Total victime de son exhibitionnisme financier
D’une certaine manière Total est victime de son exhibitionnisme financier. En effet, comment comprendre que le groupe puisse afficher avec force battages médiatiques un résultat positif de 10 milliards sur six mois et en même temps attendre pour mettre en place des discussions sur les salaires.Plus globalement, un résultat qui repose la question du partage entre actionnaires, salariés et investissements
Comme d’habitude les experts proches de Total soutiendront que ces 10 milliards sont le résultat de l’ensemble du groupe à l’échelle mondiale mais on notera que les salariés de Total à l’étranger ne sont pas mieux traités que ceux de France en moyenne.
Il n’est donc pas étonnant que face à ce bénéfice surtout dû à la spéculation sur les cours du pétrole, les syndicats réclament leur part du gâteau. Le problème évidemment c’est que les grèves dans ce secteur stratégique sont particulièrement pénalisantes pour nombre de salariés contraints d’utiliser leur voiture pour se rendre à leur travail.
L’État dans ce contexte porte une certaine responsabilité du blocage. En effet jusque-là le gouvernement s’est opposé- contrairement à d’autres pays- à une imposition des supers bénéfices ; il n’a pas non plus favorisé et incité la reprise de négociations entre les partenaires sociaux. Au contraire, il a plutôt contrarié ces partenaires avec les projets de réforme un peu bâclé concernant la retraite.
Jusque-là Total renvoyé les discussions sur les salaires jusqu’en novembre. Mais compte tenu des blocages et de l’intervention un peu tardive du gouvernement les négociations pourraient commencer assez rapidement.
« Si on entame des négociations, ce sera sur la base de nos revendications : on demande 10% d’augmentation sur les salaires », et que ce soit « appliqué au 1er janvier et rétroactif sur l’année 2022 », Indique la CGT. De son côté, la direction rappelait jusqu’ici qu’elle avait octroyé des mesures salariales représentant une augmentation moyenne de 3,5% en 2022.
Les blocages des grévistes entraînent une baisse des livraisons de carburant, les stations-service sont donc plus souvent en rupture de stocks d’essence ou de diesel. TotalEnergies gère près du tiers des stations françaises. Mais le groupe met aussi les perturbations sur le compte du succès de la remise à la pompe de 20 centimes qu’il accorde depuis le 1er septembre, en sus de la ristourne de l’Etat de 30 centimes.