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 » Sobriété énergétique »: Un slogan pour éviter des changements structurels

 » Sobriété énergétique »: Un slogan pour éviter des changements structurels 

 

Yamina Saheb membre du GIEC, Experte des politiques d’atténuation du changement climatique estime dans le Monde  que  la mise en place de politiques de sobriété nécessite une métamorphose de l’économie qui va bien au-delà du plan annoncé par Emmanuel Macron. 

On ne peut que se féliciter de l’émergence de la sobriété dans le débat public comme solution à la crise énergétique. Le concept de sobriété n’est pas nouveau, il remonte à la Grèce antique. La Thaïlande a été le premier pays à en faire la colonne vertébrale de sa politique de développement, alors que la France est le seul pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques à avoir inscrit la sobriété dans sa loi sur la transition énergétique.

Malheureusement, la vision française de la sobriété se limite à sa dimension énergétique et ignore les autres composantes de la sobriété identifiées dans le rapport III du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). En effet, ce rapport définit les politiques de sobriété comme étant « un ensemble de mesures et de pratiques du quotidien qui évitent la demande en énergie, matériaux, sol et eau tout en assurant le bien-être pour tous dans les limites planétaires ».

La sobriété n’est pas l’austérité ! Bien au contraire, les politiques de sobriété préservent l’accès pour tous aux services essentiels en éliminant les consommations superflues des plus aisés. Et contrairement aux idées reçues, les citoyens ne pourront avoir des comportements sobres que si, et seulement si, les politiques publiques mettent d’abord en place les solutions nécessaires pour que les activités essentielles au bien-être de tous se déroulent dans le respect des limites planétaires.

Les politiques de sobriété nécessitent de considérer à la fois les aspects dimensionnels, coopératifs et l’usage des biens et services mis à la disposition des citoyens. La sobriété dimensionnelle consiste à mettre sur le marché des produits (voitures, logements, électroménager) qui correspondent aux besoins des citoyens. La sobriété coopérative revient, elle, à mettre en œuvre une organisation collective de l’espace de façon à permettre une mutualisation importante des services essentiels – ainsi pour la mobilité grâce aux transports en commun. La sobriété d’usage vise à éliminer l’obsolescence programmée des appareils et équipements et à mieux les utiliser. Il est clair que les citoyens ne pourront agir que sur l’utilisation des appareils dont ils disposent. Par conséquent, réduire la sobriété aux changements de comportement des individus serait une erreur fatale car les citoyens sont en vérité enfermés dans les solutions autorisées par les politiques publiques.

Sans surprise, la vision de la sobriété par les patrons d’Engie, EDF et TotalEnergies se limite aux changements de comportement. Les énergéticiens français s’inscrivent dans la continuité de la stratégie bien rodée de désinformation, développée par les pétroliers américains pour détourner l’attention des pouvoirs publics des changements structurels nécessaires pour éliminer l’utilisation des énergies fossiles. La sobriété telle que préconisée par les énergéticiens français déclencherait, si les pouvoirs publics la mettaient en œuvre, une crise sociale sans précédent.

 

 

EdF renationalisée pour éviter la faillite ?

EdF  renationalisée pour éviter la faillite ? 

 

EDF serait depuis longtemps en faillite si l’État ne possédait pas 85 % du capital. Officiellement l’entreprise traîne une dette de leur de 50 milliards mais en réalité réévaluée par l’agence de notation SP  pour près de 100 milliards.

Il faut aussi prendre en compte une cinquantaine de milliards pour financer les six EPR décidés par le gouvernement sans parler du coût de l’enfouissement des déchets et du prix du Grand carénage entrepris dans les centrales anciennes afin de prolonger leur durée de vie.

Ceci étant depuis hier, le Parlement européen a inscrit dans la taxonomie l’énergie nucléaire. ( Catalogue des énergies reconnues vertes). Cela ouvre des possibilités pour attirer les capitaux non seulement pour les centrales à construire en France mais tout autant pour celle à construire à l’étranger.

Cette décision de renationalisation pourrait aussi dissimuler la volonté du pouvoir de scinder la répartition des responsabilités avec une société EDF recentrée uniquement sur la production d’électricité nucléaire et la mise en place de l’ouverture au marché pour la distribution ( sur le mode des télécoms). Une opération qui serait de nature à satisfaire Bruxelles mais évidemment pas les syndicats.

De toute manière ,au-delà des questions organisationnelles des enjeux centraux sont à prendre en compte comme la restructuration de la dette, la régulation du marché de l’électricité dont celle du nucléaire et surtout peut-être les conditions de financement des nouvelles centrales.

 

BCE : comment éviter une crise de l’euro ?

BCE : comment éviter une crise de l’euro ?

 Pour éviter une nouvelle crise de l’euro quelles seraient les options possibles ? Par Gabriel Gaspard, Chef d’entreprise à la retraite, spécialiste en économie financière. ( Dans la Tribune, extraits)

 

 

Fermer les yeux. En forte hausse en Europe, l’inflation annuelle dans l’Union européenne atteint 8,1% en avril 2022. En mars 2020, avant la pandémie le taux était en baisse à 0,7%. Jusqu’à présent, la position de la BCE a été de prendre du recul et d’affirmer que cette inflation est « temporaire » pour éviter la « fragmentation » de la zone euro.

Pour gérer l’inflation, le taux d’intérêt directeur est le principal outil utilisé par les Banques centrales. Quand la BCE augmente son taux directeur, les taux des prêts sur le marché grimpent et la capacité d’emprunt est abaissée. Les dépenses sont diminuées et la pression sur les chaînes de production est réduite.

Depuis quelques mois, alors que les taux directeurs de la Banque centrale européenne restent stables, les taux d’intérêt des prêts immobiliers augmentent et suivent la tendance de l’inflation et sont moins influencés par les taux directeurs. L’argent perd de sa valeur et les banques commerciales rehaussent leurs taux d’intérêt pour continuer à gagner de l’argent. De même au fur et à mesure que l’éventualité d’une hausse des taux directeurs se confirme, l’écart entre les coûts d’emprunts de l’Allemagne et les autres pays européens se creuse. Les détenteurs des obligations anticipent cette hausse et mettent en vente leurs anciennes obligations moins avantageuses. Cette vente surprend les décideurs économiques qui ne pensaient pas que les conditions actuelles équivalaient à une « fragmentation ». La BCE ne peut plus fermer les yeux mais les moyens disponibles sont limités.

