Archive pour le Tag 'européens'

Le réseau X en perte de vitesse en France

Le réseau X en perte de vitesse en France

2,7 millions d’utilisateurs de X en moins en France en un semestre. Dans son dernier rapport de transparence publié fin avril dans le cadre des obligations du Digital Service Act (DSA) européen, l’ex-Twitter confirme par les chiffres la moindre attractivité de la plateforme détenue par Elon Musk. Les pertes peuvent être encore plus importantes dans d’autres pays européens.

Les positions politiques d’Elon Musk n’affectent pas uniquement son réseau social. Preuve en est, les ventes des voitures électriques Tesla ont dégringolé au cours de ces derniers mois. En France, les ventes de ces véhicules ont chuté de près de 60% en avril par rapport à l’année précédente. Devenu le symbole de la politique trumpienne, les voitures Tesla sont devenues la cible d’attaques, à l’instar du siège français de la compagnie vandalisé à Saint-Ouen mi-mars.

Militaires européens en Ukraine: le flou !

Militaires européens en Ukraine: le flou !

La rencontre de pays européens en recherche d’une politique de défense commune à Paris ce jeudi n’aura pas beaucoup avancé sur la question de la présence militaire européen en Ukraine. C’est en tout cas l’avis du président ukrainien. Même une présence dans des pays autour de l’Ukraine sorte de mission de surveillance de la Russie pose encore de nombreuses questions en particulier le degré d’engagement de la coalition et ses conditions.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a donc dit regretter jeudi qu’il y ait toujours «beaucoup de questions» et «peu de réponses» au sujet du potentiel déploiement d’un contingent européen sur le sol ukrainien pour surveiller un éventuel cessez-le-feu avec la Russie, à l’issue d’un sommet à Paris des pays alliés de Kiev.

Les Européens face à Trump : quels moyens d’action

Les Européens face à Trump : quels moyens d’action

Chacun s’accorde à dire que le contexte actuel contraint les Européens à se mobiliser face à ce qui s’apparente à la fin de l’alliance transatlantique. Mais concrètement, quelles mesures devraient être prises, et par qui exactement ? Est-il possible d’agir conjointement dans le cadre d’une UE à 27 dont les dirigeants ne sont pas nécessairement d’accord sur tout ?

Guillaume Duval
Enseignant de sciences politiques à Sciences Po Saint-Germain en Laye, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) – Université Paris-Saclay dans The Conversation

Chacun s’attendait à un Donald Trump plus dur lors de son second mandat que lors du premier, mais personne n’avait anticipé un tel alignement sur Vladimir Poutine. Le président des États-Unis a en effet cédé à son homologue russe l’essentiel de ce que celui-ci pouvait espérer – la conservation des territoires conquis par la Russie et l’assurance de la non-entrée de l’Ukraine dans l’OTAN – avant même l’ouverture de négociations, tout en humiliant publiquement Volodymyr Zelensky et en suspendant l’aide militaire à Kiev (avant de la rétablir quand l’Ukraine a donné son assentiment à la proposition de trêve avancée par Washington à Djeddah le 11 mars dernier).

Dans un tel contexte, que peuvent faire Ukrainiens et Européens ? Dans l’immédiat, pas grand-chose. Ils sont en effet très dépendants des équipements militaires états-uniens, qu’il s’agisse des missiles sol-air Patriot ou des munitions pour la défense antiaérienne, des F16 ou encore du renseignement spatial.

C’est ce qui explique le profil bas maintenu à l’égard des États-Unis tant par Zelensky, malgré les humiliations qu’il a subies, que par les Européens qui cherchent à éviter de rompre avec le président américain. Chacun espère encore éviter la capitulation totale de l’Ukraine en infléchissant la position des États-Unis, ce qui semble s’être amorcé à Djeddah.

L’OTAN n’existe plus de facto

S’il reste difficile d’anticiper précisément l’évolution de la guerre en Ukraine, les leçons à tirer des débuts de la seconde présidence Trump sont, elles, d’ores et déjà très claires. La garantie de sécurité offerte à l’Europe par les États-Unis dans le cadre de l’OTAN n’existe plus de facto. Chacun sait désormais que l’achat de matériel militaire à ces derniers représente une menace potentielle pour la sécurité des pays qui y ont recours parce que les États-Unis continuent d’en contrôler l’emploi. Et tout le monde a compris que Donald Trump entend démanteler le multilatéralisme et le droit international bâti après la Seconde Guerre mondiale.

La plupart des responsables européens ont pris la mesure de ce changement d’ère. Y compris les plus fervents atlantistes comme la haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Kaja Kallas, qui estimait le 28 février dernier qu’« il est devenu clair que le monde libre a besoin d’un nouveau leader », ou encore Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, toujours très attentive jusqu’ici à ne jamais fâcher Washington.

C’est le cas également du futur chancelier allemand Friedrich Merz qui a affirmé que sa « priorité absolue sera de renforcer l’Europe le plus rapidement possible pour obtenir peu à peu une véritable indépendance vis-à-vis des États-Unis ».

C’est le cas, enfin, de Donald Tusk, le premier ministre polonais, qui cherche désormais lui aussi une alternative au parapluie nucléaire américain disparu.

L’Union européenne peut-elle faire ce qu’il faut ? Il y a lieu d’en douter
Que doivent faire les Européens ? Reconstruire une industrie de défense qui permettrait aux armées européennes de se passer des équipements américains ; rebâtir une architecture de sécurité qui ne fasse plus appel aux États-Unis ; et, enfin, trouver de nouveaux alliés pour préserver le multilatéralisme et le droit international. Mais l’UE peut-elle mener à bien des chantiers aussi colossaux ? Il y a de nombreuses raisons d’en douter. Il faudra probablement en passer surtout par des formats ad hoc en dehors des institutions de l’Union.

