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Peut-on éviter la crise de régime ?

Peut-on  éviter la crise de régime ?

 Tout en rappelant le contexte politique et historique de la situation politique française abracadabrantesque, le groupe Mars analyse les possibles conséquences des élections législatives d’une victoire du RN ou du Front populaire dans le domaine de la défense. Par le groupe de réflexions Mars. ( dans la Tribune)

Les sondages disaient donc vrai ! Aux élections européennes du 9 juin dernier, près d’un électeur sur trois a choisi, parmi 38, la liste Bardella et 40% des électeurs ont voté pour une liste classée à l’extrême-droite. En cumulant l’ensemble des listes classées à l’extrême-gauche, le total des votes hostiles à la construction européenne actuelle est majoritaire en France. Le chef de l’État en a tiré une conclusion politique tout aussi radicale que ce vote annoncé : il a dissous l’Assemblée nationale et convoqué de nouvelles élections législatives dès que possible. La France aura donc un nouveau Premier ministre le 14 Juillet …

A vrai dire, cet enchaînement institutionnel ne devrait pas constituer une surprise. La crise politique couvait depuis que les précédentes élections législatives il y a deux ans n’avaient pas permis de donner au président une majorité claire. La surprise est ailleurs : dans l’ampleur du soutien populaire dont jouit dorénavant le Rassemblement national (RN), tant géographiquement que sociologiquement. Un exemple suffit à illustrer l’ampleur du phénomène : à l’exception d’une poignée restée fidèles à la tradition de vote rouge, dans toutes les communes de Haute-Vienne le RN est arrivé en tête, et largement.

A Oradour-sur-Glane, où le chef de l’État se trouvait au lendemain de sa déroute électorale, le RN a séduit 36% des votants. Le résultat est similaire dans les communes environnantes et dans quasiment tout le département, y compris Limoges. Inimaginable encore en 2017, un tel résultat devrait provoquer une remise en cause radicale du discours et de la pensée politique. Il n’en est rien.

 Plutôt que de reconnaître son erreur historique d’avoir abandonné l’électorat populaire à l’extrême-droite, la gauche se fait plaisir en annonçant un nouveau « Front populaire ». Sympathique, mais pitoyable. N’est-ce pas Karl Marx qui disait que lorsque l’histoire se répète, c’est la première fois comme une tragédie, et la seconde comme une farce. Il est malgré tout intéressant de tenter de comparer les deux époques. Quand, en 1934, la gauche marxiste française décide d’oublier pour un temps les haines recuites du congrès de Tours, rejointe par des radicaux en perte d’influence, la France, atteinte avec un temps de retard par la crise économique, est menacée par le révisionnisme des dictatures fascistes qui s’installe chez ses plus grands voisins : Italie, Allemagne et prochainement Espagne.

Sur le front intérieur, la menace fasciste semble également se concrétiser depuis les évènements du 6 février qui ont vu les Ligues d’extrême-droite s’en prendre au Parlement. Quant à la condition ouvrière, elle est encore très difficile : en-dehors du paternalisme du patronat chrétien, les avancées sociales sont maigres, tant en termes de conditions de travail, de loisirs, de logement et de protection sociale, et les travailleurs se voient comme « des esclaves en location ».

90 ans plus tard, la situation est tout de même fort différente. La condition ouvrière ne ressemble en rien à celle d’avant 1936, la France n’est pas menacée par ses voisins immédiats et s’il existe une violence politique depuis 50 ans, elle est essentiellement le fait de l’extrême-gauche, des terroristes rouges des « années de plomb » à l’activisme vert radical d’aujourd’hui. Quant à l’antisémitisme, c’est encore à l’extrême gauche qu’il s’exprime aujourd’hui sans retenue. S’il n’est pas de même nature que dans les années trente, la haine du Juif est la même.

Dans ces conditions, la résurgence officielle d’un soi-disant « Front populaire » est problématique pour la crédibilité-même de la gauche, et donc de son avenir politique au sein de la République. L’idéologie révolutionnaire partagée par toutes les chapelles du trotskisme a fait suffisamment de mal à la social-démocratie. Au contraire, c’est sur sa vocation originelle de protection des couches populaires que la gauche doit se reconstruire un avenir afin de récupérer son électorat naturel quand il aura été suffisamment déçu par un RN directement confronté à l’exercice du pouvoir.

En se déplaçant plus au centre de l’hémicycle, le bloc libéralo-centriste n’est pas non plus épargné par les contradictions. Son « progressisme » auto-proclamé est au progrès social ce que le nationalisme de l’extrême-droite est à l’idée de nation : une trahison. Le progrès social (cf. les réformes des retraites et de l’assurance chômage) et les libertés individuelles (cf. la société du QR code et de la reconnaissance faciale) n’ont jamais autant régressé depuis que le pouvoir se dit progressiste. Est-ce qu’un pouvoir qui se dit nationaliste portera autant atteinte aux intérêts de la nation ?

Or le progrès comme la nation sont des idées de gauche. Celle-ci ne peut se reconstruire politiquement sans les assumer à nouveau, non comme des slogans mais pour répondre aux vrais besoins des gens. Ces besoins sont bien connus, à commencer par le sentiment d’insécurité sous toutes ses formes. Mais on ne lutte pas contre l’insécurité, qu’elle soit physique, sociale, culturelle ou relative aux intérêts vitaux de la nation. L’insécurité en tant que telle n’existe pas, c’est juste un slogan, un mot destiné à surtout ne rien faire. Par contre, c’est une réponse pénale adaptée qu’il faut opposer au crime, organisé ou non. C’est un filet de protection sociale raisonnable et adapté qu’il faut entretenir face aux accidents de la vie. C’est une culture particulière qu’il faut préserver et enrichir face à l’appauvrissement des écrans. Et c’est un ennemi, étatique ou non, qu’il faut se préparer à combattre s’il nous agresse.

De la même façon, l’immigration en tant que telle n’est pas un problème, du moins pour une vision de gauche. Par contre, quand on accueille des immigrés, il faut les accueillir vraiment, en leur partageant ce que nous avons de meilleur : notre sécurité (physique et sociale), notre culture, nos valeurs. On ne les laisse pas croupir dans des ghettos où ils s’enferment entre eux dans leurs valeurs réactionnaires sans autre perspective qu’une instruction au rabais et une éducation défaillante pour leurs enfants.

Tous ces défis, la gauche aurait pu et aurait dû les assumer quand elle était au pouvoir. Le fait est qu’aujourd’hui, une majorité de Français, considérant qu’elle a échoué, s’apprête à donner sa chance à un parti aux origines pour le moins controversées. Nul n’ignore que le RN est l’héritier direct du FN qui était il y a 50 ans un groupuscule d’extrême-droite fondé par un ancien député poujadiste antigaulliste qui ne répugnait ni à la violence ni à la provocation. Transformé par la fille du fondateur, le groupuscule a acquis en quelques années une respectabilité nourrie par la somme des erreurs de ses adversaires politiques.

Et voilà aujourd’hui l’ancien groupuscule devenu premier parti de France et peut-être demain majoritaire dans une Assemblée toujours élue par un mode de scrutin qui lui était jusqu’à présent défavorable. Ironie de l’histoire et des institutions, c’est grâce au scrutin majoritaire à deux tours que le RN pourrait demain emporter la majorité absolue des sièges avec moins d’un tiers des voix.

La bonne nouvelle, c’est que son (éventuelle) accession au pouvoir sous le régime de la cohabitation lui évitera de commettre l’irréparable dans bien des domaines, à commencer par celui qui intéresse le groupe Mars au premier chef, à savoir la défense. Réputé hostile à la présence de la France dans l’OTAN, le RN ne parviendra pas à en sortir notre pays du fait de l’opposition du chef des armées (et de tous les chefs militaires) à cette perspective.

Quitter l’OTAN serait en effet une catastrophe pour notre pays, tant du point de vue diplomatique qu’économique, et finalement pour notre sécurité. Vis-à-vis de ses alliés, la France perdrait une crédibilité qu’elle peinerait à reconquérir sous la forme de traités bilatéraux. Quant à ses ennemis potentiels, ils se réjouiraient de l’affaiblissement de sa défense. Car remplacer les garanties de sécurité d’une alliance aussi puissante que l’OTAN aurait un coût que nos finances publiques délabrées ne pourraient pas se permettre. Il en résulterait un déclassement historique de la nation France. Trahison, vous dit-on !

A l’inverse, l’autre bonne nouvelle de ces élections européennes, c’est la déroute des listes dont le programme prévoyait de consacrer davantage de moyens à l’Union européenne de défense, comme disent les Allemands. Il faut dire que la ficelle était un peu grosse : annoncer comme priorité la création d’un fonds de cent milliards d’euros pour la défense, de la part de listes dont les matières régaliennes n’étaient pas le point fort, cela sonnait étrangement faux. Il faut en effet rappeler que l’argent magique n’existe pas et que, par conséquent, si l’UE dépense 100 en plus, la France sera ponctionnée au bas mot de 18, et plus probablement de 20, voire plus en fonction de la position des autres États membres.

En milliards d’euro, cela correspond exactement à une annuité d’investissements dans des équipements de défense, c’est-à-dire le minimum du minimum pour faire face aujourd’hui aux menaces et à nos engagements. Créer un « fonds de défense » à cent milliards reviendrait en réalité à priver notre pays d’une annuité d’achats d’armements et de munitions. Une saignée complètement irresponsable. Ces listes proposaient donc ni plus ni moins que d’affaiblir notre défense au profit d’une avancée de la construction européenne. Et l’on s’étonne ensuite du résultat..

