteur de la montagne des déficits accumulés par la France depuis un demi-siècle. Et cet endettement s’est emballé ces dernières années. Voilà pourquoi les ministres de l’Économie et des Comptes publics prennent la parole ensemble pour s’inquiéter d’un « quoi qu’il en coûte » toujours ancré dans les têtes, y compris dans celles des ministres, voire celle du chef de l’État… « Le moment de vérité du quinquennat est arrivé », avertissent les deux argentiers, conscients que la France court vers une possible dégradation de sa note par les agences de notation et donc d’une perte de contrôle de sa dette. Avec en perspective un scénario à l’italienne avant la fin du mandat. À vrai dire, c’est le cauchemar de Bruno Le Maire, seul ou presque à réclamer à cor et à cri des économies qui ne viennent pas ou si peu.

En privé, il faut l’entendre soupirer : « Je me sens bien seul dans ce combat. Tout le monde s’en fiche. » Il ne cache plus son exaspération quand la Première ministre concède au PS et aux députés du groupe Liot deux énièmes dépenses sociales pour un total de quelque 300 millions. Rasons gratis, une fois encore, avec des chèques en bois… Car l’addition est lourde depuis 2017. Pour acheter la paix sociale, décrocher un deal politique ou faire face à l’inattendue crise du Covid ou au retour de l’inflation, les gouvernements successifs ont fait exploser les comptes : 18 milliards pour financer en 2018 la prime Macron après la crise des Gilets jaunes ; 142 milliards pour payer entre 2020 et 2022 le confinement pendant le Covid et, enfin 36 milliards pour régler les boucliers anti-inflation.

Résultat : une dette publique qui atteint les 111,9 % du PIB ! Sous pression des marchés, notre pays ne va plus pouvoir vivre bien longtemps à crédit. Les seuls intérêts annuels de notre dette vont passer, d’ici à 2027, de 40 à plus de 74 milliards, c’est-à-dire plus que les dépenses pour nos écoles, jusqu’à présent premier budget du pays. En clair, des temps nouveaux et rigoureux pour les dépenses des ministères s’imposent. Pas sûr que vendre les bijoux de famille (25 % de l’immobilier de l’État) et réduire le chômage des seniors suffisent. Mais le temps des sacrifices est venu. Il n’attendra pas la fin du quinquennat.

Finances et Immobilier : des risques de baisse de prix pour les banques (BCE)

Finances et Immobilier : des risques de baisse de prix pour les banques (BCE)

Avec la baisse des prix qui sans doute ne fait que débuter, la Banque centrale européenne attire l’attention des établissements financiers pour surveiller l’impact sur d’éventuels actifs pourris. Les banques de la zone euro doivent donc tenir compte du risque d’une nouvelle baisse des prix de l’immobilier lorsqu’elles font des provisions et des plans concernant leur capital, a déclaré mardi le président du conseil de surveillance prudentielle de la Banque centrale européenne

Le président du conseil de surveillance prudentielle de la BCE a déclaré, mardi 7 novembre, aux banques de la zone euro qu’elles devaient s’attendre à d’éventuelles nouvelles difficultés alors que les prix de l’immobilier ont déjà chuté dans plusieurs pays, notamment en Allemagne.

Accentuation. « L’environnement actuel de taux d’intérêt élevés pourrait accentuer la pression à la baisse sur les prix des bureaux et des logements, ce qui rendrait plus difficile le service de la dette pour les propriétaires de biens commerciaux et les ménages », a résumé Andrea Enria au Parlement européen. « Les banques devraient tenir compte de ces risques dans leurs pratiques de provisionnement et de planification des capitaux », a-t-il demandé. La BCE, principal superviseur bancaire de la zone euro, fixe les exigences en matière de fonds propres pour les banques et s’oppose régulièrement à leurs projets de versement de dividendes ou de rachat d’actions.

Finances-Cryptomonnaies : le miroir aux pigeons

Cryptomonnaies : le miroir aux pigeons

Les épargnants semblent désormais s’éloigner un peu des cryptos véritables miroirs aux pigeons. En cause, le manque de transparence de sociétés de placement des Cryptomonnaie et évidemment le détournement de fonds de la société FTX. Un détournement qui porterait sur 14 milliards. L’autre élément qui plombe les numériques en cause c’est l’extrême volatilité des cours ainsi par exemple le Bitcoin qui varie de 16 000 € un jour à 70 000€ un autre jour.

Surtout, le fait que ces monnaies virtuelles ne reposent en réalité sur aucun actif tant que les établissements officiels monétaires n’auront pas reconnu ce support d’échange.

Pendant six semaines, le procès du jeune patron de FTX a donné lieu à un grand déballage qui repose la question de la fiabilité des cryptos. Ce dernier a déjà largement commencé depuis l’effondrement brutal de la plateforme FTX, en novembre 2022. Car l’ancien «petit génie des cryptos» a été rapidement lâché par les membres de son premier cercle. À l’unisson pour partager de luxueuses résidences aux Bahamas, des relations amoureuses ou des substances récréatives, le quatuor d’initiés qui gérait l’empire FTX aux côtés de SBF s’est fracassé aux premiers sons des sirènes judiciaires.

Le «un pour tous» s’est transformé en chacun pour soi. Première à se mettre à table, Caroline Ellison. Cette ancienne petite amie de «SBF», nommée directrice générale d’Alameda Research en octobre 2021, a reconnu un abus sur les fonds des clients. Alameda Research a été le premier pilier du petit empire crypto édifié par SBF en moins de cinq ans.

Economie et finances: L’orthodoxie financière des banques centrales en cause

Economie et finances: L’orthodoxie financière des banques centrales en cause


Pour les partisans de l’orthodoxie financière, il n’y a pas de doute: seul le relèvement des taux d’intérêt peut contribuer à lutter contre l’inflation. C’est souvent la position de la Banque de France. Le problème est que la science économique est une science molle et approximative et que les lois d’hier sont souvent remises en question par la complexité des problématiques et leur évolution rapide.