A priori, la tâche n’a pourtant rien d’insurmontable. En 2023, le PIB de l’UE était huit fois plus important que celui de la Russie. Les dépenses militaires cumulées des pays de l’UE, 326 milliards d’euros en 2024, sont 2,5 fois supérieures aux dépenses militaires russes, malgré la mobilisation totale du pays pour la guerre contre l’Ukraine. Mais la règle de l’unanimité, toujours en place dans ce domaine, rend le cadre de l’Union largement inutilisable en matière de sécurité et de défense.

L’Union européenne vient certes d’adopter, le 6 mars dernier, le plan ReArm Europe, proposé par Ursula von der Leyen. Le montant global annoncé – 800 milliards d’euros – est impressionnant, supérieur aux 750 milliards d’euros mobilisés en 2020 avec Next Generation EU face à la pandémie de Covid-19.

Mais quand on y regarde de plus près, on se rend compte qu’aucun argent nouveau supplémentaire n’est en réalité mis sur la table à l’échelle de l’Union.

L’exclusion des dépenses militaires des règles du Pacte de stabilité marque bien sûr une évolution positive des politiques européennes. Mais la hausse des budgets militaires que cette réforme devrait faciliter restera gérée à un niveau purement national et continuera de peser sur les finances publiques des États.

Le changement des règles pour permettre à la Banque européenne d’investissement (BEI) de financer des projets de défense était certes attendu, mais il ne s’accompagne pas d’une augmentation du capital de la banque. Cet effort restera donc limité. La réorientation de 150 milliards d’euros de prêts prévus dans le cadre de Next Generation EU vers le financement de projets communs de défense se fera aux dépens des transitions énergétique et numérique. Quant à la réorientation des fonds de cohésion, elle se fera, elle, aux dépens de la lutte contre les inégalités territoriales.

Il manque une nouvelle dette commune et la saisie des avoirs russes
Il manque à ce plan deux volets qui auraient marqué un véritable sursaut européen : un nouvel endettement commun et la saisie des quelque 235 milliards d’euros d’avoirs russes gelés en Europe, et plus seulement des intérêts qu’ils dégagent.

Mais pour l’instant, les divisions ont empêché l’UE de s’engager dans cette voie. La Hongrie de Viktor Orban n’est cette fois pas la seule à s’opposer à une telle saisie ; c’est le cas également, pour l’instant, des gouvernements français et allemand, qui craignent que l’Europe y perde sa capacité à accueillir des capitaux étrangers. On verra si les choses bougent dans les prochains mois sur ce plan au fur et à mesure que les Européens prendront toute la mesure de la gravité de la situation.

Là où l’UE peut néanmoins déjà jouer un rôle, c’est en matière de renforcement de l’industrie de défense, domaine dans lequel elle dispose d’outils et de moyens significatifs. La tâche est énorme parce que cette industrie a été très affaiblie après la chute du mur de Berlin dans tous les domaines traditionnels. De plus, alors que les Européens avaient une position solide dans le spatial, ils ont perdu pied ces dernières années.

L’aviation militaire européenne reste extrêmement dépendante des États-Unis et si les ventes de Rafale ont augmenté ces dernières années, c’est surtout en dehors de l’Union. L’industrie des drones européenne reste balbutiante…

La tâche est aussi très délicate sur le plan politique. La plupart des projets européens d’équipements militaires, et notamment les projets franco-allemands, ont été des fiascos jusqu’ici, chacune des armées cherchant à préserver ses spécificités et à favoriser ses propres fournisseurs. Le projet de char du futur franco-allemand n’arrête pas de prendre du retard tandis que le développement de l’Airbus de transport militaire A400 M a été un véritable calvaire.

Le nouveau contexte géopolitique va-t-il permettre d’enfin surmonter ces blocages ? Pour que l’UE puisse inciter efficacement les industriels de l’armement à collaborer bien davantage voire à fusionner, il faudra qu’elle ait suffisamment d’argent à mettre sur la table, ce qui rejoint le point évoqué précédemment.

Par ailleurs, à court terme, l’industrie européenne de l’armement n’aura pas la capacité suffisante pour fournir aux armées du continent matériels et munitions au niveau qu’implique désormais la menace. Si l’on veut pouvoir se passer des équipements américains, il faudra acheter d’autres équipements non européens, turcs ou coréens notamment. Et accepter que des fonds européens puissent aider les États de l’Union à en acquérir.

Dans le domaine militaire au sens strict ainsi que dans celui du renseignement, il reste en revanche improbable qu’on parvienne à progresser significativement à 27. Il faudra compter avant tout sur des coalitions de pays volontaires hors du cadre formel de l’UE, d’autant qu’il faudra nécessairement y associer des pays non membres comme le Royaume-Uni, la Norvège, la Turquie voire le Canada ou l’Australie. C’est déjà le cas, par exemple, pour le projet consistant à assurer une protection aérienne à l’Ukraine, pour le déploiement d’une éventuelle force d’interposition en cas de cessez-le-feu ou encore pour construire un bouclier antimissile européen.

