Archive pour le Tag 'fête'

La société de la fête et de la flemme

 La société de la fête et de la flemme

Jérémie Peltier, directeur des études de la Fondation Jean-Jaurès critique dans l’opinion une société permanente de la fête et de la flemme (extrait).

 

Peut-on passer une bonne soirée sans la mettre sur Instagram ? Jérémie Peltier de la Fondation Jean-Jaurès répond « non » en 150 pages pleines de références à notre époque et d’exemples littéraires remontant à Gustave Flaubert dans son livre La Fête est finie ?. Pamphlet anti-selfies et odes aux rencontres d’un soir, l’essayiste y œuvre à ressusciter ce que les politiques aiment appeler le « vivre ensemble ».

Les ennemis de la fête, selon vous, sont les adolescents de 50 ans qui se déplacent en trottinette, ceux qui portent des baskets avec leur costard, qui se prennent en selfie et, pire, organisent des fêtes de voisins. Comme Michel Sardou, détestez-vous tout de notre époque ?

 

Ennemi est un grand mot ! Disons que tout cela participe à la « festivisation générale » de la société qui rend la fête malade à mon sens. Mais il y en a d’autres, comme les rabat-joie, ceux qui mettent trop de sérieux dans la fête, qui l’instrumentalisent pour défendre une multitude de causes. Il faut veiller à protéger des lieux séparés du flux quotidien, qui peuvent disparaître face à la prise au sérieux ambiante et au narcissisme. Donc, non, je ne déteste pas tout de notre époque. Il y a encore des choses à sauver. C’est pour cela que j’ai écrit ce livre.

Vous décrivez une société dans laquelle la fête est partout et vous concluez qu’elle est finie. Comment expliquer ce paradoxe ?

La fête partout, tout le temps, n’est plus une fête. Je rejoins l’écrivain Philippe Muray, qui constatait que l’espace public, les rues, les monuments, le monde professionnel prennent des traces festives sans ce qui fait son essence : la spontanéité, l’imprévu et la légèreté. On veut croire que la fête permanente, c’est la fête, mais cela ne l’est pas. Faire la fête partout, c’est faire la fête nulle part.

Vous parlez des monuments. Comment participent-ils à l’hyper-fête ?

La fête du patrimoine a lieu tout le temps. Les monuments n’acceptent plus d’être des monuments juste pour ce qu’ils sont. La fashion week les a investis. …..

Lyon: peine symbolique pour les organisateurs d’une fête sauvage

Lyon: peine symbolique pour les organisateurs d’une fête sauvage

 

Les deux frères qui avaient organisé un rassemblement musical de 300 personnes environ à Lyon ont été sanctionnés avec une peine symbolique avec du sursis et 300 € d’amende. La faiblesse de la peine peut s’expliquer par le fait d’abord que scientifiquement il n’est pas du tout démontrer que les groupements de plein air soient susceptibles de créer des clusters. Il y a cependant infraction aux consignes restrictives de protection contre le virus. Il a aussi été pris en compte que la jeunesse souffre particulièrement des conséquences du confinement. Finalement une punition très symbolique.

« L’autorité de l’État remise gravement en cause par une fête clandestine »

« L’autorité de l’État remise gravement en cause par une fête clandestine »

Pour le délégué général de l’Institut pour la Justice Pierre-Marie Sève, un tel écroulement de l’autorité de l’État est insupportable. (dans le  Figaro

«Entendre, après 24h, que la fête illégale se poursuivait toujours est inconcevable et démontre une nouvelle dois le niveau d’impuissance auquel l’État français a chuté.» 

 

L’évènement de Lieuron a-t-il vraiment étonné qui que ce soit? Que des jeunes se soient rassemblés pour fêter la nouvelle année n’a fait tomber personne de sa chaise, nous aurions pu nous y attendre. Mais entendre, après 24h, que la fête illégale se poursuivait toujours est inconcevable et démontre une nouvelle dois le niveau d’impuissance de l’État français.

En effet, la timide tentative d’intervention des gendarmes s’est soldée par un échec. Les vidéos circulant sur internet montrent des jets de bouteilles, des jets de pierres, et même une camionnette de gendarmerie brûlée. L’État a donc dû reculer face à un groupe de fêtards, laissant tristement à la France entière le spectacle d’un autre naufrage de son autorité.