Il faut dire que les différents responsables de la Banque de France sont souvent plus près des intérêts de l’Allemagne que de ceux de la France. Relever en effet à nouveau les taux d’intérêt, c’est prendre le risque de tuer définitivement la petite perspective très hypothétique de croissance notamment en 2024.

Et ce n’est sans doute pas par hasard si la banque centrale européenne et la banque centrale américaine vienne de décider du statu quo en matière de taux d’intérêt justement pour tenir compte du très net tassement de la croissance internationale qui se dirige tout droit vers la stagnation voire la régression.

Pour l’instant, on prévoit en effet uniquement une augmentation de l’activité de l’ordre de 1 %. Un pronostic par ailleurs fragile avec l’évolution de la guerre en Ukraine et des événements au Proche-Orient. En outre et surtout, il se pourrait bien que l’outil magique des taux d’intérêt ne serve pas la lutte contre l’inflation mais au contraire l’alimente. Voire à cet égard toutes les perspectives d’augmentation des tarifs de produits et services en 2024. En effet par anticipation, nombre de produits et services voient leurs tarifs progresser dans la perspective du renchérissement du coût de l’argent.

En septembre, les gardiens de l’euro ont décidé à une « solide majorité » de relever les taux d’intérêt à 4,5%, son plus haut niveau depuis 1999.

« Une décision difficile » face à un contexte économique incertain. Telles sont les conditions dans lesquelles la Banque centrale européenne a décidé de relever son taux directeur le 14 septembre dernier. Des coulisses décrites dans un compte-rendu de réunion de la BCE publié ce jeudi, et consulté par l’AFP. D’après celui-ci, le choix d’augmenter les taux ou faire une pause était assujetti à « des considérations tactiques » aux impacts multiples.

Lors de cette réunion, les gardiens de l’euro ont décidé à une « solide majorité » de relever les taux d’intérêt à 4,5%, son plus haut niveau depuis 1999. Depuis juillet 2022, c’est la dixième fois d’affilée que l’institution de Francfort effectue ce geste. Ce, dans un contexte d’inflation en baisse en zone euro mais encore appelée à durer.

D’après le document, les partisans d’une pause ont, durant cette réunion, donné de la voix, arguant notamment qu’une nouvelle hausse des taux « risquait de répéter la situation qui s’était produite en 2011 », lorsque des hausses avaient dû être « rapidement inversées », au début de la crise de la dette souveraine.

Finances et Bourses: coups de semonce ?

Finances et Bourses: coups de semonce ?

Il se pourrait bien que les bourses internationales enregistrent quelques secousses au cours de la semaine à l’occasion de la diffusion des résultats des plus grandes entreprises. Des résultats qui pour certaines pourraient être en retrait et surtout à l’avenir affectés par une conjoncture moins favorable en raison d’une part de l’inflation, d’autre part des risques géopolitiques. Sans parler des politiques contradictoires des Banques centrales qui refroidissent l’économie à coups de hausse des taux et qui pourrait bien finir par tuer la croissance

L’inflation pèse évidemment sur le cout des entreprises mais elle favorise aussi le glissement des capitaux vers les obligations particulièrement bien rémunérées.
Quant aux risques géopolitiques, ils se traduisent par un affaiblissement du commerce international.

Pas moins de 17 des composantes du Cac 40 se livreront à cet exercice, mais ce ne sera qu’à compter de mardi, avec Hermès International, Kering et Michelin. Mercredi, ce sera au tour d’Orange, Air Liquide, Carrefour, Dassault Systèmes et Worldline. Viendront ensuite BNP Paribas, Danone, Saint-Gobain, Schneider Electric, STMicroelectronics, TotalEnergies et Unibail-Rodamco-Westfield jeudi, avant Safran et Sanofi vendredi. Aux Etats-Unis, les Gafam sont également à la manœuvre, avec Alphabet, Microsoft, Meta Platforms et Amazon.

Finances de la France : s’attendre à une punition par les agences de notation

Finances de la France : s’attendre à une punition par les agences de notation

Au printemps dernier la France avait reçu un avertissement des agences de notation en raison de la dégradation des comptes de l’État. Prochainement les agences de notation devraient faire valoir leur nouvelle évaluation est la note attribuée à la France. Une note qui pourrait bien être en baisse dans certaines agences car les promesses de rigueur budgétaire n’ont pas été tenues en 2023 et ne le seront toujours pas en 2024. Le déficit va à nouveau s’accroître en raison en particulier de la surestimation des recettes et inversement de la sous-estimation des dépenses. Bilan : avec le déficit qui progresse, la dette va encore enfler pour atteindre plus de 3000 milliards ce qui représente 50 milliards de charges annuelles soit presque le premier budget du pays.
Lors de la présentation du projet de loi de finances de 2024 (PLF 2024), les ministres de Bercy Bruno Le Maire et Thomas Cazenave ont prévu 16 milliards d’euros destiné à réduire le solde public de l’Etat, des collectivités et de la sécurité sociale. Mais les perspectives qui ne seront sans doute pas tenues faute de réformes nécessaires

En cause « l’immobilisme politique ». En l’absence de majorité absolue, le gouvernement a déjà dégainé l’article 49-3 de la Constitution sur le volet recettes du budget 2024. Et d’autres devraient suivre. Les agences de notation pourraient considérer qu’il faut des réformes mais que le gouvernement n’y arrive pas .

La France pourrait cependant bénéficier d’une réforme du pacte de stabilité en Europe avec des règles plus souples tenant compte des réalités particulières et donc des trajectoires budgétaires plus réalistes.

Le problème, c’est que le pays est maintenant celui de la zone euro dont les dérives financières sont les plus importantes. On reproche surtout aux pays non seulement l’ampleur de ses déficits et de sa dette mais surtout de ne jamais tenir ses promesses et ses propres projections.