 

Dans le cas où un accroissement des écarts des coûts d’emprunts devient alarmant, la BCE pourrait tout simplement reprendre son principal outil de soutien au crédit et à l’économie depuis la crise de la dette dans la zone euro qui est le l’assouplissement quantitative. Cette décision estelle probable étant donné que la BCE vient de mettre fin à l’achat d’obligations ? Il y a un précédent lorsque l’épidémie de COVID19 a brièvement fait passer les spreads (l’écart qui existe entre deux taux) obligataires italiens/allemands audessus de 300 points de base. La Banque d’Italie a alors intensifié ses achats d’obligations pour le compte de la BCE. Plus tard la BCE a lancé son programme d’urgence PEPP (programme d’achats d’urgence face à la pandémie). En réalité, la BCE n’envisage pas une éventuelle réduction de son bilan qui a atteint 8.700 milliards d’euros en mars 2022, mais de le maintenir constant. Dans ce contexte comment créer un nouveau programme d’achat des actifs sans augmenter son bilan ?

 

Pour garder son bilan stable, lorsqu’une obligation arrive à échéance ou maturité, la BCE va acheter une autre obligation sur le marché secondaire avec l’argent perçu au moment du remboursement. Dans ce cas, la BCE prolonge les effets de son programme en gardant la même liquidité sur les marchés. Avec une inflation forte et la fin du programme PEPP, la BCE s’est engagée à acheter des obligations des pays les plus faibles, Italie et Grèce, pour éviter la « fragmentation ». Mais réinvestir les achats acquis pendant la période de pandémie estelle suffisante pour empêcher les divergences des coûts d’emprunt dans la zone euros ? « Nous sommes frappés par le poids que la BCE accorde au canal de réinvestissement comme moyen d’empêcher la fragmentation, car nous pensons qu’il s’agit du canal le plus faible de soutien des flux (d’assouplissement quantitatif)« , a déclaré Rohan Khanna, stratégiste d’UBS. Cette approche n’est pas suffisante il faut réinventer un nouveau système.

 

Un prêt direct de la BCE aux États est interdit par les traités européens relatifs à la Banque centrale. Avec un euro numérique, l’idée serait de reprendre partiellement une pratique établie avant les années 70 en Europe.

« En 1974, on a eu une loi stupéfiante [...]. On a obligé l’État à aller se financer sur le marché financier privé à 4% ou 5%, et, du coup, notre dette est maintenant à 90% du produit national brut. » Michel Rocard, Europe 1, 22 décembre 2012.

Si la BCE ne peut pas financer directement les dettes publiques des États membres de la zone euro, alors elle le fait indirectement avec les programmes de rachats d’actifs. La BCE rachète sur le marché secondaire les obligations souveraines des États de la zone euro. Avec l’euro numérique ne seraitil pas souhaitable d’autoriser chaque européen à détenir des euros numériques sur des comptes ouverts directement à la BCE ? Une partie des économies des ménages européens se retrouvera automatiquement au passif du bilan de cette banque et réduirait son bilan. Avec ces dépôts, il n’y a pas de création de liquidités, pas d’inflation. La Banque centrale européenne pourra financer directement les dettes publiques des États les plus faibles de l’Union économique et monétaire.

D’après le traité de Rome, il n’est pas possible de forcer l’épargne privée à financer directement la croissance des dettes publiques. Mais voilà, avec la pandémie, la France a déjà dévié ces règles. « L’ensemble constitué des banques commerciales et de la Banque centrale a donc recyclé l’épargne des ménages pour prêter à l’État« , explique Agnès BénassyQuéré, Chef économiste de la DG trésor. Cependant, un tel écart par rapport à « l’orthodoxie monétaire » pourrait s’avérer un point de conflit, en particulier de la part de la Cour constitutionnelle allemande.

 

Après le NextGenerationEU, qui a été accepté par la Cour constitutionnelle Allemande, ce plan sera bien plus qu’une relance : un plan de croissance pour éviter la stagflation (croissance faible et forte inflation). C’est un nouvel endettement commun des VingtSept et une nouvelle création de liquidité. C’est une seconde occasion pour l’Europe d’établir une autre perspective des règles de gouvernances et de transformer les économies des pays les plus faibles. Il s’agit d’accélérer la reprise tout en participant à la reconstruction de l’Ukraine. Il est urgent de rendre l’Europe plus homogène et d’investir massivement dans une économie verte.

 

L’inflation actuelle est en grande partie liée à des phénomènes extérieurs comme les prix de l’énergie, la guerre en Ukraine. Les taux directeurs de la BCE ont peu d’influence sur le niveau des prix des événements extérieurs.

Autrement dit, si l’offre du bien peut toujours répondre à la demande, il n’y aura pas de place pour l’inflation. Cela signifie une production plus élevée pour un coût et des prix inférieurs. Il faut des investissements rapides pour ralentir l’inflation en poussant la croissance à la hausse, tout en rendant les budgets européens plus homogènes.

 

La BCE dispose d’autres outils comme le programme d’opérations monétaires sur titres (OMT). Conçu au plus fort de la crise de la dette dans la zone euro, ce programme permet à la Banque centrale d’acheter directement de la dette souveraine d’un pays donné sans aucune limite. Mais la Banque centrale européenne n’envisage pas de recourir à ce programme, pourquoi ?

 

Suspendu pour cause de pandémie, le pacte de stabilité budgétaire sera de nouveau en vigueur en 2024 au lieu de mars 2023. Alors d’ici fin 2023, estil possible d’éviter une « fragmentation » sans règles strictes entre tous les pays Européens. Tous les pays de la zone euro présentent des taux d’endettement, d’inflation, de croissance, etc. tous différents. Ceci confirme que les niveaux de développement sont éloignés, les dynamiques économiques sont divergentes et la régulation des marchés du travail nationaux discordante. La Présidente de la BCE admet que l’Europe pourrait davantage agir sur « les modalités d’interprétation » des règles qui reviendront en 2024 au lieu de 2023, mais « ce ne seront certainement pas les mêmes règles« .

La situation actuelle estelle comparable à celle des années 1970 ? Les mêmes causes sont présentes : des perturbations persistantes de l’offre qui alimentent l’inflation à cause de la pandémie, précédées d’une période prolongée de politique monétaire très accommodante et une faible croissance, etc.

Dans les années 70, il n’y avait pas de guerre aux portes de l’Europe, pourtant « à l’époque, peu d’économistes comprennent que ces indices annoncent l’entrée des pays industrialisés dans une crise économique qui durera plus de vingt ans » .

