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Pour redresser les finances: il faut baisser les impôts

Pour redresser les finances: il faut baisser les impôts

 Marc Touati estime que la solution choisie par le gouvernement Barnier pour redresser la France n’est pas la bonne. Et c’est même l’extrême inverse qu’il faudrait faire, explique l’économiste à La Tribune, afin de redonner confiance aux entreprises comme aux investisseurs étrangers. Et éviter ainsi de se retrouver rapidement dans une situation à la grecque.

L’économiste Marc Touati estime dans la « Tribune » que le gouvernement Barnier se trompe de stratégie en optant pour une hausse des impôts.
 Que vous inspire la présentation du budget 2025 ?

MARC TOUATI – C’est une grande déception. J’ai l’impression que ce PLF a été directement inspiré par le NFP. D’un côté, on augmente les impôts des plus riches et des grandes entreprises, et de l’autre, on ne diminue pas les dépenses publiques, qui, au contraire, vont continuer d’augmenter. Certes, c’est une augmentation moindre, mais ce n’est pas une baisse.

J’ai également l’impression de revivre la même présentation du budget que l’an dernier, par Bruno Le Maire. Avec ce PLF, nous n’atteindrons certainement pas l’objectif de passer, dès l’an prochain, à un déficit public sous la barre des 6% du PIB. Je n’attendais pas de miracle, mais qu’a minima, le gouvernement tape du poing sur la table.

 

Le gouvernement – et le ministre de l’économie Arnaud Armand – estiment qu’il ne s’agit pas de matraquage fiscal…

Bien sûr, qu’il s’agit de matraquage fiscal. Quand on est déjà le numéro un des prélèvements obligatoires, augmenter les impôts, cela devient confiscatoire. Avec un gouvernement de centre droit, comment peut-on augmenter les impôts ? Cela est très dangereux pour l’avenir. La prochaine étape pourrait être la taxation de l’épargne.

Fitch a maintenu la notation de la France à AA -. Est-ce une bonne nouvelle alors que l’on craignait une dégradation ?

Les agences de notation ne sont pas toujours crédibles et cette note le démontre. La France est mieux notée que le Portugal – dont la notation vient d’être relevée de BBB+ à A- – alors que le Portugal a réduit sa dette et dispose d’un excédent budgétaire. C’est une injustice et les agences de notation ne sortent pas grandies de cela.

Le risque est que la notation de la France soit dégradée pour passer à un simple A. Or, si cela se produit, les conséquences seront majeures. La note A ferait sortir le pays du cahier des charges de beaucoup de banques, de caisses d’assurance, de fonds d’investissement. Ce n’est pas qu’ils ne voudront pas soutenir la France, c’est qu’ils ne le pourront pas. Ce qui casserait la dynamique économique.

 

La taxe qui concerne les secteurs maritime et aérien vous semble-t-elle aussi injuste ?

Absolument. Ce sont deux secteurs très cycliques. Lorsque les marchés se retourneront, cela deviendra très compliqué. De plus, on sait qu’en France les taxations temporaires finissent par durer…

La suppression de 4.000 postes dans l’Education nationale n’est-elle pas un mauvais signe envoyé alors que la France n’est pas très bien positionnée dans les classements internationaux ?

On dénombre 1,2 million de personnes dans l’Education nationale et il y a 6 millions de personnes dans la fonction publique. Il est où l’effort ? La France n’a pas besoin de saupoudrage, ni de cosmétique mais d’une véritable réforme structurelle.

Que faut-il faire pour redresser la France, selon vous ?

Il faut baisser les impôts. Le problème de la France est celui de la confiance, de l’instabilité fiscale. Il faut redonner du pouvoir d’achat aux Français : en baissant la CSG de 30 milliards d’euros, en baissant les impôts de production de 20 milliards d’euros à 30 milliards d’euros. Cela créerait un bol d’air. Il faut également réduire les niches fiscales. Cette baisse des impôts augmenterait les recettes. En même temps, il faut baisser les dépenses de fonctionnement. Et lutter contre les fraudes fiscale et sociale, qui représentent respectivement 30 milliards d’euros et 20 milliards d’euros. Si on veut lutter contre la fraude sociale, on sait parfaitement comment faire. Avec l’ensemble de ces mesures, on recrée de la confiance et on passe ainsi du cercle vicieux au cercle vertueux.

Il faut aussi des symboles : un gouvernement de 41 ministres et secrétaires d’Etat, ce n’est pas admissible. 20 personnes, cela suffirait. Il faut réduire le nombre de députés et de sénateurs. L’image que nous renvoyons n’est pas très bonne. Les autres pays d’Europe ont fait des efforts. Si la situation de la France se dégrade, ces pays ne seront pas d’accord pour soutenir le nôtre. Et il ne faudra pas compter sur la Banque Centrale Européenne pour faire marcher la planche à billets.

 

Doit-on craindre pour la compétitivité de la France, laquelle se targue chaque année, lors de Choose France, d’être le pays le plus attractif d’Europe ?

Ne nous y trompons pas. On vient en France pour les cadeaux fiscaux que l’on accorde aux investisseurs. Et les investisseurs sont, aujourd’hui, très inquiets. Ils ne comprennent pas le dérapage des dépenses publiques. Je rappelle que 54% de la dette de la France est détenue par des créanciers étrangers. Et qu’en juillet dernier, des fonds japonais ont vendu pour 9 milliards d’euros d’obligations souveraines françaises.

D’aucuns estiment qu’un scénario à la grecque se dessine pour la France. Partagez-vous cette analyse ?

Il est vrai que ce qu’il se passe aujourd’hui c’est exactement ce qu’il s’est passé en Grèce. La différence, c’est qu’on lève encore l’impôt en France, mais le risque est que trop d’impôt tue l’impôt. Lorsque nous aurons moins de recettes fiscales, l’Etat lèvera moins d’impôts. En cas de taxation sur l’épargne – ce qui représenterait le bouton nucléaire – nous assisterons à un exode fiscal dramatique. Aujourd’hui, les marchés financiers font davantage confiance à la Grèce qu’à la France. Nous avons déjà dépassé le point d’inflexion. Il est probable que Standard & Poors dégradera la note de la France en novembre, après les élections présidentielles américaines.

 

Comment les entreprises peuvent-elles agir pour affronter la situation d’un contexte économique qui se tend ?

Elles doivent développer des théories anti-crise. C’est-à-dire se positionner sur des marchés de niches, communiquer sur ce qu’elles font de bien, innover – et cela ne signifie pas uniquement une innovation technologique -, se développer à l’international et mettre en avant une excellence de services. Les entreprises françaises sont aguerries, elles savent qu’elles doivent compter sur elles-mêmes pour s’en sortir. On peut encore réformer dans la douceur, sinon on devra réformer dans la douleur. Nous n’avons pas encore connu la tempête. Mais lorsque celle-ci sera passée, la France redémarrera.

Crise du logement : Il faut des mesures urgentes

Crise du logement : Il faut des mesures urgentes

La France est confrontée à une crise du logement sans précédent. Au deuxième trimestre 2024, les ventes de logements neufs ont chuté, tandis que les mises en vente sont tombées à un niveau historiquement bas, un record depuis plus de quinze ans. Ce déséquilibre alarmant entre l’offre et la demande, exacerbé par la fin du dispositif Pinel et l’absence d’une politique publique adaptée, met en péril l’accès au logement pour des millions de citoyens. La CPME Sud, en soutien de la Fédération Française du Bâtiment de la Région Sud, appelle les pouvoirs publics à agir sans délai pour enrayer cette crise.
Par Alain Gargani, président de la CPME Sud, candidat à la présidence nationale de la CPME et Isabelle Lonchampt, présidente de la Fédération régionale du bâtiment. ( dans la Tribune)

Le logement n’est pas un enjeu secondaire : il conditionne le bien-être des Français, leur pouvoir d’achat, leur mobilité et la vitalité de nos territoires. Cette crise, si elle n’est pas résolue rapidement, menace de déstabiliser durablement notre tissu économique et social.

La chute de la production de logements est une véritable catastrophe économique. Avec 1,6 million d’emplois non délocalisables en jeu, chaque logement non construit met directement en danger deux emplois dans les secteurs du bâtiment et de la construction. L’impact se fait déjà sentir : entreprises en défaillance, projets annulés, élus locaux inquiets face à la paralysie des chantiers. Nos territoires sont en danger. Il est impératif de lancer un plan pluriannuel ambitieux pour dynamiser la production de logements, soutenir l’emploi et relancer l’économie locale.

La situation en Provence-Alpes Côte d’Azur illustre l’ampleur de la crise à l’échelle nationale. En juillet 2024, seuls 26.200 logements ont été autorisés sur une période de 12 mois, le pire chiffre enregistré depuis de nombreuses années. Cette baisse dramatique est le reflet d’un blocage généralisé qui touche l’ensemble du pays. L’heure est grave : nous assistons à un effondrement de la production immobilière qui menace l’équilibre économique et social de la France. Il est urgent de lever les blocages pour redonner souffle à la construction de logements.

Cette crise aggrave les inégalités sociales. Des jeunes actifs et étudiants peinent à trouver un logement décent, les familles surpeuplées s’entassent dans des logements sociaux saturés, et des salariés sont contraints de vivre loin de leur lieu de travail. Le droit au logement ne peut plus être un luxe pour une partie de la population. Nous refusons de voir cette situation devenir une fatalité.

Le blocage des permis de construire dans de nombreuses communes, des réglementations trop complexes et la flambée des prix du foncier rendent la construction de logements impossible pour une majorité des acteurs du bâtiment. Sans actions rapides, la crise va continuer de s’aggraver. La répercussion sera massive : destruction d’emplois, aggravation des tensions sociales et un frein durable à la croissance économique.

Il est urgent de débloquer les permis de construire, de simplifier les démarches administratives ainsi que les normes qui sont aujourd’hui un frein à l’innovation dans le monde de la construction, pourtant source d’économies.

La réponse doit être à la hauteur de la crise. Nous réclamons la réintroduction du prêt à taux zéro pour stimuler la construction et la rénovation durable, ainsi que l’élargissement et la simplification des critères de la loi Pinel. Ma Prime Rénov’ doit être stabilisée et les critères du dispositif maintenus dans les conditions fixées au 15 mai 2024. Des incitations fiscales fortes doivent encourager l’investissement dans des logements de qualité, accessibles à tous.

L’enjeu ne se limite pas à la production de logements : le secteur du bâtiment souffre d’une grave pénurie de main- d’œuvre qualifiée. Une politique de formation ambitieuse est indispensable pour répondre à ces besoins et renforcer l’attractivité des métiers du bâtiment, en particulier pour les PME. Promouvoir l’apprentissage et encourager l’intégration de nouveaux talents sont des priorités notamment pour la rénovation énergétique des bâtiments.