L’effondrement de l’axe central du paysage politique française au profit de ses franges extrémistes tient sans doute moins à l’adhésion spontanée de l’électorat aux discours radicaux qu’à la médiocrité du personnel politique incarnant cet axe central et son incapacité à affronter les vrais défis. La fuite en avant vers le fédéralisme européen (et un inepte discours guerrier tenant lieu de soutien à l’Ukraine agressée) n’est que la conséquence de la vacuité de ses convictions et de son inaptitude à penser la politique dans son cadre naturel qu’est la nation.

Nous voilà donc revenus à l’état naturel d’un affrontement droite-gauche, mais dans sa version monstrueuse. Soucieux avant tout de préserver quelques sièges et les financements qui vont avec, la gauche et la droite modérées s’estiment contraintes, sous la pression de leur électorat respectif, de se livrer aux radicaux de leur « camp ». Tel est l’héritage de l’ère Macron, qui restera sans doute dans l’histoire comme l’illustration d’une mauvaise réponse à une bonne question.

Car le « populisme » de droite ou de gauche ne prospérerait pas sans une réalité que les « modérés » n’ont pas voulu voir et encore moins affronter. La seule réponse raisonnable au défi posé par l’échec de l’axe central est la reconstruction d’une offre politique fondée sur le progrès social et la défense nationale dans toutes ses dimensions, sécuritaire bien-sûr, mais tout autant culturelle et économique. Il n’y aura sans doute pas d’autre solution face à la crise de régime qui s’annonce, quand les institutions resteront bloquées faute de majorité claire et que toute nouvelle dissolution sera suspendue à l’expiration des délais constitutionnels. Le problème est que, à ce jour, cette offre nouvelle n’est pas incarnée. Or la Ve République, au contraire de celles qui ont précédé, exige de mettre un visage et un nom sur un programme.

                     —————————————————————–

* Le groupe Mars, constitué d’une trentaine de personnalités françaises issues d’horizons différents, des secteurs public et privé et du monde universitaire, se mobilise pour produire des analyses relatives aux enjeux concernant les intérêts stratégiques relatifs à l’industrie de défense et de sécurité et les choix technologiques et industriels qui sont à la base de la souveraineté de la France.

Peut-on éviter la crise de régime ?

Peut-on  éviter la crise de régime ?

 Tout en rappelant le contexte politique et historique de la situation politique française abracadabrantesque, le groupe Mars analyse les possibles conséquences des élections législatives d’une victoire du RN ou du Front populaire dans le domaine de la défense. Par le groupe de réflexions Mars. ( dans la Tribune)

Les sondages disaient donc vrai ! Aux élections européennes du 9 juin dernier, près d’un électeur sur trois a choisi, parmi 38, la liste Bardella et 40% des électeurs ont voté pour une liste classée à l’extrême-droite. En cumulant l’ensemble des listes classées à l’extrême-gauche, le total des votes hostiles à la construction européenne actuelle est majoritaire en France. Le chef de l’État en a tiré une conclusion politique tout aussi radicale que ce vote annoncé : il a dissous l’Assemblée nationale et convoqué de nouvelles élections législatives dès que possible. La France aura donc un nouveau Premier ministre le 14 Juillet …

A vrai dire, cet enchaînement institutionnel ne devrait pas constituer une surprise. La crise politique couvait depuis que les précédentes élections législatives il y a deux ans n’avaient pas permis de donner au président une majorité claire. La surprise est ailleurs : dans l’ampleur du soutien populaire dont jouit dorénavant le Rassemblement national (RN), tant géographiquement que sociologiquement. Un exemple suffit à illustrer l’ampleur du phénomène : à l’exception d’une poignée restée fidèles à la tradition de vote rouge, dans toutes les communes de Haute-Vienne le RN est arrivé en tête, et largement.

A Oradour-sur-Glane, où le chef de l’État se trouvait au lendemain de sa déroute électorale, le RN a séduit 36% des votants. Le résultat est similaire dans les communes environnantes et dans quasiment tout le département, y compris Limoges. Inimaginable encore en 2017, un tel résultat devrait provoquer une remise en cause radicale du discours et de la pensée politique. Il n’en est rien.

 Plutôt que de reconnaître son erreur historique d’avoir abandonné l’électorat populaire à l’extrême-droite, la gauche se fait plaisir en annonçant un nouveau « Front populaire ». Sympathique, mais pitoyable. N’est-ce pas Karl Marx qui disait que lorsque l’histoire se répète, c’est la première fois comme une tragédie, et la seconde comme une farce. Il est malgré tout intéressant de tenter de comparer les deux époques. Quand, en 1934, la gauche marxiste française décide d’oublier pour un temps les haines recuites du congrès de Tours, rejointe par des radicaux en perte d’influence, la France, atteinte avec un temps de retard par la crise économique, est menacée par le révisionnisme des dictatures fascistes qui s’installe chez ses plus grands voisins : Italie, Allemagne et prochainement Espagne.

Sur le front intérieur, la menace fasciste semble également se concrétiser depuis les évènements du 6 février qui ont vu les Ligues d’extrême-droite s’en prendre au Parlement. Quant à la condition ouvrière, elle est encore très difficile : en-dehors du paternalisme du patronat chrétien, les avancées sociales sont maigres, tant en termes de conditions de travail, de loisirs, de logement et de protection sociale, et les travailleurs se voient comme « des esclaves en location ».

90 ans plus tard, la situation est tout de même fort différente. La condition ouvrière ne ressemble en rien à celle d’avant 1936, la France n’est pas menacée par ses voisins immédiats et s’il existe une violence politique depuis 50 ans, elle est essentiellement le fait de l’extrême-gauche, des terroristes rouges des « années de plomb » à l’activisme vert radical d’aujourd’hui. Quant à l’antisémitisme, c’est encore à l’extrême gauche qu’il s’exprime aujourd’hui sans retenue. S’il n’est pas de même nature que dans les années trente, la haine du Juif est la même.

Dans ces conditions, la résurgence officielle d’un soi-disant « Front populaire » est problématique pour la crédibilité-même de la gauche, et donc de son avenir politique au sein de la République. L’idéologie révolutionnaire partagée par toutes les chapelles du trotskisme a fait suffisamment de mal à la social-démocratie. Au contraire, c’est sur sa vocation originelle de protection des couches populaires que la gauche doit se reconstruire un avenir afin de récupérer son électorat naturel quand il aura été suffisamment déçu par un RN directement confronté à l’exercice du pouvoir.

En se déplaçant plus au centre de l’hémicycle, le bloc libéralo-centriste n’est pas non plus épargné par les contradictions. Son « progressisme » auto-proclamé est au progrès social ce que le nationalisme de l’extrême-droite est à l’idée de nation : une trahison. Le progrès social (cf. les réformes des retraites et de l’assurance chômage) et les libertés individuelles (cf. la société du QR code et de la reconnaissance faciale) n’ont jamais autant régressé depuis que le pouvoir se dit progressiste. Est-ce qu’un pouvoir qui se dit nationaliste portera autant atteinte aux intérêts de la nation ?

Or le progrès comme la nation sont des idées de gauche. Celle-ci ne peut se reconstruire politiquement sans les assumer à nouveau, non comme des slogans mais pour répondre aux vrais besoins des gens. Ces besoins sont bien connus, à commencer par le sentiment d’insécurité sous toutes ses formes. Mais on ne lutte pas contre l’insécurité, qu’elle soit physique, sociale, culturelle ou relative aux intérêts vitaux de la nation. L’insécurité en tant que telle n’existe pas, c’est juste un slogan, un mot destiné à surtout ne rien faire. Par contre, c’est une réponse pénale adaptée qu’il faut opposer au crime, organisé ou non. C’est un filet de protection sociale raisonnable et adapté qu’il faut entretenir face aux accidents de la vie. C’est une culture particulière qu’il faut préserver et enrichir face à l’appauvrissement des écrans. Et c’est un ennemi, étatique ou non, qu’il faut se préparer à combattre s’il nous agresse.

De la même façon, l’immigration en tant que telle n’est pas un problème, du moins pour une vision de gauche. Par contre, quand on accueille des immigrés, il faut les accueillir vraiment, en leur partageant ce que nous avons de meilleur : notre sécurité (physique et sociale), notre culture, nos valeurs. On ne les laisse pas croupir dans des ghettos où ils s’enferment entre eux dans leurs valeurs réactionnaires sans autre perspective qu’une instruction au rabais et une éducation défaillante pour leurs enfants.

Tous ces défis, la gauche aurait pu et aurait dû les assumer quand elle était au pouvoir. Le fait est qu’aujourd’hui, une majorité de Français, considérant qu’elle a échoué, s’apprête à donner sa chance à un parti aux origines pour le moins controversées. Nul n’ignore que le RN est l’héritier direct du FN qui était il y a 50 ans un groupuscule d’extrême-droite fondé par un ancien député poujadiste antigaulliste qui ne répugnait ni à la violence ni à la provocation. Transformé par la fille du fondateur, le groupuscule a acquis en quelques années une respectabilité nourrie par la somme des erreurs de ses adversaires politiques.

Et voilà aujourd’hui l’ancien groupuscule devenu premier parti de France et peut-être demain majoritaire dans une Assemblée toujours élue par un mode de scrutin qui lui était jusqu’à présent défavorable. Ironie de l’histoire et des institutions, c’est grâce au scrutin majoritaire à deux tours que le RN pourrait demain emporter la majorité absolue des sièges avec moins d’un tiers des voix.

