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Pour une hausse générale des salaires face à l’inflation ?

Pour ou contre une hausse générale des salaires face à l’inflation ?


Un papier dans la tribune (journal « plutôt à gauche à l’origine » ) qui sous couvert de débat contradictoire milite contre la hausse significative des salaires. Bref la contamination des salons parisiens n’épargne pas la presse .

Un point de vue approximatif avec certaines vérités et autant de contrevérités significatives du flou des experts en matière d’analyse d’une crise particulièrement complexe. NDLR

Si le salaire mensuel brut a progressé de 3,8% en 2022, le rythme reste inférieur à celui de l’inflation annuelle , synonyme de baisse du pouvoir d’achat réel. Plus qu’une simple augmentation, 87% des Français souhaiteraient même réindexer les salaires sur l’inflation, comme c’était le cas jusqu’en 1982, au risque d’alimenter une boucle salaire-prix qui pourrait perpétuer l’inflation.

Alors, faut-il une augmentation générale des salaires face à l’inflation ?

Pour ou Contre

L’inflation demeure élevée et progresse même depuis janvier, atteignant 6,3% par an en février 2023 en France indique l’Insee. Depuis mars 2020, les prix à la consommation ont déjà augmenté de près de 11%. La progression nominale des salaires est plus faible : les salaires réels diminuent. La part des salaires dans le PIB se contracte, au profit de celle de la rémunération du capital. Depuis l’été 2022, la Banque Centrale Européenne a décidé de modifier sa politique monétaire, pour « éviter le déclenchement d’une boucle prix-salaires ». Selon le discours officiel, la hausse des taux d’intérêt vise, par l’augmentation du coût de l’endettement, à freiner la demande, tout en favorisant la reformulation des anticipations d’inflation sur un rythme d’inflation de 2%. Ainsi, salariés comme entrepreneurs s’abstiendraient de rechercher des hausses de salaires ou de prix supérieures à ce rythme. C’est cette logique qui a poussé la BCE à augmenter ses taux directeurs une nouvelle fois le 16 mars, portant le principal taux à 3,50% quand il était de 0% jusqu’au 27 juillet 2022.

Cette politique est inefficace. Elle ne s’attaque pas aux causes de l’inflation actuelle, initiée par des chocs externes et qui se propage par capillarité à l’ensemble de l’économie via la recherche du maintien des marges des entreprises. Dans certains secteurs, les taux de marge s’élèvent dans une boucle « prix-profits ». La désinflation est alors bien moins rapide qu’escomptée. Inefficace et déstabilisante, il faut changer de politique désinflationniste. Et ne pas perdre de vue d’autres objectifs : rechercher le plein-emploi et favoriser la transition écologique.

A court terme, il faut décourager la réalisation de surprofits ; des contrôles de prix peuvent ici être utiles, tout comme la fiscalité, pour décourager de nouvelles hausses de prix. A plus long terme, il faut réduire la dépendance aux importations et donc la possibilité de survenue de chocs externes, et articuler étroitement politiques industrielles et commerciales avec les objectifs de transition écologique. Cette dernière nécessite des investissements massifs : la politique monétaire ne doit pas être restrictive.

Enfin, pour éviter la récession qui menace mais aussi pour permettre de déclencher de nouveaux modes de consommation cohérents avec la transition, les salaires réels ne doivent plus continuer de se réduire. Il est indispensable que les salaires progressent, pour limiter les effets de répartition récessifs induits par l’inflation récente. L’indexation des salaires est un outil utile.

Face au choc inflationniste inédit depuis une quarantaine d’années, la tentation est grande de procéder à des hausses de salaires au moins égales à la progression des prix. Cependant, une envolée généralisée des salaires se traduirait par encore plus d’inflation, ce qui ne génèrerait pas nécessairement des gains de pouvoir d’achat. Le choc inflationniste et les pertes de pouvoir d’achat qu’il entraîne implique de procéder à certaines hausses de salaires.

Ainsi, le SMIC est indexé sur l’inflation (plus précisément sur l’inflation supportée par les 20 % des Français les plus modestes), une mesure judicieuse pour préserver le pouvoir d’achat des salariés les plus modestes. De plus, il est légitime pour les salariés de demander une hausse de rémunération dans un contexte où les entreprises sont globalement parvenues à maintenir leurs marges (avec de grandes disparités selon les entreprises et les secteurs), ce qui implique qu’elles aient répercuté leurs hausses de coûts dans leurs prix.

Cependant, passer à une indexation généralisée des salaires sur l’inflation (comme c’est le cas pour le SMIC) accroîtrait les coûts des entreprises, et attiserait encore plus l’inflation. Suite à un choc inflationniste, comme cela a été le cas depuis 2021 avec la flambée du prix des matières premières, la crainte est celle d’une « boucle prix-salaires », c’est-à-dire une situation dans laquelle la flambée des prix entraîne un bond des salaires qui, à son tour, conduit à une hausse des prix, créant un cycle auto-entretenu d’inflation.

Actuellement, la France n’est pas dans une telle situation : d’après la Dares, au quatrième trimestre 2022, le salaire mensuel de base était en progression de 3,8 % en glissement annuel, alors que les prix étaient en hausse de 6,0 %. Il n’y a donc pas de surréaction des salaires aux prix, rendant peu probable une spirale inflationniste durable (d’autant plus que le prix des matières premières est orienté à la baisse).

Cette situation conduit à une perte de pouvoir d’achat momentanée des salariés. Les chocs inflationnistes passés se déroulent généralement en deux phases : une première phase dans laquelle les prix augmentent plus vite que les salaires, impliquant une perte de pouvoir d’achat pour les salariés, puis une seconde phase au cours de laquelle l’inflation baisse mais la progression des salaires se maintient, générant un gain de pouvoir d’achat pour les salariés. Une hausse généralisée des salaires réduit la perte de pouvoir d’achat dans la première phase du choc inflationniste, mais réduit également les gains dans la deuxième phase du fait d’une inflation durablement plus élevée.

Quelle éthique face à l’intelligence artificielle

Quelle éthique face à l’intelligence artificielle

Intreview d’Irene Solaiman ex experte d’ OpenAI, chercheuse sur l’impact social de l’IA dans la Tribune

LA TRIBUNE – ChatGPT a-t-il révolutionné la façon dont les chercheurs voient les modèles de langage ?

IRENE SOLAIMAN – ChatGPT relève du jamais vu par sa viralité. Mais je ne dirais pas que la technologie elle-même est sans précédent. Plus généralement, même si les modèles de langage deviennent plus puissants, c’est surtout la façon dont les utilisateurs interagissent avec qui a changé. Quand j’ai commencé à travailler sur les modèles de langage il y a quelques années, il fallait avoir un certain niveau de compétence informatique pour envoyer des requêtes, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. L’IA s’est démocratisée, il faut donc des interfaces qui améliorent l’accessibilité. Le problème, c’est que donner plus d’accessibilité mène à plus de potentiels usages malveillants et c’est pourquoi il nous faut intégrer des protections pour garantir que l’usage de la technologie reste éthique.

Dans votre article, vous écrivez : « puisqu’un système ne peut pas être entièrement sans danger et dépourvu de biais pour tous les groupes de personnes, et qu’il n’existe aucun standard clair pour déterminer si un système est suffisamment sûr pour une diffusion publique, des discussions supplémentaires doivent être menées avec toutes les parties prenantes ». Ce constat signifie-t-il que les modèles de langages sont condamnés à être défaillants ?

Je demande toujours pour qui nous construisons ces modèles, et à qui y donne-t-on accès. Un dicton dans le milieu est « garbage in, garbage out » [si on nourrit l'IA avec du déchet, il en sortira du déchet, ndlr]. Ce principe est à l’origine de la plupart des problèmes des modèles de langage, car les données sur lesquelles ils sont entraînés ont été récupérées sur Internet, le plus souvent sur des contenus écrits en alphabet latin. Si on ajoute à cela la question de la connectivité, on réalise que les biais des nations occidentales sont surreprésentés.

Or quand on publie un modèle, encore plus sous la forme d’un produit comme ChatGPT, on veut qu’il soit sans danger pour tout le monde. Mais ce qui est considéré comme sûr pour un groupe de personnes ne l’est pas pour un autre. C’est ici qu’entrent en compte les différences culturelles sur les questions de la beauté, de la sexualité ou encore de la violence, qui rendent l’équation très compliquée pour les chercheurs.

Comment les chercheurs font-ils pour prendre en compte et diminuer ces risques ?

C’est une des questions les plus compliquées actuellement, et la solution ne viendra pas forcément d’une méthode ou d’un outil en particulier. Il faut faire attention au solutionnisme technologique. La solution relève la fois du politique, d’un travail avec la société civile, et de beaucoup de retours d’utilisateurs. Or, les organisations qui mettent en avant des systèmes fermés n’ont pas toutes les perspectives nécessaires en interne pour répondre à ces enjeux. C’est pourquoi je défends une ouverture éthique des systèmes.

Lors des sorties successives de ChatGPT et celles de BingChat, plusieurs utilisateurs se sont empressés d’en tester les limites, et de pousser les outils à la faute. Résultat : les IA finissent par mentir, et BingChat a même pris un ton agressif avec certains utilisateurs. Les concepteurs des modèles doivent-ils prendre en compte ce genre de pratiques extrêmes avant de publier leur outil ?

En fonction de ce qui est demandé, ces comportements peuvent mener à une amélioration du système, et avoir les mêmes effets bénéfiques que le passage d’une red team [une équipe chargée de trouver les failles d'un système pour mieux les réparer, ndlr]. Quand un nouveau système est publié et qu’il attire beaucoup d’attention, il va recevoir un flot permanents de tests, encore plus que ne l’aurait fait n’importe quelle organisation dont ce serait la charge. Le problème sous-jacent, c’est qu’aucun des développeurs ne peut identifier à l’avance tous les cas d’usages possibles de ces systèmes, car ils ne sont pas construits pour une application particulière.