La CPME Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur est prête à travailler avec les pouvoirs publics pour trouver des solutions concrètes. Mais sans une politique nationale forte, claire et ambitieuse, ces efforts seront vains. Nous demandons que le logement redevienne une priorité nationale, pour garantir justice sociale, cohésion territoriale et relance économique.

Ce qu’il faut retenir de la consultation de Macron: Rien !

Ce qu’il faut retenir  de la consultation de Macron: Rien !

 

 

Chacun reste bien campé sur ses positions;  en gros théoriquement , on affirme être partisan d’un élargissement des alliances mais sans les autres. En plus si on a surtout parlé de cuisine politique on a cette fois encore oubliée les deux problématiques essentielles à savoir la question économique et notamment la relance de la croissance mais aussi le risque de débâcle financière à terme.

Comme des perroquets les partis répètent inlassablement leur discours obsolète et refusent clairement une véritable union nationale républicaine.
Le pays est tout simplement renvoyé aux divisions récurrentes de la IVe République, à son immobilisme et à ses contradictions. Le président qui pense encore avoir du pouvoir organise des réunions qui ne servent à rien d’autant plus qu’il est complètement discrédité

Politique-Il faut déstabiliser les deux Etats voyous que sont la Russie et la Chine

Politique-Il faut déstabiliser les deux Etats voyous que sont  la Russie et la Chine

Non contents d’imposer un régime de fer particulièrement antidémocratique, la Russie mais aussi la Chine ne cessent de développer leur influence au plan international par des méthodes de voyous (ingérence, corruption, conflits, assassinats, guerre etc.). Certes, il n’est pas dans la tradition des démocraties occidentales de s’immiscer dans le fonctionnement interne des dictatures. Pour autant, on ne peut rester sans réagir face aux actions de déstabilisation de la Russie et de la Chine. Le pire, c’est que l’intoxication parvient à renforcer l’esprit munichois qui gagne des élites occidentales résignées, usées et parfois complices.

Les démocraties occidentales n’ont sans doute pas répondre par des actions armées et des provocations sournoises. Par contre, elles peuvent saper le développement économique de ces deux pays criminels pour lesquels la vie n’a aucune valeur (des centaines de milliers de morts à leur actif parmi leurs populations);  sans parler des victimes étrangères bien entendu.

Il se trouve que les économies de ces deux pays sont sous la coupe de  clans qui paralysent  une partie du dynamisme économique et se répartissent les richesses du pays. Il est temps  les combattre en réduisant le plus possible nos relations commerciales. Par exemple au lieu de taxer à 15 % des importations chinoises on peut imposer un taux allant jusqu’à 100 % vis-à-vis des voitures électriques en particulier. Et de la même manière, il faut réduire et réduire encore les échanges avec la Russie. Il serait temps que les pays occidentaux sortent de leur posture de bisounours vis-à-vis de ces deux Etats criminels qui déstabilisent l’ensemble de la planète et au surplus veulent imposer leur conception totalitaire  et criminelle à l’ensemble du monde

Il faut déstabiliser les deux Etats voyous que sont la Russie et la Chine

Il faut déstabiliser les deux Etats voyous que sont  la Russie et la Chine

Non contents d’imposer un régime de fer particulièrement antidémocratique, la Russie mais aussi la Chine ne cessent de développer leur influence au plan international par des méthodes de voyous (ingérence, corruption, conflits, assassinats, guerre etc.). Certes, il n’est pas dans la tradition des démocraties occidentales de s’immiscer dans le fonctionnement interne des dictatures. Pour autant, on ne peut rester sans réagir face aux actions de déstabilisation de la Russie et de la Chine. Le pire, c’est que l’intoxication parvient à renforcer l’esprit munichois qui gagnent des élites occidentales résignées, usées et parfois complices.

Les démocraties occidentales n’ont sans doute pas répondre par des actions armées et des provocations sournoises. Par contre, elles peuvent saper le développement économique de ces deux pays criminels pour lesquels la vie n’a aucune valeur (des centaines de milliers de morts à leur actif parmi leurs populations);  sans parler des victimes étrangères bien entendu.

Il se trouve que les économies de ces deux pays sont sous la coupe de  clans qui paralysent  une partie du dynamisme économique et se répartissent les richesses du pays. Il est temps  les combattre en réduisant le plus possible nos relations commerciales. Par exemple au lieu de taxer à 15 % des importations chinoises on peut imposer un taux allant jusqu’à 100 % vis-à-vis des voitures électriques en particulier. Et de la même manière, il faut réduire et réduire encore les échanges avec la Russie. Il serait temps que les pays occidentaux sortent de leur posture de bisounours vis-à-vis de ces deux Etats criminels qui déstabilisent l’ensemble de la planète et au surplus veulent imposer leur conception totalitaire  et criminelle à l’ensemble du monde

« Polluants éternels »,PFAS : Ce qu’il faut savoir ?

« Polluants éternels »,PFAS : Ce qu’il faut savoir ?

 

Toxicologue, directeur de l’unité Inserm « pharmacologie, toxicologie et signalisation cellulaire » et chef du service de biochimie métabolique à l’hôpital Necker-enfants malades, Robert Barouki  présente les problèmes posés par ces polluants très persistants dans The Conversation.


The Conversation : que sont les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées, plus connues sous l’acronyme « PFAS » (prononcer « pifasse ») ?

Robert Barouki : Le terme PFAS désigne une classe de produits chimiques synthétiques présentant la particularité de posséder dans leur structure une chaîne d’atomes de carbone et de fluor plus ou moins longue.

En raison de leurs propriétés antiadhésives, imperméabilisantes, ainsi que de leur bonne résistance à la chaleur et de leur grande stabilité chimique, ils entrent aujourd’hui dans la composition de très nombreux produits du quotidien (lubrifiants, peintures, imperméabilisants, mousses ignifuges destinées à la lutte anti-incendie, emballages alimentaires, fils dentaires, cosmétiques, ustensiles de cuisine…).

The Conversation : cette large utilisation pose problème, car un nombre croissant d’études montre que les PFAS ont des effets délétères sur la santé…

RB : En 2023, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé le PFOA (perfluorooctanoic acid ou PFOA en anglais) comme « cancérogène pour les humains » et le (perfluorooctanesulfonic acid ou PFOS en anglais) comme substance « cancérogène possible pour les humains ».

Au-delà du risque de cancer lié aux PFAS, on sait aujourd’hui que ces produits posent également d’autres problèmes.

L’un des plus préoccupants est leur capacité à perturber la réponse immunitaire. Les travaux de Philippe Grandjean avaient montré dès le début des années 2010 que plus des enfants présentaient des taux élevés de contamination par des composés perfluorés, moins leur réponse à la vaccination était efficace (leur corps produisant moins d’anticorps).

Ces résultats sont très solides, car ils ont pu être reproduits expérimentalement chez l’animal.

Par ailleurs, les effets des PFAS ont aussi été constatés lors de contaminations de l’environnement comme celle, emblématique, survenue à Parkesburg, aux États-Unis. Les travaux scientifiques menés alors ont établi un lien entre l’exposition aux PFAS (notamment via les eaux de boisson) et diverses pathologies : l’hypercholestérolémie, la colite ulcéreuse, les maladies thyroïdiennes, le cancer des testicules, le cancer du rein et l’hypertension induite par la grossesse.

 

Au-delà des altérations des fonctions immunitaires et de l’augmentation du risque de cancers, des études épidémiologiques ont révélé des associations entre l’exposition à certains PFAS spécifiques et divers problèmes de santé : problèmes thyroïdiens, maladies hépatiques et rénales, dysrégulation des lipides et de l’insuline, effets néfastes sur la reproduction et le développement (les femmes exposées aux PFAS durant la grossesse donnent naissance à des bébés dont le poids de naissance est moindre)…

Le problème est que l’on dénombre à l’heure actuelle plusieurs milliers de PFAS, or les travaux scientifiques ne portent que sur quelques-uns d’entre eux seulement. En 2020, l’Autorité européenne de sécurité des aliments – EFSA – a évalué les risques et fixé la dose admissible dans la nourriture pour quatre d’entre eux seulement : le PFOA, le PFOS, l’acide perfluorononanoïque (PFNA) et l’acide perfluorohexane sulfonique (PFHxS).

The Conversation : comment se contamine-t-on ?

RB : Toujours selon l’EFSA, ce sont les produits de la mer, les œufs et les viandes qui contribuent le plus à la contamination par le PFOA et le PFOS. À ce titre, il est intéressant de souligner que les contaminations par les PFAS sont un peu atypiques, elles sont plus élevées dans les catégories socioprofessionnelles plus favorisées, car les personnes qui sont plus à l’aise financièrement consomment plus de poissons ou de produits de la mer.

L’eau destinée à la consommation peut aussi être une source d’exposition, tout comme l’air intérieur et extérieur, les poussières ou les sols contaminés. Des expositions professionnelles peuvent aussi se produire, dans divers secteurs industriels (industrie chimique, textile, électronique…). Les niveaux d’imprégnation les plus élevés sont d’ailleurs relevés chez les employés de sites de fabrication de PFAS.

Une étude récente menée en Europe a révélé que nous avons presque tous des PFAS en nous et qu’environ 10 à 15 % de la population présente une concentration sanguine en PFAS qui dépasse la valeur seuil (celle-ci a été établie de façon très conservative, il ne s’agit pas d’une valeur établissant un seuil de toxicité). Comme avec tous les polluants, les contaminations qui concernent les femmes enceintes et les enfants sont considérées comme les plus problématiques.

The Conversation : la situation est d’autant plus préoccupante que les PFAS sont partout, et pour longtemps…

RB : L’EFSA classe les PFAS dans la catégorie des composés très persistants et très mobiles (« very persistent, very mobile »).

Très persistants, car les PFAS sont très stables. Ils ne sont pas dégradés dans l’environnement, et une fois qu’ils pénètrent dans notre organisme, il est très difficile de les en chasser. Contrairement à certains autres polluants comme le bisphénol A, qui vont être éliminés rapidement dès lors que l’on cesse d’y être exposé, les PFAS persistent dans le corps pendant plusieurs années. Par ailleurs, leurs propriétés chimiques leur permettent de se fixer aux protéines, ils peuvent donc se retrouver un peu partout dans l’organisme.

Malheureusement, les effets de la fixation des PFAS sur les fonctions des protéines ont été très peu étudiés, on ne sait donc pas vraiment quelles en sont les conséquences. Actuellement, on ne connaît pas vraiment le mécanisme d’action de ces composés.

