Archive pour le Tag 'femmes'

Afghanistan : interdiction aux femmes maintenant de se parler entre elles !

Afghanistan : interdiction aux femmes maintenant de se parler entre elles !
C’est la dernière trouvaille liberticide des islamistes radicaux en Afghanistan qui ont décidé d’interdire aux femmes de se parler entre elles. Dès lors on comprend mieux la finalité du régime islamiste radical en Afghanistan et ailleurs ( Iran par exemple) pour museler tous les droits à la parole et plus généralement la démocratie. Une perspective  réjouissante pour ceux qui ont 1000 ans de retard sur la société et qui pourtant rêvent de diffuser cette philosophie religieuse et politique à l’ensemble de la planète.

Depuis l’été dernier en Afghanistan, les Talibans ont en effet édicté de nouvelles règles à ces dernières parmi lesquelles l’interdiction de communiquer, même entre elles. L’information provient de Rukhshana Media , une agence de presse fondée par la journaliste afghane Zahra Joya, qui vit désormais en exil au Royaume-Uni.e la vertu et de la Prévention du vice, ont souligné plusieurs médias. Celui-ci a d’ailleurs ajouté qu’en ce sens, les Afghanes n’ont plus le droit «d’entendre la voix» de leurs consœurs, devant ainsi privilégier le chuchotement lors de leur prise de parole. Dans cette même logique, elles ne peuvent plus «faire le Takbir ou l’Azan» (prières à voix haute) et ne peuvent pas chanter non plus. Des règles qui les isolent totalement de la vie sociale, et ne sont pas représentatives de la religion islamique, comme le rapportent certains observateurs. «C’est une vision inquiétante de l’avenir de l’Afghanistan», a ainsi souligné Roza Otunbayeva, responsable de la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan, relaye Courrier International.

 

Iran: Pédale douce sur le contrôle des femmes dans la rue ?

Iran:  Pédale douce sur le contrôle des femmes dans la rue ?

Alors que le mouvement des femmes ne cesse de progresser contre les sanctions des religieux et de la police des mœurs, le président iranien Massoud Pezeshkian a promis, lundi 16 septembre, d’oeuvrer afin que cette  police des moeurs ne « dérange » pas les femmes qui ne portent pas le voile obligatoire en public, à l’occasion de sa première conférence de presse depuis son élection en juillet. 

Malgré ses positions, Massoud Pezeshkian peine à convaincre certaines militantes, dont l’avocate franco-iranienne Chirinne Ardakani. « Peu importe que ce soit des réformateurs ou des conservateurs [au pouvoir], à partir du moment où c’est le guide suprême, l’ayatollah Khomeini, qui concentre tous les pouvoirs : le pouvoir judiciaire, le pouvoir des médias, le pouvoir exécutif »a-t-elle assuré à franceinfo.

Dégradation de la santé mentale des femmes au travail

Dégradation de la santé mentale des femmes au travail

Dans son « Baromètre Santé au travail » publié ce jeudi, Malakoff Humanis s’intéresse à la santé mentale des femmes. Et celle-ci se dégrade fortement. La prise en compte du sujet par les entreprises est désormais un enjeu de fidélisation des salariées. Extrait un article des Échos. Les femmes sont ainsi 44 % à se déclarer en mauvais état de santé psychologique, contre 32 % des hommes. Elles étaient 40 % à dresser le même constat en 2020. Troubles du sommeil, fatigue et anxiété sont les maux qui les touchent le plus, et de façon croissante. Elles sont en outre 52 % à se déclarer épuisées professionnellement.

Situations personnelles, comme professionnelles, sont évoquées pour expliquer le mauvais état de santé des femmes. L’un des principales raisons personnelles mises en avant, n’est pourtant pas complètement décorrélée du monde du travail. Il s’agit de la situation financière.

« Il y a une sorte de cercle vicieux, les femmes sont plus nombreuses à travailler à temps partiel parce qu’elles s’occupent aussi plus souvent de la famille et cela explique l’écart de revenus. Elles ont aussi moins accès dans le temps aux progressions professionnelles. Finalement, on conjugue à la fois des problématiques d’ordre personnel et professionnel », analyse Anne-Sophie Godon. Les femmes représentent par exemple dans 85 % des cas de monoparentalité, ce qui les plonge parfois dans la précarité.

Leur situation financière est ainsi la première raison personnelle avancée par les femmes (39 %) pour expliquer leur mauvais état de santé psychologique. Il s’agit seulement de la cinquième raison évoquée par les hommes, qui sont davantage préoccupés par leur situation familiale compliquée (37 %), leurs problèmes de santé physique (29 %), l’actualité (27 %) ou leur isolement social (27 %).

Autre élément mis en avant pour expliquer leur santé mentale dégradée : la surreprésentation des femmes dans le secteur de la santé, très pénible psychologiquement. Ainsi, 67 % des salariés du secteur de la Santé et de l’action sociale sont des femmes.

Nobel d’économie: la récompense à Claudia Goldin pour ses travaux sur les inégalités au travail hommes femmes

Nobel d’économie: la récompense à Claudia Goldin pour ses travaux sur les inégalités au travail hommes femmes

Cette professeure à Harvard, âgée de 77 ans, et spécialiste du travail et de l’histoire économique a « fait progresser notre compréhension de la situation des femmes sur le marché du travail », a annoncé le jury Nobel.

La nomination de cette économiste porte aussi un fort message politique du jury Nobel sur la considération des femmes dans l’économie.

« Les recherches de Claudia Goldin nous ont donné un aperçu nouveau et souvent surprenant du rôle historique et contemporain des femmes sur le marché du travail », a précisé le jury, soulignant qu’« elle a mis en évidence les principaux facteurs de différences entre les hommes et les femmes » et comment ils ont évolué lors des deux derniers siècles au fur et à mesure de l’industrialisation, avec un déclin du travail des femmes au cours du XIXème siècle.

« Les grands sujets (pour les droits des femmes) diffèrent entre les pays », a-t-elle expliqué. « Aux Etats-Unis, par exemple, nous nous demandons pourquoi nous stagnons, pourquoi la participation des femmes au marché du travail reste constante depuis les années 1990 et ne commence à progresser que maintenant ». « Le niveau d’éducation des femmes a tellement augmenté, mais à beaucoup d’endroits, leur paye et leur grade (hiérarchique) n’a pas progressé », a-t-elle encore relevé.

Conditions sociales femmes de ménage : La grande gueule de la ministre Aurore Bergé ne changera rien !

Conditions sociales femmes de ménage : La grande gueule de la ministre Aurore Bergé ne changera rien !