La réforme du pacte de stabilité en Europe devrait changer les règles budgétaires inscrites dans le traité de Maastricht. L’objectif est que les Etats s’entendent sur des règles plus adaptées à la situation particulière de chaque pays, de fixer des trajectoires budgétaires à la fois plus réalistes et mieux respectées.

C’est le sens de la proposition mise sur la table en avril par la Commission européenne. Jusqu’à maintenant, les pays ne sont pas parvenus à un compromis. Mais l’objectif est de parvenir à un accord d’ici fin décembre. Dans cette perspective, le verdict des agences de notation sur la France devrait être particulièrement attendu.

Finances-Une souscription nationale pour sauver l’Élysée

Finances-Une souscription nationale pour sauver l’Élysée ?


D’après le Figaro, l’Élysée souffrirait aussi de la crise. Pour preuve un trou de plus de 12 millions sur un budget de 127 millions. Pas vraiment une démonstration de rigueur, il s’agit plutôt du signe d’une mauvaise gouvernance de Macron lui-même. De là à organiser une quête nationale ou de faire voter un chèque spécial par le Parlement, il n’y a qu’un pas ! Notons que le président ne se soucie guère de ses dépenses notamment de ses multiples déplacements en avion ou du petit divertissement offert à Charles III à Versailles.

En 2023, le budget s’élevait initialement à 115 millions d’euros, rappelle le document. Or, in fine, les «prévisions d’atterrissage budgétaire à fin 2023» s’établissent plutôt à 127,4 millions d’euros. Un trou de 12,4 millions d’euros, donc, et un bond de 12% par rapport à l’année précédente.

Parallèlement, les voyages d’Emmanuel Macron, en particulier en avion, ont représenté une dépense importante, a précisé l’entourage du chef de l’État à Politico, alors que les frais associés – dont le carburant des appareils – ont augmenté. «L’agenda présidentiel pouvant difficilement être connu avec certitude au moment de l’élaboration des prévisions budgétaires, les dépenses de déplacement font nécessairement l’objet d’une coordination et d’une actualisation constante par l’ensemble des acteurs», ajoute le document.

Reste que le Château requiert une «augmentation de la dotation de la présidence», pour 2024, une décision justifiée par «la reprise intense de l’activité depuis 2022, ainsi que le contexte inflationniste». L’enveloppe déplacements passerait ainsi à 21 millions d’euros, et les dépenses de personnel comme celles d’investissement augmenteraient. La dotation globale s’établirait alors à 122,6 millions d’euros, en hausse de 11%, soit 12 millions d’euros, par rapport au budget 2023.

Curieux ce chiffre de 11 % car il correspond à peu près à la perte pouvoir d’achat des salariés. Dans un cas on utilise l’inflation pour l’Élysée et dans l’autre on la récuse pour le pouvoir d’achat.

Finances-Bourse: quelle évolution ?

Finances-Bourse: quelle évolution ?

par Ken Fisher* dans l’Opinion

Qui seront les gagnants et les perdants ? Jusqu’à présent, les secteurs plombés par le repli de 2022 sont précisément ceux qui ont tiré le CAC40 et les actions mondiales vers le haut durant ce début de marché haussier, une évolution que peu d’observateurs avaient prévue. De Paris à New York, les sceptiques sont persuadés que la fête sera bientôt finie. N’y prêtez pas attention. Si nous nous trouvons actuellement dans une phase de correction à court terme, voici les secteurs qui devraient alimenter le prochain rebond de ce marché haussier et pourquoi.

par Ken Fisher dans l’Opinion

La spectaculaire reprise amorcée en octobre a été alimentée par les valeurs de croissance de qualité, comme le luxe et la technologie, ce qui explique la sur performance du CAC40. Aussi peu surprenante soit-elle, cette reprise a néanmoins été rarement anticipée. Les secteurs les plus durement touchés dans un marché baissier sont généralement ceux qui se redressent le plus nettement et le plus tôt – c’est ce que j’appelle l’effet de rebond.

Tech. Voyez plutôt : après avoir plongé dans le sillage des produits de luxe lors du repli de 2022, les titres technologiques mondiaux ont progressé de 30,5 % depuis la mi-octobre, lorsque les marchés mondiaux se sont rapprochés du point bas du marché baissier en euros et ont atteint un plancher en dollars. C’est deux fois plus que les actions mondiales, qui ont gagné 14,9 %. Malgré une évolution en dents de scie depuis avril, les acteurs du secteur du luxe à l’échelle mondiale affichent toujours une hausse de 16,6 % sur cette période, contre 22,3 % pour la France.

Les plus alarmistes voient désormais dans l’essor de la technologie un mouvement trompeur alimenté par l’engouement pour l’IA, mais qui s’atténue déjà, de manière similaire aux craintes entourant les taux d’intérêt et aux prévisions d’un affaiblissement futur des marchés boursiers. Or il s’agit simplement d’une correction à la baisse des attentes, presque identique à celles qui avaient mystifié les marchés baissiers en décembre et février, constituant à l’époque des pauses bienvenues. C’est l’ascension du légendaire « mur des inquiétudes » des marchés haussiers.

Aujourd’hui, les fondamentaux comme la croissance mondiale poussive et les craintes de ralentissement en Chine favorisent les actions de croissance de qualité
Les actions des secteurs liées à la technologie des services de communication et de la consommation discrétionnaire ont connu une évolution semblable à celle de la technologie, chutant lors du marché baissier avant de se redresser. Il en va de même pour l’industrie, surtout en France et dans la zone euro, où les rumeurs de récession ont fait plonger le secteur.