Outre la grande stabilité chimique des PFAS, une autre de leurs propriétés est très problématique. Si l’on observe une molécule de PFAS, on constate qu’elle possède un côté hydrophile (qui aime l’eau) et un côté très hydrophobe (qui aime le gras). Résultat : les PFAS sont à la fois solubles dans les graisses et dans l’eau. Cela les rend très mobiles dans l’environnement. Une fois dans les sols, ils vont pouvoir diffuser, et entraîner non seulement une contamination de la terre ou des sédiments, mais aussi des eaux. Ils peuvent ainsi se retrouver à très grande distance des endroits où ils ont été produits, utilisés, ou jetés (décharges)…

Étant donné l’analogie de structure qui existe entre les milliers de PFAS connus, la grande question est de savoir si les propriétés des trois ou quatre molécules qui ont été le plus étudiées sont partagées par toutes les autres… C’est probable, mais le problème est que pour l’établir scientifiquement, il faudrait refaire les mêmes études sur chaque PFAS connu, ce qui prendrait des décennies…

The Conversation : à ce sujet, les tests réglementaires actuels sont-ils adaptés ?

RB : Il ne faut pas négliger l’avancée qu’a constituée le fait d’imposer des tests réglementaires à l’industrie avant la mise sur le marché de nouveaux produits. Initialement, les tests étaient très rudimentaires. La contrepartie à la mise en place de tests plus élaborés et bien construits a été d’en limiter le nombre.

Le problème est que l’évolution de ces tests se fait très lentement, en regard des nouvelles découvertes scientifiques. Un exemple emblématique est la question des effets de perturbation endocrinienne de certains produits chimiques. Leur existence, soupçonnée depuis les années 1960, a été démontrée depuis plusieurs décennies. Pourtant, à l’heure actuelle, les tests réglementaires ne sont toujours pas conçus pour détecter de tels effets.

Même chose pour l’immunotoxicité : des tests existent, mais ils ne sont pas tous obligatoires. Or, dans le cas des PFAS, c’est la toxicité sur le système immunitaire qui a permis d’établir la valeur seuil. Cela ne correspond pas du tout à l’approche classique (habituellement on se base plutôt sur les effets en matière de cancérogenèse ainsi que quelques autres impacts), et plaide donc pour une évolution des tests pour prendre systématiquement en compte ce genre d’effet.

Le problème est que les modifications proposées doivent être acceptées par l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). Or, le processus est très lent, et très lourd. Il peut prendre jusqu’à 10 ans. Cela décourage beaucoup de chercheurs, d’autant plus que ces travaux ne sont pas valorisables en tant que recherches scientifiques. Or, les chercheurs sont financés pour trouver de nouveaux résultats, pas pour établir des protocoles de test.

Il faudrait probablement créer un organisme dédié à ce genre de mise au point.

The Conversation : pourrait-on imaginer des alternatives aux PFAS ?

RB : Intellectuellement, je n’exclue pas que la possibilité de mettre au point des composés qui soient dotés des mêmes propriétés, tout en étant plus inoffensifs. Il n’y a pas de raison fondamentale pour que lesdites propriétés soient fatalement associées à de la toxicité. Mais l’on ne pourra en être certain que le jour où l’on comprendra vraiment le mécanisme d’action aboutissant à la toxicité que l’on constate.

En tout cas, pour le moment, je ne pense pas qu’il existe de substituant assez convaincant. Il y a quelques années, on avait parlé du GenX, un PFAS dont la demi-vie (temps nécessaire à une diminution de moitié de la concentration, ndlr) est un peu plus courte que les autres. Mais on s’est aperçu ensuite que lui aussi pose problème

The Conversation : un projet de loi visant à interdire l’utilisation des PFAS est en discussion en France. Le texte a été adopté à l’Assemblée, cependant les députés ont voté pour exclure les ustensiles de cuisine, sous la pression des industriels. Qu’en penser ?

RB : Il est toujours difficile de passer de la science à la décision politique. Il faut souligner que les revêtements des ustensiles de cuisine sont constitués de polymères. Dans un tel cas, les données scientifiques disponibles semblent indiquer que la toxicité n’est pas aussi inquiétante que dans le cas de PFAS « liquides », tels que le PFOA ou le PFOS. Cependant, on dispose de moins d’études concernant les polymères, et de nombreuses questions demeurent : que se passe-t-il quand ils se dégradent ? Risque-t-on d’absorber des particules de polymères ? Avec quelles conséquences ?


Par ailleurs, pour les produire, il faut recourir à des PFAS sous des formes plus problématiques, ce qui pose la question des contaminations professionnelles ou environnementales. Il aurait peut-être été préférable d’interdire également les polymères, tout en accordant un délai aux industriels. Fixer une date limite les aurait probablement poussés à rechercher des alternatives.

The Conversation : faudrait-il envisager un étiquetage spécifique des produits qui contiennent des PFAS ?

RB : Les gens devraient être informés de la composition des produits de consommation, afin de pouvoir connaître les risques et décider s’ils choisissent ou non de s’y exposer. Je suis personnellement favorable à la mise en place d’un étiquetage de type « Toxi-score », inspiré du logo alimentaire « Nutri-score ».

Un tel affichage pourrait également pousser les industriels à rechercher des solutions alternatives, afin de faire du « sans PFAS » un argument marketing…

The Conversation : est-ce qu’il faudrait envisager une recherche systématique des PFAS sur tout le territoire ?

RB : Faire un état des lieux national pourrait être à envisager, même si les zones à surveiller en priorité sont bien entendu celles où sont produits les PFAS.

Quant à l’intérêt d’effectuer un suivi régulier dans le temps, la question mérite d’être posée, mais il est difficile d’y répondre.

The Conversation : existe-t-il des solutions pour décontaminer l’environnement… ou l’être humain ?

RB : C’est très compliqué. Des systèmes de filtration ou d’extraction par chromatographie peuvent améliorer la qualité de l’eau, mais sans éliminer complètement les PFAS. En ce qui concerne les sols, malheureusement, il n’y a pas de solution. On pourrait imaginer essayer de prélever la terre polluée, la traiter, puis la remettre dans le milieu. Des tests en ce sens sont actuellement menés en laboratoire, mais il est inenvisageable de pouvoir les déployer à grande échelle. La situation présente beaucoup de similitudes avec le problème du chlordécone aux Antilles

Quant à employer des médicaments pour éliminer les PFAS de l’organisme, je suis très méfiant. Cela pourrait être une approche à envisager dans le cas d’une contamination massive de travailleurs, par exemple. Une étude a notamment montré que des chélateurs utilisés pour traiter le cholestérol peuvent diminuer de moitié la quantité de PFAS dans le sang. Mais ce n’est pas une solution envisageable à l’échelle d’une population, car tout médicament peut, lui aussi, présenter une certaine toxicité.

PFAS,« polluants éternels »: Ce qu’il faut savoir ?

PFAS,« polluants éternels »: Ce qu’il faut savoir ?

 

Toxicologue, directeur de l’unité Inserm « pharmacologie, toxicologie et signalisation cellulaire » et chef du service de biochimie métabolique à l’hôpital Necker-enfants malades, Robert Barouki  présente les problèmes posés par ces polluants très persistants dans The Conversation.


The Conversation : que sont les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées, plus connues sous l’acronyme « PFAS » (prononcer « pifasse ») ?

Robert Barouki : Le terme PFAS désigne une classe de produits chimiques synthétiques présentant la particularité de posséder dans leur structure une chaîne d’atomes de carbone et de fluor plus ou moins longue.

En raison de leurs propriétés antiadhésives, imperméabilisantes, ainsi que de leur bonne résistance à la chaleur et de leur grande stabilité chimique, ils entrent aujourd’hui dans la composition de très nombreux produits du quotidien (lubrifiants, peintures, imperméabilisants, mousses ignifuges destinées à la lutte anti-incendie, emballages alimentaires, fils dentaires, cosmétiques, ustensiles de cuisine…).

The Conversation : cette large utilisation pose problème, car un nombre croissant d’études montre que les PFAS ont des effets délétères sur la santé…

RB : En 2023, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé le PFOA (perfluorooctanoic acid ou PFOA en anglais) comme « cancérogène pour les humains » et le (perfluorooctanesulfonic acid ou PFOS en anglais) comme substance « cancérogène possible pour les humains ».

Au-delà du risque de cancer lié aux PFAS, on sait aujourd’hui que ces produits posent également d’autres problèmes.

L’un des plus préoccupants est leur capacité à perturber la réponse immunitaire. Les travaux de Philippe Grandjean avaient montré dès le début des années 2010 que plus des enfants présentaient des taux élevés de contamination par des composés perfluorés, moins leur réponse à la vaccination était efficace (leur corps produisant moins d’anticorps).

Ces résultats sont très solides, car ils ont pu être reproduits expérimentalement chez l’animal.

Par ailleurs, les effets des PFAS ont aussi été constatés lors de contaminations de l’environnement comme celle, emblématique, survenue à Parkesburg, aux États-Unis. Les travaux scientifiques menés alors ont établi un lien entre l’exposition aux PFAS (notamment via les eaux de boisson) et diverses pathologies : l’hypercholestérolémie, la colite ulcéreuse, les maladies thyroïdiennes, le cancer des testicules, le cancer du rein et l’hypertension induite par la grossesse.

 

Au-delà des altérations des fonctions immunitaires et de l’augmentation du risque de cancers, des études épidémiologiques ont révélé des associations entre l’exposition à certains PFAS spécifiques et divers problèmes de santé : problèmes thyroïdiens, maladies hépatiques et rénales, dysrégulation des lipides et de l’insuline, effets néfastes sur la reproduction et le développement (les femmes exposées aux PFAS durant la grossesse donnent naissance à des bébés dont le poids de naissance est moindre)…

Le problème est que l’on dénombre à l’heure actuelle plusieurs milliers de PFAS, or les travaux scientifiques ne portent que sur quelques-uns d’entre eux seulement. En 2020, l’Autorité européenne de sécurité des aliments – EFSA – a évalué les risques et fixé la dose admissible dans la nourriture pour quatre d’entre eux seulement : le PFOA, le PFOS, l’acide perfluorononanoïque (PFNA) et l’acide perfluorohexane sulfonique (PFHxS).

The Conversation : comment se contamine-t-on ?

RB : Toujours selon l’EFSA, ce sont les produits de la mer, les œufs et les viandes qui contribuent le plus à la contamination par le PFOA et le PFOS. À ce titre, il est intéressant de souligner que les contaminations par les PFAS sont un peu atypiques, elles sont plus élevées dans les catégories socioprofessionnelles plus favorisées, car les personnes qui sont plus à l’aise financièrement consomment plus de poissons ou de produits de la mer.

L’eau destinée à la consommation peut aussi être une source d’exposition, tout comme l’air intérieur et extérieur, les poussières ou les sols contaminés. Des expositions professionnelles peuvent aussi se produire, dans divers secteurs industriels (industrie chimique, textile, électronique…). Les niveaux d’imprégnation les plus élevés sont d’ailleurs relevés chez les employés de sites de fabrication de PFAS.

