Archive pour le Tag 'filière'

Eolien : l ‘Etat freine la filière

Eolien : l ‘Etat freine la filière

Incident ou stratégie, après avoir freiné le nucléaire pendant longtemps maintenant l’État freine l’éolien.

Dans le cadre de la dernière vague d’appel d’offres, l’Etat proposait des contrats d’achat d’électricité éolienne pour 925 MW de projets – soit la puissance théorique d’un réacteur nucléaire d’ancienne génération. Mais in fine, seuls 54 MW de projets ont été sélectionnés, soit 6 % des volumes de parcs éoliens initialement recherchés par l’Etat .

La conséquence d’un« vice de conformité » qui a fait brutalement chuter les volumes de contrats d’achat d’électricité éolienne octroyés par l’Etat. Pour les nombreux parcs éoliens retoqués, cela implique des délais de mise en service allongés. Un nouvel appel d’offres accéléré doit être lancé très rapidement pour corriger le tir.

Dans une délibération prise début février et rendue publique ce jeudi, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) fait état d’un coup de frein inédit dans l’octroi de contrats d’achat d’électricité éolienne par les services de l’Etat, l’outil central en France pour développer les parcs éoliens.

Régulation de l’ électricité: face à la spéculation, renationaliser toute la filière

Régulation de l’ électricité: face à la spéculation, renationaliser toute la filière

Deux élément sont responsables de la crise de l’électricité en France; d’une part l’abandon de la filière nucléaire pour récupérer les voix de quelques écolos bobos, d’autre part le fait d’avoir substitué un marché anarchique aux tarifs règlementés; Des dizaines et des dizaines d’entreprises qui ne produisent rien, qui ne distribuent rien ont pu ainsi réaliser des surper-profits scandaleux qui ont contribué à la crise de l’électricité. Résultat , alors qu’on payait le megawh 70 euros, le particulier paye désormais environ 140 euros et les TPE 240 euros, cela en dépit du bouclier tarifaire.

« En voulant concilier ouverture à la concurrence et préservation pour les consommateurs du bénéfice de la compétitivité du parc nucléaire existant, l’organisation des marchés de l’électricité a abouti à une construction complexe et régulièrement remise en cause », Observe de manière très diplomatique la Cour des comptes dans un rapport sur l’organisation des marchés de l’électricité.

Plus grave encore, « la combinaison des principaux outils d’intervention publique ne garantit plus l’atteinte des objectifs initiaux de la loi Nome en termes de stabilité et de compétitivité des prix .

EDF est contraint de fournir ses concurrents au prix de 42 € le mégawatt heure pour un prix d’achat à l’étranger qui a pu atteindre jusqu’à 1000 € au sommet de la crise.

Cette régulation des prix a été voulue par l’Allemagne qui alors comptait sur le faible coût du pétrole russe comme ressource principale afin de concurrencer la France sur le plan énergétique . La France est prisonnière d’un système dénoncé y compris par la Cour des Comptes alors qu’elle produit l’énergie la moins chère du monde quand évidemment on ne ferme pas de centrales nucléaires. .

Les rapporteurs de la rue Cambon pointent en particulier la méthode de calcul des tarifs réglementés d’EDF établie par la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Comme l’avait déjà souligné l’UFC-Que Choisir en mai 2021, ils démontrent qu’en intégrant le coût d’approvisionnement des fournisseurs alternatifs sur les marchés de gros dès qu’ils n’ont plus d’Arenh (1), elle fait fortement augmenter le tarif réglementé, le déconnectant de plus en plus des coûts de production du parc nucléaire d’EDF.
Ainsi révisé, le tarif réglementé est trop exposé au marché, il n’est plus à même d’assurer la stabilité des prix aux consommateurs. Sans le bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement, il aurait ainsi bondi de 35 % TTC le 1er février dernier. La Cour des comptes appelle à réformer son mode de calcul pour le protéger des variations des prix de marché.

Autre outil mis en cause, celui de l’Arenh, qui impose à EDF de fournir jusqu’à 100 TWh d’électricité produite par son parc nucléaire à ses concurrents au prix de 42 € le mégawattheure. Si ce dispositif a privé EDF de 7 milliards de revenus sur la période 2011-2021, il lui a cependant permis de couvrir largement ses coûts. Mais ils vont augmenter fortement en 2022 du fait de la faible production de son parc nucléaire. La Cour souligne que les mécanismes de régulation ne fonctionnent plus, que ce soit en France ou en Europe.

Enfin, le mécanisme de capacité qui rémunère le dernier moyen de production appelé pour faire face aux pointes de consommation « est à l’origine de transferts financiers qui peuvent excéder les nécessités de la sécurité d’approvisionnement ». Coût estimé à la charge des consommateurs : de 500 millions à 1,2 milliard par an.

La Cour des comptes conclut que ces trois outils d’intervention publique ne sont pas maîtrisés et qu’ils ne garantissent plus l’atteinte des objectifs initiaux de la loi Nome. Elle recommande une nouvelle régulation pérenne qui supprimerait les effets pervers des mécanismes en place et protégerait les consommateurs de la volatilité des prix.

Electricité: renationaliser toute la filière

Electricité: renationaliser toute la filière

Deux élément sont responsables de la crise de l’électricité en France; d’une part l’abandon de la filière nucléaire pour récupérer les voix de quelques écolos bobos, d’autre part le fait d’avoir substitué un marché anarchique aux tarifs règlementés; Des dizaines et des dizaines d’entreprises  qui ne produisent rien, qui ne distribuent rien ont pu ainsi réaliser des surper-profits scandaleux qui ont contribué à la crise de l’électricité. Résultat , alors qu’on payait le megawh 70 euros, le particulier paye  désormais environ 140 euros et les TPE 240 euros, cela en dépit du bouclier tarifaire.

« En voulant concilier ouverture à la concurrence et préservation pour les consommateurs du bénéfice de la compétitivité du parc nucléaire existant, l’organisation des marchés de l’électricité a abouti à une construction complexe et régulièrement remise en cause », Observe de manière très diplomatique la Cour des comptes dans un rapport sur l’organisation des marchés de l’électricité.

Plus grave encore, « la combinaison des principaux outils d’intervention publique ne garantit plus l’atteinte des objectifs initiaux de la loi Nome en termes de stabilité et de compétitivité des prix .

EDF est contraint de fournir ses concurrents au prix de 42 € le mégawatt heure pour un prix d’achat à l’étranger qui a pu atteindre jusqu’à 1000 € au sommet de la crise.

Cette régulation des prix a été voulue par l’Allemagne qui alors comptait sur le faible coût du pétrole russe comme ressource principale afin de concurrencer la France sur le plan énergétique . La France est prisonnière d’un système dénoncé y compris par la Cour des Comptes alors qu’elle produit l’énergie la moins chère du monde quand évidemment on ne ferme pas de centrales nucléaires. .

Les rapporteurs de la rue Cambon pointent en particulier la méthode de calcul des tarifs réglementés d’EDF établie par la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Comme l’avait déjà souligné l’UFC-Que Choisir en mai 2021, ils démontrent qu’en intégrant le coût d’approvisionnement des fournisseurs alternatifs sur les marchés de gros dès qu’ils n’ont plus d’Arenh (1), elle fait fortement augmenter le tarif réglementé, le déconnectant de plus en plus des coûts de production du parc nucléaire d’EDF.
Ainsi révisé, le tarif réglementé est trop exposé au marché, il n’est plus à même d’assurer la stabilité des prix aux consommateurs. Sans le bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement, il aurait ainsi bondi de 35 % TTC le 1er février dernier. La Cour des comptes appelle à réformer son mode de calcul pour le protéger des variations des prix de marché.

Autre outil mis en cause, celui de l’Arenh, qui impose à EDF de fournir jusqu’à 100 TWh d’électricité produite par son parc nucléaire à ses concurrents au prix de 42 € le mégawattheure. Si ce dispositif a privé EDF de 7 milliards de revenus sur la période 2011-2021, il lui a cependant permis de couvrir largement ses coûts. Mais ils vont augmenter fortement en 2022 du fait de la faible production de son parc nucléaire. La Cour souligne que les mécanismes de régulation ne fonctionnent plus, que ce soit en France ou en Europe.

Enfin, le mécanisme de capacité qui rémunère le dernier moyen de production appelé pour faire face aux pointes de consommation « est à l’origine de transferts financiers qui peuvent excéder les nécessités de la sécurité d’approvisionnement ». Coût estimé à la charge des consommateurs : de 500 millions à 1,2 milliard par an.