Mais aujourd’hui, les fondamentaux comme la croissance mondiale poussive et les craintes de ralentissement en Chine favorisent les actions de croissance de qualité. Pourquoi ? En période de faible expansion, les investisseurs se ruent sur les véritables entreprises de croissance, capables de stimuler leurs ventes malgré le contexte économique. Celles-ci sont rares, et donc particulièrement prisées.

Marges brutes. Il s’agit là encore d’entreprises de qualité du secteur technologique, qui génèrent des marges brutes d’exploitation de 47 % utilisées à des fins de réinvestissement et de croissance, et en particulier celles opérant dans les domaines des logiciels et des semi-conducteurs. Compte tenu du nombre limité de ces acteurs en France, il convient de se tourner vers les grands noms néerlandais, allemands, coréens, taïwanais et américains.

Par ailleurs, la phase actuelle du marché est à nouveau propice au luxe, qui affiche des marges brutes d’exploitation de 57 % en moyenne et représente l’un des fleurons économiques français. Les sociétés suisses et italiennes permettent de diversifier l’exposition au secteur. Les entreprises de vente au détail d’articles diversifiés, absentes en France, mais nombreuses aux Etats-Unis, ont elles aussi le vent en poupe.

Dans les services de communication, le secteur défensif des télécommunications devrait être à la traîne. Privilégiez plutôt les services et médias interactifs liés à la technologie, un secteur qui génère une marge brute considérable de 62 % et est dominé par les Etats-Unis.

La transition d’un portefeuille de croissance de qualité vers des titres « value » sera un jour judicieuse, mais seulement lorsque l’économie aura repris sa vitesse de croisière, ce qui n’est pas pour demain.

Retardataires. Et les retardataires ? Ce sont d’autres secteurs défensifs, à savoir la santé, la consommation de base et les services publics. Ils se comportent relativement mieux pendant les véritables marchés baissiers : médicaments, pain et électricité demeurent des achats indispensables quelle que soit la situation économique, ce qui offre un certain sentiment de stabilité aux investisseurs. En revanche, lors des phases haussières, cette stabilité devient un poids qui les dissuade d’investir.

L’énergie devrait également rester à la traîne. L’année dernière, les investisseurs se sont rués sur les actions des compagnies pétrolières et gazières, prévoyant à tort que les hausses de prix à court terme se transformeraient en pénuries comme dans les années 1970. Ils répètent cette erreur aujourd’hui. En effet, l’abondance de l’offre mondiale limitera les prix et les bénéfices. Vous pouvez ignorer la grève dans le secteur du gaz naturel en Australie. Les usines concernées ne représentaient que 7 % de l’offre mondiale de GNL l’année dernière et de nouvelles sources d’approvisionnement commenceront bientôt à être exploitées.

Il en va de même pour les rumeurs de pénurie de gaz en Europe, car les stocks de l’UE sont remplis à 94 % à la mi-septembre, un niveau nettement supérieur à la moyenne des cinq dernières années.

Quid de l’industrie ? Les marges bénéficiaires brutes modérées à l’échelle mondiale (23,4 %) augurent d’une baisse des rendements une fois que le rebond aura pris fin, ce qui semble déjà être le cas étant donné le retard pris par le secteur depuis le début du mois de mars. Le secteur est intéressant, à condition de ne pas s’y exposer trop fortement.

Pourquoi ? Il faut toujours s’exposer un peu aux secteurs pour lesquels vous anticipez des performances plus décevantes. Il s’agit là en quelque sorte d’une assurance contre le risque de se tromper et la forme ultime de diversification du portefeuille, car personne n’est à l’abri d’une erreur quand il s’agit de prévisions.

La transition d’un portefeuille de croissance de qualité vers des titres « value » sera un jour judicieuse, mais seulement lorsque l’économie aura repris sa vitesse de croisière, ce qui n’est pas pour demain. Il convient donc d’être optimiste et de privilégier les titres de croissance jusqu’à ce que les signes d’une forte croissance économique deviennent plus évidents.

*Ken Fisher est président et directeur de Fisher Investments Europe, président exécutif et codirecteur des investissements de Fisher Investments.

Croissance, dette, déficit : fortes critiques du Haut conseil des finances publiques

Croissance, dette, déficit : fortes critiques du Haut conseil des finances publiques

Un manque de crédibilité estime le Haut conseil des finances publiques présidé par Pierre Moscovici à propos du budget 2024. Un budget qui se caractérise par une prévision excessive de recettes fiscales et au contraire une sous-estimation des dépenses.

« La trajectoire de finances publiques prévue manque encore à ce jour, à notre sens, de crédibilité », a critiqué le président du HCFP Pierre Moscovici, lors d’une conférence de presse.

Au chapitre des prévisions excessives de recettes figurent surtout la surestimation de la croissance avec un chiffre de 1,4 % alors que la plupart des experts et même la Banque de France considère que l’activité n’atteindra même pas 1 %.Le même optimisme excessif caractérise les années suivantes.

Pour les années 2025 (1,7%), 2026 et 2027 (1,8%), les magistrats financiers considèrent également que les projections de Bercy sont encore « optimistes ».

Le Haut conseil considère également que le gouvernement est notamment trop optimiste dans ses prévisions de dépenses des Français et donc dans ses prévisions de consommation et de croissance. Le même volontarisme irréaliste concerne aussi les perspectives d’évolution des investissements des entreprises

De son côté, Pierre Moscovici a pointé le manque d’économies « documentées » dans les documents budgétaires envoyés par l’exécutif. Résultat, « le HCFP a estimé qu’en l’absence de précision sur la nature de ces économies, il ne pouvait juger le réalisme de la trajectoire de dépenses ni en apprécier les conséquences sur le scénario macroéconomique ».

Dernière critique et non des moindres : 57 milliards d’intérêts en 2024 et ce montant atteindrait 84 milliards en 2027 » !

