Programme Fillon : effet négatif sur la croissance ?
D’après BFM business qui a fait tourner un modèle économétrique largement utilisé le programme Fillon se traduirait surtout par un effet négatif sur la croissance. En effet l’axe central des orientations de François Fillon vise à ponctionner les ménages pour environ 20 milliards à travers l’augmentation de 2 % de la TVA. Ce qui engendrerait une diminution de la croissance du fait de la baisse de consommation qui représente les deux tiers du produit intérieur brut. À cette amputation du pouvoir d’achat des consommateurs il faudrait ajouter une hausse de l’inflation d’environ 1,7 % qui viendront encore diminuer davantage le pouvoir d’achat. Certes on peut comprendre que Fillon veuille alléger encore les charges des entreprises pour rendre l’économie plus compétitive mais les efforts ; qu’il demande aux ménages risquent d’être contre-productifs pour l’activité et le chômage. Premier point: le cadrage financier du programme. François Fillon promet 50 milliards d’euros d’allègements sociaux et fiscaux, dont 40 milliards pour les entreprises (avec notamment 10 milliards de baisse d’impôt sur les sociétés) et 10 milliards pour les ménages mais en fait annuler par l’augmentation de 20 milliards de la TVA Pour financer ces baisses, il ambitionne de réduire la dépense publique de 100 milliards d’euros, de raboter le nombre de fonctionnaires jusqu’à 500.000 en cinq ans, et d’augmenter de 2 points la TVA.
Le changement des règles du jeu économique ensuite: pour rendre l’économie française plus flexible, François Fillon entend simplifier le code du travail, faciliter les licenciements, supprimer les 35 heures, relever les seuils sociaux, renforcer le dialogue social en entreprise, encourager le travail indépendant… A partir de là, étudions deux scénarios:
L’ancien Premier ministre parvient à réduire la dépense publique et le nombre de fonctionnaires, mais échoue sur le marché du travail et le dialogue social. Reste un programme d’austérité déflationniste: le « malade » France serait peut-être en voie de guérison à l’issue de son mandat en 2022, notamment du côté des finances publiques, dont le solde serait redressé de plus de 5 points de PIB. Mais il serait très affaibli, puisque « la thérapie de choc » Fillon coûterait sur la période plus de 3,5 points de croissance et augmenterait le taux de chômage de 0,7 point.
Si François Fillon parvient à mettre en œuvre l’intégralité de son programme, alors on peut tirer des expériences étrangères similaires les leçons suivantes: les entreprises auront plus de latitude et de moyens pour investir, et géreront mieux leurs effectifs, tant sur le plan quantitatif que qualitatif, avec des effets positifs sur la productivité et la compétitivité. La pression sur les salaires sera plus grande, mais il y aura aussi plus d’embauches, inversant la vieille préférence française pour le chômage. Le visage économique de la France aura changé: la croissance, après avoir souffert dans la première partie du quinquennat, se redressera, le taux de chômage sera inférieur de 1,7 point à ce qu’il aurait été sans réforme, les comptes publics seront excédentaires et le commerce extérieur encore plus. Bref, la France aura regagné une compétitivité « à l’allemande ». Toute la question est donc de savoir si Fillon sera en capacité d’appliquer d’intégralité de son programme avec la rigueur nécessaire.