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Black bloc : la nouvelle expression de l’extrémisme

Black bloc : la nouvelle expression de l’extrémisme

 

La composition sociale du black bloc est en mutation, dit dans une tribune au « Monde » l’historien spécialiste de l’anarchisme et de l’extrême gauche Sylvain Boulouque. Plus précaires, plus nihilistes, les nouveaux profils reflètent la crise sociale et l’augmentation des violences policières.

Tribune. 

 

Contrairement à ce qui est généralement affirmé, le black bloc n’est pas un mouvement politique, mais une pratique manifestante, apparue d’abord dans la mouvance autonome allemande et qui s’est depuis développée dans la gauche émeutière européenne. L’un des premiers Schwarzer Blocks est apparu à Frankfurt, le 1er mai 1980. Il s’agissait d’un groupe anarchiste manifestant le visage découvert.

L’expression est ensuite reprise par la police allemande pour désigner les autonomes tentant d’empêcher les expulsions des squats. Elle connaît une réappropriation positive dans les années 1990 et se dessine sous sa forme actuelle. Le black bloc est aujourd’hui une pratique manifestante internationale qui se retrouve aussi bien à Hongkong, à Barcelone, à Santiago…

Les émeutiers ne se revendiquent pas forcément de cette mouvance. Cette pratique prend une tonalité particulière en France parce qu’elle s’inscrit dans la continuité de deux siècles d’émeutes urbaines depuis la Révolution française. En France, actuellement, de l’observation du phénomène black bloc, quelques constantes se dégagent.

Une force capable de défier l’Etat

Le bloc se constitue en avant ou dans le cortège au début ou au cours des manifestations. Pour se développer, il doit bénéficier d’un effet de surprise, d’un terrain et d’un milieu favorables. Le bloc se forme au sein d’une foule plutôt bienveillante, parfois appelée, en fonction de sa place dans la manifestation, « cortège de tête ». Il lui sert de zone de protection et de refuge. Ses participants s’habillent de noir pour rester dans l’anonymat et éviter toute personnalisation, par refus du principe du chef et parfois même par romantisme révolutionnaire.

Les émeutiers se pensent et se constituent comme une force capable de défier l’Etat. Ses membres affirment une forme de désobéissance civile. Ils rejettent les manifestations imposées par les pouvoirs publics et s’inscrivent dans une logique révolutionnaire visant à rompre avec les pratiques dites réformistes des manifestations pacifiques. Le recours à la violence est une de ses expressions possibles. Il est l’affaire de choix individuels ; tous les manifestants physiquement présents au sein du bloc ne participent pas à l’émeute ou à des actions violentes, mais se montrent solidaires ou refusent de condamner les choix des autres.

Force est de constater que les actions du black bloc ne sont médiatisées que lorsque certains de ses participants ont recours à la violence. Ainsi, peu de commentateurs ont fait état de l’existence d’un « pink bloc » lors de la manifestation féministe du 23 novembre 2019 à Paris ; personne, ou presque, n’a relevé qu’à Hambourg, le 6 décembre dernier, un black bloc de plus de 3 000 personnes a manifesté pacifiquement pour afficher sa solidarité avec cinq manifestants incarcérés lors de précédentes manifestations pour des actions violentes.

 

Gilets jaunes : surtout l’expression d’un sentiment d’injustice (Louis Maurin)

Gilets jaunes : surtout l’expression d’un sentiment d’injustice (Louis Maurin)

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Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités, observe que « des extrémistes figurent parmi les manifestants » mais appelle à « ne pas généraliser », et revient dans le Monde  sur les racines du mouvement.

 

 

Parvient-on à mieux définir le profil des « gilets jaunes » après cette mobilisation ?

C’est une coalition spontanée et hétéroclite de mécontents issus des catégories populaires et des classes moyennes. Ils n’ont pas l’habitude de se mobiliser. Ce ne sont pas les Français les plus pauvres – ceux-là n’ont même pas de voiture et ont d’autres problèmes –, mais ceux qui ont à la fois besoin de leur voiture et de faibles moyens, et qui ne se sentent pas pris en compte par les politiques publiques. Il ne s’agit pas de la France périphérique. Ce discours, surmédiatisé, est un raccourci. Pour un cadre vivant en banlieue, la hausse du prix de l’essence ne sera pas un problème majeur, par exemple. Bien sûr, celui qui vit à la campagne et doit faire 50 kilomètres par jour sera davantage touché. Mais, ce qui compte, c’est l’appartenance sociale, qu’on confond trop souvent avec la question territoriale.