Environnement–Financement insuffisant de la transition écologique

Environnement–Financement insuffisant de la transition écologique


Recourir à la dette pour financer la transition revient à s’enfermer dans une logique de croissance néfaste à l’environnement estime l’économiste Jézabel Couppey-Soubeyran, maîtresse de conférences d’économie à l’université Paris-I et conseillère scientifique à l’Institut Veblen .

Mercredi 13 septembre, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, insistait dans son discours sur l’état de l’Union sur les défis écologiques, économiques, sociaux, géopolitiques et migratoires : poursuivre le Pacte vert européen, réussir la transition énergétique, obtenir la paix en Ukraine, préserver la biodiversité, parvenir à une transition juste et équitable, à une union plus complète, qui défende et protège, humaine mais sécurisée, solidaire mais souveraine, etc. Le discours a été prolixe sur les fins. Mais où sont les moyens ?

Les finances publiques européennes restent enfermées dans un triangle infernal, avec des recettes limitées par la concurrence fiscale que les Etats de l’Union continuent de se livrer (faute d’union fiscale), des dépenses bridées par une règle de déficit inférieur à 3 % du produit intérieur brut (PIB), que la réforme du pacte de stabilité ne supprimera pas, et une dette qui, au-delà de 60 % du PIB, expose à des sanctions, sinon à un guidage strict de l’action publique. L’Union « plus complète », souhaitée par la présidente de la Commission, ne semble pas près de s’étendre aux domaines fiscal et budgétaire.

Est-il alors souhaitable que l’Europe se dote d’une capacité d’endettement plus élevée ? D’abord, force est de constater qu’elle ne le fera pas dans le cadre d’une union budgétaire. C’est ce que signifie, entre autres, la présidente de la Commission européenne quand elle dit : « Nous ne devons pas attendre de modifier les traités, nous pouvons adapter le droit existant. » L’Europe ne parviendra donc sans doute jamais à mutualiser ses emprunts souverains et à créer l’« actif sans risque » (ou perçu comme tel), dont voudraient pourtant les investisseurs, et qui diminuerait le risque d’une crise de dettes souveraines.

Vision pessimiste, rétorqueront les plus confiants, car l’UE a su trouver une alternative, proposée par la France et l’Allemagne, et compatible avec les traités, quand il a fallu financer le plan de relance Next Generation EU : pour la première fois, l’Union européenne a emprunté en son nom via la Commission européenne, dans le but de réunir jusqu’à 500 milliards d’euros de subventions répartis entre les Etats membres pour soutenir leurs économies.

Selon le rapport du GIEC d’avril 2022, les niveaux actuels d’investissement dans tous les secteurs et dans toutes les régions sont de trois à six fois inférieurs à ce qu’il faudrait entre 2020 et 2030 pour limiter le réchauffement à + 1,5 °C ou même + 2 °C. Va-t-on pouvoir mobiliser la finance privée et la finance publique autant que de besoin pour les augmenter au niveau nécessaire ? Le financement public a le défaut d’être lent à se déployer, le financement privé celui de privilégier la rentabilité et le court terme. Le problème est que les investissements à réaliser doivent être engagés au plus vite et que, en grande partie, ils ne seront pas assez rentables ou le deviendront à un horizon long. Se pencher sur la problématique de leur financement permet de comprendre pourquoi la transition écologique avance si peu et invite à se tourner vers des solutions innovantes.

Prenons le cas de la rénovation thermique des bâtiments. D’abord, ce sont des investissements indispensables. Ils constituent d’ailleurs un axe prioritaire du volet transition écologique du plan de relance européen. Le secteur du bâtiment compte à lui seul pour 40 % de la consommation d’énergie en Europe et pour 36 % des émissions de gaz à effet de serre (20 % en France). Les trois quarts du parc immobilier européen ont un faible niveau d’efficacité énergétique. Sans une décarbonation active de ce secteur et une amélioration drastique de sa performance énergétique, les objectifs que se sont fixés les pays de l’Union européenne (UE) de réduire de 55 % les émissions de gaz à effets de serre d’ici à 2030 et d’atteindre la neutralité climatique à l’horizon 2050 ne seront pas tenus. Une directive européenne, adoptée en 2010, modifiée une première fois en 2018 et revue actuellement, vise à améliorer la performance énergétique des bâtiments et à accélérer leur rénovation.

Ensuite, ce sont des investissements massifs. Dans sa stratégie « Renovation Wave », la Commission européenne estime à 275 milliards d’euros par an d’ici à 2030 le montant des investissements supplémentaires à réaliser dans la rénovation des bâtiments dans l’UE, soit un total de 3 500 milliards d’euros.

Inflation et Finances : quel impact des taux sur les actions

Inflation et Finances : quel impact des taux sur les actions

. Par Karl Eychenne, chercheur chez Oblomov & Bartleby dans la Tribune

Un article intéressant pour expliquer les variations respectives des actions et des obligations. Cependant cette réflexion fait l’impasse sur la dimension structurelle de l’inflation et donc sur l’éventualité d’un haut niveau des taux pendant encore longtemps NDLR


En sport de combat comme en finance, il suffit d’un moment de relâchement, et la contingence des évènements en profite pour vous surprendre. C’est exactement ce qui se produit aujourd’hui sous les yeux de l’investisseur, qui n’ont pas vu venir le repli des actions : -4% pour la zone euro depuis début août. À l’origine de ce trou d’air, des hausses de taux américains rapides et brutales. Cette hausse des taux est-elle justifiée, durable, inquiétante ? Non, non et non.

Mais qu’importe le mal, le stigmate est seul suffisant pour justifier une baisse des actions. Les taux d’intérêt américains montent, et c’est bien le principal motif d’angoisse des marchés d’actions. En effet, ils ne peuvent compter ni sur les bénéfices des entreprises attendus en croissance nulle sur 2023, ni sur la prime de risque exigée par les investisseurs à des niveaux déjà complaisants. Seuls les taux d’intérêt sont susceptibles de faire mal au marché d’actions américain, et c’est ce qu’ils font.