La Cour des comptes conclut que ces trois outils d’intervention publique ne sont pas maîtrisés et qu’ils ne garantissent plus l’atteinte des objectifs initiaux de la loi Nome. Elle recommande une nouvelle régulation pérenne qui supprimerait les effets pervers des mécanismes en place et protégerait les consommateurs de la volatilité des prix.

La baisse de consommation de vin menace la filière

La baisse de consommation de vin menace la filière

La France perd de nombreux records y compris dans les champs sociétaux. Longtemps la France a été la championne de consommation de pinard. Or la consommation annuelle de vin en France a dégringolé de 70 % depuis 1960, passant de 120 litres par habitant à moins de 40 litres en 2020. A terme c’est toute la filière qui comprend environ 500 000 emplois qui est menacée d’après plusieurs papiers du Figaro.

Des articles intéressantsavec un oubli de taille à savoir la croissance exponentielle de la consommation de bière qui notamment chez les jeunes se substitue de manière très majoritaire à la consommation de vin. NDLR

Depuis des décennies, les Français boivent de moins en moins de vin et le phénomène semble parti pour durer. Un chiffre résume à lui seul cette chute, celui de la consommation de vin rouge qui a baissé de 32 % entre 2011 et 2021, comme l’a révélé une enquête Kantar publiée à l’occasion du beaujolais nouveau par RTL. Ce constat édifiant est à remettre dans un contexte global de baisse de la consommation d’alcool en France, réduite de moitié par rapport aux années 1960 selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT). Pour autant, il est également révélateur de l’évolution constante du rapport des Français au vin.

Si les Français boivent moins, ils boivent peut-être mieux. Une étude de FranceAgriMer mettait en lumière en 2019, une érosion de la part de marché des grandes surfaces et dans le même temps, le secteur des cavistes en croissance, surtout dans les grandes villes. Parallèlement, le budget alloué à l’achat d’une bouteille de vin est en constante augmentation en France : 56 % des personnes interrogées en 2022 par l’agence Sowine, déclarent acheter régulièrement des flacons entre 11 et 20 €, contre 22 % en 2013.

Plus globalement, le vin en France semble être de plus en plus touché par le phénomène de niche. Si les plus anciens se tournent toujours massivement vers des vins conventionnels, la jeune génération, plus sensible à l’écologie, privilégie de plus en plus les vins en bio – un secteur en croissance. L’Agence française pour le développement et la promotion de l’agriculture biologique a révélé, lors du dernier salon Millésime bio, que la part des exploitations viticoles certifiées avait augmenté de 21 % entre 2019 et 2020. Fabrice Le Glatin, dont les vignes sont cultivées en bio et dont la démarche au chai se veut la plus naturelle possible, assume «s’adresser à une niche». Comme bien d’autres domaines, le marché du vin se resserre, et si les quantités de vin vendues sont en baisse, ce n’est pas forcément une mauvaise nouvelle pour le secteur. En tout cas, pas pour tout le monde.

Consommation de vin en baisse : la faute aussi à la filière

Consommation de vin en baisse : la faute aussi à la filière

La filière s’inquiète à juste titre de la baisse de la consommation qui pourrait même diminuer de moitié en France d’ici une dizaine d’années. La France est le 2ème pays consommateur de vin au monde derrière les Etats-Unis et devant l’Italie. Plus de 3,5 milliards de bouteilles y ont été consommées en 2019. Cette consommation française, en baisse depuis 30 ans, est passée de 100 litres par habitant et par an en 1975 à 40 litres aujourd’hui. Covid France 3 janvier 2023 : +172 morts supplémentaires en 24h, soit 162.214 morts au total et +2.246 nouveaux cas confirmés en 24h., soit au total 1.358.208 cas confirmés.

En fait, il y a plusieurs facteurs explicatifs à la baisse de consommation, une évolution des goûts liés sans doute à la perte des connaissances œnologiques. L’augmentation des risques d’insécurité pour la conduite des engins et en particulier de l’automobile. Aussi et surtout, la montée en puissance de la bière dans les jeunes générations.

Chaque Français en moyenne ( toutes populations confondues) consomment encore 40 l de vins parents mais 38l de bière ( parfois arrosée d’alcool fort)
ce changement de goût et de mode a aussi été favorisé par une augmentation inconsidérée des prix du vin devenu en réalité une boisson de riches. Il faut en effet compter entre 15 et 20 euros pour les premiers prix d’une boisson assez correcte.

C’est évidemment très excessif et certains dans la filière se sont gavés pendant des années pas seulement dans les grandes régions viticoles mais même ailleurs. Les prix de l’hectare de vigne se sont envolés. Aujourd’hui la tendance est à la baisse et le phénomène semble durable.C’est souvent devenu un objet de relation avec l’achat de vignobles par exemple par les Chinois, les Russes et autres Américains

La filière n’a pas su démocratiser le vin devenu presque un objet de luxe ( ne parlons pas du champagne des grands Bordeaux, des grands Bourgogne. Du coup, mécaniquement, la cible des acheteurs s’est notoirement réduite autour de couches moyennes assez aisées et de couches moyennes supérieures. Il y a aussi la vague montante de vins étrangers qui d’ailleurs possèdent les mêmes cépages souvent et les mêmes méthodes de vinification mais à des prix inférieurs de moitié.

Déprime : la baisse de consommation de vin menace la filière

Déprime : la baisse de consommation de vin menace la filière

La France perd de nombreux records y compris dans les champs sociétaux. Longtemps la France a été la championne de consommation de pinard. Or la consommation annuelle de vin en France a dégringolé de 70 % depuis 1960, passant de 120 litres par habitant à moins de 40 litres en 2020. A terme c’est toute la filière qui comprend environ 500 000 emplois qui est menacée d’après plusieurs papiers du Figaro.

Des articles intéressantsavec un oubli de taille à savoir la croissance exponentielle de la consommation de bière qui notamment chez les jeunes se substitue de manière très majoritaire à la consommation de vin. NDLR

Depuis des décennies, les Français boivent de moins en moins de vin et le phénomène semble parti pour durer. Un chiffre résume à lui seul cette chute, celui de la consommation de vin rouge qui a baissé de 32 % entre 2011 et 2021, comme l’a révélé une enquête Kantar publiée à l’occasion du beaujolais nouveau par RTL. Ce constat édifiant est à remettre dans un contexte global de baisse de la consommation d’alcool en France, réduite de moitié par rapport aux années 1960 selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT). Pour autant, il est également révélateur de l’évolution constante du rapport des Français au vin.
Si les Français boivent moins, ils boivent peut-être mieux. Une étude de FranceAgriMer mettait en lumière en 2019, une érosion de la part de marché des grandes surfaces et dans le même temps, le secteur des cavistes en croissance, surtout dans les grandes villes. Parallèlement, le budget alloué à l’achat d’une bouteille de vin est en constante augmentation en France : 56 % des personnes interrogées en 2022 par l’agence Sowine, déclarent acheter régulièrement des flacons entre 11 et 20 €, contre 22 % en 2013.
Plus globalement, le vin en France semble être de plus en plus touché par le phénomène de niche. Si les plus anciens se tournent toujours massivement vers des vins conventionnels, la jeune génération, plus sensible à l’écologie, privilégie de plus en plus les vins en bio – un secteur en croissance. L’Agence française pour le développement et la promotion de l’agriculture biologique a révélé, lors du dernier salon Millésime bio, que la part des exploitations viticoles certifiées avait augmenté de 21 % entre 2019 et 2020. Fabrice Le Glatin, dont les vignes sont cultivées en bio et dont la démarche au chai se veut la plus naturelle possible, assume «s’adresser à une niche». Comme bien d’autres domaines, le marché du vin se resserre, et si les quantités de vin vendues sont en baisse, ce n’est pas forcément une mauvaise nouvelle pour le secteur. En tout cas, pas pour tout le monde.

Développement possible de la filière hydrogène grâce à l’électricité d’origine nucléaire nucléaire

Développement possible de la filière hydrogène grâce à l’électricité d’origine nucléaire nucléaire

La filière hydrogène ne pourra réellement se développer que grâce à l’électricité produite par le nucléaire.

D’après un rapport de l’Office parlementaire français d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), la couverture des besoins actuels de l’industrie au niveau mondial, c’est-à-dire 70 millions de tonnes d’hydrogène renouvelable (soit 420 GW), « conduirait à la mise en service de plus de 1 million de nouvelles éoliennes, ou 5 à 6 millions d’hectares de panneaux photovoltaïques » dédiés. Déchiffrer évidemment impossible atteindre. D’où la décision européenne de considérer comme vers hydrogène produite par l’électricité nucléaire

Aujourd’hui, presque 96% de celui généré en Europe provient directement des combustibles fossiles, via le vaporeformage de la molécule de méthane (CH4) présente dans le gaz, ce qui émet 9 à 10 kg de CO2 par kilogramme d’hydrogène.