Aurore Bergé une des grandes gueules de la majorité excelle dans l’exercice qui consiste surtout à parler, à crier mais sans agir. C’est ainsi qu’elle vient de découvrir les tristes conditions de travail des femmes de ménage contraintes de se réveiller dans leur banlieue vers quatre heures du matin pour aller nettoyer les bureaux notamment. Et de proposer la journée continue ! Une mesure prise depuis longtemps quand c’est possible car certaines femmes de ménage ( et-ou hommes) sont aussi contraintes de revenir travailler le soir.

La journée continue n’est possible qu’en fonction de l’accessibilité des locaux et de la nature de l’activité.

Un papier de Libé revient sur cette question:

S’enflammer pour des problèmes que l’on redécouvre à intervalles réguliers ? En macronie, c’est presque ce qu’on sait faire de mieux. Dimanche 10 septembre, on a entendu une pointure du mouvement présidentiel, Aurore Bergé, se lancer dans un vibrant plaidoyer pour l’amélioration des conditions de travail des femmes de ménage. Car elle «voit bien, en tant que ministre des Familles et des Solidarités», combien les métiers dont on a tant vanté l’utilité au plus fort de la crise du Covid-19 sont à la fois majoritairement exercés par des femmes et «à des niveaux de rémunération qui ne sont pas suffisants». Ce qui n’a rien d’une nouveauté : ça a été parfaitement documenté en mars 2021, à la suite de l’épiphanie présidentielle qui avait vu Emmanuel Macron remercier quelque 5 millions de travailleurs de «la deuxième ligne» lors d’une allocution télévisée. Elle voit bien aussi, la ministre, combien il est anormal qu’«on demande à ces femmes de se lever souvent à 4h30 du matin pour venir dans nos bureaux les nettoyer à 6 heures du matin».

Forte de ces constats, Aurore Bergé pense qu’«on peut dire très clairement aux entreprises qui bénéficient du soutien de l’Etat […] qu’elles peuvent très concrètement changer la donne, par exemple en créant des journées continues.

Or la vraie question est celle de la passation des marché de nettoyage qui imposent ensuite des horaires et des cadences infernales.

Afghanistan : un véritable apartheid qui vise les femmes

Afghanistan : un véritable apartheid qui vise les femmes

Le deuxième anniversaire de la prise de pouvoir des talibans en Afghanistan approche à grands pas. Depuis lors, les femmes afghanes sont privées des droits de la personne les plus fondamentaux dans ce qui ne peut être décrit que comme un apartheid de genre. Ce n’est qu’en qualifiant la situation en Afghanistan de crime contre l’humanité que la communauté internationale pourra légalement lutter contre la discrimination systématique dont sont victimes les femmes et les jeunes filles de ce pays.

Par Vrinda Narain
Associate Professor, Faculty of Law, Centre for Human Rights and Legal Pluralism, McGill University dans The Conversation

L’éradication des femmes de la sphère publique est au cœur de l’idéologie talibane. Les institutions de défense des droits de la femme en Afghanistan, notamment le ministère des Affaires féminines, ont été démantelées, tandis qu’on rétablissait le redoutable ministère pour la Promotion de la vertu et la Répression du vice.

La Commission indépendante des droits de la personne en Afghanistan a été dissoute et la constitution de 2004 abrogée ; la législation garantissant l’égalité entre les hommes et les femmes a quant à elle été invalidée.

Aujourd’hui, les femmes afghanes n’ont pas accès à l’enseignement supérieur, elles ne peuvent pas quitter la maison sans un chaperon masculin, elles ne peuvent pas travailler, sauf dans le secteur de la santé et dans certaines entreprises privées ; les parcs, les salles de sport et les salons de beauté leur sont interdits.

Sur les quelque 80 décrets promulgués par les talibans, 54 ciblent particulièrement les femmes, restreignant gravement leurs droits et violant les obligations internationales de l’Afghanistan ainsi que ses lois constitutionnelles et nationales antérieures.

Les talibans ne semblent pas inquiétés, continuant là où ils s’étaient arrêtés il y a 20 ans, lorsqu’ils ont pris le pouvoir pour la première fois. Les résultats de leurs ambitions sont presque apocalyptiques.

L’Afghanistan est confronté à l’une des pires crises humanitaires du monde. Environ 19 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire aiguë, tandis que plus de 90 % des Afghans la ressentent sous une forme ou une autre, les ménages dont le chef de famille est une femme et les enfants étant les plus touchés.

La violence fondée sur le genre a augmenté de façon exponentielle, avec à la clef une impunité pour les auteurs et un manque de soutien pour les victimes, tandis que les minorités ethniques, religieuses et sexuelles subissent une persécution acharnée.

Cette triste réalité souligne la nécessité urgente d’aborder la manière dont les préjudices civils, politiques, socio-économiques et fondés sur le genre sont interconnectés.

Karima Bennoune, universitaire algérienne et américaine spécialisée dans le droit international, a préconisé de reconnaître l’apartheid de genre comme un crime au regard du droit international. Cette reconnaissance découlerait des engagements juridiques internationaux des États en matière d’égalité des sexes et du cinquième objectif de développement durable des Nations unies visant à atteindre l’égalité des sexes à l’échelle mondiale d’ici 2030.

La criminalisation de l’apartheid de genre fournirait à la communauté internationale un cadre juridique puissant pour répondre efficacement aux abus des talibans. Si les Nations unies ont déjà qualifié la situation en Afghanistan d’apartheid de genre, ce terme n’est actuellement pas reconnu par le Statut de Rome de la Cour pénale internationale comme faisant partie des pires crimes internationaux.

Lors de la présentation de son rapport au Conseil des droits de la personne des Nations unies, Richard Bennett – le rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits de la personne en Afghanistan – a déclaré :

Une discrimination grave, systématique et institutionnalisée à l’encontre des femmes et des filles est au cœur de l’idéologie et du pouvoir des talibans, ce qui fait craindre qu’ils ne soient responsables d’un apartheid fondé sur le genre.

La criminalisation de l’apartheid de genre à l’échelle mondiale permettrait à la communauté internationale de s’acquitter de son obligation de réagir efficacement et de tenter de l’éradiquer définitivement. Elle fournirait les outils juridiques nécessaires pour garantir le respect des engagements internationaux en matière de droits des femmes dans tous les aspects de la vie.

Shaharzad Akbar, directrice du groupe Rawadari pour la défense des droits de la personne et ancienne présidente de la Commission indépendante des droits de la personne en Afghanistan, a exhorté le Conseil des droits de la personne à reconnaître que la situation en Afghanistan en est une d’apartheid fondé sur le genre.

Elle souligne que « les talibans ont transformé l’Afghanistan en un véritable cimetière des ambitions, des rêves et du potentiel des femmes et des jeunes filles afghanes ».

Soutien de l’Afrique du Sud

Un certain nombre de défenseurs afghans des droits des femmes ont également demandé l’inclusion de l’apartheid de genre dans le projet de convention des Nations unies sur les crimes contre l’humanité.

