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Tarif plancher dans l’agriculture : s’inspirer des transports

Tarif plancher dans l’agriculture : s’inspirer des transports

 

 

Pendant longtemps le secteur des transports routiers a été soumis à une réglementation imposant des tarifs obligatoires. L’objectif était comme de l’agriculture de rééquilibrer les rapports de force entre les clients (donneurs d’ordre) et un monde routier beaucoup plus éclaté. La suppression de la tarification obligatoire a fait l’objet de nombreuses protestations pendant assez longtemps et a même divisé les organisations professionnelles.

 

 

La solution trouvée pourrait largement inspirer le monde agricole. En définitive une institution  professionnelle  regroupant administration, routiers et clients au sein d’un organisme technique appelé le comité national routier a mis au point deux outils essentiel. D’abord un indicateur d’évolution des coûts. Ensuite, un tarif de référence qui s’appuie évidemment sur les coûts mais qui constitue un outil pédagogique pour permettre aux acteurs économiques, chargeurs et opérateurs routiers, de négocier avec pertinence les contrats de transports. La mise au point de contrats types à caractère supplétif a apporté aussi une contribution pour mieux structurer les contrats. Parallèlement, s’est engagé dans la profession un travail de structuration d’un secteur particulièrement éclaté avec des  plus petits souvent réduits à un rôle de tractionnaires mal rémunérés;  bref ,des sortes de salariés patrons comme aujourd’hui chez Uber. Compte tenu de la dépendance de ces artisans vis-à-vis de leurs clients, on a aussi requalifié les contrats. Ainsi progressivement le secteur s’est musclé économiquement et socialement. Beaucoup de tractionnaires supposés indépendants ont disparu. On a aussi assisté à de nombreux regroupements notamment de PME et de petites entreprises. Le transport a aussi est élargi sa palette d’activités pour se répandre dans des activités logistiques (stockage et gestion des stocks par exemple) beaucoup plus lucratives. Bien sûr tout n’est pas rose pour autant dans le secteur du transport routier de marchandises très fortement concurrencé  en international et même en trafic national par des pavillons étrangers souvent de complaisance. Globalement cependant le taux de rentabilité moyen à progresser dans le secteur. On a aussi été capable de rationaliser les relations entre clients et transporteurs notamment en recherchant en commun des gains de productivité à partager. Progressivement l’Europe a aussi intégré la régulation à la française Bien sûr la situation du transport n’est pas transposable totalement à l’agriculture mais chacun a su faire un effort d’analyse et de prospective quand l’agriculture en est encore au stade de la confusion totale entre indicateurs et tarification.

 

Gaston Bessay, Expert consultant international, ancien vice-président du Conseil national des transports

Développement : le Maroc un exemple à suivre ?

Développement économique: le Maroc un exemple à suivre ?

En matière de diplomatie, le Maroc se fait souvent assez discret. Ses dirigeants ne font pas parti des grandes gueules internationales qui veulent réguler le monde mais se montrent incapables de moderniser leur pays. Le Maroc fait sans doute parti des exceptions car il développe à la fois une politique économique dynamique, une politique sociale plus substantielle et plus égalitaire et des infrastructures conséquentes pour aider le développement notamment en matière de transport. Certains objecteront à juste titre que dans le domaine démocratique des avancées sont à enregistrer mais il faut aussi prendre en compte que ce pays est la cible de séismes islamistes qui ne peuvent être gérés à la mode libérale des pays développés. NDLR

Le FMI a publié un rapport mettant en évidence la stabilité macroéconomique, la résilience institutionnelle et le cadre réglementaire avancé du Maroc. L’étude montre également la remarquable capacité du royaume à attirer les investissements directs étrangers (IDE), notamment dans l’industrie manufacturière à moyenne et haute technologie (automobile, aéronautique, électronique). Ces résultats ont été obtenus grâce aux investissements significatifs consentis dans les infrastructures, dont les exemples les plus emblématiques sont le mégaport de Tanger Med, et la ligne à grande vitesse (LGV) reliant Tanger à Casablanca. C’est aussi le résultat d’une politique industrielle incarnée par le Plan d’accélération industrielle lancé en 2014. Les infrastructures routières, ferroviaires et portuaires du pays sont au même niveau de qualité que dans l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), selon l’institution basée à Washington.

Alexandre Kateb
Maître de conférence en économie, Sciences Po

Nonobstant ces acquis indéniables, auxquels on peut ajouter une hausse continue du développement humain (xxx) depuis 1990, l’économie marocaine connaît un ralentissement marqué de sa croissance depuis près d’une décennie. Cette dernière est en effet passée de 5 % en moyenne entre 2000 et 2009 à 3,5 % en moyenne entre 2010 et 2019.

Ce ralentissement de la croissance économique s’est accompagné d’une baisse du contenu en emploi de la croissance, pratiquement divisée par trois, ainsi que d’une hausse concomitante du chômage des jeunes et d’un recul de la participation au travail, notamment celle des jeunes femmes âgées de 20 ans et plus.

Comme beaucoup d’autres pays émergents, le Maroc est confronté au « piège du revenu intermédiaire ». Ce concept élaboré par la Banque mondiale se fonde sur un constat empirique : seule une poignée de pays à revenu intermédiaire en 1960 ont réussi à atteindre le statut d’économie avancée en 2010. Si l’on excepte les pétromonarchies du Golfe, dont l’ascension est liée à la rente des hydrocarbures, le constat est encore plus sévère. Parmi les pays qualifiés en « première ligue économique », on trouve les bien connus « tigres et dragons » asiatiques, ainsi qu’une poignée seulement de pays situés hors d’Asie.

Selon le rapport de la Commission spéciale modèle de développement (CSMD), le Maroc ne valorise pas suffisamment son capital humain, dans un contexte de faible transformation structurelle. Le secteur agricole emploie encore un tiers de la population active et l’emploi informel représente 70 % à 80 % de l’emploi total. Le rapport précité du FMI pointe également le problème des inégalités de genre, notamment dans l’accès à l’emploi, comme la cause principale du ralentissement de la croissance.

En 2020, en pleine épidémie de Covid-19, le roi Mohammed VI a annoncé un ensemble de politiques destinées à sortir du piège du revenu intermédiaire. Ce nouveau programme de réformes inclut un plan d’envergure pour généraliser la protection sociale et une réforme de l’État actionnaire, à travers la rationalisation des entreprises publiques existantes, et le lancement d’un Fonds stratégique destiné à investir dans les entreprises privées à fort potentiel de croissance.

Le plan d’universalisation de la protection sociale, votée en avril 2021, a été mis en œuvre par étape : tout d’abord à travers l’extension à tous les Marocains –, quel que soit leur statut social ou professionnel – de l’assurance maladie obligatoire (AMO) qui était réservée jusque-là aux salariés. Seconde étape : la mise en œuvre d’un programme ambitieux d’aides sociales directes ciblant 60 % des ménages non couverts par un régime de protection sociale.

Ces aides comprennent une allocation de subsistance avec un plancher mensuel de 500 dirhams (Dh) par ménage bénéficiaire, ainsi que des allocations supplémentaires pour les enfants, les handicapés et les personnes âgées. Au total, l’aide peut dépasser les 1000 Dh par mois, soit près d’un tiers du salaire minimum officiel.

Le financement de ces aides reposera à la fois sur la rationalisation des dispositifs d’aide existants, la mobilisation de ressources fiscales supplémentaires ainsi que la décompensation progressive des prix de certains produits de base encore subventionnés comme la farine de blé tendre, le sucre et le gaz de pétrole liquéfié (GPL).

Ces mesures, assimilables à un revenu minimum, visent à fournir un soutien immédiat au pouvoir d’achat des ménages pauvres et vulnérables. Ainsi, le programme cherche à briser la mécanique de la pauvreté et de l’exclusion à travers l’investissement dans le capital humain des enfants – la perception intégrale des aides est conditionnée à la scolarisation de ces derniers – et la libération des énergies individuelles – notamment celles des femmes non qualifiées, qui pourront prétendre à des emplois plus rémunérateurs que les emplois d’aide à la personne dans lesquels elles sont souvent cantonnées.

Ces aides directes devraient également soutenir la croissance économique dans les localités les plus pauvres du pays – en soutenant la demande des ménages – et favoriser la résorption de l’économie informelle.