De ce point de vue, le marché euro paraissait moins vulnérable, avec des bénéfices révisés à la hausse pour 2023, et une prime de risque un « chouilla » plus conservatrice. Mais la sympathie inaliénable (sa corrélation historique) du marché euro envers le marché américain a motivé une correction plus importante encore. Le reste des mouvements observés est plutôt cohérent : la hausse des taux américains pèse davantage sur les valeurs de croissance, les valeurs cycliques, le dollar, et donc les marchés émergents.

Y aurait-il donc quelque chose que nous avons raté sur les taux, et donc sur les actions ? Non. Il se trouve juste que cette hausse des taux n’a rien à voir avec les précédentes qui étaient motivées par la perspective de voir la Banque centrale américaine (Fed) monter ses taux encore et encore. Le sens de l’histoire c’est la fin du cycle monétaire restrictif. Mais alors pourquoi les taux américains ont-ils monté, et surtout pourquoi cela ne devrait pas durer ? Trois motifs font consensus.

D’abord, il y a ce chiffre de création d’emploi américain (ADP) pour juillet bien plus fort qu’attendu, et qui présagerait d’un discours de la Fed plus musclé afin de contenir un dérapage des salaires. Bémol : les anticipations des marchés concernant la politique monétaire à venir ont à peine évolué suite à la nouvelle ; en particulier les taux d’intérêt à 2 ans sont restés sages, seuls les taux à 10 ans ont remonté. Autre bémol, ce chiffre d’emploi n’est pas le plus important, celui de vendredi (Payrolls) est beaucoup plus suivi par les marchés, car beaucoup plus fiable. Enfin dernier bémol, ce chiffre d’emploi source ADP est en contradiction avec les indicateurs avancés publiés récemment (ISM, PMI), et dont les composantes emploi témoignent plutôt d’un fléchissement.

Ensuite, il y a la décision de la Banque centrale japonaise (BOJ) d’augmenter sa cible maximale sur les taux d’intérêt à 10 ans de 0,5 à 1%. Elle seule pratique ce genre de politique, mais il faut dire que la BOJ a un rapport très particulier avec son marché obligataire dont l’encours dépasse près de 250% du PIB, la palme de l’endettement parmi les pays développés. À l’origine de cette décision de la BOJ, une accélération suspecte de l’inflation, qui était restée jusqu’alors bien sage durant toute la période d’hystérie connue partout ailleurs (hors Chine). Toutefois, la réaction du marché obligataire japonais ne semble pas à la hauteur de cette nouvelle très symbolique ; les taux à 10 ans japonais ont remonté à « seulement » 0,6%, bien loin de leur nouvelle cible maximale de 1%. Et pour cause, dans le même temps, la BOJ intervenait pour limiter toute exubérance.

Enfin, il y aurait bien cette décision d’une des trois principales agences de notations (Fitch) de dégrader d’un ton la note de la dette publique américaine de « AAA » à « AA+ ». En forçant le trait, cela pourrait être équivalent à baisser la moyenne d’un élève de 20 à 19. Toutefois, on ne plaisante pas avec la Princesse au petit pois de la finance, il se trouve que l’investisseur obligataire manifeste une sensibilité exubérante au moindre changement de température de la dette américaine. On se rappellera de l’épisode de 2011, la notation de la dette américaine fut dégradée pour la première fois de son histoire, également de « AAA » à « AA+ ». Sauf qu’à l’époque une telle nouvelle provoqua non pas une hausse des taux comme aujourd’hui, mais une chute de près de 1% pour cause de fin du monde probable.

Ainsi donc, tout concourt à penser que la hausse des taux d’intérêt en cours n’est qu’un épiphénomène. Et si les taux cessent de monter, les actions cessent de baisser. Tout devrait rentrer dans l’ordre d’ici peu, la semaine prochaine par exemple avec le retour du beau temps… Il n’en faut souvent pas davantage pour que l’investisseur trouve les meilleurs arguments justifiant son opportunisme. Et si l’on cherche davantage de finesse intellectuelle afin de justifier le rebond des actions à venir, alors peut-être se risquera-t-on à invoquer la pensée pascalienne :

Ne pouvant faire que ce qui est rationnel fit monter le marché,
On a fait en sorte que ce qui fait monter le marché fut rationnel.

Finances : impact des taux sur les actions

Finances : impact des taux sur les actions

. Par Karl Eychenne, chercheur chez Oblomov & Bartleby dans la Tribune


En sport de combat comme en finance, il suffit d’un moment de relâchement, et la contingence des évènements en profite pour vous surprendre. C’est exactement ce qui se produit aujourd’hui sous les yeux de l’investisseur, qui n’ont pas vu venir le repli des actions : -4% pour la zone euro depuis début août. À l’origine de ce trou d’air, des hausses de taux américains rapides et brutales. Cette hausse des taux est-elle justifiée, durable, inquiétante ? Non, non et non.

Mais qu’importe le mal, le stigmate est seul suffisant pour justifier une baisse des actions. Les taux d’intérêt américains montent, et c’est bien le principal motif d’angoisse des marchés d’actions. En effet, ils ne peuvent compter ni sur les bénéfices des entreprises attendus en croissance nulle sur 2023, ni sur la prime de risque exigée par les investisseurs à des niveaux déjà complaisants. Seuls les taux d’intérêt sont susceptibles de faire mal au marché d’actions américain, et c’est ce qu’ils font.

De ce point de vue, le marché euro paraissait moins vulnérable, avec des bénéfices révisés à la hausse pour 2023, et une prime de risque un « chouilla » plus conservatrice. Mais la sympathie inaliénable (sa corrélation historique) du marché euro envers le marché américain a motivé une correction plus importante encore. Le reste des mouvements observés est plutôt cohérent : la hausse des taux américains pèse davantage sur les valeurs de croissance, les valeurs cycliques, le dollar, et donc les marchés émergents.