Une étude récente menée en Europe a révélé que nous avons presque tous des PFAS en nous et qu’environ 10 à 15 % de la population présente une concentration sanguine en PFAS qui dépasse la valeur seuil (celle-ci a été établie de façon très conservative, il ne s’agit pas d’une valeur établissant un seuil de toxicité). Comme avec tous les polluants, les contaminations qui concernent les femmes enceintes et les enfants sont considérées comme les plus problématiques.

The Conversation : la situation est d’autant plus préoccupante que les PFAS sont partout, et pour longtemps…

RB : L’EFSA classe les PFAS dans la catégorie des composés très persistants et très mobiles (« very persistent, very mobile »).

Très persistants, car les PFAS sont très stables. Ils ne sont pas dégradés dans l’environnement, et une fois qu’ils pénètrent dans notre organisme, il est très difficile de les en chasser. Contrairement à certains autres polluants comme le bisphénol A, qui vont être éliminés rapidement dès lors que l’on cesse d’y être exposé, les PFAS persistent dans le corps pendant plusieurs années. Par ailleurs, leurs propriétés chimiques leur permettent de se fixer aux protéines, ils peuvent donc se retrouver un peu partout dans l’organisme.

Malheureusement, les effets de la fixation des PFAS sur les fonctions des protéines ont été très peu étudiés, on ne sait donc pas vraiment quelles en sont les conséquences. Actuellement, on ne connaît pas vraiment le mécanisme d’action de ces composés.

Outre la grande stabilité chimique des PFAS, une autre de leurs propriétés est très problématique. Si l’on observe une molécule de PFAS, on constate qu’elle possède un côté hydrophile (qui aime l’eau) et un côté très hydrophobe (qui aime le gras). Résultat : les PFAS sont à la fois solubles dans les graisses et dans l’eau. Cela les rend très mobiles dans l’environnement. Une fois dans les sols, ils vont pouvoir diffuser, et entraîner non seulement une contamination de la terre ou des sédiments, mais aussi des eaux. Ils peuvent ainsi se retrouver à très grande distance des endroits où ils ont été produits, utilisés, ou jetés (décharges)…

Étant donné l’analogie de structure qui existe entre les milliers de PFAS connus, la grande question est de savoir si les propriétés des trois ou quatre molécules qui ont été le plus étudiées sont partagées par toutes les autres… C’est probable, mais le problème est que pour l’établir scientifiquement, il faudrait refaire les mêmes études sur chaque PFAS connu, ce qui prendrait des décennies…

The Conversation : à ce sujet, les tests réglementaires actuels sont-ils adaptés ?

RB : Il ne faut pas négliger l’avancée qu’a constituée le fait d’imposer des tests réglementaires à l’industrie avant la mise sur le marché de nouveaux produits. Initialement, les tests étaient très rudimentaires. La contrepartie à la mise en place de tests plus élaborés et bien construits a été d’en limiter le nombre.

Le problème est que l’évolution de ces tests se fait très lentement, en regard des nouvelles découvertes scientifiques. Un exemple emblématique est la question des effets de perturbation endocrinienne de certains produits chimiques. Leur existence, soupçonnée depuis les années 1960, a été démontrée depuis plusieurs décennies. Pourtant, à l’heure actuelle, les tests réglementaires ne sont toujours pas conçus pour détecter de tels effets.

Même chose pour l’immunotoxicité : des tests existent, mais ils ne sont pas tous obligatoires. Or, dans le cas des PFAS, c’est la toxicité sur le système immunitaire qui a permis d’établir la valeur seuil. Cela ne correspond pas du tout à l’approche classique (habituellement on se base plutôt sur les effets en matière de cancérogenèse ainsi que quelques autres impacts), et plaide donc pour une évolution des tests pour prendre systématiquement en compte ce genre d’effet.

Le problème est que les modifications proposées doivent être acceptées par l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). Or, le processus est très lent, et très lourd. Il peut prendre jusqu’à 10 ans. Cela décourage beaucoup de chercheurs, d’autant plus que ces travaux ne sont pas valorisables en tant que recherches scientifiques. Or, les chercheurs sont financés pour trouver de nouveaux résultats, pas pour établir des protocoles de test.

Il faudrait probablement créer un organisme dédié à ce genre de mise au point.

The Conversation : pourrait-on imaginer des alternatives aux PFAS ?

RB : Intellectuellement, je n’exclue pas que la possibilité de mettre au point des composés qui soient dotés des mêmes propriétés, tout en étant plus inoffensifs. Il n’y a pas de raison fondamentale pour que lesdites propriétés soient fatalement associées à de la toxicité. Mais l’on ne pourra en être certain que le jour où l’on comprendra vraiment le mécanisme d’action aboutissant à la toxicité que l’on constate.

En tout cas, pour le moment, je ne pense pas qu’il existe de substituant assez convaincant. Il y a quelques années, on avait parlé du GenX, un PFAS dont la demi-vie (temps nécessaire à une diminution de moitié de la concentration, ndlr) est un peu plus courte que les autres. Mais on s’est aperçu ensuite que lui aussi pose problème

The Conversation : un projet de loi visant à interdire l’utilisation des PFAS est en discussion en France. Le texte a été adopté à l’Assemblée, cependant les députés ont voté pour exclure les ustensiles de cuisine, sous la pression des industriels. Qu’en penser ?

RB : Il est toujours difficile de passer de la science à la décision politique. Il faut souligner que les revêtements des ustensiles de cuisine sont constitués de polymères. Dans un tel cas, les données scientifiques disponibles semblent indiquer que la toxicité n’est pas aussi inquiétante que dans le cas de PFAS « liquides », tels que le PFOA ou le PFOS. Cependant, on dispose de moins d’études concernant les polymères, et de nombreuses questions demeurent : que se passe-t-il quand ils se dégradent ? Risque-t-on d’absorber des particules de polymères ? Avec quelles conséquences ?


Par ailleurs, pour les produire, il faut recourir à des PFAS sous des formes plus problématiques, ce qui pose la question des contaminations professionnelles ou environnementales. Il aurait peut-être été préférable d’interdire également les polymères, tout en accordant un délai aux industriels. Fixer une date limite les aurait probablement poussés à rechercher des alternatives.

The Conversation : faudrait-il envisager un étiquetage spécifique des produits qui contiennent des PFAS ?

RB : Les gens devraient être informés de la composition des produits de consommation, afin de pouvoir connaître les risques et décider s’ils choisissent ou non de s’y exposer. Je suis personnellement favorable à la mise en place d’un étiquetage de type « Toxi-score », inspiré du logo alimentaire « Nutri-score ».

Un tel affichage pourrait également pousser les industriels à rechercher des solutions alternatives, afin de faire du « sans PFAS » un argument marketing…

The Conversation : est-ce qu’il faudrait envisager une recherche systématique des PFAS sur tout le territoire ?

RB : Faire un état des lieux national pourrait être à envisager, même si les zones à surveiller en priorité sont bien entendu celles où sont produits les PFAS.

Quant à l’intérêt d’effectuer un suivi régulier dans le temps, la question mérite d’être posée, mais il est difficile d’y répondre.

The Conversation : existe-t-il des solutions pour décontaminer l’environnement… ou l’être humain ?

RB : C’est très compliqué. Des systèmes de filtration ou d’extraction par chromatographie peuvent améliorer la qualité de l’eau, mais sans éliminer complètement les PFAS. En ce qui concerne les sols, malheureusement, il n’y a pas de solution. On pourrait imaginer essayer de prélever la terre polluée, la traiter, puis la remettre dans le milieu. Des tests en ce sens sont actuellement menés en laboratoire, mais il est inenvisageable de pouvoir les déployer à grande échelle. La situation présente beaucoup de similitudes avec le problème du chlordécone aux Antilles

Quant à employer des médicaments pour éliminer les PFAS de l’organisme, je suis très méfiant. Cela pourrait être une approche à envisager dans le cas d’une contamination massive de travailleurs, par exemple. Une étude a notamment montré que des chélateurs utilisés pour traiter le cholestérol peuvent diminuer de moitié la quantité de PFAS dans le sang. Mais ce n’est pas une solution envisageable à l’échelle d’une population, car tout médicament peut, lui aussi, présenter une certaine toxicité.

Immigration et Société: il faut aimer la France ou partir ?

Immigration et Société: il faut aimer la France ou partir ?

À force de compromis et même de compromission avec les valeurs fondamentales de la république, s’installe en France une sorte de société multiculturelle hétéroclite à la mode américaine où finalement les lois et les pratiques diffèrent selon les communautés et même s’affrontent. Certes dans un pays démocratique comme la France on peut évidemment contester tel ou tel choix politique pour autant l’adhésion au principe républicain notamment la laïcité n’est pas négociable. C’est l’un des champs prioritaires et une condition de l’exercice de la liberté. En clair, lois et pratiques républicaines s’imposent face aux différentes croyances et religions et cela maintenant depuis plus de 100 ans.

Jusque-là ce qui faisait la caractéristique fondamentale de la France, c’était son caractère universel reposant sur des valeurs et des traditions communes. Le laxisme des responsables politiques mais tout autant d’une partie de la société est passé ainsi du concept d’assimilation que cela supposait à celui d’intégration puis de coexistence plus ou moins passive et parfois violente.

On ne peut laisser aux extrêmes le soin d’en rappeler aux valeurs fondamentales sans risque d’instrumentalisation au service d’idéologie illibérale. Mais cela suppose un réveil de toutes les sensibilités politiques républicaines. Un réveil, une lucidité et du courage.

En clair, le pays doit réaffirmer son originalité universelle et les valeurs qui la fondent. Rien n’est négociable de ce point de vue. Cela suppose une adhésion totale aux principes républicains et autres valeurs de la France.

Il faut aimer la France ou bien en partir. Personne n’est obligé, français de souche ou pas, à demeurer dans un pays qu’il déteste et dont il combat les principes fondateurs. Il y a suffisamment de place dans le monde pour trouver un espace géographique conforme à ses convictions. Notamment pour ceux qui sont hostiles à la démocratie, aux libertés individuelles et collectives et à la laïcité. D’autres modèles existent plus conforme aux attentes de certains : en Chine, en Russie, en Iran, au Moyen-Orient, en Afrique et dans d’autres pays . L’inverse vaut aussi pour les Français expatriés. Si ces Français consentent à vivre dans des pays aux principes différents. Ils doivent eux aussi respecter lois et traditions, sinon eux aussi partir. On ne peut pas faire nation avec des communautés qui refusent la loi commune tout en profitant des progrès qu’elle permet. Les principes de base doivent être rappelés dès l’école. Il ne s’agit pas simplement de faire connaître ce qui fait nation mais de faire aimer ce qui la rend possible.