Ce naufrage de Lieuron est grave et aura des conséquences. Quand une mesure, quelle qu’elle soit, est décidée pour la collectivité, le spectacle de son non-respect par quelques-uns, amoindrit, pour tous, la force de cette mesure. Comment ne pas comprendre le sentiment d’injustice du verbalisé qui se trompe de jour sur son attestation lorsqu’il apprend que des centaines de fêtards ne sont même pas contrôlés?

Si la situation actuelle perdure, cette majorité silencieuse qui perd déjà patience finira, elle aussi, par perdre tout respect pour l’autorité de l’État

De jour en jour, d’incident en incident, les Français découvrent que leur État n’est plus respecté. Aujourd’hui, ceux qui respectent encore l’État français, ce ne sont ni les «teufeurs» pendant la Covid, ni les migrants qui traversent allègrement nos frontières sans y avoir le droit, ni les 40 000 auteurs de rodéos urbains depuis 2018 selon les chiffres du ministère de l’Intérieur.

Ceux qui respectent l’État, c’est plutôt l’immense majorité silencieuse, celle qui remplit son attestation chaque fois qu’elle sort, celle qui lave ses masques en tissu à la lessive à 90°. Parmi cette immense majorité, une femme de 73 ans habitant Vesoul et atteinte de la maladie d’Alzheimer s’était trompée de date sur son attestation pour aller faire ses courses pendant le confinement.

Or qui est condamné par l’État? Cette même dame de 73 ans contrôlée à quelques mètres de son domicile et dont la contravention a été confirmée par le Tribunal de Police le 4 décembre dernier. Si la situation actuelle perdure, cette majorité silencieuse qui perd déjà patience finira, elle aussi, par perdre tout respect pour l’autorité de l’État, ouvrant véritablement la voie à une l’anarchie.

De l’autorité de l’État dépend une grande partie de la prospérité future de la France. L’État français a perdu son autorité, et il y a fort à parier que la chute continuera. Les contradictions et les errements du gouvernement pendant la crise sanitaire n’ont certainement pas contribué à renforcer l’autorité de l’État, mais les causes sont bien plus profondes: elles sont le fruit d’une quarantaine d’années d’erreurs des gouvernements et de l’ensemble des institutions publiques, et notamment l’institution judiciaire.

Des actes forts, tant dans leur symbolique que dans leurs effets, sont indispensables pour restaurer l’autorité

Des actes pour reprendre cette autorité sont possibles: des lois d’abord, mais pas uniquement, puisque l’incident de Lieuron aura parfaitement illustré que la loi existe souvent déjà, mais que c’est son application qui pêche. En revanche, des actes forts, tant dans leur symbolique que dans leurs effets, sont indispensables pour restaurer l’autorité.

Retirer la France de la Cour européenne des Droits de l’Homme qui condamne systématiquement notre pays lorsqu’il tente de faire respecter son droit, assumer en public l’utilisation de la force quand elle est nécessaire, et pas uniquement lorsque les besoins en communication le demandent, ou bien encore réformer le conseil constitutionnel qui s’est fait une spécialité de détricoter la loi au nom de notions humanitaires.

Une fête illégale de 2500 personnes : l’État impuissant!

Une fête illégale de 2500 personnes : l’État impuissant!

 

 

Alors que le gouvernement parle de guerre sanitaire concernant le Coronavirus, l’État se montre complètement impuissant pour interrompre une rave party  réunissant des centaines voire des milliers de personnes.. «Face à des individus très violents, j’ai pris la décision de les laisser s’installer, et de contrôler la zone», avoue Emmanuel Berthier, le préfet de la région Bretagne, également sur BFMTV.

 

Une situation invraisemblable qui risque en Bretagne de créer un énorme cluster alors que la région avait été relativement épargnée par la propagation du virus. Le problème sans doute c’est que le gouvernement ne veut pas trop contrarier une jeunesse en mal de festivités collectives. Derrière chaque jeune, il y a un électeur potentiel.

 

On peut comprendre ce désir de réjouissance dans la jeunesse. Par contre,  la situation n’est pas pour autant dramatique. Faut-il rappeler que nombre de jeunes ont sacrifié leur jeunesse en passant 18 mois à 28 mois sous les drapeaux pendant la guerre d’Algérie. Plus loin encore, c’est pendant plusieurs années que les jeunes ont été privés de tout et pas seulement de réjouissances.

