Economie France: Trop de dépendance extérieure
Le retour à une production sur le territoire national rendrait possible une croissance sans contrainte extérieure, rappelle l’économiste Gérard Fonouni dans une tribune au « Monde ».
Tribune.
L’activité économique semble repartie en France grâce à la relance économique et à l’intervention de l’Etat durant la crise sanitaire. Le produit intérieur brut (PIB), après – 8 % en 2020, a rebondi à 7 % en 2021 et pourrait se stabiliser à 3,2 % à la mi-2022, selon l’Insee, ce qui est un très bon signe pour notre économie. Le taux de marge des entreprises non financières s’est élevé à 34,2 % en 2021. Ce taux inédit et très encourageant pourrait être bénéfique pour la croissance économique et pour l’emploi, à condition qu’il s’accompagne d’une hausse généralisée des salaires.
La consommation des ménages reste dynamique sur cette même période. Ces divers facteurs laissent espérer une progression de l’investissement privé et une réduction du chômage pour 2022. Quant aux prix, leur augmentation fait craindre le retour de l’inflation. Le taux d’inflation pourrait dépasser le seuil de 3 % en 2022 et amoindrir la compétitivité de l’économie française. En effet, les comptes extérieurs ne se redressent pas ; bien au contraire, ils se dégradent. Le déficit de la balance commerciale a atteint 84,7 milliards d’euros en 2021. Les exportations ne parviennent toujours pas à couvrir les importations malgré toutes les aides sociales et fiscales accordées aux entreprises par les pouvoirs publics durant la crise du Covid-19.
Ce déficit commercial traduit la mauvaise performance de notre économie par rapport à la concurrence étrangère. Il s’explique par la forte progression du coût des importations inhérente à la hausse du prix du pétrole et des matières premières. Il s’explique aussi par l’accroissement des importations des produits d’équipement, métallurgiques et manufacturés, lié à la reprise économique mondiale. Cette dégradation est paradoxale. Elle est à la fois une bonne nouvelle, traduisant une demande intérieure en hausse grâce à la consommation malgré un retour de l’inflation. Et une mauvaise nouvelle, soulignant, à l’intérieur du pays, la quasi-inexistence de l’industrie dans le secteur des biens d’équipement.
En effet, la théorie des avantages comparatifs, fondée sur la doctrine du libre-échange, a poussé l’économie française à se spécialiser dans les productions les plus rentables et à importer celles qui le sont moins. Ce choix stratégique industriel a rendu notre système économique fortement dépendant à l’égard de nombreux produits fabriqués à l’étranger, notamment en Chine, alors qu’il avait tout le potentiel pour les produire sur le territoire.