Il faut une rupture avec les Insoumis ( Lamia El Aaraje, PS)

Il faut une rupture avec les Insoumis ( Lamia El Aaraje, PS)

Pour la cheffe du Parti socialiste parisien, il est impossible de cohabiter plus longtemps avec La France insoumise au sein d’une coalition de gauche. Après l’attaque du Hamas en Israël, cette proche d’Anne Hidalgo exige « une clarification » qui passe, selon elle, par la fin de la Nupes Tribune dans l’Opinion.

Les polémiques hallucinantes qui traversent la gauche depuis les ignobles attaques terroristes du Hamas contre des civils israéliens dénotent, à tout le moins, une divergence idéologique, voire un socle de valeurs profondément, viscéralement, incompatibles. Lorsqu’un pan de l’extrême gauche se refuse aujourd’hui à qualifier le Hamas d’organisation terroriste, comment continuer de faire croire qu’il existe un front commun électoral qui puisse nous rassembler ?

Ce que nombre d’entre nous avaient dénoncé dès les législatives de 2022, quand Jeremy Corbyn a été invité par deux candidates LFI, se matérialise aujourd’hui d’une façon qui ne permet à aucun responsable politique de se détourner. Ce déracinement ne peut perdurer. Le Parti socialiste porte des valeurs humanistes, internationalistes, intellectuelles et morales qui ne souffrent aucun compromis qui serait teinté de compromission. Cette clarification politique est nécessaire et attendue. C’est une question d’honneur.

Ce que nombre d’entre nous avaient dénoncé dès les législatives de 2022, quand Jeremy Corbyn a été invité par deux candidates LFI, se matérialise aujourd’hui d’une façon qui ne permet à aucun responsable politique de se détourner.

Attachés aux structures partisanes, pas comme à des grigris incantatoires, mais plutôt comme des dispositifs de formation et de construction de réponses politiques aux bouleversements du monde, nous devons, en parallèle du travail de clarification évoqué, mener de front un travail de refondation militante. La décrue des militants au sein des appareils partisans ou l’abstention en forte hausse à chaque élection témoignent d’une crise grandissante et sévère de la démocratie représentative. Pour la renouveler, les partis doivent eux-mêmes se renouveler, d’autant plus à gauche où l’espoir et les attendus sont grands et les déceptions profondes.

Vacarme. Comment donc réinventer l’engagement politique et militant ? Voir, entendre, sentir Paris sous 50 degrés dans le vacarme et la pollution est une façon que nous avons eue, au sein de la fédération de Paris du PS, de réinventer l’évènement politique avec une soirée sensorielle et immersive à l’Atelier des lumières. Ne pas uniquement dire, ne pas discourir, mais faire ressentir grâce aux nouvelles technologies. Alors, faisons le pari d’ouvrir nos actions et nos événements partisans au plus grand nombre, à la société civile, aux associations, syndicats, amicales de locataires, clubs de sport. Cette ouverture aux différents tissus qui composent notre société est prioritaire tant ils sont acteurs et partenaires de la création de nos politiques.

Cessons de nous regarder le nombril en ne parlant qu’à nous-mêmes. Soyons capables de sortir du fatalisme qui nous empoisonne. Cette priorité doit guider la gauche si elle veut revenir aux responsabilités en France et en Europe. Pour renouveler nos partis et réenchanter la parole politique de gauche, appuyons-nous sur ceux qui sont au plus près de nos concitoyens, les élus locaux. Car notre gauche, c’est celle qui dirige des grandes villes. C’est celle qui dirige des départements, qu’ils soient ruraux, industriels ou plus urbains. C’est encore celle qui dirige les plus grandes régions de France. C’est une gauche du local, tournée vers les problématiques concrètes, les problématiques du quotidien.

Mais c’est surtout une gauche qui a réinventé notre vision des villes, des communes et des territoires. Face au désengagement de l’Etat, ces élus s’engagent au quotidien au-delà même de leurs seules prérogatives. La région Occitanie ouvre des centres médicaux pour lutter contre les déserts médicaux ; la Ville de Paris met en place l’encadrement des loyers pour limiter l’inflation des prix de l’immobilier ; Montpellier rendra bientôt ses transports en commun gratuits. Les exemples sont nombreux des actions de cette gauche qui n’a pas peur des responsabilités, œuvre pour le plus grand nombre dans la clarté et la cohérence de ses valeurs.

Cette vision, cette envie de nouveauté, elle est portée par une nouvelle génération qui veut sortir des sommes d’individualités qui se superposent pour construire un projet collectif, un projet de société, un projet de communs. Alors, servons-nous de cette énergie qui émerge pour promouvoir une nouvelle façon de faire de la politique, celle qui change concrètement la vie des gens, celle qui parle des sujets du quotidien, celle qui ne renie pas ses valeurs. L’espoir ne peut renaître qu’à ce prix : ne pas se dévoyer, ne pas se fourvoyer et, en permanence, se réinventer.

Lamia El Aaraje est la première secrétaire du Parti socialiste à Paris.

Neutralité carbone: il faut tripler la production d’électricité nucléaire

Neutralité carbone: il faut tripler la production d’électricité nucléaire

Pour William Magwood IV, directeur général de l’agence de l’énergie nucléaire (NEA), « afin d’ atteindre la neutralité carbone en 2050 il faut tripler la production d’électricité nucléaire». «Le nucléaire est une énergie décarbonée et abondante, renchérit le commissaire européen aux affaires intérieures Thierry Breton. L’objectif est de disposer de 150 GW de capacités nucléaires installées en Europe d’ici 2050″. l’intermittence des énergies solaire ou éolienne, ou pire, qui relancent leurs centrales à gaz et à charbon.

Pour Agnès Pannier Runacher, l’enjeu politique est clair. Il faut que le nucléaire bénéficie du même environnement financier, fiscal et réglementaire que les énergies renouvelables, restant fidèle à sa doctrine de «neutralité technologique» pour les énergies bas carbone. Les entités internationales, l’Europe, les banques de financement sont ainsi appelées à financer à leur tour les programmes nucléaires pour aider à leur développement et participer à la recherche et à l’innovation dans ce domaine.

Température-Environnement: Pourquoi il faut fuir les villes

Température-Environnement: Pourquoi il faut fuir les villes

par
Guillaume Faburel
Professeur, chercheur à l’UMR Triangle, Université Lumière Lyon 2 dans The Conversation

Notons par ailleurs que cet extrait ne traite pas des questions d’insécurité ou encore de bruit. NDLR

Vider les villes ? Voilà bien a priori une hérésie. La ville, c’est le progrès et l’émancipation. Tous les grands moments de notre civilisation y sont chevillés, des cités-États aux villes-monde et métropoles d’aujourd’hui. Pourquoi diable vouloir les vider ? Simplement parce que tous les mois à travers le monde l’équivalent d’une ville comme New York sort de terre. À moins de croire dans le solutionnisme technologique et le durabilisme des transitions, il est temps de rouvrir une option envisagée dès les années 1970 : la désurbanisation de nos sociétés. Voici peut-être l’unique solution face à la dévastation écologique. Un seul « s » sépare demeure et démesure, celui de notre propre survie. Aujourd’hui, 58 % de la population mondiale est urbaine, soit près de 4,4 milliards d’habitants (dont presque 40 % résidant aux États-Unis, en Europe et en Chine), contre 751 millions en 1950. Cette proportion est même annoncée à 70 % en 2050 par l’Organisation des Nations unies (ONU).

[…]

Avec plus de vingt millions d’habitants, Mumbaï a vu sa superficie bâtie presque doubler entre 1991 et 2018, perdant ainsi 40 % de son couvert végétal. Dhaka, dont la population de l’agglomération excède aussi vingt millions d’habitants, a vu disparaître 55 % des zones cultivées, 47 % des zones humides et 38 % du couvert végétal entre 1960 et 2005. Pendant que la superficie bâtie augmentait de 134 %.

Plus près de nous, le Grand Paris est le chantier d’aménagement le plus important de l’histoire de la capitale depuis le Second Empire (XIXe siècle), avec pas moins de deux cents kilomètres de lignes de métro supplémentaires, cent soixante kilomètres de tunnels à percer, soixante-huit gares à construire, quatre-vingt mille logements par an à sortir de terre.

En France d’ailleurs, la population urbaine a augmenté de 20 % entre 1960 et 2018, pour officiellement dépasser les 80 % de la population hexagonale en 2020, ramenés toutefois à 67 % en ne tenant plus uniquement compte de l’influence des villes mais aussi de la taille des peuplements (critère de densité des constructions). Près de la moitié vit dans l’une des vingt-deux grandes villes (dont quatre millionnaires en nombre d’habitants), à ce jour officiellement dénommées métropoles. Et, depuis ces centres métropolitains jusqu’aux couronnes périurbaines, comme dans un bon tiers des périmètres de villes moyennes et d’inter-communalités (elles-mêmes grossissantes par volontarisme réglementaire), l’urbanisation croît deux fois plus vite en surface qu’en population (et même trois fois dans les années 1990, soit annuellement la taille de Marseille, un département tous les dix ans, la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur en cinquante ans).

La métropolisation du monde

Les foyers premiers ainsi que le modèle principal de cette croissance sont assurés par les grandes agglomérations, au premier chef les sept villes-monde (New York, Hongkong, Londres, Paris, Tokyo, Singapour et Séoul) et leurs épigones, cent vingt métropoles internationales. Elles représentent en cumul 12 % de la population mondiale pour 48 % du Produit Intérieur Brut (PIB) mondial. Il y a donc du capital à fixer et de la « richesse » à produire… À condition de continuer à grossir. Tokyo a déjà un PIB supérieur à celui du Canada, Paris à celui de la Suisse…

Engagée depuis une quarantaine d’années dans les pays occidentaux, la métropolisation représente le stade néolibéral de l’économie mondialisée : polarisation urbaine des nouvelles activités dites postindustrielles et conversion rapide des pouvoirs métropolitains aux logiques de firme marchande.

Elle incarne l’avantage acquis ces dernières décennies par les grandes villes : articulation des fonctions de commandement (ex : directions d’entreprises) et de communication (ex : aéroports, interconnexions ferroviaires, etc.), polarisation des marchés financiers (ex : places boursières et organismes bancaires), des marchés d’emplois de « haut niveau » – que l’Insee qualifie de métropolitains depuis 2002 (conception-recherche et prestations intellectuelles, commerce interentreprises et gestion managériale, culture et loisirs) ou encore de marchés segmentés de consommation (tourisme, art, technologies…).

[…]

Or, occupant seulement 2 % de la surface de la Terre, le fait urbain décrit produit 70 % des déchets, émet 75 % des émissions de gaz à effet de serre (GES), consomme 78 % de l’énergie et émet plus 90 % de l’ensemble des polluants émis dans l’air pour, souvenons-nous, 58 % de la population mondiale.