Fête de la musique: est-elle vraiment une priorité ?

Fête de la musique:  est -elle vraiment une priorité ?

 On sait que pour apaiser la colère des Romains, la solution était de leur proposer du pain et des jeux. En France, on semble reprendre la recette magique. Pour le pain ,il y aura quelques primes pour les plus pauvres, les fonctionnaires aussi pour le personnel soignant. Ces primes ne permettent pas cependant un relèvement pérenne du pouvoir d’achat et les infirmières françaises continueront d’être rémunérées moitié moins que les infirmières allemandes.

La promesse se centre sur les jeux avec l’annonce de la tenue de la fête de la musique le 21 juin. Une fête indiscutablement innovante, populaire , l’initiative a même été reprise dans le monde entier. Alors qu’on s’interroge encore sur les conditions de reprise d’un tourisme qui est en train de mourir, l’annonce de la fête de la musique n’était sans doute pas vraiment prioritaire.

On aurait pu d’ailleurs attendre de vérifier l’hypothèse d’une seconde vague Coronavirus avant de prendre position. On aurait pu également reporter cette fête d’un mois ou deux. Il semble bien que dans ce gouvernement chaque ministère tente de se singulariser pour apporter sa pierre au grand vide politique et existentiel qui le caractérise. Pourquoi pas aussi annoncer dès maintenant la reprise de tous les championnats sportifs professionnels.

Ce serait aussi prématuré et incohérent que l’annonce de la fête de la musique ou évidemment les mesures de distanciation seront bien difficiles à observer. Heureusement certaines danses modernes permettent aux partenaires de s’éloigner (voir même d’ignorer totalement la manière dont chacun danse). Il y avait sans doute d’autres priorités y compris sauver des activités artistiques en grand péril  . Les déclarations du ministre sur le flou de l’opération paraissent vraiment désarmantes :

“On fêtera la musique le 21 juin, ça c’est sûr, parce que c’est dans l’identité de nos compatriotes”, a-t-il dit. “Il y aura un grand rendez-vous de musique”, a-t-il ajouté, soulignant que l’audiovisuel et le secteur de la musique étaient mobilisés autour de ce rendez-vous annuel créé il y a près de quarante ans.

“Alors jusqu’où on pourra l’organiser ‘en présence’, en physique, c’est ce qu’on est en train de regarder”, a poursuivi le ministre de la Culture.

“On essaie de préparer quelque chose qui puisse permettre y compris dehors, à l’extérieur, de pouvoir organiser des événements mais pour nous la limite, c’est de ne pas prendre le risque d’avoir des regroupements ou des brassages de population trop importants”, a-t-il ajouté.

Le plan de déconfinement lancé en début de semaine interdit les rassemblements en public de plus de dix personnes jusqu’au 2 juin. Les événements rassemblant plus de 5.000 personnes sont pour leur part interdits jusqu’en septembre.

Concernant les salles de cinéma, fermées depuis le 14 mars dernier à minuit comme les cafés, les restaurants et les commerces non essentiels, le ministre de la Culture a évoqué une réouverture au début de l’été, là encore dans le respect de nouvelles normes sanitaires en cours d’élaboration.

« Fête à Mélenchon »

« Fête à Mélenchon »

Finalement la fête à Macron s’est transformée en fête à Mélenchon. La participation était importante (- 160.000 selon les organisateurs, 40.000 selon la préfecture de police) mais  pas suffisamment pour vraiment discréditer Macron mais assez pour souligner le rôle de Mélenchon comme leader de l’opposition. Un succès suffisant pour Mélenchon qui propose maintenant des manifestations partout en France le 26 mai. Le chef de l’Etat élu il y a un an était la principale cible des slogans souvent non dénués d’humour “Stop Macron”, “Macron, président des riches”, “Macron = Thatcher en pantalon”, “Non au coup d’Etat social”, “Macron remballe ton arrogance, le peuple mène la danse”, pouvait-on lire et entendre dans le cortège, où beaucoup sont venus en famille. Jean-Luc Mélenchon  a salué les Français en lutte, des cheminots aux salariés d’Air France en passant par les étudiants, les enseignants, les hospitaliers et tous “ceux qui croient au bien commun, au service public”. L’ancien candidat à l’élection présidentielle a émis le souhait que cette mobilisation soit un prélude au 26 mai, date de la journée d’action envisagée par des partis politiques de gauche, des syndicats et des associations pour dénoncer la politique d’Emmanuel Macron. “N’écoutez personne qui vous dise de fermer les yeux. Allez, marchez votre chemin la tête haute et le 26 mai, par millions, déferlez, soyez la marée humaine qui change l’Histoire !”, a-t-il lancé, en référence à la Révolution française de 1789 “qui a ouvert l’ère moderne”.  “Le moment est venu de commencer la suivante”, a conclu Jean-Luc Mélenchon. “Courage, résistance, vive la lutte !” Le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, a accusé pour sa part LFI d’user de “méthodes de l’extrême droite”, obéissant à une logique de “poujado-castrisme”.

