Sarkozy: un »plébéien teigneux » (Fillon)
Ce n’est pas un portrait très flatteur que brosse Fillon concernant Sarkozy qui d’après lui navigue à vue en fonction de l’opinion et de ce faite est relativement vulnérable Fillon considère que Sarkozy a refusé de grande réforme structurelle comme les 35 heures, les retraites ou le rééquilibrage budgétaire. En gros Sarkozy serait surtout préoccupé de son image et d’une certaine manière prisonnier de celle-ci, bref une sorte de plébéien teigneux mais en faite très hésitant. François Fillon, qui brigue l’investiture de la droite pour la présidentielle de 2017, dépeint dans un livre à paraître lundi un Nicolas Sarkozy « vulnérable aux humeurs de l’opinion », hésitant « à prendre des risques » et enfermé dans un « personnage de plébéien teigneux » durant son quinquennat. En contrepoint, l’ancien Premier ministre dresse de lui-même le portrait d’un homme plus audacieux que le prédécesseur de François Hollande, « moins malléable, moins perméable », bridé dans sa volonté d’aller « plus loin ». Même si le député de Paris s’exprime d’une plume parfois flatteuse à l’égard de son désormais rival, le chapitre qui lui est consacré dans « Faire », un livre-programme émaillé de confidences dont Le Figaro Magazine diffuse jeudi les « bonnes feuilles », risque de tendre un peu plus des liens déjà distants. Ainsi : « Je l’ai vu sensible, prévenant, capable sur des sujets inattendus d’une culture qui prenait tout le monde de court, à rebours du personnage de plébéien teigneux qu’il avait cru devoir se forger pour conquérir le pouvoir, mais dans lequel il s’est probablement trop enfermé pour le conserver ». François Fillon juge que la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012 fut « brûlante, décousue, irascible ». « J’ai souvent eu le sentiment d’être en présence d’un boxeur acculé dans les cordes et livrant ses coups sans compter, avec l’énergie du désespoir ». La défaite de 2012 tient selon l’ex-Premier ministre à la personnalité de Nicolas Sarkozy. « La victoire a échappé à la droite alors que les conditions du succès étaient pourtant largement réunies ». « Chacun sait qu’il y a eu dans l’élection présidentielle un rejet, que je considère comme un rejet qui est injuste, mais qui est une réalité », a-t-il poursuivi jeudi soir sur France 2. Nicolas Sarkozy lui répond dans une interview à paraître vendredi dans Le Parisien : « François Fillon a le droit d’avoir sa vision du quinquennat. Moi, j’ai été heureux de travailler avec lui. Ça a été un bon Premier ministre ». « Mais, en 2012, je suis battu en faisant 48,5% face à François Hollande, alors qu’on disait que je ne me qualifierais même pas au second tour. Et cela faisait tout de même dix-sept ans que la droite était au pouvoir. C’est long en démocratie », ajoute-t-il. François Fillon loue en revanche les relations, parfois orageuses, qui furent les leurs durant le quinquennat. Même s’il confirme qu’il a présenté sa démission à deux reprises, notamment en septembre 2007 après s’être alarmé publiquement d’un Etat « en faillite ». « Je fais un portrait qui correspond à ce que j’ai vu, à ce que j’ai ressenti, qui est un portrait-vérité. C’est un homme que j’admire par bien des aspects, mais qui a aussi des défauts comme j’en ai », a plaidé François Fillon sur France 2. « Certains ont voulu grossir des épisodes insignifiants pour vendre au public des scénarios de tragédies shakespeariennes. (…) Nos rapports ont été solides, francs. Nous avons eu des discussions vives, des désaccords et même des discordes, évidemment. Nous savions les solder en tête à tête », écrit-il. « La prudence que l’on était enclin à m’attribuer, explique-t-il, fut régulièrement de son côté plutôt que du mien ». Sur la refonte des 35 heures, la réforme des retraites, la réduction des déficits, « j’aurais voulu que nous allions plus loin », répète François Fillon qui propose à ce jour le programme le plus radical des candidats à la primaire de la droite et du centre. « D’une certaine façon, il (Nicolas Sarkozy-NDLR) semblait chercher le compromis comme s’il craignait le procès en extrémisme que ses adversaires n’ont cessé de lui intenter. Il lui répugnait de ne pas être aimé », avance François Fillon. « Cela fit de lui un extraordinaire combattant, mais un homme d’Etat vulnérable aux humeurs de l’opinion », poursuit-il dans une chronique mi-fiel mi-miel. « La hantise qu’il avait de son image freina sa capacité de mouvement. (…) Au moment de passer à l’action, il hésitait à prendre des risques, alors qu’il avait su apparaître dans ses discours comme un homme que rien ne pouvait arrêter ».