Pour les seuls GES, vingt-cinq des cent soixante-sept plus grandes villes du monde sont responsables de près de la moitié des émissions urbaines de CO2 – la fabrication du ciment représentant près de 10 % des émissions mondiales, en augmentation de 80 % en dix ans. À ce jour, 40 % de la population urbaine mondiale vit dans des villes où l’exposition à la chaleur extrême a triplé sur les trente-cinq dernières années.

Plusieurs mégapoles s’enfoncent annuellement de plusieurs centimètres sous le poids de la densité des matériaux de construction et du pompage des nappes phréatiques (Mexico, Téhéran, Nairobi, Djakarta…). La prévalence des maladies dites de civilisation est nettement plus importante dans les grandes villes, responsables de quarante et un millions de décès annuels à travers le monde (cancers, maladies cardiovasculaires et pulmonaires, diabète et obésité, troubles psychiques et maladies mentales).

Enfin, selon le Fonds monétaire international, à l’horizon de la fin du siècle, 74 % de la population mondiale (annoncée en 2100 urbaine à 80 %) vivra des canicules mortelles plus de vingt jours par an. Un point de comparaison : la canicule de 2003 en France, 15 000 morts, en dix-huit jours. D’ailleurs, en France, les pollutions atmosphériques des grandes villes sont responsables de 50 000 morts annuellement.

Le secteur du bâtiment-travaux publics (BTP), toutes constructions confondues (mais à 90 % dans les aires définies comme urbaines), représente 46 % de la consommation énergétique, 40 % de notre production de déchets et 25 % des émissions de GES. L’autonomie alimentaire des cent premières villes est de trois jours (98 % d’alimentation importée) et Paris, par tous ses hectares nécessaires, a une empreinte écologique trois cent treize fois plus lourde que sa propre superficie.

[…]

Si l’on croise les données de nos impacts écologiques avec celles des limites planétaires, on constate que l’empreinte moyenne de chaque Français va devoir être divisée par quatre à six pour prétendre à la neutralité carbone à horizon de 2050. Pour ce faire, loin du technosolutionnisme ambiant et du durabilisme du verdissement, l’autonomie, comprise comme autosubsistance et autogestion, est le seul moyen de se figurer l’ensemble de nos pressions et de les contenir par l’autodétermination des besoins, au plus près des ressources et de leurs écosystèmes. Ceci, sans pour autant négliger nos interdépendances sociales et quelques-unes de nos libertés.

Or pour faire autonomie, toute ville devrait produire 100 % de son énergie, qui plus est renouvelable (or, à ce jour, Lyon, Bordeaux ou Rennes n’en produisent par exemple que 7 % à 8 % , non renouvelables), remettre en pleine terre entre 50 % et 60 % des sols pour la production vivrière et le respect du cycle de l’eau (à ce jour, entre 1 % et 1,5 % dans les villes labellisées Métropoles françaises), ou encore restituer aux écosystèmes au moins 15 % des sols urbanisés pour la biodiversité. Tout ceci est infaisable morphologiquement et, quoi qu’il en soit, impensable dans le cadre d’une ville devenue médiation première du capital.

Nous n’avons en fait pas d’autre choix que de nous affranchir des grandes centralités et de leurs polarités, comme certains espaces périurbains commencent à le faire ; en déconcentrant et en relocalisant, en décentralisant, sans omettre de décoloniser quelques habitudes et modes de vie.

Mais comment passer de l’ère de taire l’inconséquence de nos écologies urbaines à l’âge du faire des géographies posturbaines, sans pour autant rétrécir la société par le jeu des identités et le retour de quelques barbelés ? Quelles sont les conditions d’une désurbanisation sans perte d’altérité, et sans oublier cette fois la communauté biotique ?

Bientôt, le débranchement urbain ?

Cette autre géographie est d’ores et déjà en construction, à bas bruit. Les espaces plus ouverts, ceux des campagnes, offrent d’autres possibilités, sous condition de révision de quelques comportements, particulièrement ceux liés à nos mobilités, connectivités et divertissements. En France, cela correspond au foisonnement d’alternatives au sein des espaces dessinés par les treize mille petites villes et petites villes de proximité, bourgs et villages centre, auxquels il faut ajouter les milliers d’autres villages, hameaux et lieux-dit : néoruralités qui connaissent leur septième vague d’installation, néopaysanneries dynamiques, zones à défendre, communautés existentielles/intentionnelles, écolieux et fermes sociales…

Permaculture et autosubsistance vivrière, chantiers participatifs et autoconstruction bioclimatique, épiceries sociales ambulantes et médiathèques villageoises itinérantes, fêtes locales et savoirs vernaculaires… sont clairement ici en ligne de mire. Et l’on pourrait imaginer des foires locales aux logements, puisque près de trois millions sont vacants dans les périphéries, alors que ce secteur est prétendument en crise. Et, toute cette effervescence ne concerne pas moins de 30 % du territoire hexagonal.

Là serait la raison du débranchement urbain : cesser d’être les agents involontaires des méga-machines urbaines en recouvrant de la puissance d’agir, non plus pour faire masse contre la nature mais pour faire corps avec le vivant. Le triptyque habiter la terre, coopérer par le faire, autogérer de manière solidaire peut constituer la matrice d’une société écologique posturbaine. À condition de vider les villes, les grandes, et de cheminer enfin vers le suffisant.

Climat-Environnement: Pourquoi il faut fuir les villes ?

Climat-Environnement: Pourquoi il faut fuir les villes

par
Guillaume Faburel
Professeur, chercheur à l’UMR Triangle, Université Lumière Lyon 2 dans The Conversation

Notons par ailleurs que cet extrait ne traite pas des questions d’insécurité ou encore de bruit. NDLR

Vider les villes ? Voilà bien a priori une hérésie. La ville, c’est le progrès et l’émancipation. Tous les grands moments de notre civilisation y sont chevillés, des cités-États aux villes-monde et métropoles d’aujourd’hui. Pourquoi diable vouloir les vider ? Simplement parce que tous les mois à travers le monde l’équivalent d’une ville comme New York sort de terre. À moins de croire dans le solutionnisme technologique et le durabilisme des transitions, il est temps de rouvrir une option envisagée dès les années 1970 : la désurbanisation de nos sociétés. Voici peut-être l’unique solution face à la dévastation écologique. Un seul « s » sépare demeure et démesure, celui de notre propre survie. Aujourd’hui, 58 % de la population mondiale est urbaine, soit près de 4,4 milliards d’habitants (dont presque 40 % résidant aux États-Unis, en Europe et en Chine), contre 751 millions en 1950. Cette proportion est même annoncée à 70 % en 2050 par l’Organisation des Nations unies (ONU).

[…]

Avec plus de vingt millions d’habitants, Mumbaï a vu sa superficie bâtie presque doubler entre 1991 et 2018, perdant ainsi 40 % de son couvert végétal. Dhaka, dont la population de l’agglomération excède aussi vingt millions d’habitants, a vu disparaître 55 % des zones cultivées, 47 % des zones humides et 38 % du couvert végétal entre 1960 et 2005. Pendant que la superficie bâtie augmentait de 134 %.

Plus près de nous, le Grand Paris est le chantier d’aménagement le plus important de l’histoire de la capitale depuis le Second Empire (XIXe siècle), avec pas moins de deux cents kilomètres de lignes de métro supplémentaires, cent soixante kilomètres de tunnels à percer, soixante-huit gares à construire, quatre-vingt mille logements par an à sortir de terre.

En France d’ailleurs, la population urbaine a augmenté de 20 % entre 1960 et 2018, pour officiellement dépasser les 80 % de la population hexagonale en 2020, ramenés toutefois à 67 % en ne tenant plus uniquement compte de l’influence des villes mais aussi de la taille des peuplements (critère de densité des constructions). Près de la moitié vit dans l’une des vingt-deux grandes villes (dont quatre millionnaires en nombre d’habitants), à ce jour officiellement dénommées métropoles. Et, depuis ces centres métropolitains jusqu’aux couronnes périurbaines, comme dans un bon tiers des périmètres de villes moyennes et d’inter-communalités (elles-mêmes grossissantes par volontarisme réglementaire), l’urbanisation croît deux fois plus vite en surface qu’en population (et même trois fois dans les années 1990, soit annuellement la taille de Marseille, un département tous les dix ans, la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur en cinquante ans).

La métropolisation du monde

Les foyers premiers ainsi que le modèle principal de cette croissance sont assurés par les grandes agglomérations, au premier chef les sept villes-monde (New York, Hongkong, Londres, Paris, Tokyo, Singapour et Séoul) et leurs épigones, cent vingt métropoles internationales. Elles représentent en cumul 12 % de la population mondiale pour 48 % du Produit Intérieur Brut (PIB) mondial. Il y a donc du capital à fixer et de la « richesse » à produire… À condition de continuer à grossir. Tokyo a déjà un PIB supérieur à celui du Canada, Paris à celui de la Suisse…

Engagée depuis une quarantaine d’années dans les pays occidentaux, la métropolisation représente le stade néolibéral de l’économie mondialisée : polarisation urbaine des nouvelles activités dites postindustrielles et conversion rapide des pouvoirs métropolitains aux logiques de firme marchande.

Elle incarne l’avantage acquis ces dernières décennies par les grandes villes : articulation des fonctions de commandement (ex : directions d’entreprises) et de communication (ex : aéroports, interconnexions ferroviaires, etc.), polarisation des marchés financiers (ex : places boursières et organismes bancaires), des marchés d’emplois de « haut niveau » – que l’Insee qualifie de métropolitains depuis 2002 (conception-recherche et prestations intellectuelles, commerce interentreprises et gestion managériale, culture et loisirs) ou encore de marchés segmentés de consommation (tourisme, art, technologies…).

[…]

Or, occupant seulement 2 % de la surface de la Terre, le fait urbain décrit produit 70 % des déchets, émet 75 % des émissions de gaz à effet de serre (GES), consomme 78 % de l’énergie et émet plus 90 % de l’ensemble des polluants émis dans l’air pour, souvenons-nous, 58 % de la population mondiale.

Pour les seuls GES, vingt-cinq des cent soixante-sept plus grandes villes du monde sont responsables de près de la moitié des émissions urbaines de CO2 – la fabrication du ciment représentant près de 10 % des émissions mondiales, en augmentation de 80 % en dix ans. À ce jour, 40 % de la population urbaine mondiale vit dans des villes où l’exposition à la chaleur extrême a triplé sur les trente-cinq dernières années.

Plusieurs mégapoles s’enfoncent annuellement de plusieurs centimètres sous le poids de la densité des matériaux de construction et du pompage des nappes phréatiques (Mexico, Téhéran, Nairobi, Djakarta…). La prévalence des maladies dites de civilisation est nettement plus importante dans les grandes villes, responsables de quarante et un millions de décès annuels à travers le monde (cancers, maladies cardiovasculaires et pulmonaires, diabète et obésité, troubles psychiques et maladies mentales).