Energies : Une tarification pour éviter les gaspillages

 Energies : Une tarification pour éviter les gaspillages

 

 

Face au choc d’une hausse durable des prix, l’histoire montre que les Etats ont su recourir à un rationnement justement réparti, rappelle la sociologue Mathilde Szuba dans une tribune au « Monde ».

 

Tribune. 

 

Faire payer les consommateurs, pourquoi pas, mais lesquels ? L’énergie n’est pas un produit comme les autres, car elle permet d’assurer des besoins de base (chauffage, hygiène, cuisine) que l’on peut qualifier sans hésiter d’essentiels. Aussi, quand une forte augmentation des prix de l’énergie menace de faire basculer de nombreux foyers dans la précarité, le blocage des prix du gaz et de l’électricité semble une solution d’urgence évidente. Sauf que l’énergie sert aussi à des usages nettement moins primordiaux : voyages d’agrément, voitures surdimensionnées, piscines, résidences secondaires… voire yachts de luxe ou tourisme spatial ! Or, on peut difficilement justifier le fait que le kilowatt/heure (kWh) soit subventionné à l’identique, qu’il s’agisse de chauffer l’eau d’une douche ou de chauffer l’eau d’une piscine. Et comment accepter que l’on paie collectivement pour venir au secours de pratiques énergétiques incompatibles avec nos engagements écologiques ?

C’est pourquoi il est capital de distinguer les consommations essentielles et les autres. Cette distinction peut s’appliquer via un tarif progressif, où les premiers kWh consommés sont peu chers, mais où le prix augmente ensuite par paliers (un système déjà appliqué dans quelques communes pour l’eau).

Cela correspond à une formule bien connue de l’écologie politique : « gratuité de l’usage, renchérissement du mésusage ». Un tarif progressif protège ainsi les besoins essentiels, tout en en faisant peser le coût sur les gros consommateurs. Comme la consommation d’énergie est fortement corrélée aux revenus (plus on est riche, plus on consomme d’énergie), un tarif progressif est aussi un tarif socialement progressiste.

Cependant, la hausse du prix des énergies n’est qu’une partie du problème, qui ne devrait pas masquer deux crises majeures qui se dessinent devant nous : la fragilité de notre approvisionnement énergétique (les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie sont pleines de points d’interrogation, sans parler d’un possible chantage au gaz de la Russie) et la nécessité, au nom du climat, d’organiser une révolution énergétique de grande ampleur, qui passera nécessairement par de la sobriété. Chercher à corriger le problème de la hausse des prix sans tenir compte de ces deux enjeux reviendrait à se contenter de corrections cosmétiques, tout en perdant des ressources et un temps précieux. Planifier, organiser et répartir la réduction des consommations serait autrement plus ambitieux pour affronter à la fois le problème des prix de l’énergie et celui de la quantité que nous en consommons. Impensable ? Infaisable ? Pas vraiment, et d’ailleurs nous l’avons déjà fait.

 

Intégrer la Bosnie-Herzégovine pour éviter une autre guerre

Intégrer la  Bosnie-Herzégovine pour éviter une autre guerre

 

Dans une tribune au « Monde », l’ancien député européen Daniel Cohn-Bendit et les politistes Timothy Garton Ash, Pawel Karolewski et Claus Leggewie appellent l’Union européenne à déclarer ses intentions d’intégrer la Bosnie-Herzégovine dans une union politique « prévoyant une assistance en cas d’agression ».

 

Tribune. Le sommet européen de Versailles a raté une belle occasion : celle d’instaurer pour l’Europe un nouvel ordre de l’après-guerre dans un lieu hautement symbolique.

Nous ne sommes pas des rêveurs. Nous savons que l’adhésion à l’Union européenne (UE) n’a rien d’une balade bucolique et que l’Ukraine est, en principe, soumise aux mêmes procédures que les pays candidats issus des Balkans. Pourtant, la possibilité s’offrait de poser les jalons d’une union politique en préalable d’une adhésion à part entière. Au lieu de cela, les chefs d’Etat ont pris la voie procédurière, comme si les règles routinières de l’UE s’appliquaient invariablement, même dans un cas aussi extrême qu’une guerre en Europe. Une fois de plus, les arguties de technocrates européens ont supplanté le projet de liberté et de paix.

Dorénavant, l’Union européenne n’est plus l’union économique que nous avons connue. Sans le vouloir, Poutine l’a renvoyée à ses origines : celle d’une alliance normative et institutionnelle. C’est en tout cas ce qu’elle devrait être à nouveau. Désormais, il s’agit non seulement de protéger l’Ukraine contre l’agression russe, mais également de renforcer la protection des nouveaux membres, notamment dans les pays baltes, et d’y inclure tous les Etats souhaitant adhérer à l’UE.

Un « triangle de Weimar élargi » s’impose pour veiller, en particulier, au développement régional et concerté de la politique de sécurité de l’UE. Ce triangle Allemagne-France-Pologne et les Etats baltes doivent s’engager dans une coopération renforcée en matière de politique de sécurité, y compris dans le domaine de l’armement nucléaire si cela s’avérait nécessaire. Le Royaume-Uni doit, pour sa part, retisser l’alliance politique qu’il a imprudemment abandonnée.

Mais une protection renforcée contre la Russie nécessite également de s’attaquer aux chevaux de Troie de Poutine que sont la Hongrie d’Orban ou la Serbie de Vucic. Cela soulève évidemment des questions au sujet de l’appartenance de la Hongrie à l’UE et du statut de candidat de la Serbie.

Dans ce contexte, la Bosnie-Herzégovine mérite une attention particulière. Les politiciens serbes de Banja Luka et de Belgrade y attisent les tendances à la division. Trente ans après le début de la guerre en Yougoslavie, la fragile confédération BiH est minée et une nouvelle guerre entre groupes ethniques devient possible. Les séparatistes de la « Grande Serbie » pouvant immanquablement compter sur le soutien actif du régime de Poutine.

Eviter une guerre nucléaire

Eviter une guerre nucléaire 

Pour l’historien néerlandais Luuk van Middelaar, il est irresponsable de clamer que Poutine bluffe et imprudent d’agiter la perspective d’une adhésion de l’Ukraine à l’UE (le « Monde ») 

Tribune. 

 

En envahissant l’Ukraine, le président Poutine s’est lancé dans l’impensable. Il a franchi le Rubicon – déclencher une guerre. Aujourd’hui, Poutine ne peut faire machine arrière. L’Ukraine est à feu et à sang. Il risque le tout pour le tout.

