L’UE: un excédent commercial avec les États-Unis dangereux
Économiquement, il faut évidemment se féliciter de l’excédent commercial de l’union européenne vis-à-vis notamment des États-Unis. Le problème, c’est que cet excédent s’est envolé de l’année passé. Sur un an, l’excédent commercial des 27 a grimpé de 48,3 milliards d’euros. L’Union tire un bilan particulièrement positif de ses échanges avec les États-Unis, avec un excédent de 150 milliards. C’est précisément un autre énorme excédent entre les États-Unis et la Chine qui avait provoqué la crise commerciale entre ces deux derniers pays. Du coup , Trump avait décidé de lourdes taxes douanières et imposé un accord commercial qui ont permis de réduire de façon significative le déficit pour le ramener à une cinquantaine de milliards.
Sur les 11 premiers mois de l’année écoulée, le déficit commercial des Etats-Unis aves la Chine a diminué de 0,7% et il pourrait afficher sur l’ensemble de 2019 sa première baisse depuis 2013. La révision des chiffres d’octobre ramène le déficit commercial à 46,9 milliards de dollars contre 47,2 milliards annoncé initialement. Le déficit commercial avec la Chine a chuté de 15,7% en novembre à 26,4 milliards de dollars, les importations de produits chinois diminuant de 9,2% tandis que les exportations vers la République populaire augmentaient de 13,7%.
Parallèlement, le déficit commercial américain avec l’Union européenne a baissé de 20,2% à 13,1 milliards de dollars. Au total, le bloc européen a tiré cependant encore un excédent de 152,6 milliards d’euros de ses échanges outre-Atlantique, en hausse de près de 15 milliards (soit 11%) sur un an
Trump considère qu’il s’agit de 150 milliards perdus et que l’Europe freine les importations américaines avec une incroyable réglementation. Il faut donc s’attendre nécessairement à des réactions très virulentes de la part de l’administration américaine. La plus récente concerne la taxation des avions Airbus. Devront suivre la taxation des voitures allemandes et de certains produits alimentaires français comme le vin et les fromages. Au-delà Trump comme pour la Chine va sans doute imposer un accord commercial avec l’union européenne qui forcément n’est pas en position de force compte tenu d’une balance commerciale très en sa faveur.
Sur un an, les exportations de la zone euro vers le reste du monde ont augmenté de 2,7%, quand les importations n’ont progressé que de 1,5%. Résultat: l’excédent commercial de la zone vis-à-vis du reste du globe est monté à 225,7 milliards d’euros, contre 194,6 milliards fin 2018.
L’écart est encore plus massif à l’échelle des 27 États membres: les exportations de biens ont atteint 2132,3 milliards d’euros, en hausse de 3,5% sur un an, quand les importations n’ont augmenté que de 1,3% sur la même période, atteignant 1932 milliards d’euros. In fine, l’excédent de l’Union grimpe donc à 200,3 milliards d’euros en 2019, soit 48,5 milliards de plus que l’année précédente.
Sans surprise, les pays membres tirent la majeure partie de leur excédent de leurs exportations de produits manufacturés (423 milliards d’euros d’excédent commercial), dont les produits chimiques et machines ou véhicules. À l’inverse, les importations de matières premières énergétiques viennent considérablement réduire l’excédent, en ajoutant 256,7 milliards d’euros à la facture.
Les nations ne sont pas toutes égales dans le domaine commercial: de fortes disparités subsistent entre leurs bilans. Du côté des bons élèves, l’Allemagne présente un excédent insolent de plus de 227 milliards d’euros en 2019, suivie, loin derrière, par les Pays-Bas (65,9 milliards), l’Irlande (63,9) et l’Italie (52,9). À l’inverse, la France garde le déficit le plus élevé, de l’ordre de 73,1 milliards d’euros, et reste en queue de peloton derrière l’Espagne (-34,2), la Grèce (-21,7), le Portugal (-20,4) et la Roumanie (-17,6).
En décembre dernier, peu de temps avant la signature d’un accord de «phase 1» avec la Chine, le président américain avait estimé qu’il était temps de négocier «très sérieusement» un traité commercial avec Bruxelles. Pour l’heure, toutefois, les discussions patinent, malgré l’optimisme affiché par la présidente de la Commission, Ursula Von der Leyen. En cas d’échec des négociations, l’arme douanière a d’ores et déjà été brandie par Trump: «Il est plus difficile de négocier avec l’Union européenne qu’avec quiconque. Ils ont profité de notre pays pendant tant d’années», avait-il commenté lors d’un entretien accordé à Fox News. «Au final ce sera très simple parce que si nous ne pouvons pas faire un accord commercial (avec l’UE), nous devrons mettre une taxe de 25% sur leurs voitures», avait-il ensuite mis en garde. Une menace prise particulièrement au sérieux en Allemagne.