Pour créer une version « durable », il faut donc s’y prendre autrement : casser une molécule d’eau (H2O) par un procédé appelé électrolyse, c’est-à-dire séparer l’atome O des deux atomes H grâce à un courant électrique. Mettre au point de l’hydrogène bas carbone suppose donc de disposer d’un surplus d’électricité elle-même bas carbone.

Le nucléaire présente un avantage de taille par rapport aux éoliennes et autres panneaux solaires : en-dehors des périodes de maintenance des réacteurs, il fournit une source d’énergie constante et stable au réseau électrique. Ainsi, le facteur de charge du nucléaire, c’est-à-dire le temps pendant lequel l’installation fournit du courant au réseau, s’élève à 75% en moyenne en France (même s’il devrait être plus bas cette année, contre environ 15% pour le solaire, 22% pour l’éolien terrestre et 38% pour l’éolien en mer.

Or, le point clé pour rendre la filière de l’hydrogène bas carbone rentable par rapport à son homologue « gris » (ou à celui produit à l’étranger), consiste à utiliser de l’électricité très abondante et stable, Ce qui est le cas du nucléaire et pas celui des énergies renouvelables intermittentes

Santé: l’indispensable soutien de la filière industrielle

L’impératif de relocalisation de la production de médicaments en France mis en lumière par la crise Covid a propulsé la sous-traitance pharmaceutique au rang d’activité stratégique, au cœur des enjeux de sécurité et de souveraineté sanitaires. Par Christophe Durand, Président de Cenexi (dans la Tribune)

 

Alors que la France ambitionne de devenir la première nation européenne innovante et souveraine en matière de santé, il est indispensable de capitaliser sur cette prise de conscience collective pour soutenir les vocations, les carrières et au final le développement de la filière industrielle de santé sur le territoire français.

Depuis la fin des années 1990, la France s’est détournée de son industrie qui a fait figure de parent pauvre dans les politiques publiques économiques mises en œuvre. Dans La désindustrialisation de la France, publié en juin 2022, Nicolas Dufourcq, directeur général de BPI dresse un constat sans appel. Entre 1995 et 2015, la France a perdu le tiers de son emploi industriel. Plusieurs millions de postes disparus, avec en toile de fond un risque pesant sur l’expertise et les compétences de l’industrie à la française.

L’industrie pharmaceutique a largement fait les frais de cette tendance de fond et une grande partie de la production de médicaments a été délocalisée au cours des dernières années dans d’autres pays. La pyramide des âges est vieillissante et tous les acteurs de la filière peinent à recruter. En début d’année, 11% des offres d’emploi du secteur n’étaient pas pourvues, principalement dans les domaines de la R&D et de la qualité tandis que seuls 28% des jeunes interrogés par Ipsos pour le LEEM se verraient travailler pour les entreprises du médicament.

Alors que les technologies industrielles n’ont jamais autant évolué, appelant un renouvellement partiel des compétences au sein des usines, le recrutement de nouveaux talents est devenu une donnée fondamentale pour maintenir la compétitivité et le niveau de qualité des sites français, tout en adaptant les qualifications aux métiers qui émergent.

Pour consolider une filière industrielle de santé en France, et in fine servir au mieux les patients, il est donc de notre responsabilité de mieux en valoriser les métiers. Ceci passera par un travail main dans la main de tous les acteurs impliqués : pouvoirs publics, laboratoires pharmaceutiques, biotechs, start-ups et bien sûr sous-traitants. Ensemble, nous devrons dans les mois à venir tout mettre en œuvre pour :

  • soutenir l’activité des façonniers, maillon crucial dans la relocalisation de la production des médicaments en France et favoriser leur développement en travaillant sur l’attractivité des bassins d’emplois où ils sont implantés
  • mieux faire connaître les parcours, la diversité et la richesse des métiers ainsi que les opportunités, actuelles et futures, dans un secteur qui peut s’adresser à tous, quel que soit le niveau de qualification, de l’agent de production au pharmacien responsable
  • adapter les formations initiales et continues aux profondes mutations de la production chimique et biologique
  • recréer les conditions de la confiance à l’égard d’une industrie, porteuse de bien commun pour mettre sur le marché au plus vite les innovations qui permettront de prévenir les maladies et de traiter les patients

Toutes les forces de la filière doivent être tendues en ce sens, avec pour ambition finale de booster la production de médicaments en France et hisser le pays comme terre d’innovation et d’industrie en santé au service des patients.

 

L’avenir de la filière industrielle aérienne (Guillaume Faury, président du GIFAS)

L’avenir de la filière industrielle aérienne (Guillaume Faury, président du GIFAS)

Lors de la neuvième édition du Paris Air Forum, le président du GIFAS Guillaume Faury a livré sa vision sur les grandes priorités de la filière aérospatiale civile et militaire française en termes de souveraineté (sécurisation de la supply chain et des circuits d’approvisionnement, taxonomie, accès à l’espace…) mais aussi de coopérations, notamment dans le domaine de la défense. Le président exécutif d’Airbus s’est également attaché à rappeler la longue route qui mènera vers l’avion vert. Cela se traduira par un effort vital pour conserver une industrie aéronautique française à la fois puissante et souveraine mais aussi ouverte aux coopérations.

Faury, président du GIFAS et président exécutif d’Airbus). (La Tribune)

 

 

La guerre en Ukraine et la conjoncture économique ne semblent pas freiner la demande de voyages pour cet été, mais n’y a-t-il pas un risque de rechute à l’automne ?

GUILLAUME FAURY- En ce qui concerne la demande de voyages, de vols, nous assistons à un retournement très fort depuis quelques mois et qui semble s’accélérer. La Chine connaît une situation particulière et il y a quelques exceptions en Asie, mais selon les données fournies par nos clients, cela arrive plus vite et plus fort que prévu. Y compris sur les vols business, ce qui était très incertain. Nous pouvons nous demander s’il n’y a pas un effet rebond et si cela ne va pas se calmer un peu par la suite. Mais pour le moment la « pent-up demand » (la demande en suspens, NDLR) est très forte. Elle est tellement forte que le problème est d’arriver à offrir des vols et des sièges en quantités suffisantes. Toutes les compagnies aériennes, les aéroports, souffrent du manque de bras, d’avions, de personnels au sol, d’équipages… Nous sommes passés d’une crise de la demande à une crise de l’offre.

Après deux ans de crise et dans un contexte international compliqué, comment se passe le redémarrage de l’activité ?

Nous voyons que c’est très dur. Il y a une concurrence de tous les secteurs sur la main d’œuvre, qui est devenue très rare. La grande démission de 2021, pour traduire une expression anglaise, est un fait. Une très grande partie des gens qui travaillaient dans les activités très fortement impactées par la crise Covid ont disparu et nous ne les retrouvons pas. C’est vrai pour la supply chain de l’aviation civile, du tourisme, de l’aviation commerciale… Quant aux supply chain des constructeurs, elles sont également mises à très rude épreuve avec la difficulté de faire voyager autour du monde des pièces et des équipements. Nous vivons une crise de logistique qui a fortement bénéficié aux transporteurs. Des compagnies comme CMA-CGM ou MSC ont connu des résultats exceptionnels qui reflètent la rareté de l’offre de logistique autour du monde. Nos supply chain habituelles ont été très fortement secouées par le Covid. Elles le sont aussi par la crise en Ukraine et par la nouvelle crise que nous voyons en Chine. Évidemment, toutes les chaînes européennes et françaises sont en train de regarder ces perturbations avec beaucoup d’inquiétudes et mènent des actions au fur et à mesure pour s’en prémunir.

Les principes qui régissaient le fonctionnement de ces chaînes d’approvisionnement ont donc évolué ?

Nous sommes passés d’une logique de fonctionnement très précise, avec un système logistique très performant, à une logique où nous essayons de créer de la résilience. C’est-à-dire d’avoir des chaînes d’approvisionnement qui soient beaucoup plus robustes aux changements et aux difficultés autour du monde. Ce changement de paradigme s’illustre par une expression : nous sommes passés du « just-in-time » au « just-in-case ».

Dans ce contexte de tensions internationales, il y a le cas spécifique de la Russie, mais surtout celui de la Chine. Est-ce que la filière se pose des questions sur la place de la Chine sur son écosystème ?