Plus remarquable encore, Bronwen Levy, représentante de l’Afrique du Sud au Conseil de sécurité, a exhorté la communauté internationale à « prendre des mesures contre ce que le rapport (de M. Bennett) décrit comme un apartheid de genre, tout comme elle l’a fait pour soutenir la lutte de l’Afrique du Sud contre l’apartheid racial ».

Ailleurs, la présidente de la Commission des droits de la femme et de l’égalité des genres du Parlement européen, ainsi que le chef de sa délégation pour les relations avec l’Afghanistan, ont qualifié la situation de l’Afghanistan d’« inacceptable » et représentant un apartheid de genre.

Chaque fois qu’un système d’apartheid apparaît, c’est un échec de la communauté internationale. Le contexte afghan doit l’obliger à répondre efficacement à la persécution des femmes.

Reconnaître que le régime taliban est un apartheid de genre n’est pas seulement crucial pour les Afghans, il l’est tout autant pour la crédibilité de l’ensemble du système des Nations unies. Comme l’a fait remarquer au Conseil de sécurité la militante afghane des droits de la personne Zubaida Akbar :

Si vous ne défendez pas les droits des femmes ici, vous n’avez aucune crédibilité pour le faire ailleurs.

Les deux années atroces des talibans depuis leur arrivée au pouvoir en Afghanistan nous ont appris que les initiatives classiques en matière de droits de la personne, bien que primordiales, ne suffisent pas à lutter contre l’apartheid de genre. Le monde a besoin d’une action collective internationale inflexible pour mettre fin à la guerre contre les femmes. Pas dans deux mois. Pas dans deux ans. Maintenant.

PSG-Ligue des champions : Comme les hommes , les femmes aussi éliminées

PSG-Ligue des champions : Comme les hommes , les femmes aussi éliminées

Comme les hommes, les femmes du Paris Saint-Germain ont été éliminées prématurément de la ligue des champions ; elle ne sont pas parvenues à renverser la tendance sur la pelouse de Wolfsburg (1-1).

À l’aller déjà, les Parisiennes avaient dominé la rencontre avant d’être punies contre le cours du jeu, après avoir subi deux décisions de la VAR défavorables. Bis repetita en Allemagne. Après une grosse entame, le club de la capitale a cru ouvrir le score par l’intermédiaire de Kadidiatou Diani (10e), but finalement annulé pour une position de hors-jeu. Huit minutes plus tard, sur sa première incursion dans le camp parisien, la formation allemande a trouvé le chemin des filets grâce à Felicitas Rauch (18e).

L’égalisation de la tête de Kadidiatou Diani (29e) n’aura finalement pas donné le regain d’énergie nécessaire à des Parisiennes trop maladroites dans le dernier geste pour espérer se qualifier.

Réforme des retraites : les femmes travailleront davantage que les hommes !

Réforme des retraites : les femmes travailleront davantage que les hommes !

Avec avec la réforme des retraites, les femmes travailleront sept mois supplémentaires, contre cinq mois pour les hommes. Les syndicats dénoncent cette inégalité.

Selon un rapport, après la réforme des retraites, les femmes devraient travailler sept mois de plus en moyenne, contre cinq mois supplémentaires pour les hommes. Une assistante de direction, qui travaille depuis ses 20 ans, devra travailler plus longtemps, et ce, malgré les trimestres cumulés grâce à ses deux enfants. Les syndicats dénoncent cette inégalité. « La réforme, c’est deux ans ferme pour tout le monde et c’est encore pire pour les femmes », s’insurge Béatrice Clicq, secrétaire confédérale FO.

Les femmes nées en 1972, qui partent à 63,6 ans, devraient travailler jusqu’à 64,3 ans, soit neuf mois de plus, contre cinq mois pour un homme. Selon le ministre du Travail, du plein-emploi et de l’insertion, Olivier Dussopt, la pension moyenne des femmes sera revalorisée, d’ici à 2030, de 2,2 %, alors que celle des hommes le sera de 0,9 %. Les femmes seront également plus nombreuses à bénéficier de la hausse de la pension minimale.

Iran : Un régime fondé sur le contrôle des femmes

Iran : Un régime fondé sur le contrôle des femmes

Tribune par Firouzeh Nahavandi dans « The Conversation »

En Iran, la « question des femmes » fait aujourd’hui les gros titres des journaux du monde entier, en raison de la révolte en cours depuis plusieurs semaines, violemment réprimée par un régime aux abois. Cette « question » n’est pas nouvelle ; en réalité, elle a régulièrement été un terrain de contestation politique et culturelle depuis des décennies.

L’ancien régime de la dynastie Pahlavi (1925-1979) en avait fait son cheval de bataille et le symbole de la modernisation du pays. À rebours, le régime actuel en a fait le pilier de son authenticité, de son rejet du système précédent et de sa lutte contre l’impérialisme et l’occidentalisation.

Avant 1979, ces intellectuels qui dénonçaient les droits des femmes
Bien avant la révolution de 1979, le sociologue et militant politique Ali Shariati (1933-1977), parfois considéré comme l’idéologue de la révolution iranienne, encourageait la participation politique et sociale des femmes en leur suggérant de s’inspirer des combattantes algériennes ou palestiniennes, en première ligne dans les luttes d’indépendance de leurs patries respectives, et non des femmes des classes moyennes qu’il stigmatisait comme hich o poutch (insignifiantes), oisives et obsédées par le sexe.

En outre, il mobilisait des images de femmes connues du chiisme, surtout celle de Fatima, fille du prophète et épouse d’Ali (premier imam des chiites) qui, aujourd’hui encore, est promue comme le modèle idéal de la femme, mère et épouse, et célébrée durant la Journée des mères qui a remplacé celle du 8 mars.

Un autre auteur avait également préparé le terrain. Dans son livre Occidentosis (Gharbzadegui), publié en 1962, Jalal Al-e-Ahmad (1923-1969) dénonçait la « dégénérescence » de la culture iranienne due à la modernité, interprétée comme un processus essentiellement impérialiste et toxique. Cette occidentosis était selon lui une maladie dont la femme portait le virus et contre laquelle il fallait protéger la population.

[Près de 80 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde. Abonnez-vous aujourd’hui]

Dès l’instauration de la République islamique, en 1979, le voile (hedjab) assure ce rôle de protection. Selon les nouveaux maîtres du pays, il prémunit aussi bien l’homme que la femme, et immunise toute la population. Ce voile que les modernistes considéraient comme un symbole de sous-développement culturel est érigé comme signe d’émancipation vis-à-vis du modèle « occidental » imposé par le régime précédent. Reza Shah Pahlavi (au pouvoir de 1925 à 1941) l’avait interdit mais, sous son fils Mohammad Reza Shah (1941-1979), il était toléré.