Au-delà, devrait se poser rapidement la question d’une alliance de sécurité pérenne capable de se substituer à une OTAN désormais dépassée. Ce sera nécessaire en particulier pour formaliser l’extension éventuelle de la protection nucléaire française et britannique à d’autres pays européens, comme le souhaitent la Pologne et l’Allemagne. Là aussi, cette nouvelle architecture collective de sécurité européenne, qui devra prendre le relais de l’OTAN en préservant son savoir-faire, devra probablement démarrer en dehors du cadre formel de l’UE.

Se rapprocher des autres alliés des États-Unis et se tourner vers le Sud global
Enfin, l’UE et les autres États européens doivent d’urgence agir pour protéger le multilatéralisme et le droit international face à Donald Trump. Pour cela, il leur faut d’abord resserrer leurs liens avec les pays du G6 (le G7 moins les États-Unis, à savoir le Japon et le Canada), mais aussi avec la Corée du Sud ou encore l’Australie – pour coordonner leurs réponses aux agressions du président des États-Unis.

Parallèlement, l’UE doit se tourner (enfin) bien davantage vers les pays du « Sud global » – l’Indonésie, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud… – pour moderniser avec eux le cadre multilatéral existant, en leur y donnant plus de place, ce qui contribuera à faire barrage à la volonté de Donald Trump de détruire le droit international. Il sera essentiel, en particulier, de sauver l’accord de Paris et la lutte contre le changement climatique, en coopérant étroitement sur ce dossier avec la Chine pour contrer les États-Unis.

Bref, les Européens ont a priori les moyens de contrer Donald Trump et Vladimir Poutine ; mais leur principale difficulté consiste à parvenir à mobiliser ces moyens efficacement. Il restera sans doute souvent difficile d’y parvenir dans le cadre de l’UE et il faudra probablement recourir, dans beaucoup de dossiers, à d’autres formats.

Face à la Russie, des Européens peu préparés

Face à la Russie, des Européens peu préparés

 

 

«  Le moment est critique pour les Ukrainiens comme pour les Européens, suspendus à des décisions américaines de moins en moins lisibles »

Louis Gautier, Directeur de la chaire Grands enjeux stratégiques contemporains de Paris I-Panthéon-Sorbonne, tribune dans le Monde

Peu préparés, les Européens, emmenés par l’Allemagne, la France, la Pologne et le Royaume-Uni, vont devoir rapidement s’accorder pour fixer les modalités d’une désescalade militaire, estime, dans une tribune au « Monde », Louis Gautier, ancien secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale.

Le sort de l’Ukraine se noue maintenant et avec lui l’avenir de l’Europe. Après mille jours de guerre, dans la perspective d’un arrêt possible des combats, le moment est critique pour les Ukrainiens comme pour les Européens, suspendus à des décisions américaines de moins en moins lisibles.

En autorisant l’emploi de missiles de longue portée contre la Russie, l’administration Biden livre un baroud d’honneur censé dégager sa responsabilité pour la suite. Donald Trump, lui, est seulement pressé d’en finir. Pour les Russes, la cause est entendue : ils ont déjà gagné. Quel que soit le prix exorbitant de la victoire et tout le sang versé, ils ont en effet gagné l’épreuve de volonté à quoi se résume toute guerre. Ils l’emportent quand nous, Occidentaux, sortons affaiblis.

Il était hasardeux de revêtir ce conflit d’une portée hors d’atteinte, d’en faire une « croisade des démocraties », alors que nous mesurions au jour le jour notre soutien à l’Ukraine afin d’éviter d’être happés dans la spirale de la belligérance. Il est indécent et dérisoire de se consoler aujourd’hui en constatant que la Russie a dû ravaler ses ambitions et que ses gains territoriaux, au regard des régions déjà contestées en 2014, ne sont pas considérables.

Il s’agit tout de même de l’annexion définitive de la Crimée et de la conquête d’environ 20 % du territoire ukrainien. De surcroît, les combats ne sont pas finis. Les Russes, malgré l’hiver, essaient de pousser leur avantage pour arriver en position de force à la table des négociations….

 

Pour des politiques économiques proches de celles menées dans les autres pays européens

Pour des politiques économiques proches de celles menées dans les autres pays européens


Par Patrick Artus

conseiller économique du gestionnaire d’actifs Ossiam et membre du Cercle des économistes

Les choix économiques d’un pays ouvert comme la France ne peuvent diverger de ceux de ses voisins européens sans risque. A moins de changer les règles européennes, observe Patrick Artus dans sa chronique au  » Monde ».

 

Lorsqu’on écoute les débats de politique économique actuels, on pourrait croire que la France est un pays isolé, une économie fermée, qui peut mener une politique économique très différente de celle poursuivie par les autres pays de la zone euro. On envisage par exemple des hausses de salaires, des politiques fiscales, des règles du marché du travail qui pourraient être très différentes en France de celles observées dans les autres pays européens.Or, la France est une économie très ouverte – les importations représentent 28 % du produit intérieur brut (PIB) – qui a, en tant que membre de la zone euro, les mêmes taux d’intérêt à court terme et le même taux de change que les autres pays de la zone euro, dont 55 % de la dette publique est détenue par des non-résidents, et dont la dette extérieure nette atteint 24 % du PIB (la dette extérieure nette est la différence entre la dette extérieure brute et les avoirs extérieurs bruts).

Cette ouverture économique impose à la France de mener des politiques économiques proches de celles menées dans les autres pays européens, en particulier les politiques budgétaires et fiscales, mais aussi salariales, éducatives et les politiques d’emploi.