Beaucoup de questions se posent sur les conséquences de cette crispation internationale, des tensions, des logiques de blocs qui se remettent en place. Ce qui se passe avec la Russie pose beaucoup de questions, mais la situation avec la Chine est très différente. Dans l’aviation, mais aussi dans beaucoup d’autres industries comme l’automobile, les interdépendances sont à de très nombreux niveaux et très profondément inscrites dans les supply chain, y compris dans les composants électroniques, les câbles, les connecteurs. Nous avons mis 50 ans à construire cela. Cela a commencé avec le voyage du président américain Nixon à Pékin en 1972. Depuis, le monde a beaucoup changé et il est devenu très interdépendant au niveau du commerce international. Si nous avions avec la Chine une crise similaire à celle avec la Russie, les solutions ne seraient sans doute pas de même nature. Pour autant,les questions se posent. Nous sommes dans une logique de dérisquage, de résilience, et nous réfléchissons pour savoir comment nous positionner dans un monde complexe, avec des tensions, afin d’avoir des supply chain robustes nous permettant de maintenir notre activité dans cet environnement incertain.

Pour la filière défense, quel est votre retour d’expérience du conflit en Ukraine ? Comment l’Europe doit-elle tirer des conséquences de ce retour de la guerre sur son sol ?
Nous avons beaucoup de choses à apprendre de ce qui se passe entre la Russie et l’Ukraine. D’abord, si on ne veut pas la guerre, il ne faut pas être faible, mais fort pour assurer une dissuasion vis-à-vis d’un agresseur éventuel et être capable de répondre en cas d’agression. En Europe, depuis plusieurs décennies, ce n’est pas comme ça qu’on a abordé la situation. Beaucoup de pays, notamment à l’Est, voulaient récupérer les fruits de la paix, pensant qu’elle serait là pour toujours. On se rend compte aujourd’hui que ce n’est pas le cas. Les chiffres mentionnés à Versailles sur l’évolution des dépenses des grands blocs depuis la création de la zone euro il y a 20 ans me semblent très parlants. L’Europe a augmenté ses dépenses de défense de 30%, les Etats-Unis de 66%, la Russie de 300%, la Chine de 500 ou 600%. A l’heure où le conflit armé fait son retour en Europe , on peut légitimement se demander si on a vraiment fait tout ce qu’il fallait pendant cette période de paix.

Ce qui n’est aujourd’hui pas le cas…
… Il faut avoir une vision de long terme sur les sujets de défense. Ces dernières semaines les pays européens ont lancé des actions dans l’urgence pour essayer de corriger les « gaps » à court terme. Mais il faut surtout se reposer les bonnes questions de notre indépendance stratégique, de la façon dont on veut être équipé en armement, pour être capable de dissuader suffisamment et de répondre en cas de crise. Il faut également se poser les questions des alliances internationales. Un système de sécurité efficace n’est pas composé de blocs isolés, mais il faut essayer de créer de vraies alliances, pour avoir un impact plus fort dans une conflictualité possible. De ce point de vue, l’OTAN est une alliance très importante. On a vu à quel point elle était importante pour répondre aux enjeux de ce conflit.

Les pays européens vont-ils se réarmer ?
Je pense que les pays européens vont dépenser beaucoup plus d’argent pour la défense. Est-ce une bonne nouvelle ? Je ne porte pas de jugement de valeur. C’est nécessaire. Il ne faut pas être naïf : on est dans un monde complexe, qui va le devenir encore plus, où il y aura des pénuries de ressources et donc des possibilités de tensions dans l’avenir encore plus fortes qu’au cours des dernières décennies. Il faut s’équiper, s’armer et regarder cette situation avec lucidité. Il faut donc s’organiser pour devenir puissant technologiquement, au niveau des alliances et économiquement. Parce que les armements du 21eme siècle, qui sont des systèmes très technologiques, sont très chers. Il faut les faire en étant organisé dans le cadre de partenariats. D’où ce qui se passe au niveau européen pour organiser les programmes du futur, avec un effet d’échelle suffisant pour être performant.

Ne craignez-vous pas que le réarmement européen va bénéficier en grande partie aux industries américaines ?
Je l’ai dit précédemment, il faut s’organiser pour être bien équipé. Mais cela doit se faire sur le long terme. Il faut lancer des programmes, développer des technologies, investir, récolter les fruits des investissements. Cela prend du temps, et c’est donc sur le moyen et le long terme que nous pourrons agir. A court terme, s’il y a des capacités qui n’existent pas en Europe, il faut aller les chercher là où elles existent, c’est-à-dire chez nos alliés, et très souvent chez les Américains. La notion de BITD, la base industrielle et technologie de défense bien connue en France, commence à être comprise au niveau européen. Cela reflète bien cette prise de conscience. Si nous ne sommes pas capables de lancer sur le long terme, au niveau européen, des programmes de grande taille avec des montants d’investissement très importants, avec des équipes compétentes, la seule alternative est d’aller les acheter à l’étranger. Mais nous perdrons en souveraineté. Il y a le temps court, où nous n’avons pas beaucoup de choix, et le temps long où il y a beaucoup plus de possibilités d’organisation. C’est sur celui-là qu’il faut travailler très fortement.

Justement, comment trouver le bon équilibre entre souveraineté nationale et coopération européenne pour l’industrie de défense, qui est un outil clé de la souveraineté des pays ? Est-ce que les deux objectifs sont compatibles ?
Ils sont compatibles – et quand ils semblent ne pas l’être, il faut les rendre compatibles. Si on travaille uniquement à l’échelle nationale, nous n’avons pas l’effet d’échelle dont on a besoin. Je prends l’exemple du F-35. Les Etats-Unis ont un budget de défense trois fois plus important que celui de tous les pays d’Europe combinés. Ils ont développé un avion de combat unique, le F-35. En Europe, nous en avons trois pour un budget trois fois plus petit. On ne peut pas faire jeu égal dans ces conditions. L’idée qu’on puisse tout faire en national est fausse, mais l’idée qu’on ne peut rien faire en national est également fausse. Sur les sujets où l’effet d’échelle n’est pas essentiel, c’est beaucoup plus compliqué d’arriver à un accord à plusieurs. Pour lancer des programmes en commun, il faut donc regarder les projets dans lesquels on a besoin d’investir des montants très importants et où il y a une masse critique à atteindre. J’aime comparer avec l’aviation commerciale. On a un constructeur européen qui est Airbus. Si on avait un constructeur français, un anglais, un allemand, un espagnol, il n’y aurait finalement aucun constructeur, car aucun n’aurait la taille, ni l’effet d’échelle nécessaire pour être compétitif sur le plan mondial. Dans la défense, il y a des enjeux où l’effet d’échelle est comparable. Et c’est sur ces enjeux qu’il faut se mettre ensemble.

Dans le domaine spatial, il y a également des questions de souveraineté. La constellation proposée par Thierry Breton permettrait de faire jeu égal avec les Etats-Unis. Est-ce vraiment nécessaire
Il ne faut pas laisser tomber. Les constellations sont un des domaines de taille critique où l’Europe doit être présente. Ce sont des investissements absolument considérables, dont tous les pays européens ont besoin, séparément et ensemble. C’est le sujet typique où nous avons intérêt à nous mettre ensemble. Et en plus, il faut aller vite. La démarche européenne est la bonne et, il faut y arriver. Entre avoir le bon objectif et y arriver, il y a parfois une différence. Il faut tout faire pour aider la Commission à trouver une solution pour faire cette constellation européenne, qui sera un des éléments de résilience civile et militaire dont aura besoin l’Europe.

L’accès à l’espace est également très important pour la souveraineté européenne. L’Europe traverse actuellement une période compliquée. Ariane 6 est en train d’arriver mais avec toutes les incertitudes d’un nouveau lanceur. C’est également le cas pour Vega C, dont un des moteurs est en outre fabriqué en Ukraine. Sans parler de l’arrêt de Soyuz à Kourou et Baïkonour. Comment gérer cette période compliquée pour l’accès à l’espace en Europe ?