Pour une partie des experts, ce talon d’Achille des IA génératives comme ChatGPT, Stable Diffusion ou Midjourney, justifie un accès assez rapide au modèle, afin de mettre en place le mécanisme de feedback [retour des utilisateurs, ndlr] qui va leur permettre d’améliorer le modèle. C’est aujourd’hui la norme dans la tech : on participe par exemple à ce type de mécanisme lorsque l’on utilise le moteur de recherche de Google. C’est ensuite aux décideurs politiques de trancher si ces comportement sont bons ou mauvais.

Vous vous interrogez dans votre article sur la responsabilité en cas d’erreur ou de débordement. Qui doit prendre en charge cette responsabilité ?

J’essaie de distinguer les personnes impliquées en plusieurs catégories : les développeurs, les « déployeurs » c’est-à-dire ceux qui sont chargés de mettre en place les cas d’usage du modèle, et les utilisateurs. Un des enjeux au niveau politique est de définir qui porte le fardeau et de s’assurer que le modèle est sans danger. Mais tous les acteurs impliqués partagent la responsabilité à différents niveaux. Les développeurs vont être ceux qui ont la meilleure compréhension du modèle. En revanche, ils n’ont pas toujours les compétences, notamment celles liées aux sciences sociales, pour examiner les effets du modèle sur la société.

En conséquence, pour l’instant, la majeure partie de la pression des régulateurs est portée sur les déployeurs. Ils n’ont peut-être pas autant accès au modèle que les développeurs, mais ils peuvent avoir une bien meilleure compréhension de ses implications. En bout de chaîne, il y a l’utilisateur, qui ne devrait pas avoir à porter cette responsabilité, car il est difficile d’avoir le niveau de connaissance nécessaire pour bien comprendre les limites de ces modèles.

Vous avez mené le déploiement de GPT-2, que OpenAI définissait dans un premier temps comme « trop dangereux pour être publié dans son intégralité », avant de finalement revenir sur cette précaution. Pensez-vous que cet épisode a changé la façon d’envisager le déploiement des IA au niveau de l’industrie ?

Je pense que l’approche que nous avons pris pour GPT-2 s’avère rétrospectivement être un tournant dans la façon dont nous pensons les modèles de langage et leur publication. C’était un test, dont je suis encore aujourd’hui heureuse de l’issue. J’ai travaillé avec des juristes, avec les développeurs du modèle ou encore avec des chercheurs extérieurs et tous ont été absolument essentiels pour comprendre les complexités de la publication du modèle. Nous avons fait un déploiement graduel, qui a été possible parce que nous étions extrêmement impliqués dans la recherche et que vous surveillions attentivement ce que les gens faisaient avec GPT-2. Je pense que c’était un bon exemple de publication graduelle, mais qu’encore aujourd’hui d’autres méthodes peuvent être tout aussi pertinentes.

Satya Nadella, le CEO Microsoft, a clairement évoqué le début d’une course à l’IA. Ses concurrents, à commencer par Google et Meta, ont dit qu’ils pouvaient créer des équivalents de ChatGPT mais qu’ils voulaient prendre plus de précautions. Avez-vous peur que la course économique sacrifie l’éthique ?

C’est quelque chose que nous craignons depuis des années. Nous avons toujours mis en garde contre ce genre de concurrence précipitée, et contre la possibilité qu’il fasse émerger des standards basés sur la puissance et les capacités, aux dépens de l’éthique. Car aujourd’hui, il n’y a pas d’organisme de régulation qui détermine clairement quels sont les modèles les plus puissants, encore une fois parce qu’ils ne sont pas destinés à des tâches précises.

En parallèle, nous sommes plusieurs chercheurs à travailler sur la création de standards d’évaluation qui mettraient en avant l’impact sociétal des IA, notamment sur des sujets de divergence culturelle comme la beauté, la sexualité ou la violence, en plus de critères plus classiques comme les discriminations de genre et ethnique. Après tout, si un modèle ne fonctionne pas correctement pour tout le monde, on peut considérer qu’il ne fonctionne pas du tout. Le problème, c’est qu’en se livrant une concurrence sur la performance, il est possible que les entreprises investissent moins dans les mécanismes de sûreté et d’éthique. C’est une éventualité effrayante, qu’on ne peut pas se permettre.

Le problème, c’est que même en étant attentif à la qualité de la production du modèle d’IA et en ayant bien fait attention aux éventuels débordements, il n’est jamais facile d’empêcher les mauvais usages d’un modèle. Début 2021, des internautes ont utilisé GPT-3 pour créer un jeu vidéo avec des textes pédopornographiques. Beaucoup de personnes ont oublié cet épisode car il est très dérangeant. Mais il illustre un problème : une fois le modèle publié, Internet va l’utiliser pour faire ce qu’il fait de mieux… et ce qu’il fait de pire.

Face à l’abime du commerce extérieur , la réindustrialisation seule solution

Face à l’abime du commerce extérieur , la réindustrialisation seule solution

Par Baptiste Petitjean, membre du Bureau de Refondation républicaine ( proche de Chevènement)

Le déficit commercial français enregistré en 2022 a été de 163,6 milliards d’euros, un montant presque multiplié par deux par rapport à 2021. C’est un record historique pour notre pays, dont le solde commercial était encore à l’équilibre au début des années 2000, il y a seulement 20 ans.

En raison de la flambée des prix des hydrocarbures (pétrole brut et gaz naturel), consécutive à la poursuite des tensions géopolitiques et à la reprise mondiale, et de la baisse de l’euro vis-à-vis du dollar, la «facture énergétique» a plus que doublé (+ 157 %), passant de 45 milliards d’euros en 2021 à 115 milliards d’euros en 2022, en prenant en compte les coûts d’acheminement (transport et assurance). Les difficultés du parc nucléaire français au cours de l’automne et au début de l’hiver, à l’origine de l’affaiblissement du niveau de production nationale d’électricité, ont fait passer la France du statut d’exportateur net d’électricité (1,1 milliard d’euros d’excédent en 2020, 2,6 milliards en 2021) à celui d’importateur net (7,4 milliards d’euros de déficit commercial en 2022). La production d’électricité d’origine nucléaire n’a jamais été aussi en basse en 2022, inférieur de 22,7% par rapport à 2021.

Toutefois, en 2023, on peut s’attendre à un sursaut du côté de la production française d’électricité et donc de l’exportation, puisque 80% du parc est désormais en fonctionnement. À beaucoup plus long terme, la relance du programme électro-nucléaire, le déploiement parallèle des EnR et les économies d’énergie (sobriété) devraient également contribuer à conforter la France dans son traditionnel statut de grand pourvoyeur d’électricité au niveau européen.

Le poids de l’énergie, évident, indiscutable, et nous rappelant notre dépendance malsaine aux énergies fossiles, ne saurait cependant masquer une aggravation de notre déficit commercial concernant les biens manufacturés. Ce dernier s’accentue de 15,3 milliards d’euros (-24% environ) pour atteindre 78,5 milliards d’euros, soit une multiplication par plus de trois depuis 2010. Nos importations ont bondi de presque 60 % en douze ans, tandis que les exportations ont augmenté de 46 % seulement. Le lent naufrage de notre commerce extérieur en matière de biens manufacturés se poursuit, alors même qu’il était encore excédentaire en 2000.

Finalement, on réalise bien tard qu’un déficit commercial croissant, accéléré, constitue également un moteur de la désindustrialisation.

Quelques exemples illustrent ce diagnostic : le déficit de la catégorie «produits informatiques, électroniques et optiques» dépasse les 20 milliards d’euros. Les ensembles «équipements électriques et ménagers» et «machines», franchissent quant à eux la barre des 10 milliards d’euros de déficit (respectivement -10,6 et -11,4). Les produits de l’industrie automobile («véhicules et équipements») voient leur déficit flirter avec les 20 milliards, alors qu’en 2000 l’excédent sur cette catégorie avoisinait les 10 milliards d’euros. La balance du groupe «bois, papier, carton» (-7,8 milliards d’euros) recule à nouveau en 2022, de 1,7 milliard d’euros. Le solde commercial des produits de la chimie, secteur frappé très durement par l’augmentation des coûts de l’énergie, passe en territoire négatif (-3,5 milliards d’euros), pour la première fois depuis presque 10 ans. Un effet prix, certes, est en cause, mais l’effet volume existe également.

Certains secteurs font mieux que résister : l’excédent du secteur aéronautique et spatial (+23,5 milliards d’euros) continue sa reprise en 2022 (+ 11 % environ), mais sans retrouver son niveau d’avant-crise ; record d’excédent pour les «parfums et cosmétiques» (+15,4 milliards d’euros) et pour les produits agricoles (+4,8 milliards d’euros). Toutefois, il faudrait affiner l’analyse concernant le solde positif des industries agroalimentaires (+5,6 milliards d’euros), l’augmentation des exportations françaises étant fortement tirée par les céréales (environ 10 milliards d’euros d’excédent) et les boissons (+16 milliards), tandis que le déficit des fruits et légumes (-3,7 milliards d’euros), des poissons (-4,2) et de la viande (-2,7) s’aggrave, rappelant la menace de «désagricolisation» qui plane sur notre système alimentaire.