Il existe déjà de fortes différences entre la France et les autres pays de la zone euro. Le déficit public était en 2023 de 3,6 % du PIB dans la zone euro et de 5,5 % en France ; celui prévu pour 2024 est de 3 % dans la zone euro et au moins 5,6 % en France. Le taux d’endettement public est de 110 % du PIB en France début 2024 contre 90 % dans la zone euro, malgré une pression fiscale nettement plus forte en France : 48 % du PIB en 2022 contre 42 % en Allemagne, 38 % en Espagne, 43 % en Italie, 38 % aux Pays-Bas.

Le salaire horaire charges sociales comprises dans l’industrie manufacturière était en 2021 de 43 euros en France, de 44 euros en Allemagne, mais seulement de 31 euros en Italie, de 25 euros en Espagne et de 41 euros aux Pays-Bas.

La Russie interdit 81 médias européens sur son territoire dont l’AFP, Le Monde, LCI et CNews

La Russie interdit 81 médias européens sur son territoire dont l’AFP, Le Monde, LCI et CNews

La Russie interdit 81 médias européens sur son territoire dont l’AFP, Le Monde, LCI et CNews. Cette décision est  une riposte directe à l’interdiction entrée en vigueur mi-mai et mise en place par l’UE. Les Vingt-Sept ont sanctionné quatre médias russes accusés de diffuser de la propagande pro-Kremlin. À savoir Voice of Europe, au cœur d’une enquête sur des allégations d’ingérence au sein du Parlement européen, et trois médias considérés comme proches du Kremlin (Ria Novosti, Izvestia et Rossiiskaia Gazeta).

Cette interdiction instaurée par l’UE concerne tous les moyens de transmission et de distribution depuis ou à destination des pays de l’UE, que ce soit via le câble, le satellite, l’internet ou encore des plateformes et applications sur téléphones portables. Ces médias et leurs journalistes peuvent néanmoins continuer à travailler dans l’UE, tant qu’ils n’y diffusent pas leurs productions ou articles, a précisé l’UE, ajoutant que des personnalités médiatiques russes ont également été sanctionnées dans le passé.

Ces sanctions prises par l’UE doivent aussi inclure une « interdiction du financement russe des médias, des ONG et des partis politiques de l’UE », a précisé la commissaire européenne chargée des Valeurs et de la Transparence, Vera Jourova.

Dans la foulée de ces annonces, Moscou avait d’ailleurs menacé de représailles l’Union européenne, avec qui les relations sont exécrables dans le contexte du conflit en Ukraine. « Je tiens à rappeler à toutes ces têtes brûlées de Bruxelles qu’il y a des dizaines de journalistes des pays de l’UE qui vivent très bien et confortablement en Russie », avait déclaré la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova. Et d’ajouter : « Si de telles mesures sont adoptées contre les journalistes et les médias russes par l’UE ou par des pays individuels, les journalistes occidentaux sentiront notre réponse. Nous réagirons immédiatement et très douloureusement contre les Occidentaux », avait-elle prévenu.

 

Numérique : des champions européens d’ici 5 à 10 ans ?

Numérique : des champions européens d’ici 5 à 10 ans

Thierry Breton, le commissaire européen au marché intérieur rêve tout haut : « D’ici 5 à 10 ans, il y aura des champions européens du numérique ». Dans la réalité il en sera sans doute malheureusement autrement. Au cours de la période de douze mois qui s’est terminée en juin 2023, les géants technologiques Alphabet, Apple, Microsoft et Amazon ont généré ensemble 1 544 milliards de dollars de chiffre d’affaires (soit presque l’équivalent du PIB du Brésil) – pour un bénéfice net cumulé de 264 milliards de dollars. Par ailleurs la plupart des nouvelles société de haute technologie sont rapidement rachetées par les Gafam. Enfin concernant les investissements relatifs à l’intelligence artificielle, les sommes investies ou à investir se chiffre en centaines de milliards.Des enjeux financiers bien loin des initiatives pour l’instant surtout confinées  au sein de chaque État de l’union européenne contrairement à ce que dit Thierry Breton dans « la tribune » (extrait):

Y a-t-il, aujourd’hui, un réarmement numérique de l’Europe face aux grandes compagnies technologiques américaines ? Avons-nous mis en place les premières conditions pour organiser une contre-attaque ?

THIERRY BRETON- Nous n’avons pas fait l’IA Act contre, nous l’avons fait pour. Nous avions un espace informationnel fragmenté avec 27 régulations différentes, 27 régulateurs, 27 façons d’appréhender notre espace numérique. Nous avions un marché intérieur pour les personnes et les services mais pas de marché intérieur numérique. Or, ce qui fait la force des Etats-Unis mais aussi de la Chine c’est que, lorsque des jeunes, il y a une vingtaine d’années, ont décidé d’abandonner leurs études après une première année d’université pour aller monter un annuaire appelé Facebook, ils ont pu le faire car il y avait un marché intérieur numérique immédiat et que la profondeur était là, ce qui ne retire en rien la qualité entrepreneuriale ou de marketeur.

Mais nous, alors que nous avons un marché numérique une fois et demie supérieur au marché américain, c’est-à-dire 450 millions de consommateurs contre 330 millions, nous avons raté cette première vague de la révolution numérique, de l’évolution des données personnelles qui a permis la création des Gafam.

N’avez-vous pas l’impression malgré tout, dans la mise en œuvre de ces nouvelles règles, que ces géants numériques ne sont pas toujours de bonne foi ? Il y a des enquêtes qui viennent d’être annoncées par la Commission sur ces grandes entreprises pour dire : « Attention, maintenant, on ne rigole plus, il va falloir vous mettre en conformité ». Qu’en pensez-vous ?