La bonne nouvelle, c’est que son (éventuelle) accession au pouvoir sous le régime de la cohabitation lui évitera de commettre l’irréparable dans bien des domaines, à commencer par celui qui intéresse le groupe Mars au premier chef, à savoir la défense. Réputé hostile à la présence de la France dans l’OTAN, le RN ne parviendra pas à en sortir notre pays du fait de l’opposition du chef des armées (et de tous les chefs militaires) à cette perspective.

Quitter l’OTAN serait en effet une catastrophe pour notre pays, tant du point de vue diplomatique qu’économique, et finalement pour notre sécurité. Vis-à-vis de ses alliés, la France perdrait une crédibilité qu’elle peinerait à reconquérir sous la forme de traités bilatéraux. Quant à ses ennemis potentiels, ils se réjouiraient de l’affaiblissement de sa défense. Car remplacer les garanties de sécurité d’une alliance aussi puissante que l’OTAN aurait un coût que nos finances publiques délabrées ne pourraient pas se permettre. Il en résulterait un déclassement historique de la nation France. Trahison, vous dit-on !

A l’inverse, l’autre bonne nouvelle de ces élections européennes, c’est la déroute des listes dont le programme prévoyait de consacrer davantage de moyens à l’Union européenne de défense, comme disent les Allemands. Il faut dire que la ficelle était un peu grosse : annoncer comme priorité la création d’un fonds de cent milliards d’euros pour la défense, de la part de listes dont les matières régaliennes n’étaient pas le point fort, cela sonnait étrangement faux. Il faut en effet rappeler que l’argent magique n’existe pas et que, par conséquent, si l’UE dépense 100 en plus, la France sera ponctionnée au bas mot de 18, et plus probablement de 20, voire plus en fonction de la position des autres États membres.

En milliards d’euro, cela correspond exactement à une annuité d’investissements dans des équipements de défense, c’est-à-dire le minimum du minimum pour faire face aujourd’hui aux menaces et à nos engagements. Créer un « fonds de défense » à cent milliards reviendrait en réalité à priver notre pays d’une annuité d’achats d’armements et de munitions. Une saignée complètement irresponsable. Ces listes proposaient donc ni plus ni moins que d’affaiblir notre défense au profit d’une avancée de la construction européenne. Et l’on s’étonne ensuite du résultat..

L’effondrement de l’axe central du paysage politique française au profit de ses franges extrémistes tient sans doute moins à l’adhésion spontanée de l’électorat aux discours radicaux qu’à la médiocrité du personnel politique incarnant cet axe central et son incapacité à affronter les vrais défis. La fuite en avant vers le fédéralisme européen (et un inepte discours guerrier tenant lieu de soutien à l’Ukraine agressée) n’est que la conséquence de la vacuité de ses convictions et de son inaptitude à penser la politique dans son cadre naturel qu’est la nation.

Nous voilà donc revenus à l’état naturel d’un affrontement droite-gauche, mais dans sa version monstrueuse. Soucieux avant tout de préserver quelques sièges et les financements qui vont avec, la gauche et la droite modérées s’estiment contraintes, sous la pression de leur électorat respectif, de se livrer aux radicaux de leur « camp ». Tel est l’héritage de l’ère Macron, qui restera sans doute dans l’histoire comme l’illustration d’une mauvaise réponse à une bonne question.

Car le « populisme » de droite ou de gauche ne prospérerait pas sans une réalité que les « modérés » n’ont pas voulu voir et encore moins affronter. La seule réponse raisonnable au défi posé par l’échec de l’axe central est la reconstruction d’une offre politique fondée sur le progrès social et la défense nationale dans toutes ses dimensions, sécuritaire bien-sûr, mais tout autant culturelle et économique. Il n’y aura sans doute pas d’autre solution face à la crise de régime qui s’annonce, quand les institutions resteront bloquées faute de majorité claire et que toute nouvelle dissolution sera suspendue à l’expiration des délais constitutionnels. Le problème est que, à ce jour, cette offre nouvelle n’est pas incarnée. Or la Ve République, au contraire de celles qui ont précédé, exige de mettre un visage et un nom sur un programme.

                     —————————————————————–

* Le groupe Mars, constitué d’une trentaine de personnalités françaises issues d’horizons différents, des secteurs public et privé et du monde universitaire, se mobilise pour produire des analyses relatives aux enjeux concernant les intérêts stratégiques relatifs à l’industrie de défense et de sécurité et les choix technologiques et industriels qui sont à la base de la souveraineté de la France.

Comment éviter la crise de régime

Comment éviter la crise de régime

 Tout en rappelant le contexte politique et historique de la situation politique française abracadabrantesque, le groupe Mars analyse les possibles conséquences des élections législatives d’une victoire du RN ou du Front populaire dans le domaine de la défense. Par le groupe de réflexions Mars. ( dans la Tribune)

Les sondages disaient donc vrai ! Aux élections européennes du 9 juin dernier, près d’un électeur sur trois a choisi, parmi 38, la liste Bardella et 40% des électeurs ont voté pour une liste classée à l’extrême-droite. En cumulant l’ensemble des listes classées à l’extrême-gauche, le total des votes hostiles à la construction européenne actuelle est majoritaire en France. Le chef de l’État en a tiré une conclusion politique tout aussi radicale que ce vote annoncé : il a dissous l’Assemblée nationale et convoqué de nouvelles élections législatives dès que possible. La France aura donc un nouveau Premier ministre le 14 Juillet …

A vrai dire, cet enchaînement institutionnel ne devrait pas constituer une surprise. La crise politique couvait depuis que les précédentes élections législatives il y a deux ans n’avaient pas permis de donner au président une majorité claire. La surprise est ailleurs : dans l’ampleur du soutien populaire dont jouit dorénavant le Rassemblement national (RN), tant géographiquement que sociologiquement. Un exemple suffit à illustrer l’ampleur du phénomène : à l’exception d’une poignée restée fidèles à la tradition de vote rouge, dans toutes les communes de Haute-Vienne le RN est arrivé en tête, et largement.

A Oradour-sur-Glane, où le chef de l’État se trouvait au lendemain de sa déroute électorale, le RN a séduit 36% des votants. Le résultat est similaire dans les communes environnantes et dans quasiment tout le département, y compris Limoges. Inimaginable encore en 2017, un tel résultat devrait provoquer une remise en cause radicale du discours et de la pensée politique. Il n’en est rien.

 Plutôt que de reconnaître son erreur historique d’avoir abandonné l’électorat populaire à l’extrême-droite, la gauche se fait plaisir en annonçant un nouveau « Front populaire ». Sympathique, mais pitoyable. N’est-ce pas Karl Marx qui disait que lorsque l’histoire se répète, c’est la première fois comme une tragédie, et la seconde comme une farce. Il est malgré tout intéressant de tenter de comparer les deux époques. Quand, en 1934, la gauche marxiste française décide d’oublier pour un temps les haines recuites du congrès de Tours, rejointe par des radicaux en perte d’influence, la France, atteinte avec un temps de retard par la crise économique, est menacée par le révisionnisme des dictatures fascistes qui s’installe chez ses plus grands voisins : Italie, Allemagne et prochainement Espagne.

Sur le front intérieur, la menace fasciste semble également se concrétiser depuis les évènements du 6 février qui ont vu les Ligues d’extrême-droite s’en prendre au Parlement. Quant à la condition ouvrière, elle est encore très difficile : en-dehors du paternalisme du patronat chrétien, les avancées sociales sont maigres, tant en termes de conditions de travail, de loisirs, de logement et de protection sociale, et les travailleurs se voient comme « des esclaves en location ».

90 ans plus tard, la situation est tout de même fort différente. La condition ouvrière ne ressemble en rien à celle d’avant 1936, la France n’est pas menacée par ses voisins immédiats et s’il existe une violence politique depuis 50 ans, elle est essentiellement le fait de l’extrême-gauche, des terroristes rouges des « années de plomb » à l’activisme vert radical d’aujourd’hui. Quant à l’antisémitisme, c’est encore à l’extrême gauche qu’il s’exprime aujourd’hui sans retenue. S’il n’est pas de même nature que dans les années trente, la haine du Juif est la même.

Dans ces conditions, la résurgence officielle d’un soi-disant « Front populaire » est problématique pour la crédibilité-même de la gauche, et donc de son avenir politique au sein de la République. L’idéologie révolutionnaire partagée par toutes les chapelles du trotskisme a fait suffisamment de mal à la social-démocratie. Au contraire, c’est sur sa vocation originelle de protection des couches populaires que la gauche doit se reconstruire un avenir afin de récupérer son électorat naturel quand il aura été suffisamment déçu par un RN directement confronté à l’exercice du pouvoir.

En se déplaçant plus au centre de l’hémicycle, le bloc libéralo-centriste n’est pas non plus épargné par les contradictions. Son « progressisme » auto-proclamé est au progrès social ce que le nationalisme de l’extrême-droite est à l’idée de nation : une trahison. Le progrès social (cf. les réformes des retraites et de l’assurance chômage) et les libertés individuelles (cf. la société du QR code et de la reconnaissance faciale) n’ont jamais autant régressé depuis que le pouvoir se dit progressiste. Est-ce qu’un pouvoir qui se dit nationaliste portera autant atteinte aux intérêts de la nation ?