Pour nous, deux éléments sont vitaux dans une telle situation : la volonté politique et le sang-froid. Le premier abonde ; le second se fait rare. Mais quand les vngt-sept chefs d’Etat et de gouvernement se réuniront à Versailles ces jeudi 10 et vendredi 11 mars, ils auront grandement besoin de l’un et de l’autre. En période de grand danger, des forces inattendues se déchaînent. L’Ukraine, aujourd’hui, se défend avec courage. Elle a remporté une victoire éclatante dans la bataille pour l’opinion publique européenne. Ce n’est plus un pays chaotique de 40 millions d’âmes bordé par la mer Noire, mais une nation qui se présente comme porteuse de la promesse démocratique européenne, et dont le président Volodymyr Zelensky est le héros.

La réaction allemande – sa forte mobilisation politique – est au moins aussi inattendue et soudaine. Investissements massifs dans la défense, soutien militaire à Kiev, reconnaissance de la gravité de l’erreur stratégique qu’est la dépendance au gaz russe – le chancelier Olaf Scholz multiplie les annonces surprises au Bundestag. Ce à quoi l’Allemagne n’a jamais voulu se résoudre, alors que ses voisins de l’Est et les présidents américains l’y exhortent depuis tant d’années, elle se hâte aujourd’hui de le faire face à la guerre de Vladimir Poutine.

Ce revirement spectaculaire donne à l’Union européenne (UE) davantage d’unité et de force. A présent que Berlin ne freine plus des quatre fers, les sanctions contre la Russie tombent promptement et massivement. L’UE s’est engagée à débloquer 450 millions d’euros pour fournir des armements à Kiev – un geste tabou il y a dix ans encore. L’Europe a ainsi l’impression d’avoir franchi elle aussi un Rubicon.

 

Le réveil géopolitique allemand a d’autres conséquences. Tant que la première puissance européenne éprouvait des réticences à user de la force militaire, l’Europe ne pouvait être forte. Mais maintenant que l’Allemagne accepte les réalités de la politique de puissance internationale, beaucoup de choses peuvent changer. Déjà, la France, qui milite pour une « Europe puissante » depuis de Gaulle, se sentira moins seule ; les autres pays dans la queue du peloton de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), comme l’Italie ou les Pays-Bas, ne pourront plus se cacher derrière l’Allemagne. 

Hidalgo et la gauche : en recherche d’un moyen pour éviter la catastrophe

Hidalgo et la gauche : en recherche d’un moyen pour éviter la catastrophe

 

Inutile de tourner autour du pot, si Hidalgo et Montebourg- réclame désormais une candidature unique de la gauche avec une primaire c’est qu’ils sont complètement en perdition  dans les sondages. Dans l’opération, Hidalgo risque non seulement évidemment de perdre la présidentielle puisqu’on ne lui attribue que de l’ordre de 3 % dans les sondages actuellement mais aussi pour le futur la mairie de Paris.

En fait, les  forces de gauche sont en décomposition totale. Ainsi Mélenchon qui avait réalisé presque 20 % lors de la dernière élection atteint tout juste de 8 %. Les écolos qui multiplient les bavures de sorte sont autour de 7 %. Les petits partis d’extrême gauche sont autour de 1 %. Au total la gauche même unie ne pourrait guère réunir plus de 20 à 25 % des voix.

Une véritable catastrophe politique qui pourrait menacer leur existence si ensuite ces résultats devaient se confirmer lors des élections législatives. Ce sont en effet surtout les moyens des députés qui font tourner les partis politiques. De toute manière, cette union de la gauche est complètement illusoire tellement sont opposés les projets et les idéologies. Toute la gauche est en train de payer en faite le terrible bilan socialiste de François Hollande et de Mitterrand. Deux présidents qui ont trahi l’espérance de gauche et sa crédibilité pour longtemps.Et Jospin comme premier ministre n’a pas fait mieux

.Pour résumer globalement la gauche tient un discours gauchiste et révolutionnaire dans l’opposition et se laisse ensuite absorber par les contraintes de gestion et les intérêts financiers quand elle est au pouvoir.

Nouvelle-Calédonie : reporter le référendum pour notamment éviter la contagion des Antilles

Nouvelle-Calédonie : reporter le référendum pour notamment éviter la contagion des Antilles

 

Le gouvernement serait bien avisé de reporter la date référendum–qui doit être le dernier–concernant l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. Le risque en effet ces que l’agitation observée dans les Antilles ne vienne contaminer une zone déjà bien malade. Les indépendantistes justifient leur demande de report par une situation sanitaire assez grave qui risque de fausser le résultat.Les indépendantistes s’expliquent dans une lettre au président de la république. L’enjeu est évidemment démocratique mais aussi économique avec notamment l’intérêt de la Chine pour le nickel de la Nouvelle-Calédonie.

«Dire que nous sommes surpris serait mentir. Nous nous y attendions. Mais comme toujours, nous espérions, débutent les signataires de la missive. Nous espérions que le gouvernement français, malgré 168 ans de colonisation, saurait pour une fois faire preuve d’humanité, de compassion, d’intelligence, de respect, de bon sens. Nous espérions que le gouvernement français agirait dans l’esprit de consensus de l’accord de Nouméa, dans l’esprit de son préambule. Nous espérions… et nous avions tort».

Pour les indépendantistes, «le gouvernement français se berce d’illusions» en pensant «pouvoir bâtir un avenir institutionnel durable pour la Nouvelle-Calédonie en méprisant la parole des représentants politiques et coutumiers du peuple kanak». Ils lui reprochent de croire que ce scrutin «mettra fin à la revendication du peuple kanak, lui ôtera toute légitimité et lui permettra de poursuivre son travail d’assujettissement et de domination». Pour eux, d’ailleurs, «la prochaine consultation n’a aucune chance de clore la séquence politique ouverte par l’accord de Nouméa». Et de rappeler deux «grands principes» liés à cet accord : «La reconnaissance par l’État français d’un ‘droit inné et actif à l’indépendance’ pour le peuple kanak» et «l’acceptation par le peuple kanak d’associer au futur processus de décolonisation et d’émancipation les membres des différentes communautés venus s’implanter dans le pays avec la colonisation».

Les signataires s’en prennent ensuite directement au président Emmanuel Macron et à son gouvernement, «qui n’entendent rien, ne veulent rien entendre des conseils pourtant avisés que lui donnent certains de ceux qui avant lui ont eu en charge d’accompagner l’évolution de notre pays». Avant d’adresser un dernier avertissement : «Faites attention à ce qu’en niant une fois encore, une fois de plus, une fois de trop, le droit du peuple kanak à l’indépendance, vous ne preniez pas le risque que ce peuple se lasse de discuter et de négocier avec vous».