D’abord ce n’est pas « on ne rigole plus ». Nous sommes dans un État de droit. Tout ça prend énormément de temps. C’est le temps de notre démocratie. La Commission a beaucoup consulté avant d’abord de proposer ces règlements, lesquels ont ensuite été votés par nos co-législateurs, le Parlement européen et le Conseil. Par rapport à la démocratie américaine dont le système bicaméral orthogonal bloque toute évolution, la nôtre fonctionne.

Est-ce qu’on cherche à vous contourner ?

Non, personne ne cherche à nous contourner. Nous avons des équipes extrêmement performantes. Nous avons passé beaucoup de temps en amont pour expliquer le DMA et le DSA à l’ensemble des grandes plateformes qui allaient être régulées. C’est vrai qu’il y a eu de la résistance au début. On nous a dit que notre démarche allait contre l’innovation, qu’elle allait isoler l’Europe, que les plateformes n’allaient pas venir. Bien sûr, c’est compliqué d’adapter ses règles, ça coûte un peu d’argent, mais à la fin, toutes les plateformes le feront.

Prenons l’exemple de Google Maps qui n’est plus accessible aujourd’hui directement quand on recherche une adresse sur Google et que d’autres services de localisation ne sont pas proposés, ces réglementations nous contraignent un peu la vie.

Certaines plateformes représentées par un fruit ont eu pendant un moment ce type de réaction. Et puis finalement, récemment, elles ont évolué.

C’est la peur des sanctions ?

Au-delà des sanctions, toutes ces entreprises respectent la loi parce qu’elles n’ont pas envie justement de se mettre en contradiction avec cette loi. Alors bien sûr qu’il y a des sanctions, 10% du chiffre d’affaires, 20% si jamais l’infraction continue. Cela peut même aller jusqu’au démantèlement puisque cette sanction existe. Evidemment, elle est ultime et je souhaite vivement qu’elle ne soit jamais appliquée. A partir du moment où les dommages à l’économie, les dommages aux entreprises, les dommages à nos concitoyens peuvent être très importants voire considérables, si jamais cette loi n’est pas respectée, il faut avoir les moyens de la faire appliquer.

 

Si nous nous projetons, il va y avoir des élections, une nouvelle commission, un nouveau parlement. Que reste-t-il à faire ?

Le marché intérieur devient vraiment un instrument extrêmement important y compris en matière de régulation et de concurrence. Il va devenir plus opérationnel et plus compétitif. Il y a ensuite les infrastructures. Pour pouvoir supporter et bénéficier de tout ce que je viens de décrire, évidemment les données, l’usage des données, il faut avoir les infrastructures. Or celles de télécommunications ne suffisent plus aujourd’hui. L’UE est en retard sur ses réseaux et ses infrastructures.

Ça se dégrade ?

Non seulement ça se dégrade, mais elles ne sont pas adaptées. Maintenant, il faut du « edge computing » partout dans les réseaux. C’est évidemment de l’investissement, du software, de l’intelligence… Or, la régulation des infrastructures datent de la directive de 2000, qui avait été faite pour que les acteurs traditionnels puissent ouvrir leur réseau de cuivre. Tout ça est un peu daté. On a travaillé sur le DNA, Digital Network Act. J’ai fait une large consultation et nous avons commencé à proposer ce qu’il conviendrait de faire. J’espère que ce sera pris en compte par mon successeur. Ce sera peut-être moi, on ne sait jamais. Ou un autre, on verra.

Comment faire pour mettre en place un marché intérieur des capitaux ? Tout le monde dit que nous n’y arrivons pas. Pourrions-nous le faire avec un petit groupe de pays ?

Il se disait aussi qu’il serait impossible de parvenir à une régulation globale sur le numérique. Rien n’est impossible. Il faut de l’énergie. Et vous avez compris qu’il n’est pas obligé d’avoir un président français à la tête de la commission pour le faire.

Impossible n’est pas Breton ?

Quelle que soit place où nous sommes, à partir du moment où l’on a un petit peu de vision, qu’on essaie de mettre un peu d’énergie et peut-être un peu de leadership, on peut y arriver.

Dernier mot sur ce marché européen. Si vous vous projetez à 5-10 ans, vous pensez que des champions européens pourraient émerger ?

Mais évidemment. Nous avons des compétences absolument extraordinaires en Europe, nous avons des infrastructures qui vont être extraordinaires. Je parle en particulier, par exemple, de la mise à disposition de nos puissances de calcul. Ce qui nous manque, je le dis, c’est d’avoir un marché des capitaux qui accompagne les startups, les scale-up, les licornes, et c’est ça qui nous manque. C’est vraiment là-dessus qu’il va falloir aussi mettre le paquet pour le prochain mandat.

Droits de douane européens sur les céréales russes ?

Droits de douane européens sur les céréales russes ?

L’Union européenne cherche à « étouffer » les revenus que la Russie utilise pour sa guerre contre l’Ukraine en imposant des « droits de douane prohibitifs » sur les importations de céréales et autres produits connexes dans l’Union européenne. 

Valdis Dombrovskis a déclaré ce vendredi : « La proposition d’aujourd’hui privera le gouvernement russe d’une autre source importante de revenus pour financer sa guerre d’agression illégale contre l’Ukraine. Les droits de douane devaient également s’appliquer aux produits en provenance de la Biélorussie, qui a servi de base à l’invasion totale de l’Ukraine par la Russie. La proposition fait suite à une augmentation des importations agricoles russes dans l’UE en 2023, selon la Commission. Les droits de douane cibleraient les importations de céréales, d’oléagineux et de produits dérivés en provenance de Russie et de la Biélorussie et s’appliqueraient à un niveau de 95 euros par tonne ou de 50 % de la valeur, selon le produit.