La fête à Macron… ou à Mélenchon ?

La fête à Macron… ou à Mélenchon ?

 

Ce sera la fête à Macron organisée par les Insoumis s’il y a du monde mais à l’inverse si la participation est médiocre ce pourrait être la fête à Mélenchon qui subirait alors un nouveau désaveu dans ses velléités de faire descendre la France dans la rue. Mélenchon s’explique dans le Huffington Post.

 

 

50 ans après mai 68, un bouillonnement social s’est emparé du pays sans que l’on puisse prédire s’il va déboucher sur une convergence des colères ou se disperser pour s’essouffler…

Je n’ai cessé d’enquêter sur les ingrédients qui débouchent sur une implosion sociale majeure. La réponse est que tout dépend de l’événement fortuit.

Vous avez toujours des conditions réunies pour que le très grand nombre n’accepte pas la règle qui profite de lui et qui l’opprime. La question est de savoir pourquoi la bascule s’opère ou pas. Aujourd’hui nous avons déjà eu les signes avant-coureurs: la grève politique, tous ces Français qui n’ont pas voté à la présidentielle et aux législatives ; le déséquilibre au sein même de nos milieux sociaux, entre ceux qui se radicalisent et ceux qui se mettent en mouvement lentement… Et puis il y a surtout la tectonique des plaques, le décalage terrifiant entre deux niveaux de la réalité: d’un côté l’extrême richesse qui s’accumule d’un côté et de l’autre les emmerdements dans la vie quotidienne des gens qui s’amoncellent.

Ce ne sont même pas des problèmes politiques. C’est le système qui ne répond plus à ses fonctions minimales : ici il n’y a plus d’eau courante propre à Air-Bel à Marseille, ailleurs c’est la sécurité qui n’est plus garantie, c’est l’instituteur de mon fils qui n’est pas remplacé. Et quand la société se disloque, vous voyez apparaître des phénomènes de remplacement où les gens agissent eux-mêmes à la place de ce qui ne fonctionne pas. C’est typique des révolutions, et ce pratiquement à toutes les époques.

Manque alors l’étincelle qui met le feu à la plaine…

Oui, mais personne ne peut la prévoir. Je me suis beaucoup intéressé aux phénomènes de cette nature, notamment en Amérique latine. J’ai observé que, rapporté à la portée des événements, le point de départ paraît toujours dérisoire. Par exemple, au Venezuela, c’est l’augmentation de deux centimes du billet d’autobus en pleine crise du plan de rigueur. En France, on ne sait pas quel sera l’événement déclencheur. Notre responsabilité n’est pas de l’attendre de manière métaphysique. Mais de contribuer d’une manière consciente et organisée à mettre en place un plan qui crée de la confiance en soi et qui permette d’organiser la suite.

Qui sont aujourd’hui les révoltés de 68 ? Les étudiants, les zadistes, les black blocs, les grévistes?

Non, c’est le peuple tout entier. On a tendance à présenter mai 68 comme un grand monôme étudiant. Certes c’est un des événements déclencheurs. Mais le vrai déclencheur, celui qui a provoqué la chose qui compte, la grève générale fut ailleurs. C’est un ouvrier, Yvon Rocton, il est délégué du personnel à l’usine de Sud Aviation, à Bouguenais (Loire-Atlantique), qui déclenche une grève reconductible dans son usine. Le reste va suivre comme une réaction en chaîne…

Il faut les comprendre, les révolutions, comme un phénomène social et non pas comme un complot politique comme souvent les policiers et les macronistes veulent le faire croire. Une révolution est davantage comparable à un processus naturel, une éruption volcanique. Cela ne s’est jamais passé comme une action concertée.