Dans l’ère pré-Covid, pour sortir du piège du revenu intermédiaire, de nombreux pays – Maroc compris – avaient mis en œuvre une politique centrée sur l’offre, fondée sur des mesures d’inspiration libérale comme la dérégulation des marchés. Les bouleversements induits par la pandémie ont fait émerger au Maroc un nouveau paradigme en matière de politiques publiques, mettant davantage l’accent sur la complémentarité entre l’offre et la demande, entre l’État et le marché. Ce rééquilibrage peut désormais inspirer d’autres pays en développement en Afrique et ailleurs dans le monde.

France : excès de confiance naïve pour les nouveaux investisseurs

France : excès de confiance naïve pour les nouveaux investisseurs


En France, l’étude l’OCDE pourle compte de l’AMF montre un excès de confiance des nouveaux investisseurs à l’égard de leur niveau de connaissances en matière financière», écrit l’Autorité des marchés financiers (AMF) dans un communiqué. Une confiance qui confine à la naïveté et fragilise la rentabilité des placements. Exemple, l’intérêt particulier pour les cryptomonnaies.

Parmi les nouveaux investisseurs particuliers interrogés, 73% des 18-24 ans estiment avoir un niveau «élevé» de connaissances en matière financière, la proportion s’élève à 75% chez les 25-34 ans. Pourtant, interrogés «sur des notions simples comme les effets de l’inflation, la diversification ou le rapport risque/rendement», «plus de la moitié des plus jeunes n’ont répondu correctement qu’à deux questions sur six», rapporte l’AMF.

Menée sur un échantillon de 8000 personnes dont 2000 investisseurs particuliers, cette étude permet notamment de dresser le portrait-robot des nouveaux investisseurs particuliers français. Il ressort que la moitié des néophytes interrogés se sont lancés dans l’investissement au début de la pandémie de Covid-19 en 2020. Au sein de ce public majoritairement masculin (64%) et plutôt jeune (56% ont moins de 35 ans), la moitié a investi dans les cryptomonnaies.

Pour 73% des sondés, «gagner beaucoup d’argent rapidement» est une priorité, mais paradoxalement, ils disent préférer les produits au risque et au rendement modérés (61%). «Leur perception du risque semble limitée», constate l’AMF.

Par ailleurs, les nouveaux investisseurs ont tendance à «accéder à l’information financière principalement par le biais de sources en ligne, y compris les réseaux sociaux». Ils sont aussi davantage à se tourner vers certaines entreprises, «telles que les entreprises de technologie américaines ou Tesla», cite l’étude, ainsi que certains types d’investissement, «tels que les fonds indiciels (Exchange Traded Funds ou ETF)».

L’Afrique, Futur exemple de Metropolisation !

L’Afrique, Futur exemple de Metropolisation !

Comment le développement urbain en Afrique peut-il réussir ? Nous aimerions proposer trois suggestions basées sur notre travail de recherche au MIT Senseable City Lab. Ainsi, les partenaires internationaux de l’Afrique devraient voir sa rapide urbanisation non pas comme un problème qu’ils devraient aider à résoudre, mais comme une opportunité de faire progresser l’urbanité elle-même. Par Carlo Ratti, Senseable City Lab du MIT dans la Tribune

Un article intéressant car il illustre bien la religion de la métropolitisation qui tue les territoires des pays développés et qui constituent souvent une question particulièrement difficile à gérer dans les pays pauvres. Dans les pays en développement, on ne saurait traiter simplement que de l’urbanisme organisé. Il faut aussi prendre en compte ces immenses ghettos souvent plus étendus que la ville elle-même où se cumulent les problèmes de santé, d’insécurité et de pauvreté tandis que la désertification des territoires conduit à renforcer le poids des importations et la vie chère en même temps NDLR

On a beaucoup parlé de la croissance vertigineuse des villes du monde, mais beaucoup ignorent à quoi elle ressemble réellement. Sous l’effet conjugué des naissances et de l’exode rural, la population urbaine mondiale s’enrichit de l’équivalent d’un nouveau Londres toutes les trois semaines. Mais cette croissance n’a pas lieu à Londres même, ni dans aucune des villes de l’Occident industriel dont la démographie est stagnante. Pendant des décennies, elle s’est produite en Chine, où le gouvernement a déplacé des centaines de millions de personnes des zones rurales vers des villes démesurées, mais cette tendance s’est finalement stabilisée.

Aujourd’hui, le centre de gravité urbain est l’Afrique, où près d’un milliard de citadins pourraient apparaître d’ici 2050. Pourtant, beaucoup trop d’architectes et d’urbanistes du Nord global sont déconnectés de cette réalité. Ceux qui s’engagent considèrent souvent l’Afrique à travers un prisme dépassé, privilégiant les « meilleures pratiques » du passé au lieu d’embrasser le rôle du continent dans la construction de l’avenir. Comment la communauté internationale peut-elle s’associer aux dirigeants et aux innovateurs urbains africains pour rendre les villes du continent, qui connaissent une croissance rapide, plus vivable, plus productive et plus durable ?

En effet, nous devrions considérer l’Afrique comme le prochain laboratoire urbain du monde, où la forme des villes – adaptées à la diversité du continent et à ses défis du XXIe siècle – est encore en train d’être élaborée. C’est l’esprit que Lesley Lokko apporte à la Biennale de Venise 2023 sur le thème de l’Afrique, dont le titre est « Le laboratoire du futur. » Cet événement, qui ouvrira le 20 mai, représente l’avant-garde de l’architecture africaine et que l’avant-garde de l’architecture en général.. L’expression « ville du futur » évoque normalement des métropoles riches et puissantes comme Singapour ou Séoul, mais en réalité, elle pourrait ressembler davantage à Nairobi et Lagos. Ces villes sont en première ligne de nos défis modernes – pauvreté, inégalité, changement climatique, migration massive, et plus encore – et c’est là qu’ils seront résolus.

Comment le développement urbain en Afrique peut-il réussir? Nous aimerions proposer trois suggestions basées sur notre travail de recherche au MIT Senseable City Lab.

Tout d’abord, nous devons abandonner les meilleures pratiques du passé. Le chemin de développement de la plupart des villes africaines ne ressemble ni à celui de Londres ni à celui de Pékin, et les pays riches doivent résister à la tendance néocoloniale qui consiste à pousser l’Afrique à se construire à son image. La dépendance à l’égard des meilleures pratiques ralentit le rythme de l’innovation, une erreur particulièrement coûteuse alors que les défis de notre époque évoluent avec une rapidité sans précédent. Nous devons adopter l’expérimentation, d’abord à la petite échelle. Des pratiques administratives comme la « ville de charte » de Paul Romer, adaptées à grande et petite échelle, peuvent permettre aux dirigeants urbains de tester de nouvelles façons de faire la ville.

Deuxièmement, pour gérer le rythme rapide du changement, les villes africaines peuvent profiter de la révolution numérique pour mesurer les interventions et les réponses. Les dirigeants municipaux en Afrique ne disposent souvent pas des infrastructures de collecte de données disponibles dans les régions plus riches, où le Big data et l’Internet des objets nous offrent des outils bon marché pour suivre la vie d’une ville et évaluer le succès de différentes politiques, ce qui nous permet de comprendre même les métropoles les plus complexes. Pourtant, les données citoyennes et la collecte de données mobiles peuvent permettre aux administrateurs municipaux de mesurer la pollution de l’air, le trafic, l’efficacité énergétique des bâtiments, et bien d’autres choses encore. L’analyse des données par l’IA pourrait éventuellement nous permettre de repérer des modèles que les yeux humains ne pourraient jamais voir, nous aidant ainsi à résoudre des problèmes apparemment insolubles.

Troisièmement, en dehors du domaine numérique, il existe de nombreuses opportunités pour les villes africaines d’expérimenter dans le domaine physique. Nous sommes à l’aube d’une révolution dans la construction abordable et durable, et – dans le contexte du changement climatique – les villes africaines pourraient en être les bénéficiaires principales. Les changements démographiques et les catastrophes naturelles rendent la construction de logements plus flexible et rapide une nécessité, mais les bâtiments préfabriqués actuels sont presque universellement (et à juste titre) associés à la mauvaise qualité. Les villes africaines et leurs partenaires pourraient utiliser les nouvelles avancées dans les techniques de construction modulaire et préfabriquée qui exploitent la conception assistée par ordinateur (CAO) et les matériaux légers et de haute qualité comme le bois lamellé-croisé (CLT). La combinaison de ces avancées permet de fabriquer en usine un bâtiment durable en pièces, puis de l’expédier sur un chantier de construction et de l’assembler en quelques jours. En outre, chaque tonne de CLT stocke 1,8 tonne de CO2, l’éliminant ainsi de l’atmosphère.