Pour des moyens européens contre le projet impérialiste de Poutine

Pour des moyens européens contre  le projet impérialiste de  Poutine 

 

Au-delà du soutien à l’Ukraine, les pays européens doivent renforcer leur poids au sein de l’OTAN et mener une politique militaro-industrielle ambitieuse face à la guerre hybride que mène la Russie, estime Philippe Sabuco, membre du Collectif Télémaque, dans une tribune au « Monde ».

 

La guerre en Ukraine entre dans sa troisième année. Ce conflit, que le maître du Kremlin présentait comme une « opération spéciale » dont la durée ne devait pas excéder trois jours, s’est mué en une guerre de positions. Un camouflet qui n’est pourtant pas une défaite pour la Russie, qui a les moyens politiques, militaires et humains de mener une guerre d’usure quand, de son côté, l’armée ukrainienne reste largement tributaire des aides occidentales pour son matériel militaire et compte un nombre de soldats mobilisables très largement inférieur.

Dans ces conditions, l’Europe doit poursuivre sa contribution à l’effort de guerre ukrainien dans la durée. Car de deux choses l’une : soit l’Europe réduit son soutien et la Russie finira par gagner la guerre ; soit l’Europe l’accélère et la guerre se poursuivra – possiblement sous la forme d’un conflit gelé – jusqu’à ce que le rapport de force permette enfin des discussions sérieuses avec Moscou. Dans ce cas de figure, le seul raisonnable, l’aide de l’Europe à l’Ukraine devra s’inscrire dans le temps long.

Au-delà de la guerre en Ukraine, l’Europe doit également répondre de manière énergique à la guerre hybride que mène la Russie contre ses intérêts directs, en particulier dans le cyberespace, qu’il s’agisse d’attaques visant ses entreprises et ses administrations ou de manœuvres de désinformation. Cette guerre, qui ne dit pas son nom mais qui menace les démocraties occidentales en leur cœur, nécessite également des moyens technologiques et humains pour mener la contre-offensive. Au fond, l’Europe doit se donner les moyens de lutter contre le projet impérialiste et anti-occidental de la Russie de Vladimir Poutine.

se pose immédiatement à tout responsable européen est la suivante : dans quel cadre l’Europe peut-elle assurer le plus efficacement sa sécurité ? Si les sensibilités varient d’un pays à l’autre, il ne fait aucun doute que l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), seule alliance militaire occidentale opérationnelle, reste le cadre de référence et la meilleure garantie de sécurité à ce jour. La Finlande et la Suède l’ont bien compris, qui viennent d’intégrer l’Alliance (respectivement en 2023 et 2024), rompant ainsi avec une longue tradition de neutralité.

Des vélos européens pour contrer la Chine

Des vélos européens pour contrer la Chine !

Pour contrer les machines hégémoniques dans de nombreux secteurs économiques du fait notamment des délocalisations volontaires de l’Europe, le parlement européen envisage de créer une filière européenne du vélo. Une initiative sans doute intéressante mais qui en même temps montre le caractère désuet de la république européenne face à l’usine du monde que représente la Chine. Aussi la vision très urbaine de certains parlementaires. L’Europe envisage donc à la fois de doubler l’usage du vélo en Europe d’ici 2030, mais aussi de développer fortement la production de vélos au sein de l’Union alors que les importations venues principalement d’Asie occupent une large place du marché.

L’initiative du Parlement européenne est intéressante évidemment mais elle dénote en même temps la vision très urbaine des parlementaires ; on voit mal en effet les vélos, même électriques, remplaçer en interurbain et en zone peu dense les autres modes de transport.

Selon Karima Delli, présidente de la commission Transports et tourisme du Parlement européen (écolo, membre d’EELV), il s’agirait d’une « révolution » et d’un « tour de force car tous les partis politiques sont d’accord », avec pour la première fois la reconnaissance du vélo comme « un mode de transport à part entière » et « surtout la volonté de refaire des vélos Made in Europe ».

Si la Commission se reconnaît dans les bases posées par le Parlement, le processus législatif pourrait aller vite, son objectif étant de boucler les sujets en cours avant les prochaines élections européennes de 2024. D’autant qu’un processus de « trilogue » (négociations entre la Commission, le Conseil de l’Union européenne et le Parlement) sera nécessaire pour valider les modalités de cette stratégie et de son application, notamment le volet financier qui n’a pas encore été défini.

Le Parlement européen demande « d’élaborer une stratégie européenne dédiée au vélo dans le but de doubler le nombre de kilomètres parcourus à vélo en Europe d’ici 2030 », en l’intégrant par exemple dans le réseau transeuropéen de transport (RTE-T, programme de développement chargé d’interconnecter les grands axes européens) au même titre que les autres modes de déplacements. On imagine évidemment que la parlementaire se déplacera désormais en vélo de Paris à Strasbourg !

Sur le volet production, la commission des transports du Parlement appelle à intégrer pleinement le vélo, « y compris la fabrication de batteries pour les vélos électriques et l’économie circulaire », dans la stratégie industrielle de l’Union pour les mobilités.