On vient d’une époque où, au niveau mondial avec Ariane 5, on avait un positionnement unique et reconnu comme tel. Les Etats-Unis ont repris la main, à travers SpaceX qui marche très bien. La concurrence n’est pas forcément une mauvaise chose. Aujourd’hui, la priorité numéro une est de faire marcher Ariane 6. Les évènements récents ont montré l’importance stratégique de l’accès autonome à l’espace. Ariane 6 va y participer. Je suis absolument certain qu’Ariane 6 sera un excellent produit, un très bon lanceur pour les Européens. Je suis certain que ce lanceur atteindra ses objectifs. C’est un programme important avec les difficultés d’un programme en développement. Mais ce n’est pas parce que SpaceX est un bon produit qu’Ariane 6 ne sera pas un très bon produit. Ce n’est toutefois pas suffisant, Ariane 6 étant un point de passage. Car l’accès à l’espace continue à progresser. Il faut que sur ce sujet, nous travaillons en étroite coopération avec les Européens parce que c’est un domaine où il y a peu d’utilisations mais d’énormes investissements à effectuer. C’est un cas typique où nous avons intérêt à nous regrouper entre Européens. Et malheureusement on voit aujourd’hui beaucoup de projets centrifuges les uns avec les autres et beaucoup de difficultés à trouver les clés d’une coopération entre Italiens, Allemands et Français, sur les différents segments de lanceurs. Nous devons faire l’effort d’essayer de repenser l’accès à l’espace en Europe mais aussi l’organisation étatique et industrielle, pour revenir tous autour de la table avec des projets communs, plutôt que de partir chacun avec des projets concurrents, qui finalement nous affaiblissent à terme, plutôt que nous renforcer.

Dernier sujet sur la souveraineté, l’extraterritorialité, qui est une arme commerciale redoutable pour les Etats-Unis. Et ce d’autant que l’Europe n’a pas mis en place un système équivalent. Pourquoi l’Europe se laisse-t-elle faire ?

Il y a un sujet de culture. Les outils extraterritoriaux américains répondent à une logique de domination et de contrôle. Ce qui est d’ailleurs déplaisant pour nous lorsque nous y sommes soumis car ces outils sont contraignants à gérer.. Ce n’est pas la logique européenne. Est-ce qu’on veut mettre en place des outils extraterritoriaux de même nature en Europe ? Il faudra d’abord se mettre d’accord sur une réponse à 27,, ce qui risque d’être difficile étant donné la complexité du sujet.

Et la Chine ?

La Chine a plus de volonté et de capacités que l’Europe à mettre en place ce type d’outils. Elle est d’ailleurs en train de monter en puissance pour mettre en œuvre de telles règles afin de contrer la domination américaine dans ce domaine. Si l’Europe se retrouve seule face à ces grands blocs, sans outil de même nature, cela pourrait affaiblir les industriels européens. L’Europe doit être beaucoup plus déterminée dans son ambition à mettre en place des réponses pour contrer ces outils extraterritoriaux américains et demain chinois.

En matière de transition environnementale, le secteur s’est engagé dans le pari d’atteindre le « zéro émission nette » en 2050. C’est un marathon à mener à la vitesse d’un sprint. Pour y arriver, peut-on toujours rêver d’un avion moyen-courrier « zéro émission » propulsé à l’hydrogène en 2035 ?

La réponse est oui ! Mais je vais élaborer un peu. Tout ne repose pas sur l’avion à hydrogène. Chez Airbus, nous visons la mise en production et l’entrée en service d’un avion en hydrogène en 2035, mais si nous regardons l’impact de l’avion à hydrogène en 2050 sur les émissions de carbone de l’ensemble de l’aviation, il sera encore très limité. L’hydrogène est la technologie de la deuxième moitié du siècle. Nous en aurons besoin, car la décarbonation passe un jalon important en 2050 mais ne s’arrête pas là. Il faut que cela continue par la suite, avec des solutions plus efficaces d’un point de vue énergétique que celles mises en place face à l’urgence climatique.

Est-ce que le gel des choix techniques pour cet avion zéro émission est toujours prévu en 2025 ?

Nous sommes dans une phase extrêmement active sur les essais, les validations, les solutions concurrentes sur chacun des sujets, de manière à être sûr d’avoir au moins une solution qui fonctionne bien. Nous ferons le tri au fur et à mesure des résultats des essais. Notre objectif est de finir le développement des technologies pour 2025, puis de geler la configuration du projet aux alentours de 2027, pour enclencher le programme en 2028 et entrer en service en 2035. Nous sommes sur cette feuille de route et elle tient.

Quels sont les autres leviers pour appuyer cette transition environnementale ?

J’aime rappeler que nous avons plusieurs volets importants dans la décarbonation. Le premier, c’est de réduire la consommation des avions. Sur les 24.000 avions commerciaux qui volent dans le monde, environ 20% seulement sont des appareils de dernière génération. Or, nous savons qu’il y a une énorme réduction de consommation de carburant entre la dernière génération et la précédente, de l’ordre de 20 à 40%. Le deuxième, c’est que ces avions sont déjà certifiés pour utiliser 50% de « sustainable aviation fuel » (SAF, carburant aérien durable). Des carburants décarbonés à 90% par rapport au kérosène. Or, nous n’en utilisons qu’une toute petite fraction. Il est urgent de développer ces filières SAF, pour augmenter la part de carburant décarboné pour l’aviation. Patrick Pouyanné (le PDG de TotalEnergies, qui intervenait également au Paris Air Forum, NDLR) a donné un chiffre : 300.000 tonnes produites par an (en France, NDLR) à l’horizon 2030. Nous sommes sur la bonne voie et il faut accélérer très fortement.
Sur le long courrier, nous ne voyons pas encore comment nous allons faire un avion à hydrogène. Nous aurons besoin des solutions SAF, puis 100% SAF à l’horizon 2050, voire 2030. Des SAF qui ne seront pas les biocarburants d’aujourd’hui, mais des carburants de synthèse produits avec de l’énergie décarbonée, du captage de carbone, de l’hydrogène vert… Toutes les chaînes énergétiques sont à mettre en place. Le sujet est avant tout énergétique.

Peut-on imaginer se retrouver avec un successeur de l’A320 NEO qui ne soit pas à hydrogène, en parallèle de l’avion zéro émission ?

Il y a plusieurs façons de remplacer l’A320, qui est un avion couteau suisse, qui va du court courrier jusqu’au long courrier avec le XLR (version à long rayon d’action de l’A321 NEO, NDLR). Il est peu probable que nous remplacions tout cela en une fois. Il y aura plusieurs solutions technologiques différentes pour adresser les différents segments. Nous pensons que l’entrée en service de l’avion à hydrogène commencera sur le bas du segment, en court et moyen-courrier, avec des avions de petite taille au rayon d’action relativement limité. Mais cela correspond à une grande partie des vols commerciaux. Il y a plusieurs raisons à cela. La fourniture de l’hydrogène et les écosystèmes vont être régionaux, nationaux voire un peu plus. Aller très loin avec un avion à hydrogène, c’est courir le risque d’arriver dans un aéroport où il n’y en a pas. Ce n’est pas acceptable. Et comme la taille des investissements est proportionnelle à celle des avions, nous souhaitons en premier lieu investir dans un avion à hydrogène de taille modérée.

Aux Etats-Unis l’option hydrogène semble moins avancée. Est-ce qu’il n’y a pas un risque de se retrouver avec des choix technologiques très différents sur un même segment ?

Je ne partage pas votre observation sur le fait que les Etats-Unis appuient moins sur la pédale de l’accélérateur pour l’hydrogène. Ce qui est sûr, c’est que notre concurrent principal (Boeing, NDLR) voit cela arriver plus tard que nous. Mais l’écosystème hydrogène se développe aussi à grande vitesse aux Etats-Unis. Nous voyons des projets de décarbonation aller très vite, car il y a plus d’argent et une très grande conscience environnementale aux Etats-Unis. L’hydrogène n’est pas uniquement unsujet européen. Mais la conclusion reste vraie, il faut que nous avancions de façon à avoir un écosystème assez large pour que l’avion à hydrogène puisse être un avion mondial. Il y a là un gros sujet de réglementation.

L’accès à l’énergie décarbonée va être stratégique. Quelle doit être la place de l’aéronautique dans cet accès à l’énergie décarbonée ?

On ne se pose pas la question de savoir quel secteur a le droit d’acheter du pétrole ou du gaz. Il y a une logique de marché qui permet de réguler beaucoup de choses avec des forces économiques. L’avantage de la régulation par le marché, c’est que cela va à l’endroit où c’est le plus efficace, où la valeur créée est la plus importante. Il y aura un sujet de distribution de l’énergie. C’est pour cela qu’on parle de transition énergétique. Il est important de ne pas couper pétrole et gaz tout de suite, sans quoi nous aurons une course effrénée et désorganisée pour mettre la main sur ces énergies décarbonées.