Ainsi, les partenaires internationaux de l’Afrique devraient voir sa rapide urbanisation non pas comme un problème qu’ils devraient aider à résoudre, mais comme une opportunité de faire progresser l’urbanité elle-même.

De nombreux économistes observent que les pays pauvres peuvent économiquement faire un « saute-mouton » (leapfrog) leurs voisins plus riches grâce à l’adaptation rapide de nouvelles technologies et techniques. La gestion des villes ne fait pas exception. Les métropoles africaines peuvent être les premières à s’adapter et à adopter, montrant ainsi la voie au monde entier.!!!

Sri Lanka : Un exemple de révolution silencieuse de la société civile

 

Sri Lanka : Un exemple de révolution silencieuse de la société civile

. Les protestations des derniers mois à Sri Lanka donnent à voir la structuration progressive d’une société civile mobilisée pour un changement démocratique radical. Par Anthony Goreau-Ponceaud, Université de Bordeaux et Delon Madavan, Université du Québec à Montréal (UQAM).

 

Le dernier membre du clan Rajapaksa à s’accrocher encore au pouvoir, Gotabaya, devait annoncer sa démission le mercredi 13 juillet. Chassé samedi du palais présidentiel par une foule de manifestants en colère, le président a pris la fuite sous la protection de l’armée et se trouve dorénavant en exil.

Il semble donc que les protestations de ces trois derniers mois ont eu raison d’un régime corrompu, autoritaire, discriminatoire et fortement militarisé. Au-delà d’un cri de colère contre une gestion accablante du pays débouchant sur des pénuries de carburant, de gaz, de pétrole, de médicaments et de nourriture, une inflation spectaculaire, et plus globalement la faillite économique et politique de l’île, ces protestations donnent à voir l’organisation et la structuration progressive d’une société civile sur laquelle il est important de revenir tant cette dernière pourrait permettre d’échapper au processus de bipolarisation de la vie politique à Sri Lanka et à son corollaire longtemps mortifère : la création d’identités prédatrices.

 

Cet élan de protestation apparaît comme le prolongement de la marche pacifique du 3 février 2021 qui permettait de relier en cinq jours Pottuvil à Polikandy, deux localités correspondant aux limites sud et nord du territoire traditionnellement occupé par les Tamouls et revendiqué en tant que tel par les organisations séparatistes. On compte parmi ces dernières les LTTE ou Tigres de Libération de l’Eelam Tamoul, mouvement luttant jusqu’en 2009 pour l’autodétermination des Tamouls dans une « patrie » tamoule composée des provinces unies du Nord et de l’Est, formant un État souverain indépendant appelé Tamil Eelam).

Un grand nombre de familles de victimes de la guerre civile – entre 80 000 et 100 000 victimes selon l’ONU, mais pour certains auteurs, le nombre de morts reste à évaluer - a organisé cette marche aux côtés d’associations de la société civile, des prêtres de différentes religions (christianisme, hindouisme, islam) et des politiciens tamouls. Cette marche dite « P2P », avait pour objectif d’alerter la communauté internationale.

En effet, les conditions de vie réservées aux populations tamoules et musulmanes de l’île se sont détériorées depuis la fin du conflit en 2009 dans un contexte d’escalade militaire, d’autoritarisme et de favoritisme concernant la population majoritaire de l’île, cinghalaise, principalement de confession bouddhiste.

Dès son arrivée au pouvoir en 2019, Gotabaya Rajapaksa s’est en effet engagé à renforcer la suprématie bouddhiste cinghalaise et à limiter le droit des minorités (ethniques, religieuses, sexuelles), sans pouvoir pour autant réussir à concrétiser les « perspectives de prospérité » promises dans son programme électoral.

Au lieu de cela, la baisse des revenus du tourisme due aux attaques du dimanche de Pâques 2019 - que les partisans de Gotabaya ont transformé en un discours anti-islamique a renforcé le sentiment majoritaire des bouddhistes cinghalais et projeté Gotabaya comme un sauveur national.

La mauvaise gestion de l’économie, avec des réductions d’impôts drastiques au profit des classes les plus aisées et une tentative désastreuse de passer à l’agriculture biologique du jour au lendemain, ont contribué à décrédibiliser la mince marge de manœuvre politique du président.

Une participation inédite

Après des décennies de violences et de méfiance mutuelle, la participation (évaluée de 50 000 à 70 000 personnes selon les sources) conjointe à cette marche de citoyens tamouls et musulmans est inédite.

Cet éveil des consciences s’est poursuivi et s’est massifié pour culminer en avril dernier à Galle Face Green, vaste espace public de Colombo, qui à partir du 9 s’est transformé en « Gota-go-gama » (gama signifiant « village », par extension, « Gotabaya doit quitter le village »), épicentre de la protestation contre le gouvernement de Gotabaya Rajapaksa, avec d’autres sites de protestation (de moindre envergure) qui ont essaimé dans de nombreuses villes du pays.

Ces manifestations, qui se sont multipliées depuis la fin février en réaction à la pire crise économique que le Sri Lanka ait connue en près de 75 ans d’indépendance, se sont progressivement transformées en un soulèvement national. La vague de protestation a pris de l’ampleur lorsque les résultats de la mauvaise gestion financière et économique du gouvernement sont devenus de plus en plus visibles, avec la disparition rapide des réserves de devises et des pénuries généralisées.

Les manifestations, qui se sont poursuivies pendant plus de trois mois, ont été principalement organisées par le grand public, y compris des enseignants, des étudiants, des médecins, des infirmières, des professionnels de l’informatique, des agriculteurs, des avocats, quelques officiers de police, des activistes des droits sociaux, des sportifs, des ingénieurs et des membres issus des minorités sexuelles : bref des membres de la classe moyenne, souvent celle-là même qui avait conduit par ses voix le clan Rajapaksa au pouvoir. Il s’agit en grande partie d’un mouvement dirigé par des jeunes, utilisant l’art et la culture de manière créative, abordant au quotidien les questions de justice économique et sociale, notamment la longue histoire des violations des droits de l’homme et de l’impunité à Sri Lanka

La communauté LGBTQ+ qui a longtemps été humiliée, ridiculisée et stigmatisée à Sri Lanka, a largement participé à ces protestations. Pour la première fois dans l’histoire de l’île cette communauté a même pu organiser, en lien avec ces protestations, la marche des fiertés.

Ces manifestants ont sacrifié leur confort, sont restés résolument apolitiques et ont gagné l’admiration d’un grand nombre de sympathisants, tant à Sri Lanka qu’à l’étranger, le tout relayé par les diasporas tamoule, cinghalaise et musulmane.

Progressivement, ce qui se joue à Sri Lanka, est désormais une lutte acharnée entre deux camps – le camp de Diyawannawa (du nom du vaste espace public qui fait face au Parlement), composé des 225 parlementaires et de leurs alliés issus des classes aisées, et le camp de Galle Face Green, composé de la lutte – ou Aragalaya - de gens ordinaires.

Cette lutte ne vise pas seulement le retrait de la famille Rajapaksa de la vie politique. Les manifestants de Galle Face Green exigent depuis plusieurs mois des enquêtes approfondies sur les allégations de corruption à grande échelle et de crimes politiques largement attribués à la famille au pouvoir et à ses associés.

Ils veulent aussi renouveler la classe politique dans son entièreté à commencer par l’éviction des 225 membres du Parlement comme le suggère certains slogans mobilisés au sein de Galle Face : pour en finir avec la Gotacratie.

L’histoire contemporaine de l’île est jalonnée de tels moments de désobéissance civile dont le plus illustre est le hartal (grève) de 1953 ayant conduit à la démission du Premier ministre et à la préservation des droits (en l’occurrence une subvention sur le riz).