Sondage croissance mondiale : Les patrons européens pessimistes pour 2023

Sondage  croissance mondiale : Les patrons européens pessimistes pour 2023

 

 

Selon un sondage du cabinet PwC,  les patrons européens sont plus pessimiste que les autres concernant la croissance 2023

Globalement, la grande majorité des 4500 patrons issus de 105 pays qui ont été interrogés par le cabinet PwC voient la croissance mondiale ralentir dans les douze prochains mois. Les patrons européens sont les plus pessimistes et placent l’inflation en tête de leurs inquiétudes. Les Allemands, les Britanniques et les Français estiment même que l’activité décélérera plus vite dans leur pays qu’ailleurs dans le monde. Un résultat logique, le Vieux Continent subissant plus durement la crise énergétique et la guerre en Ukraine.

Cependant, les dirigeants français, qu’ils pilotent une PME ou un grand groupe (l’étude PwC est large), sont plus confiants (93 % de modérément à extrêmement confiants) quant aux perspectives de leur entreprise à trois ans que leurs homologues mondiaux (86 %) et européens (85 %).  Des opinions qui pourrait être largement modifié à échéance de trois ans.

Sondage Croissance Internationale: Les patrons européens pessimistes pour 2023

Sondage  Croissance Internationale: Les patrons européens pessimistes pour 2023

 

 

Selon un sondage du cabinet PwC,  les patrons européens sont plus pessimiste que les autres concernant la croissance 2023

Globalement, la grande majorité des 4500 patrons issus de 105 pays qui ont été interrogés par le cabinet PwC voient la croissance mondiale ralentir dans les douze prochains mois. Les patrons européens sont les plus pessimistes et placent l’inflation en tête de leurs inquiétudes. Les Allemands, les Britanniques et les Français estiment même que l’activité décélérera plus vite dans leur pays qu’ailleurs dans le monde. Un résultat logique, le Vieux Continent subissant plus durement la crise énergétique et la guerre en Ukraine.

Cependant, les dirigeants français, qu’ils pilotent une PME ou un grand groupe (l’étude PwC est large), sont plus confiants (93 % de modérément à extrêmement confiants) quant aux perspectives de leur entreprise à trois ans que leurs homologues mondiaux (86 %) et européens (85 %).  Des opinions qui pourrait être largement modifié à échéance de trois ans.

Sondage–La confiance dans les gouvernements européens s’écroule

Un facteur explicatif sans doute de la montée des populismes en Europe, la confiance des citoyens européens dans leur gouvernement s’écroule de 25% en deux ans. 

D’après une étude de la fondation européenne Eurofound , less Européens accordent de moins en moins de confiance aux grandes institutions qui régissent leur vie : le gouvernement, la police et le système de santé. Sollicitées pour donner une note de 1 à 10 sur leur confiance dans les institutions, les 200.000 personnes interrogées ont donné une note moyenne de 5 au printemps 2022 contre une note 5,8 au printemps 2020, soit un recul de 14%.

Au niveau des Etats, la note de confiance accordée au gouvernement baisse brutalement de 4,8 à 3,6 (-25%). Celles accordées à la police et aux systèmes de santé reculent aussi mais plus modestement, respectivement de 6,2 à 5,7 (-8%) pour la santé et de 6,4 à 5,7 (-10%) pour la police. Le niveau de confiance dont bénéficient la police et les systèmes de santé restent donc positifs, bien supérieurs à ceux des gouvernements.

Les auteurs de l’étude soulignent le lien de corrélation entre les difficultés économiques des personnes interrogées et leur faible confiance dans les institutions. Dans tous les pays européens, les gens qui ont du mal à « joindre les deux bouts » (selon l’expression du sondage), de plus en plus nombreux d’après l’étude, expriment moins de confiance que les classes sociales plus aisées.

« Le coût de la vie dans l’Union européenne s’envole à un rythme jamais vu jusqu’ici. (…) Le sondage prouve que la hausse du coût de la vie affecte la confiance des gens dans les institutions », notent les auteurs.  Plus intéressant encore, l’étude montre que les citoyens qui s’informent sur les réseaux sociaux font moins confiance aux institutions en général tandis que ceux qui ont recours aux médias traditionnels leur font davantage confiance.

« Avec l’envolée du coût de la vie et les conséquences dévastatrices de la guerre en Ukraine qui aggrave l’incertitude sur le continent, il sera extrêmement difficile de revenir au niveau de confiance d’avant-pandémie », prédit l’agence Eurofound. Ses travaux font écho à une précédente étude de l’OCDE publiée mi-juillet qui fait état des mêmes niveaux de défiance, notamment dans le gouvernement en qui une minorité (40%) de citoyens de l’OCDE disent avoir confiance.

Guerre en Ukraine : Américains et européens trop timorés

Guerre en Ukraine : Américains et européens trop timorés

 

Le diplomate Michel Duclos invite, dans une tribune au « Monde », la France et l’Union européenne à rapidement durcir leur stratégie à l’encontre de la Russie, car l’enlisement du conflit en Ukraine joue en faveur de Vladimir Poutine.

 

Tribune.

 

La réponse occidentale à l’agression russe en Ukraine a surpris par sa cohésion et sa force. Il faut se défier cependant d’une autocélébration qui risque de se révéler trompeuse. Ainsi, sur le plan militaire, les transferts d’armes opérés vers l’Ukraine s’accompagnent d’une retenue certaine. Le mantra reste d’éviter tout risque d’escalade et donc tout engagement direct sur le terrain. L’idée de « no fly zone » [zone d’exclusion aérienne] révulse toujours les stratèges occidentaux comme c’était le cas en Syrie. S’agissant des sanctions, on assiste à un crescendo impressionnant, mais les décisions les plus susceptibles d’impact sur la Russie (embargo sur le gaz et le pétrole) restent à prendre. Ce sont aussi les plus difficiles du fait de leurs conséquences pour nos sociétés.