L’évolution du discours de l’ayatollah Khomeiny
En 1963, Ruhollah Khomeiny, le futur Guide de la révolution islamique, fustige comme « non islamiques » les droits de vote et d’éligibilité accordés cette année-là aux femmes. Mais son positionnement semble évoluer avec les années : à la fin des années 1970, il déclare que les femmes seront libres de choisir leur destin (à condition de respecter quelques principes) probablement pour se garantir leur soutien.

Pourtant, après l’euphorie révolutionnaire, les femmes se rendent rapidement compte que la République islamique ne leur accorderait pas la place qu’elles entendaient avoir et qu’elles devraient faire face à la double contrainte de l’autoritarisme et du patriarcat.

Des femmes protestent contre l’ordre de l’ayatollah Ruhollah Khomeiny de se débarrasser de leurs vêtements de style occidental, le 8 mars 1979 à Téhéran, pendant la révolution iranienne. AFP
Dès son arrivée au pouvoir en février 1979, l’ayatollah Khomeiny renvoie les Iraniennes dans leurs foyers afin qu’elles y reprennent un rôle « conforme aux valeurs de l’islam » et deviennent le symbole de la chasteté de la société… tout en les remerciant pour leur soutien dans le processus révolutionnaire.

L’institutionnalisation des discriminations
Le préambule de la nouvelle Constitution de la République islamique d’Iran, adoptée en 1979, entérine la biologisation/naturalisation de la femme dont le rôle n’est plus valorisé qu’au travers et en référence à la famille.

Le propre de la République islamique est l’utilisation simultanée de l’appareil d’un État moderne et de l’idéologie religieuse pour asseoir son autorité, combattre les dissensions et contrôler les femmes.

La révolution, qui entraîne la réislamisation de la société, commence par la soumission du statut des femmes à la charia, qui consolide la suprématie de l’homme tant dans la sphère privée que dans la sphère publique ; dès 1979, les intimidations et les mesures coercitives se multiplient et une campagne massive de purification (paksâzi) dans tous les secteurs est lancée.

Dès lors, les mesures discriminatoires se succèdent : abolition de la Loi de la protection de la famille, interdiction de devenir juge, ségrégation des sexes dans les activités sportives et sur les plages et obligation du port du voile (hedjab) qui, ironiquement, ne suscite pas de réaction des libéraux et de la gauche iranienne, qui avaient soutenu Khomeiny dans sa prise de pouvoir.

En 1983, le Parlement entérine une loi qui punit les femmes ne portant pas le voile de 74 coups de fouet puis, en 1995, son « port non conforme » devient passible de 10 à 60 jours d’emprisonnement. Le code civil de l’actuel régime est assez proche du précédent ; néanmoins, en 1979, une modification introduit le droit unilatéral à la polygamie et au divorce pour l’homme, son autorité parentale et son rôle de chef de famille. Pourtant, le droit à la participation à la vie politique n’est pas révoqué, le droit de vote n’est pas restreint et l’article 115 de la Constitution reste flou sur la possibilité pour une femme d’accéder à la présidence.

L’âge légal du mariage des filles est abaissé à 9 ans (plus tard, il sera lié à la puberté). Pour le code pénal, le prix du sang des femmes devient la moitié de celui des hommes et le témoignage d’une femme dans une affaire pénale n’est accepté que s’il est corroboré par celui d’un homme. Ces dispositions se veulent une mise en œuvre de la tradition islamique.

Dans ce cadre, la virginité est centrale. Les femmes adultères et les prostituées sont fouettées, exécutées ou lapidées.

L’invisibilité du corps des femmes, la ségrégation des sexes et l’inégalité institutionnalisée, en effaçant l’égalité des sexes, deviennent partie intégrante de l’identité islamique promue par l’État et de son discours anti-impérialiste et anti-occidental. Dans le même temps, le contrôle du corps des femmes sert les intérêts du patriarcat. Le voile surveille la sexualité féminine. Il affirme le comportement vertueux et modeste qui doit symboliser toute femme musulmane.

Dès lors, dans la mesure où la position subalterne des femmes et le port du voile sont présentés comme des éléments fondateurs de la République islamique, toute modification mettrait en péril l’édifice. En effet, la question des femmes en Iran, tout en étant partiellement religieuse, est surtout éminemment politique et liée à l’identité du régime. Les femmes sont l’emblème public de l’honneur de la nation, tandis que le féminisme, associé à l’Occident, symbolise la décadence, tout comme les lois concernant les femmes, édictées sous Mohammad Reza Shah, ont été présentées comme un danger pour la sécurité nationale.

Les femmes sont perçues comme garantes de la cohésion familiale et sociale. Même si elles ne sont pas totalement écartées du travail, de l’enseignement, de l’organisation sociale, politique et économique du pays, elles sont incitées à rester dans leur foyer et à s’orienter vers des études ou des emplois considérés comme féminins et, aujourd’hui, à soutenir la campagne nataliste du Guide suprême Ali Khamenei.

À la mort de Khomeiny en 1989, des tentatives timides de changement ont lieu, notamment sous la présidence de Mohammad Khatami (1997-2005). Néanmoins, après l’élection de Mahmoud Ahmadinejad en 2005, les autorités intensifient les mesures de réislamisation, dispositions répressives à l’appui – entre autres, en renforçant la police des mœurs. En particulier, la réislamisation passe par la purge des influences occidentales dans les programmes universitaires, ainsi que par des mesures ayant pour objectif la diminution du nombre d’étudiantes. De même, les cours portant sur les questions de genre sont remaniés afin d’exclure les références possibles aux droits des femmes reconnus par le droit international, ce dans le souci de mettre l’accent sur les valeurs islamiques.

En faisant du corps des femmes et de leur position un enjeu fondamental de l’authenticité et de l’islamité, la République islamique les a finalement aussi transformés en mesure de la liberté de tous et en un champ de bataille pour la conquête de l’avenir tout autant qu’en force motrice potentielle de démocratisation.

Il ne faut dès lors pas s’étonner qu’aujourd’hui la vague de contestation qui secoue l’Iran passe par les jeunes filles qui remettent en cause le port obligatoire du voile, les discriminations dont elles font l’objet et le régime en tant que tel. Jamais la détermination des femmes – et, surtout, des plus jeunes d’entre elles – n’avait atteint cette ampleur.

Iran: d’abord la révolte des jeunes femmes

Iran: d’abord la révolte des jeunes femmes

Après la mort de la jeune Mahsa Amini, les « citoyennes de seconde zone » s’élèvent à nouveau contre les diktats « d’un régime moyenâgeux », explique la sociologue franco-iranienne Azadeh Kian
« Ce qui a provoqué autant de colère, c’est aussi les conditions des femmes en Iran », explique Azadeh Kian, professeure franco-iranienne de sociologie.’( l’Opinion)

Une colère qui ne faiblit pas malgré la répression qui a fait plus de 76 morts selon l’ONG Iran Human Rights. C’est la mort de Mahsa Amini qui a mis le feu aux poudres. La jeune femme de 22 ans est décédée en détention après avoir été arrêtée par la police des mœurs pour «port de vêtements inappropriés».