Il y a un chiffre que j’aime bien citer : si l’énergie utilisée par les êtres humains en 2020, c’est 100 %, dans un monde décarboné, l’énergie dont on aura besoin en 2050, ce sera 250%. Les besoins en énergie augmentent sous l’effet de la démographie, de l’accès à l’énergie de populations qui sortent de la pauvreté. Mais les besoins augmentent aussi car les énergies décarbonées sont moins efficaces que les énergies fossiles. C’est vrai pour tous les secteurs. Aujourd’hui, sur les 100%, il n’y a que 20% d’énergie décarbonée. Ce sont ces 20% qui doivent devenir 250% en 30 ans. Le défi est donc de multiplier par 12 la quantité d’énergie décarbonée produite sur Terre pour répondre aux besoins de l’humanité en 2050.

L’aviation n’est pas un secteur qui va créer une rupture, un déséquilibre, sur la répartition de l’énergie. Nous allons puiser dans les ressources d’énergies décarbonées très graduellement, avec une transition progressive à travers des avions qui consomment moins, les SAF, puis l’hydrogène.

Il va donc falloir développer beaucoup de technologies différentes et mettre en place des écosystèmes complets en parallèle. Willie Walsh, directeur général de l’IATA disait que le coût de la transition énergétique était de l’ordre de 2.000 milliards de dollars d’ici 2050. Est-ce que l’industrie va pouvoir financer tout cela de front pour arriver au zéro émission nette ?

Aujourd’hui, ce qui est devant nous c’est avant tout une transition énergétique. Pour nous mais aussi pour les autres secteurs. Ce qui est intéressant et récent, c’est que les grands financiers de la planète ont envie d’aller investir sur la transition énergétique. Ils sont prêts. Il va y avoir de l’argent et de plus en plus de projets. Il va falloir que ce secteur investisse et il a besoin de retrouver une santé financière pour en être capable. C’est pourquoi nous prêchons énormément pour aller vers des encouragements, des incitations, plutôt que vers des taxes, des punitions, des solutions qui nous ralentissent. Il faut accélérer, pas ralentir.

Dans le cadre du « Fit for 55″, le pacte vert mis en place par l’Union européenne, est-ce qu’il n’y a pas un risque si l’aviation n’entre pas dans la taxonomie verte ?

« Fit for 55″ comprend plusieurs volets qui s’appliquent à l’aviation. Certains nous plaisent, d’autres beaucoup moins. Le sujet est de trouver les bons moyens pour réaliser cette transition. Tout le monde essaie, avec des dogmatismes, des visions différentes. Nous ne sommes pas au paquet législatif optimum. Mais, nous avons quand même un paquet qui tente de rendre possible la transformation de l’aviation avec l’utilisation des SAF avec un mandat d’incorporation à 5% en 2030. Nous pensons qu’il aurait dû être à 10%, ce qui aurait été atteignable et bien meilleur en termes de trajectoire pour être entièrement décarboné en 2050. Et nous voyons les taxes européennes arriver sur les carburants. Cela ne va pas aider les compagnies européennes à être en bonne santé pour réaliser les investissements dont elles ont besoin. Il y a un mix avec des choses bonnes et moins bonnes.

Vous seriez favorable à un système de subventions comme aux Etats-Unis ?

Je pense qu’un système de subventions, d’aides, d’incitations, est beaucoup plus fort. On fait beaucoup plus bouger les gens par l’envie, par la motivation, que par l’empêchement. Dans l’aviation, je vois que les Etats-Unis accélèrent très fortement, sous l’effet de l’encouragement de l’esprit d’entreprise, des projets qui vont gagner de l’argent, alors qu’en Europe on essaye de mettre le frein. Malheureusement, on utilise beaucoup le bâton en Europe et la carotte aux Etats-Unis. C’est dommage. Nous risquons de voir ces derniers accélérer beaucoup plus vite que nous, alors que l’Europe avait un avantage compétitif avec une conscience environnementale plus forte.

En l’absence de ces subventions, comment faire pour déverrouiller la mise en place de l’écosystème SAF ?

Il aurait fallu un mandat à 10%. Mais nous sommes déjà contents des 5%. C’est le verre à moitié plein. Mais nous voyons aussi beaucoup de compagnies aériennes prendre conscience que si elles ne s’y mettent pas elles-mêmes, à un moment donné, ce ne sera plus acceptable. Nous allons y arriver parce qu’elles se mettent au boulot et prennent des engagements. C’est très positif. Et une fois que la demande est là, l’offre va venir. Si Patrick Pouyanné dit qu’il va faire 300.000 tonnes de SAF, c’est parce qu’il pense qu’il va les vendre. Il ne les fait pas juste pour les produire. Il y a des acheteurs. Il y a une demande venue de gens qui veulent voler en étant très respectueux de la planète. ll faut que ce que nous leur apportions des solutions et que ce que nous faisons soit visible.

On avait l’impression qu’avec la guerre en Ukraine le projet de taxonomie avait été rangé au fond d’un tiroir. Mais finalement, même s’il a été semble-t-il largement amendé, il reste toujours un véritable problème pour l’industrie de défense, qui aura dû mal à l’avenir à se faire financer. D’autant que le groupe de travail sur la taxonomie continue de travailler et n’a pas été dissous. Comment l’industrie de défense va-t-elle se sortir de ce piège ?

Nous avons été parmi les premiers à pointer du doigt les incohérences en Europe sur ce sujet. Il faut toutefois regarder ce dossier avec prudence. L’agression russe sur l’Ukraine a fait prendre conscience à beaucoup de gens qu’il fallait avoir un outil de défense et de sécurité et être capable de le financer. Cela a rappelé les fondamentaux. Pour autant, la taxonomie environnementale et sociale continue d’avancer. D’ailleurs, il y a beaucoup de points très positifs dans les sujets traités. Je ne veux pas rejeter en bloc la démarche, qui est de trouver des mécanismes encourageant la transformation environnementale et sociale. Mais je pense qu’on a commis une erreur sur la compréhension fondamentale du rôle de la défense. La défense devrait être encouragée, au titre de la taxonomie sociale. Parce qu’un système de défense efficace prévient les conflits, assure la paix et donc la prospérité et permet d’avoir la capacité de financer tout ce qu’il y a à financer. Il faudrait au contraire encourager le financement des activités de défense et de sécurité. Mais il y a beaucoup de points de vue très différents en Europe sur ce qu’est la défense, comment contrôler que les armements développés pour nos forces armées ne tombent dans de mauvaises mains. C’est un sujet sur lequel il faut qu’on continue à travailler. Oui, les armements du futur sont dangereux. Il faut en assurer un très bon contrôle, veiller à ce qu’ils contribuent à la paix et pas à la déstabilisation du monde. C’est toujours plus facile de croire qu’on est mieux sans armement. C’est plus simple. Malheureusement, on vient de voir que cela ne marche pas.

Avez-vous par ailleurs senti une volonté de la part du système bancaire européen de ne plus vouloir financer l’achat d’avions pour des raisons de transition environnementale ?

Dans le civil, ce n’est pas une tendance significative. On l’a vu dans le domaine de la défense arriver par l’est et le nord de l’Europe mais aussi par l’Allemagne. Cela s’est beaucoup calmé depuis le début de la guerre avec l’Ukraine. Nous avions déjà beaucoup commencé à travailler, à expliquer et nous avions un système financier assez à l’écoute de nos arguments. Il était également attentif à l’utilisation des armements dans le cadre des exportations. Aujourd’hui, je ne vois pas l’équivalent dans le domaine de l’aviation commerciale. Pendant le Covid, nous n’avons pas eu de problème pour obtenir des financements pour les ventes d’avion. Il y a une conscience très forte que l’aviation à un avenir. C’est le seul moyen de transport qui n’a pas besoin de détruire les écosystèmes au sol qu’on prétend protéger en s’affranchissant de l’aérien. Mais le sujet du carbone reste capital.. On a réussi à convaincre que nous prenions ce sujet sérieusement et que nous avions des solutions pour le régler. A partir de là, nous trouvons des solutions pour financer les achats d’avions.

Hydrogène : pour une vraie filière

Hydrogène  : pour une vraie filière

Si la France de 2030 veut s’appuyer sur un marché de l’hydrogène bas carbone compétitif qui offre en plus la sécurité d’approvisionnement, c’est d’un cadre de régulation complet dont les investisseurs et les consommateurs ont aussi besoin. estiment Christine Le Bihan-Graf, Avocate Associée, cabinet De Pardieu Brocas Mafféi et Sébastien Zimmer, Partner, Emerton.