Vu de Moscou, cela signifie que la plupart des gouvernements occidentaux ne sont pas prêts à demander des sacrifices à leurs populations pour la défense de leurs principes et la sauvegarde de la sécurité de leurs pays. Une autre limite à l’action des Occidentaux tient à la réaction dans le reste du monde : les résolutions des Nations unis blâmant la Russie sont votées à de larges majorités mais des puissances émergentes au poids important – l’Inde, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis entre autres – se refusent à contribuer à la politique occidentale d’isolement de la Russie.

Dans ces conditions, le dirigeant russe, soutenu de surcroît par son allié chinois, peut considérer que le temps joue en sa faveur. Plus le conflit se prolonge, en effet, plus les difficultés de mise en œuvre des mesures adoptées à l’Ouest vont se faire sentir, qu’il s’agisse de hausses des prix, de pénurie d’énergie, de ralentissement de l’économie. Plus aussi les germes de division vont se développer, comme on le voit déjà avec les tensions liées au refus allemand d’aller plus loin à ce stade dans l’embargo sur les hydrocarbures ou avec les critiques des Polonais à l’égard de Paris et Berlin. On peut objecter à cela que les coups portés par l’Occident ont un effet dévastateur sur l’économie russe. La Banque européenne pour la reconstruction et le développement prévoit par exemple un PIB de la Russie en baisse de 10 % en 2022. Il est à craindre toutefois que ce ne soit pas un critère pour Poutine, qui n’hésitera pas à imposer à son peuple tenu d’une main de fer les plus lourds sacrifices.

Ajoutons que dans l’état actuel des choses aucun scénario plausible de sortie de crise n’apparaît favorable aux intérêts occidentaux : un conflit prolongé sans vraie conclusion, une défaite ukrainienne confirmant le bien-fondé des calculs de Poutine, ou une forme de partition du pays dans laquelle les Russes s’assureraient au moins du contrôle des terres de l’Est les plus fertiles et du rivage de la mer d’Azov. Dans toutes ces hypothèses, il incombera aux Européens en particulier de reconstruire une Ukraine en ruine dans un environnement instable où la Russie restera menaçante.

 

Après l’Afghanistan… Européens, réveillons-nous !

Après l’Afghanistan… Européens, réveillons-nous ! 

 

Bernard Guetta, Député européen (groupe Renaissance), estime qu’après la débâcle américaines en Afghanistan que les Européens doivent rapidement prendre en main leur sécurité face aux menaces russes ou chinoises dans une tribune au « Monde ».

 

Tribune.

 

Disons-le, froidement, mais tant pis. La fuite éperdue des Français d’Algérie avait été autrement plus atroce que ces moments d’horreur à Kaboul. A Saïgon, c’est devant le bloc communiste que les Etats-Unis perdaient la bataille et on ne compte plus les attentats comme ceux de jeudi depuis le 11-Septembre. Il n’y a rien de vraiment neuf dans la capitale afghane, sauf que le monde voit soudain là ce qu’il savait déjà sans avoir voulu le réaliser.

 

Chacun savait que les temps de la toute-puissance américaine s’étaient achevés, qu’ils n’avaient sans doute été qu’illusion et qu’au regard du défi chinois, tout semblait désormais secondaire aux Etats-Unis. On le savait depuis que Barack Obama avait fermé les yeux sur les crimes de Bachar Al-Assad. On avait eu du mal à ne pas l’entendre dans l’« America first » de Donald Trump, mais c’était Trump, voulait-on se dire, alors que là c’est un vieux routier des affaires du monde, Joe Biden, un homme formé dans la guerre froide, qui met officiellement fin au siècle américain en abandonnant l’Afghanistan à l’obscurantisme des talibans et au djihadisme de Daech.

 

Alors oui, devant ces foules de Kaboul déchiquetées par les bombes et ravagées par le désespoir, devant la détermination avec laquelle la première puissance du monde se retire d’un pays qu’elle avait prétendu rebâtir depuis vingt ans, le monde est pris de vertige, car il ne peut pas ne pas entendre le message que lui envoie ce moment.

Bon ou mauvais, il n’y a plus de gendarme. Il n’y a plus de parapluie, plus de protection assurée, plus d’alliances en béton, mais une Amérique qui se détourne du monde pour se tourner sur elle-même, investir à tour de bras dans sa modernisation, économiser les dollars et les hommes dont elle aura besoin pour ne pas céder la première place à la Chine et laisse l’Europe, l’Afrique et le Proche-Orient à l’incertitude d’équilibres et de rapports de force à repenser entièrement.

Alors, réveillons-nous !

Plutôt que de perdre notre temps à nous disputer sur l’accueil des réfugiés afghans, demandons-nous, nous les Européens, si nous sommes vraiment certains de la réaction des Etats-Unis au cas où Vladimir Poutine marcherait sur Kiev ou annexerait l’Ukraine orientale dans l’espoir de se refaire une popularité.

 

Interrogeons-nous et nous devrons nous avouer que nous ne sommes certains de rien après que George W. Bush se fut mis aux abonnés absents, en 2008, lorsque la Russie envahissait la Géorgie, que Barack Obama n’eut pas bougé, en 2013, face à l’emploi d’armes chimiques par le régime syrien et que Joe Biden brave maintenant l’humiliation nationale pour se retirer de Kaboul à tout prix.

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