Y aurait-il donc quelque chose que nous avons raté sur les taux, et donc sur les actions ? Non. Il se trouve juste que cette hausse des taux n’a rien à voir avec les précédentes qui étaient motivées par la perspective de voir la Banque centrale américaine (Fed) monter ses taux encore et encore. Le sens de l’histoire c’est la fin du cycle monétaire restrictif. Mais alors pourquoi les taux américains ont-ils monté, et surtout pourquoi cela ne devrait pas durer ? Trois motifs font consensus.

D’abord, il y a ce chiffre de création d’emploi américain (ADP) pour juillet bien plus fort qu’attendu, et qui présagerait d’un discours de la Fed plus musclé afin de contenir un dérapage des salaires. Bémol : les anticipations des marchés concernant la politique monétaire à venir ont à peine évolué suite à la nouvelle ; en particulier les taux d’intérêt à 2 ans sont restés sages, seuls les taux à 10 ans ont remonté. Autre bémol, ce chiffre d’emploi n’est pas le plus important, celui de vendredi (Payrolls) est beaucoup plus suivi par les marchés, car beaucoup plus fiable. Enfin dernier bémol, ce chiffre d’emploi source ADP est en contradiction avec les indicateurs avancés publiés récemment (ISM, PMI), et dont les composantes emploi témoignent plutôt d’un fléchissement.

Ensuite, il y a la décision de la Banque centrale japonaise (BOJ) d’augmenter sa cible maximale sur les taux d’intérêt à 10 ans de 0,5 à 1%. Elle seule pratique ce genre de politique, mais il faut dire que la BOJ a un rapport très particulier avec son marché obligataire dont l’encours dépasse près de 250% du PIB, la palme de l’endettement parmi les pays développés. À l’origine de cette décision de la BOJ, une accélération suspecte de l’inflation, qui était restée jusqu’alors bien sage durant toute la période d’hystérie connue partout ailleurs (hors Chine). Toutefois, la réaction du marché obligataire japonais ne semble pas à la hauteur de cette nouvelle très symbolique ; les taux à 10 ans japonais ont remonté à « seulement » 0,6%, bien loin de leur nouvelle cible maximale de 1%. Et pour cause, dans le même temps, la BOJ intervenait pour limiter toute exubérance.

Enfin, il y aurait bien cette décision d’une des trois principales agences de notations (Fitch) de dégrader d’un ton la note de la dette publique américaine de « AAA » à « AA+ ». En forçant le trait, cela pourrait être équivalent à baisser la moyenne d’un élève de 20 à 19. Toutefois, on ne plaisante pas avec la Princesse au petit pois de la finance, il se trouve que l’investisseur obligataire manifeste une sensibilité exubérante au moindre changement de température de la dette américaine. On se rappellera de l’épisode de 2011, la notation de la dette américaine fut dégradée pour la première fois de son histoire, également de « AAA » à « AA+ ». Sauf qu’à l’époque une telle nouvelle provoqua non pas une hausse des taux comme aujourd’hui, mais une chute de près de 1% pour cause de fin du monde probable.

Ainsi donc, tout concourt à penser que la hausse des taux d’intérêt en cours n’est qu’un épiphénomène. Et si les taux cessent de monter, les actions cessent de baisser. Tout devrait rentrer dans l’ordre d’ici peu, la semaine prochaine par exemple avec le retour du beau temps… Il n’en faut souvent pas davantage pour que l’investisseur trouve les meilleurs arguments justifiant son opportunisme. Et si l’on cherche davantage de finesse intellectuelle afin de justifier le rebond des actions à venir, alors peut-être se risquera-t-on à invoquer la pensée pascalienne :

Ne pouvant faire que ce qui est rationnel fit monter le marché,
On a fait en sorte que ce qui fait monter le marché fut rationnel.

Finances: hyper profits du CAC et facture pour les ménages !

Finances: hyper profits du CAC et facture pour les ménages !


Il y a un an , les bénéfices semestriels progressaient à un rythme supérieur à 25 %, et en 2021 , ils dépassaient de 33 % ceux de 2019 (les entreprises du CAC 40 avaient subi une perte nette au premier semestre 2020, du fait du Covid). Il y a un an , les bénéfices semestriels progressaient à un rythme supérieur à 25 %, et en 2021 , ils dépassaient de 33 % ceux de 2019 (les entreprises du CAC 40 avaient subi une perte nette au premier semestre 2020, marqué par les restrictions liées au Covid). Après les superprofits de 2022, ce sont les superprofits du premier semestre 2023 qui sont donc annoncés pour beaucoup d’entreprises. Des résultats qui ne sont pas dus simplement à la performance économique mais aussi à la spéculation sur l’inflation finalement payée doublement par les ménages; par l’augmentation des prix d’une part, par la baisse pouvoir d’achat d’autre part.

Les entreprises françaises du CAC40 se portent très bien : en 2022, grâce aux records du luxe et de l’énergie, elles ont généré 142 milliards d’euros de bénéfices cumulés.

Le chiffre d’affaires de ces entreprises atteint 1.729 milliards d’euros, selon un décompte de l’AFP, en hausse de 19 % sur un an, grâce aux ventes gonflées par l’inflation pour de nombreux groupes. Le bénéfice net recule de 9 % par rapport aux près de 156 milliards de 2021, année marquée par le résultat hors norme de près de 25 milliards de Vivendi en raison d’une cession. En 2022, le géant de médias est même passé dans le rouge, affichant avec 1 milliard d’euros la pire perte du CAC40.

Comme les bénéfices, les reversements aux actionnaires progressent, sous une pluie de critiques reprochant aux entreprises de ne pas verser autant aux salariés, ni d’en faire assez pour le climat. Aucun groupe du CAC40 n’a annoncé baisser son dividende alors que ceux-ci avaient déjà atteint un record en 2022, en France (56,5 milliards d’euros) et dans le monde (1.560 milliards de dollars).