« On avait déjà vu beaucoup de scènes de violences inouïes de la part de la police des mœurs à l’égard des femmes », se remémore Azadeh Kian, également directrice du Centre d’enseignement, de documentation et de recherche pour les études féministes (CEDREF) à l’université Paris Cité. Les manifestations, qui visaient d’abord cette milice, ciblent désormais plus largement le régime iranien. « La colère était déjà existante et claire au sein de la société iranienne et surtout de sa jeunesse qui malgré sa formation, reste au chômage, qui malgré l’ouverture sur le monde, doit subir les diktats d’un régime moyenâgeux. »

Les femmes iraniennes sont avant tout descendues dans la rue pour protester contre le port obligatoire du hijab. « Le port du voile est rendu obligatoire dès le début de la révolution, en février 1979 en réalité, puis il est inscrit dans les lois à partir de 1980. Donc ça a toujours existé, les femmes sont obligées de porter le voile même les femmes étrangères qui visitent l’Iran. Les femmes iraniennes ont toujours montré leur désaccord avec le port obligatoire du voile en le portant mal, en laissant quelques mèches de cheveux dépasser. Et à partir des années 1990, ces patrouilles ont toujours tenté d’imposer le diktat du régime. »

Et le pouvoir iranien a fait du voile obligatoire l’un des fondements idéologiques du régime. « Et donc si les femmes refusent de le porter ou le portent mal, poursuit Azadeh Kian, pour le régime il s’agit de ne pas respecter des préceptes mais aussi de ne pas respecter l’idéologie islamiste du régime, donc c’est la raison pour laquelle c’est considéré comme le rejet des fondements même du régime islamique. »

Les maris, frères et amis de ces jeunes iraniennes sont ensuite venus étoffer les rangs de la contestation. « Aujourd’hui, c’est intergénérationnel. Dans les rues, on voit à la fois les jeunes issus des classes populaires qui ont aussi beaucoup de revendications d’ordre économique, politique, social mais aussi culturel, constate l’universitaire. L’autre chose qu’on a vue c’est que ça s’est répandu dans énormément de villes du pays. »

Malgré la violente répression et les nombreuses arrestations, les manifestations se poursuivent. « Ce qui a provoqué autant de colère, c’est aussi les conditions des femmes en Iran, les droits discriminatoires qui ont été instaurés dès le début de la révolution, le fait que les femmes sont considérées, au regard des lois et du discours des autorités, comme des citoyennes de seconde zone », décrypte Azadeh Kian.
« Or, la jeune génération des filles est davantage éduquée que la jeune génération des garçons, par exemple. Aussi les femmes sont maintenant de plus en plus ouvertes sur le monde. Les réseaux sociaux – il ne faut pas l’oublier – ont joué un rôle prépondérant en mettant en lien étroit les jeunes iraniens et iraniennes avec le monde entier. Cette jeune génération est davantage ouverte sur le monde et revendique aussi les mêmes droits et le même type de citoyenneté, et pense que ce régime est incapable de répondre positivement à ses demandes. »

En Iran, l’immense cri des femmes pour la liberté

En Iran, l’immense cri des femmes pour la liberté

 

Stigmatisées depuis 1979, les Iraniennes montrent qu’elles sont les forces vives du pays dans les manifestations suite à la mort de Mahsa Amini, écrit dans le Monde la romancière et éditrice franco-iranienne Sorour Kasmaï.

L’immense cri des femmes pour la liberté est aussi alimenté par une situation économique catastrophique avec des conséquences dramatiques sur les conditions sociales NDLR

En Iran, la violence exercée à l’égard des femmes porte des noms et des visages différents : le voile, l’honneur, la sécurité de l’Etat, le non-respect de la religion, etc. Institutionnalisée par le régime islamique, elle est aujourd’hui systématique et met en danger la vie de toutes les femmes.

En février 1979, avant même l’instauration de la République islamique d’Iran, l’ayatollah Khomeini considérait déjà la liberté de la femme comme le principal obstacle à son projet politique. Les premières mesures à cet égard rendaient obligatoires le voile islamique sur le lieu de travail et le foulard dans les lieux publics. Du jour au lendemain, la femme a perdu tous les droits que lui octroyait la loi de protection de la famille, notamment la garde des enfants en cas de divorce, et même celui de voyager sans l’accord de son mari. Ce dernier, en revanche, allait être autorisé à épouser jusqu’à quatre femmes à la fois. Un beau matin, les murs de la ville furent repeints pour afficher de nouveaux slogans prônant « le voile, comme rempart de la République islamique ».

Le 8 mars 1979, la première manifestation contre ces nouvelles lois rassembla à Téhéran, selon les journaux de l’époque, « quelques centaines de salopes », scandant « ni foulard ni coups de poing ». Enseignantes, chercheuses, cinéastes, étudiantes, actrices, avocates, institutrices ou encore femmes au foyer, elles protestaient contre le voile, qui symbolisait à leurs yeux une ségrégation complexe et sournoise. Se cacher les cheveux signifiait non seulement l’asservissement de leur corps mais aussi de tout leur être. La nouvelle loi cherchait à réprimer leur identité en les uniformisant par un voile – et plus tard un manteau – réglementaire de couleur sombre. Elle visait à les transformer en l’ombre d’elles-mêmes. Elle aspirait à les priver de leur statut social, en les reléguant aux confins de la vie publique. Elle institutionnalisait la soumission de leur esprit en les privant de leurs libertés les plus élémentaires de citoyennes et d’êtres humains. C’était contre ce danger que mettaient en garde les « salopes » de 1979.

Pendant toutes ces années, d’abominables crimes ont été perpétrés contre la femme. Du vitriolage pour un refus de mariage à la décapitation pour un soupçon de flirt, de la lapidation de la femme mariée pour délit d’adultère au dépucelage des condamnées à mort dans les prisons, la femme a été sacrifiée sur l’autel de l’honneur des hommes, de la famille, de la société, de l’Etat.

Fiscalité : Une surimposition des femmes

 Une surimposition des femmes

 

La juriste Lise Chatain explique, dans une tribune au « Monde », pourquoi la proposition faite par Emmanuel Macron d’aligner la fiscalité des couples de concubins sur celle des couples mariés accroîtrait les inégalités entre les femmes et les hommes.

 

 

Tribune. 