Comme en Mai 68, nous assistons à des affrontements violents émanant de groupes d’extrême gauche et d’extrême droite. La violence est-elle un passage obligé dans un processus révolutionnaire?

Il n’y a pas de processus révolutionnaire en cours, disons-le. Mais si je voulais faire de l’humour, je citerais Mao Ze Dong qui disait qu’une révolution ce n’est pas un dîner de gala. Le grand bourgeois rêve de révolution mais sans révolution. Robespierre leur reprochait de vouloir une révolution sans révolutionnaires.

On me reproche de porter un discours de violence comme s’il avait pu inciter un seul jeune à aller casser les vitrines d’un McDo. C’est un grand classique de ceux qui sont incapables de voir le désordre qu’eux-mêmes créent. J’aimerais qu’Emmanuel Macron réfléchisse à l’ordinaire de la violence quotidienne. Il y a 565 morts liés aux accidents du travail. Un paysan se pend tous les deux jours. Vous n’avez jamais entendu le président de la République en parler. Cette violence-là ne lui pose pas de problème ? La violence de la société capitaliste, elle traverse toute la société. Donc, s’agissant des vitrines, il y a des indignations qu’une personne qui pense doit mépriser.

Mais vous ne cautionnez pas les violences du 1er mai…

Non seulement je ne les cautionne pas, mais je les combats. Ces méthodes sont présentées comme des formes de combat révolutionnaires. A mes yeux, c’est exactement le contraire. Cela sert tout chaud, tout frais, des images à nos adversaires dont ils ont besoin. Ce sont des pratiques avant-gardistes avec lesquelles je suis en désaccord total. Une révolution, c’est le fait du grand nombre, pas d’une poignée d’individus. Ces gens sont eux-mêmes incapables de lancer leur propre mouvement politique. Sinon, ils ne viendraient pas pourrir nos manifestations pour y faire de la récupération politique.

Et il y a une logique d’escalade de la violence que je condamne parce qu’elle aboutit à une impasse. C’est quoi la prochaine étape ? La guérilla urbaine ? En réalité, cela va donner lieu à la justification de dispositions sécuritaires de plus en plus violentes. Enfin, ce sont des groupes qui ont des pratiques voisines de celles de l’extrême droite. Bloquer un cortège du 1er mai, même les fachos ne s’y risquent pas.

Du coup vous appelez à l’interdiction des black blocs comme vous appelez à l’interdiction des groupuscules d’extrême droite?

Il y a une différence de nature assez évidente. Les groupuscules que nous avons vu à l’oeuvre le 1er mai s’en prennent aux biens…

Et aux policiers…

Je les désapprouve. Mais pendant que nous parlons d’eux, on ne parle pas des gens qui ont tenté de m’assassiner, et voulaient égorger Castaner, qui font la police à la frontière ou des contrôles d’identité dans deux villes de France. Le danger permanent, ce n’est pas le touriste du black bloc qui s’offre un week-end à Paris, c’est la violence organisée et méthodique de l’extrême droite.

Les 50 ans de Mai 68 coïncident avec la première année de l’élection d’Emmanuel Macron. Comment expliquez-vous le fait qu’il renâcle à commémorer 68?

Je crois qu’il y a un peu de pudeur, non? Célébrer mai 68, pour faire quoi? Dire aux gens: « allez-y, révoltez-vous, mettez-vous en grève »? Non, il est candidat à être le chef de la droite en France et la droite, elle n’est pas là pour qu’il y ait des mai 68. Vous vous rendez compte? Augmenter le Smic de 35%, créer des sections syndicales dans les entreprises, alors qu’ils essayent de les rendre impossibles? Voilà, il a dû se dire « Ce n’est pas ma place » et il a raison. Voyez, je suis capable de dire qu’il a raison sur quelque chose.

De De Gaulle à Macron, le président monarque, n’est-ce pas au fond ce que les Français attendent?

Attendez, vous confondez le costume et celui qui est dedans. Quand De Gaulle se comporte comme De Gaulle, il est De Gaulle. Mais qu’est-ce que Monsieur Macron ? Vous voulez dire le fait de se donner le ridicule d’arriver devant la pyramide du Louvre ? C’est ça qui constitue un personnage ? Non, il faut que le contenu soit en adéquation avec quelque chose qui est dans le peuple français.