Or le progrès comme la nation sont des idées de gauche. Celle-ci ne peut se reconstruire politiquement sans les assumer à nouveau, non comme des slogans mais pour répondre aux vrais besoins des gens. Ces besoins sont bien connus, à commencer par le sentiment d’insécurité sous toutes ses formes. Mais on ne lutte pas contre l’insécurité, qu’elle soit physique, sociale, culturelle ou relative aux intérêts vitaux de la nation. L’insécurité en tant que telle n’existe pas, c’est juste un slogan, un mot destiné à surtout ne rien faire. Par contre, c’est une réponse pénale adaptée qu’il faut opposer au crime, organisé ou non. C’est un filet de protection sociale raisonnable et adapté qu’il faut entretenir face aux accidents de la vie. C’est une culture particulière qu’il faut préserver et enrichir face à l’appauvrissement des écrans. Et c’est un ennemi, étatique ou non, qu’il faut se préparer à combattre s’il nous agresse.

De la même façon, l’immigration en tant que telle n’est pas un problème, du moins pour une vision de gauche. Par contre, quand on accueille des immigrés, il faut les accueillir vraiment, en leur partageant ce que nous avons de meilleur : notre sécurité (physique et sociale), notre culture, nos valeurs. On ne les laisse pas croupir dans des ghettos où ils s’enferment entre eux dans leurs valeurs réactionnaires sans autre perspective qu’une instruction au rabais et une éducation défaillante pour leurs enfants.

Tous ces défis, la gauche aurait pu et aurait dû les assumer quand elle était au pouvoir. Le fait est qu’aujourd’hui, une majorité de Français, considérant qu’elle a échoué, s’apprête à donner sa chance à un parti aux origines pour le moins controversées. Nul n’ignore que le RN est l’héritier direct du FN qui était il y a 50 ans un groupuscule d’extrême-droite fondé par un ancien député poujadiste antigaulliste qui ne répugnait ni à la violence ni à la provocation. Transformé par la fille du fondateur, le groupuscule a acquis en quelques années une respectabilité nourrie par la somme des erreurs de ses adversaires politiques.

Et voilà aujourd’hui l’ancien groupuscule devenu premier parti de France et peut-être demain majoritaire dans une Assemblée toujours élue par un mode de scrutin qui lui était jusqu’à présent défavorable. Ironie de l’histoire et des institutions, c’est grâce au scrutin majoritaire à deux tours que le RN pourrait demain emporter la majorité absolue des sièges avec moins d’un tiers des voix.

La bonne nouvelle, c’est que son (éventuelle) accession au pouvoir sous le régime de la cohabitation lui évitera de commettre l’irréparable dans bien des domaines, à commencer par celui qui intéresse le groupe Mars au premier chef, à savoir la défense. Réputé hostile à la présence de la France dans l’OTAN, le RN ne parviendra pas à en sortir notre pays du fait de l’opposition du chef des armées (et de tous les chefs militaires) à cette perspective.

Quitter l’OTAN serait en effet une catastrophe pour notre pays, tant du point de vue diplomatique qu’économique, et finalement pour notre sécurité. Vis-à-vis de ses alliés, la France perdrait une crédibilité qu’elle peinerait à reconquérir sous la forme de traités bilatéraux. Quant à ses ennemis potentiels, ils se réjouiraient de l’affaiblissement de sa défense. Car remplacer les garanties de sécurité d’une alliance aussi puissante que l’OTAN aurait un coût que nos finances publiques délabrées ne pourraient pas se permettre. Il en résulterait un déclassement historique de la nation France. Trahison, vous dit-on !

A l’inverse, l’autre bonne nouvelle de ces élections européennes, c’est la déroute des listes dont le programme prévoyait de consacrer davantage de moyens à l’Union européenne de défense, comme disent les Allemands. Il faut dire que la ficelle était un peu grosse : annoncer comme priorité la création d’un fonds de cent milliards d’euros pour la défense, de la part de listes dont les matières régaliennes n’étaient pas le point fort, cela sonnait étrangement faux. Il faut en effet rappeler que l’argent magique n’existe pas et que, par conséquent, si l’UE dépense 100 en plus, la France sera ponctionnée au bas mot de 18, et plus probablement de 20, voire plus en fonction de la position des autres États membres.

En milliards d’euro, cela correspond exactement à une annuité d’investissements dans des équipements de défense, c’est-à-dire le minimum du minimum pour faire face aujourd’hui aux menaces et à nos engagements. Créer un « fonds de défense » à cent milliards reviendrait en réalité à priver notre pays d’une annuité d’achats d’armements et de munitions. Une saignée complètement irresponsable. Ces listes proposaient donc ni plus ni moins que d’affaiblir notre défense au profit d’une avancée de la construction européenne. Et l’on s’étonne ensuite du résultat..

L’effondrement de l’axe central du paysage politique française au profit de ses franges extrémistes tient sans doute moins à l’adhésion spontanée de l’électorat aux discours radicaux qu’à la médiocrité du personnel politique incarnant cet axe central et son incapacité à affronter les vrais défis. La fuite en avant vers le fédéralisme européen (et un inepte discours guerrier tenant lieu de soutien à l’Ukraine agressée) n’est que la conséquence de la vacuité de ses convictions et de son inaptitude à penser la politique dans son cadre naturel qu’est la nation.

Nous voilà donc revenus à l’état naturel d’un affrontement droite-gauche, mais dans sa version monstrueuse. Soucieux avant tout de préserver quelques sièges et les financements qui vont avec, la gauche et la droite modérées s’estiment contraintes, sous la pression de leur électorat respectif, de se livrer aux radicaux de leur « camp ». Tel est l’héritage de l’ère Macron, qui restera sans doute dans l’histoire comme l’illustration d’une mauvaise réponse à une bonne question.

Car le « populisme » de droite ou de gauche ne prospérerait pas sans une réalité que les « modérés » n’ont pas voulu voir et encore moins affronter. La seule réponse raisonnable au défi posé par l’échec de l’axe central est la reconstruction d’une offre politique fondée sur le progrès social et la défense nationale dans toutes ses dimensions, sécuritaire bien-sûr, mais tout autant culturelle et économique. Il n’y aura sans doute pas d’autre solution face à la crise de régime qui s’annonce, quand les institutions resteront bloquées faute de majorité claire et que toute nouvelle dissolution sera suspendue à l’expiration des délais constitutionnels. Le problème est que, à ce jour, cette offre nouvelle n’est pas incarnée. Or la Ve République, au contraire de celles qui ont précédé, exige de mettre un visage et un nom sur un programme.

                     —————————————————————–

* Le groupe Mars, constitué d’une trentaine de personnalités françaises issues d’horizons différents, des secteurs public et privé et du monde universitaire, se mobilise pour produire des analyses relatives aux enjeux concernant les intérêts stratégiques relatifs à l’industrie de défense et de sécurité et les choix technologiques et industriels qui sont à la base de la souveraineté de la France.

Finances-Stratégies pour les multinationales pour éviter la fiscalité

Finances-Stratégies pour les multinationales pour éviter la fiscalité

En ces temps d’incertitude, de déficits et passée une vague d’inflation élevée, les gouvernements envisagent diverses politiques pour renforcer le contrôle fiscal des entreprises afin de prévenir la perte de recettes fiscales. Depuis des décennies, les multinationales ont notamment su diminuer leurs charges fiscales en transférant leurs bénéfices vers des pays à taux d’imposition faible ou nul : des paradis fiscaux. Des pays comme les Bermudes, sans impôt sur les sociétés, ou l’Irlande, avec un taux de 12,5 %, ont été des options très attrayantes. Dans l’Hexagone, le taux d’imposition sur les sociétés est, à titre de comparaison, de 25 % depuis 2022.

 

par , Assistant Professor of Accounting and Tax, IÉSEG School of Management -The Conversation

Déclaration d’intérêts

Le mécanisme peut être simple : exercer dans un pays à imposition plus élevée via une filiale, qui devra, par exemple, s’acquitter d’une facture envers une société mère située dans un « paradis fiscal » sous le motif d’utiliser un algorithme qu’elle détient. Si cet algorithme a peu d’équivalents sur le marché, il sera bien difficile pour les autorités fiscales d’estimer si fraude il y a, c’est-à-dire si le prix payé est bien plus élevé que ce qu’il devrait être.

Dans le cadre de l’OCDE, 140 pays ont signé la mise en place d’un taux d’imposition minimum pour les entreprises multinationales, à hauteur de 15 %. Si les bénéfices d’une société multinationale sont imposés en dessous du taux minimum dans un pays, d’autres nations auront le pouvoir d’imposer le delta. L’OCDE estime que la mesure augmentera les recettes fiscales mondiales annuelles d’un montant situé entre 155 et 192 milliards de dollars.

Ce dispositif, entré en vigueur cette année dans 55 juridictions, peut-il impliquer des changements dans les stratégies de transfert de revenus ? Une étude récente menée par Kenneth Klassen (Université de Waterloo) et moi-même tente de répondre à la question à partir de données provenant de filiales de multinationales de 21 pays européens. Elle met en exergue une conséquence non voulue au dispositif : des bilans souvent gonflés artificiellement.

Les unités de mesures de performance financière telles que le bénéfice avant intérêts et impôts (BAII ou EBIT en anglais) sont fréquemment utilisées en interne par les multinationales pour évaluer les performances des gestionnaires de filiales. S’y mêlent néanmoins les stratégies internationales de planification fiscale des entreprises. Celles-ci complexifient l’établissement des objectifs et l’évaluation des résultats, jusqu’à parfois fausser les décisions opérationnelles au sein du groupe. Le gestionnaire d’un pays à faible imposition, grâce aux bénéfices transférés depuis des pays à forte imposition, peut ainsi afficher des résultats plus séduisants. À l’équilibre, les objectifs fixés par la maison mère semblent néanmoins en tenir compte.

Mais que se passe-t-il lorsqu’il y a un changement dans la stratégie de transfert de revenus ? Les sièges sociaux n’ont pas toujours une information à jour en la matière et ne révisent alors pas nécessairement leurs attentes envers chaque filiale.