Emmanuel Macron propose de mettre en œuvre, s’il est réélu, une taxation commune à l’impôt sur le revenu des couples de concubins, afin de résorber la supposée inégalité fiscale existant entre les couples mariés ou pacsés et les couples de concubins.

Il s’agit de l’exemple même de la mauvaise idée fiscale : sous le couvert de lutter contre une inégalité affectant les couples en fonction de leur mode de conjugalité, cette réforme conduirait à transporter chez les couples de concubins tous les effets pervers de la conjugalisation de l’impôt.

En France, le concept de foyer fiscal, associé au couple, est une notion essentielle de la théorie de l’impôt qui s’est imposée avec l’institution de l’impôt général et progressif sur le revenu. Cette contribution commune doit être équitablement établie entre les contribuables et tenir compte de leur richesse particulière, c’est-à-dire de leur capacité contributive.

Il s’agit dès lors de définir une unité d’imposition : soit l’impôt frappe l’individu séparément sans considération de son cadre juridique, social ou économique, soit l’impôt frappe un groupe social, la famille plus précisément, en fonction de sa capacité contributive.

Or, l’impôt sur le revenu français considère le foyer comme une unité économique et sociale au sein de laquelle les ressources sont réunies. Ainsi, la capacité contributive du foyer, et non celle de ses membres, est saisie en globalisant leurs revenus. Pour calculer l’impôt sur le revenu du foyer, les revenus des deux conjoints mariés ou pacsés sont globalisés, puis cette somme est divisée par les deux parts attribuées au couple – il s’agit du « quotient conjugal ».

En présence d’enfants, le quotient familial comptabilise par ailleurs le nombre d’enfants rattachés au foyer pour appliquer un coefficient diviseur. On obtient ainsi un revenu par part de quotient auquel est appliqué le barème progressif de l’impôt sur le revenu ; puis le montant de l’impôt calculé pour une part de quotient est multiplié par le nombre de parts du foyer pour obtenir l’impôt global.

Le quotient conjugal correspond à une certaine idée de la famille : le mariage d’abord, puis, plus tard, le pacte civil de solidarité (pacs), sont considérés comme le fondement de la famille et seuls les couples mariés ou pacsés peuvent former un foyer fiscal.

En revanche, les couples de concubins ne constituent pas un « foyer » au regard de l’impôt sur le revenu et chacun reste taxé individuellement. La raison en est que la notion de foyer fiscal traduit une solidarité familiale reposant sur la mise en commun des revenus du foyer, quel que soit le choix du régime matrimonial du couple marié ou pacsé.

Inégalités salariales cadres hommes femmes : surtout inégalités des responsabilités

Inégalités salariales cadres  hommes femmes : surtout inégalités des responsabilités 

Un article du Wall Street Journal * qui souligne que les cadres femmes sont parfois moins payées parce qu’elles demandent moins d’augmentations ; en réalité, c’est parce qu’elles se voient confier des rôles moins importants

 

 

La pandémie de Covid a épuisé les femmes confrontées à une surenchère d’exigences dans leurs vies professionnelle et familiale. Selon un récent sondage McKinsey conduit auprès de 40 000 employés d’entreprises américaines, les femmes disent se sentir davantage exténuées et victimes de stress chronique que les hommes. Ce constat est valable pour toutes les ethnies et à tous les niveaux de l’entreprise, tout particulièrement au sommet.

Ces femmes retournent aujourd’hui sur des lieux de travail où, en moyenne, à niveau égal, elles sont payées moins que les hommes, et où elles se font de plus en plus rares à mesure qu’elles gravissent l’échelle hiérarchique. Une des raisons de ce phénomène — à en croire la culture populaire et certains éminents chercheurs — tiendrait au fait que les femmes ne demandent pas autant d’argent ou de responsabilités que les hommes, qu’elles manqueraient de confiance en elles ou qu’elles feraient des « choix de carrière limitants » en recherchant des horaires flexibles ou des congés parentaux.

La solution, leur dit-on, est de s’affirmer, d’oser parler et d’affûter leurs talents de négociatrices. Des brouettes de livres de développement personnel populaires et d’ateliers de leadership enfoncent le clou et promettent aux femmes de leur expliquer comment se sortir de ces schémas.

Nous sommes d’accord avec l’idée que dans tous les métiers, les talents de négociateur sont de la plus grande importance — les recherches montrent que seulement un tiers des salariés, hommes et femmes, négocient des promotions et des augmentations, et une de nous deux, la professeure Kray, enseigne ces compétences aux femmes et aux hommes dans des MBA et des ateliers destinés aux cadres depuis des années. Mais la négociation ne suffit pas à combler les inégalités salariales.

Dans les faits, nos recherches (et elles ne sont pas les seules) montrent de façon probante que les femmes demandent des augmentations salariales aussi fréquemment que les hommes — parfois plus. En revanche, elles n’obtiennent pas les mêmes résultats. Une étude de l’University of Wisconsin datant de 2018 a mené l’enquête auprès de 4 600 employés sur 800 lieux de travail australiens pour déterminer leur tendance à demander des augmentations, et n’y a trouvé aucune différence entre les sexes. En revanche, les hommes qui en sollicitaient les obtenaient 20 % du temps, contre 15 % pour les femmes.

En 2019, nous avons réalisé cette même enquête auprès de 2 000 diplômés d’une école de commerce d’élite américaine et avons découvert qu’une plus grande proportion de femmes sollicitait des augmentations et des promotions (64 % contre 59 % pour les hommes), mais qu’elles se voyaient opposer une fin de non-recevoir deux fois plus souvent. Une autre recherche récente de Dartmouth révèle que comparé aux hommes, les femmes qui viennent à la table des négociations avec une proposition d’augmentation ferme (et, surtout, identique) sont plus susceptibles de ne rien obtenir du tout. Le mythe persistant selon lequel les femmes n’essaient pas de négocier aide à justifier le statu quo et pourrait cacher les véritables causes des inégalités salariales.

Le Bureau of Labor Statistics américain constate qu’en 2020, les femmes ont gagné 82 cents pour chaque dollar empoché par les hommes. Ce fossé est encore plus large pour les femmes de couleur et il s’accentue à mesure que les femmes prennent du galon. Dans notre étude récemment parue portant sur presque 2 000 jeunes diplômés d’écoles de commerce, nous avons découvert que dix ans après leur MBA, les professionnelles travaillant à plein temps pour des entreprises à but lucratif gagnaient encore moins : juste 74 cents pour chaque dollar perçu par un homme. Nous avons suivi des hommes et des femmes titulaires de masters, ayant suivi le même cursus et doté des mêmes diplômes, et rectifié les variables pertinentes de type carrière professionnelle, caractéristiques de poste et région géographique. La triste vérité, avons-nous constaté, est qu’obtenir davantage de diplômes et gravir l’échelle hiérarchique n’aide pas les femmes à combler ces inégalités salariales.