Avec De Gaulle, les gens se sont dits « c’est ça qu’il faut faire… ça suffit avec la IVe République ». Là, on est dans une situation exactement inverse. C’est-à-dire qu’il a été raconté aux gens qu’il était ni de droite ni de gauche et puis une fois élu, il est très très de droite, comme jamais on a vu ça. Impôt sur la fortune supprimé, rabotage généralisé dans la fonction publique, le plus grand plan social de l’histoire de France… Alors, il faut vite qu’il se précipite sur les symboles pour qu’il ait le sentiment de l’autorité.

Mais je n’ai pas le sentiment que les gens le regardent comme ça. D’ailleurs lui-même ne se regarde pas comme ça. Il a dit dans une interview: « Je suis là par effraction ». Et il n’arrête pas de dire: « Mélenchon veut rejouer la partie ». On dirait que ça l’obsède, qu’il n’est pas sûr de lui. Et je comprends pourquoi. L’élection n’a pas accompli ce qui est son rôle dans une démocratie. Dans une démocratie, une élection, c’est dur, on confronte des idées et à la fin, il y a un résultat et ça purge. Et là, ça n’a rien purgé. On a l’impression d’être au même point et même pire, dans la confusion qui était celle de la fin du mandat de François Hollande.

Au-delà de vos désaccords, vous ne lui reconnaissez même pas une vision ?

Non, pour le pays, je ne crois pas qu’il en ait une. D’abord il ne sait pas ce qu’est le pays. C’est un peu dur de parler comme ça, mais c’est la vérité. Le pays, il ne faut pas le voyager d’un quartier de grands bourgeois à un autre. Il faut avoir pris le temps de faire le tour, les détours, les contours, de tout et de tout le monde. Cette expérience lui manque. Je ne lui en fais pas grief, il est très jeune. Par contre, il a une vision du monde à mon avis complètement dépassée, qui est de dire qu’on va permettre à certains d’accumuler et puis ça va ruisseler sur le grand nombre. Ça, dans à peu près tous les pays du monde, on est en train d’en revenir. Bref, je crois que cet homme a une vision très abstraite et idéologique et que, de ce point de vue, ça devrait mal tourner.

La marche du 5 mai, à laquelle vous participerez ainsi que votre mouvement, veut faire « la fête à Macron ». Ça sert encore à quelque chose les grandes manifestations aujourd’hui ?

Nous sommes éparpillés par la nature même de la vie. Les grandes marches opèrent une démonstration de force et pour nous-mêmes une fonction d’encouragement en réunissant des milliers de gens tranquilles. C’est pour ça que les irruptions de violences brisent ce processus et que je les condamne aussi fermement. Cette fois-ci nous avons choisi une autre tactique, conduite par François Ruffin qui s’en sort magnifiquement, qui est d’essayer de promouvoir une forme citoyenne de rassemblement.

Il y a un débat à gauche sur quelle est la formule efficace. Nous ne croyons pas à l’union de la petite gauche, avec son cartel de petits partis. Le PS, avec sa ligne « ni Macron ni Mélenchon », les autres, qui sont de toutes petites formations qui vivent dans le passé. Ils se mettent à sept, ils convoquent un meeting à la veille d’un jour férié, personne ne vient. Tout cela est dérisoire: l’addition des sigles ne produit rien.

Plutôt que la petite union des gauches, nous proposons la fédération du peuple. Cela passe par la méthode marseillaise: la réunion des syndicats, des associations et toutes les organisations politiques qui le veulent. Le cadre commun qui propose une marée populaire le 26 Mai est exemplaire. Une poignée de partis qui prétendent tout guider ne mène nulle part.

Et pourtant la CGT a refusé de participer à la marche du 5 mai. Finalement, même contre Macron, personne n’est d’accord…

 

 

Le constat est juste. Mais en 1968, la situation était pire qu’aujourd’hui. La gauche était totalement désunie, avec un repoussoir qui s’appelait l’URSS. La grève générale a provoqué une onde de choc. Tout d’un coup, en même pas trois ans, le Parti socialiste a changé de direction, a adopté le programme commun, les communistes ont suivi. Tout s’est réglé. Je fais confiance à cette énergie-là.