Eviter une nouvelle crise économique avec l’écosociale?

Eviter  une nouvelle crise économique avec l’écosociale?

Gabriel Gaspard, Chef d’entreprise à la retraite, spécialiste en économie financière estime qu’on peut éviter une crise si on oriente l’économie sur un axe éco social. (Dans la Tribune, extrait permet la parenthèse

 

Avant et pendant la pandémie, on avait pu croire que tous les indicateurs économiques européens étaient maitrisés. On se retrouve avec des goulots d’étranglement de la chaîne d’approvisionnement, des coûts d’expédition plus élevés, une dégradation inquiétante du déficit du commerce extérieur et des pénuries de main-d’œuvre alors que la pandémie n’est pas terminée. Est-ce temporaire ? Beaucoup d’économistes pensent que l’envolée des coûts dans l’industrie va peser longtemps sur l’inflation. La combinaison des plans de relance des pays de l’Union européenne, du plan de relance fédéral de l’Europe de 750 milliards d’euros, d’une épargne forcée très importante des ménages européens (600 milliards d’euros) va certainement entraîner une augmentation très sensible de la demande des consommateurs.

Les limites de la BCE…

La BCE rencontre aujourd’hui ses propres limites dans la poursuite de son mandat principal : « maintenir la stabilité des prix » interprété par la BCE comme maîtriser l’inflation pour ne pas dépasser 2% sur un an. En 2008 face à la crise financière, la BCE a injecté 4.000 milliards d’euros de 2011 à 2017 représentant un tiers du PIB de la zone euro. Elle a abaissé son taux directeur à zéro (le plus bas) et elle a acheté de la dette publique et privée. Aujourd’hui la BCE subit une grande pression pour réduire son programme de rachat des dettes. Les politiques d’endettement de plusieurs pays européens, dont la France, sont tragiquement élevés. La BCE n’a plus beaucoup de moyens pour fabriquer des liquidités. Les politiques d’austérité en Europe peuvent devenir inévitables.

La BCE suit la politique de la FED qui vient de déclarer qu’elle cherchait à relever le taux directeur dès que deux conditions seraient remplies : une inflation supérieure à 2% et un maximum de création d’emplois. Pour l’inflation, l’Europe sera à 2,2% en moyenne en 2021. Les taux d’inflation prévus en 2022 de 1,7% et en 2023 de 1,5% ne seront pas atteints. L’inflation aura tendance à croître plus longtemps que ce que pense la BCE. Elle peut baisser mais aucun analyste ne la voit descendre en dessous de 2% en 2022 et 2023. « Nous devons être très vigilants sur l’évolution de l’inflation », a déclaré Kristalina Georgieva directrice générale du FMI. Pour la deuxième condition, le chômage devrait redescendre au début de 2023 à son niveau d’avant la crise. Cette baisse nécessite que la croissance compense largement la hausse des licenciements à la suite de la suppression des dispositifs de chômage partiel mis en place depuis le début de la crise sanitaire. Pour la France, selon l’OFCE, le taux de chômage devrait baisser à 7,8% de la population active fin 2021 avant de remonter à 8% en 2022.  Cette prévision est proche de celle formulée par la Banque de France (8,2% en 2022). Aurions-nous une hausse du taux directeur en 2022 ?

L’influence de la croissance sur l’emploi

La Banque de France s’attend à une hausse de la croissance de 6,3% du PIB en 2021, puis de 3,7% en 2022 et de 1,9% en 2023. Ce rebond de l’économie française survient après une récession historique en 2020 de 8,2% du PIB. Compte tenu de cette récession, la croissance sera en moyenne d’environ 2% en 2022 et 2% en 2023. Le taux de croissance économique ne fixe que le plafond absolu en dessous duquel la croissance de l’emploi peut évoluer. On considère que c’est à partir de 1,5% de croissance minimale que le chômage peut commencer à baisser selon plusieurs économistes et instituts, dont l’OFCE. Ce seuil de 1,5% de croissance n’est pas figé. Avec les budgets nécessaires, l’État peut créer beaucoup d’emplois pour une croissance qui ne se ressentira que plus tard. Ces budgets seront investis massivement sur des projets à long terme comme le climat. Avec 30 milliards d’euros d’investissement sur des technologies de pointe, le Plan France 2030 est un très bon début mais ne répond pas aux objectifs zéro émission nette de CO2.

Il faut éviter l’augmentation du taux directeur de la BCE et écarter le marasme budgétaire. « En 1974-1975, le monde industrialisé assiste à la dégradation des principaux indicateurs économiques : inflation, chute des taux de croissance, chômage. À l’époque, peu d’économistes comprennent que ces indices annoncent l’entrée des pays industrialisés dans une crise économique qui durera plus de vingt ans » Larousse Encyclopédie. Il faut transformer l’ensemble de la société et passer à une autre économie.

Vers une économie écosociale pour sortir des crises et « l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie« . Stéphane Hessel Indignez-vous en 2010. Il est temps de refermer la période libérale ouverte en 1973 et de réformer la BCE pour la mettre au service du développement écologique et humain. La définition retenue de l’économie écosociale est celle qui crée un équilibre entre une économie performante, la solidarité sociale et la protection de l’environnement basée sur des investissements citoyens. Quand les Banques centrales arrivent à leurs limites, les États n’auront-t-ils désormais d’autres choix que de convaincre les épargnants de leur prêter leurs économies ?

 

Pour la France post-Covid avec le retour de l’inflation, la normalisation économique et sanitaire doit s’accompagner d’un changement dans l’application des critères de convergence. L’appel à l’épargne des ménages (6% à 10% du PIB sur 10 ans) pour des fonds d’investissements destinés à financer la nature, la dépendance, le rural, les entreprises, etc. sera le chemin le plus sûr pour rétablir l’équilibre macroéconomique de la France dans la zone euro. Emprunter aux ménages dans un cadre réglementé comme le livret A est simple et doit être rémunérateur au taux de l’inflation. C’est l’approche la plus sûre pour réduire la dette publique. C’est aussi empêcher les épargnes de précaution et favoriser la croissance. Avec un investissement massif pour un État sans recours à des emprunts extérieurs, c’est moins de création monétaire, moins d’excès de liquidité et d’envolée de la Bourse. C’est plus de croissance sans inflation et un retour à un taux de chômage d’avant les chocs pétroliers des années 1970.