 

. Considérons une multinationale dont le siège est en France, avec un taux d’imposition de 25 %, avec une filiale en Irlande où ce taux est de 12,5 %. Elle recherchera à transférer les bénéfices de la France vers l’Irlande. Au début de 2024, des objectifs et des paramètres d’incitation ont été établis par la maison mère pour les gestionnaires des filiales française et irlandaise à partir de données de 2023. Qu’arriverait-il si l’Irlande étendait la législation OCDE à toutes ses entreprises ou si, au cours de 2024, le gouvernement français resserrait ses réglementations sur le transfert de revenus ?

En réponse, le service fiscal de la multinationale peut réduire les revenus transférés de la France vers l’Irlande. Les bénéfices seraient en effet moindres et les risques de pénalités plus importants. Néanmoins, une fois que les objectifs au niveau des filiales sont approuvés, ils sont rarement modifiés. Le gestionnaire irlandais devrait alors atteindre les mêmes objectifs sans pouvoir compter sur autant de bénéfices transférés depuis la France. La tentation est grande alors pour lui de gonfler artificiellement ses résultats.

Dans notre récente étude, nous avons testé empiriquement ce scénario décrit ci-dessus. Nos résultats ont confirmé que lorsque les multinationales pratiquent le transfert de revenus entre les sites, les filiales dans les juridictions à faible taux d’imposition déclarent en moyenne des bénéfices plus élevés que celles situées dans des juridictions à taux d’imposition élevé. Ces ajustements fiscaux sont généralement pris en compte dans l’évaluation des gestionnaires de filiales par l’entreprise.

Lorsqu’un pays à taux d’imposition élevé resserre ses réglementations sur le transfert de revenus, il apparaît bien que les entreprises ajustent leurs stratégies fiscales et transfèrent moins de revenus vers les filiales à faible taux d’imposition. Et nous démontrons également que cet ajustement incite les filiales à faible taux d’imposition à gonfler stratégiquement leurs résultats pour atteindre leurs objectifs. Autrement dit, si le resserrement des réglementations sur le transfert de revenus atteint bien son objectif initial, à savoir limiter les transferts de revenus, il faut noter qu’il le fait avec des conséquences non intentionnelles : une augmentation de la manipulation des résultats par les pays perdant des revenus transférés.

 

Or, ces trucages peuvent conduire à des investissements excessifs ou sous-optimaux, à une mauvaise répartition des ressources entre les différentes entités du groupe ou encore à un renforcement des asymétries d’informations entre gestionnaires et propriétaires. Notre étude souligne ainsi l’importance pour les auditeurs et la direction centrale de prendre en compte les pressions supplémentaires sur le rapport de performance financière lorsque la planification fiscale réduit significativement les bénéfices de certaines filiales.

Stratégies pour les multinationales pour éviter la fiscalité

Stratégies pour les multinationales pour éviter la fiscalité

 

En ces temps d’incertitude, de déficits et passée une vague d’inflation élevée, les gouvernements envisagent diverses politiques pour renforcer le contrôle fiscal des entreprises afin de prévenir la perte de recettes fiscales. Depuis des décennies, les multinationales ont notamment su diminuer leurs charges fiscales en transférant leurs bénéfices vers des pays à taux d’imposition faible ou nul : des paradis fiscaux. Des pays comme les Bermudes, sans impôt sur les sociétés, ou l’Irlande, avec un taux de 12,5 %, ont été des options très attrayantes. Dans l’Hexagone, le taux d’imposition sur les sociétés est, à titre de comparaison, de 25 % depuis 2022.

 

par , Assistant Professor of Accounting and Tax, IÉSEG School of Management -The Conversation

Déclaration d’intérêts

Le mécanisme peut être simple : exercer dans un pays à imposition plus élevée via une filiale, qui devra, par exemple, s’acquitter d’une facture envers une société mère située dans un « paradis fiscal » sous le motif d’utiliser un algorithme qu’elle détient. Si cet algorithme a peu d’équivalents sur le marché, il sera bien difficile pour les autorités fiscales d’estimer si fraude il y a, c’est-à-dire si le prix payé est bien plus élevé que ce qu’il devrait être.

Dans le cadre de l’OCDE, 140 pays ont signé la mise en place d’un taux d’imposition minimum pour les entreprises multinationales, à hauteur de 15 %. Si les bénéfices d’une société multinationale sont imposés en dessous du taux minimum dans un pays, d’autres nations auront le pouvoir d’imposer le delta. L’OCDE estime que la mesure augmentera les recettes fiscales mondiales annuelles d’un montant situé entre 155 et 192 milliards de dollars.

Ce dispositif, entré en vigueur cette année dans 55 juridictions, peut-il impliquer des changements dans les stratégies de transfert de revenus ? Une étude récente menée par Kenneth Klassen (Université de Waterloo) et moi-même tente de répondre à la question à partir de données provenant de filiales de multinationales de 21 pays européens. Elle met en exergue une conséquence non voulue au dispositif : des bilans souvent gonflés artificiellement.

Les unités de mesures de performance financière telles que le bénéfice avant intérêts et impôts (BAII ou EBIT en anglais) sont fréquemment utilisées en interne par les multinationales pour évaluer les performances des gestionnaires de filiales. S’y mêlent néanmoins les stratégies internationales de planification fiscale des entreprises. Celles-ci complexifient l’établissement des objectifs et l’évaluation des résultats, jusqu’à parfois fausser les décisions opérationnelles au sein du groupe. Le gestionnaire d’un pays à faible imposition, grâce aux bénéfices transférés depuis des pays à forte imposition, peut ainsi afficher des résultats plus séduisants. À l’équilibre, les objectifs fixés par la maison mère semblent néanmoins en tenir compte.

Mais que se passe-t-il lorsqu’il y a un changement dans la stratégie de transfert de revenus ? Les sièges sociaux n’ont pas toujours une information à jour en la matière et ne révisent alors pas nécessairement leurs attentes envers chaque filiale.

 

. Considérons une multinationale dont le siège est en France, avec un taux d’imposition de 25 %, avec une filiale en Irlande où ce taux est de 12,5 %. Elle recherchera à transférer les bénéfices de la France vers l’Irlande. Au début de 2024, des objectifs et des paramètres d’incitation ont été établis par la maison mère pour les gestionnaires des filiales française et irlandaise à partir de données de 2023. Qu’arriverait-il si l’Irlande étendait la législation OCDE à toutes ses entreprises ou si, au cours de 2024, le gouvernement français resserrait ses réglementations sur le transfert de revenus ?

En réponse, le service fiscal de la multinationale peut réduire les revenus transférés de la France vers l’Irlande. Les bénéfices seraient en effet moindres et les risques de pénalités plus importants. Néanmoins, une fois que les objectifs au niveau des filiales sont approuvés, ils sont rarement modifiés. Le gestionnaire irlandais devrait alors atteindre les mêmes objectifs sans pouvoir compter sur autant de bénéfices transférés depuis la France. La tentation est grande alors pour lui de gonfler artificiellement ses résultats.

Dans notre récente étude, nous avons testé empiriquement ce scénario décrit ci-dessus. Nos résultats ont confirmé que lorsque les multinationales pratiquent le transfert de revenus entre les sites, les filiales dans les juridictions à faible taux d’imposition déclarent en moyenne des bénéfices plus élevés que celles situées dans des juridictions à taux d’imposition élevé. Ces ajustements fiscaux sont généralement pris en compte dans l’évaluation des gestionnaires de filiales par l’entreprise.

Lorsqu’un pays à taux d’imposition élevé resserre ses réglementations sur le transfert de revenus, il apparaît bien que les entreprises ajustent leurs stratégies fiscales et transfèrent moins de revenus vers les filiales à faible taux d’imposition. Et nous démontrons également que cet ajustement incite les filiales à faible taux d’imposition à gonfler stratégiquement leurs résultats pour atteindre leurs objectifs. Autrement dit, si le resserrement des réglementations sur le transfert de revenus atteint bien son objectif initial, à savoir limiter les transferts de revenus, il faut noter qu’il le fait avec des conséquences non intentionnelles : une augmentation de la manipulation des résultats par les pays perdant des revenus transférés.

 

Or, ces trucages peuvent conduire à des investissements excessifs ou sous-optimaux, à une mauvaise répartition des ressources entre les différentes entités du groupe ou encore à un renforcement des asymétries d’informations entre gestionnaires et propriétaires. Notre étude souligne ainsi l’importance pour les auditeurs et la direction centrale de prendre en compte les pressions supplémentaires sur le rapport de performance financière lorsque la planification fiscale réduit significativement les bénéfices de certaines filiales.

Russsie-Europe : comment éviter la guerre

Russsie-Europe : comment éviter la guerre 

 

« Les visées expansionnistes de Vladimir Poutine ne s’arrêteront pas à l’Ukraine. Aussi est-il temps que les pays européens prennent la mesure du danger et changent rapidement de stratégie », estime le diplomate ukrainien Valeriy Chaly, dans une tribune au « Monde ».