Lorsque la mode était à l’«industrie sans usines», à l’inexorable «tertiarisation» de l’économie et à l’avènement du «village mondial», la balance commerciale était presque ignorée. Le déficit commercial fut ensuite considéré comme un simple symptôme du repli productif qui touche notre pays depuis plus de 30 ans. Sa lente dégradation, entamée dans les années 2000, ne semblait pas pour autant retenir l’attention des responsables politiques. Pourtant le décrochage était en gestation, notamment en comparaison avec les succès de «l’économie de bazar» allemande, dus à l’insertion particulière de l’Allemagne dans la nouvelle division européenne et internationale du travail et au dynamisme de son couple industrie-commerce extérieur. Finalement, on réalise bien tard qu’un déficit commercial croissant, accéléré, constitue également un moteur de la désindustrialisation. La part de l’industrie manufacturière dans le PIB est désormais inférieure à 10% (contre 14% en 2000), tout comme en Grèce, quand cette proportion est de 19% en Allemagne, 15% en Italie, 12% en Espagne, et de 15% en moyenne dans l’UE.
La réindustrialisation et le redressement de notre production agricole, constituent la clé de voûte d’une indépendance renforcée.

Le redressement productif est un enjeu de puissance en Europe et dans le monde. Avec 594,5 milliards d’euros d’exportation, à presque 1000 milliards d’euros des exportations de l’Allemagne (1 564 milliards d’euros), dont le modèle mercantiliste n’est pas mort puisqu’il a dégagé un excédent commercial de 76 milliards d’euros en 2022 (certes en baisse de 100 milliards par rapport à 2021), le décrochage de la France se poursuit. En 20 ans, la part de marché de la France à l’export, au niveau mondial, a fondu de moitié, passant de 5,2% en 2001 à 2,5% en 2022. La réaffirmation de son indépendance sur la scène internationale et la poursuite de son co-leadership avec l’Allemagne en Europe, ne peuvent passer que par un redressement économique aussi rapide que vigoureux.

La réindustrialisation (industries manufacturières, agroalimentaires, extractives, énergies) et le redressement de notre production agricole, constituent la clé de voûte d’une indépendance renforcée, d’un projet national mobilisateur et d’une refondation républicaine des termes de notre contrat social. Sans systèmes de production solides, pas de protection sociale efficace, considérant la centralité de la cotisation des actifs.

Le rééquilibrage de notre commerce extérieur est une grande cause nationale. La bataille du commerce extérieur est un combat de haute intensité, qui doit avoir lieu et que la France ne peut pas se permettre de perdre. Cet effort de redressement productif prendra une décennie. Il supposera d’une part de maintenir les politiques horizontales de compétitivité et de soutien à l’économie déployées depuis 2017 : baisse des impôts de production, de l’impôt sur les sociétés, soutien des plans France Relance puis France 2030 à l’activité et aux investissements, dispositif des sites industriels clés en main… Ces mesures ont généré un frémissement qu’il faut amplifier.

La France est championne d’Europe des IDE (Investissements directs étrangers), ces derniers profitant à tous les territoires : 75% se situent dans les régions et environ 70% des projets industriels issus d’IDE sont orientés vers des villes de moins de 20 000 habitants. Longtemps négatif en raison des vagues successives de délocalisation, le solde des créations et des destructions d’emplois industriels a été positif depuis 2017, à l’exception de l’année 2020, année du déclenchement de la pandémie de Covid-19. Le nombre d’emplois salariés dans l’industrie est passé de 3 142 900 au début de l’année 2017 à 3 204 600 à la fin du troisième trimestre 2022, soit plus de 60 000 emplois supplémentaires sur la période.

L’idée selon laquelle les revenus financiers des délocalisations viendraient compenser le déficit commercial pour équilibrer la balance de paiements courants est un mirage.

Mais c’est également une nouvelle doctrine d’intervention de l’État dans l’économie qu’il nous faut inventer. Le temps de l’ultralibéralisme et de la dérégulation financière a vécu. L’idée selon laquelle les revenus financiers des délocalisations viendraient compenser le déficit commercial pour équilibrer la balance de paiements courants est un mirage. Déjà fin 2021, la position extérieure nette de la France, historiquement toujours positive jusqu’au milieu des années 2000, était négative à hauteur de 32,3 % du PIB et poursuivait sa dégradation.

Les mesures indispensables de compétitivité devront être flanquées d’actions verticales en vue de cibler les filières, les secteurs et même les produits dont la production peut faire l’objet d’une reconquête. Si elles devaient aboutir, les récentes initiatives françaises au niveau européen, telles que la proposition de flexibiliser le cadre des aides d’État, constitueraient une fenêtre d’opportunité pour de telles actions.

Pour en garantir l’efficacité, les instruments de politique industrielle et de planification à disposition de l’État doivent cependant être repensés. Un réarmement institutionnel est en effet nécessaire. Cela pourrait passer, par exemple, par l’accrochage du portefeuille du commerce extérieur à un grand ministère de l’Industrie et de l’Énergie, par la construction de projets industriels en associant les ressources et les forces du secteur privé et celles des pouvoirs publics, ou par l’installation de grands opérateurs nationaux dans les secteurs stratégiques.

Il nous faudrait également soutenir et renforcer l’impact de notre excellente recherche fondamentale sur l’innovation industrielle. Le livret «Industrie verte», dédié à la décarbonation de l’économie, annoncé par le ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, pourra sans nul doute drainer l’abondante épargne des Français vers des projets productifs. L’État serait alors davantage en capacité d’intervenir dans l’économie pour atteindre ses objectifs politiques tels que la réindustrialisation et le redressement du commerce extérieur.

Politique-Face à la Russie : Préparer une « économie de guerre »(OTAN)

Politique-Face à la Russie : Préparer une « économie de guerre »(OTAN)

Progressivement, on assiste à un changement stratégique de la part des pays occidentaux contraints de s’engager de plus en plus aux côtés de l’Ukraine et même de préparer une éventuelle extension géographique du conflit avec la Russie. Ainsi le secrétaire général de l’OTAN invite les pays occidentaux à se préparer à une économie de guerre Par ailleurs le président de la république française vient de déclarer qu’il s’attend à une guerre longue entre la Russie et l’Ukraine voir au-delà. Ils se confirmne ainsi que Poutine n’a nullement l’intention de se retirer d’Ukraine mais qu’en plus il menace désormais d’autres pays voisins notamment la Moldavie. Pour cela d’après des experts britanniques, Poutine est prêt à sacrifier environ 800 soldats par jour. Et la dictature russe interdit toute révolte interne sous peine de fusillade immédiate. Les ministres de la Défense sont réunis une nouvelle fois à Bruxelles au siège de l’Otan pour coordonner les livraisons d’armes à l’Ukraine qui souffre d’un manque chronique de munitions. Et cela d’autant plus qu’aux difficultés économiques s’ajoutent l’attentisme de certains pays qui demeurent au milieu du gué dont la France.

pour le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, « la priorité, l’urgence, est de fournir aux Ukrainiens les armements qui leur ont été promis pour maintenir leur capacité de se défendre ». Avant d’entamer un débat sur la livraison d’avions, encore serait-il intéressant que les chars promis arrivent à bon port et à temps.
Jens Stoltenberg a tiré la sonnette d’alarme : « Le rythme actuel d’utilisation de munitions par l’Ukraine est beaucoup plus élevé que notre rythme actuel de production, a-t-il averti. Cela épuise nos stocks et met nos industries de défense sous pression. » Les ministres de la Défense sont donc appelés à faire des propositions sur la relance de la production.

L’industrie européenne n’est pas calibrée pour un tel conflit. La France qui souhaite par exemple fournir encore 12 canons Caesar à l’Ukraine en sus des 18 déjà livrés vient ainsi de passer un accord avec l’Australie pour la fabrication des obus de 155 mm, faute d’avoir des capacités de production suffisante. Même aux Etats-Unis, les stocks s’effondrent. Les industriels ont ainsi déclaré qu’il leur faudrait 6 ans pour compenser les dons d’obus de 155 mm qui alimentent les Himars, et qu’il leur faudrait au moins 6 ans et demi pour remplacer le stock de Javelin donnés à l’Ukraine ou de 4 à 7 ans pour reconstituer le stock d’obus à guidage de précision Excalibur…

Alors que le président Zelensky réclame toujours plus d’armes et notamment des avions de chasse , la plupart des ministres ont donc rappelé que le dossier le plus urgent était d’envoyer les chars promis avec les munitions nécessaires mais aussi avec l’entretien adapté. « Avant de parler d’avions et de chars, essayons d’assurer au mieux le service après-vente des matériels qu’on leur a déjà livrés », confirme l’entourage du ministre de la Défense français, Sébastien Lecornu.

« Nous allons fournir aux Ukrainiens les moyens de tenir et d’avancer pendant la contre-offensive de printemps », a promis le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, en citant l’artillerie, la défense antiaérienne et les blindés, mais sans évoquer les avions de combat. « Tout le monde comprend que la question de la défense aérienne et la question du réapprovisionnement en munitions sont beaucoup plus importantes en ce moment que la discussion sur les avions de combat », a renchéri le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius. Ce dernier a annoncé que l’industrie allemande allait relancer une ligne de production de munitions pour les chars de défense antiaérienne Gepard.

Les pays de l’Otan pourraient convenir dès cet été de consacrer au moins 2 % de leur PIB à la défense, le seuil de 2 % devant devenir un plancher et non pas un objectif comme il avait été convenu il y a dix ans. Ce sera l’un des enjeux du prochain sommet de Vilnius l’été prochain avec l’entrée toujours bloquée par la Turquie de la Finlande et de la Suède dans l’Otan, Ankara s’étant déclaré d’accord avec l’arrivée de la Finlande mais pas de la Suède.