Les résultats pour 2023, l’annonce des résultats confirme la vague de superprofits finalement payée par les ménages

Finances : la remontée des taux pèse sur les actions

Finances : la remontée des taux pèse sur les actions

. Par Karl Eychenne, chercheur chez Oblomov & Bartleby dans la Tribune


En sport de combat comme en finance, il suffit d’un moment de relâchement, et la contingence des évènements en profite pour vous surprendre. C’est exactement ce qui se produit aujourd’hui sous les yeux de l’investisseur, qui n’ont pas vu venir le repli des actions : -4% pour la zone euro depuis début août. À l’origine de ce trou d’air, des hausses de taux américains rapides et brutales. Cette hausse des taux est-elle justifiée, durable, inquiétante ? Non, non et non.

Mais qu’importe le mal, le stigmate est seul suffisant pour justifier une baisse des actions. Les taux d’intérêt américains montent, et c’est bien le principal motif d’angoisse des marchés d’actions. En effet, ils ne peuvent compter ni sur les bénéfices des entreprises attendus en croissance nulle sur 2023, ni sur la prime de risque exigée par les investisseurs à des niveaux déjà complaisants. Seuls les taux d’intérêt sont susceptibles de faire mal au marché d’actions américain, et c’est ce qu’ils font.

De ce point de vue, le marché euro paraissait moins vulnérable, avec des bénéfices révisés à la hausse pour 2023, et une prime de risque un « chouilla » plus conservatrice. Mais la sympathie inaliénable (sa corrélation historique) du marché euro envers le marché américain a motivé une correction plus importante encore. Le reste des mouvements observés est plutôt cohérent : la hausse des taux américains pèse davantage sur les valeurs de croissance, les valeurs cycliques, le dollar, et donc les marchés émergents.

Y aurait-il donc quelque chose que nous avons raté sur les taux, et donc sur les actions ? Non. Il se trouve juste que cette hausse des taux n’a rien à voir avec les précédentes qui étaient motivées par la perspective de voir la Banque centrale américaine (Fed) monter ses taux encore et encore. Le sens de l’histoire c’est la fin du cycle monétaire restrictif. Mais alors pourquoi les taux américains ont-ils monté, et surtout pourquoi cela ne devrait pas durer ? Trois motifs font consensus.

D’abord, il y a ce chiffre de création d’emploi américain (ADP) pour juillet bien plus fort qu’attendu, et qui présagerait d’un discours de la Fed plus musclé afin de contenir un dérapage des salaires. Bémol : les anticipations des marchés concernant la politique monétaire à venir ont à peine évolué suite à la nouvelle ; en particulier les taux d’intérêt à 2 ans sont restés sages, seuls les taux à 10 ans ont remonté. Autre bémol, ce chiffre d’emploi n’est pas le plus important, celui de vendredi (Payrolls) est beaucoup plus suivi par les marchés, car beaucoup plus fiable. Enfin dernier bémol, ce chiffre d’emploi source ADP est en contradiction avec les indicateurs avancés publiés récemment (ISM, PMI), et dont les composantes emploi témoignent plutôt d’un fléchissement.

Ensuite, il y a la décision de la Banque centrale japonaise (BOJ) d’augmenter sa cible maximale sur les taux d’intérêt à 10 ans de 0,5 à 1%. Elle seule pratique ce genre de politique, mais il faut dire que la BOJ a un rapport très particulier avec son marché obligataire dont l’encours dépasse près de 250% du PIB, la palme de l’endettement parmi les pays développés. À l’origine de cette décision de la BOJ, une accélération suspecte de l’inflation, qui était restée jusqu’alors bien sage durant toute la période d’hystérie connue partout ailleurs (hors Chine). Toutefois, la réaction du marché obligataire japonais ne semble pas à la hauteur de cette nouvelle très symbolique ; les taux à 10 ans japonais ont remonté à « seulement » 0,6%, bien loin de leur nouvelle cible maximale de 1%. Et pour cause, dans le même temps, la BOJ intervenait pour limiter toute exubérance.

Enfin, il y aurait bien cette décision d’une des trois principales agences de notations (Fitch) de dégrader d’un ton la note de la dette publique américaine de « AAA » à « AA+ ». En forçant le trait, cela pourrait être équivalent à baisser la moyenne d’un élève de 20 à 19. Toutefois, on ne plaisante pas avec la Princesse au petit pois de la finance, il se trouve que l’investisseur obligataire manifeste une sensibilité exubérante au moindre changement de température de la dette américaine. On se rappellera de l’épisode de 2011, la notation de la dette américaine fut dégradée pour la première fois de son histoire, également de « AAA » à « AA+ ». Sauf qu’à l’époque une telle nouvelle provoqua non pas une hausse des taux comme aujourd’hui, mais une chute de près de 1% pour cause de fin du monde probable.

Ainsi donc, tout concourt à penser que la hausse des taux d’intérêt en cours n’est qu’un épiphénomène. Et si les taux cessent de monter, les actions cessent de baisser. Tout devrait rentrer dans l’ordre d’ici peu, la semaine prochaine par exemple avec le retour du beau temps… Il n’en faut souvent pas davantage pour que l’investisseur trouve les meilleurs arguments justifiant son opportunisme. Et si l’on cherche davantage de finesse intellectuelle afin de justifier le rebond des actions à venir, alors peut-être se risquera-t-on à invoquer la pensée pascalienne :

Ne pouvant faire que ce qui est rationnel fit monter le marché,
On a fait en sorte que ce qui fait monter le marché fut rationnel:

12345...10



L'actu écologique |
bessay |
Mr. Sandro's Blog |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | astucesquotidiennes
| MIEUX-ETRE
| louis crusol