Le groupe parlementaire écolo ex LREM critique le plan de relance
Un appel d’Emilie Cariou (Meuse) et 14 députés du groupe Ecologie démocratie solidarité (EDS), notamment composés d’anciens membres de La République en marche, qui souhaiteraient un plan davantage coloré en vert et plus social. Une critique qui peut s’entendre mais qui manque cruellement d’orientations concrètes un peu crédibles. Une contestation par ailleurs un peu floue et contradictoire du bien fondé de l’aide au chômage partiel. Bref davantage une posture de syndicat écolo que de parlementaires.
La tribune
: »Le gouvernement a annoncé les grandes lignes du futur plan de relance de 100 milliards d’euros. Des mesures en faveur des entreprises y figurent, dont des mesures keynésiennes d’investissement. Ce plan apparaît néanmoins encore trop imprégné d’un libéralisme conservateur satisfait de trouver l’argent public qui surgit opportunément pour sauver l’économie, mais sans souffrir aucune conditionnalité sociale, fiscale ou écologique.
Nous appuyons fortement un grand plan de relance : sauver l’emploi, c’est la priorité pour éviter la catastrophe sociale. Mais les aides sans cadrage aux entreprises ne suffiront pas.
Si la crise sanitaire affecte tous nos territoires, c’est dans les quartiers populaires que ses effets sont les plus désastreux. Le plan de relance ne prévoit pourtant rien pour lutter contre les discriminations et les inégalités territoriales. Des investissements massifs dans le logement social, l’accès à l’emploi et l’éducation dans les quartiers prioritaires sont nécessaires. Les aides versées aux entreprises devront être assorties d’objectifs précis de recrutement dans ces quartiers, où les travailleurs indépendants fragilisés devront être accompagnés. Sans quoi la pauvreté risque d’y exploser, alimentant une colère sociale qu’il sera impossible d’endiguer, dans un contexte de sentiment de relégation bien ancré.
La crise sanitaire nous a fait violemment prendre conscience de notre fragilité, résultat de quarante ans de désindustrialisation massive, et de notre dépendance extérieure illustrée par les pénuries de biens sanitaires. Pour en sortir, nous demandons que les aides – à commencer par celles procurées aux plus grands groupes multinationaux – soient réellement mises sous conditions.
Nous ne pouvons continuer à perfuser indifféremment les industries polluantes. Nous ne pouvons déverser des milliards d’euros de financement du chômage partiel, nécessaire aux salariés, sans garantie de maintien de l’emploi par les acteurs économiques ainsi subventionnés. Nous ne pouvons supprimer les « impôts de production » sans toucher aux mécanismes d’optimisation fiscale qui atomisent l’imposition des bénéfices. Nous ne pouvons allouer des aides à l’investissement qui seront immédiatement détournées pour alimenter le versement financiarisé de dividendes aux actionnaires. Nous ne pouvons laisser à l’écart de l’effort national les secteurs de la finance et de l’assurance, épargnés par la crise.
Sans conditionnalités efficientes, les grands acteurs économiques arbitreront encore contre la relocalisation des productions, déplacées vers les pays à bas coût, à normes fiscales sociales et environnementales dégradées. Il y a urgence à relancer l’économie, mais aussi à donner une trajectoire politique à cet argent public. Alors, le système économique reprogrammé pourra se déployer en Europe de façon vertueuse. »
Liste des signataires :
Emilie Cariou, députée de la Meuse, déléguée générale du groupe parlementaire EDS (Ecologie démocratie solidarité) en charge des politiques publiques
Aurélien Taché, député du Val-d’Oise, délégué général du groupe parlementaire EDS en charge des relations extérieures
Paula Forteza, députée des Français établis hors de France, co-présidente du groupe parlementaire EDS
Matthieu Orphelin, député du Maine-et-Loire, co-président du groupe parlementaire EDS
Delphine Bagarry, députée des Alpes-de-Haute-Provence
Annie Chapelier, députée du Gard
Guillaume Chiche, député des Deux-Sèvres
Yolaine de Courson, députée de Côte-d’Or
Jennifer De Temmerman, députée du Nord
Albane Gaillot, députée du Val-de-Marne
Hubert Julien-Lafferière, député du Rhône
Sébastien Nadot, député de Haute-Garonne
Frédérique Tuffnell, députée de Charente-Maritime
Cédric Villani, député de l’Essonne
Martine Wonner, députée du Bas-Rhin