Les emplois des hommes et des femmes adoptent des caractéristiques différentes très tôt dans leurs carrières. Nous avons découvert qu’en moyenne, à niveau hiérarchique égal avec leurs homologues féminines, les hommes se voient attribuer presque immédiatement davantage de subordonnés et dirigent des équipes plus grandes. Les managers hommes obtiennent rapidement de plus grands « espaces de contrôle » que les femmes au même niveau organisationnel, ce qui conduit à des gratifications plus élevées. Nous avons calculé les disparités d’effectifs dirigés pour les titulaires de MBA de notre échantillon et avons découvert que la taille des équipes des femmes représentait 75 % de celles des hommes lorsqu’elles sont directrices, et 63 % lorsqu’elles atteignent l’échelon de vice-présidente. La disparité des salaires s’accentue elle aussi : les femmes en moyenne gagnent 71 % de ce qu’obtiennent les hommes dans des rôles de direction, et 55 % pour les vice-présidentes.

Les préjugés basés sur le sexe dans le domaine du leadership ont des fondations solides. Dans notre étude, nous sommes allées plus loin pour comprendre pourquoi les hommes se voient octroyer de plus grandes équipes à diriger. Tandis que les participants homme et femmes ne signalaient aucune différence dans le nombre d’employés qu’ils se sentaient capables d’encadrer, les deux groupes ont confié préférer voir des hommes diriger les plus grandes équipes et des femmes les plus petites. Ils associaient des attributs considérés comme typiquement masculins (comme l’assurance et l’agressivité) aux chefs de plus grandes équipes et des caractéristiques généralement attribués aux femmes (comme la patience et la politesse) à des chefs d’équipes de taille plus modeste. Et ont affirmé que les chefs d’équipes plus grandes méritaient d’être payés davantage.

Le problème des inégalités salariales est particulièrement présent dans les entreprises technologiques. Chez Google, une ex-employée qui voulait aider ses collègues à négocier des augmentations a diffusé une feuille de calcul où chacun reportait son salaire, et qui montrait que les femmes étaient moins payées. Bien que les données de Google n’aient pas été complètes, elles validaient notre constatation que les inégalités salariales commencent de façon discrète et vont crescendo. En début de carrière chez Google pour des postes techniques, les femmes rapportent gagner en moyenne 124 000 dollars annuels en comptant les primes, soit 4 % de moins que ce que les hommes affirment gagner ; différence qui atteint 6 % en milieu de carrière, constate-t-on. Un recours collectif pour discrimination salariale contre l’entreprise a été lancé par 11 000 anciens salariés et est en cours actuellement (en réponse à ces chiffres et à une enquête du département du Travail, Google a affirmé que ses propres chiffres sont plus complets et montrent que les femmes gagnent 99,5 cents pour chaque dollar empoché par les hommes.)

Dans les années à venir, malgré des décennies d’efforts pour promouvoir les femmes dans les entreprises, celles-ci pourraient bien constater qu’elles manquent de femmes pour occuper les postes à responsabilités. Pendant le Covid, parce que les obligations familiales leur incombent la plupart du temps, les femmes ont été plus nombreuses que les hommes à cesser de travailler. Dans les sondages, elles sont plus enclines à dire qu’elles veulent télétravailler, peut-être à cause des soins à apporter aux enfants, et pourtant elles ont peur de rater les interactions informelles avec les supérieurs qui aident à progresser au sein de l’entreprise.

Alors, quelle solution ? Publier les chiffres des salaires est édifiant, mais ne fera pas bouger le curseur sans suivi systématique et continu afin de rectifier les disparités qui apparaissent. L’interdiction de poser des questions sur les rémunérations précédentes, adoptée par 21 Etats depuis que le Massachusetts a ouvert le bal en 2016, est bien utile pour corriger les inégalités préexistantes mais ne changeront pas les préjugés profondément enracinés dont les hommes continuent de bénéficier au détriment des femmes.

La solution ne réside pas dans la publication des feuilles de paie ou dans une plus grande témérité des femmes. Si nous persistons à penser que ce sont les femmes qui, individuellement, ont le pouvoir d’accéder à une égalité de rémunération par elles-mêmes, nous n’y arriverons jamais. Les chefs d’entreprise doivent analyser les schémas qui règnent au sein de leur organisation et les changer afin que les nombreuses femmes talentueuses et instruites qui y travaillent puissent s’épanouir au lieu de finir sur les rotules.

Et ils doivent aussi comprendre, et expliquer, pourquoi ils disent plus souvent non à une femme et oui à un homme.

*La docteure Kray enseigne le management à la Haas School of Business, University of California, Berkeley, et elle est directrice de faculté du Center for Equity, Gender and Leadership. La docteure Lee est chercheuse postdoctorale au Center for Equity, Gender and Leadership.

(Traduit à partir de la version originale en anglais par Bérengère Viennot)

Traduit à partir de la version originale en anglais

Afghanistan : l’exclusion sociologique des femmes

 

Afghanistan : l’exclusion sociologique des femmes

 

Le nouveau pouvoir de Kaboul vise « l’exclusion sociologique » des femmes mais aussi « l’effacement de l’identité de genre » dans l’imaginaire collectif officiel, alerte l’anthropologue, Véronique Nahoum-Grappe,  dans une tribune au « Monde » ( extrait).

 

 

 

 

 

Zarifa Ghafari, première femme afghane élue maire, expliquait le 4 septembre, dans les colonnes du Figaro Madame, que les talibans « tentent de faire disparaître l’identité des femmes, de les faire disparaître de la société. Ils les effacent même des murs en recouvrant leurs visages sur les affiches. Ils refusent qu’elles travaillent, qu’elles étudient et même qu’elles sortent ». Elle définit ce que le pouvoir taliban tente de faire aux Afghanes : les exclure de tout enseignement et de tout travail rémunéré, éliminer leur image physique distinctive partout dans l’espace public. Chassées des institutions sociales, elles doivent l’être aussi du monde du dehors et ne plus être reconnues en tant que femmes dans les rues, ni même figurées sur un mur.

Ce pouvoir vise donc une double disparition des femmes dans la société extérieure : à une exclusion sociologique effective s’ajoute une tentative d’effacement de l’identité de genre féminin dans l’imaginaire collectif officiel. Les moyens de cette double exclusion sociale sont : une drastique perte d’autonomie avec l’empêchement de la solitude « choisie », non seulement dans les rues mais aussi dans la vie, avec l’interdiction du célibat ; la disparition dans l’espace public de toute visibilité des corps et visages féminins grâce au voile intégral opaque et déshumanisant, et le confinement forcé dans la sphère privée familiale.