 

Une consécration. Tel est certainement ce que de nombreux pionniers de l’hydrogène – ces entrepreneurs qui ont misé sur les piles à combustible il y a dix ans et ces collectivités qui ont osé les premiers véhicules avec leur station – ont le sentiment de vivre aujourd’hui. Après les 7 milliards de la stratégie nationale hydrogène annoncée l’an dernier, le Président de la République a en effet confirmé le 12 octobre que l’hydrogène était un des piliers du plan d’investissement « France 2030 »,

Les précurseurs des nouveaux usages de l’hydrogène ont effectivement de quoi se réjouir : le précédent plan – celui de Nicolas Hulot en 2018 – n’était parvenu à dégager qu’une centaine de millions d’euros. Trop peu pour décarboner l’industrie par l’utilisation de l’hydrogène vert et non plus gris, convertir les transports au zéro-émission, développer des capacités de stockage d’énergies renouvelables, bref, pour exploiter au mieux le potentiel de ce gaz et atteindre la neutralité carbone en 2050. Ce n’est pas tout, les nombreux milliards annoncés dans les autres pays d’Europe et dans le monde (9 milliards d’euros prévus en Allemagne d’ici 2030 par exemple) confirment l’ampleur du mouvement vers une économie de l’hydrogène destinée à développer l’industrie européenne et à créer des emplois tout en servant le climat.

Pour que l’hydrogène se développe à l’échelle industrielle, qu’un véritable marché national et européen soit créé, et pour que les subventions jouent pleinement leur effet de levier et d’accélération des financements, encore faudrait-il que les acteurs de la filière aient un minimum de visibilité sur la rentabilité future des projets. Or, qui est en mesure de dire aujourd’hui si un investissement réalisé dans la production d’hydrogène, les infrastructures de transport, de stockage, ou même dans la constitution d’une flotte de véhicules hydrogène sera rentable et donc finançable ? Personne. Tout simplement parce que rien ne garantit encore aux producteurs d’hydrogène bas carbone qu’ils auront suffisamment d’acheteurs, ni à ces acheteurs qu’ils pourront bénéficier d’hydrogène compétitif à long terme.

En dépit de leur nécessité non discutable pour enclencher une première dynamique, les subventions n’ont pas la capacité, à elles seules, de structurer le marché et de garantir l’émergence d’une filière industrielle. Le risque est alors réel que le développement du secteur de l’hydrogène en France se résume à une mosaïque de petits projets et que la neutralité carbone ne s’envisage plus à l’horizon 2050.

Au-delà des subventions, seul un cadre de régulation adapté peut, en pratique, sécuriser les conditions d’investissement, faire passer le développement de l’hydrogène à l’échelle industrielle et engendrer les baisses de coûts nécessaires à la pérennité de la filière. Un tel cadre de régulation doit englober producteurs et consommateurs, afin de garantir aux premiers des revenus sur la durée et aux seconds la compétitivité de leurs approvisionnements, comme cela a été fait pour l’électricité renouvelable. Jamais en effet la production d’électricité verte n’aurait pu connaître une telle croissance si des tarifs attractifs couplés à une obligation d’achat par le fournisseur historique ou des appels d’offres portant sur des contrats de long-terme subventionnés n’avaient été mis en place.

 

Certes, l’hydrogène n’est pas l’électricité. Pour cette dernière, les réseaux étaient déjà en place sur l’ensemble du territoire et les consommateurs aussi. Il a suffi que la régulation sécurise les investissements dans les productions éoliennes et solaires en s’appuyant sur des réseaux et des consommateurs d’électricité préexistants. La situation est différente pour l’hydrogène où il s’agit de construire un nouveau système énergétique, rien de moins !

Une chose est certaine : si la France de 2030 veut s’appuyer sur un marché de l’hydrogène bas carbone compétitif et offrant la sécurité d’approvisionnement nécessaire, il est urgent de faire sortir de terre un cadre de régulation complet dont les investisseurs et les consommateurs ont besoin, pour que les pionniers de l’hydrogène n’aient pas à regretter leurs initiatives, pour que leurs successeurs réalisent les projets innovants et rentables dont la France a besoin et pour que la neutralité carbone devienne réalité.

Le développement de la filière française des minis centrales nucléaires

Le développement de la filière française des minis centrales nucléaires

 

 

La technologie n’est pas nouvelle et de nombreux projets et réalisations existent dans le monde notamment aux États-Unis et pas seulement.  (source Wikipédia)

 

Sur la base de concepts en réflexion préliminaire et étude depuis les années 2005/2010 chez TechnicAtome, les études d’ingénierie préliminaires ont été lancées en 2018 d’un projet de 150 à 170 mégawatts électriques, développé par EDF, TechnicAtome, Naval Group et le CEA. Ce petit réacteur modulaire dénommé « NUWARD », projet porté par un consortium réunissant EDF, le CEA, TechnicAtome et Naval Group, a été présenté le 17 septembre 2019 à la conférence générale annuelle de l’AIEA. La technologie/filière de base est celle (classique et éprouvée) des réacteurs REP, très compacts et modulaires. Cependant le concept comporte des innovations importantes en termes de sûreté passive (sans sources électriques) et de simplifications d’exploitation.

Le produit proposé à l’exportation est une petite centrale de 340 MWe composée de 2 réacteurs identiques de 170 MW. EDF et ses partenaires comptent soumettre en 2022 un premier dossier d’option de sûreté à l’Autorité de sûreté nucléaire et finaliser en 2026 l’ensemble du design et les spécificités techniques de cette nouvelle centrale, en vue d’une entrée sur le marché entre 2035 et 2040. Le projet vise avant tout le marché à l’export, mais EDF discute avec les pouvoirs publics pour installer au préalable un démonstrateur en France.

Arrêtons le massacre de notre filière bois !

Arrêtons le massacre de notre filière bois !

Loïc Rousselle est enseignant et vice-président du parti Quatre Piliers, Patrick Gauthier est entrepreneur, et Sébastien Laye est entrepreneur et président du Parti Quatre Pilier lancent un cri d’alerte à propos du massacre de la filière française du bois.(Le Figaro)


Ces dernières semaines, l’exportation de grumes (tronc brut non transformé) vers les États-Unis et la Chine est en forte accélération, pour plusieurs raisons : une très forte reprise économique et dans la construction aux États-Unis (avec une demande intense de bois d’œuvre), un conflit commercial avec le Canada, des incendies et conditions climatiques problématiques dans l’ouest des États-Unis cet été, et coté chinois, des mesures d’interdiction des exportations de bois russe qui poussent les Chinois à se montrer agressifs dans leurs achats de grume en Europe. Alors que les Américains protègent depuis plusieurs années leurs immenses réserves naturelles de bois, largement interdites à l’exportation, Russes et Chinois font désormais de même. Seule la zone européenne continue à être libre échangiste en la matière et à exporter son bois non transformé.

Les exportations de grumes vers la Chine ont doublé depuis octobre. Nous sommes dans une situation paradoxale avec des coupes d’arbre au plus haut alors que la filière française ne parvient plus à se fournir localement : l’approvisionnement des scieries françaises est à un niveau critique alors que la demande est de retour dans la construction et que cette industrie emploie 440 000 personnes. Les organismes représentatifs des professionnels du bâtiment estiment au vu de la situation actuelle que 30% des chantiers seront bloqués en septembre si la situation perdure.

Ce désastre industriel ne peut être décorrélé de l’enjeu écologique sous-jacent réel : les nouvelles normes environnementales obligent à une utilisation massive du bois dans les nouvelles constructions car il s’agit d’un moyen très efficace de piéger du carbone dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique. La France, en sacrifiant sa filière de bois, prend aussi le risque d’échouer dans le segment le plus important de la transition énergétique, celui de la décarbonation des logements.

La situation actuelle met en péril deux filières (bois et bâtiment) représentant des centaines de milliers d’emplois et une part significative de la croissance nationale.

Les chênes que nous exportons en Chine actuellement ont été plantés il y a plusieurs siècles, par Colbert et Louis XIV. Il s’agit d’une ressource stratégique de notre patrimoine national qu’il convient de ne pas brader…Exporter des grumes de chêne ayant une faible valeur ajoutée en mettant en péril l’activité de nos scieries et de nos TPE du bâtiment est un mauvais calcul de (très) court terme, car il faut au contraire fournir prioritairement cette ressource aux industries nationales et exporter ensuite les produits transformés à forte valeur ajoutée en préservant ainsi nos marges et nos emplois.