Face à la Russie : Préparer une « économie de guerre »(OTAN)

Face à la Russie : Préparer une « économie de guerre »(OTAN)

Le secrétaire général de l’OTAN invite les pays occidentaux à se préparer à une économie de guerre Par ailleurs le président de la république française vient de déclarer qu’il s’attend à une guerre longue entre la Russie et l’Ukraine voir au-delà. Ils se confirmne ainsi que Poutine n’a nullement l’intention de se retirer d’Ukraine mais qu’en plus il menace désormais d’autres pays voisins notamment la Moldavie. Pour cela d’après des experts britanniques, Poutine est prêt à sacrifier environ 800 soldats par jour. Et la dictature russe interdit toute révolte interne sous peine de fusillade immédiate. Les ministres de la Défense sont réunis une nouvelle fois à Bruxelles au siège de l’Otan pour coordonner les livraisons d’armes à l’Ukraine qui souffre d’un manque chronique de munitions. Et cela d’autant plus qu’aux difficultés économiques s’ajoutent l’attentisme de certains pays qui demeurent au milieu du gué dont la France.

pour le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, « la priorité, l’urgence, est de fournir aux Ukrainiens les armements qui leur ont été promis pour maintenir leur capacité de se défendre ». Avant d’entamer un débat sur la livraison d’avions, encore serait-il intéressant que les chars promis arrivent à bon port et à temps.
Jens Stoltenberg a tiré la sonnette d’alarme : « Le rythme actuel d’utilisation de munitions par l’Ukraine est beaucoup plus élevé que notre rythme actuel de production, a-t-il averti. Cela épuise nos stocks et met nos industries de défense sous pression. » Les ministres de la Défense sont donc appelés à faire des propositions sur la relance de la production.

L’industrie européenne n’est pas calibrée pour un tel conflit. La France qui souhaite par exemple fournir encore 12 canons Caesar à l’Ukraine en sus des 18 déjà livrés vient ainsi de passer un accord avec l’Australie pour la fabrication des obus de 155 mm, faute d’avoir des capacités de production suffisante. Même aux Etats-Unis, les stocks s’effondrent. Les industriels ont ainsi déclaré qu’il leur faudrait 6 ans pour compenser les dons d’obus de 155 mm qui alimentent les Himars, et qu’il leur faudrait au moins 6 ans et demi pour remplacer le stock de Javelin donnés à l’Ukraine ou de 4 à 7 ans pour reconstituer le stock d’obus à guidage de précision Excalibur…

Alors que le président Zelensky réclame toujours plus d’armes et notamment des avions de chasse , la plupart des ministres ont donc rappelé que le dossier le plus urgent était d’envoyer les chars promis avec les munitions nécessaires mais aussi avec l’entretien adapté. « Avant de parler d’avions et de chars, essayons d’assurer au mieux le service après-vente des matériels qu’on leur a déjà livrés », confirme l’entourage du ministre de la Défense français, Sébastien Lecornu.

« Nous allons fournir aux Ukrainiens les moyens de tenir et d’avancer pendant la contre-offensive de printemps », a promis le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, en citant l’artillerie, la défense antiaérienne et les blindés, mais sans évoquer les avions de combat. « Tout le monde comprend que la question de la défense aérienne et la question du réapprovisionnement en munitions sont beaucoup plus importantes en ce moment que la discussion sur les avions de combat », a renchéri le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius. Ce dernier a annoncé que l’industrie allemande allait relancer une ligne de production de munitions pour les chars de défense antiaérienne Gepard.

Les pays de l’Otan pourraient convenir dès cet été de consacrer au moins 2 % de leur PIB à la défense, le seuil de 2 % devant devenir un plancher et non pas un objectif comme il avait été convenu il y a dix ans. Ce sera l’un des enjeux du prochain sommet de Vilnius l’été prochain avec l’entrée toujours bloquée par la Turquie de la Finlande et de la Suède dans l’Otan, Ankara s’étant déclaré d’accord avec l’arrivée de la Finlande mais pas de la Suède.

Régulation de l’ électricité: face à la spéculation, renationaliser toute la filière

Régulation de l’ électricité: face à la spéculation, renationaliser toute la filière

Deux élément sont responsables de la crise de l’électricité en France; d’une part l’abandon de la filière nucléaire pour récupérer les voix de quelques écolos bobos, d’autre part le fait d’avoir substitué un marché anarchique aux tarifs règlementés; Des dizaines et des dizaines d’entreprises qui ne produisent rien, qui ne distribuent rien ont pu ainsi réaliser des surper-profits scandaleux qui ont contribué à la crise de l’électricité. Résultat , alors qu’on payait le megawh 70 euros, le particulier paye désormais environ 140 euros et les TPE 240 euros, cela en dépit du bouclier tarifaire.

« En voulant concilier ouverture à la concurrence et préservation pour les consommateurs du bénéfice de la compétitivité du parc nucléaire existant, l’organisation des marchés de l’électricité a abouti à une construction complexe et régulièrement remise en cause », Observe de manière très diplomatique la Cour des comptes dans un rapport sur l’organisation des marchés de l’électricité.

Plus grave encore, « la combinaison des principaux outils d’intervention publique ne garantit plus l’atteinte des objectifs initiaux de la loi Nome en termes de stabilité et de compétitivité des prix .

EDF est contraint de fournir ses concurrents au prix de 42 € le mégawatt heure pour un prix d’achat à l’étranger qui a pu atteindre jusqu’à 1000 € au sommet de la crise.

Cette régulation des prix a été voulue par l’Allemagne qui alors comptait sur le faible coût du pétrole russe comme ressource principale afin de concurrencer la France sur le plan énergétique . La France est prisonnière d’un système dénoncé y compris par la Cour des Comptes alors qu’elle produit l’énergie la moins chère du monde quand évidemment on ne ferme pas de centrales nucléaires. .

Les rapporteurs de la rue Cambon pointent en particulier la méthode de calcul des tarifs réglementés d’EDF établie par la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Comme l’avait déjà souligné l’UFC-Que Choisir en mai 2021, ils démontrent qu’en intégrant le coût d’approvisionnement des fournisseurs alternatifs sur les marchés de gros dès qu’ils n’ont plus d’Arenh (1), elle fait fortement augmenter le tarif réglementé, le déconnectant de plus en plus des coûts de production du parc nucléaire d’EDF.
Ainsi révisé, le tarif réglementé est trop exposé au marché, il n’est plus à même d’assurer la stabilité des prix aux consommateurs. Sans le bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement, il aurait ainsi bondi de 35 % TTC le 1er février dernier. La Cour des comptes appelle à réformer son mode de calcul pour le protéger des variations des prix de marché.

Autre outil mis en cause, celui de l’Arenh, qui impose à EDF de fournir jusqu’à 100 TWh d’électricité produite par son parc nucléaire à ses concurrents au prix de 42 € le mégawattheure. Si ce dispositif a privé EDF de 7 milliards de revenus sur la période 2011-2021, il lui a cependant permis de couvrir largement ses coûts. Mais ils vont augmenter fortement en 2022 du fait de la faible production de son parc nucléaire. La Cour souligne que les mécanismes de régulation ne fonctionnent plus, que ce soit en France ou en Europe.

Enfin, le mécanisme de capacité qui rémunère le dernier moyen de production appelé pour faire face aux pointes de consommation « est à l’origine de transferts financiers qui peuvent excéder les nécessités de la sécurité d’approvisionnement ». Coût estimé à la charge des consommateurs : de 500 millions à 1,2 milliard par an.

La Cour des comptes conclut que ces trois outils d’intervention publique ne sont pas maîtrisés et qu’ils ne garantissent plus l’atteinte des objectifs initiaux de la loi Nome. Elle recommande une nouvelle régulation pérenne qui supprimerait les effets pervers des mécanismes en place et protégerait les consommateurs de la volatilité des prix.

Electricité: face à la spéculation renationaliser toute la filière

Electricité: face à la spéculation renationaliser toute la filière

Deux élément sont responsables de la crise de l’électricité en France; d’une part l’abandon de la filière nucléaire pour récupérer les voix de quelques écolos bobos, d’autre part le fait d’avoir substitué un marché anarchique aux tarifs règlementés; Des dizaines et des dizaines d’entreprises qui ne produisent rien, qui ne distribuent rien ont pu ainsi réaliser des surper-profits scandaleux qui ont contribué à la crise de l’électricité. Résultat , alors qu’on payait le megawh 70 euros, le particulier paye désormais environ 140 euros et les TPE 240 euros, cela en dépit du bouclier tarifaire.

« En voulant concilier ouverture à la concurrence et préservation pour les consommateurs du bénéfice de la compétitivité du parc nucléaire existant, l’organisation des marchés de l’électricité a abouti à une construction complexe et régulièrement remise en cause », Observe de manière très diplomatique la Cour des comptes dans un rapport sur l’organisation des marchés de l’électricité.

Plus grave encore, « la combinaison des principaux outils d’intervention publique ne garantit plus l’atteinte des objectifs initiaux de la loi Nome en termes de stabilité et de compétitivité des prix .

EDF est contraint de fournir ses concurrents au prix de 42 € le mégawatt heure pour un prix d’achat à l’étranger qui a pu atteindre jusqu’à 1000 € au sommet de la crise.

Cette régulation des prix a été voulue par l’Allemagne qui alors comptait sur le faible coût du pétrole russe comme ressource principale afin de concurrencer la France sur le plan énergétique . La France est prisonnière d’un système dénoncé y compris par la Cour des Comptes alors qu’elle produit l’énergie la moins chère du monde quand évidemment on ne ferme pas de centrales nucléaires. .

Les rapporteurs de la rue Cambon pointent en particulier la méthode de calcul des tarifs réglementés d’EDF établie par la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Comme l’avait déjà souligné l’UFC-Que Choisir en mai 2021, ils démontrent qu’en intégrant le coût d’approvisionnement des fournisseurs alternatifs sur les marchés de gros dès qu’ils n’ont plus d’Arenh (1), elle fait fortement augmenter le tarif réglementé, le déconnectant de plus en plus des coûts de production du parc nucléaire d’EDF.
Ainsi révisé, le tarif réglementé est trop exposé au marché, il n’est plus à même d’assurer la stabilité des prix aux consommateurs. Sans le bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement, il aurait ainsi bondi de 35 % TTC le 1er février dernier. La Cour des comptes appelle à réformer son mode de calcul pour le protéger des variations des prix de marché.