Majoritairement pacifistes, les manifestations de Galle Face sont malgré tout émaillées de sursaut de violence : certaines des factions sont impliquées dans des réactions violentes contre les députés du gouvernement, voire même l’assassinat d’un député - Amarakeerthi Athukorala – et ont détruit leurs propriétés, un signe de l’effondrement social plus large de la légitimité de la classe dirigeante. Tout comme l’est l’occupation du palais et secrétariat présidentiels, une première dans l’histoire de Sri Lanka. Le régime a tout de même réagi avec une force écrasante : passages à tabac, arrestations massives, tirs. Si la réputation de répression politique des Rajapaksas avait auparavant dissuadé de nombreux manifestants, la colère croissante semble néanmoins cette fois avoir vaincu la peur.

Forte de nombreux relais médiatiques et d’un soutien depuis plusieurs mois, la mission de l’aragalaya est aussi d’apporter un changement systémique vers un mouvement démocratique de grande ampleur, dépassant les clivages ethniques, raciaux et de classe.

Dédié à la mise en place d’un nouvel ordre socio-politique et économique, le mouvement cherche à combiner constitutionnellement la démocratie avec l’état de droit et une économie qui garantirait un niveau minimum de subsistance à tous (et plus seulement à destination de la classe urbaine aisée).

Dès les premières années de la nation indépendante srilankaise, le pays a été marqué par une polarisation autour des questions ethniques et/ou religieuses. Le premier gouvernement, dirigé par le Premier ministre SWRD Bandaranaike (1956 à 1959) avait ainsi adopté le Sinhala Only Act qui fait du cinghalais l’unique langue officielle. Ses successeurs jusqu’à Gotabaya Rajapaksa, ont poursuivit cette idée de bâtir la nation sur des fondations d’abord nationalistes.

Le référentiel srilankais s’est peu à peu nourri de la démocratie parlementaire, du néolibéralisme et du clientélisme. Ce dernier a permis l’établissement d’une oligarchie (le clan Rajapaksa) qui s’est considérablement enrichie aux dépens du pays et de ses masses.

Cependant, il n’est pas certain que les partis d’opposition soient prêts à assumer la responsabilité de voir le Sri Lanka traverser la crise économique, étant donné que les créanciers internationaux (comme la Chine) sont certains d’imposer des conditions pour de nouveaux prêts qui obligeront cette classe moyenne mobilisée depuis des mois à faire des sacrifices douloureux. Ce qui aura pour corollaire de rendre impopulaire celui qui sera au pouvoir.

La situation est toutefois volatile. La paralysie politique pourrait entraîner un effondrement économique encore plus profond ou des troubles sociaux plus graves. Les autorités pourraient à leur tour utiliser les troubles pour justifier une répression violente et un rôle encore plus important de l’armée dans la gouvernance. Pour le moment, le mouvement aragalaya n’est ni homogène, ni unifié, ni doté d’une direction centrale distincte.

C’est d’ailleurs cette absence de forme du mouvement qui a permis à tant de groupes – étudiants, groupes affiliés à des partis politiques, syndicats, activistes de la société civile, artistes et familles – de se rassembler sous la bannière aragalaya. Mais cela signifie également que de nombreuses contradictions non résolues subsistent et pourraient être instrumentalisées : l’ancien meurt mais le nouveau ne peut pas naître.

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Par Anthony Goreau-Ponceaud, Géographe, enseignant-chercheur, UMR 5115 LAM, Institut Français de Pondichéry, Université de Bordeaux et Delon Madavan, Chercheur en géograp.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

 

Incidents au Stade de France: Un exemple de la sécurité et du chaos

Incidents au Stade de France: Un exemple de l’insécurité et du chaos 

 

 

Les graves incidents qui se sont passés au stade de France lors de la finale de la coupe d’Europe de football témoignent des carences complètes qu’on peut constater dans le pays en matière de prise en charge de la sécurité. Cette fois il s’agit d’un incident dans le cas d’une manifestation sportive internationale. Le problème c’est que le championnat français de football–par ailleurs d’un niveau assez lamentable par rapport aux pays voisins–a enregistré depuis le début de la saison des incidents du même ordre. La faute est à imputer évidemment au pouvoir politique autant qu’aux autorités qui gèrent le football en France.

Plus généralement l’absence de capacité des forces de l’ordre à gérer le chaos dans l’espace public est manifeste lors des protestations et autres incidents violents. Des incidents par ailleurs  systématiquement minimisés dans les médias afin de dissimuler  l’ampleur du phénomène et les responsabilités.

Concernant plus précisément le stade de France plusieurs phénomènes se sont cumulés. Il y a d’abord les conditions techniques de délivrance des billets qui facilitent la fraude. Ensuite l’encadrement général très insuffisant aussi bien des stadiers que les forces de police. Enfin ces 200 à 300 voyous de banlieue qui ont profité de la situation pour piller les spectateurs et ajouter au chaos général.

Il faudra sans doute autre chose que les promesses à D. pour rassurer sur sa capacité à gérer la sécurité montante dans le pays. Les coups de menton type Sarkozy ne sont plus suffisants pour masquer la dérive du désordre en France

Les témoignages accablent les dysfonctionnements dans l’organisation française.

. La France est depuis pointée du doigt pour les dysfonctionnements dans l’organisation de l’événement, notamment par les Britanniques.

Sans éclipser le 14e sacre européen du Real Madrid, la presse européenne a aussi eu des mots très durs sur les incidents lors de la rencontre, qui ont retardé le coup d’envoi du match de plus de 30 minutes et provoqué des tensions à l’extérieur.

Plus que sur la défaite de Liverpool (1-0), les médias britanniques ont insisté ce weekend sur les graves défaillances constatées. Le tabloïd The Sun est le plus virulent avec un titre en français: « Stade de Farce ».

Il publie également le témoignage de Marvin Matip, le frère du défenseur des Reds Joel Matip, qui a raconté avoir dû se réfugier dans un restaurant avec sa femme enceinte pour échapper aux lacrymogènes dispersés dans leur direction. Le Telegraph publie de son côté le récit accablant de Jason Burt, le chef de la rubrique football du journal.

« J’étais devant la porte Y quand j’ai été pris dans les gaz lacrymogènes utilisés sans discernement par la police anti-émeute française au Stade de France. Je parlais à des supporters qui attendaient tranquillement, certains depuis trois heures, quand ils ont atteint mon visage, me piquant les yeux, mes lèvres et ma langue. J’ai vu qu’on en dispersait. Je n’arrivais pas à y croire (…) c’était absolument honteux », a-t-il raconté dans un billet.

Soulignant les « goulots d’étranglement » vers lesquels étaient dirigés les supporters des Reds pourtant arrivés deux heures et demi avant le coup d’envoi et les contrôles « insupportablement lents », Burt estime que « c’est une honte que l’UEFA ait accusé les supporters d’être arrivés tardivement. C’est tout simplement faux. Ils ont essayé de lancer leur version. Maintenant, ils doivent s’excuser ».

Du côté espagnol, l’accent est surtout mis sur le 14e titre continental du Real Madrid et les performances de l’infranchissable gardien belge Thibaut Courtois. Mais les incidents de la soirée tiennent également une large place dans les journaux ibériques.

Alfredo Relano, président d’honneur du quotidien sportif As et voix respectée du football espagnol, se montre très sévère dans un éditorial, dénonçant Liverpool et « ses hordes de barbares sans ticket d’entrée » qui « ont créé un scandale sans nom aux portes du stade, qui aurait bien pu provoquer une catastrophe, même si tout est heureusement rentré dans l’ordre avec le retard du coup d’envoi. » « Ces faits ne peuvent par rester impunis », a-t-il ajouté.

« 

Une femme à Matignon en France ? Le mauvais exemple d’Édith Cresson

Une femme à Matignon en France ? Le mauvais exemple d’Édith Cresson 

 

Si la mixité en politique y compris au plus haut niveau s’impose,  par contre prendre l’exemple d’Édith cresson n’est sans doute pas le meilleur moyen de la promouvoir. En effet Mitterrand avait choisi cette responsable qui visiblement n’avait pas les épaules assez solides pour assumer la fonction surtout après un Michel Rocard qui lui, a obtenu des résultats très satisfaisants comme premier ministre et de plus été crédité d’une très forte cote de popularité. Justement ce qui a amené Mitterrand à le mettre de côté car Rocard présenté un risque de concurrence présidentielle. Edith Cresson revient samedi sur franceinfo sur la difficulté qu’a la classe politique française à accepter des femmes au sommet de l’État. Mais il ne s’agissait pas seulement de réticences vis-à-vis d’une femme mais vis-à-vis d’un profil assez fantaisiste comme l’a démontré la suite de l’histoire. Bref l’échec de la Pompadour n’a pas servi la mixité !