Immigration : éviter les amalgames

Immigration : éviter les amalgames

Un collectif d’associations engagées dans l’éducation aux migrations et de chercheurs spécialisés dans l’étude des phénomènes migratoires dénonce, dans une tribune au « Monde », les amalgames entre immigration, migrants, communautarisme, islam et terrorisme. ( Une distinction nécessaire mais que ne dispense pas d’une réflexion sur la régulation migratoire NDLR)

 

Tribune.

 

Suite aux chocs successifs des attaques terroristes, la France subit un traumatisme émotionnel et doute de son modèle d’intégration. Inquiets de la diffusion, dans les discours politiques et médiatiques, des amalgames visant les migrants, considérés comme suspects par nature, nous, acteurs engagés dans l’éducation aux migrations, portons une autre approche, basée sur le discernement et la rencontre des populations. Nous ne sommes pas naïfs : l’usage de la terreur à des fins idéologiques, politiques ou religieuses ne cessera pas dans l’immédiat. Mais, pour que notre société puisse traverser ces épreuves douloureuses, elle doit gagner en empathie et permettre l’inclusion de tous.

Bien qu’elle ne soit pas la cible principale des terroristes, la France paie un lourd tribut. Six ans après les attentats de 2015, elle est toujours frappée par des fanatiques se revendiquant de l’islam. Différentes tragédies, une même justification : punir un pays où la liberté d’expression et la laïcité sont le socle républicain. Cette violence vise à nous terroriser, à nous diviser, nous ne la minimisons pas. Comme toutes les formes d’intégrisme, l’islamisme cherche à anéantir notre capacité à faire société et pousse nos dirigeants vers des politiques perçues comme discriminantes, qui alimentent les extrémismes de tous bords.

 

La mécanique de certains discours politiques et médiatiques établit un lien systémique entre islam, islamisme, immigration, insécurité et terrorisme, qui s’ancre dans nos représentations. Pourtant, aucune causalité entre ces notions ne peut être démontrée. Les phénomènes de terrorisme sont présentés comme massifs, or ces individus dangereux ne sont que des dizaines au regard des 14 millions de Français d’origine immigrée, des 5 millions de musulmans sur le territoire, des milliers de demandeurs ou de bénéficiaires de l’asile. Rappelons que les trois quarts des auteurs d’actes terroristes sont français.

Sous l’effet du traumatisme collectif, ces raccourcis renforcent la stigmatisation des migrants, des réfugiés, de ceux perçus comme « l’autre ». Parce que les auteurs des crimes sont étrangers ou descendants d’immigrés et disent agir « au nom de l’Islam », tous les immigrés, tous les supposés musulmans deviendraient suspects ? Succomber à ces peurs, c’est infliger une punition collective. L’appel au djihad, en libre-service sur les réseaux sociaux, se joue des frontières et la seule surveillance du Web ne saurait stopper sa diffusion. Enfin, la rhétorique de l’ennemi intérieur peut conduire à suspecter toute personne appartenant à une minorité

Numérique: Éviter la mise à l’écart de l’Europe.

Numérique: Éviter la mise à l’écart de l’Europe.

Par Cyrille Dalmont (Institut Thomas-More) dans l’OPINION 

Chronique

 

Avec la défense et le spatial, le numérique est le domaine dans lequel le déclassement géoéconomique et géostratégique européen est le plus frappant. D’un côté, des discours, des conférences de presse, des tweets vantant les mérites d’une improbable et bien brumeuse « souveraineté numérique européenne » ; de l’autre la Chine, les Etats-Unis et même la Russie qui font chaque jour usage de leur souveraineté pour préserver leurs intérêts dans une économie mondialisée et ultra-connectée et la compétition technologique mondiale acharnée.

Soyons justes. L’Union européenne n’est pas un Etat. Elle est une organisation internationale, sans doute plus intégrée que beaucoup d’autres, mais une organisation internationale. La souveraineté appartient à ses 27 Etats membres et sa fonction principale, comme toute organisation internationale, reste l’élaboration de normes à destination des Etats ayant ratifié ses traités. C’est ce fait précis, que personne n’ose regarder bien en face, qui interdit toute « souveraineté européenne », numérique ou pas. Pire, dans le domaine numérique, c’est le carcan du droit européen de la concurrence et sa surabondance de normes qui empêche l’émergence de Gafam européens, dont la création ne peut reposer que sur une logique de souveraineté nationale.

Quand les Etats-Unis, la Chine ou la Russie font jouer à plein les ressorts de leur puissance étatique pour promouvoir leurs géants numériques (de taille mondiale pour les Gafam et les BATX ou régionale pour le russe Yandex), l’Union européenne est, et ne peut être, qu’aux abonnés absents. Elle ne peut en effet pas imiter la Chine qui n’hésita pas, par exemple, à protéger son économie en empêchant l’implantation d’entreprises étrangères comme Amazon ou Uber (et en finançant leurs concurrentes locales Alibaba et Didi) ou à exclure purement et simplement Google de son Internet national. Pas plus que les Etats-Unis et leurs sanctions économiques contre le géant chinois Huawei ou le blocage par décret du rachat du géant américain des microprocesseurs Qualcomm par son concurrent singapourien Broadcom (invoquant des motifs de sécurité nationale).

Consommateur anonyme. Bien loin d’actes aussi lourds et significatifs, l’Union européenne se contente d’appliquer les principes du droit européen de la concurrence au profit d’un consommateur anonyme de produits importés du monde entier, affaiblissant au passage l’outil productif européen. Les règles de concurrence, pensées dans le monde d’avant, celui de la « mondialisation heureuse » et de la dérégulation des marchés des années 1990, n’ont jamais été réévaluées. L’Union s’en tient donc au strict respect des principes du droit de la concurrence d’« égalité » et de « non-discrimination » à l’encontre de quelque opérateur que ce soit.

Pour les faire respecter, elle ne dispose que d’une « politique de la règle », selon l’exacte formule du philosophe néerlandais Luuk van Middelaar. Il en est ainsi des deux projets de règlements européens, le digital services act (DSA) et le digital market act (DMA), qui doivent entrer en application d’ici 2023 et dont nous savons déjà qu’ils n’auront qu’un faible impact sur des entreprises qui sont quasiment toutes extra-européennes et dont nous sommes dépendants.