Autre outil mis en cause, celui de l’Arenh, qui impose à EDF de fournir jusqu’à 100 TWh d’électricité produite par son parc nucléaire à ses concurrents au prix de 42 € le mégawattheure. Si ce dispositif a privé EDF de 7 milliards de revenus sur la période 2011-2021, il lui a cependant permis de couvrir largement ses coûts. Mais ils vont augmenter fortement en 2022 du fait de la faible production de son parc nucléaire. La Cour souligne que les mécanismes de régulation ne fonctionnent plus, que ce soit en France ou en Europe.

Enfin, le mécanisme de capacité qui rémunère le dernier moyen de production appelé pour faire face aux pointes de consommation « est à l’origine de transferts financiers qui peuvent excéder les nécessités de la sécurité d’approvisionnement ». Coût estimé à la charge des consommateurs : de 500 millions à 1,2 milliard par an.

La Cour des comptes conclut que ces trois outils d’intervention publique ne sont pas maîtrisés et qu’ils ne garantissent plus l’atteinte des objectifs initiaux de la loi Nome. Elle recommande une nouvelle régulation pérenne qui supprimerait les effets pervers des mécanismes en place et protégerait les consommateurs de la volatilité des prix.

Face à l’inflation le retour de l’indexation ?

Face à l’inflation le retour de l’indexation

Pour affronter l’inflation, Aurélie Trouvé, économiste, députée de la 9e circonscription de Seine-Saint-Denis, propose le retour de l’indexation.

Une tribune intéressante mais un peu courte et marquée politiquement qui fait l’impasse sur les facteurs explicatifs de la crise énergétique et sur le poids de la fiscalité NDLR

L’inflation a atteint 7,1% en cette fin d’année [1]. Mais pour les prix alimentaires, c’est bien pire : leur hausse atteint plus de 12% en cette fin d’année. Une hausse qui va s’accentuer au début d’année puisque les prix sont en cours de négociation, à la hausse, entre distributeurs et fournisseurs. Face aux prix alimentaires qui s’envolent, le salaire moyen n’a été rehaussé que de 2,7%. La fin d’année actera donc un effondrement des salaires réels et du pouvoir d’achat moyen des français. Les ménages les plus modestes sont particulièrement frappés, eux dont l’alimentation constitue une part plus importante de leurs dépenses. Sans compter l’envolée des autres dépenses de base.

Le groupe de travail sur l’inflation que j’ai mené avec mon collègue député Xavier Albertini à l’Assemblée nationale aura dévoilé des conséquences d’ores et déjà désastreuses: une augmentation nette des personnes qui recourent à l’aide alimentaire (+9% en un an, selon les Banques alimentaires) ; des répercussions sur la qualité des aliments, avec moins de fruits et légumes frais consommés, moins de produits bios, locaux, labellisés.

La hausse des prix alimentaires a également des répercussions sur la restauration coUne tribune intéressante mais marqué politiquement fait l’impasse sur les facteurs explicatifs de la crise énergétique et passe sous silence une baisse de fiscalité sur les produits de base.llective (10 millions de repas par jour). Le coût moyen des repas augmenterait de 13%. Là aussi, pour faire des économies, les repas sont de moins en moins fournis, de moins en moins bios. Et la moitié des communes annonce avoir dû augmenter ses tarifs.

D’où vient cette augmentation des prix ? Il est devenu banal (et juste) de mentionner les tensions sur les chaînes d’approvisionnement, comme la hausse des prix de l’énergie, qui jouent sur les coûts de production alimentaires. Mais qu’en est-il des marges réalisées par les entreprises de l’industrie agroalimentaire et de la distribution ? L’Inspection générale des finances s’est empressée de démontrer que leurs profits avaient diminué. Mais un nouveau calcul avec des dates plus adéquates, mené par l’institut la Boétie, montre que ces entreprises ont bel et bien, en moyenne, augmenté leur taux de marge entre 2018 et 2022. Ce sont donc les consommateurs et les salariés dans leur ensemble qui supportent intégralement la montée des prix alimentaires.

Bien entendu, toutes les entreprises n’ont pas profité de la même façon de cette inflation. Celle-ci a tendance à pénaliser les petites entreprises – elles sont encore nombreuses dans le secteur agroalimentaire -, dont les trésoreries fragiles ont déjà été affectées par la crise du Covid-19. A l’inverse, elle favorise les entreprises en oligopole, qui profitent du manque de concurrence pour répercuter plus que de besoin la hausse des coûts de production sur les prix de leurs ventes. C’est ainsi que Michel-Edouard Leclerc pointe du doigt les géants de la fabrication d’aliments pour animaux, qui réclamaient une hausse de prix de 40% – la centrale d’achat Leclerc étant elle aussi en position d’oligopole, avec la poignée d’autres centrales assurant l’essentiel des ventes de la grande distribution -.

Quels enseignements en tirer ? Mon collègue Xavier Albertini et moi-même regrettons que n’ait toujours pas été décidé de verser des chèques alimentaires, destinés aux plus modestes et ciblés sur des produits de qualité. De tels chèques, nécessaires à court terme, ne seraient pas suffisants pour répondre aux causes de l’inflation. Notamment, un contrôle des prix alimentaires et des marges réalisées par chaque échelon de la filière s’avère nécessaire.

Dans le secteur agricole, les situations des entreprises sont là encore très inégales face à l’inflation : quand les céréaliers bénéficient de hausses de prix de 78% (en plus d’aides de la Politique agricole commune (PAC) substantielles), les maraîchers subissent une baisse de 9%. Se fait sentir le besoin de bien davantage réguler les prix payés aux producteurs, en fonction de leurs coûts de production.

Pour faire face à toutes ces difficultés, le gouvernement multiplie les chèques et compensations : ils pèsent sur les contribuables (40 milliards d’euros en 2022) et s’avèrent insuffisants et mal ciblés. Deux mesures, certes d’une toute autre ambition, permettraient d’y remédier : d’abord, un plafonnement sans attendre des prix d’achat du gaz et un même tarif réglementé de l’énergie pour toutes les entreprises, collectivités, ménages…

Indispensable complément, la ré-indexation des salaires sur l’inflation, au moins pour les bas salaires, empêcherait les salaires réels de s’effondrer et permettrait aux ménages modestes de subvenir à leurs besoins essentiels. Et cette demande populaire soutenue augmenterait le carnet de commandes des entreprises, évitant la récession que la Banque de France prévoit elle-même pour 2023.
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[1] Selon l’Indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH)

La majorité en difficulté mais face à une opposition en pleine crise

La majorité en difficulté mais face à une opposition en pleine crise

Il est tout à fait vraisemblable que l’année 2023 sera assez catastrophique pour la majorité tant sur le plan politique que social voire sociétal. Deux phénomènes qui pèsent actuellement sur la conjoncture seront encore largement présents à savoir l’inflation dans le pouvoir d’achat et la crise de l’énergie sans parler de la retraite. Dans son malheur, la majorité va bénéficier d’une certaine chance car il est possible que toute l’opposition éclate des Républicains en passant par les Insoumis, le parti socialiste et les écologistes.
Seul le Front National semble à l’abri pour l’instant.

Chez les républicains avec Ciotti à la tête, l’hémorragie des responsables va continuer. Deux raisons à cela, la ligne politique un peu réactionnaire de l’intéressé mais surtout et peut-être le manque de personnalité et de charisme de Ciotti.

Du côté les écologistes le choix est entre action environnementale et action radicale de nature plus politique. D’une certaine manière, un peu le même clivage qui a coûté la vie au parti socialiste avec d’un côté des radicaux de salon et de l’autre des réformistes qui se sont perdus dans le libéralisme comme Hollande.

C’est les Insoumis le choix est aussi cornélien entre une attitude d’opposition à vocation pseudo révolutionnaire et une stratégie de parti d’alternance républicaine. Bref le gauchisme ou le parti de gouvernement.

Au parti socialiste il ne reste que les miettes et qui pourtant sont autant divisées que précédemment. Le parti est toujours aussi divisé entre une perspective de transformation socialiste radicale et la social-démocratie.

Il n’y a guère que le Front National qui semble épargner pour l’instant par des divisions internes mortifères.

La majorité en grande difficulté face à une opposition qui va éclater

La majorité en grande difficulté face à une opposition qui va éclater

Il est tout à fait vraisemblable que l’année 2023 sera assez catastrophique pour la majorité tant sur le plan politique que social voire sociétal. Deux phénomènes qui pèsent actuellement sur la conjoncture seront encore largement présents à savoir l’inflation dans le pouvoir d’achat et la crise de l’énergie sans parler de la retraite. Dans son malheur, la majorité va bénéficier d’une certaine chance car il est possible que toute l’opposition éclate des Républicains en passant par les Insoumis, le parti socialiste et les écologistes.

Chez les républicains avec Ciotti à la tête, l’hémorragie des responsables va continuer. Deux raisons à cela, la ligne politique un peu réactionnaire de l’intéressé mais surtout et peut-être le manque de personnalité et de charisme de lCiotti.

Du côté les écologistes le choix est entre action environnementale et action radicale de nature plus politique. D’une certaine manière, un peu le même clivage qui a coûté la vie au parti socialiste avec d’un côté des radicaux de salon et de l’autre des réformistes qui se sont perdus dans le libéralisme comme Hollande.

C’est les Insoumis le choix est aussi cornélien entre une attitude d’opposition à vocation pseudo révolutionnaire et une stratégie de parti d’alternance républicaine. Bref le gauchisme ou le parti de gouvernement.