 

L’interview d’Édith Cresson sur France Info.

 

Vous avez été la première femme nommée Première ministre en France. Vous-vous souvenez des mots de François Mitterrand quand il vous a annoncé la nouvelle ?

 

Edith Cresson : À cette époque j’avais quitté le gouvernement, j’étais ministre des Affaires européennes, après avoir été ministre successivement de l’Agriculture, du Commerce extérieur, de l’Industrie. Je ne songeais pas du tout à revenir au gouvernement lorsque François Mitterrand m’appelle. Il m’a dit :  »J’ai pensé à vous pour succéder à Michel Rocard. » Il avait bien réussi, le problème de la Nouvelle Calédonie, il l’a réglé, il est très populaire, je ne vois pas alors pourquoi il faut le remplacer. Et il me répond :  »Je souhaite qu’une femme ait été Premier ministre avant la fin de mon mandat. » Je lui réponds : « Ils vont être furieux. » J’avais refusé mais il a tellement insisté que j’ai fini par accepter. Et cela a été un déluge d’agressions de la part de la presse. J’ai essayé de faire un travail utile, mais presque tout ce que j’ai essayé de faire d’utile j’ai réussi à le faire en contournant le système, parce que dès que je faisais quelque chose j’étais attaquée.

Et pourtant, vous aviez une légitimité, car vous aviez été plusieurs fois ministre ?

Dans mon esprit le suffrage universel devait conférer une légitimité. J’avais été élue maire, députée, conseillère générale et plusieurs fois ministre. En 1983, après l’élection de François Mitterrand en 1981, la seule mairie que le PS ait pris, c’est Châtellerault, c’est moi qui l’ai prise. J’avais une légitimité. Si je n’avais pas été élu qu’est-ce qu’on aurait entendu. Pompidou n’était pas un élu. J’avais une légitimité qui n’était pas reconnue. À tel point que Monsieur [François] D’Aubert qui a été ministre de la Recherche a dit « Voilà la Pompadour’ [favorite du roi Louis XV]« . Au bout d’un moment, cela a dépassé ce qu’il croyait et François Mitterrand, m’a dit « Ils ne vous lâcheront jamais« , et c’est ce qui a fait que je suis partie au bout de dix mois.

C’est un problème français ?

Oui, typiquement et presque uniquement français. Les insultes qu’on entend quand une femme prend la parole à l’Assemblée nationale. On n’entend jamais ça dans les Parlements britannique, italien, espagnol. Cela n’existe qu’en France. À tel point que le président de l’Assemblée nationale a pris la décision de retirer la moitié de leur rémunération du mois prochain aux députés qui insulteraient une femme. C’est une très bonne décision. C’est la seule chose qui les fait réfléchir.

Est-ce que les choses ont changé en France. Est-ce que notre pays est prêt à avoir à nouveau une femme Première ministre ou une femme présidente ?

Le pays est certainement prêt mais la classe politique non. Les insultes continuent, on l’a vu à la télévision avec plusieurs femmes qui se sont fait insulter. Ces dix mois au pouvoir, ça reste gravé et ce serait le cas pour n’importe qui aurait été Premier ministre. J’ai pu faire quand même des choses, par exemple, les délocalisations d’administrations en province. J’ai aidé les PME, j’ai fait un plan PME en particulier sur les délais de paiement des PME, c’était un problème terrible pour elle. Ce sont des choses très concrètes.

Vaccination Covid-19: Israël un exemple ?

Vaccination Covid-19: Israël un exemple ?

 

Un article du Wall Street Journal  revient sur le caractère exemplaire de la vaccination en Israël.

 

Un mardi récent, en face d’une rue pleine d’Israéliens nouvellement vaccinés, une foule s’est formée pour protester contre la pression à se faire vacciner exercée par le gouvernement et les avantages accordés à ceux qui l’ont été.

Sous le beuglement de la techno, de nombreux manifestants anti-vaccins portaient des autocollants indiquant « pas de vaccination forcée » et affirmaient qu’ils étaient les seuls à pouvoir décider comment disposer de leur propre corps. Leur principale doléance : le passeport vert émis par le gouvernement qui permet aux personnes ayant reçu leurs deux injections d’accéder aux bars, salles de sport et restaurants.

« Je suis en bonne santé ; mon corps sait comment dépasser ça, estime Tamir Hefetz, âgé de 46 ans, l’un des organisateurs de la manifestation anti-vaccin. Le passeport vert est une chose terrible. »

Dans les dernières étapes de sa campagne de vaccination, Israël tente de convaincre les personnes récalcitrantes de se faire vacciner avant que de nouveaux variants de coronavirus ne fassent grimper, une fois de plus, les niveaux d’infection et ne causent davantage de dégâts pour l’économie du pays.

A présent que plus de 55 % de la population israélienne a reçu au moins une injection et plus de 46 % deux injections, la campagne de vaccination du pays atteint un stade critique. Après un pic à plus de 230 000 injections par jour mi-janvier, le déploiement du vaccin a ralenti à 100 000 injections par jour au cours des dernières semaines

Mais les poches de résistance auxquelles le gouvernement israélien fait face reflètent les difficultés qui attendent de nombreux pays occidentaux, y compris les Etats-Unis, une fois la majorité de la population vaccinée.

« Plus on avance, plus c’est difficile », a expliqué Yuli Edelstein, le ministre israélien de la Santé, dans un entretien. « C’est exactement comme un marathon. »

A présent que plus de 55 % de la population israélienne a reçu au moins une injection et plus de 46 % deux injections, la campagne de vaccination du pays atteint un stade critique. Après un pic à plus de 230 000 injections par jour mi-janvier, le déploiement du vaccin a ralenti à 100 000 injections par jour au cours des dernières semaines.

Les experts avertissent que pour qu’Israël parvienne à un niveau d’immunité et de détection permettant de quitter les cycles répétés d’ouverture de l’économie et de confinements, ce rythme doit accélérer.

Gili Regev, directrice de la division d’épidémiologie du Centre médical Chaim Sheba, a indiqué qu’Israël ne parviendrait pas à l’immunité de groupe avec le variant anglais avant que 80 % de la population ne soit vaccinée, un niveau actuellement impossible tant que les enfants de moins de seize ans ne peuvent pas être injectés. Avant cela, seule la vaccination d’un aussi grand nombre que possible de personnes âgées de plus de seize ans améliorera les perspectives.

« Plus il y a de gens vaccinés, plus l’ensemble de la population est en sécurité », a-t-elle résumé.

Le docteure Regev estime que seuls 4 % des Israéliens qui se voient offrir un vaccin le refusent, mais de nombreux autres n’ont pas pris la peine d’aller se faire vacciner, bien que plusieurs villes aient mis en place des sites de vaccination mobiles et lancé des campagnes de sensibilisation. Le gouvernement israélien a également développé un système d’incitation élaboré, basé sur les passeports verts qui permettent aux personnes vaccinées d’accéder aux possibilités de divertissement, de restauration et d’entraînement sportif qui restent globalement fermées aux personnes non vaccinées.

Depuis le début de la campagne de vaccination, les organisations israéliennes de prestations de soins de santé ont ciblé toutes les personnes concernées à l’aide de textos, d’appels téléphoniques et d’e-mails pour les faire venir sur les sites de vaccination.

Ces appels restent lettre morte auprès de personnes telles que Katy Drabkin de Holon, une ville au sud de Tel Aviv. Elle est récemment passée à vélo près d’un centre de vaccination de la ville pour tenter de convaincre les personnes faisant la queue de ne pas se faire injecter. Elle ne fait pas confiance aux informations des médias classiques sur les vaccins et s’indigne de subir des discriminations pour avoir refusé le vaccin.

« Ce qui se passe actuellement, c’est que nos médias appartiennent à l’establishment, qui appartient lui-même à des personnes avec un intérêt personnel », juge-t-elle. « Maintenant, ils convainquent tout le monde qu’on fait face à une pandémie dangereuse. »

Shiri, âgée de 45 ans, qui a assisté à la manifestation anti-vaccins à Tel Aviv mais n’a pas souhaité donner son nom de famille par peur de représailles sur son entreprise, doute également de l’utilité d’une injection. Elle a invité son mari et ses trois enfants à distribuer les autocollants anti-vaccin aux passants.