Cette fourniture prioritaire aux scieries françaises doit se faire aux prix des marchés internationaux afin de ne pas spolier les propriétaires de forêt et afin de maintenir une incitation à la plantation d’arbres. Car il ne s’agit pas ici de remettre en cause la liberté économique d’une filière, mais bien d’« arraisonner » le cadre libre échangiste dans le sens de la défense de nos intérêts bien compris. Remarquons d’abord que certains pays n’hésitent pas quand le marché intérieur est trop tendu, à restreindre les exportations : pourquoi l’Union Européenne devrait être ici plus royaliste que le roi et si idéologue au point de sacrifier cette filière ? Le libre-échangisme bien compris n’est pas un dogme aveugle antithèse de l’intérêt national. Nous renverrons ici à l’un des quatre cas énoncés par Adam Smith où la concurrence justifie des entorses au libre-échangisme : la quatrième exception est conçue pour «protéger les travailleurs des industries protégées contre les perturbations économiques soudaines et inattendues». Elle s’applique bien évidemment dans le cas actuel. Par ailleurs, certains ont montré y compris dans ces colonnes qu’indépendance économique et libéralisme ne s’opposaient pas, bien au contraire.

Face à l’impératif écologique, les besoins en bois de construction ne feront que croître au cours des prochaines années, alors que pour avoir une filière forte, une gestion mesurée de la ressource est ici primordiale pour ne pas céder à la tentation de bénéfices de court terme avec des coupes inconsidérées. Une bonne idée serait ici, en plus d’un réveil des politiques sur le libre-échangisme de la filière (principe de préférence nationale), de permettre aux professionnels du bâtiment d’établir des devis indexés sur les cours futurs du bois de construction, afin de garantir des marges décentes et de leur permettre de se couvrir contre les fluctuations des prix du bois. Enfin, il faut réfléchir à des incitations à la plantation d’arbres pour les propriétaires privés : son bénéfice économique étant multigénérationnel, une telle plantation devrait être exonérée de droits de succession afin de reconstituer sur le long terme notre patrimoine naturel.

L’Allemagne veut démolir la filière nucléaire française

L’Allemagne veut démolir la filière nucléaire française

Il y a deux raisons aux faites que l’Allemagne depuis longtemps s’oppose à la filière nucléaire française. D’abord il s’agit de faire plaisir aux écolos allemands qui comptent de plus en plus dans le paysage politique. Ensuite il faut enlever à la France l’un de ses atouts les plus performants sur le plan énergétique.

Notons au passage que l’Allemagne compte surtout sur le pétrole russe qui n’est pas particulièrement écologique !L’Allemagne et quatre autres pays de l’Union européenne s’opposent au classement de l’énergie nucléaire comme investissement écologique et durable, comme le montre une lettre adressée à la Commission européenne que Reuters a pu consulter vendredi 2 juillet.

Avec la « taxonomie de la finance durable », Bruxelles veut rendre les investissements dits « verts » plus visibles pour les investisseurs et espère ainsi contribuer à orienter les capitaux privés vers des activités qui soutiennent les objectifs climatiques de l’UE.

L’Espagne, l’Autriche, le Danemark et le Luxembourg ont rejoint le camp de l’Allemagne pour affirmer que les investisseurs préoccupés par le stockage des déchets radioactifs pourraient perdre confiance dans la classification européenne sur les produits financiers dits « verts » s’ils incluaient l’énergie nucléaire à leur insu.

« Nous craignons qu’inclure l’énergie nucléaire dans la taxonomie ne porte atteinte à son intégrité et à sa crédibilité, et donc à son utilité », écrivent  d e manière très hypocrite les ministres de ces pays, ajoutant que chaque membre de l’UE a le droit de choisir sa propre forme d’énergie.

La France, où le nucléaire est la principale source de production d’électricité, et certains pays d’Europe de l’Est défendent cette source d’énergie au motif qu’elle n’émet pas de gaz à effet de serre, jugés responsables du changement climatique.

La Commission a publié des critères liés au climat pour des investissements verts, allant de la rénovation de bâtiments à la fabrication de ciment, d’acier et de batteries. La classification du nucléaire est une source de désaccords, y compris au sein de la Commission européenne.

La question est avant tout politique pour l’Allemagne, où les écologistes sont influents. Berlin a notamment accéléré son calendrier de sortie de l’énergie nucléaire à la suite de la catastrophe de Fukushima en mars 2011 au Japon. Elle devrait fermer ses derniers réacteurs en activité l’an prochain.

 

Filière photovoltaïque En danger?

 Filière photovoltaïque En danger?

 

 

Environ 120 acteurs de la filière photovoltaïque considère que la filière française pourrait être en danger. Il s’agit notamment d’une réaction à la proposition à l’étude de modification assez substantielle des aides publiques à cette filière. (Tribune dans l’Opinion).

La pandémie l’a confirmé : la transition énergétique n’est plus un horizon, elle est une nécessité vitale, une demande des citoyens pour l’avenir de nos économies, de nos sociétés et de notre planète. Mobilisés pour réussir une relance économique qui capitalise sur cet objectif et sur la richesse du potentiel de croissance qu’il représente, nous, les entrepreneurs de la filière photovoltaïque française, aux côtés de l’ensemble des acteurs de la transition, entendons y prendre toute notre part et permettre à la France d’atteindre la neutralité carbone en 2050.

Pourtant, il semble que le gouvernement n’ait pas pris toute la mesure des conséquences de la révision unilatérale des contrats d’achat d’électricité photovoltaïque qu’il a enclenchée. Au moment où la production tricolore d’énergie solaire se structure, accélère en vue d’atteindre les objectifs fixés de production énergétique décarbonnée, et peut prétendre à porter haut les couleurs de l’industrie photovoltaïque française face à une concurrence internationale féroce, ce double discours est périlleux. Et pour cause, les projets de décret mettront en péril des centaines d’installations photovoltaïques et généreront un chômage massif chez nos sous-traitants, petites entreprises des territoires, déjà fragilisées par la Covid.

Nous sommes des milliers d’actrices et d’acteurs de nos territoires qui œuvrent chaque jour à en faire un levier puissant de la croissance durable et responsable. Celle que les Français appellent de leurs vœux.

Comme tous les citoyens, nous souhaitons faire de la transition énergétique une réalité. Mais pour cela, il convient de sortir d’une vision caricaturale niant la réalité économique de nos entreprises qui réinvestissent leurs bénéfices dans l’économie réelle et visant à revenir sur des tarifs fixés il y a quinze ans, dont la suppression mettrait en péril la rentabilité de tous les projets qui en sont nés –au premier rang desquelles ceux des exploitations agricoles.

Ecosystème. Entrepreneurs et industriels de l’énergie solaire dans tous les territoires, nous nous exprimons au nom de ces agricultrices et agriculteurs engagés dans la transition écologique et énergétique, de ces communes qui ont fait le choix de proposer une électricité plus verte à leurs citoyens, de celles et ceux qui ont pris le risque de se lancer pour développer les énergies du futur : il n’est pas seulement question de chiffres ou de nombre de contrats, mais de la défaillance de tout un écosystème qui pourrait se jouer dans l’indifférence la plus complète.

Ouverts au dialogue, pouvons-nous accepter cependant que ce débat se résume à une bataille de chiffres abstraits et à une liste de calculs déconnectés de la réalité humaine et économique que nous vivons ? Au-delà de l’énergie solaire, l’insécurité juridique et les mesures absconses sont des travers historiques de l’administration française contre lesquels l’Etat se doit de lutter activement. Là encore, trouvons ensemble les solutions pour une conduite du changement adaptée aux enjeux et à même de favoriser la confiance des investisseurs qui sont appelés, aux côtés de l’Etat, à financer et développer les énergies du présent et du futur.

Seul cet équilibre, ce partenariat entre acteurs privés, investisseurs et pouvoirs publics peut garantir la réussite de la transition énergétique, dont dépend l’avenir de l’industrie entière : le verdissement de la production est l’indispensable socle d’une économie verte, solidaire et responsable.

Une filière de 560 immigrés clandestins

Une  filière de 560 immigrés clandestins

Une enquête a permis de mettre au jour une filière d’immigration clandestine d’envergure, lancée en mars dernier. Les passeurs organisaient des allées et venues en Europe, transportant à chaque fois des clandestins du Pakistan, du Bangladesh, de l’Inde ou d’autres pays de la région indienne, afin d’obtenir des titres de séjour.

Le 22 mai, en plus des deux véhicules arrêtés, d’autres voyages avaient lieu, avec un total de 35 personnes emmenées entre France, Allemagne et Portugal. Chaque passager payait 500 euros pour voyager entre ces pays et à chaque fois, y tenter sa chance. 560 immigrés ont profité de cette filière.

Des passeurs ont été punis par un an de prison dont ils ne feront peut-être pas la moitié…. ou même rien du tout. Quant aux 560 immigrés la plupart resteront en France.

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