Pouvoir circuler librement dans l’espace public et faire face aux autres, visage découvert, deviendra impossible pour les femmes car il ne faudra plus qu’elles soient vues dans le monde commun extérieur, où pourtant on naît, on fait sa vie et où l’on meurt, où l’on travaille et où, parfois, l’on vote.

La solitude choisie est interdite aussi : il faut un gardien, un homme à côté, ce qui constitue un déni insensé de l’existence adulte des femmes. Bien sûr, comme toujours, elles vont ruser de façon géniale, elles vont retourner toutes ces entraves dans l’autre sens, mais le piège des croyances religieuses traditionnelles va aussi entraîner le consentement de bien des femmes à cette situation, notamment la nécessité du mariage pour leurs filles, afin qu’elles soient protégées.

N’oublions pas aussi la terreur de la loi islamique pour soi et les siens. Petit à petit, les Afghanes vont disparaître des secteurs-clés de production et seront écartées de tout le savoir technique et théorique que ces secteurs mettent en œuvre. Elles seront alors chassées non seulement du dehors physique mais du fonctionnement même de leur propre monde social.

Afghanistan : retour des femmes en esclavage

Afghanistan : retour des femmes en esclavage

Quand ils sont au pouvoir, les talibans privent les femmes de nombreux droits élémentaires. Parmi leurs exactions, l’une des pires est la pratique des mariages forcés, une forme d’esclavage sexuel. Par Vrinda Narain, McGill University

Après le retrait des forces américaines et otaniennes d’Afghanistan en juillet, les talibans ont rapidement pris le contrôle du pays. Le président a fui et le gouvernement est tombé.

Enhardis par leur succès, par le manque de résistance des forces afghanes et par la faible réaction internationale, les talibans se montrent de plus en plus violents. Pour les femmes afghanes, leur retour au pouvoir constitue une réalité terrifiante.

Début juillet, les dirigeants talibans qui venaient de prendre le contrôle des provinces de Badakhshan et de Takhar ont ordonné aux chefs religieux locaux de leur fournir une liste de filles de plus de 15 ans et de veuves de moins de 45 ans à « marier » avec des combattants talibans. On ne sait pas encore si les chefs religieux ont obtempéré.

Si ces mariages forcés ont lieu, les femmes et les jeunes filles seront emmenées au Waziristan (Pakistan) pour être rééduquées et converties à un « islam authentique ».

Cet ordre a effrayé les femmes et leurs familles vivant dans ces régions et les a forcées à fuir et à rejoindre les rangs des personnes déplacées à l’intérieur du pays. L’Afghanistan est en proie à un véritable désastre humanitaire : rien qu’au cours des trois derniers mois, 900 000 personnes ont été déplacées.

Cette directive des talibans, de mauvais augure pour la suite des événements, rappelle ce qu’a été leur régime quand ils ont exercé le pouvoir en Afghanistan entre 1996 et 2001. Les femmes ont alors été privées de bon nombre des droits humains les plus élémentaires. Il leur a été interdit d’exercer un emploi et d’avoir accès à l’éducation. Elles ont été systématiquement contraintes de porter la burqa et il leur était impossible de sortir de chez elles sans être accompagnées d’un « tuteur » masculin, ou mahram.

Les talibans prétendent avoir évolué sur la question des droits des femmes ; mais leurs récentes actions, qui semblent attester de leur détermination à livrer des milliers de femmes à l’esclavage sexuel, montrent que ce n’est absolument pas le cas.

En outre, les talibans ont déjà annoncé leur intention de mettre fin à l’éducation des filles après l’âge de 12 ans, d’interdire aux femmes de travailler et de rétablir la loi exigeant que les femmes soient accompagnées d’un tuteur pour la moindre sortie hors de leur domicile.

Les progrès obtenus par les femmes afghanes au cours des vingt dernières années, notamment en matière d’éducation, d’emploi et de participation politique, sont gravement menacés.

La pratique consistant à offrir des « épouses » relève d’une stratégie visant à inciter les hommes à rejoindre les rangs des talibans. Il s’agit d’esclavage sexuel, et non de mariage. Or contraindre les femmes à l’esclavage sexuel sous le couvert du mariage constitue à la fois un crime de guerre et un crime contre l’humanité. L’article 27 de la Convention de Genève stipule :

« Les femmes seront spécialement protégées contre toute atteinte à leur honneur, et notamment contre le viol, la contrainte à la prostitution et tout attentat à leur pudeur. »

En 2008, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté la [résolution 1820](https://undocs.org/fr/S/RES/1820(2008) qui fait observer que « le viol et d’autres formes de violence sexuelle peuvent constituer un crime de guerre, un crime contre l’humanité ou un élément constitutif du crime de génocide ». Elle reconnaît la violence sexuelle comme une tactique de guerre visant à humilier, dominer et instiller la peur chez les civils.

L’ONU doit agir avec détermination pour empêcher de nouvelles atrocités contre les femmes en Afghanistan.

Je propose à la communauté internationale quatre actions politiques visant à instaurer une paix durable. Elles sont guidées par la résolution 1820 qui souligne l’importance de l’implication des femmes en tant que participantes égales au processus de paix et qui condamne toutes les formes de violence sexiste contre les civils dans les conflits armés :

Appeler à un cessez-le-feu immédiat pour garantir que le processus de paix puisse se poursuivre de bonne foi.

  • Veiller à ce que les droits des femmes – inscrits dans la Constitution afghane, la législation nationale et le droit international – soient respectés.
  • Insister pour que les négociations futures se déroulent avec une participation significative des femmes afghanes. Lors des négociations entre le gouvernement Ghani et les talibans, il n’y avait que quatre femmes dans l’équipe du gouvernement afghan et aucune dans celle des talibans.
  • La levée des sanctions contre les talibans doit être conditionnée à leur engagement à respecter les droits des femmes. L’Union européenne et les États-Unis, qui sont actuellement les principaux bailleurs de fonds de l’Afghanistan, doivent conditionner leur aide au respect des droits des femmes et à leur accès à l’éducation et à l’emploi.

Les femmes d’Afghanistan et de toute la région se féliciteraient des efforts que déploieraient les Nations unies et la communauté internationale pour faire en sorte que les personnes ayant survécu à des violences sexuelles bénéficient d’une protection égale au regard de la loi et d’un accès égal à la justice.

La lutte contre l’impunité des auteurs de violences sexuelles s’inscrit pleinement dans une approche globale visant à rechercher une paix durable, la justice et la réconciliation nationale en Afghanistan.

______

(*) Par Vrinda Narain, Associate Professor, Faculty of Law, Centre for Human Rights and Legal Pluralism; Max Bell School of Public Policy, McGill University.

La version originale de cet article a été publiée en anglais.

12



L'actu écologique |
bessay |
Mr. Sandro's Blog |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | astucesquotidiennes
| MIEUX-ETRE
| louis crusol