«La surabondance de normes ne protège plus ni l’économie, ni l’industrie, ni la recherche européenne mais elle interdit l’émergence d’éventuels géants du numérique et la constitution d’un environnement propice à la réindustrialisation de l’Europe»

Mais nous avons aujourd’hui atteint un point critique. Non seulement cette surabondance de normes ne protège plus ni l’économie, ni l’industrie, ni la recherche européenne mais elle interdit l’émergence d’éventuels géants du numérique sur son territoire et la constitution d’un environnement propice à la réindustrialisation de l’Europe. L’ensemble de la structure du droit européen de la concurrence depuis le traité de Maastricht repose sur l’idée que les objectifs fondamentaux des règles de l’Union consistent à garantir le bon fonctionnement du marché intérieur au profit du consommateur, et oublie complètement l’outil de production.

Les résultats de cette politique jamais remise en cause sont, hélas, éloquents. Dans le top 100 des entreprises mondiales par capitalisation boursière, 57 entreprises sont américaines, 13 sont chinoises et seulement 11 sont originaires de l’Union européenne. Si l’on regarde les 10 premières capitalisations boursières mondiales, huit appartiennent à l’univers du numérique, aucune n’est européenne. Dans le top 20 mondial des entreprises du secteur technologique par chiffre d’affaires, il ne reste plus qu’une seule entreprise européenne (Deutsche Telekom). Dans le top 5 mondial des entreprises de hardware, aucune entreprise européenne. Il en va de même pour les systèmes d’exploitation, le cloud, les data centers, les smartphones, les semi-conducteurs, les puces et microprocesseurs.

De nombreuses entreprises européennes seraient aujourd’hui capables de collaborer à l’élaboration de filières numériques d’excellence qui nous permettraient de rivaliser avec les géants mondiaux du secteur. Mais, en l’absence de commandes publiques, de marchés réservés, de levées de fonds suffisantes et de vision stratégique de ce que représente la numérisation de nos sociétés, elles ne peuvent espérer y parvenir. Un parallèle illustre à lui seul ce constat : alors que le montant du dernier contrat de Microsoft avec le Pentagone s’élève à 22 milliards de dollars (succédant au contrat « Jedi » de 11 milliards de dollars), le livre blanc de la Commission européenne sur l’intelligence artificielle de février 2020 prévoit un fonds d’investissement de 100 millions d’euros à destination des PME et des start-up européennes…

Boîte de Pandore. Il est donc urgent d’ouvrir les yeux : le principal frein à l’exercice de toute « souveraineté numérique » en Europe, nationale puisque la souveraineté ne peut être que nationale, est le droit européen de la concurrence qui empêche l’émergence de champions de taille mondiale et la création d’un environnement favorable à une réindustrialisation du continent. Pour autant, tout n’est pas perdu et il est possible d’agir. Nous formulons neuf propositions qui pourraient être adoptées à droit constant (sans ouvrir la boîte de Pandore de la renégociation des traités) afin de réagir vite et fort en vue d’enrayer le déclassement numérique définitif qui nous menace.

La première proposition, pierre angulaire de toutes les autres, consiste en l’adoption d’un règlement d’exception visant à la non-application du droit européen de la concurrence dans les domaines stratégiques liés au numérique. Cela permettra de stimuler la réindustrialisation européenne, en permettant des commandes publiques massives et en protégeant les secteurs stratégiques de nos économies numérisées (domaines régaliens).

Nous proposons également de réviser le statut des groupements européens d’intérêt économique (GEIE) et de créer des zones économiques spéciales européennes (ZESE) et des groupements d’intérêt public européen (GIPE) au travers de deux nouveaux règlements européens. Cela aidera à sécuriser le marché des puces électroniques et des semi-conducteurs et à mettre en œuvre une stratégie d’innovation industrielle dans le secteur des objets connectés. Des efforts massifs pourraient ainsi être accomplis afin de réinvestir le marché des smartphones et des systèmes d’exploitation, de favoriser l’émergence de data centers et de cloud souverains de niveau mondial dans les Etats membres, et d’assurer le déploiement d’antennes 5G et de câbles sous-marins « made in Europe », en en conservant la propriété ou au minimum l’exploitation.

C’est donc un ensemble de mesures que nous proposons pour créer un véritable écosystème numérique permettant l’émergence de nouvelles entreprises de taille mondiale, à droit constant. De très nombreux professionnels sont plus que conscients du dénuement total de l’Europe dans le domaine numérique et attendent que les dirigeants européens prennent les décisions courageuses qui s’imposent.

Cyrille Dalmont, chercheur associé à l’Institut Thomas-More, vient de publier le rapport « L’impossible souveraineté numérique européenne : analyse et contre-propositions » (avril 2021).

Prudence pour éviter une quatrième vague (conseil scientifique)

Prudence pour éviter une quatrième vague (conseil scientifique)

Le conseil scientifique recommande la plus grande prudence vis-à-vis du confinement afin qu’il ne favorise pas une quatrième vague possible.

 

Pour éviter une reprise épidémique et une quatrième vague, l’une des principales solutions proposée par le Conseil scientifique est d’accélérer la vaccination. Actuellement, 17.692.900 de personnes ont reçu une première dose d’après Covid Tracker. Au rythme actuel, «35 millions de personnes pourraient être vaccinées au 30 juin 2021, ce qui permettrait d’atteindre un niveau significatif d’immunité vaccinale», qui resterait tout de même «insuffisant pour une immunité populationnelle estimée à 80% au moins», juge l’instance scientifique. D’après Le Parisien , pour atteindre ce chiffre, il faudrait passer de 400.000 à 500.000 vaccinations par jour, «y compris durant les périodes de week-end de printemps».

Banque centrale : changer de modèle pour éviter la catastrophe environnementale et sociale

Banque centrale : changer de modèle pour éviter la catastrophe environnementale et sociale

 

L’économiste Barry Eichengreen affirme, dans sa chronique au Monde , que lutter contre le réchauffement et les inégalités pourrait entrer dans le mandat des banques centrales sans menacer leur indépendance.

Chronique.

 

Nous avons l’habitude de penser que la mission des banques centrales est de veiller à la stabilité des prix et au plus de cibler l’inflation en veillant à la fluidité du système de paiements. Mais avec la crise financière de 2008 et aujourd’hui celle du Covid-19, nous les avons vues intervenir pour soutenir un éventail de plus en plus large de marchés et d’activités, par exemple le système de prêts aux institutions financières venant en aide aux PME fragilisées par la pandémie, le Paycheck Protection Program Liquidity Facility, mis en place par la Réserve fédérale (Fed) des Etats-Unis. Cela n’a plus grand-chose à voir avec la banque centrale qu’a connue la génération de nos parents.