Au parti socialiste il ne reste que les miettes et qui pourtant sont autant divisées que précédemment. Le parti est toujours aussi divisé entre une perspective de transformation socialiste radicale et la social-démocratie.
Il n’y a guère que le Front National qui semble épargner pour l’instant par des divisions internes mortifères.

Afrique: Faire face au terrorisme…. et à la Russie

Afrique: Faire face au terrorisme…. et à la Russie

En sus de la guerre en Ukraine, d’autres menaces persistent et continuent de peser sur le territoire français ou celui de nos alliés. Dans ce contexte et malgré des difficultés avec certains pays africains, la France reste engagée de plain-pied contre le terrorisme, notamment au Sahel où elle fait là aussi face à l’expansionnisme russe. Par Gabriel Robin, Directeur de l’agence Monceau / Consultant en intelligence économique. ( la Tribune)

Frappé sur son sol à plusieurs reprises, depuis une dizaine d’années, lors d’attentats dramatiques, la France a douloureusement pris la mesure de la menace terroriste islamiste. Les gouvernements successifs ont ainsi mis en place un arsenal législatif et judiciaire afin d’anticiper et d’agir efficacement contre de potentielles attaques.

En 2017, le gouvernement d’Edouard Philippe faisait ainsi voter la loi sécurité intérieure et lutte contre le terrorisme qui a institué des mesures prophylactiques de prévention contre ce phénomène, qui étaient autrefois contenues dans l’état d’urgence [1]. Les conflits internationaux comme l’Afghanistan, la Syrie ou la Libye furent des théâtres offrant aux djihadistes une formation guerrière qu’ils ont pu par la suite exporter dans leur pays d’origine. La France est alors intervenue à l’étranger avec l’aide de ses partenaires pour réduire la menace du djihadisme international. Cette lutte, par nature globale, ne peut être menée par la seule France qui compter sur des partenaires crédibles dans le monde occidental comme en Orient et en Afrique.
La France et ses partenaires opérationnels
Depuis le lancement de l’opération Serval au Mali en 2013 jusqu’à l’opération Barkhane dans le reste de Sahel, la France a pu s’appuyer sur ses alliés dans son soutien aux pays du G5 Sahel. Principal but de l’opération : coordonner régionalement la réponse à la menace terroriste. Le rôle de la France consistant à contenir la menace le temps que les armées des pays du G5 (Mauritanie, Mali, Burkina-Faso, Niger, Tchad) deviennent pleinement opérationnelles. Depuis, la progression a été inégale et le Mali a quitté l’organisation, mais cette dernière garde sa pertinence.

Paris sait jouer d’anciennes fidélités pour nouer des relations privilégiées avec des partenaires internationaux de longue date dans la région. Ainsi, le soutien des États-Unis s’est avéré décisif dans le domaine du renseignement opérationnel : les drones de Washington fournissant près de 50% du renseignement des forces françaises. Un appui ayant permis par exemple l’élimination d’Abdelmalek Droukdel émir d’AQMI[2].
Sur un autre plan, plus modeste, mais décisif, les Émirats Arabes Unis ont fourni un appui volontaire à la France. Dès 2017, les EAU ont contribué avec une enveloppe d’un montant de 30 millions d’euros à la force conjointe du G5 Sahel. En 2019, ils ont poussé leur engagement jusqu’à solliciter auprès du Niger l’installation d’une base militaire[3]. Ils s’investissent aussi dans le domaine institutionnel en soutenant la création du Collège de Défense du G5 Sahel. Alignée sur la stratégie française, la fédération émiratie apporte son soutien financier aux projets de développement locaux (Mauritanie, Burkina-Faso, Mali, etc) et à la lutte contre l’Islamisme politique.
Du côté européen, Paris reçoit l’aide de ses partenaires de l’Union via les missions de formations militaires comme EUTM Mali (Allemagne, Espagne) ou bien policière via EUCAP Niger. On note aussi un investissement ponctuel, sur le terrain, d’hélicoptères britanniques et danois. À noter également la présence d’un contingent d’une cinquantaine de soldats estoniens dans le cadre de l’opération Barkhane dès 2019, puis d’une centaine de forces spéciales dans le cadre de la Task Force Takuba, aux côtés d’autres pays européens. Ce qui fait de l’engagement estonien, proportionnellement, l’un des plus significatifs de tous les partenaires européens de la France, témoignant d’une approche proactive nouvelle à destination des pays de l’est voisins de la Russie qui ont un besoin impérieux de protection [4].

Malgré le changement de cap du Mali qui se tourne désormais vers la Russie, la France reste présente dans la région grâce au Niger qui lui fait désormais office de porte-avion [5].
Il est d’ailleurs intéressant de constater que les attaques informationnelles russes contre l’action française en Afrique n’ont pas les effets escomptés. L’expertise et l’efficacité militaires de la France sont toujours appréciées par ses alliés, qui savent pouvoir compter sur sa détermination sans faille dans la lutte contre le terrorisme et la protection d’un espace commun de prospérité.

La coopération dans le contre-terrorisme ne se limite pas au Sahel, malgré le caractère stratégique de la région. En 2014, la France rejoignait la coalition internationale menée par les États-Unis afin de lancer des frappes aériennes coordonnées contre des cibles terroristes en Irak et en Syrie. Paris a pu y jouer un rôle cadre via son opération Chammal par le déploiement d’artillerie lourde, d’avions de chasses et périodiquement du porte-avion Charles de Gaulle. Le succès des frappes françaises doit beaucoup au fructueux partenariat de défense signé en 2009 avec les Emirats Arabes Unis. L’accord prévoit l’établissement d’une base militaire française (toujours en place) et d’une coopération en matière de forces spéciales et de renseignement.

Autant d’aspects qui ont joué un rôle certain lors des opérations. Le volet renseignement s’est d’ailleurs renforcé en 2016, via l’installation, à Abu Dhabi, du Commandement maritime des navires français déployés dans l’océan Indien.

En ce mois de novembre, Europol a aussi annoncé le démantèlement d’un super-cartel de narco-trafiquants européens. Parmi les 49 suspects appréhendés, six cibles prioritaires l’ont été à Dubaï en collaboration avec les autorités émiraties, dont deux ressortissants français. La mocro-mafia néerlandaise dirigée par Ridouan Taghi, le milieu bosnien, le clan Kinahan irlandais, les familles espagnoles de Galice ou encore la mafia de Raffaelle Imperiale étaient impliquées dans ce trafic qui contrôlaient un tiers du marché de la cocaïne en Europe. Les bonnes relations entre les Emirats Arabes Unis et la France ne sont pas étrangères au succès de cette opération policière internationale.

L’Égypte s’est aussi engagée aux côtés de la France contre la menace terroriste pesant sur son territoire. Le chaos libyen a rapidement fait peser sur Le Caire des risques d’incursions djihadistes. La multiplication des attaques sur des postes frontières a contraint le régime de Sissi à prendre position sur le conflit [6]. Des interventions directes sur le sol Lybien ont de mêmes étés officiellement envisagés [7]. Globalement, l’Égypte s’est alignée sur les positions françaises en Lybie, notamment face aux visées de la Turquie. La résolution de la situation dans le pays entraînant des conséquences directes sur le Sahel. L’Égypte est aujourd’hui un allié majeur de la France en méditerranée orientale, non seulement contre les djihadistes, mais aussi contre les manoeuvres néo-impérialistes d’Ankara. En vertu de cette coopération, la Direction du Renseignement Militaire (DRM) a lancé l’opération Sirli en 2016 qui a pour but de surveiller le désert occidental pour y détecter d’éventuelles menaces terroristes venues de Libye et de transmettre les renseignements recueillis aux militaires égyptiens [8]. Dix-neuf frappes ont ainsi été décidées contre des éléments pénétrant le territoire égyptien.
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________________________________________
[1] https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000035932811
[2] https://www.rfi.fr/fr/afrique/20200612-mort-droukdel-aqmi-implication-etats-unis-usa?ref=tw_i
[3] https://mondafrique.com/le-president-issoufou-accueille-une-base-militaire-emiratie-au-niger/

https://www.africaintelligence.fr/afrique-ouest/2019/08/28/le-projet-de-base-emiratie-en-suspens,108369797-bre

[4] https://www.aa.com.tr/fr/afrique/lestonie-décide-de-retirer-ses-forces-déployées-au-mali/2503117
[5] https://www.decryption.fr/le-niger-nouveau-porte-avion-de-la-france-en-afrique/
[6] https://www.bbc.com/afrique/region-53824591
[7] https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/07/21/le-parlement-egyptien-approuve-une-possible-intervention-en-libye_6046815_3212.html
[8] https://egypt-papers.disclose.ngo/fr/chapter/operation-sirli
[9] https://www.revueconflits.com/ces-emirats-unis-a-la-france/

Budget de défense militaire: très insuffisant face aux enjeux

Budget de défense militaire: très insuffisant face aux enjeux


En dépit du discours volontariste de Macron qui veut doter la France d’une politique de défense à la hauteur des nouveaux enjeux, la loi de programmation militaire risque d’être notoirement en dessous des besoins. A la lumière du conflit qui se déroule en Ukraine, Macron pose la question de la stratégie militaire française. Jusque-là en effet, experts et professionnels de l’armée considéraient que la défense du pays devait reposer surtout sur le nucléaire et que les équipements et la défense traditionnelle devaient être en quelque sorte être marginalisés.

Une erreur fondamentale car il n’est pas du tout certain que la guerre conventionnelle constitue une hypothèse du passé. Certes l’armée se professionnalise, elle utilise de plus en plus des équipements sophistiqués fait appel à de nouvelles technologies. Mais elle ne saurait se passer notamment d’une forte armée de terre.Pour preuve, l’armée ne parvient même plus à assurer ses objectifs faute de moyens dans les différentes opérations extérieures comme au Sahel par exemple.