 

Dans l’histoire de l’humanité, la majeure partie des guerres ont eu lieu en Europe. Il semblait que le début du XXIe siècle serait une exception, et que les principaux événements géopolitiques et conflits armés se tiendraient ailleurs. Avant 2014, lorsque la Russie a attaqué l’Ukraine, commençant par l’annexion illégale de la Crimée, il y avait presque un consensus parmi les experts selon lequel les guerres modernes pourraient éclater soit dans la région Indo-Pacifique, soit au Moyen-Orient ravagé par les conflits, ou en Afrique, où les affrontements peuvent désormais être alimentés par le désir des grandes puissances d’exercer leur influence dans la course aux ressources naturelles rares.Mais les visions maladives de Poutine, son acharnement à faire reculer l’histoire et la réponse inadéquate du monde occidental à l’expansion russe ont conduit à une guerre à grande échelle au centre géographique de l’Europe – en Ukraine, qui défend non seulement son territoire, mais aussi le flanc est de l’OTAN et de l’UE.

Les efforts héroïques du peuple ukrainien depuis deux ans ont donné à ses partenaires le temps de se préparer. L’Ukraine, on l’aura compris, ne reculera pas. Mais cela ne garantit pas la paix dans d’autres parties de l’Europe.

Assez d’illusions ! Le dirigeant russe, qui considère l’Europe comme faible et qui a lancé un ultimatum aux pays de l’OTAN en décembre 2021, tentera d’attaquer ces pays pour accroître les enjeux et obtenir un partage des influences sur le continent européen. A l’occupation de certaines parties du territoire de la Géorgie, de la Moldavie et de l’Ukraine s’ajoutent désormais les revendications territoriales russes exprimées publiquement à l’égard des membres de l’UE et de l’OTAN. Ce n’est plus un secret que les plans opérationnels de l’état-major général russe, contenant une attaque terrestre à travers l’Estonie ou le contrôle du corridor de Suwalki entre la Pologne et la Lituanie en direction de l’enclave russe de Kaliningrad, pourraient connaître un nouvel élan.
Les menaces terroristes, de migration incontrôlée, de radicalisme ou même de changements climatiques sont perceptibles et semblent nécessiter une attention et une réaction prioritaires. Avant qu’un missile de plusieurs tonnes lancé à partir d’un bombardier stratégique russe ou un drone de frappe capable d’atteindre pratiquement n’importe quel point de l’Europe atterrisse dans votre cour. Comme en témoignent non seulement les Ukrainiens, mais aussi les citoyens des pays de l’OTAN, notamment la Pologne et la Roumanie.

 

Europe : comment éviter la guerre

Europe : comment éviter la guerre 

 

« Les visées expansionnistes de Vladimir Poutine ne s’arrêteront pas à l’Ukraine. Aussi est-il temps que les pays européens prennent la mesure du danger et changent rapidement de stratégie », estime le diplomate ukrainien Valeriy Chaly, dans une tribune au « Monde ».

 

Dans l’histoire de l’humanité, la majeure partie des guerres ont eu lieu en Europe. Il semblait que le début du XXIe siècle serait une exception, et que les principaux événements géopolitiques et conflits armés se tiendraient ailleurs. Avant 2014, lorsque la Russie a attaqué l’Ukraine, commençant par l’annexion illégale de la Crimée, il y avait presque un consensus parmi les experts selon lequel les guerres modernes pourraient éclater soit dans la région Indo-Pacifique, soit au Moyen-Orient ravagé par les conflits, ou en Afrique, où les affrontements peuvent désormais être alimentés par le désir des grandes puissances d’exercer leur influence dans la course aux ressources naturelles rares.

Mais les visions maladives de Poutine, son acharnement à faire reculer l’histoire et la réponse inadéquate du monde occidental à l’expansion russe ont conduit à une guerre à grande échelle au centre géographique de l’Europe – en Ukraine, qui défend non seulement son territoire, mais aussi le flanc est de l’OTAN et de l’UE.

Les efforts héroïques du peuple ukrainien depuis deux ans ont donné à ses partenaires le temps de se préparer. L’Ukraine, on l’aura compris, ne reculera pas. Mais cela ne garantit pas la paix dans d’autres parties de l’Europe.

Assez d’illusions ! Le dirigeant russe, qui considère l’Europe comme faible et qui a lancé un ultimatum aux pays de l’OTAN en décembre 2021, tentera d’attaquer ces pays pour accroître les enjeux et obtenir un partage des influences sur le continent européen. A l’occupation de certaines parties du territoire de la Géorgie, de la Moldavie et de l’Ukraine s’ajoutent désormais les revendications territoriales russes exprimées publiquement à l’égard des membres de l’UE et de l’OTAN. Ce n’est plus un secret que les plans opérationnels de l’état-major général russe, contenant une attaque terrestre à travers l’Estonie ou le contrôle du corridor de Suwalki entre la Pologne et la Lituanie en direction de l’enclave russe de Kaliningrad, pourraient connaître un nouvel élan.
Les menaces terroristes, de migration incontrôlée, de radicalisme ou même de changements climatiques sont perceptibles et semblent nécessiter une attention et une réaction prioritaires. Avant qu’un missile de plusieurs tonnes lancé à partir d’un bombardier stratégique russe ou un drone de frappe capable d’atteindre pratiquement n’importe quel point de l’Europe atterrisse dans votre cour. Comme en témoignent non seulement les Ukrainiens, mais aussi les citoyens des pays de l’OTAN, notamment la Pologne et la Roumanie.

 

États-Unis : «compromis» avec les Républicains pour éviter un défaut

États-Unis : «compromis» avec les Républicains pour éviter un défaut »


Comme souvent, un accord de dernière minute a été trouvé aux États-Unis pour trouver un accord entre les forces politiques afin de relever le plafond de la dette. Théoriquement cet accord a été conclu avec les républicains sous réserve de réduction des dépenses publiques.

Finalement les États-Unis se sont une nouvelle fois fait fait peur pour rien et les bourses devraient en profiter ses prochains jours pour enregistrer des hausses

«Nous sommes parvenus à un accord budgétaire bipartisan que nous sommes prêts à soumettre à l’ensemble du Congrès», a déclaré Joe Biden lors d’une brève apparition devant les médias dimanche soir à la Maison Blanche. «L’accord permet d’éviter la pire crise possible: un défaut de paiement pour la première fois dans l’histoire de notre pays, une récession économique, des comptes épargne retraite dévastés, des millions d’emplois perdus», a poursuivi le président. «Cet accord part maintenant à la Chambre des représentants et au Sénat. J’invite fermement les deux chambres à l’adopter», a-t-il ajouté.

Sans relèvement de cette limite, la première puissance mondiale risquait de se trouver en défaut de paiement le 5 juin, incapable d’honorer ses engagements financiers : salaires, retraites ou remboursements à ses créanciers. Comme toutes les grandes économies ou presque, les États-Unis vivent à crédit. Mais contrairement aux autres pays développés, l’Amérique bute régulièrement sur une contrainte juridique : le plafond de la dette, le montant maximal d’endettement des États-Unis, qui doit être formellement relevé par le Congrès.

L’accord de principe trouvé samedi soir donne un peu d’air aux marchés financiers, qui n’ont jamais réellement paniqué mais que cette paralysie commençait à impatienter. Il est de fait très courant que des compromis de dernière minute soient conclus sur ce type de dossier.

Politique-Ukraine : la Russie recule pour éviter la capitulation

Politique-Ukraine : la Russie recule pour éviter la capitulation

Le chef des armées russe vient curieusement de reconnaître les difficultés auxquelles l’armée russe est confrontée et qui nécessite un recul pour éviter une défaite honteuse. Pourtant ce nouveau chef des armées n’est pas un tendre mais sans doute a-t-il pris conscience des réalités du terrain et n’est-il pas prêt à faire sacrifier l’armée sur l’autel de la démence de Poutine.

On prépare aussi en même temps l’opinion russe à la défaite en l’habillant de prétexte humanitaire pour rapatrier des Russes d’Ukraine.

Le nouveau commandant de l’armée russe en Ukraine, Sergueï Sourovikine, a donc reconnu, mardi 18 octobre, que ses troupes faisaient face à une situation «tendue» et auraient à effectuer des choix difficiles.

Le nouveau commandant de l’armée russe ménage aussi son propre avenir en décrivant un tableau assez sombre de la situation héritage de son prédécesseur et sous-entendu de Poutine aussi.
Ces déclarations de Sergueï Sourovikine à l’antenne de la chaîne de télévision publique Rossiya 24 interviennent alors que le gouverneur nommé par les Russes dans la région de Kherson, dans le sud de l’Ukraine, a annoncé une évacuation de civils face à la menace d’un assaut ukrainien.

« La situation dans le secteur de l’opération militaire spéciale peut être qualifiée de tendue », a dit Sergueï Sourovikine, général de l’armée de l’air nommé ce mois-ci à la tête des forces russes engagées en Ukraine, où elles subissent depuis début septembre une contre-offensive ukrainienne.

Recul russe. « L’ennemi tente continuellement d’attaquer les positions des troupes russes », a-t-il poursuivi. « Cela concerne avant tout les secteurs de Koupiansk, Lyman et Mykolaïv-Kryvyi Rih », a précisé Sergueï Sourovikine. Koupiansk et Lyman se trouvent dans l’est de l’Ukraine, et la zone de Mykolaïv et Kryvyi Rih recouvre essentiellement le nord de la région de Kherson. L’armée russe a reculé de 20 à 30 km ces dernières semaines dans le secteur de Kherson et elle risque d’être acculée sur la rive droite, ou occidentale, du fleuve Dniepr.

Sergueï Sourovikine a également paru reconnaître que les forces ukrainiennes risquaient désormais d’avancer vers la ville de Kherson, située près de l’embouchure du Dniepr sur la rive droite. Kherson est en outre difficile à ravitailler pour l’armée russe, car le principal pont menant à la rive gauche du Dniepr a été fortement endommagé par un bombardement ukrainien.
« Nos plans et nos actions à venir concernant la ville de Kherson elle-même dépendront de la situation militaro-tactique à venir. Je répète, c’est déjà très difficile aujourd’hui », a dit Sergueï Sourovikine. « Nous allons agir en conscience, de manière opportune, sans exclure des décisions difficiles », a-t-il conclu.