« Je ne suis pas certaine de la sécurité ni de l’efficacité », a-t-elle déclaré au sujet du vaccin.

Israël s’en est initialement bien sorti pendant la première vague de pandémie, mais a subi une deuxième vague devastatrice après une réouverture trop précoce à l’été, ce qui a contraint le pays à un deuxième confinement. Le pays s’est de nouveau confiné en décembre après la propagation du variant britannique, plus contagieux, à l’origine d’une troisième vague, la plus meurtrière jusqu’ici. A ce jour, plus de 6 000 personnes sont mortes de la Covid-19 et les confinements ont coûté des milliards de dollars à l’économie locale.

La campagne pro-vaccins réussit à convaincre certaines personnes. Amos Yekutiel, de Jérusalem, ne prévoyait pas de se faire vacciner, mais l’a fait après être passé à côté d’un site de vaccination établi dans un bar du voisinage. Ses amis l’ont averti qu’il ne pourrait pas le fréquenter avant de se faire vacciner, ce qui a poussé l’homme de 36 ans à sauter le pas.

« Je ne suis pas complotiste. J’estimais simplement ne pas en avoir besoin », a-t-il expliqué. Maintenant qu’il a changé d’avis, il est impatient de sortir au restaurant et de dîner en groupe. « Cela donne davantage de liberté. »

Pour finir de persuader les sceptiques, le ministère israélien de la Santé s’attaque également aux fausses informations sur les vaccins, répandus principalement sur les réseaux sociaux. Des responsables de la santé travaillent avec le ministre de la Justice pour retirer les fausses informations sur les vaccins et publier des informations pour réfuter les mythes autour d’eux.

A Jérusalem, deux étudiants religieux ont déclaré que malgré les mises en garde de beaucoup de leurs amis les décourageant de se faire vacciner, ils ont finalement sauté le pas après avoir posé des questions au personnel soignant bénévole sur le fonctionnement du vaccin et en avoir discuté avec leurs parents.

« [Au début], on s’est regardés et on s’est dit ‘‘bien sûr que non’’ », a déclaré Yaakov Silverman, âgé de 21 ans, qui mangeait une glace lorsqu’un bénévole l’a trouvé avec son ami et leur a proposé de se faire vacciner dans un bar avoisinant. « Mais nous avons posé quelques questions… et nous en avons discuté et on s’est dit ‘‘Pourquoi ne pas le faire ?” » ​

Dov Lieber, à Tel Aviv, a contribué à cet article

(Traduit à partir de la version originale en anglais par Astrid Mélite)

Certificat de virginité : un exemple de l’archaïsme culturel et sociétal

Certificat de virginité : un exemple de l’archaïsme culturel et sociétal

Jeannette Bougrab, ancienne secrétaire d’Etat, et Israël Nisand, professeur émérite de gynécologie obstétrique, s’indignent, dans une tribune au « Monde », que certains médecins s’opposent à l’interdiction du certificat médical de non-rupture de l’hymen, telle que prévue dans la loi confortant les principes républicains.

Tribune. 

 

Il est difficile, de prime abord, de croire que la pratique du certificat de virginité n’est pas aujourd’hui interdite en France. Opposants farouches au projet de loi tendant à les interdire, des médecins défendent cette pratique en soutenant qu’il s’agit de protéger des femmes qui pourraient être menacées physiquement si leur famille découvrait qu’elles ne sont plus vierges de tout rapport sexuel. Ce qu’en réalité l’examen médical ne peut établir avec certitude, la rupture de l’hymen pouvant notamment être invisible ou provoquée par autre chose que des rapports sexuels.

Le certificat médical de non-rupture de l’hymen, acte rédigé par un médecin ayant prêté le serment d’Hippocrate, est donc censé témoigner qu’une femme n’a jamais eu de relations sexuelles et devient donc ainsi – et paradoxalement – la manifestation de l’appropriation du corps de la femme par l’homme. Comment accepter cet obscurantisme en France au XXIe siècle ?

Il faut donc que cela cesse sans attendre. Et pour que cela cesse, il faut que la loi dise clairement que c’est interdit. Car cette rémanence du certificat de virginité se fait contre la volonté des femmes, mais aussi contre celle de toutes les autorités religieuses en France, dont aucune ne demande ce véritable viol de l’intimité féminine.

C’est une obligation humiliante qu’aucun homme ne rencontrera jamais dans sa vie, et tant qu’il est possible de l’imposer aux femmes en France (puisque des médecins obtempèrent), certaines d’entre elles, les plus fragiles, continueront de la subir.

La demande émane toujours de la famille contre l’avis des jeunes filles et l’ordre des médecins avait d’ailleurs, en 2003, proscrit cette pratique contraire au respect du secret professionnel. En outre, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, l’ONU-Femmes et l’Organisation mondiale de la santé appellent depuis des années à « mettre un terme à cette pratique médicalement inutile, humiliante et traumatisante ».

Négation de la parole des femmes

Cette pratique médicale infondée nie par son existence même la parole de la femme. Il ne suffit pas pour une femme d’affirmer qu’elle n’a jamais eu de rapport sexuel. Il faut en plus qu’elle le prouve. Car, bien sûr, sa parole n’a aucune valeur ! De plus, les parents qui sont à l’origine de cette véritable offense au corps de leur fille mineure devraient être poursuivis pour maltraitance à leur enfant pour que cesse enfin cette demande contraire à la dignité des femmes.

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Renault, exemple d’industrialisation et de délocalisation

Renault, exemple d’industrialisation et de délocalisation

Le constructeur a symbolisé la prospérité française avant d’illustrer la désindustrialisation du pays, explique l’universitaire Bernard Jullien. dans le monde

Bernard Jullien, maître de conférences en économie à l’université de Bordeaux et ancien directeur du Gerpisa (Groupe d’étude et de recherche permanent sur l’industrie et les salariés de l’automobile, ENS Cachan), espliue en quoi Renault est à la fois un exemple d’industrialisation en France et de délocalisation

Les difficultés de Renault suscitent, plus que celles de tout autre industriel en France, l’attention de l’opinion et des débats politiques passionnés. Pourquoi ?

Les Français ont de Renault une représentation offrant deux dimensions simultanées : l’une s’inscrit dans le paysage actuel, tant la marque est visible sur les lieux de leur vie quotidienne, à la fois sur les routes et dans les rues, et par son réseau très dense de concessionnaires et d’agents. L’autre est plus symbolique : Renault est en quelque sorte le reflet des mutations économiques et industrielles de la France.

Après-guerre, le constructeur est devenu l’emblème d’une prospérité française construite sur d’immenses sites industriels et une forte intervention de l’Etat : c’est l’Etat qui, en fournissant à la firme nationalisée ressources, matériaux et directives, lui a assigné le rôle de doter la classe ouvrière d’automobiles − la 4 CV et ses successeurs − alors que Citroën était la marque des paysans et Peugeot celle « des hommes à chapeau ». C’est ce qui a fondé le rapport particulier que l’opinion et l’Etat, et donc le politique, entretiennent avec cet industriel.

Y compris lorsque, inversement, Renault est devenu pendant les années 1980 et 1990 le symbole de la désindustrialisation du pays. Comme d’autres constructeurs en Europe, Renault a pratiqué une stratégie de délocalisation et de mise en concurrence des sites de production, ce qui a conduit à la fonte des effectifs et à des fermetures en France au profit de nouvelles lignes plus modernes et à plus faibles salaires en Espagne, en Turquie, etc.

C’est par cette stratégie que, depuis trente ans, Renault a « éteint » la contestation syndicale, l’Etat n’émettant que de faibles protestations au nom du « sauvetage » de la marque, toujours considérée comme française par l’opinion alors que de moins en moins d’acheteurs roulent dans des voitures Renault fabriquées en France, sauf pour les véhicules utilitaires et de rares modèles.