 

Aujourd’hui, Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), et Lael Brainard, qui siège au conseil des gouverneurs de la Fed, ont exhorté les banquiers centraux à l’action face au changement climatique. Dans le contexte du mouvement Black Lives Matter, Maxine Waters, députée de Californie à la Chambre des représentants des Etats-Unis, a incité le président de la Fed, Jerome Powell, à être plus actif concernant les inégalités, et plus encore les inégalités raciales.

Ces appels font pousser des hauts cris aux puristes, qui préviennent que, en chargeant de ces nouvelles responsabilités les banques centrales, on risque de les détourner de leur objectif premier, le contrôle de l’inflation. Surtout, ils craignent que cela ne compromette leur indépendance. L’idée selon laquelle leurs objectifs statutaires sont mieux servis par des mains qui ne dépendent pas d’un mandat électif fait consensus. Mais les banquiers centraux doivent justifier leurs actions et expliquer pourquoi les mesures qu’ils décident servent les objectifs fixés. Avec un mandat beaucoup plus étendu, la justification des mesures prises est plus difficile à communiquer, les succès ou les échecs, plus délicats à juger. Et, dans la mesure où la politique monétaire n’a qu’une influence limitée sur le changement climatique ou les inégalités, intégrer ces variables à leurs cibles, c’est condamner les banques centrales à l’échec, et leur indépendance opérationnelle pourrait alors être reconsidérée par des politiques que ces fiascos laisseraient insatisfaits.

Ces arguments ne sont pas sans pertinence. En même temps, les banquiers centraux ne peuvent s’abandonner à l’inaction alors que l’urgence demande que tout le monde soit à la manœuvre. Le changement climatique et le creusement des inégalités ouvrent des crises proprement existentielles. Si les banquiers centraux les ignoraient, cela apparaîtrait comme une démonstration hautaine et dangereuse de leur indifférence. Et leur indépendance serait dès lors réellement en danger.

Ethique de la recherche: éviter de glisser vers l’idéologie

Ethique de la recherche: éviter de glisser vers l’idéologie

Face au mélange entre science et politique, au refus du pluralisme, les chercheurs doivent pouvoir échanger de façon argumentée et réfutée, en s’employant à « éviter les fractures et les enclaves », explique le géographe Jacques Lévy dans une tribune au « Monde ».

 

 

Tribune.

 

Une des effets dommageables de la prise de position de Frédérique Vidal sur l’« islamo-gauchisme » à l’université a été de permettre à ses détracteurs d’inverser son propos et de porter la charge sur les lanceurs d’alerte. Pourtant, il existe bien des motifs d’inquiétude sur la relation entre la société et ses chercheurs, et pas seulement en sciences sociales. Pour y voir plus clair, distinguons trois plans : celui des théories, celui du mélange des genres et celui du pluralisme.

Les théories qui cherchent à expliquer le monde sont nombreuses et tant mieux ! L’une d’elles se fonde sur une vision communautaire du social : elle se représente la société comme une constellation de groupes aux appartenances non choisies et irréversibles. La fameuse « intersectionnalité » consiste en une essentialisation des identités, qu’on peut éventuellement croiser, mais sans les remettre en question.

 

Cette école de pensée tente de sauver le structuralisme marxiste, dans lequel la communauté de classe était centrale, en ajoutant de nouvelles « structures » à un édifice qui se lézarde, pris à contre-pied par l’irruption des singularités individuelles. On peut préférer, dans le sillage de Norbert Elias (1897-1990), le paradigme de la « société des individus », qui décrit un monde où les individus acteurs et une société postcommunautaire prospèrent de conserve. La différence entre ces deux conceptions est patente, mais on ne peut s’en plaindre. Cela, c’est le débat, sain parce que libre et transparent, qui caractérise la démarche scientifique.Le danger apparaît avec le mélange des genres entre science et politique. Roger Pielke (The Honest Broker, Cambridge University Press, 2007, non traduit) a montré, à propos des débats sur le climat, que lorsqu’un sujet est marqué à la fois par des controverses scientifiques et des oppositions politiques fortes, les deux dissensus peuvent s’épauler et créer des monstres : le militant choisit l’hypothèse qui l’arrange pour se parer de la légitimité scientifique, tandis que le chercheur se mue subrepticement en un politicien sans scrupule. Les chercheurs sont aussi des citoyens et ils ont bien le droit de l’être. Leurs expériences personnelles peuvent être des ressources pour la connaissance.

Si la conscience que les registres ne doivent pas se fondre les uns dans les autres fait défaut, les savants se muent tout bonnement en idéologues d’autant plus déplaisants qu’ils s’abritent derrière leur statut. On voit fleurir des novlangues dignes du 1984 de George Orwell, lorsque, au nom de la science, l’« antiracisme » couvre un nouveau type de racisme, ou lorsque la « démocratie écologique » vise une dictature des écologistes intégristes. L’enquête qu’ont menée les chercheurs britannique et américain Helen Pluckrose et James Lindsay (Cynical Theories, Pitchstone Publishing 2020, non traduit) montre que des revues universitaires prestigieuses acceptent aisément de publier des textes délirants dont on aimerait pouvoir rire mais qui sont animés par une idéologie de la haine intercommunautaire et n’hésitent pas à traiter de « négationniste » toute prise de position divergente

Covid-19 : vacciner toute la planète pour éviter la multiplication des variants

Covid-19 : vacciner toute la planète pour éviter la multiplication des variants

 

 

Il y a évidemment une différence de cadencement  dans les processus de vaccination selon qu’il s’agit de pays développés ou  de pays pauvres. Aux États-Unis par exemple on vaccine à hauteur d’un million par jour ( 50 millions de personnes ont déjà été vaccinées) tandis qu’on accorde généreusement quelques milliers de vaccins à quelques paysp auvres  notamment africains.

Le problème évidemment c’est que le virus ne connaît pas les frontières surtout avec la mobilité internationale des personnes. D’où le risque d’un décalage calendaire entre les zones géographiques qui pourraient favoriser la multiplication de nouveaux variants dans les pays pauvres qui viendraient à leur tour contaminer les pays développés Alors qu’un nouveau variant a émergé au Nigeria, le Pr Christian Bréchot, ancien directeur de l’Inserm, a récemment défendu l’idée qu’il faudrait vacciner tout le globe pour ne pas favoriser de nouvelles mutations. Alors que les campagnes de vaccination sont surtout très avancées dans les pays les plus riches de la planète, commet-on une erreur – au-delà de la dimension morale – en favorisant ainsi l’émergence de mutants potentiellement résistants aux vaccins ? À cet égard, faut-il viser une vaccination de toute la planète pour diminuer ce risque des variants ?

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