Éviter le pillage des ressources halieutiques

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    Éviter le pillage des ressources halieutiques
  • La mise en place d’une gestion des pêches permet non sans mal une exploitation durable des ressources halieutiques, note l’économiste Olivier Thébaud dans une tribune au « Monde ». L’exploitation durable des ressources halieutiques est une question biologique, mais également économique, sociale et politique. Parce que ces ressources sont communes, la production de chaque exploitant dépend non seulement de son propre effort d’exploitation, mais aussi (négativement) de celui de tous les autres qui exploitent la même ressource.

    En l’absence de régulation, le phénomène de « course au poisson » se met en place, entraînant le développement de surcapacités de production, une moins bonne valorisation des productions, et des conflits. La gestion des pêches a été justement mise en place pour lutter contre ce phénomène, observé partout dans le monde, et a su relever plusieurs défis complexes.
    Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Le réchauffement climatique pourrait entraîner le déclin des gros poissons dans les océans
    Dans l’Atlantique Nord, l’approche a d’abord été centrée sur la mise en œuvre de mesures de conservation, visant à limiter les niveaux de prélèvements et permettre ainsi la croissance des poissons et le renouvellement des populations exploitées. Les efforts de recherche internationaux menés depuis plus de soixante-dix ans ont débouché sur une science de l’exploitation des ressources halieutiques aujourd’hui très opérationnelle. Fondée notamment sur des modèles représentant l’effort de pêche et son impact sur les populations exploitées, elle permet d’identifier les niveaux de captures permettant d’espérer le maintien des rendements de la pêche à des niveaux garantissant une pêche durable. Ces modèles participent notamment à la fixation annuelle des « totaux autorisés de captures » (TAC) pour chaque stock ainsi évalué.

    La prise en compte des enjeux économiques et sociaux dans ces diagnostics a eu tendance à s’accroître, avec, par exemple, l’ouverture du Conseil international pour l’exploration de la mer aux sciences sociales. La détermination des mesures de conservation suppose en effet de s’accorder sur des objectifs à long terme pour la pêche, justifiant les limites de captures mises en œuvre. La politique commune de la pêche européenne vise le rendement maximum durable, c’est-à-dire la plus grande quantité de biomasse qui peut être extraite d’un stock halieutique sans affecter son processus de reproduction, dans un objectif de durabilité environnementale, économique et sociale.

    Les faits montrent que la course au poisson se développe tant que les règles encadrant l’exploitation n’abordent pas le partage des possibilités de pêche. Dans une pêcherie gérée par TAC, par exemple, le phénomène de course au poisson finit tôt ou tard par s’instaurer, chacun cherchant à prélever au mieux avant que la limite ne soit atteinte et la saison de pêche fermée. Un second grand défi est donc d’anticiper des règles de répartition des possibilités de pêche, en sélectionnant qui peut pêcher, et en répartissant ces possibilités entre groupes d’usagers. Les systèmes de répartitions en quotas de pêche, alloués à des collectifs comme les organisations de producteurs, ou à des exploitants individuels, suivant les pays et les pêcheries, participent à cet objectif. Cette sécurisation est aujourd’hui reconnue partout dans le monde comme une question majeure pour la viabilité économique de ces entreprises.

    Ecole : Comment éviter le naufrage ?

    Ecole : Comment éviter le naufrage ? 

     Les élèves français peinent à acquérir les savoirs fondamentaux, comme en témoignent les classements PISA de la France, et l’école de la République n’arrive plus à tenir sa promesse d’égalité des chances, socle de notre République. Professeurs en colère, parents inquiets, système éducatif qui semble péricliter… Comment éviter le naufrage annoncé ? Par Sandrine Dirani, PDG de Zeneduc. (La tribune)

     

    Qui dit attractivité de notre école dit nécessairement revalorisation du métier d’enseignant. La hausse des salaires annoncée par notre ministre de l’Education, Pap Ndiaye, est certes un prérequis indispensable mais elle ne sera pas suffisante pour stopper l’hémorragie des professeurs qui quittent le navire et pour pourvoir les postes vacants.

    Les enseignants sont également en quête d’une vraie reconnaissance de la hiérarchie à la hauteur de leur engagement et d’un accompagnement concret pour les aider à exprimer leur vocation : un mentorat de terrain des jeunes professeurs qui débutent leur carrière dans les établissements les plus difficiles, une meilleure formation sur les neurosciences, les aspects pédagogiques de la gestion de la classe et de l’hétérogénéité des élèves, une liberté pédagogique pour promouvoir l’innovation dans l’acquisition des savoirs fondamentaux, un meilleur dialogue avec les familles pour définir les rôles respectifs entre parents et école dans l’éducation des enfants, … Nombreuses sont les pistes à explorer pour répondre au malaise du corps professoral.

    L’école de la république ne parvient plus à éviter la reproduction sociale. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les enfants d’ouvriers représentent 12% des élèves du supérieur et le tableau est encore plus sombre si, aux inégalités socio-économiques, on rajoute celles d’origine territoriale. La France est le règne de l’entre-soi : trois lycées (Sainte Geneviève, Louis le Grand et Stanislas) remplissent à eux-seuls plus de la moitié des promotions de Polytechnique !

    Outre le fait que cela renforce les inégalités en créant une France à double vitesse, cet élitisme forcené tend à creuser sa propre tombe à force de consanguinité et d’inertie. Là encore, ce ne sont pas les pistes de réflexion qui manquent et notamment le renforcement du dédoublement des classes en zone prioritaire, l’attribution de primes et logements de fonction pour attirer les enseignants les mieux formés vers les zones défavorisées et la substitution de la notion d’équité à celle d’égalité des chances (aide aux devoirs, embauches d’assistantes sociales, révision des seuils de bourses pour l’enseignement secondaire).

    La France survalorise ses diplômes et ses élites au détriment d’une meilleure intégration entre le marché du travail et les apprentissages ou d’une revalorisation nécessaire des métiers techniques ou manuels.

    Il est grand temps que cela change ! Non un diplôme, une filière, un premier emploi ne devrait pas conditionner toute une vie. Créons des passerelles, libérons les énergies, permettons à notre jeunesse de tenter, d’échouer, de se relever, d’apprendre, de progresser à tout âge.

    Notre société ne cesse de parler de soft skills et pourtant, qu’est-il fait concrètement pour que nos jeunes apprennent à se connaître, découvrent leurs talents, se posent la question de leurs rêves et de leurs aspirations pour trouver une voie où ils pourraient véritablement s’épanouir et se réaliser ? Je pense qu’il est indispensable qu’ils se posent la question de leur orientation et de leurs intérêts bien plus tôt et au sein même de l’école qui devrait les préparer bien plus largement à leur vie professionnelle, en collaboration avec les entreprises.

    Le pessimisme ne sert à rien. Seule l’action nous permettra de redéfinir un nouveau contrat social et de renouer avec les valeurs républicaines de notre école. Tous les citoyens pourront, ainsi, croire à nouveau en sa capacité à leur assurer un avenir.

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    (*) Sandrine Dirani est conférencière et autrice de « Aider son enfant à surmonter ses colères » – Hatier, « Ton meilleur atout, c’est toi ! » – de Boeck Supérieur et « Je maîtrise l’orthographe » (à paraître en janvier 2023).

    Système éducatif : Comment éviter le naufrage ?

    Système éducatif : Comment éviter le naufrage ? 

     Les élèves français peinent à acquérir les savoirs fondamentaux, comme en témoignent les classements PISA de la France, et l’école de la République n’arrive plus à tenir sa promesse d’égalité des chances, socle de notre République. Professeurs en colère, parents inquiets, système éducatif qui semble péricliter… Comment éviter le naufrage annoncé ? Par Sandrine Dirani, PDG de Zeneduc. (La tribune)

     

    Qui dit attractivité de notre école dit nécessairement revalorisation du métier d’enseignant. La hausse des salaires annoncée par notre ministre de l’Education, Pap Ndiaye, est certes un prérequis indispensable mais elle ne sera pas suffisante pour stopper l’hémorragie des professeurs qui quittent le navire et pour pourvoir les postes vacants.

    Les enseignants sont également en quête d’une vraie reconnaissance de la hiérarchie à la hauteur de leur engagement et d’un accompagnement concret pour les aider à exprimer leur vocation : un mentorat de terrain des jeunes professeurs qui débutent leur carrière dans les établissements les plus difficiles, une meilleure formation sur les neurosciences, les aspects pédagogiques de la gestion de la classe et de l’hétérogénéité des élèves, une liberté pédagogique pour promouvoir l’innovation dans l’acquisition des savoirs fondamentaux, un meilleur dialogue avec les familles pour définir les rôles respectifs entre parents et école dans l’éducation des enfants, … Nombreuses sont les pistes à explorer pour répondre au malaise du corps professoral.

    L’école de la république ne parvient plus à éviter la reproduction sociale. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les enfants d’ouvriers représentent 12% des élèves du supérieur et le tableau est encore plus sombre si, aux inégalités socio-économiques, on rajoute celles d’origine territoriale. La France est le règne de l’entre-soi : trois lycées (Sainte Geneviève, Louis le Grand et Stanislas) remplissent à eux-seuls plus de la moitié des promotions de Polytechnique !