Oui, alors qu’il ne s’agit plus de préserver véritablement un outil de production − la poursuite de la fermeture de sites industriels, jugée inéluctable par la direction, était programmée avant la pandémie, qui n’est ici qu’un prétexte ou un catalyseur. Renault est devenu de fait − comme le disait son ancien président Louis Schweitzer − une entreprise comme une autre.  »

Dette: qui va  payer! Tout le monde

 

Finalement rares sont les secteurs qui n’ont pas été directement ou indirectement s du Coron virus. Rares dans les secteurs qui ne réclament pas un plan d’aide. Il faudra évidemment payer la facture de la crise sanitaire qui va prolonger le déficit de la sécurité sociale pendant au moins 10 ans.

 

Parallèlement engager un plan énorme de soutien au secteur économique, limiter la vague de défaillance d’abord sans doute aux entreprises symboliques mais aussi le moment venu aux PME qui fournissent le plus le plus gros contingent de main-d’œuvre et qui sont le plus souvent les plus fragiles financièrement surtout quand des mesures administratives limitent encore leurs activités. D’une manière ou d’une autre, en empruntant ou en faisant tourner la planche à billets, on va augmenter considérablement la masse monétaire par rapport à la richesse nationale et le moment venu se produiront des ajustements monétaires via les parités qui auront pour conséquence de tirer l’inflation par le haut. De toute manière dans nombre d’activités si les prix n’ont pas encore évolué à la hausse par contre  les coûts eux se sont envolés du fait  de charges fixes mais aussi d’une baisse de la demande.

La question est de savoir qui va payer une facture qui pourrait bien au total se situer entre 500 milliards  ( déjà annoncée pour les mesures prises par le ministre de l’économie) et 1000 milliards ( autour de 250 milliards de pertes de richesse nationale avec la baisse de croissance auxquels il faudra ajouter l’indispensable plan social pour supporter 1 à 2 millions de chômeurs supplémentaires sans parler du soutien au pouvoir d’achat des ménages.

La question de se pose de savoir qui va payer. La réponse est simple: tout le monde, plus ou moins évidemment. Il y a évidemment les épargnants notamment les plus modestes dont les revenus ne sont pas réévalués compte tenu de l’inflation réelle. Les autres aussi. Et bien sûr tous les ménages à travers l’inflation qui va sans doute s’envoler des que la reprise commencera à être un peu significative. Tout dépendra en faite du rapport entre la richesse nationale et la masse monétaire. Si le décalage s’accroît encore entre ces deux termes, c’est l’inflation assurée. C’est-à-dire une sorte de prélèvement obligatoire qui ne dit pas son nom.

 

 

Edouard Philippe : un exemple d’évolution politique d’un technocrate

Edouard Philippe : un exemple  d’évolution politique d’un technocrate

 

 

Comme la plupart des technocrates Édouard Philippe aborde les enjeux majeurs de manière superficielle, globale et théorique. Certes comme Macron, il donne l’impression d’être intelligent et de posséder ses dossiers. La vérité c’est qu’il a complètement sous-estimé les conséquences de sa réforme et son entêtement correspond surtout à la posture politique qui pourrait lui donner un jour l’occasion de prétendre à la responsabilité de président de la république. De ce point de vue, avant toute décision gouvernementale, avant toute orientation législative, il serait urgent de faire évaluer la fameuse réforme avec toutes ses exceptions et ses modifications par la Cour des Comptes. Il se pourrait en effet que la fameuse retraite à point soit plus coûteuse que l’ancienne même si cette dernière mérite d’être progressivement ajustée pour des raisons d’équité et d’équilibre financier. Édouard Philippe illustre parfaitement la dérive droitière d’une partie de la technocratie française. Certes, Édouard Philippe aime à rappeler que son grand-père était communiste mais rapidement il  a sans doute senti qu’une carrière politique n’était pas assurée  à  gauche. Alors qu’il était encore étudiant à l’institut d’études politiques de Paris et à l’ENA, il a  milité dans les années 90 au  parti socialiste, un passage au demeurant rapide avant de rejoindre les thèses de plus en plus libérales de la droite. Un libéralisme d’autant plus dogmatique qu’il n’a pratiquement jamais travaillé dans le privé sinon comme lobbyiste. Il doit surtout sa carrière politique pour avoir été choisi par Alain Juppé comme membre du cabinet de ce dernier au ministère de l’écologie à partir de 2007 (un Juppé utilisé à contre emploi et qui ne laissa pas un grand souvent!). On pourrait citer nombre d’exemples de ces politiciens de carrière qui commencent  à gauche voire  à l’extrême gauche , qui flirtent ensuite avec la social-démocratie pour virer carrément à droite. Cohn-Bendit par exemple l’ancien révolutionnaire de 68,  devenu adepte de l’ultra libéralisme de Macron en est sans doute l’exemple le plus significatif. Même chose pour Romain Goupil,  le leader lycéen de 68. Avec l’âge, les bons dîners en ville, le patrimoine qui s’arrondit comme le ventre, les convictions s’amollissent !  Mais on pourrait citer nombre d’anciens responsables  du parti socialiste , anciens trotskistes ou maoïstes,  révolutionnaires de papier dans leur jeunesse qui ont ensuite nagé dans les eaux troubles du parti socialiste avant de rejoindre la droite puis  Macron. La vérité, c’est que le Premier ministre- comme nombre des professionnels de la politique -n’entretient qu’un rapport très approximatif avec les réalités économiques et sociales. En outre, il ne peut justifier d’aucun  passé professionnel qui légitime ses connaissances et ses orientations. Ce type de personnalité a besoin de se relégitimer en permanence en rajoutant du libéralisme au libéralisme. Un exercice d’autant plus facile qu’il n’en  mesure pas les conséquences. Dernier exemple en date, évidemment le report idiot et général de la retraite à 64 ans. Une réforme bête et inefficace. Si effectivement les Français doivent travailler davantage pour retrouver la compétitivité qui manque cruellement à l’économie ce n’est pas en retardant l’âge de la retraite 62 à 64 ans mais en augmentant la durée de travail annuelle des actifs puisque la France a la durée la plus faible de l’Europe ( ne parlons pas du monde). Aussi en  améliorant le rapport entre actifs et inactifs. La France est encore là le pays qui détient le record de personnes inactives comparées à ceux qui travaillent. Bref, Édouard Philippe est bien le fils spirituel de Juppé, un exemple de cette élite qui a transformé le mandat politique en métier, qui ne connaît rien aux réalités pour n’avoir pratiquement jamais travaillé dans le monde de la production et qui sans doute comme son mentor finira vraisemblablement au conseil constitutionnel et dans les pages oubliées de l’histoire .

Edouard Philippe un exemple de la dérive droitière de l’élite technocratique

Edouard Philippe un exemple de la dérive droitière de l’élite technocratique

 

 

Édouard Philippe illustre parfaitement la dérive droitière d’une partie de la technocratie française. Certes, Édouard Philippe aime à rappeler que son grand-père était communiste mais rapidement Phillipe  a sans doute senti qu’une carrière politique n’était pas assurée  dans cette gauche. Alors qu’il était encore étudiant à l’institut d’études politiques de Paris et à l’ENA, il a  milité dans les années 90 au  parti socialiste, un passage au demeurant rapide avant de rejoindre les thèses très libérales de la droite. Un libéralisme d’autant plus dogmatique qu’il n’a pratiquement jamais travaillé dans le privé sinon comme lobbyiste. Il doit surtout sa carrière politique à avoir été choisi par Alain Juppé comme membre du cabinet de ce dernier au ministère de l’écologie à partir de 2007. On pourrait citer nombre d’exemples de ces politiciens de carrière qui commencent  à gauche voir à l’extrême gauche , qui flirtent ensuite avec la social-démocratie pour virer carrément à droite. Cohn-Bendit par exemple l’ancien révolutionnaire de 68 devenu adepte de l’ultra libéralisme de Macron en est sans doute l’exemple le plus significatif. même chose pour Romain Goupil; le leader lycéen de 68.  Mais on pourrait citer nombre d’anciens responsables  du parti socialiste , anciens trotskistes ou maoïstes,  révolutionnaires de papier dans leur jeunesse qui ont ensuite nagé dans les eaux troubles du parti socialiste avant de rejoindre la droite puis  Macron. La vérité, c’est que le Premier ministre comme nombre des professionnels de la politique n’entretient qu’un rapport très approximatif avec les réalités économiques et sociales. En outre il ne peut justifier d’aucun  passé professionnel qui légitime ses connaissances et ses orientations. Ce type de personnalité a besoin de se relégitimer en permanence en rajoutant du libéralisme au libéralisme. Un exercice d’autant plus facile qu’il n’en  mesure pas les conséquences. Dernier exemple en date, évidemment le report idiot et général de la retraite à 64 ans. Une réforme bête et inefficace. Si effectivement les Français doivent travailler davantage pour retrouver la compétitivité qui manque cruellement à l’économie ce n’est pas en retardant l’âge de la retraite 62 à 64 ans mais en augmentant la durée de travail annuelle des actifs puisque la France a la durée la plus faible de l’Europe ( ne parlons pas du monde). Aussi en  améliorant le rapport entre actifs et inactifs. La France est encore là le pays qui détient le record de personnes inactives comparées à ceux qui travaillent. Bref, Édouard Philippe est bien le fils spirituel de Juppé, un exemple de cette élite qui a transformé le mandat politique en métier, qui ne connaît rien aux réalités pour n’avoir pratiquement jamais travaillé dans le monde de la production et qui sans doute comme son mentor finira vraisemblablement au conseil constitutionnel et dans les pages oubliées de l’histoire .

