Les limites du » fabriqué en France »
La vulnérabilité d’une économie basée sur des chaînes de valeurs largement délocalisées dans les pays à bas-coûts apparaît clairement. Le temps est donc venu de revenir vers une production plus territorialisée, gage de meilleure qualité et réponse aux enjeux éthiques et climatiques qu’aucune économie moderne n’a plus le droit d’ignorer. Par Pierre Goguet, président de CCI France. ( dans l’Opinion) extrait)
Les consommateurs deviennent plus exigeants en matière de qualité et d’origine, en témoigne le succès des labels « bio » et des « circuits courts ». Les entreprises ont compris l’intérêt de valoriser leur savoir-faire et leur ancrage territorial. Elles étaient ainsi 2.300 à candidater cette année pour voir leur produit retenu à l’exposition du « Fabriqué en France » organisée au palais de l’Élysée début juillet. Au-delà de cette prestigieuse vitrine, nos entreprises ont à leur disposition des outils qui leur permettent d’afficher l’origine France de leurs produits. Il peut s’agir du marquage d’origine, comme les « Made in France » ou « Fabriqué en France », de l’utilisation d’une Indication Géographique ou encore d’un label plus exigeant, comme « Origine France Garantie ».
Ainsi, le « Fabriqué en France » continue de profiter de l’appétence des consommateurs pour des produits de proximité. Les enquêtes d’opinion sont concordantes sur ce point : en France, l’achat local est en passe de devenir un acte citoyen, un choix justifié par des raisons économiques autant qu’écologiques. Mais le « Fabriqué en France » comporte un risque : celui de tomber dans le piège de l’entre-soi. Derrière les notions de tradition, qualité et patrimoine, nous voyons se profiler l’image d’une économie nationale auto-suffisante et déconnectée des enjeux mondiaux. Pour les CCI, il ne doit pas s’apparenter à un retour nostalgique vers le passé ni à une revendication de souverainisme déplacée.
Le « Fabriqué en France » doit s’élargir pour prendre en compte toutes les entreprises innovantes qui sont l’avenir de notre industrie et de notre jeunesse. Donnons à celles-ci les moyens de produire en France tout en sauvegardant leur compétitivité. Ce n’est pas chose facile tant les écarts de coûts de production restent importants entre notre pays et les pays émergents. Mais cet écart se comble grâce à une diminution des charges fiscales conjuguée à un renchérissement du coût du transport, sans oublier tous les coûts cachés liés aux délais, à la non-qualité ou encore au non-respect de normes sociales ou environnementales par un sous-traitant lointain.
Grâce au Plan de relance national, nos entreprises industrielles peuvent aujourd’hui investir massivement dans la modernisation de leur outil de production qui passe par une transition vers le numérique et le bas-carbone. Pour certaines d’entre elles, cela implique une relocalisation de leur activité. Pour d’autres, il s’agit d’investir pour redévelopper une production dans les territoires. Pour renforcer notre résilience nationale, le plan France Relance mise sur la relocalisation d’industries mais surtout sur l’innovation et le renouvellement de notre appareil productif. Aujourd’hui il s’agit bien de construire une « autonomie stratégique innovante », articulée à l’échelle européenne et qui doit être ouverte sur le monde. J’en suis convaincu : le Fabriqué en France est un atout fort pour nos entreprises qui souhaitent développer leur chiffre d’affaires à l’international. Elles peuvent compter sur la Team France Export pour les accompagner dans leurs démarches.
Réciprocité dans les règles d’accès aux marchés publics
Le « Fabriqué en France » doit s’intégrer dans le « Fabriqué en Europe ». En effet, nous devons renforcer la résilience du marché unique en rendant visible la qualité des productions de l’industrie française au niveau européen et mondial. À ce titre, une ouverture récente reste également à concrétiser : celle de la réciprocité dans les règles d’accès aux marchés publics européens. C’est un enjeu essentiel pour la plupart de nos PME de nos territoires dont la commande publique, nationale ou européenne, représente un levier de croissance important. L’appartenance à l’Europe nécessite un partage de cette posture par l’ensemble des pays membres.
Au même titre que l’achat français devient un acte civique pour nos concitoyens, l’achat européen doit devenir un geste politique pour alimenter la croissance de nos entreprises et leur permettre de se confronter aux champions internationaux. L’ouverture sur le monde peut se faire en revendiquant une « préférence pour l’Europe », bénéfique aux entrepreneurs qui font le choix du « Fabriqué en France ».
Comment savoir que si c’est fabriqué en France ? Impossible
Comment savoir que si c’est fabriqué en France ? Impossible
Un grand média indique Comment on peut s’assurer qu’on achète un produit vraiment français. Et de citer « Origine France Garantie » « le label le plus connu, mais aussi le plus fiable ». « Et pour cause, c’est celui qui possède le cahier des charges le plus rigoureux ». « Les produits doivent satisfaire à deux critères simples : être totalement fabriqués en France, et qu’au moins 50% de la valeur des composants du produit doit être acquise en France », précise le créateur du label, Yves Jégo, samedi matin sur Europe 1. « Ce label s’applique à toutes sortes de produits : des voitures, des produits alimentaires, un train, etc », explique-t-il. « On a 600 entreprises qui ont déjà fait la démarche pour obtenir le label. Quelque 3.000 gammes de produits sont aujourd’hui garanties. » D’abord il y a ce concept « fabriquer en France » qui peut se limiter à la phase de seul montage même réduit à sa plus simple expression. Ensuite et surtout le fait d’acheter des composants dont 50 % de la valeur doit être acquise en France ne prouvent rien. En effet ces produits auront pu au moins en partie être eux-mêmes importés de l’étranger puis transformés ou montés en France. Les autres appellations «Made in France », « Fabriqué en France », « Produit Français »… n’ont guère davantage de sens. Un seul exemple celui de la motoculture fabriquée en France mais avec des moteurs et autres composants asiatiques notamment chinois. Finalement un peu comme les maillots de l’équipe de France où là on atteint le summum de l’escroquerie financière quand les maillots sont vendus autour de 100 € alors qu’ils ont été fabriqués en Thaïlande pour trois euros.