    Outre le fait que cela renforce les inégalités en créant une France à double vitesse, cet élitisme forcené tend à creuser sa propre tombe à force de consanguinité et d’inertie. Là encore, ce ne sont pas les pistes de réflexion qui manquent et notamment le renforcement du dédoublement des classes en zone prioritaire, l’attribution de primes et logements de fonction pour attirer les enseignants les mieux formés vers les zones défavorisées et la substitution de la notion d’équité à celle d’égalité des chances (aide aux devoirs, embauches d’assistantes sociales, révision des seuils de bourses pour l’enseignement secondaire).

    La France survalorise ses diplômes et ses élites au détriment d’une meilleure intégration entre le marché du travail et les apprentissages ou d’une revalorisation nécessaire des métiers techniques ou manuels.

    Il est grand temps que cela change ! Non un diplôme, une filière, un premier emploi ne devrait pas conditionner toute une vie. Créons des passerelles, libérons les énergies, permettons à notre jeunesse de tenter, d’échouer, de se relever, d’apprendre, de progresser à tout âge.

    Notre société ne cesse de parler de soft skills et pourtant, qu’est-il fait concrètement pour que nos jeunes apprennent à se connaître, découvrent leurs talents, se posent la question de leurs rêves et de leurs aspirations pour trouver une voie où ils pourraient véritablement s’épanouir et se réaliser ? Je pense qu’il est indispensable qu’ils se posent la question de leur orientation et de leurs intérêts bien plus tôt et au sein même de l’école qui devrait les préparer bien plus largement à leur vie professionnelle, en collaboration avec les entreprises.

    Le pessimisme ne sert à rien. Seule l’action nous permettra de redéfinir un nouveau contrat social et de renouer avec les valeurs républicaines de notre école. Tous les citoyens pourront, ainsi, croire à nouveau en sa capacité à leur assurer un avenir.

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    (*) Sandrine Dirani est conférencière et autrice de « Aider son enfant à surmonter ses colères » – Hatier, « Ton meilleur atout, c’est toi ! » – de Boeck Supérieur et « Je maîtrise l’orthographe » (à paraître en janvier 2023).

    Concept de » Sobriété énergétique »: Un slogan pour éviter des changements structurels

    Concept de » Sobriété énergétique »: Un slogan pour éviter des changements structurels 

     

    Yamina Saheb membre du GIEC, Experte des politiques d’atténuation du changement climatique estime dans le Monde  que  la mise en place de politiques de sobriété nécessite une métamorphose de l’économie qui va bien au-delà du plan annoncé par Emmanuel Macron. 

    On ne peut que se féliciter de l’émergence de la sobriété dans le débat public comme solution à la crise énergétique. Le concept de sobriété n’est pas nouveau, il remonte à la Grèce antique. La Thaïlande a été le premier pays à en faire la colonne vertébrale de sa politique de développement, alors que la France est le seul pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques à avoir inscrit la sobriété dans sa loi sur la transition énergétique.

    Malheureusement, la vision française de la sobriété se limite à sa dimension énergétique et ignore les autres composantes de la sobriété identifiées dans le rapport III du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). En effet, ce rapport définit les politiques de sobriété comme étant « un ensemble de mesures et de pratiques du quotidien qui évitent la demande en énergie, matériaux, sol et eau tout en assurant le bien-être pour tous dans les limites planétaires ».

    La sobriété n’est pas l’austérité ! Bien au contraire, les politiques de sobriété préservent l’accès pour tous aux services essentiels en éliminant les consommations superflues des plus aisés. Et contrairement aux idées reçues, les citoyens ne pourront avoir des comportements sobres que si, et seulement si, les politiques publiques mettent d’abord en place les solutions nécessaires pour que les activités essentielles au bien-être de tous se déroulent dans le respect des limites planétaires.

    Les politiques de sobriété nécessitent de considérer à la fois les aspects dimensionnels, coopératifs et l’usage des biens et services mis à la disposition des citoyens. La sobriété dimensionnelle consiste à mettre sur le marché des produits (voitures, logements, électroménager) qui correspondent aux besoins des citoyens. La sobriété coopérative revient, elle, à mettre en œuvre une organisation collective de l’espace de façon à permettre une mutualisation importante des services essentiels – ainsi pour la mobilité grâce aux transports en commun. La sobriété d’usage vise à éliminer l’obsolescence programmée des appareils et équipements et à mieux les utiliser. Il est clair que les citoyens ne pourront agir que sur l’utilisation des appareils dont ils disposent. Par conséquent, réduire la sobriété aux changements de comportement des individus serait une erreur fatale car les citoyens sont en vérité enfermés dans les solutions autorisées par les politiques publiques.

    Sans surprise, la vision de la sobriété par les patrons d’Engie, EDF et TotalEnergies se limite aux changements de comportement. Les énergéticiens français s’inscrivent dans la continuité de la stratégie bien rodée de désinformation, développée par les pétroliers américains pour détourner l’attention des pouvoirs publics des changements structurels nécessaires pour éliminer l’utilisation des énergies fossiles. La sobriété telle que préconisée par les énergéticiens français déclencherait, si les pouvoirs publics la mettaient en œuvre, une crise sociale sans précédent.

     

     

     » Sobriété énergétique »: Un slogan pour éviter des changements structurels

     » Sobriété énergétique »: Un slogan pour éviter des changements structurels 

     

    Yamina Saheb membre du GIEC, Experte des politiques d’atténuation du changement climatique estime dans le Monde  que  la mise en place de politiques de sobriété nécessite une métamorphose de l’économie qui va bien au-delà du plan annoncé par Emmanuel Macron. 

    On ne peut que se féliciter de l’émergence de la sobriété dans le débat public comme solution à la crise énergétique. Le concept de sobriété n’est pas nouveau, il remonte à la Grèce antique. La Thaïlande a été le premier pays à en faire la colonne vertébrale de sa politique de développement, alors que la France est le seul pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques à avoir inscrit la sobriété dans sa loi sur la transition énergétique.

    Malheureusement, la vision française de la sobriété se limite à sa dimension énergétique et ignore les autres composantes de la sobriété identifiées dans le rapport III du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). En effet, ce rapport définit les politiques de sobriété comme étant « un ensemble de mesures et de pratiques du quotidien qui évitent la demande en énergie, matériaux, sol et eau tout en assurant le bien-être pour tous dans les limites planétaires ».

    La sobriété n’est pas l’austérité ! Bien au contraire, les politiques de sobriété préservent l’accès pour tous aux services essentiels en éliminant les consommations superflues des plus aisés. Et contrairement aux idées reçues, les citoyens ne pourront avoir des comportements sobres que si, et seulement si, les politiques publiques mettent d’abord en place les solutions nécessaires pour que les activités essentielles au bien-être de tous se déroulent dans le respect des limites planétaires.

    Les politiques de sobriété nécessitent de considérer à la fois les aspects dimensionnels, coopératifs et l’usage des biens et services mis à la disposition des citoyens. La sobriété dimensionnelle consiste à mettre sur le marché des produits (voitures, logements, électroménager) qui correspondent aux besoins des citoyens. La sobriété coopérative revient, elle, à mettre en œuvre une organisation collective de l’espace de façon à permettre une mutualisation importante des services essentiels – ainsi pour la mobilité grâce aux transports en commun. La sobriété d’usage vise à éliminer l’obsolescence programmée des appareils et équipements et à mieux les utiliser. Il est clair que les citoyens ne pourront agir que sur l’utilisation des appareils dont ils disposent. Par conséquent, réduire la sobriété aux changements de comportement des individus serait une erreur fatale car les citoyens sont en vérité enfermés dans les solutions autorisées par les politiques publiques.

    Sans surprise, la vision de la sobriété par les patrons d’Engie, EDF et TotalEnergies se limite aux changements de comportement. Les énergéticiens français s’inscrivent dans la continuité de la stratégie bien rodée de désinformation, développée par les pétroliers américains pour détourner l’attention des pouvoirs publics des changements structurels nécessaires pour éliminer l’utilisation des énergies fossiles. La sobriété telle que préconisée par les énergéticiens français déclencherait, si les pouvoirs publics la mettaient en œuvre, une crise sociale sans précédent.

     

     

    EdF renationalisée pour éviter la faillite ?

    EdF  renationalisée pour éviter la faillite ? 

     

    EDF serait depuis longtemps en faillite si l’État ne possédait pas 85 % du capital. Officiellement l’entreprise traîne une dette de leur de 50 milliards mais en réalité réévaluée par l’agence de notation SP  pour près de 100 milliards.

    Il faut aussi prendre en compte une cinquantaine de milliards pour financer les six EPR décidés par le gouvernement sans parler du coût de l’enfouissement des déchets et du prix du Grand carénage entrepris dans les centrales anciennes afin de prolonger leur durée de vie.

    Ceci étant depuis hier, le Parlement européen a inscrit dans la taxonomie l’énergie nucléaire. ( Catalogue des énergies reconnues vertes). Cela ouvre des possibilités pour attirer les capitaux non seulement pour les centrales à construire en France mais tout autant pour celle à construire à l’étranger.

    Cette décision de renationalisation pourrait aussi dissimuler la volonté du pouvoir de scinder la répartition des responsabilités avec une société EDF recentrée uniquement sur la production d’électricité nucléaire et la mise en place de l’ouverture au marché pour la distribution ( sur le mode des télécoms). Une opération qui serait de nature à satisfaire Bruxelles mais évidemment pas les syndicats.

    De toute manière ,au-delà des questions organisationnelles des enjeux centraux sont à prendre en compte comme la restructuration de la dette, la régulation du marché de l’électricité dont celle du nucléaire et surtout peut-être les conditions de financement des nouvelles centrales.

     

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