Enfin, selon le Fonds monétaire international, à l’horizon de la fin du siècle, 74 % de la population mondiale (annoncée en 2100 urbaine à 80 %) vivra des canicules mortelles plus de vingt jours par an. Un point de comparaison : la canicule de 2003 en France, 15 000 morts, en dix-huit jours. D’ailleurs, en France, les pollutions atmosphériques des grandes villes sont responsables de 50 000 morts annuellement.

Le secteur du bâtiment-travaux publics (BTP), toutes constructions confondues (mais à 90 % dans les aires définies comme urbaines), représente 46 % de la consommation énergétique, 40 % de notre production de déchets et 25 % des émissions de GES. L’autonomie alimentaire des cent premières villes est de trois jours (98 % d’alimentation importée) et Paris, par tous ses hectares nécessaires, a une empreinte écologique trois cent treize fois plus lourde que sa propre superficie.

[…]

Si l’on croise les données de nos impacts écologiques avec celles des limites planétaires, on constate que l’empreinte moyenne de chaque Français va devoir être divisée par quatre à six pour prétendre à la neutralité carbone à horizon de 2050. Pour ce faire, loin du technosolutionnisme ambiant et du durabilisme du verdissement, l’autonomie, comprise comme autosubsistance et autogestion, est le seul moyen de se figurer l’ensemble de nos pressions et de les contenir par l’autodétermination des besoins, au plus près des ressources et de leurs écosystèmes. Ceci, sans pour autant négliger nos interdépendances sociales et quelques-unes de nos libertés.

Or pour faire autonomie, toute ville devrait produire 100 % de son énergie, qui plus est renouvelable (or, à ce jour, Lyon, Bordeaux ou Rennes n’en produisent par exemple que 7 % à 8 % , non renouvelables), remettre en pleine terre entre 50 % et 60 % des sols pour la production vivrière et le respect du cycle de l’eau (à ce jour, entre 1 % et 1,5 % dans les villes labellisées Métropoles françaises), ou encore restituer aux écosystèmes au moins 15 % des sols urbanisés pour la biodiversité. Tout ceci est infaisable morphologiquement et, quoi qu’il en soit, impensable dans le cadre d’une ville devenue médiation première du capital.

Nous n’avons en fait pas d’autre choix que de nous affranchir des grandes centralités et de leurs polarités, comme certains espaces périurbains commencent à le faire ; en déconcentrant et en relocalisant, en décentralisant, sans omettre de décoloniser quelques habitudes et modes de vie.

Mais comment passer de l’ère de taire l’inconséquence de nos écologies urbaines à l’âge du faire des géographies posturbaines, sans pour autant rétrécir la société par le jeu des identités et le retour de quelques barbelés ? Quelles sont les conditions d’une désurbanisation sans perte d’altérité, et sans oublier cette fois la communauté biotique ?

Bientôt, le débranchement urbain ?

Cette autre géographie est d’ores et déjà en construction, à bas bruit. Les espaces plus ouverts, ceux des campagnes, offrent d’autres possibilités, sous condition de révision de quelques comportements, particulièrement ceux liés à nos mobilités, connectivités et divertissements. En France, cela correspond au foisonnement d’alternatives au sein des espaces dessinés par les treize mille petites villes et petites villes de proximité, bourgs et villages centre, auxquels il faut ajouter les milliers d’autres villages, hameaux et lieux-dit : néoruralités qui connaissent leur septième vague d’installation, néopaysanneries dynamiques, zones à défendre, communautés existentielles/intentionnelles, écolieux et fermes sociales…

Permaculture et autosubsistance vivrière, chantiers participatifs et autoconstruction bioclimatique, épiceries sociales ambulantes et médiathèques villageoises itinérantes, fêtes locales et savoirs vernaculaires… sont clairement ici en ligne de mire. Et l’on pourrait imaginer des foires locales aux logements, puisque près de trois millions sont vacants dans les périphéries, alors que ce secteur est prétendument en crise. Et, toute cette effervescence ne concerne pas moins de 30 % du territoire hexagonal.

Là serait la raison du débranchement urbain : cesser d’être les agents involontaires des méga-machines urbaines en recouvrant de la puissance d’agir, non plus pour faire masse contre la nature mais pour faire corps avec le vivant. Le triptyque habiter la terre, coopérer par le faire, autogérer de manière solidaire peut constituer la matrice d’une société écologique posturbaine. À condition de vider les villes, les grandes, et de cheminer enfin vers le suffisant.

Environnement: Pourquoi il faut fuir les villes

Environnement: Pourquoi il faut fuir les villes

par
Guillaume Faburel
Professeur, chercheur à l’UMR Triangle, Université Lumière Lyon 2 dans The Conversation

Notons par ailleurs que cet extrait ne traite pas des questions d’insécurité ou encore de bruit. NDLR

Vider les villes ? Voilà bien a priori une hérésie. La ville, c’est le progrès et l’émancipation. Tous les grands moments de notre civilisation y sont chevillés, des cités-États aux villes-monde et métropoles d’aujourd’hui. Pourquoi diable vouloir les vider ? Simplement parce que tous les mois à travers le monde l’équivalent d’une ville comme New York sort de terre. À moins de croire dans le solutionnisme technologique et le durabilisme des transitions, il est temps de rouvrir une option envisagée dès les années 1970 : la désurbanisation de nos sociétés. Voici peut-être l’unique solution face à la dévastation écologique. Un seul « s » sépare demeure et démesure, celui de notre propre survie. Aujourd’hui, 58 % de la population mondiale est urbaine, soit près de 4,4 milliards d’habitants (dont presque 40 % résidant aux États-Unis, en Europe et en Chine), contre 751 millions en 1950. Cette proportion est même annoncée à 70 % en 2050 par l’Organisation des Nations unies (ONU).

[…]

Avec plus de vingt millions d’habitants, Mumbaï a vu sa superficie bâtie presque doubler entre 1991 et 2018, perdant ainsi 40 % de son couvert végétal. Dhaka, dont la population de l’agglomération excède aussi vingt millions d’habitants, a vu disparaître 55 % des zones cultivées, 47 % des zones humides et 38 % du couvert végétal entre 1960 et 2005. Pendant que la superficie bâtie augmentait de 134 %.

Plus près de nous, le Grand Paris est le chantier d’aménagement le plus important de l’histoire de la capitale depuis le Second Empire (XIXe siècle), avec pas moins de deux cents kilomètres de lignes de métro supplémentaires, cent soixante kilomètres de tunnels à percer, soixante-huit gares à construire, quatre-vingt mille logements par an à sortir de terre.

En France d’ailleurs, la population urbaine a augmenté de 20 % entre 1960 et 2018, pour officiellement dépasser les 80 % de la population hexagonale en 2020, ramenés toutefois à 67 % en ne tenant plus uniquement compte de l’influence des villes mais aussi de la taille des peuplements (critère de densité des constructions). Près de la moitié vit dans l’une des vingt-deux grandes villes (dont quatre millionnaires en nombre d’habitants), à ce jour officiellement dénommées métropoles. Et, depuis ces centres métropolitains jusqu’aux couronnes périurbaines, comme dans un bon tiers des périmètres de villes moyennes et d’inter-communalités (elles-mêmes grossissantes par volontarisme réglementaire), l’urbanisation croît deux fois plus vite en surface qu’en population (et même trois fois dans les années 1990, soit annuellement la taille de Marseille, un département tous les dix ans, la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur en cinquante ans).

La métropolisation du monde

Les foyers premiers ainsi que le modèle principal de cette croissance sont assurés par les grandes agglomérations, au premier chef les sept villes-monde (New York, Hongkong, Londres, Paris, Tokyo, Singapour et Séoul) et leurs épigones, cent vingt métropoles internationales. Elles représentent en cumul 12 % de la population mondiale pour 48 % du Produit Intérieur Brut (PIB) mondial. Il y a donc du capital à fixer et de la « richesse » à produire… À condition de continuer à grossir. Tokyo a déjà un PIB supérieur à celui du Canada, Paris à celui de la Suisse…

Engagée depuis une quarantaine d’années dans les pays occidentaux, la métropolisation représente le stade néolibéral de l’économie mondialisée : polarisation urbaine des nouvelles activités dites postindustrielles et conversion rapide des pouvoirs métropolitains aux logiques de firme marchande.

Elle incarne l’avantage acquis ces dernières décennies par les grandes villes : articulation des fonctions de commandement (ex : directions d’entreprises) et de communication (ex : aéroports, interconnexions ferroviaires, etc.), polarisation des marchés financiers (ex : places boursières et organismes bancaires), des marchés d’emplois de « haut niveau » – que l’Insee qualifie de métropolitains depuis 2002 (conception-recherche et prestations intellectuelles, commerce interentreprises et gestion managériale, culture et loisirs) ou encore de marchés segmentés de consommation (tourisme, art, technologies…).

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Or, occupant seulement 2 % de la surface de la Terre, le fait urbain décrit produit 70 % des déchets, émet 75 % des émissions de gaz à effet de serre (GES), consomme 78 % de l’énergie et émet plus 90 % de l’ensemble des polluants émis dans l’air pour, souvenons-nous, 58 % de la population mondiale.

Pour les seuls GES, vingt-cinq des cent soixante-sept plus grandes villes du monde sont responsables de près de la moitié des émissions urbaines de CO2 – la fabrication du ciment représentant près de 10 % des émissions mondiales, en augmentation de 80 % en dix ans. À ce jour, 40 % de la population urbaine mondiale vit dans des villes où l’exposition à la chaleur extrême a triplé sur les trente-cinq dernières années.

Plusieurs mégapoles s’enfoncent annuellement de plusieurs centimètres sous le poids de la densité des matériaux de construction et du pompage des nappes phréatiques (Mexico, Téhéran, Nairobi, Djakarta…). La prévalence des maladies dites de civilisation est nettement plus importante dans les grandes villes, responsables de quarante et un millions de décès annuels à travers le monde (cancers, maladies cardiovasculaires et pulmonaires, diabète et obésité, troubles psychiques et maladies mentales).

Enfin, selon le Fonds monétaire international, à l’horizon de la fin du siècle, 74 % de la population mondiale (annoncée en 2100 urbaine à 80 %) vivra des canicules mortelles plus de vingt jours par an. Un point de comparaison : la canicule de 2003 en France, 15 000 morts, en dix-huit jours. D’ailleurs, en France, les pollutions atmosphériques des grandes villes sont responsables de 50 000 morts annuellement.

Le secteur du bâtiment-travaux publics (BTP), toutes constructions confondues (mais à 90 % dans les aires définies comme urbaines), représente 46 % de la consommation énergétique, 40 % de notre production de déchets et 25 % des émissions de GES. L’autonomie alimentaire des cent premières villes est de trois jours (98 % d’alimentation importée) et Paris, par tous ses hectares nécessaires, a une empreinte écologique trois cent treize fois plus lourde que sa propre superficie.