Le paradoxe de 68 c’est la victoire du mouvement social immédiatement suivie d’un raz-de-marée gaulliste aux législatives… Quelles leçons en tirez-vous pour votre propre formation ?

Qu’il y a encore beaucoup de boulot. Et qu’après un mouvement social de masse, il faudra aussi une construction politique. Chaque chose en son temps. Pour les européennes puis les municipales, il faudra bien une méthode qui permette de rassembler les populations, pas les appareils. Trouverons-nous la force et l’autorité pour organiser la suite ?

Il faut construire une formule gouvernementale majoritaire pour être une alternative. Il n’est pas interdit de penser qu’il y ait, comme par le passé, une organisation et qu’autour d’elle les choses se mettent en place. Avant, il y avait le PS sur une ligne sociale-libérale avec les communistes et les verts et cela donnait une majorité de compromis. Maintenant il y a la France insoumise avec un programme l’Avenir en commun…

Vous parlez de compromis mais en 2017, c’était « l’Avenir en commun ou rien »…

C’était un impératif de clarification. Ce n’est pas une plaisanterie ce qui nous attend : bloquer la destruction écologique, la machine à accumulation des richesses, cela ne se fait pas avec des motions de congrès ni un claquement de doigt. En 2017, il fallait la clarification. Une fois la clarification acquise chez les socialistes et chez Benoît Hamon, nous pourrons rebâtir une majorité. Il faut pour cela avoir avec nous une discussion sérieuse, respectueuse et préoccupée des masses et pas des organisations. Tant que ce ne sera pas le cas, on continuera d’avancer, malheureusement moins entourés que ce que nous espérons.

A l’issue de la confrontation sur les ordonnances travail, vous aviez « accordé le point » à Emmanuel Macron. C’est ce que vous feriez si les mouvements sociaux actuels devaient échouer ?

Je dis les choses sans trop de précaution pour obliger tout le monde à réfléchir. En politique, cela ne se fait pas de dire qu’on a perdu. Eh bien, moi, je l’ai dit : « On a perdu et c’est grave ce qui s’est passé sur les ordonnances. Pourquoi a-t-on perdu? Vous ne vous donnez même pas cinq minutes pour y réfléchir ». Les raisons, je les dis : c’est la division syndicale et la séparation entre les composantes politico sociales de la lutte. Maintenant, on est en train de mettre en place une stratégie pour briser ce cloisonnement politico-syndical. Si nous construisons des mobilisations de masse, personne ne pourra rester en dehors, quelle que soit son étiquette.

Mais si le mouvement échoue, je m’y prendrai aussi autrement. Être fair-play ne déclenche pas des réactions fair-play. Cela a provoqué dans la sphère médiatique quelque chose auquel je ne m’attendais pas : pour les médiacrates, c’était la marque psychologique de ma déprime. Certains ont même dit que j’étais maniaco-dépressif ! Cette psychologisation n’était pas prévue. Je suis désormais prévenu!

Mais tandis que j’ »accordais le point » à Macron, personne n’a fait le point sur ce que nous nous avions conquis. Et pourtant, nous nous sommes affirmés comme la première force d’opposition en menant une lutte implacable, nous avons renforcé notre autorité dans le peuple. Nous sommes passés de Jean-Luc Mélenchon, personnage étrange et soi-disant solitaire avec 20 % des voix, à un groupe parlementaire de 17 personnes, donc 17 émetteurs qui construisent de la notoriété, de la mobilisation. L’adversaire a gagné la manche sur les ordonnances mais il a perdu sur le reste. Il espérait n’avoir rien en face de lui. Et bien si, il y a nous.