Depuis dix ans, le niveau de vie de ces hommes et ces femmes stagne, car ils ont de faibles revenus mais ne bénéficient ni des baisses d’impôts ni des réformes sociales fixées sous condition de ressources. Il ne faut pas tomber dans le misérabilisme, mais, pour eux, les temps ont changé. A titre d’exemple, 80 % des enfants défavorisés vivent en dehors des territoires d’éducation prioritaire. Or ils sont pris dans un défaut d’investissement. C’est très bien d’aider les zones les plus pauvres, mais qu’advient-il pour ces classes moyennes ?

Le bilan humain des manifestations de samedi est très lourd : un mort et 511 blessés. Comment l’expliquez-vous ?

D’habitude, les manifestants dialoguent et s’organisent en amont avec les forces de sécurité. Ce n’était pas le cas ici. En l’absence de structuration du mouvement, les puissances publiques n’avaient pas d’interlocuteur.

Il faut aussi prendre en considération le mépris du pouvoir pour les corps intermédiaires, et les syndicats en particulier. Quand ils ne sont plus là pour organiser les manifestations et faire des compromis, cela débouche sur des violences plus fortes. Rappelez-vous les émeutes [dans les banlieues] en 2005 : elles n’étaient pas non plus organisées par des structures d’action collective.

Les réactions sont aussi à la hauteur de l’exaspération. Ce n’est pas propre à la France. Nous traversons une période de crise où les plus riches continuent de s’enrichir, ce qui alimente un ressentiment très fort. Mais attention, les violences de samedi n’ont rien à voir avec celles de 2005.

Lorsqu’il y a eu des dérapages, les altercations n’ont pas eu lieu entre « gilets jaunes » et forces de l’ordre, mais entre manifestants et conducteurs dont la voiture était bloquée. Ce face-à-face est-il inédit ?

Oui. D’habitude, c’est une organisation qui affronte un pouvoir. Là, les altercations ont eu lieu entre des gens bloqués sur la route et des personnes qui n’ont pas l’habitude de manifester. Des énervés ont réagi en s’en prenant aux « gilets jaunes » et, parallèlement, certains manifestants ne se sont pas contentés de bloquer les routes. On sait que des extrémistes figurent parmi les manifestants. Cela finit par faire beaucoup de cas problématiques, mais attention à ne pas réduire les « gilets jaunes » à un mouvement extrémiste. Il s’agit d’une petite minorité au sein d’une coalition de personnes de milieux sociaux et d’opinions parfois très différents.

Ces violences sont-elles liées à la sensibilité politique de certains « gilets jaunes », sympathisants de Marine Le Pen ?

Oui. A l’extrême droite comme à l’extrême gauche, plus l’exaspération et la haine sont fortes, plus on se rapproche de la violence physique. Mais il ne faut pas généraliser. La question c’est : y a-t-il une coupure entre la France diplômée, qui vit bien, et la France peu ou pas diplômée, qui a l’impression d’être déconsidérée ? Cette France-là vote de plus en plus pour les extrêmes, et a recours à des méthodes de plus en plus musclées. C’est d’ailleurs pour cela qu’on avait fondé l’Observatoire des inégalités en 2003, non pas pour justifier mais pour comprendre.

Les revendications des « gilets jaunes » ayant manifesté samedi dépassent largement la protestation contre la hausse du prix des carburants. Quelle colère exprime ce mouvement ?

Un très grand sentiment d’injustice. Ils ont l’impression qu’on leur demande encore un effort alors que les plus riches bénéficient, dans le même temps, de cadeaux fiscaux. Pour rappel, le plan pauvreté représente 2 milliards d’euros et concerne plusieurs millions de Français, alors que la baisse d’impôts octroyée aux plus aisés coûte la somme colossale de 5 milliards d’euros, et ne concerne que quelques centaines de milliers de personnes.

Ce deux poids, deux mesures nourrit les tensions sociales et rend difficile la lecture des politiques publiques, dont les « gilets jaunes » ne voient ni le sens ni la contrepartie. Beaucoup ont l’impression d’être gouvernés par une élite technocratique très éloignée de leurs besoins quotidiens. Parmi les manifestants, certains avaient voté Macron, dans une forme de dégagisme d’extrême centre, en tablant sur le pragmatisme. Cet espoir a entraîné encore plus de désillusion, car ils ne voient pas le résultat.

A cela s’ajoute une forme de mépris social à leur égard, qu’on retrouve dans les médias et la classe politique quand on parle des « gars qui fument des clopes et roulent au diesel » [un propos du porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux], ou de la « France moche » dans Télérama [un article de l’hebdomadaire sur les zones périurbaines]. Ce décalage culturel entre ces deux France, dont le mode de vie est très différent, rejaillit aujourd’hui.