[…]

Si l’on croise les données de nos impacts écologiques avec celles des limites planétaires, on constate que l’empreinte moyenne de chaque Français va devoir être divisée par quatre à six pour prétendre à la neutralité carbone à horizon de 2050. Pour ce faire, loin du technosolutionnisme ambiant et du durabilisme du verdissement, l’autonomie, comprise comme autosubsistance et autogestion, est le seul moyen de se figurer l’ensemble de nos pressions et de les contenir par l’autodétermination des besoins, au plus près des ressources et de leurs écosystèmes. Ceci, sans pour autant négliger nos interdépendances sociales et quelques-unes de nos libertés.

Or pour faire autonomie, toute ville devrait produire 100 % de son énergie, qui plus est renouvelable (or, à ce jour, Lyon, Bordeaux ou Rennes n’en produisent par exemple que 7 % à 8 % , non renouvelables), remettre en pleine terre entre 50 % et 60 % des sols pour la production vivrière et le respect du cycle de l’eau (à ce jour, entre 1 % et 1,5 % dans les villes labellisées Métropoles françaises), ou encore restituer aux écosystèmes au moins 15 % des sols urbanisés pour la biodiversité. Tout ceci est infaisable morphologiquement et, quoi qu’il en soit, impensable dans le cadre d’une ville devenue médiation première du capital.

Nous n’avons en fait pas d’autre choix que de nous affranchir des grandes centralités et de leurs polarités, comme certains espaces périurbains commencent à le faire ; en déconcentrant et en relocalisant, en décentralisant, sans omettre de décoloniser quelques habitudes et modes de vie.

Mais comment passer de l’ère de taire l’inconséquence de nos écologies urbaines à l’âge du faire des géographies posturbaines, sans pour autant rétrécir la société par le jeu des identités et le retour de quelques barbelés ? Quelles sont les conditions d’une désurbanisation sans perte d’altérité, et sans oublier cette fois la communauté biotique ?

Bientôt, le débranchement urbain ?

Cette autre géographie est d’ores et déjà en construction, à bas bruit. Les espaces plus ouverts, ceux des campagnes, offrent d’autres possibilités, sous condition de révision de quelques comportements, particulièrement ceux liés à nos mobilités, connectivités et divertissements. En France, cela correspond au foisonnement d’alternatives au sein des espaces dessinés par les treize mille petites villes et petites villes de proximité, bourgs et villages centre, auxquels il faut ajouter les milliers d’autres villages, hameaux et lieux-dit : néoruralités qui connaissent leur septième vague d’installation, néopaysanneries dynamiques, zones à défendre, communautés existentielles/intentionnelles, écolieux et fermes sociales…

Permaculture et autosubsistance vivrière, chantiers participatifs et autoconstruction bioclimatique, épiceries sociales ambulantes et médiathèques villageoises itinérantes, fêtes locales et savoirs vernaculaires… sont clairement ici en ligne de mire. Et l’on pourrait imaginer des foires locales aux logements, puisque près de trois millions sont vacants dans les périphéries, alors que ce secteur est prétendument en crise. Et, toute cette effervescence ne concerne pas moins de 30 % du territoire hexagonal.

Là serait la raison du débranchement urbain : cesser d’être les agents involontaires des méga-machines urbaines en recouvrant de la puissance d’agir, non plus pour faire masse contre la nature mais pour faire corps avec le vivant. Le triptyque habiter la terre, coopérer par le faire, autogérer de manière solidaire peut constituer la matrice d’une société écologique posturbaine. À condition de vider les villes, les grandes, et de cheminer enfin vers le suffisant.

Macron- Ce qu’il faut retenir de l’interview : trop tardif, trop loin

Macron- Ce qu’il faut retenir de l’interview : trop tardif, trop loin

Après l’assourdissant silence de Macron concernant les émeutes, l’attente de l’intervention du chef de l’État n’était pas très grande. On savait en effet par avance qu’il éviterait les sujets qui fâchent comme les violences, le pouvoir d’achat et la situation politique instable.

En réalité, une intervention bien trop tardive et également géographiquement trop éloignée. pourquoi en effet avoir choisi Nouméa. Sans doute pour parler de manière assez floue du futur statut évasif de l’archipel après trois référendums. Un statut dont les modalités d’élaboration et le contenu demeurent encore vagues.

Curieusement, Macron a affirmé qu’il y aurait un professeur dans chaque classe à la rentrée comme s’il s’attendait déjà à une situation scolaire agitée en septembre. Une seule vraie nouvelle la confirmation de
l’accueil dès deux ans des enfants dans les quartiers en difficulté, mais aussi de 8h à 18h pour un meilleur accompagnement ou encore une heure de soutien pour «tous les élèves décrocheurs» dès la classe de 6e ou encore l’accueil.

Comme déjà indiqué Macro a été très discret à propos des les émeutes se félicitant cependant de la faible durée des violences par rapport à 2005 comme si les situations étaient comparables. En effet en 2005, les violences ont été géographiquement très contenues et les dégâts beaucoup moins importants.

Le président a cependant convenu à propos des banlieues qu’il fallait «revoir notre politique de répartition des difficultés»: «sans doute l’une des limites de notre République, c’est que pendant des décennies on a concentré les difficultés dans les mêmes quartiers aux mêmes endroits». Un constat qui ne constitue pas vraiment une politique

Les propos du chef de l’État ont été très courts concernant les pertes de pouvoir d’achat provoqué par l’inflation. Il a même annoncé une augmentation des prix de l’électricité et visiblement a décidé de ralentir le rythme des baisses d’impôts.

Concernant la loi immigration reporter à plus tard, le chef de l’État a réaffirmé que «Le gouvernement a la volonté de bâtir avec toutes les oppositions constructives», a martelé Emmanuel Macron, appelant à la «bonne foi» des partis d’opposition.

Sans doute pour avoir pris connaissance des sondages, Marcon a répété à plusieurs reprise la nécessité de l’ordre mais en voyant la patate chaude aux familles à fin de dédouaner la perte d’autorité et d’efficacité de l’État aussi bien à l’école qu’à l’extérieur. Bref, comme d’habitude une intervention floue mais qu’on pourrait également qualifier de molle et de peu audible tellement elle se produit tardivement et loin de Paris.

Sobriété énergétique : il faut des actes forts

Sobriété énergétique : il faut des actes forts

Elisabeth Borne a annoncé une future loi énergie climat à l’automne pour dans un contexte extrêmement tendu : prix de l’énergie en hausse, crise du pouvoir d’achat, dépendance au gaz russe… Aujourd’hui, force est de constater que l’acte II du plan de sobriété du Gouvernement ne suffit pas et les petits gestes individuels non plus… La FEDENE, forte de son expérience terrain, lance un appel pour changer de paradigme et propose des solutions hyper pragmatiques, basées sur la performance et les résultats réels en termes d’économie d’énergie réalisées. Par Pierre de Montlivault, Président de la Fédération des Services Energie Environnement (FEDENE) dans la Tribune


Un papier intéressant mais qui n’évoque pas les difficultés méthodologiques de l’évaluation des performances énergétiques réelles NDLR

Les prix du gaz et de l’électricité n’ont pas attendu la guerre en Ukraine pour atteindre des niveaux records. Ce phénomène est de plus en plus ressenti par les Français qui subissent de plein fouet l’augmentation des prix des énergies importées, et ce depuis plusieurs années. Une tendance particulièrement marquée pour le gaz, 4 fois plus cher en 2023 qu’en 2019 !

Comment préserver à la fois notre pouvoir d’achat et l’avenir de la planète ? La baisse de nos consommations d’énergie est un levier majeur. Le gouvernement l’a bien compris ; en témoigne le lancement d’un plan de sobriété énergétique l’année dernière et dont « la saison 2 » est attendue, avec pour objectif de réduire nos consommations de 10% d’ici 2024. Une réponse d’urgence nécessaire face à la crise sociale, mais insuffisante face à l’ampleur du chantier à mettre en place pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050… qui implique de diviser par 2 nos consommations ! C’est tout l’enjeu de la prochaine Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE), la feuille de route énergétique de la France – la PPE de la dernière chance…

Passons d’une logique de moyens à une logique de résultats !

Alors par où commencer ? Représentant près de la moitié de la consommation d’énergie en France, le secteur de la chaleur est un levier prioritaire sur lequel agir. A la FEDENE, nous savons très bien que les appels à la frugalité ne suffiront pas pour engager la transition rapide qui s’impose dans ce secteur-clef. Les moyens financiers alloués par l’Etat pour la rénovation (Certificats d’économies d’énergie, MaPrimeRénov’) sont trop souvent mal utilisés, car manquant largement d’ambition – nos entreprises le constatent tous les jours sur le terrain. Les monogestes des citoyens (changer ses fenêtres ou sa chaudière), s’ils sont bien sûr à encourager, restent trop limités en économies d’énergies réellement atteintes. Le petit geste individuel façon « colibri » ne suffit pas, il faut sortir la lance à incendie !

Changeons de paradigme. Il est temps de déployer une approche globale basée sur la performance, pour passer d’une logique de moyens à une logique de résultats. Privilégions la quantité d’énergie réellement économisée plutôt que la massification des petits gestes.

Des mesures concrètes pour tripler le rythme des économies d’énergie

Les entreprises de la FEDENE, spécialisées dans l’efficacité énergétique, sont prêtes à jouer le jeu et s’engagent chaque jour pour proposer des solutions concrètes. L’une d’entre elle consiste à exiger de l’entreprise chargée de la rénovation énergétique une garantie de performance réelle des économies d’énergie : le Contrat de performance énergétique (CPE). Par ce contrat, l’opérateur s’engage à un niveau et une durée d’économie d’énergie précis, et s’il n’atteint pas son objectif, il en paie littéralement les conséquences. À l’inverse, cela le motive à aller plus loin grâce à un dispositif d’intéressement sur la surperformance. Pour accompagner cette démarche vertueuse, tant le mécanisme des Certificats d’économies d’énergie (CEE) que MaPrimRénov doivent être repensés, pour s’orienter davantage vers des bouquets de solutions appuyés par la garantie.

En plus de contribuer à la baisse de nos consommations d’énergie, ces actions constituent des leviers efficaces de relance économique locale, en substituant des importations fossiles par des investissements de rénovation locaux.

Les 500 entreprises de la FEDENE et leurs 60.000 salariés contribuent chaque jour et de manière très pragmatique à recouvrer notre souveraineté énergétique, tout en favorisant l’accélération de la transition écologique dans nos territoires.

On peut et on doit attendre de cette saison 2 du plan de sobriété et de la future loi quinquennale de l’énergie qu’elles donnent enfin à tous les gestionnaires de bâtiments les moyens d’agir rapidement et efficacement, faisant de cette logique de résultats garantis une réalité.

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