Whirlpool: un exemple de l’incompétence et de l’irresponsabilité de Macron

Whirlpool: un exemple de l’incompétence et de l’irresponsabilité de Macron

 

Le projet de reprise de Whirlpool défendu par le chef de l’Etat est aujourd’hui un échec. WN, l’entreprise qui avait repris l’usine en mai 2018, a été  liquidée. Et ses projets de voitures électriques et de casiers réfrigérés ne sont jamais sortis des bâtiments. Franceinfo a interrogé Antonio Abrunhosa, délégué CGT, avant la venue du président de la République.

 

 Que représente la venue du chef de l’Etat à Amiens ? 

Antonio Abrunhosa : Celle d’un fiasco, d’un échec. Car la reprise de l’usine Whirlpool est un raté total, il faut dire les choses. Aujourd’hui, sur les 280 salariés, 163 sont toujours sans emploi. Et cet échec, c’est aussi celui du président de la République. Il a sa part de responsabilité.

 

Pourquoi ? 

Parce que le chef de l’Etat a toujours soutenu le projet de reprise présenté par l’industriel Nicolas Decayeux et son entreprise WN. Personne n’a oublié les propos qu’il nous a tenus quand il est venu quelque temps après avoir été élu à l’Elysée, en 2017. Je me souviens très bien de tout : il m’a serré la main en me disant qu’il n’allait pas nous abandonner, que tout se passerait bien, que tout le monde aurait du travail, que toutes les lignes allaient fonctionner à bloc. On entendait même que le repreneur allait devoir recruter ailleurs tellement il y aurait des demandes.

 

Où en est l’usine aujourd’hui ? 

WN, la société choisie pour reprendre le site, a été liquidée. On n’aura jamais vu les couleurs de ses projets de voitures électriques et de casiers réfrigérés. C’est une usine fantôme aujourd’hui. Personne n’y travaille.

Le site de l’ancienne usine Whirpool à Amiens (Somme), le 20 novembre 2019. (COLLECTION PRIVEE)

Qu’avez-vous à dire à Emmanuel Macron ? 

A vrai dire, on se demande surtout ce qu’il a encore à nous dire. Il n’a rien fait pour nous. Bien sûr qu’on lui en veut. Il y a des gens dans les ministères qui sont payés pour vérifier si un repreneur est viable ou pas. Là, ils n’ont même pas lu les papiers, sinon ils auraient vu que c’était une mascarade. Et tout ça, avec de l’argent public. C’est écœurant.

Surtout, on a le sentiment d’avoir été utilisés, comme si on s’était servi de nous. Souvenez-vous du fameux déplacement organisé parallèlement à celui de Marine Le Pen pendant la campagne électorale, en avril 2017. Aujourd’hui, on se sent abandonnés. Personnellement, je suis toujours en reclassement dans un cabinet. J’en suis à ma neuvième formation. Mais à 49 ans, je n’ai rien retrouvé.

 

Emmanuel Macron a néanmoins accepté de vous rencontrer…

Oui, il doit venir nous voir vendredi (à 9h30) directement sur le site. Mais que va-t-il bien pouvoir nous dire ? J’ai des doutes. En tout cas, qu’il ne s’attende pas un tapis rouge. Notre objectif, c’est de mettre la pression pendant ses deux jours à Amiens. Voilà pourquoi on va aller à sa rencontre dès cet après-midi à 14 heures, à la Citadelle [le député « insoumis » de la Somme, François Ruffin, appelle aussi à un rassemblement]. On va lui montrer ce que fait sa politique. Le premier de cordée s’en fout plein les poches et il part en courant. Point barre.

 

TripAdvisor : un exemple d’avis bidon d’internautes

TripAdvisor : un exemple d’avis bidon d’internautes

 

La plate-forme américaine sur le tourisme offre un exemple des avis bidon d’internautes. Certains sont frauduleux mais d’autres caricaturaux en tout cas excessifs dans un sens dans un autre. Cela vaut la plate-forme américaine sur le tourisme qui a décidé de revoir le système de modération. D’une façon générale, les vis-à-vis d’internautes sur des produits ou des publications présentent assez peu d’intérêt quand ils ne sont pas d’une nullité désarmante.  Le principal reproche qu’on peut leur faire est d’être assez caricatural soit pour, soit contre et souvent sans beaucoup de justifications. Les sites ont évidemment tendance à publier surtout les avis adorables qui servent leur image de marque ; ce qui enlève toute crédibilité à ce type d’appréciation. Pour donner un peu de crédit aux louanges excessives, on laisse passer un ou deux avis négatifs. Bref, c’est de la grosse ficelle de nature commerciale. Certains sites un peu sérieux et moins commerciaux livrent toutefois des avis positifs ou négatifs mais très argumentés. Mais c’est  plutôt une exception. D’une manière générale mieux vaut se fier aux sites qui ne publient pas d’avis bidon et ni d’avis excessifs d’internautes. La plate-forme américaine TripAdvisor   indique que 4,7 % des avis envoyés en 2018 ont été rejetés ou supprimés, 2,1 % étant réellement frauduleux. Les établissements identifiés comme fraudeurs font l’objet de sanctions graduées, affirme-t-elle. Cependant ces chiffres sont sans doute nettement sous-évalués. Il ne serait pas inintéressant de connaître l’avis d’internautes mais encore faudrait-il que les modérateurs soient complètement indépendants alors que pour la plupart ils dépendent directement du site en question.

SNU : un bel exemple des renoncements de Macron

SNU : un bel exemple des renoncements de Macron

SNU service national universel qui n’est ni militaire, ni national, ni universel  mais seulement facultatif et ne réunit pour quelques jours de jeunes Français pour on ne sait pas trop quoi. L’idée de Macron et sa promesse était de reconstituer un service militaire obligatoire de l’ordre de six mois. Tout cela finit en eau de boudin  car le service est facultatif il ne concerne que quelques milliers de personnes alors que 800 000 pourraient être concernées. Pas question de service à caractère militaire, pas même question d’une référence à la défense du pays. Juste le rappel de quelques valeurs et des tâches d’intérêt général. On espère ainsi en une dizaine de jours avoir transformé les mentalités, ressoudée,, autour des valeurs françaises, réalisés, le brassage social.

Officiellement, il s’agit de « transmettre le socle républicain », « développer une culture de l’engagement », « accompagner l’insertion sociale et professionnelle » et « renforcer la cohésion nationale », Bref une grande rigolade et des stages type pâte à  modeler. On objectera que Macron n’est pas le seul responsable car l’armée s’est opposée de toutes ses forces à ce concept de service qui aurait pu émarger sur le budget du ministère de la défense. À gauche aussi les organisations de jeunesse ont protesté et protestent encore contre le fait que les jeunes soient contraints d’offrir gratuitement quelques jours au pays pour son intérêt général. Un exemple qui montre bien comment ce dénature un projet au point d’en être ridicule. Comment par exemple peut-on espérer en quelques jours ressouder autour de valeurs républicaines alors que  école qui a eue en charge ces jeunes n’a pas été capables de le faire pendant des années. Certes la responsabilité n’en incombe pas seulement qu’à l’école mais l’école est quand même le lieu privilégié d’apprentissage des connaissances et des valeurs.

 

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