Ce qui se passe en Ukraine le démontre par l’absurde puisque par exemple la Russie qui dispose de l’arme nucléaire démontre chaque jour sa grande insuffisance sur le plan de l’infanterie. Elle tente de compenser cette infériorité qualitative et quantitative par une artillerie qui arrose n’importe comment et n’importe où.

En réalité, le budget de la défense n’a cessé de se réduire en France surtout les moyens conventionnels. On a aussi supprimé le service militaire, une surpression qu’on doit aux mêmes experts et aux militaires eux-mêmes qui ont vu là l’occasion d’améliorer leur rémunération. Une suppression qui découle aussi d’une grande lâcheté politique.

L’Ukraine, petit pays, pour faire face aux conflits avec la Russie a réussi à mobiliser 200 000 hommes, à peu près l’effectif de l’armée française.Il y a 15 ans elle en comptait plus du double et il en faudrait sans doute 500 000. Autant dire que la défense française est complètement sous dimensionnée. Alain Bauer le spécialiste emploie le terme diplomatique d’armée échantillonnaire. Une armée qui par ailleurs manque de tout d’équipement, de pièces de rechange et d’effectifs. Par exemple, la moitié des hélicoptères sont en panne et on prend leurs pièces pour réparer ceux qui fonctionnent.

On a pu le vérifier dans la cruelle débâcle de la force Barkhane au Mali. Comment la France pourrait-elle faire face à une éventuelle attaque d’un pays comme la Russie si elle n’est même pas capable de s’imposer face aux rebelles du Sahel.

Tout est à revoir dans la stratégie de défense : l’objectif, les modalités, les équipements , les effectifs et bien sûr les financements.

Il faudra remettre sur le tapis la question du service militaire obligatoire. Comme on l’a vu en Ukraine, c’est parce que des effectifs mobilisables étaient particulièrement bien formés que les forces de Kiev ont fait reculer les Russes. À l’inverse, les Russes ont mobilisé des jeunes sans formation dans beaucoup ont été massacrés. Or en cas de conflit majeur on procède à une mobilisation générale, ce qui suppose une formation préalable. Ce que n’est pas évidemment cet ersatz de service national universel qui ne ressemble à rien.

Un budget militaire très insuffisant face aux enjeux

Un budget militaire très insuffisant face aux enjeux

En dépit du discours volontariste de Macron qui veut doter la France d’une politique de défense à la hauteur des nouveaux enjeux, la loi de programmation militaire risque d’être notoirement en dessous des besoins. A la lumière du conflit qui se déroule en Ukraine, Macron pose la question de la stratégie militaire française. Jusque-là en effet, experts et professionnels de l’armée considéraient que la défense du pays devait reposer surtout sur le nucléaire et que les équipements et la défense traditionnelle devaient être en quelque sorte être marginalisés.

Une erreur fondamentale car il n’est pas du tout certain que la guerre conventionnelle constitue une hypothèse du passé. Certes l’armée se professionnalise, elle utilise de plus en plus des équipements sophistiqués fait appel à de nouvelles technologies. Mais elle ne saurait se passer notamment d’une forte armée de terre.Pour preuve, l’armée ne parvient même plus à assurer ses objectifs faute de moyens dans les différentes opérations extérieures comme au Sahel par exemple.

Ce qui se passe en Ukraine le démontre par l’absurde puisque par exemple la Russie qui dispose de l’arme nucléaire démontre chaque jour sa grande insuffisance sur le plan de l’infanterie. Elle tente de compenser cette infériorité qualitative et quantitative par une artillerie qui arrose n’importe comment et n’importe où.

En réalité, le budget de la défense n’a cessé de se réduire en France surtout les moyens conventionnels. On a aussi supprimé le service militaire, une surpression qu’on doit aux mêmes experts et aux militaires eux-mêmes qui ont vu là l’occasion d’améliorer leur rémunération. Une suppression qui découle aussi d’une grande lâcheté politique.

L’Ukraine, petit pays, pour faire face aux conflits avec la Russie a réussi à mobiliser 200 000 hommes, à peu près l’effectif de l’armée française.Il y a 15 ans elle en comptait plus du double et il en faudrait sans doute 500 000. Autant dire que la défense française est complètement sous dimensionnée. Alain Bauer le spécialiste emploie le terme diplomatique d’armée échantillonnaire. Une armée qui par ailleurs manque de tout d’équipement, de pièces de rechange et d’effectifs. Par exemple, la moitié des hélicoptères sont en panne et on prend leurs pièces pour réparer ceux qui fonctionnent.

On a pu le vérifier dans la cruelle débâcle de la force Barkhane au Mali. Comment la France pourrait-elle faire face à une éventuelle attaque d’un pays comme la Russie si elle n’est même pas capable de s’imposer face aux rebelles du Sahel.

Tout est à revoir dans la stratégie de défense : l’objectif, les modalités, les équipements , les effectifs et bien sûr les financements.

Il faudra remettre sur le tapis la question du service militaire obligatoire. Comme on l’a vu en Ukraine, c’est parce que des effectifs mobilisables étaient particulièrement bien formés que les forces de Kiev ont fait reculer les Russes. À l’inverse, les Russes ont mobilisé des jeunes sans formation dans beaucoup ont été massacrés. Or en cas de conflit majeur on procède à une mobilisation générale, ce qui suppose une formation préalable. Ce que n’est pas évidemment cet ersatz de service national universel qui ne ressemble à rien.

L’UE durcit sa position face à Poutine

L’UE durcit sa position faceà Poutine

Le conflit en Ukraine prend une autre dimension d’une part parce que la guerre s’élargit au plan géographique avec notamment des risques d’affrontements entre la Pologne, la Biélorussie et la Russie. D’autre part parce qu’on risque devant des défaites répétées de l’armée russe de voir Poutine pratiquer la fuite en avant avec recours à l’arme nucléaire.

De ce fait, l’Europe semble sortir de sa position diplomatique molle et avertit Moscou qu’en cas d’attaque nucléaire russe l’union européenne pourrait détruire la totalité des forces de Poutine. Bref le même discours radical que les États-Unis avec la différence que l(Europe serait géographiquement plus concernée par un affrontement entre l’Europe et la Russie.

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrella a tenu a rappelé que tout comme la Russie, les soutiens de l’Ukraine « ne bluffent pas ».
Toute attaque nucléaire de la Russie contre l’Ukraine entraînera une réponse militaire des occidentaux « si puissante que l’armée russe sera anéantie », a affirmé jeudi le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

Le président russe Vladimir « Poutine dit qu’il ne bluffe pas avec la menace nucléaire. Il doit alors comprendre que les pays qui soutiennent l’Ukraine, l’Union européenne et ses États membres, les États-Unis et l’Otan, ne bluffent pas non plus. Toute attaque nucléaire contre l’Ukraine entraînera une réponse, pas une réponse nucléaire, mais une réponse militaire si puissante que l’armée russe sera anéantie », a-t-il déclaré devant le collège d’Europe à Bruges.

« Si la Russie utilise une arme nucléaire, quelle qu’elle soit, contre l’Ukraine, cela aura de graves conséquences », a souligné ensuite le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg, à l’issue d’une réunion des ministres de la Défense de l’Alliance à laquelle a participé Josep Borrell.

Les faiblesses des pays démocratiques face aux menaces globales

Les faiblesses des pays démocratiques face aux menaces globales

L’absence de normes définissant le bien commun et la place insuffisante des arguments scientifiques dans le débat démocratique fragilisent la capacité des pays démocratiques à faire face aux menaces globales. Par Eric Muraille, Université Libre de Bruxelles (ULB); Julien Pillot, INSEEC Grande École et Philippe Naccache, INSEEC Grande École

Le constat de faiblesse des pays démocratiques face à certains enjeux majeurs n’est pas nouveau. Cependant il n’est pas certain que l’exemple cité de la Covid soit très pertinent pour expliquer les différences d’efficacité de l’épidémie. En particulier si l’on se réfère à la Chine qui s’est enfermée dans une stratégie zéro Covid qui étouffe encore le pays.Autre exemple, la Russie ne démontre pas que la dictature constitue un avantage en matière de performances de la défense.NDLR

Le 14 septembre 2022, la Commission du journal The Lancet, composée de 28 experts, a publié son rapport final sur la gestion de la pandémie de Covid-19. L’une de ses principales conclusions est que seul un très petit nombre de pays a réussi à contenir efficacement la dissémination du SARS-CoV-2 et à éviter une importante surmortalité durant la première année. Le rapport souligne notamment que :
« trop de gouvernements n’ont pas respecté les normes fondamentales de rationalité et de transparence institutionnelles, trop de personnes – souvent influencées par la désinformation – ont manqué de respect et protesté contre les précautions de santé publique de base, et les grandes puissances mondiales n’ont pas collaboré pour contrôler la pandémie. »

Trois observations liminaires sont à émettre.

• On ne peut imputer les défaillances mentionnées dans le rapport à un quelconque manque d’information. Les découvertes scientifiques ont été activement diffusées à tous les gouvernements, en temps réel.
• Les pays riches et/ou les plus avancés sur le plan scientifique n’ont pas mieux géré la crise. En témoigne, par exemple, l’importante surmortalité qui a frappé les États-Unis, pourtant classé en tête de l’indice de sécurité sanitaire mondiale 2019.
• À l’inverse, plusieurs études ont montré que la population des pays adhérant à une culture collectiviste a appliqué avec plus de succès les mesures sanitaires que la population des pays occidentaux de culture plus individualistes.