Macron fait la fête à Mélenchon

 Macron fait la fête à Mélenchon

Si Mélenchon vaut faire samedi une fête à Macron, ce dernier lui renvoie la balle en le rendant responsable de la chienlit sociale voire même des violences du premier mai. Mélenchon n’est évidemment pas innocent dans la montée de la grogne sociale et de la radicalité mais il est loi d’en être le seul responsable. Macron avec son inflexibilité et sa condescendance en porte aussi une responsabilité. On ne peut nier l’attitude d’opposant systématique de Mélenchon, ses outrances aussi mais il ne dirige pas le levier du mécontentement social. Cela prouve que Macron commence à être agacé par l’agitation des insoumis et même qu’il a du mal à contrôler ses nerfs.  Aussi qu’il a un peu de mal à accepter le concept d’opposition.  Emmanuel Macron a en effet fustigé jeudi “les élus qui tiennent constamment un discours d’agitation” après les violences qui ont éclipsé la manifestation syndicale du 1er-Mai à Paris, visant implicitement le dirigeant “insoumis” Jean-Luc Mélenchon. “Les élus qui tiennent constamment un discours d’agitation, c’est leur faute”, a déclaré le chef de l’Etat à la presse, au moment de quitter l’Australie pour se rendre à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, selon BFM TV. Prié de dire s’il faisait allusion à La France insoumise qui organise le 5 mai une “Fête à Macron” pour dénoncer sa politique, il a répondu qu’il s’agissait de “ceux qui proposent des manifestations ou des fêtes”. Mélenchon immédiatement réagi sur Twitter en qualifiant les propos du chef de l’Etat d’”attaques” qui sont “indignes et mensongères”. “Un président ne devrait pas parler comme ça”, a-t-il ajouté. Benjamin Griveaux, qui craint de nouvelles violences samedi, a précisé sur France Inter que les dispositifs de sécurité allaient être renforcés. “Dans le langage populaire, ‘faire la fête à quelqu’un’ ça peut avoir une double signification, il y a un côté sympathique et festif et puis il y a un côté plus violent ‘on va lui faire sa fête’”, a-t-il déclaré.

Nouvel an 2017, encore la fête des voitures brulées

2017, encore la fête des voitures brulées

 

C’est devenu une sorte de rituel, à telle enseigne qu’on n’en parle à peine dans les grands médias. Encore 650 véhicules ont été brûlés à l’occasion des festivités du nouvel an. Une curieuse manière de fêter la nouvelle année qui témoigne du désordre social mais aussi mental de certains individus. La preuve aussi du laxisme sociétal vis-à-vis d’actes complètement irresponsables. Le pire c’est que la plupart de ces voitures brûlées par des jeunes sont des véhicules appartenant aux populations défavorisées de leur propre quartier. La preuve aussi du laxisme des pouvoirs publics puisque le ministère de l’intérieur considère ces atteintes aux biens comme relevant presque de la normalité. « La nuit de la Saint-Sylvestre s’est déroulée sans incident majeur », constate le ministère, qui trace le bilan sécuritaire de cette soirée. « Quelques tensions ou troubles à l’ordre public » ont néanmoins été constatés, ciblant notamment les forces de l’ordre. Il ne s’agit certes pas d’une catastrophe économique la plupart des victimes étant  indemnisée par les assurances. Mais une indemnisation qui se fonde sur l’argus et qui ne permettra pas de remplacer des véhicules âgés mais encore en bon état. Un rite idiot une atteinte aux biens qui montre l’impuissance des pouvoirs publics à assurer la sécurité des biens voir des personnes. Pas étonnant dans ces conditions que des risques de terrorisme perdurent. Il s’agit d’un phénomène sociétal qui confirme que certains quartiers notamment constituent des zones de non-droit puisque ce sont dans ces zones que la plupart des véhicules ont été incendiée. Des zones qui constituent un terreau pour le radicalisme religieux qui fournit une  légitimité au désordre, à la haine et à la violence. Le prétexte religieux est instrumentalisé dans la mesure où les voyous auteurs de ces délits ignorent à peu près tout de la religion à laquelle il se réfère. Sans parler de ceux complètement athées qui profitent du laxisme général pour manifester leurs pulsions de destruction. Dans un communiqué publié ce dimanche, le ministère de l’Intérieur annonce que 454 personnes ont été interpellées en France dans la nuit de samedi à dimanche, en marge des festivités du Nouvel An. Parmi elles, 301 ont été placées en garde à vue. Plus de 100.000 membres des forces de sécurité étaient déployés dans tout le pays.  A Nice, deux CRS « ont été contusionnés par des jets de pierre », apprend-t-on. « A Oyonnax (…) un sapeur-pompier a été légèrement blessé alors qu’en compagnie de collègues et de policiers », alors qu’il intervenait sur un incendie, précise la Place Beauvau. Enfin, 650 véhicules ont été brûlés, contre 602 an 2016. « Sur les cinq dernières années, le nombre de véhicules brûlés a diminué de 20 % », précise cependant l’Intérieur.




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