Faute de représentants, le mouvement est-il condamné à terme ?

Un mouvement sans structure ni organisation aura en effet du mal à perdurer. De plus, les intérêts très divergents des « gilets jaunes » rendent difficile cette structuration. Des partis politiques vont-ils récupérer ce mécontentement ? La grande crainte, s’il n’y a pas de tournant social, c’est que cela se termine par une coalition entre Les Républicains et le Rassemblement national. Le pouvoir ferait une grave erreur en pensant que ce mouvement n’a pas d’effet, ou s’il parlait d’échec, car des gens se sont socialisés autour d’un sentiment de ras-le-bol. Mais il faut rester prudent sur la suite. C’est un mouvement encore en germe, qui demande du temps et du recul pour en prendre toute la mesure.

La pétition Loi travail à I million : nouvelle forme d’expression politique (Albert Ogien)

La pétition Loi travail à I million : nouvelle forme d’expression politique (‘Albert Ogien)

 

,Le sociologue Albert Ogien explique dans 20 minutes les raisons du succès de la pétition contre la loi travail.

ALBERT OGIEN. Il y a une part de mystère dans ces réactions politiques affectives par lesquelles, tout à coup, un million de gens sont prêts à cliquer pour la même chose. Il y a évidemment des circonstances politiques, un ras-le-bol qui s’exprime et une sensibilité sur la question du droit du travail. Je constate aussi une sorte d’effet Téléthon avec la pétition en ligne : plus le nombre de signatures augmente, plus il s’agit de battre un record. Il est difficile de savoir de quelle manière ce phénomène — qui est très nouveau — influence l’opinion. En tout cas, il attise le débat.

Ces mobilisations virtuelles vont-elles se traduire dans la rue ?
On le verra mercredi ! Après les révolutions égyptienne et tunisienne, on s’est demandé si on avait assisté à des révolutions Facebook, mais on ne renverse pas un gouvernement virtuellement. Il faut à un moment que les corps descendent dans la rue. Dans le mouvement Occupy Wall Street, les appels à manifester contre la finance se sont multipliés de la part de militants et ne rassemblaient qu’une poignée d’activistes, jusqu’au jour où, sans explication, 70 000 personnes se sont retrouvées sur la place.

Est-ce que les syndicats ou les mouvements étudiants peuvent en tirer parti ?

La tendance est plutôt d’agir en dehors des partis et des syndicats. Sur le projet de loi El Khomri, ce sont d’authentiques activistes, comme Caroline de Haas, qui lancent des appels mais sans passer par des organisations traditionnelles. Et c’est ce qui marche. La journée du 9 mars sera un test pour mesurer le degré d’exaspération des étudiants.

 

Sondage : 49% des Français pour limiter la liberté d’expression

Sondage : 49% des Français pour limiter la liberté d’expression

50% des personnes interrogées se déclarent favorables à « une limitation de la liberté d’expression sur internet et les réseaux sociaux » contre 49% qui n’y sont pas favorables et 1% sans opinion.  Plus de quatre Français sur dix (42%) estiment qu’il faut éviter de publier des caricatures du prophète Mahomet, et près de la moitié (49%) ne sont pas favorables à une limitation de la liberté d’expression sur internet, selon un sondage Ifop publié dans le Journal du Dimanche. A une question rappelant que « certains musulmans se sentent blessés ou agressés par la publication de caricatures du prophète Mahomet », 57% répondent qu’il faut « ne pas tenir compte de ces réactions et continuer de publier ce type de caricatures » contre 42% qui pensent qu’il « faut tenir compte de ces réactions et éviter de publier ce type de caricatures » (1% sans opinion). 81% des sondés sont favorables à « la déchéance de nationalité française pour les binationaux (personnes ayant une double nationalité) condamnés pour des actes de terrorisme sur le sol français », 68% à « l’interdiction du retour en France de citoyens français que l’on soupçonne d’être allés se battre dans des pays ou régions contrôlés par des groupes terroristes », et également 68% à « l’interdiction de sortie du territoire aux citoyens français soupçonnés de vouloir se rendre dans des pays ou régions contrôlés par des groupes terroristes ». En revanche, 57% ne sont pas favorables à « d’autres interventions militaires françaises en Syrie, au Yémen ou en Libye », et 63% ne sont pas non plus pour « une intensification des opérations militaires françaises en Irak ».( sondage JDD)




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