En définitive, c’est l’acceptation et surtout la mise en œuvre des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui aura déterminé le succès des États à contrôler la pandémie. Des recommandations fort simples (tester, tracer, isoler) et qui ne nécessitaient qu’une bonne organisation ainsi que la capacité des gouvernements à convaincre la population d’adhérer aux mesures sanitaires. Au plus fort de la crise, les éditeurs de nombreux journaux scientifiques de premier plan, dont The Lancet, Scientific American et le New England Journal of Medicine, ont d’ailleurs blâmé les dirigeants politiques pour leur incapacité à contrôler l’épidémie.

Plus qu’à chercher dans son leadership, le problème de la gouvernance libérale à prévenir et gérer les « menaces globales » (c’est-à-dire capables d’affecter négativement l’ensemble de l’espèce humaine) ne serait-il pas plutôt systémique ? Sinon, comment expliquer notre incapacité, malgré la surabondance d’informations scientifiques, à contenir le réchauffement climatique, la pollution atmosphérique et plastique, ou encore la disparition de la biodiversité ?

Les menaces globales diffèrent fondamentalement des menaces classiques. D’une part, vu la gravité et l’irréversibilité de leurs conséquences, il est préférable de les prévenir, ce qui nécessite de pouvoir en prédire les effets. D’autre part, ces menaces ne peuvent être traitées efficacement sans une réponse internationale coordonnée, ce qui exige un large consensus entre les États à la fois sur leurs gravités, leurs causes et sur les priorités de la réponse.

Or, en matière de menace globale, la gestion de la menace des chlorofluorocarbures (CFC) nous offre un précédent. C’est sur la base de découvertes scientifiques établissant, d’une part l’impact de ces gaz sur la couche d’ozone, et d’autre part l’apparition d’un trou d’ozone en Antarctique et la diminution progressive des niveaux d’ozone sur le long terme, que le Protocole de Montréal actant de leur interdiction planétaire fut signé en 1987. Cet exemple illustre le rôle irremplaçable de la science dans la détection, la prévention et la réponse aux menaces globales. C’est sur une base scientifique, vérifiable et donc universellement acceptable, qu’un consensus international fut possible, et que les pays producteurs de CFC ont consenti à en stopper la production. Un tel consensus reposait également sur une définition claire et partagée de ce qui constitue le « bien commun ».

En nous basant sur cet exemple, il apparaît que la gestion des menaces globales dépend de la valeur attribuée aux connaissances scientifiques et du sens donné au bien commun. Il nous paraît donc opportun de nous interroger sur la conception très particulière du bien commun adoptée par le libéralisme ainsi que sur la place accordée à la science dans la gouvernance libérale.

Le libéralisme a émergé au XVIIe siècle et s’est progressivement imposé dans les Nations occidentales au XVIIIe siècle, dans un monde d’interdépendance et d’échanges internationaux croissants grâce au progrès scientifique, mais qui restait profondément divisé et ravagé par les guerres de religion.
La principale préoccupation des pionniers de la pensée libérale fut la pacification de la société. À cette fin, ils proposèrent une rupture majeure avec tous les systèmes socio-économiques antérieurs. Alors que la légitimité de la gouvernance durant l’Antiquité et le Moyen Âge découlait de la morale religieuse et donc d’une représentation codifiée du bien, le libéralisme propose de dissocier clairement gouvernance politique et morale et rejette tout système normatif religieux ou philosophique.
Ainsi, selon le philosophe américain John Rawls, un État démocratique libéral doit faire preuve de neutralité, en ce sens que les institutions et les politiques publiques ne doivent pas être conçues pour soutenir ou favoriser une conception philosophique ou religieuse du bien commun par rapport à une autre. On y retrouve la pensée du philosophe américain Charles Larmore qui écrivait que :
« dans un ordre politique libéral, les principes politiques doivent être neutres vis-à-vis des conceptions controversées de la bonne vie ».
En conséquence, la société libérale se caractérise par un « pluralisme de valeurs », valeurs qui sont souvent incommensurables et mutuellement exclusives. Et parce qu’il n’y a aucun moyen consensuel de hiérarchiser les valeurs, « ce pluralisme des valeurs conduit fréquemment à une version du relativisme moral » Or, s’il n’existe pas de normes définissant le bien commun, comment gouverner en faveur de celui-ci ?

Héritiers des Lumières et inspirés par les succès des sciences physiques, les pionniers du libéralisme ont tenté de remplacer les lois divines par des lois naturelles et d’introduire une vision mécaniste de la nature humaine afin de légitimer les décisions politiques.

En 1758, dans De l’esprit, le philosophe français Claude-Adrien Helvétius proposa avança que :
« Si l’univers physique est soumis aux lois du mouvement, l’univers moral n’est pas moins soumis à celles de l’intérêt. »
Ces idées influenceront grandement les pionniers du libéralisme philosophique et économique tels que Jeremy Bentham, John Stuart Mill ou Adam Smith. Dans son ouvrage fondateur de 1776, La Richesse des Nations, ce dernier ne théorisait-il pas que la libre poursuite de l’intérêt privé par le commerce est le moteur naturel de l’économie et doit par conséquent constituer le principe autoorganisateur de la gouvernance ?

Plus récemment, en 1942, Joseph Schumpeter définissait ainsi la démocratie libérale :
« Un système institutionnel conduisant à des décisions politiques, dans lequel les individus acquièrent le pouvoir de statuer sur ces décisions au terme d’une lutte concurrentielle pour les votes du peuple. »

Ainsi, bien que souvent considéré comme tel, le libéralisme n’est pas axiomatiquement neutre. L’un de ses traits fondamentaux est la croyance en la capacité de la concurrence à autoorganiser et à optimiser les processus économiques, sociaux et décisionnels. Cette foi légitime le « laissez-faire » des marchés ainsi que le processus de démocratie délibérative qui soumet différents projets de société à l’évaluation du public ou d’une assemblée représentative.

Dans un contexte purement libéral, ce qui est bon pour tous et ce qui doit être tenu comme vrai tend à être déterminé par un processus démocratique, c’est-à-dire directement via des sondages ou des référendums ou indirectement via l’élection de représentants qui légifèreront sur ces sujets.
Inévitablement, ces « compétitions d’opinions » mènent souvent à considérer comme bon et vrai ce qui est conforme aux normes morales ou ce qui est désirable par le plus grand nombre. Ainsi, on constate que les avis scientifiques tendent fréquemment à être considérés comme des opinions parmi tant d’autres. Ils sont utilisés par les décideurs politiques d’une manière purement symbolique, en support de leurs décisions mais sans participer à l’élaboration de celles-ci.
De plus, comme cela a été bien documenté dans les domaines de la santé et de l’environnement, des groupes de pression peuvent fausser le processus délibératif via la désinformation du public ou des décideurs politiques. De tels phénomènes sont fréquents lorsque la science entre en conflit avec des intérêts commerciaux privés. Cependant, ils ont pris une nouvelle dimension pendant la crise du Covid-19.

De nombreux dirigeants politiques libéraux de premier plan, comme les présidents Donald Trump aux États-Unis et Jaïr Bolsonaro au Brésil ont publiquement soutenu des théories du complot et rejeté l’avis des agences scientifiques officielles.
Ce déni de la science est devenu trop fréquent pour être interprété comme accidentel. Il nous semble plutôt le signe d’un problème structurel profond et très inquiétant lié à la gouvernance libérale.

De ce qui précède, nous pouvons conclure que certaines caractéristiques du libéralisme, en particulier l’absence de normes définissant le bien commun ainsi que la place des arguments scientifiques dans le processus démocratique, le rendent mal adapté pour faire face aux menaces mondiales.

Par conséquent, nous ne pouvons pas simplement espérer qu’un changement dans la composition des gouvernements résoudrait le problème. Nous devons améliorer notre processus décisionnel.
Cette conclusion fait écho à un rapport de la Rockefeller Foundation-Lancet Commission qui souligne que :
« les systèmes actuels de gouvernance et d’organisation des connaissances humaines sont inadéquats pour faire face aux menaces qui pèsent sur la santé planétaire. »
En nous référant au modus vivendi de Hobbes, qui visait à assurer des arrangements entre les membres malgré leurs différences d’intérêts, de croyances et de valeurs, nous proposons de travailler à une définition minimale de ce qu’est le bien commun et de comment y parvenir. Ce modus vivendi devrait reposer sur au moins deux arguments.
Premièrement, répondre efficacement aux menaces mondiales implique de convaincre et de fédérer le plus grand nombre, quelles que soient leurs orientations ou préférences religieuses, politiques ou sociales. Ainsi, nous proposons que la survie de l’espèce humaine ainsi que la préservation de sa santé soient considérées comme des priorités éthiques consensuelles de gouvernance et incarnent le bien commun.

La survie et la santé humaines sont des objectifs dignes et justes, capables de convaincre le plus grand nombre puisqu’ils sont des préalables à tout autre besoin ou désir. De plus, les concepts One Health, Planetary Health et EcoHealth, qui constituent le socle conceptuel des agences internationales de santé publique, reconnaissent que la santé humaine est étroitement dépendante de la santé animale et de celle des écosystèmes.

Deuxièmement, et en lien avec le premier argument, l’avis scientifique ne doit plus être considéré comme une opinion parmi d’autres. La science est faillible et ne produit pas de vérités absolues, mais c’est notre méthode la plus fiable pour comprendre les phénomènes naturels et produire des connaissances universelles comme base consensuelle pour les décisions mondiales.
______
Par Eric Muraille, Biologiste, Immunologiste. Directeur de recherches au FNRS, Université Libre de Bruxelles (ULB) ; Julien Pillot, Enseignant-Chercheur en Economie (Inseec) / Pr. associé (U. Paris Saclay) / Chercheur associé (CNRS), INSEEC Grande École et Philippe Naccache, Professeur Associé, INSEEC Grande École.( la Tribune)

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